haut, haute [ 'o, 'ot ] adj., n. m. et adv. I ♦ Adj. (définissant soit une dimension dans le sens vertical, soit une position sur la verticale) A ♦ (Dimension)
1 ♦ Qui est d'une certaine dimension dans le sens vertical. Mur haut de deux mètres. Aussi large que haut. Loc. Haut(e) comme trois pommes, tout petit (enfant). Tapisserie de haute lice.
2 ♦ Qui est, dans le sens vertical, d'une dimension considérable, par rapport aux êtres ou objets de même espèce. De hautes montagnes. ⇒ élevé, grand. Hautes herbes. Une tour assez haute. « la fière et haute forteresse » (Hugo). Pièces hautes de plafond. Hautes cheminées. — Loc. Haut fourneau. ⇒ haut fourneau. — Homme de haute taille. Front haut. Talons hauts (opposé à plat) . — Un oiseau haut sur pattes.
B ♦ (Position)
1 ♦ Qui est placé ou porté au-dessus de la position normale ou habituelle. ⇒ dressé, levé. « Un homme qui tient haute une épée à deux mains » (Hugo). — Loc. Marcher la tête haute, le front haut. Tenir la dragée haute, la bride haute à qqn. Avoir LA HAUTE MAIN dans une affaire, y avoir l'autorité, la part prépondérante. Il a la haute main sur l'entreprise : il contrôle tout. — Rester l'arme haute. Sport Garde haute. — Oiseaux de haut vol. Fig. Escroc de haut vol, de haute volée. — Mar. Pavillon haut. — Période de hautes eaux. Marée haute (cf. Pleine mer). La haute mer.
2 ♦ Qui se trouve situé au-dessus, par rapport aux choses de même espèce, ou par rapport au reste de la chose. Haut lieu. Hauts plateaux. — Le plus haut point. ⇒ culminant. Il m'énerve au plus haut point. — La plus haute marche du podium. — N. m. (superl. neutre) Un astre au plus haut de sa course. ⇒ apogée, zénith. Gloire à Dieu au plus haut des cieux.
♢ La ville haute : la partie haute de la ville. — La haute Égypte, la haute Seine (régions les plus éloignées de la mer ou les plus proches de la source, parfois opposé à bas ). REM. Dans les noms d'entités admin. ou polit., l'adj. prend une majuscule et est suivi d'un trait d'union : département des Hautes-Alpes; la Haute-Volta.
3 ♦ Dans le temps (av. le nom) Qui est près de l'origine, de la source. ⇒ ancien, éloigné, reculé. Coutume de la plus haute Antiquité. Le haut Moyen Âge. Meuble de haute époque, du Moyen Âge au XVI e s.
4 ♦ (Sur l'échelle des degrés d'intensité) ⇒ 1. fort, grand, intense. Haute pression. Haute fréquence. Haute tension. Loc. De haute lutte. Haut en couleur.
♢ (Sur l'échelle, le registre des sons) ⇒ aigu, élevé. Ton haut, notes hautes.
♢ (Sur l'échelle des degrés de puissance de la voix) ⇒ éclatant, 1. fort, retentissant, sonore. À haute et intelligible voix. Lire à voix haute. Pousser les hauts cris. Avoir le verbe haut. Loc. N'avoir jamais une parole plus haute que l'autre : parler sans élever la voix, sur un ton uni qui marque l'égalité d'humeur ou le sang-froid.
5 ♦ (Sur l'échelle des prix, des valeurs cotées) Les cours sont hauts. Le dollar est haut. — Hauts salaires, hauts revenus. ⇒ gros.
♢ Jeu Hautes cartes, celles qui ont le plus de valeur, qui l'emportent sur les autres.
C ♦ (Abstrait; av. le nom)
1 ♦ (Dans l'ordre de la puissance, sur l'échelle sociale et polit.) ⇒ éminent, grand, important. Hauts fonctionnaires. La haute finance. La haute bourgeoisie. Les hautes sphères : les instances dirigeantes. En haut lieu. La haute société, et ellipt n. f. fam. la haute. — Chambre haute : la Chambre des lords du Parlement britannique. — (Titre honorifique) Haut et puissant seigneur. — N. m. Le Très-Haut : Dieu. — Diplom. Les hautes puissances contractantes. La Haute Assemblée. Haute Cour de justice, ou absolt Haute Cour.
2 ♦ Qui occupe une position nettement au-dessus de la moyenne sur l'échelle des difficultés, des valeurs intellectuelles, esthétiques. ⇒ supérieur. Haute intelligence. « Dans l'ordre des hauts génies, Rabelais suit [...] Dante » ( Hugo). — Hautes mathématiques. École pratique des hautes études. École des hautes études commerciales (H. E. C.). Exercice de haute école, de haute voltige. Athlète de haut niveau. — Haute couture. Haute coiffure.
♢ (Dans l'ordre moral) Vx ⇒ 1. beau , élevé, noble. Âme haute. Mod. Hauts faits. ⇒ héroïque.
♢ Vieilli ⇒ altier, 1. hautain. Prendre des airs trop hauts.
3 ♦ (Abstrait) Très grand. ⇒ extrême. Tenir qqn en haute estime. Communication de la plus haute importance. Avoir, donner, se faire une haute idée de qqn, qqch. Une haute idée de soi-même. ⇒ exagéré. Des prétentions du plus haut comique. Instrument de haute précision. Haute-fidélité. Télévision haute définition (T. V. H. D.). — Haute trahison. Sous haute surveillance. Quartier de haute sécurité (Q. H. S.). — Vx Le haut mal : l'épilepsie.
II ♦ N. m.
1 ♦ Dimension dans le sens vertical, de la base au sommet. ⇒ altitude, hauteur. La tour Eiffel a trois cent vingt mètres de haut.
2 ♦ Position déterminée sur la verticale. Montgolfière à cent mètres de haut. — (Avec de, du) Tomber du haut du cinquième étage. Tomber de (tout) son haut, de toute sa hauteur; fig. et vieilli éprouver une extrême surprise.
3 ♦ Partie, région haute d'une chose. Objets dessinés dans le haut d'un tableau. Le tiroir du haut. Caisse portant la mention : haut et bas. — Mus. Le haut : les notes hautes. — Mar. Les hauts d'un navire, la partie émergée, ou au moins celle qui est au-dessus du premier pont. — Le haut d'une robe, la partie au-dessus de la taille (⇒ corsage) . Je cherche un haut assorti à cette jupe. Le haut d'un maillot de bain : le soutien-gorge d'un deux-pièces. Enlever le haut.
4 ♦ La partie la plus haute, le point culminant. ⇒ sommet. Perché sur le haut d'un arbre. Tenir le haut du pavé. Le haut de gamme. — DU HAUT DE : du sommet. Parler du haut de la tribune. « du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent » (Bonaparte). Fig. Traiter, juger qqn du haut de sa grandeur. Rouler du haut d'un escalier. — DE (DU) HAUT EN BAS [ 'otɑ̃ba ]. Nettoyer, visiter une maison de haut en bas. ⇒ 1. complètement, partout (cf. De la cave au grenier, de fond en comble). Du haut en bas de la hiérarchie.
5 ♦ Spécialt Des hauts et des bas.
6 ♦ Vx ou région. Terrain élevé. ⇒ butte, éminence, hauteur. Département des Hauts-de-Seine. « Les Hauts de Hurlevent », titre français d'un roman d'Emily Brontë.
III ♦
A ♦ Adj. à valeur adv. — (Dans un commandement) En position haute. Haut les mains ! (cf. Les mains en l'air !). Haut les cœurs ! courage ! — Loc. adv. HAUT LA MAIN : avec brio, en surmontant aisément tous les obstacles. L'emporter haut la main. — HAUT LE PIED : (vx) en levant le pied (pour mieux courir, pour s'enfuir). Par ext. (Vieilli) Non monté, non chargé. Cheval, mulet haut le pied. — Ch. de fer Locomotive haut le pied, qui circule sans être attelée à un train.
B ♦ Adv.
1 ♦ En un endroit, un point haut sur la verticale. Monter, sauter, voler haut, plus haut. « Le soleil luisait haut dans le ciel calme et lisse » (Verlaine). Tenir, lever haut, plus haut. ⇒ élever, hisser, monter. Placer la barre trop haut. Pendre qqn haut et court. Fam. Péter plus haut que son cul. — Haut perché.
2 ♦ En un point reculé dans le temps. ⇒ loin. Remonter plus haut, reprendre les choses de plus haut, dès l'origine des faits. — PLUS HAUT : précédemment (dans l'ordre de déroulement d'un écrit). ⇒ ci-dessus, supra. Voir plus haut. « ce qui a été dit plus haut » (Hugo).
3 ♦ (Intensité) À haute voix, d'une voix forte. ⇒ 2. fort. Parler haut. Lire tout haut. — Penser tout haut : soliloquer.
♢ Sans craindre de se faire entendre, sans ambages. ⇒ franchement, hautement, ouvertement, publiquement. Je le dirai bien haut, s'il le faut. Parler haut et clair. Loc. Dire tout haut ce que chacun pense tout bas.
♢ Monter haut (dans le registre des sons) :atteindre des notes élevées, aiguës. Cet instrument monte une octave plus haut.
4 ♦ À un haut degré de puissance, à un haut degré de l'échelle sociale. Des personnes haut placées. Il vise trop haut : il est trop ambitieux.
5 ♦ À un haut degré sur l'échelle des prix, des valeurs. « s'ils décidaient de pousser l'enchère beaucoup plus haut » (Romains).
6 ♦ À un haut degré sur l'échelle des valeurs intellectuelles, esthétiques, morales. Il plaçait « trop haut sa Marthe pour la croire capable de trahison » (Radiguet). Estimer très haut certaines qualités. Loc. fam. Ça ne vole pas haut : ça dénote un niveau intellectuel peu élevé (cf. Au ras des pâquerettes).
C ♦ Loc. adv.
1 ♦ DE HAUT : d'un lieu, d'un point haut sur la verticale. Voir qqch. de haut.
♢ Fig. Tomber de haut : éprouver de graves désillusions, de graves revers. Voir les choses de haut, d'une vue générale et sereine (cf. De loin). — Le prendre de haut, de très haut : réagir avec arrogance. Regarder, traiter qqn de haut, avec dédain, arrogance.
2 ♦ EN HAUT : dans la région, la partie haute, la plus haute. La tête en bas, les pieds en haut. Gilet boutonné jusqu'en haut. Tout en haut : au point le plus haut. — Par en haut : par le haut. Passez par en haut. — En direction du haut. Regarder en haut. Mouvement de bas en haut [ dəbazɑ̃o ].
3 ♦ Loc. prép. EN HAUT DE : dans la partie supérieure de. Fanal en haut du mât. Doubler en haut de côte. Monter tout en haut de la tour Eiffel.
4 ♦ D'EN HAUT : de la partie haute, de la région supérieure. La lumière vient d'en haut. D'en haut, on voit la mer. — Fig. Du ciel, de Dieu. « une inspiration d'en haut » ( Aragon). — D'une autorité supérieure, du sommet de la hiérarchie. Des ordres qui viennent d'en haut.
5 ♦ LÀ-HAUT. ⇒ là.
⊗ CONTR. 1. Bas. Petit. Récent. Faible. Modeste. 1. Bas, base, fond. — 1. Bas. Près, récemment. Infra.
⊗ HOM. Au, aulx (ail), aux, eau, ho, 1. o, ô, oh, os; hôte.
haut, haute
adj., n. m. et adv.
aA./a adj.
rI./r
d1./d D'une certaine dimension dans le sens vertical. Un arbre haut de six mètres.
d2./d De dimension verticale élevée. Une haute montagne.
— (Acadie) (Personnes) Grand (sens 1). (V. long, sens A, I, 3.)
d3./d Situé, placé à un niveau supérieur à celui qui est habituel. Les eaux du fleuve sont hautes.
|| Fig. Aller la tête haute, sans avoir à craindre aucun reproche.
— Avoir la haute main sur qqch.
|| MAR Pavillon haut, hissé au sommet du mât.
d4./d Situé au-dessus de choses semblables. Les hauts plateaux et la plaine. La ville haute et la ville basse.
d5./d Se dit de la région d'un pays la plus éloignée de la mer et de la partie d'un cours d'eau la plus voisine de sa source. La haute Casamance. Le haut Saint-Laurent.
— Haute-Côte-Nord (au Québec): V. côte.
— Haut-Canada: V. Canada (Haut-).
|| La haute mer.
|| (Réunion) Les hauts: les régions élevées de l'île.
d6./d Très éloigné dans le temps. La haute antiquité.
d7./d Plus élevé, plus important (en intensité, en valeur). Notes hautes, ton haut, élevés dans la gamme. Parler à voix haute.
|| Loc. fig. Avoir le verbe haut.
|| Haut en couleur: vivement coloré.
— Fig. Un récit haut en couleur, plein de notations pittoresques.
|| JEU Les hautes cartes, celles qui ont le plus de valeur.
|| PHYS NUCL Hautes énergies: énergies supérieures à 1 MeV.
d8./d (En loc., avec une valeur adverbiale.) Haut les mains!: ordre de lever les mains en l'air, donné à qqn que l'on veut mettre hors d'état d'agir.
— Haut la main.
rII./r Fig.
d1./d Qui possède la prééminence, la supériorité (dans la hiérarchie, dans l'échelle des valeurs sociales). La haute finance. La haute magistrature. Un haut fonctionnaire.
— La haute société (ou, n. f., Fam., la haute).
|| Loc. adv. En haut lieu: chez ceux qui dÉtiennent l'autorité, le pouvoir.
d2./d D'une grande valeur, d'une valeur supérieure à la moyenne. Des recherches de la plus haute importance. Les hauts faits d'un général.
d3./d Excellent. Avoir une haute opinion de qqn. Ouvrage de haute qualité. La haute couture.
|| n. m. Le Très-Haut: Dieu.
aB./a n. m.
d1./d Dimension verticale, hauteur, altitude. Le mont Cameroun a 4 070 mètres de haut.
|| Tomber de son haut: tomber de toute sa hauteur; fig. éprouver une surprise désagréable.
d2./d Partie élevée de qqch. Le haut du mur.
d3./d Sommet, partie la plus élevée d'une chose. Le haut d'une tour.
— (Québec) étage supérieur d'une maison. Louer le haut.
|| Fig. Tenir le haut du pavé.
d4./d (Québec) Haut d'une paroisse, d'une terre, leur partie la plus éloignée du fleuve Saint-Laurent.
— Région, partie de territoire située en amont du fleuve Saint-Laurent, à l'ouest (le fleuve coulant vers l'est).
|| HIST Les Pays-d'en-Haut: la région où l'on pratiquait la traite des fourrures, à l'ouest du Québec (notam. le bassin des Grands Lacs).
— Par ext. Les régions qui étaient à coloniser dans le nord-ouest du Québec.
d5./d Fig., Fam. Connaître des hauts et des bas, des périodes favorables et des périodes difficiles qui alternent.
aC./a adv.
rI./r
d1./d à une très grande hauteur. L'aigle s'élève très haut.
d2./d Précédemment, plus loin en reculant dans le temps. Revenir plus haut.
|| (Dans un texte.) Voir plus haut: voir ci-dessus, dans ce qui précède.
d3./d Fort, à haute voix. Parlez moins haut!
|| Fig. Dire bien haut ce que l'on pense, le dire clairement, de manière que cela se sache.
d4./d Fig. à un degré très élevé sur l'échelle des valeurs sociales, morales, etc. Un monsieur très haut placé. Estimer très haut ses collaborateurs.
d5./d D'une manière importante (en matière de prix, de valeurs). L'or est monté très haut.
rII./r Loc. adv.
d1./d En haut: dans la partie la plus haute, au-dessus. Mur repeint jusqu'en haut. Il y a deux pièces en haut et trois au rez-de-chaussée. Le bruit vient d'en haut.
|| Fig. Du ciel. C'est une inspiration d'en haut.
d2./d Là-haut: au-dessus, dans cette partie élevée. Il habite là-haut.
|| Fig. Au ciel.
d3./d De haut: d'un point, d'une partie élevée. Un torrent qui tombe de haut.
|| Fig. Le prendre de haut: répondre avec arrogance.
— Voir les choses de haut, dans leur ensemble et sans s'arrêter aux détails.
— Regarder qqn de haut en bas, avec mépris et arrogance.
rIII/r Loc. Prép. En haut de: dans la partie la plus haute de. être assis en haut d'un mur.
I.
⇒HAUT1, HAUTE, adj. et adv.
Anton. bas pour la plupart des sens.
I. — Emploi adj.
A. — [Dans l'espace]
1. [Postposé] Qui a une dimension déterminée dans le sens vertical, de telle taille, de telle hauteur.
a) Haut de + compl. de mesure. Mur haut de deux mètres. Placquevent, le garde champêtre, haut de cinq pieds huit pouces (FLAUB., Bouvard, t. 2, 1880, p. 24). La case, souvent haute de sept à huit mètres (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 880) :
• 1. Entre les avancements massifs des bastions carrés qui le flanquent, et derrière la tranchée profonde et définitive du troisième ru, un mur ne laisse point douter que ce soit ici le terme de la route. Un mur et rien qu'un mur, haut de cent pieds et large de deux cents.
CLAUDEL, Connaiss. Est, 1907, p. 73.
b) Haut + comparaison (en partic. pour suggérer une très petite taille). Haut comme trois pommes, haut comme une botte, haut comme ça (cf. cela, ça C 5 a). Tout petit ou tout jeune. Sœur Ernestine a une poupée aussi haute qu'elle, plus haute (RENARD, Poil Carotte, 1894, p. 116). J'y pense depuis onze ans (...). Tu n'étais pas plus haute qu'un pot de fleurs! (PAGNOL, Marius, 1931, IV, 12, p. 258) :
• 2. — Oh! les amours! regardez donc!
Un, pas plus haut qu'une botte, trois ans à peine, chancelant et fier sur ses petits pieds...
ZOLA, Rêve, 1888, p. 117.
2. [Antéposé ou parfois postposé] Qui a une grande hauteur, qui est d'une taille supérieure à la moyenne. Synon. élevé. Haute chaîne de montagnes, homme de haute taille; haute tour, haute cheminée, hautes herbes; front haut, talons hauts; pièce haute de plafond; haut sur pattes, haut de jambes (en parlant d'un cheval), haut sur jambes (rare), haut sur roues, haute sur tige. Au fond du cimetière (...) dans ce coin abandonné où l'herbe est si haute qu'on ne distingue plus les tombes (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1138). Le professeur Rohner était de taille médiocre. Il s'efforçait de remédier à cette disposition naturelle en portant des talons très hauts et en se tenant parfaitement droit (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 204) :
• 3. Il ne lui vient pas à l'esprit d'examiner s'il reste dans nos campagnes beaucoup d'exemplaires du puissant type lorrain, large d'épaules, haut de stature, épanoui de visage et de propos, bizarre, audacieux, qui fournit à toutes les armées de l'Europe de si beaux hommes d'armes.
BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 95.
• 4. La prison était close d'un haut mur. Entre cette muraille et un second mur plus élevé encore était le chemin de ronde. Le mur intérieur était percé d'une porte qui donnait sur la buanderie. Il fallait se procurer la clef de cette porte. Le mur extérieur était très haut. Il faudrait un crochet et une échelle de cordes.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 292.
SYNT. Haut building, clocher, col, rempart; haute armoire, bâtisse, cime, muraille; hauts arbres, peupliers; hautes cathédrales, forêts, roues; chaise, écriture, flamme haute.
3. Qui est d'une grande profondeur. La haute mer. La partie la plus éloignée des côtes où la mer est profonde. Synon. le large. En haute mer. Synon. en pleine mer. Naviguer en haute mer. Une petite bise au goût de sel, venue de la haute mer (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 80). Les navires des Drake (...) s'élançaient de l'estuaire, voiles ouvertes comme des éventails, fraises au vent, vers la haute mer (MORAND, Londres, 1933, p. 323).
— Vaisseau de haute mer. Vaisseau qui peut naviguer hors de vue des côtes. Anton. caboteur, navire côtier. À la pointe extrême de l'eau saumâtre où les vaisseaux de haute mer ne sont plus portés par le flux, naquit le Londres historique (MORAND, Londres, 1933p. 2). D'autres types de remorqueurs, les remorqueurs « côtiers », « d'assistance », et « de haute mer ». Parmi ces derniers, on citera « l'Abeille 26 », du port du Havre (M. BENOIST, PETTIER, Transp. mar., 1961, p. 195).
Rem. La mer est haute (infra 4 b ).
4. Qui est situé à la partie la plus élevée ou au-dessus des choses de même espèce. En haute montagne, en haute altitude; les hautes régions de l'air. Devant les deux tableaux indicateurs, très hauts sur leur colonne de fonte, la foule se pressait (ZOLA, Nana, 1880, p. 1396).
— En partic.
a) Domaine géographique, dans des syntagmes
♦ [Suivi d'un nom de chaînes de montagnes] La partie la plus élevée de ces montagnes. Anton. bas (cf. bas1 1 2b). Pareille à toutes les hôtelleries de bois plantées dans les hautes Alpes, au pied des glaciers (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Aub., 1886, p. 1073). Les Hauts-Plateaux, qu'avec raison et par des raisons climatologiques les Arabes regardent comme appartenant au Sahara, sont le domaine de l'Arabe pasteur (L. PIESSE, Algérie et Tunisie, Paris, Hachette, 1896, p. XXXV). Dans l'odeur des vaches et des foires, sur une route du Haut-Cantal (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 249).
♦ [Suivi d'un nom de fleuve ou de rivière] La partie la plus proche de la source, la plus éloignée de l'embouchure. La haute Loire; en haute Seine. Cropette (...) calligraphie laborieusement, du côté de la haute Volga, le nom de Nijni-Novgorod, alias Gorki (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 165).
