hacher [ 'aʃe ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Réduire, couper en menus morceaux avec un instrument tranchant. Hacher du persil, des oignons. Hacher du tabac. — Absolt Couperet, hachoir qui hache gros, fin. Hacher menu. « La main sous la machine à hacher, le boucher recueillait la viande qui sortait en longs et fins cylindres » (A. Reyes). — Hacher menu comme chair à pâté.
♢ Se faire hacher : se faire tuer, exterminer. « se faire hacher par bataillons » (Dorgelès). — Être disposé à tout supporter. « Il se ferait plutôt hacher que de céder » (Zola).
2 ♦ Par anal. Découper maladroitement, grossièrement. ⇒ déchiqueter. — Par ext. Endommager en brisant en petits morceaux. La grêle a haché la vigne.
3 ♦ Fig. ⇒ couper, entrecouper, interrompre. « La toux qui hachait ses phrases » (Martin du Gard).
4 ♦ Techn. Entailler avec une hache, un ciseau. Hacher une planche pour en dégrossir le parement.
5 ♦ (1355) Dess., grav. Sillonner de hachures. ⇒ hachurer.
hacher
v. tr.
d1./d Couper en petits morceaux. Hacher menu, très fin.
d2./d Endommager, détruire en déchiquetant. La grêle a haché les blés.
— Le régiment s'est fait hacher par la mitraille.
d3./d Fig. Couper, interrompre sans cesse. Hacher un discours d'interruptions.
d5./d TECH Entailler à l'aide d'une hache. Hacher une planche.
⇒HACHER, verbe trans.
A. — Domaine concret
1. Couper en petits morceaux avec un instrument tranchant. Hacher des épinards, du persil, du tabac, de la paille; hacher qqc. au couteau, avec un couteau; hacher en morceaux. Pendant tout le temps, assez long, qui fut nécessaire pour sécher les feuilles minces [du tabac], les hacher, les soumettre à une certaine torréfaction sur des pierres chaudes (VERNE, Île myst., 1874, p. 304). Après avoir été désossée, coupée en morceaux, la viande est préparée selon le produit fabriqué à obtenir (hachée ou broyée, mélangée ou non à de la graisse...) (Industr. conserves, 1950, p. 26) :
• 1. De leurs couteaux, les cosaques écrasèrent le suif sur les tartines, hachèrent l'oignon, salèrent et mangèrent le tout...
ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 139.
— Absol. Hacher fin, gros; planche, table à hacher. Les éléphants entrèrent dans cette masse d'hommes; (...) ils coupaient, taillaient, hachaient avec les faux de leurs trompes (FLAUB., Salammbô, t. 2, 1863, p. 133).
— En partic. Couper, découper de façon grossière et maladroite. Il ne découpe pas cette viande, il la hache (Ac. 1835-1935).
♦ [Le suj. désigne un instrument tranchant] Ce couteau émoussé ne tranche plus la viande, il la hache (ROB.). L'aubier haché par les sillons des dents, déchiqueté, entamé jusqu'au cœur (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 321).
— Loc. fig.
a) Hacher (de) la paille. Parler une langue avec un accent tonique prononcé, en particulier, parler allemand ou parler français avec l'accent allemand. Le sous-officier allemand se précipita au-devant d'elle pour lui interdire le passage, les bras en croix, rouge, offensé, furieux, hachant terriblement sa paille germanique (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 201).
b) Hacher menu comme chair à pâté. Mettre en pièces, en morceaux. La trappe de la cave se fût ouverte sous les pieds de l'exempt assez audacieux pour pénétrer dans ce repaire. Il n'en serait sorti que haché menu comme chair à pâté (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 318).
c) Se faire, se laisser hacher. Se défendre, combattre jusqu'à la dernière extrémité. Le Maréchal croit-il que s'ils se laissaient hacher à son commandement, c'était pour lui faire plaisir? (ALAIN, Propos, 1934, p. 1235).
