glacer [ glase ] v. tr. <conjug. : 3>
1 ♦ Rare Convertir (un liquide) en glace. ⇒ congeler, geler. — Fig. et littér. Loc. Glacer le sang : saisir d'une émotion si forte que le sang paraît brusquement se figer. Pronom. « tout mon sang dans mes veines se glace » (Racine).
♢ Durcir sous l'effet d'un froid intense. Le gel a glacé le sol. ⇒ geler.
2 ♦ Rendre très froid. ⇒ refroidir. « L'hiver a quitté la plaine Qu'hier il glaçait encor » (Hugo). — Refroidir à la glace artificielle. Glacer une boisson, du champagne. ⇒ frapper.
3 ♦ Cour. Causer une vive sensation de froid à, pénétrer d'un froid très vif. Cette petite pluie fine me glace. ⇒ transir. — Poét. Priver de la chaleur caractéristique de la jeunesse et de la vie. ⇒ engourdir, refroidir. Quand l'âge nous glace.
4 ♦ Fig. Paralyser, décourager par sa froideur ou quelque aspect rebutant. Abord, attitude qui glace les gens. ⇒ glaçant, glacial, réfrigérant. Cet examinateur glace les candidats. ⇒ inhiber, intimider.
5 ♦ Fig. Frapper d'une émotion violente et profonde qui cloue sur place. ⇒ pétrifier. Ce hurlement dans la nuit les glaça d'horreur. P. p. adj. Être glacé d'horreur.
6 ♦ (1549) Revêtir d'un vernis lisse et brillant.
♢ Cuis. Couvrir d'une couche de sucre unie et transparente. Glacer des millefeuilles, des fruits. — Couvrir d'une gelée. Glacer des viandes froides.
♢ Techn. Garnir d'un apprêt, d'un enduit. ⇒ calandrer, cirer. Glacer des étoffes, un plastron, des peaux. — Peint. Revêtir d'une couleur brillante et transparente (une couleur déjà sèche). ⇒ 2. glacis. — Procéder au glaçage de (une épreuve photographique).
⊗ CONTR. Dégeler, fondre, brûler, chauffer, échauffer , réchauffer; attirer, émouvoir, encourager, enivrer, enthousiasmer, exciter.
● glacer verbe transitif (latin glaciare) Transformer un liquide en glace ; geler : Le froid a glacé la rivière. Abaisser la température de quelque chose par un apport de glace ou par un froid artificiel : Glacer une bouteille de champagne. Provoquer chez quelqu'un ou dans une partie de son corps une très vive sensation de froid : La neige nous glaçait les mains. Figer quelqu'un, le pétrifier sous l'effet d'un sentiment violent de peur, d'horreur, etc. : Ces cris épouvantables nous glacèrent d'effroi. Intimider quelqu'un, le gêner au point de le paralyser, de lui ôter tous ses moyens : Son regard glaçait ses interlocuteurs. Poser la glaçure sur une pièce de poterie. Effectuer une opération de glaçage. Étendre un glacis (peinture) sur une surface. ● glacer (difficultés) verbe transitif (latin glaciare) Conjugaison Le c devient ç devant o et a : je glace, nous glaçons ; il glaça. ● glacer (expressions) verbe transitif (latin glaciare) Glacer le sang de quelqu'un (dans ses veines), lui causer un grand effroi. Machine à glacer, machine de corroyeur, employée pour polir mécaniquement les cuirs et peaux tannés. ● glacer (homonymes) verbe transitif (latin glaciare) ● glacer (synonymes) verbe transitif (latin glaciare) Transformer un liquide en glace ; geler
Synonymes :
- congeler
- geler
Contraires :
- dégeler
- déglacer
Abaisser la température de quelque chose par un apport de glace...
Synonymes :
- frapper
Contraires :
- brûler
- chauffer
- rôtir
- tiédir
Provoquer chez quelqu'un ou dans une partie de son corps...
Synonymes :
- transir
Contraires :
- réchauffer
Figer quelqu'un, le pétrifier sous l'effet d'un sentiment violent de...