Rem. Les noms de départements, provinces, etc. comportent des majuscules et un trait d'union. Le département de la Haute-Saône. À la limite aujourd'hui du Gers, des Landes, des Hautes et Basses-Pyrénées (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 64). Comités de libération des départements du Rhône, de l'Isère, de la Haute-Savoie, de la Savoie, de la Drôme et de l'Ain (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 319).
♦ P. anal. [Suivi d'un nom de pays ou d'une région bordant la mer] La partie la plus éloignée de la mer, ou la plus reculée (et parfois montagneuse). La haute Normandie, le haut pays breton. Tous ceux qui avaient pris à cœur le plébiscite de Haute-Silésie s'étaient cru, par leur passion même, naturalisés Hauts Silésiens et étaient partis là-bas (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p. 199). Il sortit nuitamment de la ville et alla avec le reste de ses troupes fourrager en Haute Égypte (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 200).
♦ [P. rapport au pôle Nord]
Hautes latitudes. Latitudes Nord, boréales, septentrionales (le Nord étant jadis considéré comme plus élevé que le Sud). Même dans les humidités pénétrantes, continues des hautes latitudes, jamais on ne se chauffe, jamais on ne se sèche (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 23).
Région. ,,Vent haut``. ,,Vent qui souffle du nord`` (RÉZ.-TUAILLON 1969). Écoute (...) le doux vent haut placé entre l'est et le nord (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 47). On entendait un vent haut qui voyageait de nuit dans la direction de l'Afrique (GIONO, Baumugnes, 1929, p. 164). Proverbe. Vent solaire rend tous les œufs clairs, vent haut produit des côs [coqs], vent bas produit des poules (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 132).
b) Domaine physique Qui est à son état le plus élevé.
) Proche de ou à son zénith, avant son déclin. Le soleil est déjà/encore haut dans le ciel; la lune est haute. Jupiter, déjà déclinant (...) et Véga l'étoile bleue, l'étoile des beaux jours, haute maintenant dans le ciel (ALAIN, Propos, 1910,p. 75). Le soleil était maintenant assez haut dans le ciel et commençait de lui dévorer le front (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1621).
P. anal., au fig. :
• 5. Le naturalisme et le Parnasse étant au plus haut période, ils devenaient la proie passive de l'inertie; ils se trouvaient sans le savoir dans toute la faiblesse des apogées.
VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 13.
) Au maximum du flux (de la marée, ou d'un cours d'eau en crue). Anton. bas (v. ce mot ex. 6). Les hautes eaux d'un fleuve. Ces flots où le flux et le reflux se font sentir deux fois par jour, et qui tour à tour recouvrent à marée haute et découvrent à marée basse les magnifiques escaliers extérieurs des palais (PROUST, Fugit., 1922, p. 629). Les eaux (...) sont destinées à assurer entre elles l'équilibre de production d'énergie, la période d'étiage des unes correspondant à l'époque des hautes crues des autres (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 196). La Lys (...) était haute, gonflée de pluie, grasse et rapide, et tournant avec des tourbillons et des remous (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 66) :
• 6. Quand la mer était basse, il avait toute la grève sur plusieurs kilomètres. Quand la mer était haute, le même espace était à lui : accroupi sur un rocher, il se perdait dans la contemplation.
DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 190.
) AGRIC. Synon. de levé. Le blé, le seigle etc. est déjà haut. Nos vieux champs légèrement en pente, avec leurs grands carrés de cultures où l'avoine surtout était déjà haute (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 86) :
• 7. Il regardait éperdument l'ondulation des seigles mûrs, si hauts maintenant qu'ils lui cachaient le miroir clair du Chanteloup, semblaient frôler de leurs premiers épis les pins bleus debout sur l'horizon.
GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 306.
5. Qui est situé ou porté à un niveau supérieur à la hauteur normale ou moyenne. Haut plafond, plafond haut; robe à taille haute; oiseaux de haut vol; escroc de haut vol, de haute volée (au fig.). — Tenez! rentrez donc ça derrière l'oreille... Le chignon est trop haut (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 503). Les danseuses étaient vêtues de l'ordinaire tutu, et je voyais sa taille très haute, et ses longues jambes (MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p. 606) :
• 8. Les pommettes hautes et plates si caractéristiques des peuples de l'Extrême-Orient se rencontrent chez les anciens Hongrois et parfois parmi les Hongrois modernes.
HADDON, Races hum., 1930, p. 133.
— MAR. Bâtiment de haut bord. Au fig. De haut bord.
6. Qui est relevé, dressé. Synon. levé; anton. penché, baissé. Pavillon haut (mar.); garde haute (escr.); croix haute, épée haute (blas.); marcher le front haut, la tête haute. Tu vois, Folcoche, que j'ai mille raisons de tenir le coup, la paupière haute et ne daignant même pas ciller (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 81). La prisonnière reste debout, très droite, les yeux baissés, mais le front haut (BERNANOS, Dialog. Carm., 1948, 5e tabl., 2, p. 1695) :
• 9. ... puis elle a posé sa faux, manche à terre, lame haute et elle s'est mise à passer la pierre : une vieille pierre à aiguiser bleue et où ses doigts ont retrouvé l'empreinte des doigts du Joseph.
GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 146.
— Vieilli. La main haute. La main levée en un geste de menace. Son frère Sauvagnat, ayant un soir entendu une voix d'homme, était entré la main haute, pour la corriger (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 196). Ils s'espacèrent et au pas, courbés, mais l'arme haute, prêts à épauler, ils défilèrent (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 240) :
• 10. Alors un concert de hurlements s'élevait, et une nuée d'Ukrainiens, bâtons haut [sic], se précipitait pour rétablir l'ordre. Ils cognaient dur et longtemps, sans choisir, au hasard du tas.
AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 167.
— Loc. fig.
♦ Pouvoir aller la tête haute, le front haut. Avoir la conscience tranquille, agir sans craindre de reproches. Quand on est honnête, la récompense est de marcher le front haut (ZOLA, Terre, 1887, p. 509). Méfiez-vous de l'homme mûr qui répète sans cesse : « Je puis marcher la tête haute... Je n'ai rien à me reprocher » (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 154).
♦ Tenir la bride haute, les guides hautes à qqn (cf. bride A 2 b). Encore un « bon tyran » qui prétendait mener tout le monde comme elle tenait son mari, la main ferme et les guides hautes (A. DAUDET, Pte paroisse, 1895, p. 112). Tenir la dragée haute à qqn (cf. dragée1 A 2). Tenir la main haute à qqn.
♦ Avoir la haute main dans une affaire. La diriger, y avoir l'autorité prépondérante. D'ici à très peu de temps, l'armée doit devenir le corps influent de l'État et avoir la haute main dans le gouvernement et les modifications du gouvernement (GONCOURT, Journal, 1887, p. 629). En fait d'instruction, de religion, de sports variés, Monsieur Merrywin avait la haute main, il se chargeait de tout, il était seul (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 276).
♦ Avoir la haute main sur. Avoir tout le contrôle sur, commander. Le secrétaire général, M. Camy-Lamotte, personnage considérable, ayant la haute main sur le personnel, chargé des nominations, en continuel rapport avec les Tuileries (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 73). Il a eu la haute main sur l'Étudiant d'avant-garde, il a été directeur de Clarté (BRETON, Manif. Surréal., 2e Manif., 1930, p. 124).
7. Qui est situé à la partie supérieure d'une chose. Les hautes branches d'un arbre; le plus haut étage d'un immeuble; les hautes marches d'un escalier, d'un perron; les hauts rayons d'une bibliothèque; le plus haut point, degré, période; au plus haut point. Quarante-neuf accusés remplissaient les gradins. Maurice Brotteaux occupait la droite du plus haut degré, la place d'honneur (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 265). Dans le placard, sur la planche la plus haute, il trouve un plateau, le couvert tout mis, sous une serviette, avec de la viande froide, des œufs durs (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 253) :
• 11. ... à mesure que l'on s'élève, et que la pierre porte un moindre poids, mais ajoute à la charge des autres, il y a avantage à la creuser et travailler. Aussi voyons-nous que l'ornement des cathédrales se montre surtout dans les parties hautes...
ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 196.
— Emploi subst., au superl. neutre. Le plus haut de, au plus haut de
a) Le sommet de; la cime de. Le merle retrouve son joyeux chant de flûte (...). Et le loriot déjà, sur le plus haut de l'arbre, crie une sorte de joyeuse nouvelle (ALAIN, Propos, 1933, p. 1139). Et lui, déjà dans les étages supérieurs, devinait les remous fluant, au plus haut de l'éther, comme des courants marins (PSICHARI, Voy. centur., 1914, p. 19). Chante au plus haut du ciel, alouette de France! (CLAUDEL, Annonce, 1948, prol., p. 142).
♦ Gloire à Dieu au plus haut des cieux. Car la prière a le pouvoir spécial et le privilège divin de monter au plus haut des cieux (COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 94). Gloria in excelsis mihi : au plus haut des cieux, les anges, j'entends leur voix, me glorifient (G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 245).
b) L'état le plus élevé (d'un mouvement), l'apogée, le zénith, le summum. La fête du blé. C'est dans le temps que l'on voit jaunir les moissons, quand le soleil est au plus haut de sa course (ALAIN, Propos, 1922, p. 417).
— MARINE
♦ Les hautes voiles (d'un navire). Les voiles supérieures. Une grande barque à pierres (...) avec (...) ses deux hautes voiles pointues montant jusqu'au milieu du ciel (RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 170).
♦ Le haut pont. Le pont supérieur. Nos manteaux sur nos genoux ramenés comme des couvertures aux souffles libres de la nuit fraîche, comme sur le haut pont d'un transatlantique (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 98).
— La ville haute. La partie de certaines villes (fortifiées) qui est bâtie sur une hauteur. Synon. rare citadelle, cité; anton. ville basse. Il avait loué un appartement très modeste, dans le haut Montrouge (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1257). La haute ville, qui avait été le noyau primitif d'Orsenna, serrée sur une colline abrupte au milieu des marécages (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 320). V. cité ex. 14.
— Les hautes terres, le haut pays, le pays haut. Que les ports s'ouvrent pour recevoir les cargaisons de bois et de grains qui s'en viennent du pays haut (CLAUDEL, Connaiss. Est, 1907, p. 60). Les plateaux et hautes terres, entre 700 et 1 000 mètres d'altitude (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 290). Et des filles étaient descendues du haut pays pour ramasser (RAMUZ, A. Pache, 1911p. 29).
B. — [Dans le temps; l'adj. est antéposé] Qui est le plus éloigné de nous, le plus ancien, le plus reculé. De, dès, depuis la plus haute antiquité; le Haut-Empire romain; le haut moyen âge, la haute féodalité. Un lettré du XVIIe siècle connaissait beaucoup mieux qu'un lettré du nôtre les événements du Bas-Empire et les narrateurs du haut moyen-âge (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 300). La haute antiquité grecque ignorait la représentation de l'immortalité (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 256) :
• 12. ... il est possible de trouver dès la plus haute époque de la préhistoire, des « œuvres d'art », où le souci de la représentation du réel et celui de la construction plastique se marient étroitement.
HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 113.
— De haute époque. Datant des époques anciennes. La maison de M. Georges Eumorfopoulos, qui renferme une incomparable collection d'objets chinois de haute époque (MORAND, Londres, 1933, p. 161).
— Spécialement
a) Le carême est haut (Ac. 1835-1935). Cf. carême A synt. a.
b) LING. Le haut allemand (v. ce mot II B), le moyen haut allemand, le vieux haut allemand; le haut saxon. La « patte de grenouille » figure (...) dans le moyen haut allemand, froscfusz (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 195). On trouve, en vieux haut allemand, des noms comme Hadumar, Hadurik, Haduwahl qui sont des noms gaulois (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 719).
C. — [Dans l'ordre de la perception]
1. Domaine de l'ouïe. [Sur l'échelle des sons, dans le registre musical] Placé dans la région élevée de l'échelle musicale, de fréquence élevée. Synon. aigu, élevé; anton. bas, grave. Son haut, ton haut; notes hautes de la gamme. Le chœur répète son appel, que le soprano domine de sa belle phrase déchirante, prolongée sur un haut la bémol, pendant quatre mesures (ROLLAND, Beethoven, t. 2, 1937, p. 410). Suivent diverses interjections, toutes proférées par Folcoche, dont la voix se promène maintenant dans les plus hautes notes de la gamme et va, si ça continue, dépasser l'audible (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 196) :
• 13. ... sa voix (...) était monotone et, bien que forte, indistincte. Bouvard, plein d'expérience, lui conseilla, pour l'assouplir, de la déployer depuis le ton le plus bas jusqu'au plus haut, et de la replier, — en émettant deux gammes, l'un montante, l'autre descendante...
FLAUB., Bouvard, t. 2, 1880, p. 5.
— P. méton. Les touches hautes (d'un clavier). La mélodie choisit l'extrémité du clavier, les touches hautes (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 193).
♦ Emploi subst. fém. La haute. La partie haute, les notes hautes. Le piano (...) avait des notes étonnamment fausses dans le registre supérieur, ce qui modérait mon désir de prendre la haute de préférence, lorsque nous jouions à quatre mains (GIDE, Si le grain, 1924, p. 358).
— P. anal. [En parlant d'un instrument de mus.] Dont le ton est plus haut que le diapason normal. Violon haut, flûte haute.
— P. ext. [Sur l'échelle des degrés d'intensité, de puissance de la voix] Synon. fort, éclatant. Voix haute; à voix haute. On l'entendait de deux pièces maintenant; ce parler haut ne baissait pas de ton, même pour les choses les plus intimes (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 113). Nous secouons le prunier, quand, à un brouhaha plus haut dans la cour d'entrée, nous devinons l'arrivée de nos tourmenteurs (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 192) :
• 14. Les enfants de chœur parcourent la nef au grand galop, s'interpellent à haute voix, et Dieu sait ce que c'est que la « haute voix » d'un moutard espagnol.
MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p. 622.
♦ Vieilli. Messe haute. Messe chantée. Synon. grand'messe; anton. messe basse. Je ferais dire une messe haute devant les enfants de Marie (GIRAUDOUX, Suzanne, 1921, p. 118).
♦ Loc. verb.
Parler, lire... à haute et claire voix, à haute et intelligible voix. Parler de manière à être clairement compris, d'une voix nette, bien perceptible. Anton. à voix basse, à demi-voix, bas. Je la condamne à réciter, à haute et intelligible voix, le récit de Théramène (COLETTE, Cl. école, 1900p. 63). Il avait ramassé sur le bureau un journal du jour qu'il parcourait d'un air détaché, et, comiquement, à haute et intelligible voix, il lut... (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 536). Cf. clair I A 2 a.
Avoir le verbe haut (au fig.).
N'avoir, ne dire jamais un mot, une parole plus haute que l'autre (au fig., fam.). Ne jamais hausser le ton, garder son calme ou son sang-froid, ne jamais s'emporter, se quereller. Un petit ménage si gentil, et propre, et qui s'adorait, et où l'on n'entendait jamais un mot plus haut l'un que l'autre! (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 62). Toujours poli, jamais un mot plus haut que l'autre, ne salissant jamais rien (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 310).
Jeter, pousser les hauts cris (au fig., fam.). Cf. cri B 3.
Prendre le haut ton; le prendre d'un ton haut, sur un ton haut, sur le haut ton (au fig., fam., vx). Prendre un ton arrogant, menaçant. Synon. le prendre de haut. Le duc avait affaire à des gens qui montraient beaucoup de fierté et le prenaient sur un ton bien haut. Ils voulaient absolument qu'on leur rendît Audenarde pour en démolir les murailles (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 163). Une autre fois, il [le comte de Clermont] voulut le prendre sur un haut ton avec le procureur général Joly de Fleury pour une odieuse affaire (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 11, 1867, p. 120).
Faire haute profession de.
2. Domaine de la vue. Haut en couleur (au propre et au fig.). Cf. couleur B 1 a.
3. Domaine du goût
a) De haut goût. Très relevé. Et bien poivrées [les écrevisses], j'espère! dit le capitaine. Mon épouse aime les mets du haut goût (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t. 2, 1857, p. 126). Il s'accommode de régimes copieux et cherche spontanément à corriger l'inertie de ses réactions organiques par des aliments de haut goût ou riches en calories (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 186). V. goût ex. 4.
— Au fig. Servigny interrompait son clairon pour hurler des commandements. Le prince et le chevalier s'amusaient beaucoup, trouvaient ça très drôle et de haut goût (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Yvette, 1884, p. 544).
b) De haute graisse. Cf. graisse A 1 a.
c) Rare. [En parlant de vins] De première qualité, de choix. Les hauts vins, les hauts(-)crus. Les grands crus. Tout gourmet se délecte aujourd'hui, dans les restaurants renommés par l'excellence de leurs caves, en buvant les hauts crus fabriqués avec de basses vinasses (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 29). Quatre plats (...) flanqués d'autant de hauts crus savamment choisis suivant les viandes (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 177).
— P. iron. Il faut rester au seuil un moment pour s'habituer à l'ombre, au froid, à ce haut vinaigre de pissat et de paille pourrie (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 149).
4. [Sur l'échelle des degrés d'intensité, en partic. en parlant d'une chose susceptible de variations rythmiques, thermiques, etc., et mesurable] Synon. grand, fort, intense; anton. bas (cf. bas1 1 C 1 b), faible. Haute pression, haute fréquence, haute tension; à haute dose. De l'air qui a préalablement subi l'action d'une très haute température (350 degrés) (J. ROSTAND, Genèse vie, 1943, p. 77). La construction et la mise en marche, en 1957, de la nouvelle pile de recherche à haut flux EL3 (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 119) :
• 15. ... cette sous-préfecture arbitrairement rejetée en Maine-et-Loire par les Conventionnels et dont les mines de fer à haute teneur ne seront jamais exploitées à fond, tant que les mineurs seront perméables aux idées subversives d'un sous-chef de gare.
H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 225.
— Loc. verb. (L'emporter, acquérir qqc.) de haute lutte. Cf. emporter 11 B 2.
D. — [Dans une échelle qualitative ou quantitative de valeurs] Le plus grand, le plus abondant; particulièrement important. Anton. bas. Haute conjoncture. La plus haute distinction, c'était la « nomination d'honneur », accordée dans chaque classe à une poignée d'élues qui excellaient en tout (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 125).
— Haute paie, haute rémunération, haut salaire. Paie plus importante que la paie ordinaire. Hautes payes de rengagement et (...) soldes supplémentaires afférentes aux diverses colonies (J.O., Loi organ. troupes coloniales, 1900, p. 4374). Au XXe, l'industrie, les hauts salaires, une plus grande tolérance sociale, attirèrent de nouveau les gens de couleur vers le nord (MORAND, New-York, 1930, p. 232).
♦ En partic. [Sur l'échelle des prix, des valeurs cotées]. Haut prix, à très haut prix; le change est haut, les cours sont hauts; les cotons sont hauts. Ils [les paysans] ne songent pas au lendemain, ils payent l'intérêt aussi haut qu'on veut le leur faire payer (SAND, Mauprat, 1837, p.229) :
• 16. Depuis quand est-il défendu à un marchand de faire provision d'une denrée quelconque et de ne la revendre que lorsqu'elle atteint son plus haut cours? Que reprochez-vous, en définitive, à ces millionnaires? D'avoir joué? Ce n'est pas un crime. D'avoir gagné? C'est une chance. Avec vous, que deviendrait la liberté du commerce?...
COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 46.
♦ JEUX. Les hautes cartes. Celles qui ont le plus de valeur. Au piquet, l'as est la plus haute carte. Il a toutes les hautes cartes (Ac. 1835-1935).
E. — Domaine abstrait. [L'adj. est antéposé; dans l'ordre de la puissance, dans la hiérarchie soc. et pol.] Qui occupe une position supérieure, un rang éminent et qui est investi de responsabilités, d'honneurs. Synon. grand, puissant, important, éminent. Haut personnage, haut fonctionnaire, haut magistrat; haute administration, haute banque, haute noblesse, haute bourgeoisie; hautes sphères. La Cour de Cassation, interprète le plus haut de la loi (THIBAUDET, Réflex, litt., 1936, p. 48). Toutes les épouses de la puissance, de la finance, du monde, du haut journalisme, de l'oisiveté luxueuse étaient rassemblées (DRUON, Gdes-fam., t. 1, 1948, p. 101) :
• 17. La citoyenne veuve Gamelin donna, en réponse, un bon témoignage de son fils, sans toutefois s'enorgueillir de lui devant une dame de haut parage, car elle avait appris dans son enfance que le premier devoir des petits est l'humilité envers (...) les grands.
A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 94.
• 18. Leurs petits-fils formaient une classe sociale, une caste solidaire, un front continu. Ce front allait des hautes charges de l'État aux hautes charges de la finance, des hauts commandements militaires aux hauts commandements industriels, des salons aux Conseils d'Administration, de la Présidence de Suez à la Présidence de la République.
J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 63.
SYNT. Haut baron, clergé, dignitaire; haut personnel administratif, judiciaire, haute personnalité; haut commerce, emploi, grade, négoce, haute police; (de) haut rang, (de) haut lignage; haut patronage; haute autorité, condition, diplomatie, direction, distinction, finance; haute charge, fonction, industrie, influence, lignée, magistrature, mission, naissance, place, position, protection, situation, sommité; sous le haut patronage, la haute présidence de.
1. Expressions
— Les hautes classes de la société, la haute société et p. ell., emploi subst., pop., la haute. Le grand monde. Les gens de la haute, ceux de la haute. Les gens de la haute, comme disent aujourd'hui les bonnes gens, trouvèrent le milieu trop roturier, et la vogue des beaux noms se porta sur le Sacré-Cœur et sur l'Abbaye-aux-Bois (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 250). La haute société de New-York parle français couramment, surtout les femmes, comme l'aristocratie russe d'avant-guerre; parler français est élégant (MORAND, New-York, 1930, p. 221).
— P. anal. La haute pègre. Fil-de-Soie (il avait trente noms et autant de passeports), ne sera plus désigné que par ce sobriquet, le seul qu'on lui donnât dans la haute pègre (BALZAC, Splend. et mis., 1847, p. 536).
