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hautement

hautement [ 'otmɑ̃ ] adv.
• 1080; de haut
1Vx À haute voix. Tout haut et sans craindre de se faire entendre. franchement, nettement, ouvertement. Déclarer, professer hautement qqch.
2À un haut degré, fortement, supérieurement. très. Personnel hautement qualifié. C'est hautement improbable. « Chez l'être hautement civilisé » (Carrel).
⊗ CONTR. Timidement. Médiocrement, peu.

hautement
adv.
d1./d Ouvertement, de manière que cela se sache. Proclamer hautement son innocence.
d2./d Fortement, supérieurement. Un ouvrier hautement qualifié.

HAUTEMENT, adv.
A. — Vieux
1. À haute voix. Synon. tout haut. Les pauvres, se voyant si bien traités, commencèrent à se réjouir hautement, et se mirent à chanter (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 230). « Monsieur Léniot, vous persistez à ne rien faire? » demanda M. Lebrun agressif. — « Monsieur, je médite », répondit Joanny. Toute l'étude se mit à rire hautement (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p. 70).
2. Avec franchise et publiquement, sans crainte de se faire entendre. Synon. franchement, nettement, ouvertement. Dire hautement sa pensée; déclarer, professer hautement une opinion; se déclarer hautement pour qqn. Pour moi, j'avoue hautement ce que je crois, et suis persuadé qu'en toute occasion la vérité, bien expliquée, est bonne à dire (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 94). L'évêque de Plaisance (...) affiche hautement la prétention de lui succéder sur le siège de Parme (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 176) :
1. Quand un visiteur étranger donnait un pourboire à Françoise à partager avec la fille de cuisine, (...) la fille de cuisine (...) venait remercier non pas à demi-mot, mais franchement, hautement, comme Françoise lui avait dit qu'il fallait le faire.
PROUST, Prisonn., 1922, p. 15.
SYNT. Désavouer, se plaindre, proclamer, confesser, (dés)approuver, manifester, publier, affirmer, louer, murmurer, accuser, se décrier, menacer, blâmer, regretter, protester hautement (qqc.).
3. P. ext. Avec vigueur, hardiesse. Synon. hardiment, résolument. Attaquer hautement qqn. Le duc de Bourgogne prit hautement son parti, et manda les gens d'armes de ses États pour marcher à son secours (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 417). Nous avons à sauver notre foi, et nous la sauverons par la liberté. On nous l'a promise; demandons hautement, demandons sans relâche l'exécution de cette promesse (LAMENNAIS ds L'Avenir, 1830-31, p. 155).
B. — Vieilli. Avec hauteur, fierté. Synon. fièrement. Combien de poètes qui s'inclinent avec humilité devant les autres et qui seuls se redressent hautement (FLAUB., Souv., 1841, p. 50). Je songe au sourire supérieur, courtoisement, hautement méprisant que j'ai vu parfois sur les lèvres d'un Théodore Reinach (BARRÈS, Cahiers, 1911, p. 64).
C. — À un haut degré, fortement, supérieurement. Synon. grandement; anton. faiblement, médiocrement, peu.
1. Vx. [Avec un verbe] Apprécier, approuver, estimer hautement (qqn ou qqc.). Ces sacrifices, messieurs, doivent être hautement honorés, ils sont les plus difficiles de tous à faire (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 410). On voudrait, en traitant de lui, pouvoir lui imposer la sensation physique de l'échafaud qu'il a hautement mérité (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. XXXV).
2. Usuel. [Précédant un adj. ou un part. passé adj. à valeur de superlatif abs.] Synon. très, tout à fait. S'il n'était hautement inconvenant d'opposer un sérieux penseur à un aimable impulsif (BENDA, Fr. byz., 1945, p. 108). Ces groupes se sont épanouis à partir d'un bourgeon hautement particularisé, et donc extrêmement localisé (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 208) :
2. — Que pensez-vous de l'abbé Cénabre? dit-il.
— C'est un homme d'une intelligence exceptionnelle... Tout à fait exceptionnelle, commença le prélat — un homme hautement respectable, bien que discuté, âprement discuté, un historien dont la conscience, le talent...
BERNANOS, Imposture, 1927, p. 421.
SYNT. Hautement caractéristique, significatif, calorifique, radioactif, représentatif, immoral, honorable, improbable; hautement apprécié, approuvé, considéré, estimé; hautement doué, civilisé, spécialisé, qualifié.
Prononc. et Orth. : [] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 « à haute voix » mult haltement s'escriet (Roland, éd. J. Bédier, 2597); b) ca 1220 « d'une manière nette, énergique, décidée » tres hautement parla (G. DE CAMBRAI, Barlaam et Josaphat, 7146 ds T.-L.); c) ca 1250 « sans hésiter » (R. DE BLOIS, Le Chastiement des dames, 448, ibid.); 2. ca 1165 « d'une manière très honorable » (B. DE STE MAURE, Troie, 2021 : Servi furent moult hautement); d'où ca 1220 « parfaitement, excellemment » (G. DE CAMBRAI, op. cit., 6205, ibid.); 3. [ca 1330 « d'une manière fière, orgueilleuse » (d'apr. FEW t. 24, p. 372b)]; 1440-75 (G. CHASTELLAIN, Chron., IV, chap. XLVII ds Œuvres, éd. K. de Lettenhove, t. 3, p. 234). Dér. de haut1; suff. -ment2. Fréq. abs. littér. : 573. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 285, b) 619; XXe s. : a) 763, b) 548.