Synonymes :
Contraires :
- rassurer
Intimider quelqu'un, le gêner au point de le paralyser, de...
Synonymes :
- pétrifier
- réfrigérer
- troubler
Contraires :
- exalter
Machine à glacer
Synonymes :
- lustrer
- satiner
● glacer
verbe intransitif
Se congeler, geler : Mettre une crème à glacer au freezer.
● glacer (homonymes)
verbe intransitif
glacer
v. tr.
d1./d Convertir en glace, congeler.
d2./d Causer une vive sensation de froid à. La bise nous glaçait le visage.
d3./d Fig. Paralyser, décourager par sa froideur. Son abord vous glace.
— Frapper de stupeur. Glacer d'horreur, d'effroi. Syn. pétrifier.
⇒GLACER, verbe trans.
I. A. — Convertir un liquide en glace, le solidifier; rendre dur sous l'effet d'un froid très vif. Le gel a glacé le sol. Le grand froid glace les rivières (Ac.). Depuis deux jours, la neige tombait; elle avait cessé le matin, une gelée intense glaçait l'immense nappe (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1467).
— En partic. Refroidir ou congeler artificiellement. Glacer le champagne. Le porter à une température fraîche. Emploi à valeur pronom. Un froid artificiel fait glacer à la fois le madère, le suc de la fraise et de l'ananas (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 184).
— P. ext. Causer une sensation de froid, de grand froid. Ce vent glace le visage. Cette eau glace les mains (Ac.). Une sueur froide glaça le front du jeune homme et fit claquer ses dents (DUMAS père, Monte-Cristo, 1846, p. 191).
♦ Emploi pronom. Sa respiration s'arrêta et (...) sa main se glaça dans les miennes (SAND, Meunier Angib., 1845, p. 133).
B. — Au fig.
1. Frapper d'une émotion si violente que le sang paraît brusquement se refroidir, se figer. Être glacé par une mauvaise nouvelle; être glacé jusqu'au fond de l'âme, jusqu'aux moelles; glacer les os, le(s) sang(s), les sens, les veines. Au sortir d'une telle scène comme celle qu'elle m'avait encore faite, j'étais glacé, insensible (LÉAUTAUD, Journal littér., 1906, p. 263). Il [le duc d'Orléans] connut un mot de Marat qui lui glaça le sang (L. DAUDET, Lys sangl., 1938, p. 237) :
• 1. L'idée qu'il suffisait d'un regard, entre les planches de cette porte disjointe, pour qu'on les massacrât, la glaçait.
ZOLA, Germinal, 1885, p. 1436.
— Littér. Priver de la chaleur, de l'ardeur (au temps de la vieillesse). La vieillesse glace le sang (Ac.). La vieillesse a glacé nos jarrets (STENDHAL, Hist. peint. Ital., t. 2, 1817, p. 190).
2. Faire impression sur quelqu'un, le paralyser, le pétrifier en le rebutant, en l'effrayant. Glacer la confiance, l'enthousiasme, la sympathie de qqn. Charles et sa cousine jetèrent ensemble un cri terrible, et la peur les glaça tellement qu'ils restèrent immobiles (BALZAC, Annette, t. 3, 1824, p. 165). Soldats, le voilà ce clairon Qui des Perses jadis a glacé le courage! (DELAVIGNE, Messéniennes, 1824, p. 79). Il la regarda avec une dureté dont elle fut glacée. Elle n'osait pas parler, sentant que tout ce qu'elle pourrait dire l'offenserait et l'irriterait (A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 384). J'appartenais à cette race d'êtres dont on m'a dit qu'ils n'ont pas de jeunesse : un adolescent morne, sans fraîcheur. Je glaçais les gens, par mon seul aspect. Plus j'en prenais conscience, plus je me raidissais (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 32) :
• 2. Toutes les espèces de serpens à sonnettes, répandent au loin la terreur, par le seul frémissement des écailles de leur queue et par l'odeur empestée qu'ils exhalent; ils glacent et stupéfient les animaux faibles, qui n'entreprennent seulement pas, le plus souvent, de fuir devant eux...
CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 330.