— En haut lieu.
— La Chambre haute. Cf. chambre II B 2 b et bas1 1 C 2 a.
— La Haute Église anglicane.
— Haute Assemblée.
— Haute et basse justice, haut justicier.
— L'exécuteur des hautes œuvres (cf. exécuteur I B 2), l'exécuteur de la haute justice (cf. exécuteur I B 3).
— Haut comité de la langue française. Organisme, créé en 1966, qui a pour tâche de protéger et de promouvoir le patrimoine linguistique français. Les membres du haut comité de la langue française, dont le président est statutairement le premier ministre (Le Monde, 16 janv. 1981, p. 14, col. 1).
— (Très) haut et (très) puissant seigneur, (très) haute et (très) puissante dame. Titre honorifique dans des actes officiels (vx). P. iron. Pourvu que très haute et très puissante dame Anastasie ne nous caviarde pas! (PROUST, Temps retr., 1922, p. 767).
— Le Dieu très (-) haut. [Terme biblique, cf. Genèse 14, 18, 19, 20; Daniel III 93; V 18, 21] Que le Dieu très haut et très bon, Père, Fils et Saint-Esprit, vous accorde sa bénédiction (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 332). L'évêque (...) entonna le Veni Creator (...). On vous nomme le Consolateur, le Don du Dieu très-haut (BILLY, Introïbo, 1939, p. 148).
♦ P. ell. Le Très-Haut, subst. masc. [Dans la Bible Nombres XXIV, 16. Deutéronome XXXII, 8; Psaume 96, verset 9; Daniel IV, 14, 21, 22, 31, etc.] Jésus, qui nous a dévoilé avec amour tous les secrets de son cœur (...) qui est la preuve unique du Très-Haut (PSICHARI, Voy. centur., 1914, p. 230). La vertu du Très-Haut vous couvre de son ombre, disait l'ange à Marie (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 689).
2. Loc. verb., [où haut exprime l'idée de puissance, d'influence].
— [Formule consacrée, dans une lettre adressée à une personne éminente, puissante] Je sollicite, j'ai l'honneur de solliciter de votre haute bienveillance (v. ce mot ex. 10).
— Prendre qqn sous sa haute protection.
— Exercer le haut commandement.
F. — Dans le domaine de la hiérarchie des valeurs esthétiques ou intellectuelles. Qui est nettement au-dessus de la moyenne. Synon. supérieur, grand. Haute intelligence, hautes capacités, haute compétence, haut talent; au plus haut point; haute difficulté. On veut à toute force que je sois un très-grand et très-haut artiste, dont la principale affaire est d'agiter l'âme de ses contemporains, alors que je suis bonnement un pauvre homme qui cherche son Dieu (BLOY, Journal, 1898, p. 283). Les élèves (...) se servent des commentateurs hérétiques et arabes (...) des alexandrins, avec une virtuosité et un libéralisme qu'on ne peut concevoir qu'en ces temps de foi solide et de haut savoir (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 29) :
• 19. ... car la bienveillance des hauts esprits a pour corollaire l'incompréhension et l'hostilité des médiocres; or, on est beaucoup moins heureux de l'amabilité d'un grand écrivain, qu'on trouve à la rigueur dans ses livres, qu'on ne souffre de l'hostilité d'une femme qu'on n'a pas choisie pour son intelligence, mais qu'on ne peut s'empêcher d'aimer.
PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 568.
— Très noble ou supérieur en son genre. Haute poésie, haute tragédie, haut lyrisme, haute critique, haute sagesse, haute perfection, haute spiritualité. Un mélange savoureux de haut mysticisme et de rouerie de vieux notaire (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1533). L'évasion par la lecture... Mais il y a là quelque chose de plus qu'une évasion : un retour à ce qui constitue notre plus haut titre de gloire, notre éminente dignité (MAURIAC, Journal occup., 1944, p. 320) :
• 20. ... un émoi d'enfant toujours émerveillé de sa découverte du monde, et une simplicité constante à en dire les circonstances (...). C'est la situation de La Fontaine, qui appartient comme Shakespeare à la haute littérature, mais préfère causer avec son jardinier de la poussée de ses laitues et des mœurs de l'escargot.
FAURE, Espr. formes, 1927, p. 134.
♦ Le haut style. Le style noble, soutenu, oratoire. Voltaire (...) a été plus près du haut style poétique dans Mérope, la Mort de César, Sémiramis et surtout dans Rome sauvée que dans la Henriade (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1820, p. 103). Dans l'impossibilité (...) de contraindre les compositeurs à abandonner le haut style (...) on recourrait au moins à des librettistes gais (BERLIOZ, Grotesques mus., 1869, p. 88).
♦ Haut comique. Cf. comique II B 1 a. Du plus haut comique (p. iron.). Cf. comique II B 2.
— Supérieur par la difficulté, très difficile. Haute philosophie, hautes questions, hauts problèmes; hautes classes d'un lycée. Les spéculations des hautes mathématiques sont utiles à l'industrie, au commerce, même à notre bien-être matériel (BARRÈS, Cahiers, t. 9, 1911, p. 118). La formation des cadres supérieurs (...) une formation générale approfondie, puis une formation spécialisée de haut niveau (CAPELLE, Éc. demain, 1966, p. 99).
♦ Le haut enseignement. L'enseignement supérieur des facultés, universités et grandes écoles. Son goût réel de la linguistique le poussait vers les carrières studieuses et sédentaires, telles que le haut enseignement (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 396). Son enseignement ne se séparerait pas de la recherche même, comme il doit se faire dans tout haut enseignement (VALÉRY, Variété V, 1944, p. 292).
♦ Les hautes études. Les études les plus difficiles terminant l'enseignement supérieur ou servant à la formation des cadres supérieurs, des plus grands spécialistes d'un domaine. École des hautes études industrielles des facultés catholiques de Lille (Encyclop. éduc., 1960, p. 86).
École des Hautes Études Commerciales (H.E.C.). Il suivait à Paris les cours de l'École des Hautes Études Commerciales (HAMP, Marée, 1908, p. 70).
♦ École (pratique) des Hautes Études. Établissement d'enseignement supérieur complétant l'enseignement des universités. Il est en même temps professeur, à l'École des Hautes Études, d'histoire des religions grecques et romaines (BARRÈS, Cahiers, t. 1, 1898, p. 271). M. Maurice Vernes, directeur à l'École pratique des Hautes Études (section des sciences religieuses) (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1907, p. 259).
♦ Exercices de haute école, de haute voltige.
♦ Haute couture, haute coiffure (domaine du commerce). Cf. couture II A. J'ai jeté les yeux sur toi pour fonder une maison de commerce de haute droguerie (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 92).
G. — Dans le domaine de la hiérarchie des valeurs morales.
1. Élevé, noble, beau. Âme haute, esprit haut (vx); haute vertu, entreprise, figure; hauts sentiments, hautes passions; haut devoir, haute leçon, haut idéal, haute valeur, conscience, moralité, piété, réputation; raisons de haute convenance. Vous qui semblable à la Vierge Marie M'êtes apparue, ô Dame au cœur haut (MORÉAS, Pèlerin pass., 1891, p. 49). Il avait du devoir un sentiment qui n'était pas moins haut que celui de sa femme (ROLLAND, J.-Chr., Maison, 1909, p. 975). C'est un homme d'une haute élévation d'esprit, et avec cela un lettré. Les dominicains sont l'élite de l'Église (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 146) :
• 21. ... l'ouvrier parisien paraît s'être désintéressé de la question. Sans comprendre le haut devoir de solidarité humaine, sans découvrir dans la violation du droit d'un seul la violation de tous, il a laissé la rue libre aux gourdins de l'antisémitisme.
CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 217.
— En partic. Héroïque. Haute action, haut(s) fait(s). Cf. fait2 A 1 b. La gloire militaire (...) seule est impérissable qui s'inscrit avec le sang des batailles (...) elle récompense le plus haut sacrifice que l'homme puisse faire, celui de la vie, pour une idée (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 512).
2. Vieilli, péj. Fier, orgueilleux. Synon. hautain. Prendre des airs trop hauts (Ac.). Excepté madame, qui est un peu haute, c'est une famille de braves gens (SAND, Valentine , 1832, p. 25). Des académiciens, de grands seigneurs (...) naturellement hauts et distants (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 511).
H. — [Dans un sens affaibli, plus gén., souvent dans des expr.]
1. Très grand; extrême. Haute sécurité; instrument de haute précision; communication, événement de la plus haute importance, de la plus haute gravité. Les fromages ont une haute valeur nutritive, principalement à cause de leur richesse en protéines, en matières grasses, en chaux et en vitamines (R. LALANNE, Alim. hum., 1942, p. 78). Si la grève générale syndicaliste évoque l'idée d'une ère de haut progrès économique, la grève générale politique évoque plutôt celle d'une dégénérescence (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 235) :
• 22. ... Zidore, familiarisé depuis longtemps avec toute cette crapule, servi d'autre part par une force musculaire appréciable et la connaissance approfondie de la boxe, jouissait parmi les détenus d'un haut prestige, et ses avis faisaient autorité.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 162.
— C'est de la plus haute fantaisie. C'est inventé de toutes pièces, c'est sans fondement. Synon. c'est de la pure imagination. Mme Dandillot (...) lui dit incidemment qu'il avait « un peu l'air d'un Italien », ce qui était de la haute fantaisie (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1263).
2. Loc. verb.
— Avoir une haute idée, une haute opinion de qqn, une haute considération, une haute estime pour qqn. L'estimer beaucoup. Il était tenu en très haute estime par ses maîtres, de grands noms scientifiques de la Sorbonne et de l'Institut (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 245). Si l'on se mêle de tenir un journal, il faut avoir le courage de s'avouer les vérités, même celles qui ne vous donnent pas spécialement une haute idée de vous-même (ROMAINS, Homme bonne vol., 1939, p. 191).
— Avoir une haute idée de qqc. L'estimer grandement, la respecter. La concierge (...) ne se résout pas à s'asseoir en ma présence et me parle très soigneusement à la troisième personne. Fichtre! ces Pluvignec ont une haute idée de l'étiquette (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 209).
— Avoir une trop haute opinion de soi (même). S'estimer de façon exagérée. Il eut une trop haute opinion de sa qualité d'homme pour accepter leur infériorité et consentir à leur bassesse (FAURE, Hist. art, 1914, p. 409). Il faut avoir, avec beaucoup de vanité et une trop haute opinion de soi, le sentiment confus d'une infériorité sociale (LARBAUD, Journal, 1934, p. 335).
— [Formule consacrée, dans une lettre adressée à un supérieur ou une pers. distinguée que l'on veut honorer] Veuillez agréer (...) l'assurance de ma haute considération (v. ce mot B spéc.).
3. En partic. Très grave ou très sévère (dans des expressions). Or un mariage où l'Église n'interviendrait pas serait de ma part un acte de haute inconvenance (RENAN, Drames philos., Abbesse Jouarre, 1886, p. 674). Il est du plus haut danger à cette heure de laisser croire à nos maîtres qu'il leur est loisible de violer les lois au nom de la raison d'État (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899,p. 40).
— Le haut (-) mal (vieilli). L'épilepsie. Synon. vx le mal caduc. Tomber du haut mal. La pivoine dont la racine broyée guérit à jamais du haut mal (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 53). Puis, brusquement, [elles] s'écroulent en arrière comme si elles tombaient de haut-mal, l'écume aux lèvres et les mains tordues (GIDE, Journal, 1895-96, p. 85) :
• 23. Quand ça me démange entre les épaules, je sais qu'il faut que je fonce, ou mon cœur risquerait d'éclater, je tomberais faible. Remarque bien que la chose m'est arrivée plus d'une fois. Les bonnes gens appellent ça le haut-mal, l'épilepsie.
BERNANOS, Mouchette, 1937, p. 1285.
♦ P. exagér. À la fin d'un repas de fête, bon-papa voulut me faire trinquer : je tombai du haut mal (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 17).
— (Crime, accusé, coupable) de haute trahison. Qui intéresse la sûreté de l'État. Vous venez de toucher la garde de votre épée en présence du roi, et c'est crime de haute trahison (DUMAS père, C. Howard, 1834, II, 2, p. 261). Fusille-t-on ce mystérieux officier des Seaforth Highlanders inculpé de haute trahison (MORAND, Londres, 1933, p. 313).
— Quartier de haute surveillance. Locaux pénitentiaires à surveillance très étroite.
II. — Emploi adv.
A. — [Dans l'espace]
1. À un point élevé sur la verticale; à une grande hauteur.
a) [Sans mouvement] Haut perché, haut placé, haut situé; c'est (trop) haut. Et le midi, assis haut sur un madrier, les jambes pendantes, il ouvrait la boîte (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 193). À la clarté d'une ridicule petite lampe, coiffée d'un abat-jour rose et placée très haut sur une étagère (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 1016).
— Être pendu haut et court (fam.). Être exécuté à la potence de façon expéditive (autrefois en un lieu élevé pour servir d'exemple à tous). J'opine pour qu'il soit pendu haut et court le plus incessamment possible (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 129). Le capitaine Macabre fut condamné à être pendu haut et court, comme bandit, rebelle et traître (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t. 2, 1857, p. 207).
— Péter plus haut que son derrière, que son cul (au fig., vulg.); v. cul II B ex. 7.
— Tendre ses filets trop haut (au fig.). Cf. filet3 A.
b) [Avec mouvement] Sauter, monter haut, assez, bien, très, plus haut. Mais pourquoi avez-vous élevé si haut votre tour de Babel (QUINET, Ahasvérus, 1833, 4e journée, p. 357). Une nourrice, au plus épais, levait très haut son poupon, qui riait d'aise (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 618) :
• 24. ... les hommes, de place en place, prenaient et jetaient en l'air le grain, dans le vent, à grands coups de pelle de bois. Ils le jetaient haut, le plus haut possible, pour montrer leur force et aussi parce que le souffle emportait plus loin la balle.
PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 52.
SYNT. Grimper, jaillir, lancer, placer, porter, pousser, remonter, soulever, transporter, viser haut, très haut, plus haut; mettre haut qqc.; chercher plus haut; haut troussé, haut relevé; lever très haut les sourcils.
c) En partic. À haute altitude (avec et sans mouvement). Planer, voler, s'élancer, s'élever, monter haut; le soleil brille haut; gagner plus haut dans l'azur; soleil monté haut sur l'horizon; haut dans le ciel, dans l'éther, dans le firmament. Toujours plus haut, enflant son vol tranquille et fier, Il [un aigle] monte vers l'orage où l'attire l'éclair (HEREDIA, Trophées, 1893, p. 151). De leur milieu, monte une fumée subtile qui s'en va composer très haut dans l'air, plus haut que la région des cloches, une image d'or et de bleu (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 14) :
• 25. Une explosion atomique aérienne donne lieu à trois sortes de retombées radioactives (...) celle de matériaux relativement lourds dans un voisinage de quelques dizaines de kilomètres du point d'impact, puis celle des poussières qui sont projetées à dix ou douze mille mètres d'altitude dans la troposphère et enfin celle des poussières les plus fines qui sont projetées encore plus haut dans la stratosphère.
GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 192.
2. À la partie supérieure d'une chose; à un niveau (plus) élevé. Louise bavardait dans le hall de l'immeuble avec la fille de la concierge; deux étages plus haut, maman, assise à son piano, chantait (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 22).
— En partic.
a) Au sommet (infra en haut, tout en haut). Alors, ô saints élans, ô prière, arrivez; Vite, emportez-moi haut sous la céleste voûte, À la troisième enceinte, aux parvis réservés! (SAINTE-BEUVE, Poés., 1829, p. 127).
b) Vers la source, en amont (d'un cours d'eau). Remonter plus haut un fleuve. Et je pars demain pour Cologne. De là, je compte remonter le Rhin le plus haut possible (HUGO, Corresp., 1840, p. 573).
3. En position haute, ou relevé, dressé à la verticale. Lever haut le(s) bras, le menton, un verre; brandir haut une épée; tenir, porter haut la tête; trousser haut sa jupe, sa chemise, croiser haut les jambes. Elle leva ses bras le plus haut possible, en se cambrant la taille (FLAUB., Salammbô, t. 1, 1863, p. 51). Les clergeons en robe rouge balançaient haut l'encensoir dans un cliquetis, pour « faire la couronne » (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 262).
a) Loc. verb.
— Porter haut son cheval (vieilli). Le faire aller la tête haute.
♦ Cheval qui porte haut, qui trotte haut. Cheval qui va la tête haute, d'une fière allure, ou d'un trot enlevé. Une paire de cobs irlandais, qui trottaient haut et vite, secouant leurs frontaux fleuris d'œillets saumon (GYP, Leurs âmes, 1895, p. 78).
— Lever, tenir, porter haut la tête, le menton (au fig.). Avoir une attitude fière, altière; être fier. Et ces hommes se prétendaient honnêtes, levaient haut la tête, prêchaient la vertu, étaient honorés! (ARLAND, Ordre, 1929, p. 100). C'est grand-pitié de voir M. le comte (...) avec des chausses toutes rapiécées. — Sœur Alice : Parions qu'il n'en lève pas moins haut le menton (BERNANOS, Dialog. Carm., 1948, 3e tabl., 6, p. 1623). Jeunes gens, portez haut la tête parce que vous êtes Français. En considérant le passé, soyez impatients de ce que sera demain, car devant la France luit l'aurore de nouvelles et glorieuses destinées (Ce que la Fr. a apporté à la méd., 1946, p. 216).
♦ Le porter haut (au fig., vieilli). Se montrer hautain, dédaigneux. Quelqu'un qui voyait chez elle des chenets de fer ou de cuivre lui dit un jour que c'était le porter bien haut (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 522).
— Tenir haut le drapeau de (au fig., rare). Synon. défendre les couleurs de. Pour tenir haut le drapeau de l'administration en face de la magistrature, son irréconciliable ennemie (...) Lorie-Dufresne n'avait de pareil que Chemineau (A. DAUDET, Évangéliste, 1883, p. 26-27).
b) Expr. exclam., interjectives de commandement ou d'injonction (à l'action ou à l'attaque; pour former des loc. verb. ell. avec l'adj. haut).
— Vieilli
♦ Haut le bras! (commandement d'artillerie). (Ds LITTRÉ, ROB.).
♦ Haut la barre! (commandement de marine).
♦ Haut les dagues! Sus! À l'attaque!— Holà! — Jésus! — Tombons sur l'homme! Alerte! Tue! — Haut les dagues! — Par Dieu! toque et crâne, du coup, Sont fendus jusqu'aux dents. — En avant! sus au loup! (LECONTE DE LISLE, Poèmes barb., 1878, p. 290).
♦ Haut la patte! Haut! Debout! Au travail! (cf. haut-le-pied). — Allons, haut la patte! À l'ouvrage, cria-t-il en la chargeant de sacs (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 192). Allons, haut! à la paille, et plus vite que ça (A. DAUDET, Jack, t. 2, 1876, p. 266).
♦ Haut(-)le(-)pied! (v. ce mot).
— Usuel
♦ Haut les cœurs! Cf. cœur II C 1.
♦ Haut les mains! Ordre de menace donné à quelqu'un pour l'obliger à lever les mains ouvertes, le désarmer, l'empêcher de résister. Synon. les mains en l'air! Il fouilla dans la poche intérieure de son veston, calmement, en tira d'un coup son revolver (...). Au même instant, il entendit derrière lui : « Haut les mains! » Katow, par la fenêtre ouverte sur la coursive, le tenait en joue (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 233). Nous sommes entrés au secrétariat : «Haut les mains ». Tout le monde a rigolé, surtout les étudiants qui étaient en train de faire la queue devant le guichet. Le secrétaire s'est dépêché de nous passer les paquets de fiches (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 46).
c) Loc. adv. (emploi de l'adj. haut à valeur adv.)
— MAN. Haut(-)la(-)main. En tenant la bride haute, courte, la main levée. Mener un cheval haut la main (Ac., ROB.).
♦ Au fig., fam. D'une manière aisée, en surmontant tous les obstacles et sans discussion possible. Synon. aisément, avec brio. Gagner, voter, réussir, l'emporter haut la main. L'enfant, durant ce temps, pensait à l'examen, En affrontait l'épreuve et passait haut-la-main (POMMIER, Qq. vers pour elle, 1877, p. 21). Il en est qui seront reçus haut la main... Comprends-tu ce que c'est maintenant de se sentir toujours « sur la limite »? Il me manquera toujours un point (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1163).
— Vieilli ou rare. [En parlant d'une évaluation] En comptant largement, facilement. Elle n'est rien moins que jolie (...) et je lui vois, haut la main, trente-sept ans (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 83).
— Haut(-)le(-)pied (v. ce mot).
— Haut le coude. Le coude levé pour boire cul-sec. Féodor et Matrena burent leur eau-de-vie à la russe, d'un seul coup, haut le coude, la vidant à fond et en envoyant carrément le contenu au fond de la gorge (LEROUX, Roul. tsar, 1912, p. 119).
— Haut de ça, haut comme cela, comme ça. V. cela, ça ex. 14.
B. — [Dans le temps]
1. Dans un temps reculé, à un point éloigné dans l'ordre chronologique des faits. Synon. loin. Remonter haut pour trouver un exemple semblable; origine qui remonte haut; si haut qu'on remonte dans l'histoire, dans le passé, dans une généalogie. Et quoi si, remontant plus haut, vous découvrez que vos frères sont vos pères! (MICHELET, Journal, 1849, p. 38). Les couvents, conventi, étaient les maisons des ordres mendiants. Leur origine ne remonte pas plus haut que le XIIIe siècle (LENOIR, Archit. monast., 1852, p. 15).
— Au fig. À l'origine des faits, à la cause des événements. Synon. à la source. Remonter plus haut dans un récit (infra reprendre les choses de plus haut). Henry, dans les mêmes études, n'était en quête que des causes et des effets, mais il ne remontait pas assez haut dans les causes, il ne voyait pas assez loin dans les effets (FLAUB., 1re éduc. sent., 1845, p. 269).
