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grasseyer

grasseyer [ graseje ] v. intr. <conjug. : 1>
XVIIe; grassier 1530; de gras
1 Parler gras, avec une prononciation gutturale ou peu distincte des R.
2Prononcer les R sans battement de langue (prononciation dite parisienne, considérée comme un défaut quand le R était roulé).
Trans. Grasseyer les r. P. p. adj. R grasseyé (opposé à roulé) .

grasseyer verbe intransitif (de gras) Parler en prononçant de façon gutturale certaines consonnes et particulièrement les r. ● grasseyer verbe transitif Prononcer les r de façon gutturale. ● grasseyer (synonymes) verbe transitif Prononcer les r de façon gutturale.
Synonymes :
- bléser

grasseyer
v. intr. Prononcer la lettre r de la gorge, comme à Paris (par oppos. à rouler les "r").

⇒GRASSEYER, verbe intrans.
A. — Parler en articulant avec la partie postérieure de la cavité buccale. Godefroid ne grasseyait pas, ne gasconnait pas, ne normandisait pas, il parlait purement et correctement (BALZAC, Mais. Nucingen, 1838, p. 604).
[En incise ou avec compl. d'obj. interne] Dire quelque chose en grasseyant. Dites-donc, Mademoiselle Marthe, voilà une lettre que l'ouvreuse m'a dit de vous remettre, grasseya une grosse fille roupieuse (HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 12). Grasseyant de lourdes gracieusetés (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 727).
B. — PHONÉT. R grasseyé. ,,Vibrante uvulaire produite par la vibration de la luette contre la partie postérieure du dos de la langue`` (Ling. 1972). Cf. SAUSSURE, Ling. gén., 1916, p. 74.
Grasseyer l'r (rare). Ainsi en français, l'usage général de grasseyer l'r n'empêche pas beaucoup de personnes de le rouler (SAUSSURE, Ling. gén., 1916, p. 164.).
REM. Grasseyant, -ante, part. prés. en emploi adj. Sa voix était éraillée, sa prononciation grasseyante (SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 211).
Prononc. et Orth. : [] ou [-se-], (il) grasseye []. Var. [-] ds WARN. 1968. Conjug. : toujours avec -y-, contrairement aux verbes en -ayer (il balaie ou balaye). Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1530 je grassie, il grassie (PALSGR., p. 612); 1611 grassier et graissayer (COTGR.); 1660 grassayer (OUDIN Fr.-Esp., s.v.; OUDIN Esp.-Fr., s.v. cecear); 1694 grasseier (Ac.). Dér. de gras (cf. parler gras); suff. -eyer (v. -oyer). Fréq. abs. littér. : 16.
DÉR. Grasseyement, subst. masc. Prononciation de quelqu'un qui grasseye. L'insupportable grasseyement des faubourgs de Montluçon (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 161). []. Var. [-] ds WARN. 1968. Ds Ac. dep. 1694. Ds Ac. 1694 et 1718 : grasseiement; ds Ac. 1740-1932 : grasseyement. La forme grassaiement (GAULTIER, Bovarysme, 1902, p. 92) s'explique par confusion avec les dér. des verbes en -ayer du type bégaiement. 1re attest. 1694 (Ac.); de grasseyer, suff. -(e)ment1.
BBG. — ARICKX (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, n° 3, p. 132.

grasseyer [gʀaseje] v. intr. [CONJUG. balayer, mais conserve partout l'y.]
ÉTYM. 1660; grassier, 1530; de gras.
1 Parler gras, avec une prononciation gutturale ou peu distincte des r (→ Gasconner, cit.).
1 (…) Marat, Desmoulins, qui bégayaient ou grasseyaient, ne faisaient guère qu'écrire, parlaient rarement.
Michelet, Hist. de la Révolution franç. t. I, p. 494 (éd. Pléiade).
2 Il grasseyait beaucoup. Sa voix, au moins aussi puissante que celle de l'Oudet de Charles Nodier, jetait une incroyable richesse de son dans la syllabe ou dans la consonne sur laquelle tombait ce grasseyement.
Balzac, Autre étude de femme, Pl., t. III, p. 238.
Trans. Dire en grasseyant.
3 (…) un bellâtre qui se promenait entre les fauteuils des dames, une rosette à la boutonnière, grasseyant de lourdes gracieusetés (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, Foire sur la place, II, p. 727.
2 Didact. Prononcer les R sans battement de la langue.Au p. p. || Le R grasseyé de la prononciation dite parisienne était considéré comme un défaut quand le R était roulé (→ Gras, cit. 32 et rem. infra).
DÉR. Grasseyant, grasseyement, grasseyeur.

Encyclopédie Universelle. 2012.