— Emploi pronom. Le personnage le plus intéressant de l'hôtel est le pianiste Milkow. Une névrose l'empêche de jouer; ses doigts se glacent quand il touche un clavier (CHARDONNE, Dest. sent. II, 1934, p. 71).
II. — Donner une apparence lisse, polie, brillante comme celle de la glace. La lune glaçait les pelouses et les cimes des arbres (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 138). Glacer de qqc. Recouvrir de quelque chose qui donne cette apparence :
• 3. ... on apporte à Des Esseintes une tortue dont il a fait glacer d'or et garnir de pierreries toute la carapace.
LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 327.
— Emploi pronom. Leurs ailes moirées se glaçaient de rose au reflet du matin (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 461).
— Spécialement
♦ ART CULIN. Couvrir (une pièce de viande) d'une gelée, (des gâteaux) de sucre glace, (une pâtisserie) de blanc d'œuf, etc. Glacer des viandes, des confitures, des massepains (Ac.).
♦ CÉRAM. Glacer une pièce, une poterie. Surtout, ne glacez jamais avec de la capucine rose, de la laque Robert, de la laque de Smyrne! (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 422).
♦ PEINT. Glacer une toile. La méthode de glacer les chairs, si bonne pour imiter la transparence de la peau (DELACROIX, Journal, Suppl., ca 1835, p. 384).
♦ TECHNOL. Donner de l'apprêt, du brillant. Glacer le linge, du papier, des peaux. Un fer à glacer est indispensable pour donner un beau brillant aux chemises, faux cols, etc. (Lar. mén. 1926, p. 1044). Emploi pronom. passif. Les papiers se lissent, se glacent et se satinent à l'aide de feuilles de carton ou de feuilles métalliques (acier, zinc ou cuivre) et de presses et de cylindres appelés, selon leur forme, laminoirs ou calandres (A. CIM, Pt manuel de l'amateur de livres, Paris, Flammarion, s.d., p. 27).
REM. Glacement, subst. masc., hapax. Refroidissement. Encore une crise avec un glacement de l'être que rien ne peut réchauffer (GONCOURT, Journal, 1893, p. 365).
Prononc. et Orth. : [glase], (il) glace [glas]. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. : prend une cédille devant a et o : glaçai(s), glaçons. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 intrans. « (du sang) se figer » (B. DE STE-MAURE, Troie, 10229 ds T.-L.); ca 1175 « (de l'eau) se transformer en glace » (ID., Chron., éd. C. Fahlin, 3896); 2. id. trans. fig. (ID., op. cit., 16061 : la rien qui plus el quor me glace...); 3. a) 1549 « revêtir de manière à donner un aspect poli » (Entr. de Henri II à Paris, fol. 11 v° ds GDF. Compl. : colonnes glacees de toutes les pierres... que la nature peult produire); b) 1551 cout. laneures glacees (LESPINASSE, Métiers de Paris, II, 175 ds BARB. Misc. XII, n° 23); c) 1680 tafetas glacé (RICH.); d) id. pâtiss. (ibid.). Du lat. glaciare « changer en glace; glacer d'effroi; durcir, solidifier ». Fréq. abs. littér. : 810. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 091, b) 1 174; XXe s. : a) 1 632, b) 906. Bbg. GIR. 1834, p. 48. - GOHIN 1903, p. 376.
glacer [glase] v. tr. [CONJUG. placer.]
ÉTYM. Fin XVe; glacier « glisser, faire glisser », v. 1165; lat. glaciare, du bas lat. glacia. → Glace.
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1 Rare. Convertir (un liquide) en glace. ⇒ Congeler, geler. || Le froid était assez intense pour glacer le vin. || La rivière n'est pas encore glacée sur toute sa surface. — Pron. || Le bassin s'est glacé cette nuit. || Fleuves qui se glacent (→ Automne, cit. 12; et ci-dessous, cit. 2). — Au p. p. || Glacé, ée. || Patiner sur un lac glacé. → cit. 1.
1 Avant qu'un tel dessein m'entre dans la pensée,
On pourra voir la Seine à la Saint-Jean glacée (…)
Boileau, Satires, I.