2. P. ext. [Dans un discours, un texte] Plus haut. Précédemment dans le texte, dans les lignes qui précèdent. Synon. supra, ci-dessus (cf. ci1 B 1); anton. infra, ci-après, ci-dessous, plus loin, plus bas (v. bas1 III A 2 a ex. 67). Voir plus haut; (comme) nous l'avons vu plus haut, dont on a parlé plus haut, auquel (à laquelle...) je faisais allusion plus haut; analysé, cité, énuméré, décrit, défini, indiqué, évoqué, mentionné, signalé, expliqué plus haut. Le même bon sens dont il a été question plus haut avait détourné ses parents de l'habitude parisienne de laisser traîner livres et journaux sous les yeux des enfants (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 100). L'organisation des corps de métiers a, pendant longtemps, gêné le développement des variations individuelles; nous en avons cité plus haut des exemples (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p. 289).
C. — [Dans l'ordre de la perception]
1. [Sur l'échelle musicale]
a) Dans le registre aigu; dans les notes élevées. Chanter haut, monter haut; instrument qui joue haut, accordé trop haut; un ton plus haut. Dans le recueil de 1725, cet air (...) est noté une tierce mineure plus haut (PIRRO, J.-S. Bach, 1919, p. 151). Deux sirènes reprirent ensemble, une octave plus haut, le cri de celle qui venait de s'éteindre (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 243).
— P. métaph. Mais les notes aiguës, ce qui chantait plus haut, c'étaient toujours les taches vives des carottes, les taches pures des navets (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 627).
b) Avec bruit, de façon sonore. Sonner haut (littér.); le cœur bat haut (avec force, violemment) (vx). Le cœur du jeune homme battit bien haut, lorsqu'il vit une femme descendre le perron du moderne château (SAND, Péché de M. Antoine, t. 1, 1845, p. 52). Tout dormait dans la ville. Les pas sonnaient haut sur le pavé désert (A. FRANCE, Révolte anges, 1914, p. 369).
♦ Faire sonner (bien) haut (un titre, un nom, des mérites, etc.) (au fig.). Faire valoir, mettre en relief, vanter avec excès. Enfin les agents de l'Autriche, ceux de Venise et du pape, faisaient sonner très haut les avantages obtenus par Alvinzi, et sa supériorité sur nous (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 546). Madame des Grassins faisait sonner haut la pairie, le titre de marquise (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 231).
♦ Le prendre (bien) haut (au fig., vieilli). Se montrer arrogant ou prétentieux. Synon. usuel le prendre de haut (cf. haut2).
♦ Dire à qqn plus haut que son nom (au fig., vieilli). Lui parler rudement, l'offenser, le froisser. Personne ne lui dit plus haut que son nom, il va tous les dimanches et les jours de fêtes aux offices, à la messe (BALZAC, Curé vill., 1839, p. 156). Qu'il aille passer un an ou deux à Majorque, par exemple, personne ne lui dira plus haut que son nom (STENDHAL, Nouv. inéd., t. 1, 1842, p. 227).
2. [En parlant de la voix, sur l'échelle de l'intensité sonore]
a) Avec force, d'une voix forte, à haute voix. Synon. fort. Parler, rire, crier, ricaner haut, très haut, plus haut, moins haut, assez haut pour être entendu. Négrel, énervé, dit très haut aux surveillants : — Mais faites-les donc taire! (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1543). Ils flânaient, s'interpellaient l'un l'autre, et s'excitaient à quitter le travail, parlant assez haut pour être entendus du contremaître (R. BAZIN, Blé, 1907, p.303).
— Emploi ell. (de parler). Plus haut, je vous prie; pas si haut, s'il vous plaît. — Chut, chut, mon cousin, pas si haut, n'éveillons personne (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 159). — Eh! la toile... la pièce... la musique!... Plus haut... on n'entend pas (SUE, Myst. Paris, t. 7, 1843, p. 112).
♦ [Fréq. dans les indications scéniques] Cf. infra G 1 ex. de Balzac sous la loc. verb. le prendre de haut.
— Entre haut et bas. D'une voix mesurée ou à mi-voix. Bonne personne! s'exclama la lectrice entre haut et bas (TOULET, Mar. Don Quichotte, 1902, p. 113). Et elle n'osait pas crier. Elle lançait ses insultes entre haut et bas (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 146).
— À demi(-)haut (vx). D'une voix chuchotée, murmurée. Synon. à mi-voix, entre haut et bas. « Aurais-je la sottise d'être amoureux? » se dit-il enfin à demi haut (STENDHAL, L. Leuwen, t. 1, 1835, p. 274). Écoute, Mario, s'écria Pilar parlant à demi-haut, d'une voix étranglée. Ce n'est pas ainsi qu'il me faut traiter! (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t. 2, 1857, p. 276).
— Tout haut. À haute voix. Parler, lire, réciter, rêver, compter, prononcer, répéter, sangloter tout haut. Aux hymnes par moments chantées tout haut, qui succédaient à la récitation murmurée du prêtre (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 22). Autrefois elle parlait tout haut en rêvassant, à présent elle ne dit plus rien, mais (...) elle n'en pense pas moins (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 235).
♦ Penser, réfléchir tout haut. Ne pas garder ses pensées pour soi, s'exprimer à voix haute. Et pensant tout haut en sa présence, elle ne lui parlait jamais de Fabrice qu'après avoir songé à la tournure de sa phrase (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 112). Quand on ne se sent pas observé (...) on pense volontiers tout haut, sinon en paroles, au moins du visage et du geste (RICHEPIN, Cadet, 1890, p. 53).
b) Franchement, ouvertement, sans ambages. Synon. hautement. Parler bien haut, tout haut, très haut; haut et clair, haut et net, haut et ferme (= avec autorité); disons-le bien haut, ne le disons pas trop haut; proclamer bien haut son innocence, ses opinions; dire tout haut sa pensée, ce qu'on (en) pense, ce que chacun pense tout bas; annoncer, déclarer, citer, professer bien haut devant tous, à la face du monde. Devant tous, je le déclare bien haut, c'est vous seul Catulle (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 123). Et il faut le dire bien haut, et il faut le clamer à la face du monde — pas un Français ne refuserait de défendre son territoire contre une nouvelle invasion de l'étranger! (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 491).
— Parler haut (au fig., avec un suj. inanimé abstr.). Avoir une grande résonance, produire un grand effet dans l'esprit, le cœur de quelqu'un. L'œuvre entière de Renoir parle plus haut que toutes [les autres, de cette influence picturale du XVIIIe siècle] (MAUCLAIR, De Watteau à Whistler, 1905, p. 43). Il y a une loi supérieure à la vôtre : celle de la conscience. Ma conscience parle plus haut que tous vos codes (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936p. 721).
c) Au fig. D'une manière arrogante ou provocante. Vous parlez bien haut; parler plus haut que qqn. Allez, je ne me cacherai pas, je laisserai l'armoire vide et toute grande ouverte, je dirai bien haut que c'est moi qui ai purifié la maison (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 320). Et toujours recrépi à neuf de cette logique féminine du persécuté-persécuteur, qui fait crier très haut les morveux à la morve (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 156).
D. — [Sur une échelle qualitative ou quantitative de valeurs (prix, valeurs cotées)] À un niveau, à un prix considérable. Monter haut. L'évaluation peut être portée plus ou moins haut. Quand on évalue une maison vingt mille francs, on porte à vingt mille la quantité des francs qu'on suppose qu'elle vaut (SAY, Écon. pol., 1832, p. 314). Vous me ferez bien une petite réduction. Vous tenez vos prix trop haut. Les temps sont durs (A. FRANCE, P. Nozière, 1899, p. 136).
— Haut coté, coter haut Les fonds se trouvaient déjà cotés très haut; je redevenais riche (NERVAL, Filles feu, Sylvie, 1854, p. 593).
♦ Au fig. Nous cotons aujourd'hui beaucoup trop haut l'humanité (GIDE, Journal, 1929, p. 953). Aux grandes fêtes sportives (...) les cercles haut cotés ont des tentes, où ils invitent les dames au lunch (MORAND, Londres, 1933, p. 203).
E. — [Dans la hiérarchie pol. et soc.] À un haut degré de puissance, à un rang élevé. Aller, pousser, s'élever haut. De là, montant plus haut et arrivant à la grande diplomatie, je prends sur moi de donner l'exclusion à un cardinal (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 538). Très ambitieux, il n'avait pas découvert dans sa province la femme qu'il voulait, bien apparentée, capable de le pousser loin et haut (ZOLA, Lourdes, 1894, p. 122).
— (Personnage) haut placé. (Personne) importante, influente de par sa haute situation. Il y a tout à attendre de la fréquentation des personnes haut placées (COURTELINE, Client sér., Balances, [1890], p. 140). C'est un magistrat tout ce qu'il y a de plus haut placé (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 310).
— Viser (plus) haut (au fig.). Avoir une grande ambition, des prétentions. Peu de professeurs de langues étrangères étant en état de se faire recevoir docteur et tous ne visant guère plus haut, arrivés à une chaire de lycée (MALLARMÉ, Corresp., 1862, p. 17). J'ai pour Octave de grandes ambitions et j'ai visé pour lui plus haut que votre fille (AYMÉ, Cléramb., 1950, p. 128).
F. — [Sur l'échelle des valeurs esthétiques, intellectuelles] À un haut degré. S'élever haut, s'élancer trop haut; estimer très haut qqn, une qualité, une réalité; porter haut la gloire de qqn. Je l'estime plus haut que tous les autres. D'avoir réussi, par sa prudence et par sa valeur, À faire que les forts soient là obéissants (NERVAL, Sec. Faust, 1840, p. 254). Nous plaçons la poésie trop haut pour que toute rémunération ne nous paraisse indigne d'elle (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 95).
— [Valeurs morales, spirituelles] Le désintéressement des objets sensibles, l'abnégation du corps conduit l'âme à chercher plus haut ce qui peut remplir et fixer la capacité d'aimer (MAINE DE BIRAN, Journal, 1821, p. 309). Et cependant, plus haut que la ténèbre humaine, Leur âme lasse aspire à l'aurore suprême Qui bientôt les fondra dans le soleil de Dieu (Ch. GUÉRIN, Cœur solit., 1904, p. 52).
— Mettre, placer qqn haut (dans son estime). L'estimer beaucoup. Loc. synon. le porter aux nues. Je la plaçai [cette nature d'homme] dès lors très haut dans mon estime. J'ai souvent cherché depuis autour de moi quelque homme semblable à celui-là et capable de cette abnégation de soi-même entière et insouciante (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 61). Je vous envoie mes pensées, ma vie en sûreté : confiance la plus grande qu'une femme puisse donner, qui met bien haut dans son estime celui en qui elle croit (M. DE GUÉRIN, Journal, 1840, p. 330).
G. — Loc. adv. et prép.
1. De haut, loc. adv. D'un endroit élevé, d'un point haut sur la verticale; d'une grande hauteur (avec ou sans mouvement). Voir, dominer qqc. de haut; (faire) tomber de haut; vu de haut. Sur le dos des montagnes, partout les eaux ruisselaient. (...) et là où elles se dégorgeaient de haut vers quelque enfonçure, elles sonnaient comme dans une cruche (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 291). Le milan qui guette de haut sa proie tapie parmi les rocs (RAMUZ, Derborence, 1934, p. 156).
— Au fig. De si haut, de très haut, de plus haut. D'un niveau supérieur. Tombé de si haut dans la déchéance où l'on me voit aujourd'hui, je demeure stupéfait que cette chute soit comme un songe pour mon esprit (J. BOUSQUET, Trad. du silence, 1935-36, p. 74).
SYNT. Lâcher, lancer, observer, retomber, venir, verser de haut, de bien haut, de plus haut.
— Loc. verb., au fig.
♦ Tomber de haut (fam.). Être stupéfait; perdre brutalement ses illusions. Synon. tomber de son haut (au fig.; cf. haut2). « La journée de demain sera la vôtre; j'ai donné mes ordres à tous les hommes pour faire crier : vive Marchand. » Cette parole me fit tomber de haut (BARRÈS, Cahiers, t. 2, 1900, p. 174).
♦ Voir, considérer, envisager les choses de haut
Avec sérénité et détachement ou avec indifférence. Je sais qu'on peut dans son orgueil de patricien considérer de haut la mêlée et vivre à l'écart, sur sa tour, mais on n'apprend pas (BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1837, p. 123). Se tenir au-dessus de la mêlée? Regarder de haut les multitudes torturées? (MAURIAC, Cah. noir, 1943, p. 366).
D'un point de vue synthétique, global, sans s'attarder aux détails. À envisager les choses de haut, il est aisé de discerner dans l'histoire d'Europe, depuis les temps anciens jusqu'à nos jours, deux grands ordres sociaux, savoir, l'antiquité grecque et romaine, d'une part, et le moyen-âge, de l'autre (SAINTE-BEUVE, Tabl. poés. fr., 1828, p. 282). Oui, monseigneur [le prince Jérôme Napoléon], vous avez raison, et, comme toujours, vous voyez les choses de haut (SAND, Corresp., t. 4, 1857, p. 121).
Péj. Rapidement, de manière superficielle. Son rêve avait toujours été de bâtir des écoles, d'en diriger aussi, quoique de haut, en grande dame, sans y mettre la main (TOULET, Mar. Don Quichotte, 1902, p. 227).
♦ Regarder, traiter, juger qqn de haut. Le considérer avec mépris, insolence, vanité. Montaigne (...) jugeait de haut tous les maux de la vie humaine et les siens propres avec une sorte de gaillardise et de bonne humeur (MAINE DE BIRAN, Journal, 1820, p. 289). Vis comme tu as toujours vécu (...) fièrement, dignement, regardant de haut les gouvernements, les hommes, les choses, n'ayant souci ni besoin d'aucune protection (HUGO, Corresp., 1852, p. 69). Le critique, fatigué de juger les autres, se débarrasse en vrac, fait table nette, liquide les livres de la saison qu'il traite de haut (...) enfin : de son haut (MAURIAC, Bloc-notes, 1958, p. 120).
♦ Le prendre de (très) haut (avec qqn). Réagir en répondant avec arrogance ou avec dédain. Il y a de la légèreté dans son fait. Prenons-le de haut. (Haut) Monsieur Michonnin, votre conduite est plus que blâmable! (BALZAC, Faiseur, 1850, III, 14, p. 288). Pierre se leva, froissé à son tour, et le prenant d'un peu haut : — Vous êtes injuste, père Marowsko (MAUPASS., Pierre et Jean, 1888, p. 434).
Rem. « Le » signifiait à l'orig. le ton de voix, p. allus. aux chantres qui, ayant entonné haut un verset, ne pouvaient plus redescendre, baisser le ton.
♦ (Re)prendre les choses de plus haut. Remonter à une date plus ancienne, à l'origine des faits. Les nouvelles de ce pays font peu de bruit en France, et à Paris surtout. Ainsi je dois, pour la clarté du récit que j'ai à faire, prendre les choses d'un peu haut (COURIER, Pamphlets pol., Pétition aux deux Chambres, 1816, p. 3). Je fais à ma femme le récit de ma liaison avec Ernest et Marguerite. Je suis obligé de prendre mon récit d'un peu haut pour faire connaître comment je suis monté à la mansarde (KOCK, Cocu, 1831, p. 131).
— Au fig. Remonter aux causes, aux principes généraux. Et il est si singulier que ce soit là un préliminaire nécessaire pour apprendre à porter des jugemens vrais, que pour le prouver il faut reprendre les choses de plus haut (DESTUTT DE TR., Idéol. 1, 1801, p. 224).
2. De haut en bas, loc. adv.
a) En allant du haut vers le bas. Synon. vieilli du haut en bas; anton. de bas en haut. Regarder de haut en bas (mouvement, position, orientation). Ensuite il m'a remis une grosse enveloppe jaune, dûment scellée, de haut en bas et de long en large, ce qui la rend parfaitement inviolable (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 119). On y place les morts qui se présentent, en allant de gauche à droite et de haut en bas, comme on lit un livre (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 127).
SYNT. Coup d'œil, geste, mouvement de haut en bas; hocher, secouer la tête de haut en bas; (se) fendre, (se) déchirer de haut en bas; couler, glisser, se mouvoir, aller de haut en bas; traversé, strié, zébré de haut en bas.
— En partic. Complètement, à fond, dans le détail. Synon. de la tête aux pieds. Examiner qqn de haut en bas. Il s'écarta légèrement, sans retirer ses mains, et la contempla, de haut en bas, en possesseur (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 215). Ce coup d'œil de haut en bas, déjà distrait, même pour les plus chers, et puis brusquement braqué en avant (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 129). Visiter une maison de haut en bas. Synon. de fond en comble, de la cave au grenier. La marchande de beurre et la marchande de fruits continuaient à examiner la maison de haut en bas, épiant chaque ouverture, s'attendant à voir des chapeaux de sergents de ville à toutes les fentes (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 882). Autrefois, elle avait peur de rester seule le soir, et ça en plein Paris, dans une grande maison habitée de haut en bas (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 22). V. de1, ex. 10.
— Loc. fig. Regarder, toiser, traiter qqn de haut en bas. Le considérer avec mépris, arrogance, insolence. Cf. du haut en bas (s.v. haut2). Il eût l'air de le renier, de se moquer de lui, de la même façon que, dès que j'eus promis le secret sur les fonctions de son père (...) il me traita de haut en bas (PROUST, Sodome, 1922, p. 1011). Elle (...) toisa son interlocuteur de haut en bas, avec une grimace de dégoût (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 483). V. bas1 III B 2 c, ex. 84.
— [Sur l'échelle des sons] De l'ut mineur au mi bémol majeur, au la bémol majeur, et qui aboutit à un énorme bond avec un cri, de haut en bas, plus de trois octaves (ROLLAND, Beethoven, t. 2, 1937, p. 474).
b) Au fig. [Sur une échelle de valeurs] La prétention de transmettre les croyances de haut en bas dans toute la société religieuse, sans que personne eût le droit de les débattre pour son propre compte (GUIZOT, Hist. civilisation, 5, 1828, p. 22). De haut en bas, du plus grand au plus petit, une même structure visible, dont le dessin, renforcé par la distribution même des ombres et des vides, s'accentue et se prolonge (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 151).
3. En haut, loc. adv.
a) Dans la partie haute, la plus haute (avec et sans mouvement). Aller, pousser, tirer en haut; depuis le bas jusqu'en haut; boutonné jusqu'en haut. Ma fenêtre, percée en haut, était munie de bons barreaux de fer qui me laissaient voir quelques toits gothiques (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 720). Une fois arrivés en haut, nous descendions en voiture, revenions par le même chemin (PROUST, Sodome, 1922, p. 1004).
— En partic.
♦ À l'étage (ou à un étage) supérieur (d'un immeuble, d'une maison). Synon. au-dessus; anton. en bas, au rez-de- chaussée, à l'entresol, au sous-sol, etc. Puis, madame partie, elle continua à coucher en haut à cause des enfants, tandis que son mari se morfondait tout seul à la loge (A. DAUDET, Évangéliste, 1883, p. 32). Une grande salle au rez-de-chaussée, deux chambres en haut, une cave et un jardin (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1223).
♦ Dans le ciel, en altitude. Il faut dire avec Socrate que le ciel n'est ni en haut ni en bas, ni dans les objets que nous offre la terre ni dans les astres du firmament (P. LEROUX, Humanité, t. 1, 1840, p. 231).
Au fig. Au ciel, au paradis. Synon. Dans les cieux. T'es-tu fait des images taillées ou des représentations des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont ici-bas sur la terre ou dans les eaux plus bas que la terre? (GIDE, Saül, 1903, p. 325).
♦ Dans les sphères supérieures (de la hiérarchie politique, sociale), sur une échelle de valeurs (morales, etc.). Cet amas des iniquités et des douleurs, tout ce qui se passait en bas dans la misère et dans le crime, tout ce qui se passait en haut dans la richesse et dans le vice (ZOLA, Paris, t. 1, 1897, p. 113).
— Tout en haut. Au point le plus haut. Synon. au sommet. Et je me mis à gravir le Pausilippe au-dessus de la grotte. Arrivé tout en haut, je me promenais en regardant la mer déjà bleue (NERVAL, Filles feu, Octavie, 1854, p. 644). Elle était tout en haut, à l'Odéon, à côté d'un petit ménage passant tout son temps à dire que la pièce était une horreur (GONCOURT, Journal, 1888, p. 882).
b) P. ext. [Dans un sens vague] En direction du haut, dans le sens de la hauteur, en un mouvement ascendant. Synon. en l'air, vers le haut. Mouvement de bas en haut; regarder en haut, lever la tête en haut; dirigé en haut; la pointe en haut. Il y avait tant de prière dans son regard levé en haut vers le ciel ou vers moi, que je me mis à pleurer aussi sans savoir de quoi (LAMART., Tailleur pierre, 1851, p. 479). Dans le sud se formait peu à peu une énorme trombe, un cône de brouillards, la pointe en bas, la base en haut (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 245).
— Par en haut. Par le haut, par la partie supérieure. Synon. en-dessus; anton. par le bas, en-dessous. Passer par en haut; évasé, éclairé par en haut. Pour réaliser votre plan, il faut éclairer par en haut le nouvel escalier, et ménager une loge de portier sous le socle (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 98). Ça m'emporte, je suis aspiré par en haut, je file en droite ligne sans m'arrêter (...) je vois maintenant les étoiles tout au-dessous de moi (FLAUB., Tentation, 1849, p. 419).
♦ Au fig. La puissance appréhensive était l'intellect qu'on voyait (...) s'éclairer par en haut des rayons de la raison divine, et, par en bas, de la lumière des sensations (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 250). L'oisiveté endort par en haut autant d'énergies mentales que l'excès de travail manuel en éteint par en bas (MAETERL., Intellig. fleurs, 1907, p. 262).
— De bas en haut.
