1. glacis [ glasi ] n. m.
• 1421; de glacer, au sens anc. de « glisser »
1 ♦ Talus incliné qui s'étend en avant d'une fortification. « murailles doubles [...] précédées d'un glacis oblique qui favorisait le tir » (Daniel-Rops). — Fig. Polit. Zone protectrice formée par des pays indépendants mais soumis à l'influence militaire d'un autre pays.
2 ♦ Géol. Surface d'érosion, en pente.
3 ♦ Archit. Pente donnée à la saillie d'une corniche, d'une cimaise pour l'écoulement des eaux.
glacis 2. glacis [ glasi ] n. m.
• 1757; de glacer
♦ Mince couche de couleur, transparente comme une glace, qu'on étend sur des couleurs déjà sèches d'une peinture pour en harmoniser les teintes et leur donner plus d'éclat. Étendre, poser les glacis. ⇒ glacer.
● glacis nom masculin (de glacer) Zone protectrice formée par des États plus ou moins dépendants militairement d'une autre puissance. Bâtiment Pente de la surface supérieure d'un bandeau pour l'écoulement des eaux pluviales. Fortification Terrain découvert aménagé en pente douce à partir des éléments extérieurs d'un ouvrage fortifié. Géographie Plan incliné possédant une pente régulière et modérée (inférieure à 10°), s'appuyant à un relief dominant et résultant d'un phénomène d'ablation ou d'accumulation (épandage). Peinture artistique Peinture très fluide, translucide et parfois transparente, intervenant, en couches minces et uniformes, pour modifier la coloration et l'aspect des fonds sur lesquels elle est appliquée. ● glacis (expressions) nom masculin (de glacer) Glacis continental ou insulaire, rampe sédimentaire, faiblement inclinée, formant le raccord entre la base de la pente continentale (ou insulaire) jusqu'aux régions abyssales. Glacis récifal, replat doucement incliné, de topographie uniforme, occupant la partie externe du platier récifal.
glacis
n. m.
d1./d FORTIF Pente douce allant de la crête d'une fortification jusqu'au sol.
|| Fig. POLIT Zone de protection (constituée par des pays liés à une puissance).
d2./d GEOL Pente douce et unie.
d3./d ARCHI Pente prévue dans une corniche pour l'écoulement des eaux.
I.
⇒GLACIS1, subst. masc.
A. — Vieilli. Pente douce et unie. Le terrain s'élève alors en glacis très-régulier (quoique naturel) (Voy. La Pérouse, t. 4, 1797, p. 88) :
• Ce sentier, en hiver, était un lit épais de neige ou un glacis de verglas sur lequel nous nous laissions rouler ou glisser comme font les bergers des Alpes.
LAMART., Confid., 1849, p. 94.
— FORTIF. Talus incliné qui sert à couvrir et à masquer les approches et les ouvrages, à rendre l'accès d'une fortification plus difficile. Glacis de protection; glacis d'un fort, d'une place-forte. On restait des après-midi sur les glacis du château-fort, une énorme ruine pleine d'échos, de cavernes et d'oubliettes (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 300).
♦ P. métaph. L'homme sur le point de mourir se sent brusquement à découvert et comme en première ligne, sans les délais et glacis protecteurs qui fournissaient des alibis à sa mauvaise foi (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, t. 2, La Méconnaissance, le Malentendu, Paris, éd. du Seuil, 1980, p. 27).
— GÉOMORPHOL. Surface d'érosion en pente douce. Glacis d'érosion, d'épandage (GEORGE 1970).
B. — ARCHIT. Pente donnée à la partie d'une cimaise pour permettre l'écoulement des eaux. Glacis de corniche (Ac.).
C. — COUT. ,,Rangée de points qui fixent la doublure sur une étoffe et l'empêchent de plisser`` (Ac. 1932).
Prononc. et Orth. : [glasi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. [1345 (d'apr. BL.-W.5)]; 1421 fortif. (Reg. consul. de Lyon, 4 août, éd. Guigne, I, 318 ds GDF. Compl.); 1680 cout. (RICH.). Dér. de glacer au sens de « glisser » (XIIe s. ds T.-L.); suff. -is. Bbg. Archit. 1972, p. 168.
II.
⇒GLACIS2, subst. masc.
PEINT. Teinte légère, transparente, qu'on étend sur une couleur sèche pour lui donner du brillant et harmoniser l'ensemble. Les glacis du Titien; préparer un glacis. Au bout de trois siècles les tableaux n'offrent plus de coloris (...) les glacis s'évanouissent (STENDHAL, Hist. peint. Ital., t. 1, 1817, p. 98) :
• 1. Les anciens peintres obtenaient la transparence par l'emploi systématique des glacis, qui sont un vernis coloré passé sur la pâte.