♦ Pron. Devenir glacé.
2 Ils ne peuvent trouver leur subsistance que dans une mer ouverte, et ils sont forcés de la quitter dès qu'elle se glace en entier.
2.1 C'était une neige fine, en somme peu abondante, mais elle se glaçait aussitôt, car un froid vif se faisait sentir, et comme la brise était forte, on le supportait difficilement.
J. Verne, le Pays des fourrures, t. I, p. 255.
2 ☑ Fig., littér. (Sujet n. de chose). Glacer le sang : saisir d'une émotion si forte que le sang paraît brusquement se figer (→ Cheveu, cit. 30). — Pron. || Son sang se glace à ce spectacle (→ Effrayer, cit. 8).
3 Juste ciel ! tout mon sang dans mes veines se glace.
Racine, Phèdre, I, 3.
3 (Le compl. désigne la terre). Durcir sous l'effet d'un froid intense. || L'hiver avait glacé le sol. — Au p. p. || Croûte de terre glacée à la surface d'un champ. || Berges (cit. 1) raides et glacées.
1 Rendre très froid. ⇒ Refroidir. || L'air qui passe par ce carreau cassé a glacé la chambre.
4 L'hiver a quitté la plaine
Qu'hier il glaçait encor.
Hugo, Odes et ballades, Ballade, 9.
♦ P. p. adj. || Glacé, ée : très froid. || Maison quelque temps inhabitée qu'on retrouve glacée. || Coucher dans des draps glacés. || Une sueur glacée perlait (cit. 2) sur son front. || Tirer du puits une eau glacée. ⇒ Froid. || Pluie glacée (→ Bourrasque, cit. 5). || Solitudes, steppes glacées, où règne un froid rigoureux.
5 Et aussi, quelques matins glacés où l'on voyait, en s'éveillant, les cimes devenues neigeuses et blanches.
Loti, Ramuntcho, II, X.
6 (…) quand la bourrasque se déchaîne sur la vaste plaine, fait craquer le vieux toit, et menace de submerger la sainte ville de Bels, quand au dehors tout est hostile et glacé, quand on ne voit à travers les petits carreaux gelés qu'un noir corbeau qui vole (…)
Jérôme et Jean Tharaud, Ombre de la croix, X.
♦ (Sans que l'on puisse préciser si le liquide est congelé ou très refroidi) :
7 (…) il avait la sensation d'être nu dans la bise qui s'élevait glaçant les larmes sur son visage, mais son cœur était plein de joie.
J. Green, Léviathan, II, VIII.
♦ P. p. adj. || Glacé, ée. (En parlant d'un fluide, d'un gaz, de l'atmosphère). || Air glacé, vent glacé. → Couloir, cit. 5; flageller, cit. 1. || Bise glacée. ⇒ Aigre.
8 La chaleur des salles semblait correspondre à l'ardeur du soleil, mais sur la terrasse où ils s'assirent pour prendre le café un air glacé les refoula dans le hall.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 489.
2 Refroidir à la glace artificielle, mettre dans de la glace ou garnir de glace. || Glacer une boisson. || Glacer du champagne. ⇒ Frapper.
♦ P. p. adj. || Glacé, ée. || Boissons glacées, très froides. ⇒ Frappé. — Congelé. || Chocolat, café glacé. — Bombe glacée, entremets glacés. || Crème glacée.
9 Des boissons glacées et des fraises à la crème d'abord, mon dessert chéri.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 364.
3 Cour. Causer une vive sensation de froid, pénétrer d'un froid très vif. || Ce vent glace le visage (→ Froid, cit. 4). || Traverser un torrent dont l'eau glace les pieds. || Cette petite pluie fine me glace. — Au passif. || Être glacé de froid. — Au p. p. || Vous avez les mains glacées. || Le train n'était pas chauffé, nous sommes glacés. ⇒ Transir (transi).
10 Il avait déjà toutes les extrémités, jusqu'au visage, glacées de froid, avec une sueur mortelle qui lui coulait tout le long du corps (…)
Montaigne, Essais, I, Appendice.