♦ De la partie basse vers la partie haute. Parcourir, frapper de bas en haut. Les vapeurs sont montées, partant de bas en haut devant eux comme des ballons (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 123). Le ciel (...) s'élevait, glissant de bas en haut contre la pente des montagnes (RAMUZ, Derborence, 1934, p. 168).
♦ En direction du haut. Mouvement de bas en haut; se diriger de bas en haut. Le néoplasme doit s'être, depuis peu, propagé de bas en haut... poumons, estomac... (MARTIN DU G., Thib., Sorell., 1928, p. 1151). La tête renversée, de bas en haut, je regarde mon Seigneur, le grand crucifix qui est suspendu à la voûte (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 246).
♦ Entièrement, en détail. Toiser qqn de bas en haut. Synon. des pieds à la tête. Elle examinait de bas en haut, avec une attention extraordinaire, le pâle petit visage ridé (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 1018). Visiter une maison de bas en haut. Synon. de la cave au grenier, de fond en comble, de haut en bas, v. supra.
♦ Au fig. [Pour exprimer la totalité d'une hiérarchie, l'étendue complète d'une échelle de valeurs] Des connaissances doivent se plaindre, pensaient-elles. Et c'est, hélas! ce que de bas en haut pense tout le monde (RADIGUET, Bal, 1923, p. 77). L'organisation corporative doit être conçue comme s'établissant de bas en haut, selon les principes de la démocratie personnaliste (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 203).
— Du bas en haut (vieilli). Il faut avoir eu, comme moi, le courage de visiter, du bas en haut, quelques maisons de la rue de la Bûcherie (JOUY, Hermite, t. 1, 1811, p. 13). Elle le regardait du bas en haut suppliante et avec un beau sourire tout en pleurs (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 346).
4. En haut de, loc. prép.
a) Dans la partie haute, la plus haute de; au sommet de. En haut de la côte, de la ville, de la montagne; d'un mât, de l'escalier. Il venait d'arriver en haut d'un raidillon particulièrement penché qui rejoignait du bas le chemin de Sasseneire (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 75). Sur le plateau que dévaste la bise, tout en haut du remonte-pente, les crochets de fer tournent autour de la roue (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 11).
— Au fig. En haut de l'échelle (sociale).
b) Dans la partie supérieure de. En haut de/d'une page (synon. en tête de page). En haut des Champs-Élysées. Des chevaux dont on voyait les têtes haletantes en haut des claires-voies des wagons (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 293). Le moustique était là, posé, tout en haut de la moustiquaire (GIDE, Caves, 1914, p. 779).
5. D'en haut, loc. adv. à valeur adj.
a) D'un lieu, d'un point élevé, plus élevé. Avoir d'en haut un beau point de vue; pièce éclairée par la lumière venant d'en haut; voir, souffler d'en haut. Au fond du chœur pendait un tableau du Guerchin comme un rayon de soleil venant d'en haut et qui aurait frappé le mur à travers quelque fente de l'édifice (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 412). Comme une pierre se détachant de la falaise, tout à coup il tomba d'en haut un baudrier (FLAUB., Salammbô, t. 2, 1863, p. 128).
b) De la partie, de la région supérieure. Les dents, les canines d'en haut; boutonnières d'en haut. Dans les (...) babouins (...). La première [molaire] d'en bas est tranchante et coupée très-obliquement, parce qu'elle s'use contre la canine d'en haut (CUVIER, Anat. comp., t. 4, 1805, p. 158). Déjà, il avait ce long visage étiré d'en haut et d'en bas, si caractéristique (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 138).
— En partic.
♦ De l'étage supérieur. Synon. du haut (cf. haut2). Chambres d'en haut.
♦ Du registre aigu (des sons, de la voix). Son piano dont elle attaqua vivement toutes les touches en les remuant depuis l'ut d'en bas jusqu'au fa d'en haut (BALZAC, Goriot, 1835, p. 75).
c) Au fig.
♦ Du ciel, de Dieu. La lumière, la force, l'Esprit, la grâce d'en haut (ou d'En(-)Haut); rayon, lumière, voix, parole, intervention d'en haut; les choses d'en haut; venir, descendre d'en haut. L'esprit d'en haut lui avait inspiré dans toute son énergie cette sainte violence à qui le ciel a été promis (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 212). Est-il louable d'attendre, les bras croisés, que vienne le secours d'en haut, et de tout demander à Celui qui peut tout (...)? (A. FRANCE, Île ping., 1908, p. 29).
♦ D'une autorité supérieure; des hautes sphères du pouvoir. Ordre, instructions (qui viennent) d'en haut; les autorités d'en haut. Quand on a eu la main sur les vrais coupables, il est venu des ordres d'en haut pour les relâcher (SAND, Meunier d'Angib., 1845, p. 236). D'où part l'exemple? D'en haut ou d'en bas? Du professeur ou de ses élèves? (CHAMPFL., Souffr. profess. Delteil, 1853, p. 141).
6. Contre-haut (en).
7. Là-haut.
8. Par haut, loc. adv., vx
a) MAN. Cheval qui va par haut. ,,Cheval qui fait un manège enlevé`` (Ac., ROB.).
b) CHORÉGR. Danse par haut. Danse sautée. Elle [la gaillarde] se dansait « par haut », c'est-à-dire en quittant terre (ÉCORCHEVILLE, Suites orch., 1906, p. 48). [La] gaillarde [est une] ancienne danse française, dite danse « par haut », ou sautée, composée de « mouvements gaillards » desquels elle tirait son nom (BRENET, Dict. prat. et hist. mus., 1926, p. 168).
c) Loc. fig., pop. Aller par haut et par bas. Évacuer par la bouche et par l'anus. Cette matière noire et putride, que rendent les malades, tant par haut que par bas, n'est autre chose qu'un sang corrompu (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p. 357). Loc. synon. évacuer par le haut et par le bas (cf. bas1 II A 2).
Rem. Haut entre comme élément initial dans la constr. de mots composés a) avec une valeur adj. V. haut-commissaire (cf. commissaire), haut-de-forme, haut-fourneau (cf. fourneau), haut-relief, etc. b) avec une valeur subst. V. haut-de-chausses.
Prononc. et Orth. : [o], fém. [o:t] avec init. asp. Homon., à l'aspiration près, au, aulx, eau, ô, oh, os (plur.) et, par rapport au fém., hôte, ôte. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. V. haut2. Bbg. GALL. 1955, p. 41, 51, 417. - GRUNDT (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p. 61, passim. - QUEM. DDL t. 12, 13, 16.
II.
⇒HAUT2, subst. masc.
A. — Dimension verticale déterminée, de la base au sommet. Synon. altitude, hauteur, élévation.
— Loc. verb. Tomber de (tout) son haut, Tomber de toute sa hauteur, tomber à terre de tout son long. On m'avait affublé d'un chapeau haut de forme (...). Celui qui recevait les cartes faillit tomber de son haut et me chercha sous mon chapeau (VALLÈS, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 47).
♦ Au fig. Tomber de son haut (vieilli). Être vivement surpris, stupéfait. Synon. tomber des nues, tomber à la renverse, tomber de haut (cf. haut1 II G 1). Je n'ai jamais ouï d'absurdités pareilles! Je tombe de mon haut! (AUGIER, Aventur., 1848, I, p. 181). Vous avez, vous autres hommes, une si petite opinion des femmes, que vous tombez de votre haut si vous leur entendez dire un mot qui ait le sens commun (FEUILLET, Scènes et prov., 1851, p. 190).
B. — Position déterminée sur la verticale.
1. Le haut (entité abstr.). Elle ordonne aux roseaux de saluer, joyeux Et satisfaits, l'arbre superbe; Car l'équilibre c'est le bas aimant le haut (HUGO, Légende, t. 4, 1877, p. 129).
— Le vent du haut (cf. haut1 I A 4 a). Le temps un peu couvert se leva, le vent du haut chassa les nuages (BALZAC, Début vie, 1842, p. 360).
2. De haut
a) [Précédé d'un nombre] Voler, planer à x mètres de haut.
b) Au fig. D'une autorité supérieure. Synon. d'en haut (cf. haut1). Ordre qui vient de haut.
3. Ce qui est élevé (moralement, socialement, intellectuellement, etc.), ce qui est excellent. Le christianisme (...) qui a fait voir le haut et le bas de notre cœur (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 376).
C. — Partie supérieure d'une chose ou d'un être (corps ou partie du corps).
1. En emploi abs. Le haut, dans le haut, du haut, vers le haut; caisse portant la mention : haut, bas, fragile; se courber, dirigé, plus large, tourné, tiré vers le haut. Et elle s'abritait du soleil, sous une ombrelle de satin lilas, pointue par le haut comme une pagode (FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 2). La salle était très élevée du haut par des soupiraux presque entièrement bouchés de plantes (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 509).
— MUS. Le haut. La partie haute, les notes hautes ou le registre élevé de la voix. Synon. l'aigu; anton. le bas, le grave, le médium. Mais quelles désagréables voix, celles du haut aigres, celles du bas aboyantes [à la Chapelle Sixtine] (TAINE, Voy. Ital., t. 1, 1866, p. 124). Hautbois. Instrument des impressions champêtres, des joies paisibles et pures, pathétique dans le haut, sourd dans le grave (ROUGNON 1935, p. 250).
2. Le haut de + subst. concr. Le haut du front; le haut d'un tableau; le haut d'une page (synon. tête). À Fribourg en Brisgau (...) des villageoises avaient (...) les cheveux jaunes et ternes retroussés durement et tirés vers le haut de la tête (TAINE, Philos. art, t. 1, 1865, p. 233). Et l'éclat aveuglant des murs des métairies Semble gagner le haut du ciel. Il est midi (JAMMES, Prem. livre quatrains, 1923, p. 40).
♦ Le haut du village, de la ville, du bourg. La partie élevée. Un logis situé à Saumur, au bout de la rue montueuse qui mène au château, par le haut de la ville (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 5). Les gens riches qui habitent le haut de la ville [Genève], vers la promenade de la Treille (STENDHAL, Mém. touriste, t. 2, 1838, p. 271).
♦ Le haut d'un fleuve. La partie supérieure située vers la source.
SYNT. Le haut du/d'un bras, du corps, de la/d'une cuisse, de la gorge, des joues, de la poitrine; le haut d'une chemise, d'un corsage, d'un veston; le haut d'une armoire, d'une cheminée, d'une façade, d'une fenêtre, d'une glace, d'un lac, d'un omnibus, du perron, du pont.
— Spécialement
♦ COMM. (Produit de) haut de gamme. Produit qui, dans sa catégorie, offre la meilleure qualité. Ces boutiques proposent plutôt des hauts de gamme (500 à 1 200 francs la robe ou le deux pièces) (Le Monde, 29 mars 1978).
♦ IMPR., TYPOGR. Haut de casse. Partie supérieure de la casse. Anton. bas de casse. Dans le haut de casse (...) se trouvent les lettres employées moins souvent (MAIRE, Manuel biblioth., 1896, p. 304). Le haut de casse aux majuscules, petites capitales, etc. (CHAUTARD 1937).
♦ MAR. Les hauts d'un navire. La partie émergée; celle qui est au-dessus du premier pont. Synon. (pour le sing.) accastillage, (pour le plur.) mâture, coque.
♦ BOUCH. Haut(-)de(-)côtelette. Morceau de viande (mouton, veau) situé entre les carrés de côtelettes et la poitrine de la bête. Elle faisait, ce soir-là, un ragoût de mouton avec des hauts de côtelettes (...). Les hauts de côtelettes revenaient dans un poêlon (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 467).
♦ GASTR. Haut de cuisse (d'une volaille). Partie correspondant à la cuisse et qui précède la jambe, dite cuisse ou pilon. Coupeau se fâcha et servit un haut de cuisse à Virginie (...). Est-ce que l'oie avait jamais fait du mal à quelqu'un? (ZOLA, Assommoir, 1877p. 578).
♦ HABILL. Le haut (d'une robe), un haut (de robe). La partie située au-dessus de la taille. Synon. corsage. Au cou frêle encore flambait une cravate ponceau dont le gros nœud se renflait sur le haut d'une robe noire (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 136). Ces hauts de robe de mousseline ou d'organza accompagnent le soir d'amples jupes de faille ou de faille-shantung (Jardins des modes, avr. 1951, p. 57).
D. — La partie la plus haute, le point culminant. Synon. sommet.
1. En emploi abs. Arriver au haut. Synon. usuel en haut.
— Loc. fig., fam., vieilli. Gagner le haut. S'enfuir.
2. Le haut de + subst. concr. Le haut d'une côte, d'un clocher, de la rue, du boulevard, des Champs-Élysées. J'étais dans le haut de la rue Notre-Dame-de-Lorette (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, Mém. veuf, 1886, p. 242) :
• À vous gloire, Seigneur qui m'avez pas à pas
Où le juste s'assure et vous aime sans crainte.
VERLAINE, Poèmes div., 1896, p. 779.
— Le haut d'un fleuve, de la mer (rare). La partie la plus profonde. Prends le bas du pavé, drôle! Richard (descendant) : Oui, monseigneur (s'en allant). Tu prendras le haut de la Seine, toi, quelque jour (DUMAS père, Tour Nesle, 1832, III, tabl. 5, 2, p. 48). Un jour le fol vit, du haut de la mer, accourir une belle nef (KAHN, Conte or et sil., 1898, p. 97).
— En partic., vieilli ou région. (Berry notamment). Le haut du jour. Midi environ, l'heure où le soleil à son apogée est le plus chaud ou le plus ardent. Elle dira très-bien en parlant de la pesanteur, de la chaleur et de la lourdeur accablante du midi : « Le silence du gros du jour en juin (...) ». Dans le Berry on dit non pas le gros du jour, mais le haut du jour; ce qui n'est pas moins expressif (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 9, 1865, p. 264).
— Loc. verb. fig. Tenir le haut du pavé. Atteindre le haut de l'échelle; grimper au plus haut degré de l'échelle (cf. ce mot C 1).
SYNT. (Atteindre) le haut des branches, d'une cascade, du ciel, d'un coteau, du crâne, d'une falaise, d'une montagne, d'un monticule, du mur, de la pente, du plateau, d'un rempart, d'un rocher, de la tête, des tours, de la montée; juché, perché, placé sur le haut de (qqc.).
3. Du haut de + subst. concr. De l'endroit élevé de; du sommet de. Du haut des tours de Notre-Dame; du haut des cieux, des airs; rouler du haut d'un escalier. Le long du fleuve, un peuple d'enfants s'amuse à plonger du haut de la berge (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 713).
— Du haut du ciel (au fig.). L'âme s'élève à Dieu à travers et avec toutes ces supplications. Il m'a bien semblé que du haut du ciel Jésus-Christ et la sainte Vierge me bénissaient (DUPANLOUP, Journal, 1873, p. 343).
SYNT. Apercevoir, contempler, regarder, voir du haut de; glisser, jeter, lancer, (se) précipiter, rouler, tomber, verser du haut de.
— Loc. fig., fam. (Regarder, traiter, juger qqn) du haut de sa grandeur. Avec mépris, avec condescendance ou avec indifférence. Cf. grandeur I A 1.
— P. anal. (Regarder, toiser qqn) du haut de sa gloire, du haut de son piédestal, du haut de son trône, du haut de leur supériorité; du haut de sa condescendance, de sa science, etc. D'abord je suspectais le major de vouloir me sonder pour me juger du haut de son savoir (SAND, Nouv. lettres voy., 1876, p. 298).
4. Au haut de + subst. concr. Dans la partie la plus élevée de; au sommet de; au dernier étage de. Synon. usuel en haut de. Il s'est mis à grimper devant moi presque au haut d'un petit arbre (GIDE, Journal, 1914, p. 495).
SYNT. (Apparaître, arriver, déboucher, parvenir) au haut des airs, d'un arbre, du bourg, des branches, de la butte, de la côte, des cieux.
E. — En partic. [En corrélation avec bas]
1. Loc. verb. Évacuer par le haut et par le bas. Synon. aller par haut et par bas. Cf. bas1 II A 2. Avoir des hauts et des bas. V. bas1 11 C 2 c ex. 60.
2. Loc. adv. et prépositives
— Du haut en bas, loc. adv. Synon. de haut en bas. Nettoyer, visiter une maison du haut en bas; se fendre du haut en bas. Elle frappait sur les touches avec aplomb, et parcourait du haut en bas tout le clavier sans s'interrompre (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 46). Il finirait à l'hospice, couché dans son immondice et paralysé du haut en bas (AUDIBERTI, Quoat, 1946, 2e tabl., p. 67).
— Du haut en bas de, loc. prépositive. Du haut en bas de l'échelle. C'était du haut en bas de la colline le même grouillement vivant, le même ciel bleu brûlait par delà les toits (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 87). Tandis (...) que bruissaient du haut en bas de l'immeuble les visiteurs du dernier moment et que sonnaient sans arrêt des téléphones désespérés (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 51).
Rem. 1. De haut en bas ne forme pas de loc. prépositive, alors que du haut en bas de est bien vivant. 2. De haut en bas est d'un emploi plus fréq. que du haut en bas dans l'accept. regarder, traiter qqn de haut en bas (au fig.).
SYNT. Du haut en bas de son perchoir, de l'édifice, des escaliers, des étages, des murailles, de la voix, de l'État, de la nation, de la hiérarchie, de la société.
— Du haut jusques en bas, loc. adv. (p. allus. à Molière, Tartuffe, III, 2).
F. — Dans le domaine géographique
1. Vx ou région. (Suisse notamment). Terrain élevé; étages supérieurs de la montagne. Synon. butte, élévation, éminence, hauteur. On rencontre tout à coup dans les hauts du Père-Lachaise un tombeau gothique (STENDHAL, Mém. touriste, t. 1, 1838, p. 275). De la vieille et curieuse petite cité (...) ils (...) remontèrent vers les hauts de forêts et de plaines qui sont la parure du « jardin de la France » (L. DAUDET, Bacchantes, 1931, p. 83).
2. Usuel. Les Hauts de Meuse, de Moselle. Collines dominant la Meuse, la Moselle. Synon. côtes. De longues balafres, tranchées mal comblées, barbelés rouillés, halliers poussés au hasard accompagnent le Chemin des Dames, les Hauts de Meuse ou les sommets du Linge (MEYNIER, Paysages agraires, 1958, p. 146). Les Hauts-de-Seine. Département de la région parisienne.
Prononc. et Orth. : [o] init. asp. : le haut. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Adj. A. 1. Fin Xe s. « qui est élevé, d'une dimension verticale considérable » alta cruz (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 226); ca 1100 halt (Roland, éd. J. Bédier, 814); ca 1165 en parlant d'une pers. (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 5255 ds T.-L.); 2. a) 1119 « qui est dans une position élevée, ici en parlant des astres » (PHILIPPE DE THAON, Comput, 2509, ibid.); b) 1625 « qualifie la partie d'un pays la plus éloignée de la mer ou plus élevée que l'autre » (Le Grand dict. fr.-lat., J. Stœr ds FEW t. 24, p. 367b); c) 1694 « qualifie la partie d'un cours d'eau la plus proche de sa source » (Ac.); 3. ca 1121 mer halte « endroit où la mer est profonde, le large » (St Brendan, éd. E.G.R. Waters, 1646). B. 1. a) Ca 1050 « élevé dans l'échelle des valeurs » de halt parentét (Alexis, éd. Chr. Storey, 41); b) ca 1200 halte curt « cour plénière » (Chanson de Guillaume, éd. D. McMillan, 1967); en partic. 1791, 5-13 mars « tribunal d'exception pour certains crimes politiques » (Décret [Duvergier, t. II, p. 289] ds BRUNOT t. 9, p. 637, note 5); 2. a) ca 1100 « très grand à quelque titre que ce soit » paroles haltes « nobles, fières » (Roland, 1097); b) 1493 [éd.] « qui atteint un niveau intellectuel ou moral élevé » haute vie... haultes vertus (Chron. de St Denis, t. 1, f° 126 ds LITTRÉ); c) 1649 haute trahison (I. ANGO, Récit véritable, p. 11 ds MACK. t. 1, p. 74); 3. a) ca 1100 « qui atteint un niveau d'intensité élevé; sonore » voiz grand e halte (Roland, 2985); b) ca 1100 « aigu (d'un son, d'un instrument) » haltes menees (ibid., 3310); cf. 1467 haulz et bas instrumens (Chron. scandaleuse, éd. B. de Mandrot, t. 1, p. 177); 4. 1531 [éd.] « qui a de l'éclat » haute couleur (Percef., IV, fol. 2b ds LA CURNE); 1538 haut en couleur « coloré » (EST.); 5. 1538 « qui atteint une valeur, un prix élevé » (ibid.); 6. av. 1715 « relevé, fort » haut goût (FÉNELONds Lar. Lang. fr.). C. 1267 [ms.] « tardif, tard » au plus haut le jor (Comput, 104, 51 ds T.-L.). II. Adv. 1. ca 1100 « à un degré élevé sur le plan sonore » s'escriet mult halt (Roland, 3334); 2. 1119 « en position haute » halt levees (PHILIPPE DE THAON, Comput, 2534 ds T.-L.); 3. ca 1145 « à un degré élevé de l'échelle sociale » (WACE, Conception N.D., 588, ibid.); 4. 1160-74 « en un point élevé » haut... voler (WACE, Rou, éd. A.J. Holden, III, 601); en partic. 1267 [ms.] haut pendue (ID., Vie S. Marg., Ms. A, 175 ds T.-L.); 5. fin XIVe s. « tard dans l'année » (d'une fête) escheirent les Paskes si hault (J. FROISSART, Chron., éd. S. Luce, III, 7); 6. 1408, 3 sept. « à un degré élevé sur l'échelle des valeurs, des prix » au plus hault offrant (Tut. des biens de Haquinet, A. Tournai ds GDF. Compl.). III. Loc. adv. 1. en halt, ca 1120 « dans le lieu qui est le plus élevé » (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, 1685 ds T.-L.); 2. de haut, ca 1170 « d'un endroit élevé » (BÉROUL, Tristan, éd. E. Muret4, 730 : chaï de haut); fig. 1821 voir les choses de plus haut (HUGO, Lettres fiancée, p. 80); 3. de haut en bas 1268 saillir de haut en bas « descendre » ici au fig. « tomber dans le malheur » (Claris et Laris, 3910 ds T.-L.); 4. là-haut 1553 « dans le ciel » (Bible Gérard, Psaume 93b). IV. A. Subst. masc. 1. 1170 « hauteur, dimension verticale » (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec et Enide, éd. M. Roques, 6657); ca 1170 vint piez de haut (MARIE DE FRANCE, Lais, éd. J. Rychner, Yonec 339); 2. fin XIIe s. « partie haute d'une chose » El haut de la forest (Guingamor 410 ds T.-L.); en partic. 1676, 8 janv. mar. subst. plur. (Relation anonyme du combat de Lipari; Arch. de la Mar., dossier du Quesne ds JAL); 3. XVe s. « ce qui est élevé sur le plan moral, intellectuel ou social » (Les Repues franches de Fr. Villon et de ses compagnons [attribuées à Villon], L'Acteur ds Œuvres, éd. L. Jacob, p. 255 : Congnoissant les hauts et les bas). B. Subst. fém. 1821 arg. « fraction supérieure (d'une corporation, d'une société) » pègre de la haute « voleur du premier rang » (ANSIAUME, Arg. bagne Brest, f° 10 v°, § 242); cf. 1854, 2 août une femme de la haute (MÉRIMÉE, Lettres à une inc., t. 1, p. 339). I du lat. class. altus « haut, élevé » au propre et au fig.; « profond, reculé »; croisé en domaine d'oïl avec l'a. b. frq. hauh, hôh en face des autres représentants romans sans h- (a. prov. alt, aut, XIIe-XVe s. ds RAYN.; ital. alto; esp. port. alto; cat. alt, v. FEW t. 24, p. 375b). Il est difficile de se fonder sur quelques formes sans aspiration attestées du Xe au XIVe s. (ds GDF. Compl. et LITTRÉ) dans des textes provençalisés (Passion), italianisés (Roland de Châteauroux) ou anglo-norm. (Quatre Livres des Rois) pour mettre en doute l'ancienneté de ce croisement. On refusera donc l'hyp. proposée par A. GREIVE (ds Etymologische untersuchungen zum französischen h aspiré, Heidelberg, 1970) et acceptée par le FEW, loc. cit., d'une aspiration introduite secondairement en a. fr. pour assurer la non-élision de l'art. devant aut et par là même isoler le monosyllabe à l'intérieur de la chaîne parlée. II et III, emplois adv. de I. IV, emploi subst. de I. Fréq. abs. littér. : 32 112; Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 42 229, b) 52 894; XXe s. : a) 50 967, b) 41 539. Bbg. FOULET (L.). L'Effacement des adv. de lieu. Romania. 1946, t. 69, pp. 65-77. - QUEM. DDL t. 16.
haut, haute ['o, 'ot] adj., n. m. et adv.