♦ Se faire hacher pour qqn, pour qqc., plutôt que de faire qqc. Être prêt à toute action, à tout sacrifice par dévouement à une personne, à une cause, ou pour éviter de faire quelque chose. Cornoiller, surpris d'une telle magnificence, parlait de sa maîtresse les larmes aux yeux : il se serait fait hacher pour elle (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 226). Je me ferais maintenant hacher pour des idées qui ne se réaliseront sans doute pas de mon vivant (SAND, Corresp., t. 1, 1835, p. 316) :
• 2. Mais nous avons mieux que la Chambre, nous avons nous-mêmes, nous, qui nous ferions hacher par petits morceaux plutôt que de lâcher d'une semelle, nous, qui avant d'être mis en pâtée, crierons si fort que toute la terre nous entendra.
CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 487.
2. P. ext. Frapper quelqu'un de façon répétée à coups de hache ou de toute autre arme tranchante. Puis, tirant son sabre suspendu à son côté, il hache les pachas et les vizirs (MÉRIMÉE, Guzla, 1827, p. 317).
♦ Emploi pronom. réciproque. Ils [des cavaliers] se hachent, se transpercent, se tailladent, se martèlent (...) employant tout un arsenal d'armes antiques, barbares et féroces (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 111).
— P. hyperb. Blesser, meurtrir en faisant de petites entailles, de petites coupures. Le menton haché d'avoir été livré sans lumière au rasoir (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p. 109).
3. P. anal. Mettre en pièces, détruire, ravager par une action violente. De la grêle était tombée dans la nuit au milieu d'un orage épouvantable, hachant les branches, dépouillant les arbres (A. DAUDET, Évangéliste, 1883, p. 112). Les obus commencèrent à hacher les boqueteaux et la forêt clairsemée (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 801) :
• 3. Les bataillons hachés
Par la mitraille,
Les ventres arrachés
Par la ferraille.
PÉGUY, Quatrains, 1914, p. 495.
4. Emplois techn.
a) BÂTIMENT
— Hacher une pièce de bois. La dégrossir avec une hache ou un ciseau. (Dict. XIXe et XXe s.).
— Hacher un mur, une pierre. Pratiquer à la hachette des entailles peu profondes à leur surface pour faciliter l'application d'un enduit ou d'un crépi. (Dict. XIXe et XXe s.).
b) ARTS GRAPH. et GRAV. Couvrir de hachures. Hacher un dessin, une estampe. Ta carte est-elle faite? — Non, ma vieille, j'ai pas eu le temps de la « repasser » (...) mes montagnes pas hachées et ma côte de l'Adriatique pas finie (COLETTE, Cl. Paris, 1901, p. 184).
— P. ext. Couvrir de traits (un écrit, des mots), barrer, raturer. Chaque mot haché de traits de plume marqués si violemment qu'ils ont troué le papier en maints endroits (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1184).
— P. métaph. Les désirs turbulents et forts, l'âme hachée Des striures d'argent et de pourpre des sons (NOAILLES, Ombre jours, 1902, p. 173).
B. — Au fig. Rompre à plusieurs reprises la continuité ou l'unité de quelque chose; diviser en fragments ou en éléments courts et nombreux. Synon. couper, entrecouper, interrompre. Hacher une phrase, un discours; hacher son style; hacher le temps; (discours) haché d'arrêts, d'interruptions. Le pays se fit semblable à ces terrains de démolitions que l'on voit aux faubourgs des villes, terrains vagues, chargés de gravats blancs, hachés de fossés et d'excavations (PSICHARI, Voy. centur., 1914, p. 133). Les journées n'étaient point pleines et pressées, mais lentes et libres : les horaires ne hachaient point les pensées et ne faisaient point des individus des esclaves du temps moyen et les uns des autres (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 63) :
• 4. La ponctuation belge a la maladie des virgules; on a beau faire, ces vermicules se glissent partout, et coupent les phrases et hachent les vers à faire horreur. Toute largeur et toute ampleur disparaît sous cette vermine.
HUGO, Corresp., 1859, p. 304.
♦ Emploi pronom réfl. La voix du malheureux se hachait, se mouillait, s'étranglait dans les hoquets (GIDE, Prométhée, 1899, p. 332).
— P. méton. Voici (...) mon discours et le récit de cette discussion où la Chambre, d'abord, aux deux tiers hostile, me hachait d'interruptions (BARRÈS, Pitié églises, 1914, p. 57).
— En partic. et p. ell. Dire brutalement en interrompant quelqu'un ou en s'interrompant à plusieurs reprises. L'Allemagne et le militarisme, hacha précipitamment la rage d'un autre (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 364). Le chasseur serre les poings (...) hache d'une voix rauque, plusieurs fois la même insulte : « Les vaches! Les vaches! Les vaches! » (GENEVOIX, Seuil guitounes, 1918, p. 186).