hautement ['otmɑ̃] adv.
ÉTYM. XIIe; haltement, 1080, Chanson de Roland, au sens A, 1; de haut.
A
1 Vx. À haute voix.
1 Lisez, et hautement : je veux l'entendre aussi.
Molière, Dom Garcie, II, 6.
2 Littér. Tout haut et sans craindre de se faire entendre. Franchement, nettement, ouvertement. || Déclarer, professer, avouer hautement (→ Français, cit. 3). || Il l'accusa hautement (→ Excommunier, cit. 2). || Parler hautement (→ Gagner, cit. 24). || Renier hautement certains principes (→ Éloquemment, cit. 1).
2 Et je remercierai qui me dit hautement
Qu'il ne m'est plus permis de vaincre impunément !
Corneille, Nicomède, II, 3.
B
1 (V. 1220). Vx, langue class. D'une manière hardie, résolue. || Attaquer (cit. 27) hautement. || Il le protège hautement (Académie). || Il prend hautement les intérêts d'un tel (Académie).
3 (Vous) qui si hautement osez nous défier ?
Racine, les Plaideurs, II, 6.
2 À un haut degré, fortement, supérieurement.
a Vx. (Avec un verbe).
4 Ma main bientôt sur eux m'eût vengé hautement.
Corneille, Horace, III, 5.
5 (…) combien la science des armes l'emporte hautement sur toutes les autres sciences inutiles (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 2.
5.1 (…) mais, ô subtile haine du ciel, au lieu de s'apaiser dans cette étreinte, au moment où il touchait la fallacieuse chair dénudée, la soif d'amour brûlait plus hautement en lui comme un qui boit à ces sources dont l'eau amère coule entre les racines des cyprès.
J. Giono, Naissance de l'Odyssée, Pl., t. I, p. 22.
b (Déb. XXe). Mod. (devant un adj.). || Mot hautement caractéristique (→ Espèce, cit. 11). || Hautement significatif. || C'est hautement immoral. || Sa réaction est hautement comique. → Du plus haut comique.
6 Chez l'être hautement civilisé, la volonté et l'intelligence sont une seule et même fonction. Elles donnent à nos actes leur valeur morale.
Alexis Carrel, l'Homme, cet inconnu, IV, III.
3 (V. 1330). Vieilli. Avec hauteur, fierté. Fièrement.
7 L'homme, de sa nature, pense hautement et superbement de lui-même (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 69.
8 Je refusai hautement de lui obéir (…)
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. I, p. 51.
C (Spatial). Rare et littér. Sur une hauteur, en haut.
9 (…) et les hérons percheront hautement.
Francis Jammes, De l'angélus de l'aube à l'angélus du soir, p. 184.
CONTR. Timidement. — Médiocrement, peu.

Encyclopédie Universelle. 2012.