ÉTYM. XIIe; halt, v. 1050; alta, 980; du lat. altus, l'h du franç. étant dû à l'infl. de l'adj. germanique de même sens, francique hôh; cf. all. hoch, angl. high.
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I Adj. (définissant soit une dimension dans le sens vertical, soit une position sur la verticale).
1 Qui est d'une certaine dimension dans le sens vertical. || Haut, haute de… || Mur haut de deux mètres. || Maison haute de deux étages (→ Façade, cit. 5). || La maison sera plus haute d'un étage (⇒ Exhausser, hausser, surélever, surhausser). || Meule haute de huit mètres (→ Fort, cit. 49). — (Personnes). || Un petit homme haut de trois pieds et demi (→ Épaule, cit. 3). || Un soldat haut de six pieds. ⇒ Grand (cit. 3). — (Dans des compar.). || Un morceau de papier plus large que haut. → Faux, cit. 57. ☑ Loc. Un petit garçon pas plus haut qu'une botte (cit. 3), haut comme sa botte, haut comme trois pommes, pas plus haut que cela…, tout petit. || Plus haut d'une tête, de toute la tête (⇒ Dépasser, surpasser).
1 (…) les jambes du devant sont une fois plus hautes que celles de derrière (…)
Buffon, Hist. nat. des animaux, « La girafe ».
2 La figure sera haute de cent coudées,
Et d'un seul bloc (…)
Hugo, la Légende des siècles, XLIII, « Le temple ».
3 Mon berceau s'adossait à la bibliothèque,
(…) J'étais haut comme un in-folio.
Baudelaire, Pièces diverses, « La voix ».
4 (…) la minuscule madame Touki-San; haute comme une demi-botte (…)
Loti, Mme Chrysanthème, XII.
5 (…) la vocation ecclésiastique qu'il avait proclamée très fort quand il était haut comme trois pommes.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XI.
2 (En général antéposé). Qui est, dans le sens vertical, d'une dimension considérable, par rapport aux êtres ou objets de même espèce. ⇒ Élevé. || De hautes montagnes (→ Aigle, cit. 3; empanacher, cit. 4; fosse, cit. 8; gorge, cit. 33). || Haute cime. || Haute falaise (cit. 1 et 2). || Hauts rochers. || Hauts arbres, hautes herbes (→ Atteindre, cit. 21; briser, cit. 26). || Hautes fougères (cit. 1). || Bois de haute futaie (cit. 1 et 2). || Une tour assez haute; une haute tour, une haute pyramide (→ Apparaître, cit. 6). || Maison haute (→ Bocager, cit. 1), haute d'étage (→ Entrecroisement, cit.). || De hautes pièces (→ Atténuer, cit. 10; enfilade, cit. 2). || Des pièces hautes de plafond. || Hauts murs (→ Gadoue, cit. 1). || Haute porte (→ Cannelure, cit. 2). || Hautes cheminées (→ Face, cit. 25). || Haute horloge (→ Carillonner, cit. 1). || Hautes vagues, hautes cascades (cit. 4). — ☑ Loc. Vaisseaux de haut bord (cit. 1; → aussi arsenal, cit. 1). || Bâtiment haut, dont le bord s'élève fort au-dessus de la ligne de flottaison.
6 Des arbres si hauts qu'on ne les saurait passer avec une flèche.
Racine, Livres annotés.
7 Le tonnerre, la trombe, où le typhon se dresse,
S'acharnent sur la fière et haute forteresse (…)
Hugo, la Légende des siècles, XV, « Éviradnus », 3.
8 Une haute barrière de vapeur grise et légère apparaissait constamment à l'horizon sud (…)
Baudelaire, Trad. E. Poe, les Aventures d'A. Gordon Pym, XXV.
9 Une belle galère, ma foi, je l'avoue, haute de bords, bien ramée (…)
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 167.
10 (…) une assez belle chambre, avec un haut lit provincial (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXIII, p. 202.
10.1 Elles (les portes) sont peintes en brun foncé sur toute leur surface, et de dimensions identiques : très hautes pour leur faible largeur.
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 101.
♦ Homme de haute taille. || Mince et de taille assez haute. ⇒ Élancé (→ Élargissement, cit. 2). || Bœufs (cit. 5) de labour hauts de taille. || Une haute bête (→ 1. Garrot, cit.). || Front haut (→ Brosse, cit. 2; citadelle, cit. 7). || Hautes oreilles (→ Épais, cit. 6). || Haute coiffure (cit. 5; → aussi filer, cit. 3; gaufrer, cit. 1). || Chapeau (cit. 2) haut de forme. ⇒ Haut-de-forme. || Haut bonnet (→ Grenadier, cit. 2). || Col haut et large (→ Fanon, cit. 3). || Haute guimpe (cit. 3). || Talons hauts (→ Grosset, cit.).
11 Beau (…) l'air d'une fille, perché sur de hauts talons pour surélever sa petitesse (…)
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 100.
♦ ☑ Loc. Haut fourneau. ⇒ Fourneau (cit. 2 et 3).
1 (En épithète, généralement après le nom, sauf dans des expr.). Qui est mis ou porté au-dessus de la position normale ou habituelle. ⇒ Dressé, levé. || Aller, marcher la tête haute (→ Frêle, cit. 10). — ☑ Loc. fig. Il peut aller partout la tête haute, le front haut, sans craindre de reproches ni d'affronts. — S'avancer le menton haut, les sourcils hauts (→ Caparaçonner, cit. 2). — Marcher sur un adversaire l'épée haute. || Rester l'arme haute. || Chevalier portant la visière haute. — ☑ Loc. fig. Tenir la bride (cit. 3) haute, la dragée (cit. 3) haute à qqn. — Escr. || Garde haute. — Blason. || Croix haute, épée haute.
12 Un seul d'entre eux formait des pas avec agilité, la tête haute, le regard assuré, les bras étendus, le corps droit, le jarret ferme.
Voltaire, Zadig, XIV.
13 Gil, ce grand chevalier nommé l'Homme qui passe,
Parvint, la lance haute et la visière basse (…)
Hugo, la Légende des siècles, VI, L'hydre.
14 Un homme qui tient haute une épée à deux mains.
Hugo, la Légende des siècles, XVIII, Conf. du marquis Fabrice, 13.
➪ tableau Termes de blason.
♦ ☑ Loc. Tapisserie de haute lisse. ⇒ Lisse.
♦ ☑ Loc. Vx. Haut à la main : prompt à lever la main (pour frapper, se faire obéir); d'où : hautain, arrogant. — La main haute, levée en un geste menaçant. ☑ Fig. Tenir la main haute à qqn, ne rien lui passer. ☑ Tenir la main haute dans une affaire : « se rendre difficile sur les conditions » (Littré), être exigeant. — ☑ (1835, Académie). Mod. Haute main. || Avoir la haute main dans une affaire, un parti, un ouvrage…, y avoir l'autorité, la part prépondérante (→ Empreinte, cit. 12). || Il a la haute main sur toute l'entreprise, sur toute l'équipe, il contrôle tout.
15 La grammaire, qui sait régenter jusqu'aux rois,
Et les fait la main haute obéir à ses lois ?
Molière, les Femmes savantes, II, 6.
♦ ☑ Haut vol. || Oiseaux de haut vol. || Plongeons de haut vol. ☑ Fig. Escroc de haut vol, de haute volée. || Prendre un vol trop haut.
16 (…) un oiseau de haut vol peut parcourir chaque jour quatre ou cinq fois plus de chemin que le quadrupède le plus agile.
Buffon, Hist. nat. des oiseaux, Discours…
♦ ☑ Loc. Mar. Pavillon haut.
♦ Mar. || Porter une voile haute, sans ris.
♦ Hautes eaux, par rapport à l'étiage (cit. 1). ⇒ Crue. || Les Hautes Eaux, roman de P. Zumthor.
17 Les eaux furent hautes sur la terre pendant cent cinquante jours.
Bible (Crampon), Genèse, VII, 24.
18 De ces conditions résulte (pour les fleuves sibériens) un régime curieux (…) Les hautes eaux sont au printemps, les maigres, en automne.
E. de Martonne, Nouvelle géographie physique, t. I, p. 479.
♦ ☑ Loc. Marée haute. — (1121, mer holte). || La haute mer.
2 (En épithète, généralt antéposé). Qui se trouve situé au-dessus, par rapport aux choses de même espèce, ou par rapport au reste de la chose. || Une haute branche (→ Guenon, cit. 2). || Un lieu haut (→ Appréhension, cit. 3); un haut lieu. ⇒ Dominant. ☑ Fig. Les hauts lieux de la chrétienté. — Haut plateau. || Les hautes terres. || Le plus haut étage d'une maison, le plus haut degré (⇒ Supérieur), la plus haute marche d'un escalier (⇒ Dernier). || La plus haute étagère (cit. 2). || Les nuages sont hauts. || Les hautes régions de l'air (→ Brise, cit. 1). || Hautes latitudes (l'opinion ancienne faisant le Nord plus haut que le Midi). || Le plus haut point. — ☑ Loc. Au plus haut point (supra cit. 48). ⇒ Culminant. — ☑ (1530). Le haut bout (cit. 1 et 2) de la table (réellement plus élevé que l'autre à l'origine). — Mar. || Les hautes voiles : les voiles supérieures.
19 Car depuis que le temple de Salomon fut bâti, il n'était plus permis de sacrifier ailleurs, et tous ces autres autels qu'on élevait à Dieu sur des montagnes, appelés par cette raison dans l'Écriture les hauts lieux, ne lui étaient point agréables.
Racine, Préface d'Athalie.
20 Quand on peut s'enfoncer entre deux pans de rocs,
Et, comme l'ours, l'isard et les puissants aurochs,
Entrer dans l'âpreté des hautes solitudes (…)
Hugo, la Légende des siècles, XXI, « Masferrer », 3.
♦ N. m. (Superlatif neutre). || Du plus haut de l'échelle au plus bas (→ Bourreau, cit. 4). || Au plus haut de sa course (cit. 18). || Astre au plus haut de sa course (⇒ Apogée, zénith). || Gloire (cit. 49) à Dieu au plus haut des cieux.
21 Ils allaient au plus haut de la perfection.
Corneille, Imitation de J.-C., I, 681.
♦ (Avec l'art. défini, désignant « la partie supérieure par rapport au reste »). — (1834, Ségur). || La ville haute : la partie haute de la ville. || La ville haute de Bar-le-Duc. || Le haut pays. || Les hautes Pyrénées, les hautes Alpes. — (Mil. XVIe). || La haute Savoie, la haute Égypte, la haute Allemagne. — (1656, Molière). || Le haut allemand : dialecte de la haute Allemagne. — Le haut Rhin, la haute Loire, la haute Seine, le haut Danube.
REM. 1. Le mot haut, dans ces expressions géographiques, désigne pratiquement les régions les plus éloignées de la mer ou les plus proches de la source, par oppos. à bas.
2. Quand il s'agit d'appellations officielles de départements, provinces, circonscriptions, etc., on met un trait d'union entre l'adjectif haut et le nom, ainsi qu'une majuscule à l'adjectif. Les Hautes-Alpes. La Haute-Saône. La Haute-Volta. La Haute-Égypte. La Haute-Bavière.
22 Angoulême est une vieille ville, bâtie au sommet d'une roche en pain de sucre qui domine les prairies où se roule la Charente (…) toutes les industries qui vivent par la route et par la rivière, se groupèrent au bas d'Angoulême pour éviter les difficultés que présentent ses abords (…) Le faubourg de l'Houmeau devint donc une ville industrieuse et riche, une seconde Angoulême que jalousa la ville haute où restèrent le Gouvernement, l'Évêché, la Justice, l'aristocratie.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 490-491.
23 Il faut dire que la ville haute était pour lui une espèce de région de rêve. Autant il détestait la ville basse, le faubourg, avec l'usine, le relent de chocolat, les laideurs de la vie moderne et sordide, autant la haute partie de la ville avec ses maisons anciennes, dont beaucoup étaient abandonnées, les souvenirs des ducs de Provence, des passages royaux, les écussons aux portes, et ces délabrements où soudain filaient le vent et le soleil, autant tout cela l'enchantait (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, I, X.
♦ Subst. En apposition après un toponyme. || X-le-haut.
3 (1690, Furetière). Temporel. (Avant le nom; toujours épithète). Qui est près de l'origine, de la source. ⇒ Ancien, éloigné, reculé. || Haute époque. || La haute antiquité de l'argot (cit. 5). || Coutume de la plus haute antiquité (→ Aspersion, cit. 4). || Haute origine (→ Échelle, cit. 15). || Le haut moyen âge. || Le Haut Empire : l'Empire romain d'Auguste à Constantin.
23.1 (…) les musées américains si bien dotés, ont fourni, pour l'art des hautes époques, un effort qui surpasse tout ce que nous avons pu faire.
Paul Morand, New York, p. 226.
4 a (1080, Chanson de Roland). Avant le nom, toujours épithète. (Sur l'échelle des degrés d'intensité). ⇒ 1. Fort, grand, intense. || Haute pression du sang (→ Érection, cit. 3). || Haute tension. || Haute fréquence. || Haute température. ⇒ Chaud. — Vx. || Haut goût. || Mets de haut goût. ⇒ Épicé, relevé (→ Assaisonner, cit. 1; gibier, cit. 3). || Gaillardise (cit. 2) de haut goût. — Anecdote de haute graisse (→ Grivoiserie, cit. 1). — ☑ Loc. mod. De haute lutte (→ Aborder, cit. 12). — Le haut mal. ⇒ Épilepsie. — Arriver à son plus haut développement. || Le plus haut éclat. ⇒ Vif. — ☑ Loc. Haut en couleur : très coloré (du teint); (fig.) pittoresque.
24 Enfin, comme il repassait devant l'hôtel des Ambassadeurs, ses yeux inquiets rencontrèrent ceux d'une grosse femme, encore assez jeune, haute en couleur, à l'air heureux et gai.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XXIV.
25 (…) une civilisation arrivée à son plus haut développement, un art à son point culminant (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 240.
b (1080). Après le nom. (Sur l'échelle, le registre des sons). ⇒ Aigu, élevé. || Ton haut, tonalités hautes. || Ce morceau est trop haut pour ma voix. || Voix qui reste harmonieuse dans les notes hautes.
26 (…) on étouffe les basses notes au profit des notes élevées; on aiguise les hautes, mais ce résultat ne s'obtient souvent qu'au détriment de la voix, qui se fatigue ou s'altère.
Th. Gautier, Portraits contemporains, Madame Sontag.
27 Elle fredonna la mélodie d'une voix insaisissable, tremblante et haute, comme succédant à des pleurs.
Colette, la Chatte, p. 161.
c (Sur l'échelle des degrés de puissance de la voix). ⇒ Éclatant, 1. fort, puissant, retentissant, sonore. || À haute voix. ⇒ Voix (supra cit. 10). || Lire à voix haute. || Parler à haute et intelligible voix. — La parole haute et magistrale. → Entendre, cit. 35. || Elle jetait une clameur si haute que… (→ Accoucher, cit. 2). || Une plus haute clameur (→ Frénésie, cit. 11). — ☑ Loc. Jeter, pousser les hauts cris (cit. 15 et 16). — Vieilli. || Messe haute, chantée (par oppos. à messe basse). ⇒ Messe (grand-).
28 Il ne nous parlait presque jamais à voix haute, à mots couverts seulement, on aurait dit qu'il ne vivait, qu'il ne pensait que pour conspirer, épier, trahir passionnément.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 133.
♦ ☑ Loc. fig. (Vieilli). Prendre le haut ton, le prendre d'un ton haut, sur un ton haut, sur le haut ton : être arrogant, menaçant. ☑ Avoir la parole haute : parler avec fierté, hauteur. — ☑ Loc. (1835, Académie). Mod. Avoir le verbe haut (→ Geste, cit. 12). ☑ N'avoir jamais un mot, une parole plus haut(e) que l'autre : parler sur un ton uni qui marque l'égalité d'humeur ou le sang-froid. || Nous n'avons jamais eu ensemble une parole plus haute que l'autre : nous ne nous sommes jamais querellés. ⇒ Entendre (s').
29 Vous le prenez là d'un ton un peu trop haut (…)
Molière, l'Étourdi, I, 3.
30 (…) jamais nous n'avons eu une parole plus haute que l'autre au sujet de Mahomet et de Brama.
Voltaire, Bababec et les fakirs.
31 Le jardinier, qui n'a peut-être jamais dit un mot plus haut que l'autre à sa femme, les entend échanger des injures ignobles.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XX, p. 153.
♦ Par métonymie. (Personnes). ☑ Être haut en parole : avoir le verbe haut, parler fort.
5 (V. 1050). Avant le nom, seult dans des syntagmes où haut est épithète. (Dans l'ordre de la puissance, sur l'échelle sociale et politique). ⇒ Éminent, grand, important. || Haut personnage (→ Apprendre, cit. 2). || Hauts fonctionnaires (cit. 6). || Le haut personnel administratif (→ Arguer, cit. 2). || La haute administration. || La haute magistrature, le haut clergé, la haute finance, la haute bourgeoisie. ☑ Hautes sphères. || Les hautes classes de la société. || La haute société. ☑ (1866, Littré). En haut lieu. — N. f. (1821). || La haute : la haute société. → ci-dessous, cit. 32 et 32.1.
32 Eh bien, si nous ne soupons pas dans la haute, dit mon ami, — je ne sais trop où nous irions à cette heure-ci. Pour la Halle, il est trop tôt encore.
Nerval, Nuits d'octobre, V.
32.1 (…) Mariette. Sa mère dit maintenant :
— On la jalouse, et non seulement les filles du pays, mais les gens de la haute, parce qu'elle s'habille bien et qu'elle est belle.
J. Renard, Journal, 27 juil. 1908.
33 Tout le haut clergé était là, les cardinaux en robes rouges, l'avocat du diable en velours noir, les abbés de couvent avec leurs petites mitres, les marguilliers de Saint-Agrico (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, La mule du Pape.
34 Or, le luxe s'étale dans les hautes classes — si tant est qu'on puisse appeler « haut » un monde moralement si bas.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Ascension de Bonaparte, I.
♦ Par anal. || La haute pègre. ⇒ Pègre (cit. 1 et 3).
♦ (Titre honorifique). Hist. || Haut et puissant seigneur, très haut et très puissant seigneur. || Haute et puissante dame, très haute et très puissante dame. || Très haut et très puissant prince, très haute et très puissante princesse. — Diplom. || Les hautes puissances contractantes.
35 Haute et puissante dame Yolande Cudasne,
Comtesse de Pimbesche, Orbesche, et cætera (…)
Racine, les Plaideurs, II, 4.
36 C'est, Messieurs, ce que vous verrez dans la vie éternellement mémorable de très-haut et très-puissant prince Louis de Bourbon, Prince de Condé, Premier Prince du Sang.
Bossuet, Oraison funèbre du prince de Condé.
♦ N. m. || Le Très-Haut : Dieu.
37 Ou parles-tu du Dieu qu'il faudrait inventer (…)
Dieu consenti par Locke et que Grimm refusa,
Très-Haut à qui d'Holbach a donné son visa (…)
Hugo, Dieu, « Les voix ».