REM. Hacheuse, subst. fém., rare. Machine à hacher. Plusieurs appareils, fixés sur le bloc, une pompe à injecter, une machine à pousser, une hacheuse mécanique (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 682).
Prononc. et Orth. : [] init. asp., (il) hache [], je hache []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1225 [ms.] « réduire, couper en menus morceaux avec un instrument tranchant » (Aliscans [ms. Arsenal 6562], éd. F. Guessard et A. de Montaiglon, 3632); b) 1690 « découper maladroitement » (FUR.); 2. 1376 grav. (Invent. de la Sainte-Chapelle ds HAVARD); 3. 1611 « entailler avec une hache, un ciseau » (COTGR.). Issu, par fausse régression, de dehachier « découper » (1176-81, CHR. DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 827), lui-même dér. de hache; préf. dé-; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 176. Bbg. Archit. 1972, p. 46.
hacher ['aʃe] v. tr.
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1 (V. 1175). Réduire, couper en menus morceaux avec une hache ou tout autre instrument tranchant. || Hacher du persil, des oignons, des champignons. || Hacher de la chair de volaille avec des fines herbes pour faire une farce (→ 1. Farce, cit.). — Au p. p. → ci-dessous, cit. 1. — Hacher le chanvre (→ Chevalet, cit. 1), du chanvre. || Hacher de la paille. || Le coupe-racines hache les tubercules destinés à la nourriture du bétail. || Un des procédés d'extraction (cit. 3) des essences odorantes consiste à hacher certaines fleurs ou feuilles. || Hacher du tabac. — Absolt. || Couperet, hachoir qui hache gros. || Hacher fin, menu.
0.1 À droite (de la cuisine de la charcuterie) la table à hacher, énorme bloc de chêne appuyé contre la muraille, s'appesantissait toute couturée et toute creusée.
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 126.
0.2 Derrière eux, Léon hachait de la chair à saucisse, sur le bloc de chêne, à coups lents et réguliers.
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 127.
1 (…) une casserole où il y avait, à ce qu'il disait, un lapin déjà tout haché (…)
A. R. Lesage, Gil Blas, X, XII.
2 (…) le matin, je lui hachais du tabac pour fumer cinq ou six pipes (…)
A. R. Lesage, Gil Blas, X, X.
3 Prenez six gros oignons, trois racines de carottes, une poignée de persil; hachez le tout et le jetez dans une casserole, où vous le ferez chauffer et roussir au moyen d'un morceau de bon beurre frais.
A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût, Variétés, X.
♦ ☑ Loc. prov. Hacher menu comme chair à pâté.
4 Vous auriez bien besoin de dix (langues) des mieux nourries,
Pour fournir tour à tour à tant de menteries;
Vous les hachez menu comme chair à pâtés.
Corneille, le Menteur, IV, 3.
5 Bonnes gens qui fauchez, si vous ne dites au Roi que le pré que vous fauchez appartient à Monsieur le Marquis de Carabas, vous serez tous hachés menu comme chair à pâté.
Ch. Perrault, Contes, « Le chat botté ».
♦ ☑ (1873; « parler allemand », 1867). Loc. fig. Hacher de la paille : parler en marquant fortement des accents; parler (français) avec l'accent allemand.
♦ ☑ Hacher en pièces, couper en menus morceaux. ⇒ Tailler.
6 (…) ils condamnent les deux infortunés à être hachés en pièces; c'est un supplice usité en Chine et en Tartarie pour les parricides (…)
Voltaire, Hist. de l'Empire de Russie, I, IV.
7 Il a fallu tenir dix jours sur ce morne chantier, se faire hacher par bataillons pour ajouter un bout de champ à notre victoire, un boyau éboulé, une ruine de bicoque.
R. Dorgelès, les Croix de bois, XI.
b (1693). Être disposé à tout souffrir pour défendre quelqu'un, quelque chose. || Elle se ferait hacher pour nous. || Il se ferait hacher plutôt que de revenir sur sa décision.
8 Ah ! vous ne le connaissez pas, s'écria Lise. Il se ferait plutôt hacher que de céder (…) Non, non, c'est fini !
Zola, la Terre, I, V.