11 Il se réveilla. Il faisait glacé. Un vent, qui était froid comme le vent du matin, faisait tourner dans leurs gonds les châssis de la croisée restée ouverte. Le feu s'était éteint.
Hugo, les Misérables, I, VII, IV.
12 (…) elle se plaignait de la persistance de l'hiver, déclarait que malgré les fournaises les plus actives elle demeurait toujours grelottante et glacée et elle lui donna à tâter ses mains qui étaient, en effet, froides (…)
Huysmans, Là-bas, XII.
13 L'air du petit matin glaçait déjà les épaules brisées par la nuit et le poids de la misère qui retombait sur chacun avec le jour qui naissait.
P. Mac Orlan, Quai des brumes, VI.
4 Poét. Priver de la chaleur caractéristique de la jeunesse et de la vie. ⇒ Engourdir, refroidir. || Quand l'âge (cit. 46) nous glace. — Passif. || Cœur glacé par le froid (cit. 15) des années.
14 Dans son dégoût sincère de la vie, il conclut à rétrograder lentement vers tout ce qui l'éteint et la glace (…)
Sainte-Beuve, Chateaubriand, t. I, p. 287.
15 Je t'aime de toute mon âme, ma bien-aimée. L'absence me glace le cœur, plus encore que la neige et l'hiver de ce pays étranger.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 231.
5 Fig. Paralyser, décourager par sa froideur ou un aspect rebutant. || Son abord, son attitude glace les gens. ⇒ Glaçant, glacial, réfrigérant. || Une expression (cit. 37) indifférente qui glace les bonnes volontés. || Cet examinateur glace les candidats. ⇒ Intimider. || C'est un sujet ingrat qui a glacé son imagination, son talent.
16 Mon indifférence pour la chose eût glacé ma plume et abruti mon esprit. On s'imaginait que je pouvais écrire par métier, comme tous les autres gens de lettres, au lieu que je ne sus jamais écrire que par passion.
Rousseau, les Confessions, X.
17 Les Prix portent malheur, prix académiques, prix de vertu, décorations, toutes les inventions du diable encouragent l'hypocrisie et glacent les élans spontanés d'un cœur libre.
Baudelaire, l'Art romantique, X.
18 Sa manière de faire le bien glace ses obligés.
Villiers de L'Isle-Adam, Axel, II, 2.
19 Loin de me faire rire, elles (ces bouffonneries) me glaçaient, comme lorsqu'on entend plaisanter sur son mal quelqu'un qui se sait mortellement frappé.
J. de Lacretelle, Silbermann, p. 117.
20 Je glaçais les gens, par mon seul aspect. Plus j'en prenais conscience, plus je me raidissais.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I, II.
♦ Au participe passé :
21 Si Stendhal n'aimait pas les femmes du monde un peu glacées par le cant, c'est qu'il préférait la compagnie des natures libérées et vides, voilà tout.
Émile Henriot, les Romantiques, p. 367.
22 Une névrose l'empêche (le pianiste Milkov) de jouer; ses doigts se glacent quand il touche un clavier.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 212.
6 P. p. adj. Fig. || Glacé, ée. || Air, abord glacé, empreint d'une froideur extrême. ⇒ Figé. || Regard glacé. ⇒ Dur. || Politesse glacée. || Accueil glacé. ⇒ Hostile, indifférent.
23 Mme de Ludres (…) lui fit une mine glacée (…)
Mme de Sévigné, 666, 22 oct. 1677.
24 Après cela, comment me reçois-tu ? avec une politesse glacée, et en tranchant du seigneur. On dirait que mes visites commencent à te peser.
A. R. Lesage, Gil Blas, VIII, XIII.
25 Il remarqua l'air glacé de madame de Renal, il comprit qu'elle était en colère de ce qu'il avait osé lui baiser la main.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, VI.
26 Mais Pascal prononce des sentences glacées avec une langue et des lèvres brûlantes.
André Suarès, Trois hommes, « Pascal », III.
27 Elle nous adressait la parole à la troisième personne, d'une voix non pas servile, mais soumise et presque glacée.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, III, I.