♦ (V. 1200, halte curt). || La Haute Assemblée (→ Formule, cit. 12). || La Chambre haute et la Chambre basse d'un parlement (cf. Chambre des Lords, en Grande-Bretagne). — Haute Cour de justice, ou, absolt, Haute Cour : tribunal d'exception destiné à juger certains crimes ou délits politiques. ⇒ Cour. || Loi du 27 octobre 1946 sur la constitution et le fonctionnement de la Haute Cour de justice. — Anciennt. || Haute justice, exécuteur de la haute justice, des hautes œuvres (→ Assassiner, cit. 14). ⇒ Bourreau.
38 La haute cour de justice se composait, aux termes de la Constitution, de sept magistrats : un président, quatre juges et deux suppléants, choisis par la Cour de cassation parmi ses propres membres et renouvelés tous les ans.
Hugo, Hist. d'un crime, I, XI.
39 Il (le Président de la République, dans le cas de haute trahison) peut être mis en accusation par l'Assemblée nationale et renvoyé devant la Haute Cour de justice (…)
Les ministres peuvent être mis en accusation par l'Assemblée nationale (pour les crimes et délits commis dans l'exercice de leurs fonctions) et renvoyés devant la Haute Cour de justice.
Constitution du 24 octobre 1946, Art. 42 et 57.
♦ Haut rang (→ Admettre, cit. 17; éterniser, cit. 4). || Le plus haut rang. ⇒ Suprême. || Hautes charges, hautes dignités. || Haute situation. || Hautes positions (→ Briser, cit. 11). || Hautes destinées (→ Griser, cit. 6). || Haute naissance (→ Arrogance, cit. 3). || Haut parage. || Haut poste. — Faire intervenir de hautes influences. ⇒ Puissant. || Hautes protections. || Hautes relations. — Haute responsabilité (→ État-major, cit. 3). || La plus haute souveraineté (→ Adoration, cit. 1). || Réunion placée sous la haute présidence de…
40 À des partis plus hauts ce beau fils doit prétendre (…)
Corneille, le Cid, I, 3.
41 Il n'est pas toujours bon d'avoir un haut emploi.
La Fontaine, Fables, I, 4.
42 (…) un lord placé dans la plus haute situation, un sous-secrétaire d'État (…)
Baudelaire, les Paradis artificiels, Mangeur d'opium, I.
6 (1690, Furetière). Élevé sur l'échelle des prix, des valeurs cotées. || Haut prix. || À très haut prix. ⇒ Coûteux. || De hauts cours. || Les cours sont hauts, plus hauts. || Le change est haut. || Le dollar est de plus en plus haut. || Les cafés, les cotons sont hauts, les cours sont hauts. — Les fonds sont hauts. — Haute paie (paye). || Hauts salaires.
43 (…) cet homme est sous le coup de cent mille francs de lettres de change qui s'acquitteront, je l'espère, par le haut prix auquel monteront mes biens (…)
Balzac, le Contrat de mariage, Pl., t. III, p. 176.
44 Il fallait une haute paye pour décider un maçon, à disparaître dans cette sape fétide (…)
Hugo, les Misérables, V, II, VI.
♦ Jeu. || Hautes cartes, celles qui ont le plus de valeur, l'emportent sur les autres. || L'as est la plus haute carte au bridge.
7 (1531). Vx. Qui a de l'éclat. || Haute couleur. ⇒ Intense.
C Fig.
1 (1493). Littér. ou style soutenu (toujours épithète, antéposé, lorsqu'il est seul). Qui occupe une position nettement au-dessus de la moyenne sur l'échelle des valeurs intellectuelles, esthétiques ou morales. ⇒ Supérieur. || Haute intelligence (→ Équilibre, cit. 13). || Haute capacité (cit. 5). || Haut génie (cit. 14). || Haute pensée (→ Agoniser, cit. 1). || Avoir, donner une haute idée de qqn, qqch. (→ Éprendre, cit. 8). || La plus haute expression (cit. 44) de son génie. || « La haute critique, qui a son point de départ dans l'enthousiasme » (Hugo).
45 (…) l'autre excelle par un grand sens, par une vaste prévoyance, par une haute capacité, et par une longue expérience.
La Bruyère, les Caractères, II, 31.
46 Jacques sera comme vous un homme d'une haute instruction, plein de vertueux savoir (…)
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 957.
47 (…) en somme, figure haute et originale (…) Louis-Philippe sera classé parmi les hommes éminents de son siècle (…)
Hugo, les Misérables, IV, I, III.
48 Dans l'ordre des hauts génies, Rabelais suit chronologiquement Dante (…)
Hugo, W. Shakespeare, I, II, 12.
♦ (Avec l'idée d'une difficulté supérieure). || Hautes mathématiques. ⇒ Transcendant. || Haute philosophie. || De hauts problèmes. || Hautes spéculations. — Les hautes classes d'un lycée (→ Abréger, cit. 4). || Le haut enseignement. || L'École des hautes études, à Paris. || L'Institut des hautes études politiques. || Exercice de haute école, de haute voltige. — Haute couture, haute coiffure.
49 Il sait (…) le secret des familles : il entre dans de plus hauts mystères : il vous dit pourquoi celui-ci est exilé (…)
La Bruyère, les Caractères, II, 39.
50 Rendez-vous attentifs : voici le nœud. La matière est haute; et quelque ordre qu'on y apporte, elle échappe si on ne la suit (…)
Bossuet, 6e avertissement aux protestants, I, I, III.
51 (…) de l'étude des mathématiques, et particulièrement de la très haute branche de cette science, qui (…) a été nommée l'analyse (…)
Baudelaire, Trad. E. Poe, Histoires extraordinaires, « Le double assassinat de la rue Morgue ».
♦ (Dans l'ordre moral; l'épithète peut être postposée). Vx. ⇒ Beau, élevé, éthéré, noble. || De hauts sentiments (→ Appuyer, cit. 38). || Âme haute (→ Autant, cit. 26). || Une haute figure. || Homme d'un caractère (cit. 55) si haut que… || Les plus hautes ardeurs (→ Âme, cit. 38), les plus hautes passions (⇒ Altissime, littér.). Mod. || Hauts faits (cit. 7). — Vx. || Haute action (→ Attente, cit. 26). ⇒ Héroïque; exploit. || Une haute entreprise. — Les plus hautes vertus, les vertus les plus hautes. || De hauts devoirs (→ Absent, cit. 7). || De hautes leçons. ⇒ Édifiant.
52 Cette haute vertu qui règne dans votre âme.
Corneille, le Cid, II, 5.
53 En présence des maux épouvantables qui nous frappent, il n'est pas nécessaire d'avoir le cœur bien haut pour se sentir pénétré de tristesse.
Léon Bloy, Choix de textes, p. 236 (éd. Cri de la France).
54 (…) le plus grand style en art est l'expression de la plus haute révolte.
Camus, l'Homme révolté, p. 335.
♦ Didact. Qui occupe la position la plus élevée dans une hiérarchie. — Spécialt (rhét., théorie littér.). || Le haut style. ⇒ Élevé. || La haute comédie. → Caractère, cit. 67.
♦ Péj. (Vieilli). Plein d'orgueil, de vanité (attitudes, sentiments). ⇒ Altier, hautain. || Cette fierté si haute (→ Abaisser, cit. 5). || Prendre des airs trop hauts (→ Accroire, cit. 5). ⇒ Fier, supérieur.
55 Vous avez l'humeur haute, et c'est cette humeur-là dont il serait à propos que monsieur s'alarmât pour vous.
Marivaux, le Paysan parvenu, II.
56 Elle sait ce que signifient trop souvent (…) ces bruyantes fiertés qui se fondent à la moindre avanie et tournent à la bassesse. Madame de Sénecé, que le cardinal avait jusque-là maltraitée et qui faisait la haute, est choisie par lui pour garder ses nièces lorsqu'elles arrivent d'Italie (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 1er déc. 1851, t. V, p. 181.
2 (1080, Chanson de Roland). Dans un sens général. (Toujours épithète et antéposée). Très grand. ⇒ Extrême. — REM. L'emploi de haut, en ce sens, est extrêmement répandu à l'époque classique, et sans aucune acception de valeur, puisqu'on dit aussi bien haute sottise que haute piété. Il en est resté un certain nombre d'expressions lexicalisées. — Tenir qqn en haute estime (cit. 19). || Haute bienveillance. || En haute considération. || Haute réputation. || Communication (cit. 5) de la plus haute importance. || Avoir une haute conception de son devoir. || Une haute conscience de sa valeur (→ Génie, cit. 44). || Une haute idée de soi-même. ⇒ Exagéré. || C'est de la haute fantaisie, une invention sans aucun fondement, absolument folle. || Cette histoire est du plus haut comique. → Hautement comique. || Des prétentions du plus haut comique, tout à fait ridicules. || Les plus hautes jouissances. || De haute qualité. || De haute valeur. || Haute probabilité. || Instrument de haute précision. || Haute fidélité (calque de l'angl.). ⇒ Fidélité. || Haute sécurité (de fonctionnement).
57 C'est où je mets aussi ma gloire la plus haute.
Molière, Tartuffe, II, 1.
58 Les rhétoriques, inquiètes des contagions et des pestes qui sont dans le génie, recommandent avec une haute raison (…) la tempérance, la modération, le « bon sens » (…)
Hugo, W. Shakespeare, II, III, V.
♦ (1649). || Haute trahison. — REM. En dehors de cette expression, haut ne se dit plus guère en mauvaise part de ce qui est excessif en son genre, bien que l'Académie, reproduisant le texte de sa première édition (1694) enregistre encore dans la huitième (1935) : haute insolence, haute effronterie, haute injustice. Il a fait une haute sottise.
59 Par lui j'ai jeté Rome en haute jalousie (…)
Corneille, Nicomède, I, 5.
60 (Ce vers) n'est pas français. On inspire de la jalousie, on la fait naître. La jalousie ne peut être haute; elle est grande, violente, soupçonneuse, etc.
Voltaire, Commentaires sur Corneille, Nicomède, I, 5.
♦ Haute surveillance.
———
II N. m. (1170).
1 a (… de haut). Dimension dans le sens vertical, de la base au sommet. ⇒ Altitude, élévation, hauteur. || La tour Eiffel a trois cents mètres de haut. || Une tour de cent coudées de haut (→ Arbalète, cit. 1). || Tableautin de vingt centimètres de haut sur quinze de large.
61 (…) il s'appelait Micromégas, nom qui convient fort à tous les grands. Il avait huit lieues de haut (…)
Voltaire, Micromégas, I.
b (Dans la construction emphatique… d'un haut). Grande hauteur.
61.1 Le chapeau de Gray attire tous les regards (…) Il est vrai que ce chapeau est d'un haut fabuleux. Déjà long par nature, la pluie l'a indéfiniment allongé (…)
R. Töpffer, Voyages en zigzag, Milan, Côme, Splugen, 7e et 8e journées, p. 169.
2 (… de haut, … du haut). Position déterminée sur la verticale. || Voler à cent mètres de haut. ⇒ Hauteur. — Parler du haut de la chaire, de la tribune (→ Blêmir, cit. 2). || « Du haut de ces pyramides… » (Bonaparte). || Tomber du haut du cinquième étage, du haut d'un balcon, d'une plate-forme. || Tomber de son haut, de toute sa hauteur.
62 Si l'enfant tombe de son haut, il ne se cassera pas la jambe (…) Je ne sache pas qu'on ait jamais vu d'enfant en liberté se tuer, s'estropier (…) à moins qu'on ne l'ait indiscrètement exposé sur des lieux élevés (…)
Rousseau, Émile, II.
♦ Par hyperb. || Il a failli tomber de son haut en apprenant cette nouvelle, tant la nouvelle était étonnante, renversante. ☑ Fig. Tomber de son haut : éprouver une extrême surprise, être saisi d'étonnement. ⇒ Renverse (tomber à la), renversé (être). Vx. || Tomber tout de son haut.
63 C'est un méchant : il me tint l'autre fois
Propos d'amour, dont je fus si surprise,
Que je pensai tomber tout de mon haut (…)
La Fontaine, Contes, « Le cocu battu et content ».
64 Et ce qui m'a vingt fois fait tomber de mon haut,
C'est de vous voir au ciel élever des sornettes
Que vous désavoueriez, si vous les aviez faites.
Molière, les Femmes savantes, IV, 2.
65 Quand Respellière avait dit les exigences d'Angélique, elle était tombée de son haut.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XXIV.
♦ Regarder qqn du haut de sa grandeur. || Du haut de sa condescendance (cit. 5). || Juger du haut de sa science.
66 Il se met au-dessus de tous les autres gens;
Aux conversations même il trouve à reprendre :
Ce sont propos trop bas pour y daigner descendre;
Et les deux bras croisés, du haut de son esprit
Il regarde en pitié tout ce que chacun dit.
Molière, le Misanthrope, II, 4.
67 Cette école (du juste milieu politique), avec sa fausse profondeur, toute de surface, qui dissèque les effets sans remonter aux causes, gourmande, du haut d'une demi-science, les agitations de la place publique.
Hugo, les Misérables, IV, X, I.
68 Et tu le juges, ce pauvre monde pourri, du haut de quoi ? De ton honnêteté, sans doute ?
Colette, la Fin de Chéri, p. 67.
3 (Fin XIIe). || Le haut de… : partie, région haute d'une chose. || Objets dessinés dans le haut d'un tableau. || Toucher qqn sur le haut de la poitrine (→ Céder, cit. 24). || Planter un clou au haut d'une paroi (→ Corde, cit. 1). || La lumière éclairait seulement le haut du front (→ Filtrer, cit. 2). || Frise (cit. 1) régnant au haut d'un mur. || Toile gâtée (cit. 4) dans le haut. || Déplacement vers le haut (→ Froncement, cit. 2). || Le haut de la ville. — Le haut d'une colonne, d'une page. || Un haut, des hauts de page.
69 Sans beaucoup de conviction elle fit le signe de la croix sur le haut de son corsage.
J. Green, Léviathan, IX.
♦ Le haut d'une robe, la partie au-dessus de la taille. ⇒ Corsage.
♦ Sans compl. || Il y a une tache sur le haut.
69.1 Le bas du tablier est très ample, ainsi que la jupe, tandis que le haut n'est qu'un simple carré de toile protégeant le devant du corsage.
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 63.
♦ Mus. || Le haut : les notes hautes (→ Gong, cit. 1).
♦ Typogr. || Haut de casse.
♦ N. m. pl. (1676). Mar. || Les hauts d'un navire, la partie émergée, ou celle qui est au-dessus du premier pont. « En parlant de la mâture ou du gréement d'un voilier, les hauts sont tout ce qui est au-dessus des chouquets et des bas-mâts » (Gruss, Dict. de marine).
69.2 Phileas Fogg héla un canot, s'y embarqua, et, en quelques coups d'aviron, il se trouvait à l'échelle de l'Henrietta, steamer à coque de fer, dont tous les hauts étaient en bois.
J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, p. 291 (1873).
69.3 — C'est que je vais être obligé de le brûler.
— Brûler mon navire !
— Oui, du moins dans ses hauts, car nous manquons de combustible.
J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, p. 301.
♦ Haut de cuisse (de poulet). || Haut de côtelette.
♦ Étiquette (cit. 2), caisse, carton portant les mentions haut et bas.
4 (V. 1354). La partie la plus haute, le point culminant. ⇒ Sommet. || Le haut d'une maison, d'une montagne, d'une tour. — Perché sur le haut d'un arbre (cit. 8), d'une branche. || Croix plantée sur le haut d'un clocher. || Girouette au haut d'une maison. || Au haut d'une montagne, sur le haut de la montagne (→ Arriver, cit. 10; ermite, cit. 1). || Nous étions au haut de la mosquée (→ Appel, cit. 6). || Arriver (cit. 6) au haut d'une côte. || Calvaire (cit. 4) pointant au haut d'une montée. || Gagner le haut d'une éminence (cit. 1). || Échelle (cit. 7) dont le haut touchait au ciel. — ☑ Fig. Atteindre le haut de l'échelle. ☑ Tenir le haut du pavé (→ Élégant, cit. 9; femme, cit. 26). || Le haut du jour.
70 Bientôt le haut du mont reparut sans Moïse.
A. de Vigny, Livre mystique, Moïse.
71 Au-dessus du repaire, au haut du mur de marbre,
Se tord et se hérisse une hydre de troncs d'arbre (…)
Hugo, la Légende des siècles, XXI, Masferrer, 4.
♦ Du haut de… || Rouler du haut d'un escalier, d'un perron (→ Front, cit. 4). || Tomber du haut d'une maison, d'un clocher (→ Briser, cit. 25). || Sources se précipitant par cascades (cit. 1) du haut de la montagne. || Évangile (cit. 10) dicté du haut d'une montagne solitaire. || Du haut des cieux (cit. 47), des airs (→ Furie, cit. 1). || Tirer, foudroyer (cit. 3) un lapin du haut d'un arbre.
72 Mais nous étions bien mal cachés
Toutes les cloches à la ronde
Nous ont vus du haut des clochers
Et le disent à tout le monde.
Apollinaire, Alcools, « Les cloches ».
73 Du haut de la tour décharnée, une voix descendit alors qui n'était peut-être qu'un soupir du vent d'automne dans les pierres.
G. Duhamel, Compagnons de l'Apocalypse, XXI.
♦ ☑ (1648). Du haut en bas : de la partie la plus haute à la partie la plus basse. || Nettoyer, visiter une maison du haut en bas (→ De la cave au grenier). ⇒ Partout. || Du haut en bas de l'échelle (→ fig. État, cit. 136). || Gangrener (cit. 3) du haut en bas. || Du haut jusqu'en bas. Vx. || Du haut jusques en bas.
74 Et je vous verrais nu du haut jusques en bas,
Que toute votre peau ne me tenterait pas.
Molière, Tartuffe, III, 2.
75 (…) il avait exigé, du haut en bas de sa maison, d'épais tapis.
Colette, la Fin de Chéri, p. 19.
♦ Fig. || Regarder qqn du haut en bas, l'examiner avec dédain, avec mépris. ⇒ Toiser. || Traiter qqn du haut en bas, avec mépris et arrogance. — REM. On dit plutôt de nos jours regarder, traiter qqn de haut en bas (→ infra, III., C., 1.; supra cit. 127).
76 Cela s'appelle, en vérité, se moquer du monde. Mais s'il lui est permis, comme à tout homme persuadé, de traiter du haut en bas les incrédules, il n'est pas défendu aux incrédules de lui exposer modestement leurs doutes.
Voltaire, Colimaçons du R. P., IIIe lettre.
76.1 Il reste à Philibert de constituer le comité de patronage. Le plus simple, c'est de frapper au plus haut : si le président de la Chambre et celui du Sénat trouvent les statuts honorables, quel ministre oserait ne pas ajouter son nom au leur ?
Alain Bosquet, les Bonnes Intentions, p. 100.
76.2 (…) dans les entreprises les salaires du haut sont souvent des revenus du capital ou d'entreprise.
A. Sauvy, Croissance zéro ?, p. 304.
♦ Le haut, le bas d'une hiérarchie. — ☑ Loc. Le haut de gamme. || Un produit haut de gamme. ⇒ Gamme.
77 Il y aura des hauts et des bas, mais les choses ne peuvent pas ne pas s'arranger.
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 32.
78 Moi, j'ai trente-six ans, j'ai pas toujours rigolé. Il y a eu des hauts et des bas. Mais j'ai vécu.
Sartre, le Sursis, p. 264.
78.1 (…) il faut lutter contre cette impression de détresse, d'écroulement… c'est de l'énervement, la contrepartie de l'excitation de tout à l'heure, elle a souvent de ces hauts et de ces bas, elle passe si facilement d'un extrême à l'autre…
N. Sarraute, le Planétarium, p. 12.
78.2 La patronne de « Coca » m'a assuré que Liliane était une bonne cliente, dont la trésorerie pouvait avoir des hauts et des bas, mais qu'elle finissait toujours par régler ses factures.
René Floriot, La vérité tient à un fil, p. 67.
78.3 (Cette lassitude en moi, ces jours-ci, qui vient des profondeurs de l'être. Je lui cherchais des explications rassurantes. On a ainsi des hauts et des bas. Mais lorsque l'on tombe toujours plus bas, lorsque c'est la chute libre du temps ?)
Claude Mauriac, le Temps immobile, p. 73.
a Vieux.
79 Sur un haut, vers cet endroit,
Était leur infanterie (…)
Molière, Amphitryon, I, 1.
80 Tenez, à parler franchement, j'aime mieux passer un an ou deux à vivre ainsi dans les hauts, sans rencontrer ni gouvernement, ni douanier, ni garde champêtre, ni procureur du roi, que de croupir cent ans dans votre marécage (c'est un paysan qui parle)
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 428.
80.1 Est-ce que tu pourras continuer à courir la montagne (…) quand la neige se sera mise dans les hauts, partout où elle peut tenir, comme la mauvaise mousse aux arbres.
C.-F Ramuz, Farinet ou la Fausse Monnaie, Éd. Rencontre, t. XIV, p. 131.
c (Dans certaines appellations géographiques). || Les Hauts de Meuse, de Moselle. || Le département des Hauts-de-Seine. Littér. || Les Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights), roman de E. Brontë.
7 ☑ Loc. adv. (où haut et bas sont nominaux). Entre haut et bas : en parlant sans trop élever la voix. (Au sens de « sons intenses »; → ci-dessous, III., B., 3.).
80.2 Beaucoup mouraient, et les médecins, surchargés de travail, à court d'espérance, disaient entre haut et bas que cette grippe était la peste, concourant ainsi à aggraver le désarroi des gens.
Suzanne Prou, la Terrasse des Bernardini, p. 132.
8 (Haut, nom, dans des loc. adv.). → ci-dessous, III., C.
———
III Adv. (1080) ou dans des loc. adv.
A Adj. à valeur adverbiale.