H. DUMAS, Phys. coul., 1930, p. 81.
— P. anal. Glacis brillant de l'eau; glacis lustré des feuilles. Une patine, un rose et frais glacis (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 526). Le glacis chocolaté d'une manière de tourte (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 159) :
• 2. Les murs [d'un abattoir] disparaissaient sous de larges glacis de sang coagulé; la pluie, la boue, le fiel, la sanie, les avaient diaprés de tant de couleurs, qu'il eût été impossible d'en reconnaître l'enduit primitif...
GAUTIER, Caprices, Paris, Lecou, 1852 [1838], p. 277.
— Au fig. Apparence brillante qui met un voile sur la réalité. Synon. vernis. La tête de Jacques, à vrai dire, n'avait rien de séraphique, mais un certain glacis bourgeois en déguisait l'abondante sensualité (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 313).
Prononc. et Orth. : [glasi]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1757 (Encyclop. t. 7, p. 693b). Dér. de glacer au sens de « donner l'apparence de la glace, une apparence polie »; suff. -is.
STAT. — Glacis1 et 2. Fréq. abs. littér. : 138.
1. glacis [glasi] n. m.
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1 Pente douce et unie, de terre ou de maçonnerie.
♦ (Déb. XIVe). Milit. Talus incliné qui s'étend en avant d'une fortification. || Glacis garnis de barbelés (vieilli).
1 La plage (du navire), en forme de triangle arrondi, était large et longue, plane, sans rambardes ni parapets, et légèrement inclinée en abord, à la façon d'un glacis de forteresse.
Claude Farrère, la Bataille, XXV.
2 Même les forteresses cananéennes étaient formidables; les Hyksos avaient enseigné l'art des murailles doubles, épaisses parfois de 3 m 50, précédées d'un glacis oblique, qui favorisait le tir (…)
Daniel-Rops, Histoire sainte, II, III.
♦ Par métaphore. ⇒ Protection.
3 Quand je le voyais en disposition de se livrer à ce genre de débordements, je passais derrière mon bureau, qui est très long et très large et qui peut servir de glacis.
G. Duhamel, Cri des profondeurs, XI, p. 212.
♦ (1968). Fig., polit. Zone protectrice constituée par des pays indépendants, mais soumis à l'influence de l'État qui se protège ainsi. — REM. Le mot ne s'applique guère qu'aux États (Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie) dont la politique étrangère est analogue à celle de l'Union soviétique. — Le glacis soviétique de l'Est européen. || « Chacun agit de façon semblable dans son glacis » (Libération, 26 oct. 1983).
2 (1962). Géol. Surface d'érosion en pente.
4 Géronimus commençait à se mettre en colère; il oubliait déjà les jours précédents (…) les glacis arides et miroitants, la protection clandestine des bêtes à son égard, la réalité et son apparence (…)
Jean Cayrol, Histoire d'un désert, p. 231.
3 (1694). Archit. Pente donnée à la saillie d'une corniche, d'une cimaise, pour l'écoulement des eaux. || L'eau de pluie s'écoule par l'inclinaison des glacis.
4 (1680). Cout. Rangée de points fixant une doublure et l'empêchant de plisser.
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HOM. 2. Glacis.
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2. glacis [glasi] n. m.
ÉTYM. 1757, Encyclopédie; de glacer, et -is.
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1 (1757). Mince couche de couleur, transparente (comme une glace), qu'on étend sur des couleurs déjà sèches pour en harmoniser les teintes et leur donner plus d'éclat. || Étendre, poser les glacis. ⇒ Glacer. || Des glacis lumineux. || Pinceau à glacis.
1 Jean-François de Troy peignait franc (…) et ne glaçait jamais. Les glacis n'ont jamais résisté aux cureurs de tableaux. Ceux-ci enlèvent au moins l'accord et l'harmonie d'un tableau terminé par ces mêmes glacis.
2 Il est probable que les premiers Vénitiens peignirent sur des fonds très blancs. Leurs chairs brunes ne semblent que de simples glacis laqueux sur un fond qui transparaît toujours.
E. Delacroix, Journal, 5 oct. 1847.
♦ (Av. 1872). Couche d'enduit transparent.
2 (Fin XIXe). Fig., littér. Aspect brillant cachant la réalité. ⇒ Vernis. || Un glacis de bonhomie qui dissimule un monstrueux égoïsme.
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HOM. 1. Glacis.
Encyclopédie Universelle. 2012.