7 Fig. (Sujet n. de chose). Frapper (qqn, une faculté) d'une émotion violente et profonde, qui cloue sur place. ⇒ Pétrifier. || Glacer qqn d'effroi (→ Approche, cit. 20). || Un affreux silence qui glace le cœur (cit. 42). || Ce hurlement dans la nuit les glaça d'horreur. — Au p. p. || Être glacé par l'horreur, glacé d'horreur.
28 Quoi ? la peur a glacé mes indignes soldats ?
Racine, Athalie, V, 5.
29 (…) les hommes groupés autour d'un cadavre et d'un scélérat, dans la cabane à demi-brisée, se taisaient, glacés par l'horreur (…)
A. de Vigny, Cinq-mars, XXII.
30 Souvent, au milieu de mes joies, une soudaine douleur me glaçait, j'entendais le nom d'Henriette prononcé par une voix d'en haut comme le : — Caïn, où est Abel ?
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 951.
31 Ces bandes mobiles, insaisissables, attendues partout, et que la terreur rendait comme présentes partout, glaçaient d'effroi nos populations moins militaires qu'aujourd'hui.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., III, IX.
32 Je dirai des choses formidables !… qui étonneront les plus sceptiques !… et glaceront le cœur des plus braves, d'une indicible épouvante ! ! !
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, IIIe tableau, II.
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II (Surface brillante).
1 (1549). Revêtir d'une couche lisse et brillante. — Cuis. Couvrir d'une couche de sucre unie et transparente. ⇒ Enrober. || Glacer des gâteaux, des fruits, des quartiers d'orange. — Couvrir d'une gelée. || Glacer des viandes froides, de la galantine.
♦ P. p. adj. || Glacé, ée. || Fruits glacés et fruits confits. || Marrons glacés.
33 J'ai trouvé un homme d'une politesse exquise, irréprochable, une tranche de galantine pourrie supérieurement glacée — mais crispé, vibrant de je ne sais quoi.
Léon Bloy, le Désespéré, p. 165.
2 Techn. Garnir d'un apprêt, d'un enduit. ⇒ Calandrer, cirer. || Glacer des étoffes, un plastron, des peaux… || Glacer une pièce céramique (⇒ Glaçure).
♦ P. p. adj. || Glacé, ée. || Gants glacés. || Col glacé. || Chemise glacée (→ Enfiler, cit. 8). || Tissu glacé. ⇒ Luisant, lustré. || Papier glacé. ⇒ Satiné. N. m. || Le glacé du papier. || Ruban d'un joli glacé.
3 Peint. Revêtir d'une couleur brillante et transparente (une couleur déjà sèche afin d'en augmenter l'éclat). ⇒ Glacis.
33.1 Ainsi, non seulement les chairs, mais les fonds, les terrains, les arbres, sont glacés sur fond blanc, dans les premiers flamands, par exemple.
E. Delacroix, Journal, 5 oct. 1847.
4 (En parlant de jeux de lumière naturels). Faire briller ou colorer en surface. ⇒ Lustrer. — Pron. || Corbeaux (cit. 3) dont les ailes moirées se glacent de rose au lever du jour. — Au p. p. :
34 Ce splendide costume, où se jouait la lumière, semblait glacé de flamme à tous ses plis.
Hugo, Notre-Dame de Paris, X, V.
35 Aussi, bientôt le vêtement se graisse, se miroite, se glace et prend ces tons de bitume qu'affectionnent les peintres espagnols dans leurs tableaux picaresques (…)
Th. Gautier, Voyage en Russie, p. 68.
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se glacer v. pron.
♦ Voir à l'article.
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glacé, ée p. p. adj.
♦ Voir à l'article.
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CONTR. Dégeler, déglacer, fondre; brûler, chauffer, échauffer, réchauffer; attirer, émouvoir, encourager, enivrer, enthousiasmer, exciter. — (Du p. p.) Brûlant, chaud; ardent, chaleureux; déglacé.
DÉR. Glaçage, glaçant, glaceur, glaceuse, glaceux, glaciation, 1. glacis, 2. glacis, glaçoire, glaçure.
COMP. Déglacer.
Encyclopédie Universelle. 2012.