gnostique [ gnɔstik ] n.
• fin XVIe; gr. gnôstikos « qui sait »
1 ♦ Vx Personne qui a la connaissance des mystères de la religion.
2 ♦ Adepte de la gnose (2o). Adj. La secte gnostique des ophites.
3 ♦ Initiateur d'une doctrine secrète de salut. Adj. Qui a rapport à une telle doctrine.
● gnostique nom (latin ecclésiastique gnosticus, du grec gnôstikos, sage) Adepte du gnosticisme. ● gnostique adjectif Relatif au gnosticisme, à la gnose.
gnostique
n. et adj. Didac.
d1./d n. Adepte de la gnose.
d2./d adj. Relatif à la gnose, au gnosticisme.
⇒GNOSTIQUE, adj.
A. — [Correspond à gnose A] Qui est relatif, qui est propre à la gnose. Les découvertes de la Mer Morte ont rendu extrêmement probable que la première manifestation d'idées gnostiques se trouve dans des sectes juives vers le 1er siècle avant notre ère (Philos., Relig., 1957, p. 34-7).
B. — [Correspond à gnose B] Qui est relatif, qui est propre au gnosticisme. Hérésiarques gnostiques. L'histoire des audaces gnostiques et la persistance des courants manichéens a plus fait, pour la construction du dogme orthodoxe, que toutes les prières (CAMUS, Sisyphe, 1942, p. 153).
— Emploi subst. Adepte du gnosticisme. Il y a encore, en Orient, deux sectes chrétiennes qui passent pour adorer le soleil. Les gnostiques et les basilidiens, qui sont les sectaires les plus savans qu'ait eus cette religion, et qui en même tems sont presque les plus anciens, avaient conservé beaucoup de traits qui décelaient l'origine de ce culte solaire (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 365). V. aussi gnose ex. 1.
REM. Gnostiquement, adv. De manière gnostique. Comme l'action neutralise l'affection et comme l'efférence contrecarre l'afférence, ainsi toute sensibilité, toute « pathologie », toute ferveur intime sont ici anesthésiées par un labeur qui accapare notre entière volition. La connaissance, et surtout l'intuition gnostiquement absorbée dans la contemplation d'un donné à décrire vérifient déjà cette insensibilisation (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 245).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. 1798-1932. De 1798 à 1878 au pluriel. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. [1524 Goustici « adepte du gnosticisme » (GRINGORE, Le Blazon des Heretiques, éd. Ch. D'Héricault et A. de Montaiglon, I, p. 300)] 1586 Gnostiques (LE LOYER, Spectres, 2e part., p. 259 : des Heretiques, qu'on appelloit Gnostiques); 2. 1695 « celui qui a la perfection de la science chrétienne » (BOSSUET, Estats d'oraison, VI, 8 ds LITTRÉ). B. Adj. 1721 (Trév., s.v. Gnosimaque : les dogmes concernant la vie gnostique). Empr. au gr. « qui concerne l'action de connaître » et spéc. « ceux qui savent, les Gnostiques ». Fréq. abs. littér. : 56.
gnostique [gnɔstik] n.
ÉTYM. 1586; bas lat. ecclés. gnostici n. m. pl., grec gnôstikos « qui sait, savant, sage », adj., substantivé au plur. gnôstikoi « ceux qui savent », de gignôskein « comprendre ». → Gnose.
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♦ Didactique.
1 Vx. Personne qui a la connaissance des mystères de la religion.
1 Le gnostique n'est donc autre chose qu'un chrétien digne de ce nom, qui a tourné la vertu chrétienne en habitude : c'est en d'autres termes, cet homme spirituel et intelligent qui est lumière en Notre-Seigneur, ce chrétien parfait qui est infailliblement contemplatif, au sens que saint Paul a dit de tout véritable chrétien, « qu'il ne contemple pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit point ».
Bossuet, Tradition des nouveaux mystiques, Saint Clément d'Alexandrie, III.
2 Didact. Hist. des relig. Adepte du gnosticisme. ⇒ Gnosticisme (cit.); ophite, valentinien. || Basilide, Valentin, Saturnin, Carpocrate furent les premiers grands gnostiques. — Adj. (1845). Relatif au gnosticisme. || Secte gnostique, hérésie gnostique (→ Construction, cit. 5).
2 (…) les gnostiques, dans leur prétention de tout embrasser, et habitués qu'ils étaient à regarder les dieux des nations comme des éons divins, bien inférieurs au Dieu suprême, voulaient connaître le christianisme, prenaient Jésus avec enthousiasme comme un éon incarné à mettre à côté de tant d'autres, et lui faisaient une belle place dans leurs formules de philosophie de l'histoire (…) Il y eut des gnostiques chrétiens, juifs, samaritains; mais il y eut aussi des gnostiques non chrétiens.
Renan, l'Église chrétienne, IX, in Œ. compl., p. 471-472.
3 À la grâce toute puissante et arbitraire, les gnostiques ont voulu seulement substituer la notion grecque d'initiation qui laisse à l'homme toutes ses chances.
Camus, l'Homme révolté, p. 51.
4 L'Église n'a été si dure pour les hérétiques que parce qu'elle estimait qu'il n'est pas de pire ennemi qu'un enfant égaré. Mais l'histoire des audaces gnostiques et la persistance des courants manichéens a plus fait, pour la construction du dogme orthodoxe, que toutes les prières.
Camus, le Mythe de Sisyphe, in Essais, Pl., p. 189.
3 (XXe). Par ext. Fondateur d'une doctrine secrète de salut.
4 Adj. Relatif au gnosticisme, à une doctrine secrète de salut.
5 J'emploie le mot de cruauté dans le sens d'appétit de vie, de rigueur cosmique et de nécessité implacable, dans le sens gnostique de tourbillon de vie qui dévore les ténèbres.
A. Artaud, le Théâtre et son double, Lettres sur la cruauté, in Œ. compl., t. IV, p. 122 (1938).
6 (…) Delphine s'éloignait de lui : elle était habitée par des préoccupations totalement étrangères à leur vie commune. Elle était l'initiée, la gnostique en possession d'une sagesse supérieure, tandis qu'il barbotait encore dans la vile agitation du monde… Ainsi donc, pendant ces deux années, il avait été le légionnaire romain, braillard et trivial, marié, sans le savoir, à une druidesse (…)
Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 361.
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DÉR. Gnosticisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.