1 (Dans un commandement). En position haute. — Anciennt. || Haut le bras !, commandement d'artillerie. || Haut le bois !, commandement de lever les piques. || Haut la barre !, commandement adressé au timonier.
81 — (…) Haut la barre ! — Haute est, répondaient les matelots.
Rabelais, le Quart Livre, XXII.
82 Chevalier, haut la herse et bas le pont-levis !
Je veux entrer. Je veux passer (…)
Hugo, la Légende des siècles, XIX, Welf…, 2.
83 Haut les cœurs, donc, confiance, et aiguisons nos baïonnettes.
♦ ☑ Mod. Haut les mains !, sommation faite à un adversaire de lever les mains ouvertes (pour l'empêcher d'user de ses armes). || Haut les mains ! C'est un hold-up ! (cit. 1).
84 (…) il entendit derrière lui : « Haut les mains ! » Katow, par la fenêtre ouverte sur la coursive, le tenait en joue.
Malraux, la Condition humaine, 21 mars 1927, 4 h. 1/2 matin.
2 ☑ Haut la main : la main en position haute. || Mener un cheval haut la main, en tenant la bride haute (I., B., 1.). Fig. Avec autorité, en surmontant aisément tous les obstacles. || L'emporter, gagner, vaincre haut la main, sans effort, largement.
85 — Vous l'auriez guéri haut la main. — Sans doute, quand il y aurait eu complication de douze maladies.
Molière, Monsieur de Pourceaugnac, II, 1.
86 Vous gagneriez votre procès haut la main : car Guignes-la-Putain se trouve située dans une coutume qui vous est tout à fait favorable (…)
Voltaire, Dialogues, II, Un plaideur et un avocat.
3 ☑ Haut le pied. a Vx. En levant le pied (pour mieux courir, pour s'enfuir). || « Allez-vous-en, haut le pied » (Académie, 1694). || « Ce banqueroutier a fait haut le pied » (Littré). — REM. En ce sens on dit aujourd'hui lever le pied. — Exclam. || Haut le pied ! : fuyons.
87 (…) le cheval lui desserre
Un coup, et haut le pied.
La Fontaine, Fables, XII, 17.
88 Il s'agit d'aller au pas accéléré si nous voulons être à table en même temps que les autres. Haut le pied ! Saute, marquis ! là donc ! bien. Vous franchissez les sillons comme un véritable cerf !
Balzac, Adieu, Pl., t. IX, p. 750.
b Vieilli. || Haut le pied (en fonction d'adj.) : en parlant d'un cheval, Non monté, non chargé. || Cheval, mulet haut le pied : bête de rechange qui suit sans être montée. — N. m. (invar.) :
89 Puis, dans un dernier flot de poussière, ce furent les haut-le-pied, les hommes et les chevaux de rechange (…)
Zola, la Débâcle, I, II.
c (Ch. de fer). || Machine, locomotive haut le pied, qui circule sans être attelée à un train. || Train haut le pied : train de matériel vide.
89.1 (…) à l'aube nous réveille le sifflet de la locomotive haut-le-pied qui nous servira de voiture particulière.
Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques, p. 140.
B Adv.
1 (1119). En un endroit, un point haut sur la verticale. || Monter, voler, planer, sauter haut, plus haut, très haut (→ Bondir, cit. 4; cabriole, cit. 2; comprimer, cit. 10; fraîcheur, cit. 5). || Être haut perché. || Être, demeurer, mettre, tenir, lever haut, plus haut, très haut (→ Blaireau, cit. 2; canal, cit. 12; épais, cit. 20; essor, cit. 1; filet, cit. 10; fléau, cit. 1). ⇒ Élever, hisser, jucher, monter. ☑ Être pendu haut et court. || Jupe haut relevée. || Cheval haut monté. — Le bateau pouvait remonter plus haut (vers l'amont, la source). → Envasement, cit.
90 Madame à sa tour monte
Si haut qu'elle peut monter.
Chanson de Malbrough, 4e couplet.
91 Tous les yeux s'étaient levés vers le haut de l'église (…) sur le sommet de la galerie la plus élevée, plus haut que la rosace centrale, il y avait une grande flamme qui montait entre les deux clochers (…)
Hugo, Notre-Dame de Paris, X, IV.
92 Enfin, de son vil échafaud,
Le clown sauta si haut, si haut,
Qu'il creva le plafond de toiles (…)
Th. de Banville, Odes funambulesques, Le saut du tremplin.
93 Le soleil luisait haut dans le ciel calme et lisse.
Verlaine, Romances sans paroles, Beams.
94 (…) indifférente à tout ce qui fait le souci des passants, elle se troussait assez haut (…)
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », VI.
95 Il y a des femmes qui ont les seins haut placés et d'autres au contraire qui les ont situés assez bas (…)
P. Richer, Nouvelle anatomie artistique, p. 175.
♦ Porter haut. || Porter haut la tête (→ Attitude, cit. 18). || Cheval qui porte haut, qui va fièrement en tenant la tête haute. || Porter haut son cheval, le faire marcher la tête haute.
96 Les jeunes garçons qui commencent a monter a cheval, quand ilz sentent leur cheval porter un peu plus haut, ne serrent pas seulement les genoux, ains (mais) se prennent a belles mains a la selle.
97 (Les pingouins royaux) marchent très droits, avec une allure pompeuse. Ils portent la tête très haut, avec leurs ailes pendantes, comme deux bras (…)
Baudelaire, Trad. E. Poe, les Aventures d'A. Gordon Pym, XIV.
♦ ☑ Fig. Porter haut la tête : être fier. — ☑ Vieilli. Le porter haut, en parlant de quelqu'un qui « fait l'homme de qualité, qui fait une grande dépense et au-dessus de sa condition » (Trévoux); d'où : se montrer fier et hautain.
98 Je vous trouve un esprit bien plein de vanité,
Si de cette créance il peut s'être flatté (…)
Détrompez-vous, de grâce, et portez-le moins haut (…)
Molière, le Misanthrope, V, 4.
99 Ce seigneur avait une fierté convenable à un homme qui portait tant de noms. Il parlait aux hommes avec le dédain le plus noble, portant le nez si haut, élevant si impitoyablement la voix, prenant un ton si imposant, affectant une démarche si altière, que tous ceux qui le saluaient étaient tentés de le battre.
Voltaire, Candide, XIII.
2 En un point reculé dans le temps. ⇒ Loin. || Origine qui remonte haut. ⇒ Ancien (cit. 1). || Si haut qu'on remonte dans l'histoire. || Remonter plus haut, reprendre les choses de plus haut, dès l'origine des faits.
100 Quelque haut qu'on puisse remonter pour rechercher dans les histoires les exemples des grandes mutations (…)
Bossuet, Oraison funèbre de Henriette de France.
101 (…) l'exposition historique de l'ordre dans lequel nos connaissances se sont succédé, ne sera pas moins avantageuse pour nous éclairer (…) Pour ne point remonter trop haut, fixons-nous à la renaissance des lettres.
D'Alembert, Disc. préliminaire de l'Encycl., Œ., t. I, p. 55.
♦ Plus haut : précédemment (dans l'ordre de déroulement de la lecture d'un texte). ⇒ Ci-dessus, supra. || Reportez-vous plus haut, voir plus haut. ⇒ Référence.
102 Comme on a pu le remarquer dans ce qui a été dit plus haut, le logis était distribué de telle sorte (…)
Hugo, les Misérables, I, II, V.
3 (1080, Chanson de Roland). À haute voix, d'une voix forte; avec intensité. ⇒ Fort, fortement, intensément. || Parler haut. || Parlez plus haut, moins haut ! (→ Égosiller, cit. 1). || Crier très haut (→ Étouffer, cit. 20). Ellipt. || Plus haut ! : parlez plus haut — Entre haut et bas (cit. 84.1) : d'une voix mesurée, entre la voix haute et la voix basse. — Par métaphore. || La nature, les sens parlent plus haut que la raison (→ Farouche, cit. 15).
103 Vous me répondrez qu'il est un peu sourdaut,
Et que c'est déplaisir en amour (de) parler haut (…)
Ronsard, Pièces retranchées, Continuation des Amours.
104 Il a déjà appris l'affaire, et elle lui tient si fort en tête, que tout seul il en parle haut.
Molière, Scapin, I, 4.
105 Si quelquefois il est lésé (…) il crie haut; si c'est le contraire, il crie plus haut (…)
La Bruyère, les Caractères, X, 12.
♦ Tout haut (plus cour.). || Parler tout haut et tout seul. → Exutoire, cit. 2. || Se faire remarquer en parlant un peu trop haut. → Causer, cit. 2. || Lire, déclamer tout haut. → Entrecouper, cit. 2.
106 — Monsieur, reprit Jean Valjean, je voudrais vous dire un mot en particulier. — Tout haut ! parle tout haut ! répondit Javert; on me parle tout haut à moi ! Jean Valjean continua en baissant la voix : — C'est une prière que j'ai à vous faire (…) — Je te dis de parler tout haut. — Mais cela ne doit être entendu que de vous seul (…)
Hugo, les Misérables, I, VIII, IV.
♦ Ellipt., avec un verbe non déclaratif (sous-entendu en parlant). ☑ Penser tout haut : ne pas garder ses pensées pour soi, les exprimer sans crainte et sans réticence.
107 Une société peu nombreuse, et qui s'aime,
Où vous pensez tout haut, où vous êtes vous-même (…)
J.-B. Gresset, le Méchant, IV, 4.
108 Ce que je te demande simplement, c'est de ne plus jamais te taire ! Pense avec moi tout haut.
Paul Bourget, Un divorce, VII, p. 250.
♦ Spécialt. À haute voix et sans craindre de se faire entendre, sans ambages. (Surtout dans : bien haut, tout haut). ⇒ Franchement, hautement, nettement, ouvertement, publiquement. || Je le dirai bien haut, s'il le faut. ⇒ Clamer (→ Face, cit. 65). || Annoncer bien haut (→ Faire, cit. 66). || Exprimer tout haut ce que chacun murmure tout bas (→ Général, cit. 14). ☑ Parler haut et clair, haut et net.
109 (…) je vous dirai haut et net
Que je craindrai fort peu la honte.
Corneille, Poésies diverses, 28.
110 (…) j'avouerai tout haut, d'une âme franche et nette (que…)
Molière, les Femmes savantes, I, 2.
111 C'étaient des choses dont on ne devait pas causer tout haut, personne n'avait besoin de savoir ce qu'ils pensaient là-dessus.
Zola, la Terre, I, V.
♦ À haute voix et de façon arrogante ou provocante. || Vous parlez bien haut, vous feriez mieux de le prendre sur un autre ton !
112 Si je parlais trop haut, je trouverais fort bon
Qu'avec quelques soufflets il (mon mari) rabaissât mon ton.
Molière, les Femmes savantes, V, 3.
113 Comment vous nommez-vous, monsieur, qui parlez si haut ?
Voltaire, l'Ingénu, IX.
♦ ☑ Fig. Le prendre haut, bien haut : se montrer arrogant ou présomptueux (→ Céder, cit. 15; et infra, C., De haut).
114 Mais, mon petit Monsieur, prenez-le un peu moins haut.
Molière, le Misanthrope, I, 2.
114.1 M. Chèbe, lui, le prit de très haut, avec des phrases, des airs de tête, rapportant tout à sa personne, selon son habitude.
Alphonse Daudet, Fromont jeune et Risler aîné, p. 154.
♦ ☑ Loc. Vx. C'est un homme à qui il ne faut pas dire plus haut que son nom, « c'est un homme qui s'offense aisément » (Littré).
115 (…) il s'est laissé emmener au bagne tranquillement. À son retour, il est venu s'établir ici sous la protection de monsieur le curé; personne ne lui dit plus haut que son nom : il va tous les dimanches et les jours de fêtes aux offices, à la messe.
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 661.
116 Il mange haut et avec grand bruit (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 120.
♦ Monter haut (dans le registre des sons) : atteindre des notes élevées, aiguës. || Le soprano monte plus haut que le contralto; le contre-ténor plus haut que le ténor. || Attaquer un air un ton, un demi-ton trop haut.
4 (V. 1145). À un haut degré de puissance, à un haut degré de l'échelle sociale. || Des personnes haut placées (→ Échelle, cit. 13). || Un ambitieux qui cherche à se hisser plus haut (→ Épiscopat, cit. 2). || Ce prince a porté, élevé bien haut la grandeur (cit. 11) de son royaume. || Ce n'est pas un parti pour lui, il prétend, il vise trop haut. ⇒ Présomptueux.
117 Chacun tremble sous toi, chacun t'offre des vœux,
Ta fortune est bien haut, tu peux ce que tu veux (…)
Corneille, Cinna, V, 1.
118 Dans quelques jours vous pouvez me faire trancher la tête; tuez-moi, mais ne me calomniez pas : vous êtes placé trop haut pour descendre si bas.
Balzac, les Ressources de Quinola, IV, 2.
5 À un haut degré sur l'échelle des prix et des valeurs cotées. || Monter haut : s'élever à un prix considérable. || La dépense monte haut, plus haut que je ne pensais. || Pousser très haut les enchères.
119 (…) s'ils décidaient de pousser l'enchère beaucoup plus haut, il fallait leur faire bien mesurer le risque qu'ils lui demandaient, à lui Haverkamp, d'assumer à leur place.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, p. 76.
6 (Abstrait). À un haut degré sur l'échelle des valeurs (intellectuelles, esthétiques, morales…). || Jamais cet orateur ne s'est élevé aussi haut (→ Froideur, cit. 2). || C'est une œuvre que je mets très haut. || Admiration excessive (cit. 4) qui place un écrivain trop haut. || En s'élançant trop haut on est sujet aux chutes (cit. 13). || Estimer (cit. 21) très haut certaines qualités.
120 (…) je n'ai jamais vu porter si haut l'élégance de l'ajustement.
Molière, les Précieuses ridicules, 9.
121 Il fallait, s'il était possible, le placer si haut, ce drapeau, que la terre entière le vît, que sa flamme tricolore ralliât les nations. Reconnu comme le drapeau commun de l'humanité, il devenait invincible.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., II, IV.
122 Ses lettres étaient de quelqu'un qui souffre, mais plaçant trop haut sa Marthe pour la croire capable de trahison.
R. Radiguet, le Diable au corps, p. 67.
123 (Katherine Mansfield) était si loin de notre monde, déjà si détachée, si pure et montée si haut qu'il ne peut s'agir que de vénération et de respect.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 461.
C Loc. adv.
1 ☑ (V. 1175). De haut : d'un lieu, d'un point haut sur la verticale. || Voir, distinguer qqch. de haut, de plus haut, de très haut (→ Fresque, cit. 6). — ☑ Loc. (1580). Tomber de haut : au fig., subir une grave désillusion; aussi, éprouver de graves revers. — Fig. || L'homme est d'autant plus misérable qu'il est tombé de plus haut (→ Argument, cit. 2, Pascal). — Juger, arbitrer (cit. 3) de haut (→ Engager, cit. 17). || Dominer de haut, de très haut (→ au fig. Brio, cit. 4). || Voir les choses de haut, d'un peu haut, d'une vue générale et sereine.
124 Il avait donc échelonné sa brigade de telle façon que, vue de haut et de loin, vous eussiez dit le triangle romain de la bataille d'Ecnome (…)
Hugo, Notre-Dame de Paris, X, IV.
125 (…) on ne voit que tours sacrées émergeant des palmes, tellement que, de si haut, l'on dirait la multiplication des terriers des taupes dans un champ d'herbages.
Loti, l'Inde (sans les Anglais), IV, I.
126 (…) si haut que nous nous placions pour juger notre temps, l'historien futur le jugera de plus haut encore; la montagne où nous pensons avoir fait notre nid d'aigle ne sera pour lui qu'une taupinière (…)
Sartre, Situations II, p. 42.
♦ ☑ Le prendre de haut, de très haut : réagir avec arrogance.
♦ ☑ (1268). De haut en bas. S'emploie dans les mêmes sens que du haut en bas mais ne peut être suivi d'un complément; on ne dit pas de haut en bas de la maison, mais du haut en bas de… — Regard plongeant de haut en bas. || Le fémur (cit. 1) se dirige obliquement de haut en bas. → aussi Du haut en bas, ci-dessus B.; supra cit. 76. — Examiner qqn de haut en bas, de la tête aux pieds, complètement. || Regarder, traiter qqn de haut en bas, avec dédain, arrogance (→ supra, II., 3.).
127 (…) une (…) de ces femmes qui (…) regardent un chacun de haut en bas.
Molière, l'Impromptu de Versailles, 1.
128 (Ces dragons de vertu qui)
Prennent droit de traiter les gens de haut en bas.
Molière, l'École des femmes, IV, 8.
2 ☑ (V. 1120, en halt). En haut : dans la région, la partie haute, la plus haute. || Aller, monter en haut (→ Âme, cit. 3). || Il loge en haut et moi en bas. || S'ouvrir en haut (→ Cave, cit. 4). Dans une description. || En haut, telle chose… (→ Bouquet, cit. 2; cape, cit. 6; coque, cit. 7). — Tapissé depuis (cit. 24) en haut jusqu'en bas. || Gilet (cit. 1) boutonné jusqu'en haut. || Tout en haut : au point le plus haut. || Le livre est sur le rayon d'en haut (→ Grandeur, cit. 15). — Spécialt. Dans le ciel. || Étoile (cit. 12) qui brille en haut. — (1690). || Par en haut : par le haut. || Prenez par en haut.
129 (Il) monte en haut, en une chambre où (…)
Racine, Remarques sur l'Odyssée, II.
130 Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu.
Hugo, la Légende des siècles, II, « Booz endormi ».
♦ Fig. Dans les régions supérieures (socialement, moralement). || Épuration (cit. 2) qui frappe en haut. || « Le peuple est en haut… » (→ Foule, cit. 14, Hugo).
130.1 Ses disciples dogmatiques (de Lénine) et autoritaires traduisirent cette thèse en proclamant que la conscience révolutionnaire devait être apportée à la base du dehors, et sa propre expérience d'en haut, par le Parti et ses chefs.
Roger Garaudy, Parole d'homme, p. 198.
130.2 L'expérience a prouvé que les révolutions qui se font par en haut, et non par en bas, par la base, ne mettent pas fin aux aliénations, mais au contraire les perpétuent.
Roger Garaudy, Parole d'homme, p. 200.
♦ En direction du haut. || Regarder en haut. || Tirer, pousser en haut : élever, enlever, lever. || Mouvement de bas en haut.
♦ Adv. Vx. || En-haut, enhaut. || Mettre des fleurs en enhaut, en en-haut (cf. Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 5).
130.3 Il y avait plus de deux heures que les Vêpres étaient finies, — car c'était dimanche, ce jour-là, — et le nuage d'encens qui forme longtemps un dais bleuâtre dans l'en-haut des voûtes du chœur, après les Offices, s'y était évaporé.
Barbey D'aurevilly, les Diaboliques, « À un dîner d'athées ».
3 ☑ Loc. prép. En haut de : dans la partie supérieure de… || Tout en haut de l'estrade (→ Bloquer, cit. 3). || Fanal (cit. 2) en haut du mât. || Dessin en haut de la page, en haut de page. || Habiter en haut de la ville.
131 Le jardin de ma grand-mère, suspendu en haut d'un mur, dominait l'avenue Garibaldi.
J. Chardonne, l'Amour du prochain, p. 95.
4 ☑ (1669, « du ciel »). D'en haut : de la partie haute, de la région supérieure. || Les dents d'en haut (→ Articuler, cit. 10; bout, cit. 5). || Pièce où la lumière vient d'en haut. || On a d'en haut une vue admirable.
132 Il voyait d'en haut les truands, pleins de triomphe et de rage, montrer le poing à la ténébreuse façade (…)
Hugo, Notre-Dame de Paris, X, IV.
♦ Fig. Du ciel, de Dieu. || Grâce (cit. 26), disgrâce d'en haut (→ Attirer, cit. 34). || Message, inspiration d'en haut. || Âme éclairée d'en haut. — D'une autorité supérieure. || Des instructions, des ordres qui viennent d'en haut. || Le mauvais exemple vient d'en haut.
133 Mes prières n'ont pas le mérite qu'il faut
Pour avoir attiré cette grâce d'en haut (…)
Molière, Tartuffe, III, 3.
134 Il a connu la sagesse que le monde ne connaît pas; cette sagesse « qui vient d'en haut, qui descend du Père des lumières », et qui fait marcher les hommes dans les sentiers de la justice.
Bossuet, Oraison funèbre de Michel Le Tellier.
135 Ne valait-il pas mieux croire à un miracle de la Providence, à une inspiration d'en haut qui était venue à sa mère juste à ce moment, en récompense de la contrition véritable du pécheur ?
Aragon, les Beaux Quartiers, I, X.
5 (Vx). || Par haut : en haut. || « En haut, par haut, façons de parler adverbiales, qui désignent un endroit plus élevé que celui où l'on est » (Trévoux).
♦ ☑ Loc. Aller (cit. 15) par haut : vomir. || Aller par haut et par bas.
6 Là-haut. ⇒ Là.
❖
CONTR. Bas. — Petit. — Baissé. — Moderne, récent. — Faible. — Modeste. — Mesquin. — Abîme, bas, base, culot, fond. — Bas. — Près, récemment. — Infra.
DÉR. 1. Hautain, hautement, hautesse, hauteur, hautin. — V. Hauturier.
COMP. Contre-haut (en). Passe-haut. — Haut-commissaire, haut-commissariat (V. Commissaire, commissariat), hautbois, haut-de-chausses, haut-de-côtelettes, haut-de-forme, haute-contre, haute-fidélité, haute-lissier, haut-fond, haut fourneau (V. Fourneau), haut-le-cœur, haut-le-corps, haut-parleur, haut-pendu, haut-relief, hauts-parcs.
HOM. Au, aux, aulx, eau, ho, o, o', ô, oh, os (plur.). — (Du fém.) Hôte; formes du v. ôter.
Encyclopédie Universelle. 2012.