9 J'ai tout sacrifié à la famille; je me ferais hacher pour que la famille fût à jamais grande et glorieuse.
Zola, le Docteur Pascal, I, p. 9.
2 (1690, Furetière). Découper maladroitement, grossièrement. || Ce couteau émoussé ne tranche plus la viande, il la hache. ⇒ Déchiqueter. — (1694). Par ext. Endommager en brisant en petits morceaux, en déchiquetant. || La grêle a haché les récoltes.
10 Comme il fallait qu'elle massacrât toujours quelque chose, elle hachait rêveusement à coups de cravache les jeunes pousses d'un arbre qui se penchait aux bords du chemin.
Barbey d'Aurevilly, Une vieille maîtresse, I, VII, t. I, p. 167.
11 De trop fortes pluies pourrissaient les semences, des coups de grêle hachaient le blé en herbe (…)
Zola, la Terre, I, V.
12 (…) l'orage monte (…) l'orage qui, de sa grêle, hachera toute vendange (…)
F. Mauriac, le Mal, II.
♦ Une rafale de mitrailleuse hache les assaillants.
3 (1877). Fig. ⇒ Couper, entrecouper, interrompre. || La ponctuation qui hache ces phrases. || Les éclats de rire du public hachaient le débit de l'orateur.
12.1 (…) Antoine allait le contredire, il l'arrêta de la main, et, malgré la toux qui hachait ses phrases, avançant le menton avec une humble bonne grâce, il continua (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 125.
4 Techn. Entailler avec une hache, un ciseau. || Hacher une pierre, une planche pour en dégrossir le parement.
5 (1355). Dessin, gravure. Sillonner de hachures. ⇒ Hachurer. || Hacher une estampe.
——————
haché, ée p. p. adj.
ÉTYM. (XIVe, « ciselé »).
1 (1580). Coupé en petits morceaux (→ ci-dessus, cit. 1). Cour. || Viande hachée, bifteck, steak haché. — N. m. || Manger du haché. || 500 grammes de haché. ⇒ Hachis.
3 Mer hachée, dont la surface est agitée par des vagues courtes.
12.2 La mer est encore hachée, cassant un peu l'erre, mais nous gagnons en latitude, cap au sud-sud-ouest sur l'archipel du Cap-Vert, tandis que l'alizé s'établit franchement et que la mer s'arrondit, régulière après deux jours.
Bernard Moitessier, Cap Horn à la voile, p. 92.
4 (1798). Entrecoupé, interrompu à maintes reprises (du langage). || Discours haché de soupirs, de rires. || Orateur au débit haché.
13 Et, en phrases hachées, coupées d'incidentes étrangères au sujet, il raconta l'histoire de Paradou (…)
Zola, la Faute de l'abbé Mouret, I, VII.
14 Il (…) engageait d'interminables conversations hachées par les coups de marteau du savetier (…)
G. Duhamel, Salavin, V, XIX.
♦ Dans le discours écrit, littéraire. → ci-dessous Style haché.
15 Ce que notre auteur (Camus) emprunte à Hemingway, c'est (…) la discontinuité de ses phrases hachées qui se calque sur la discontinuité du temps.
Sartre, Situations I, p. 117.
♦ En parlant d'activités :
16 Un travail haché porte toujours la trace des interruptions.
A. Maurois, Un art de vivre, III, 1.
♦ Style haché : style coupé en phrases très courtes, ou bien encore décousu, manquant d'enchaînement (cit. 3). ⇒ Abrupt (cit. 3, Diderot), heurté, saccadé, sautillant (→ Caractère, cit. 29).
17 Le reste de ses écrits est composé toujours de pièces et de morceaux, de très beaux morceaux, mais qui ne réussissent à faire qu'un ensemble haché, saccadé. Il y a du grandiose, mais à tout moment brisé, un grandiose qui casse à tout coup.
Sainte-Beuve, Chateaubriand, t. I, p. 127.
5 (1690). Couvert de hachures. ⇒ Hachuré.
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DÉR. Hachage, hachement, hacheur, hacheuse, hachis, hachoir, hachure.
COMP. Hache-bâché, hache-écorce, hache-fourrage, hache-légumes, hache-maïs, hache-paille, hache-viande.
Encyclopédie Universelle. 2012.