Akademik

heur

heur [ ɶr ] n. m.
• v. 1160 eür, aür; lat. imp. agurium, class. augurium « présage »
Vx Bonne fortune. bonheur; heureux.
Loc. Vieilli Avoir l'heur de (et inf.),la chance, le plaisir de. Mod. Je n'ai pas eu l'heur de lui plaire.
⊗ CONTR. Malheur. ⊗ HOM. Heure, heurt.

heur nom masculin (latin populaire agurium, du latin classique augurium, augure) Littéraire. N'avoir pas l'heur de plaire à quelqu'un, n'avoir pas la chance, le bonheur de lui plaire. ● heur (difficultés) nom masculin (latin populaire agurium, du latin classique augurium, augure) Emploi Heur n'est plus guère employé que dans la locution avoir l'heur de (= avoir la chance de), qui appartient au registre soutenu : je n'ai pas eu l'heur de lui plaire. ● heur (expressions) nom masculin (latin populaire agurium, du latin classique augurium, augure) Littéraire. N'avoir pas l'heur de plaire à quelqu'un, n'avoir pas la chance, le bonheur de lui plaire. ● heur (homonymes) nom masculin (latin populaire agurium, du latin classique augurium, augure) heure nom féminin heurt nom masculin

heur
n. m. Litt. Chance. Avoir, ne pas avoir l'heur de plaire à qqn.

HEUR, subst. masc.
A. — Vx, rare. Ce qui arrive d'heureux ou de malheureux. Le fou se plaint de l'heur mauvais seulement (CLAUDEL, Tête d'Or, 1890, 2e part., p. 60). V. bonheur ex. 2.
B. — Destin favorable, bonne chance, ce qui arrive d'heureux. Tout se tourne en mieux (...); il me tardait de vous en faire part. Heur et malheur se disent aux amis (E. DE GUÉRIN, Lettres, 1839, p. 267). Sa robuste confiance en lui-même, en l'heur imperturbable de sa destinée, tout doucement commençait à chanceler. Il doutait de sa veine (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 216). Heurs et malheurs ont plutôt l'air tirés au sort que logiquement répartis! (BERNANOS, Dialog. Carm., 1948, 3e tabl., 1, p. 1613).
Expr. vieillies, parfois iron.
Avoir l'heur de (+ inf.). Avoir la chance, le plaisir de. Qu'il est doux au loin de s'entendre, Sans même avoir L'heur de se voir! (BRIZEUX, Marie, 1840, p. 26). Dans une quinzaine j'aurai l'heur d'embrasser ta trombine (FLAUB., Corresp., 1862, p. 31).
N'avoir pas l'heur de (plaire, etc.). Hélas! cette visite, nous n'eûmes point l'heur, le bonheur de la recevoir (VERLAINE, Œuvres posth., t. 3, Souv. d'hôp., 1896, p. 114). Hellmuth lui disait, avec un sourire pincé : — Est-ce que ceci n'a pas encore l'heur de vous plaire? (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 487).
Loc. proverbiale. Il n'est/il n'y a/tout n'est qu'heur et malheur (dans ce monde, etc.). Il n'y a qu'heur et malheur dans ce monde, M. l'Hermite, pour les choses comme pour les hommes (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 116). N'est-ce pas chose ordinaire que d'entendre dire : celui-là est mort, celui-là est ruiné? On danse, on boit par là-dessus. Tout n'est qu'heur et malheur (MUSSET, A. del Sarto, 1834, II, 2, p. 87) :
... une foule de causes variables qu'on peut appeler hasard, se combinent avec l'énergie de chacun, pour l'aider ou la combattre. Cette énergie, tantôt triomphe, tantôt succombe; il n'est qu'heur et malheur, voilà tout... Quand on se sent vigoureux d'âme, plein d'aptitude et d'essor, et que pourtant la destinée favorable nous manque, on la voudrait du moins noblement et grandement contraire.
SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 108.
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. heure, heurt. Étymol. et Hist. 1. Ca 1121 « sort, fatalité, destin » ici bon öur « fatalité heureuse, chance » (St Brandan, v. bonheur étymol. et hist.); ca 1170 a boen eür « heureusement » (CHR. DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 2772); 1306 heur (JOINVILLE, St Louis, éd. N. de Wailly, 1874, § 641, p. 352); 2. ca 1190 « chance, bonheur » (G. DE PONT STE MAXENCE, St Thomas, 274 ds T.-L.); 1540 avoir l'heur de « avoir la chance, le bonheur de » (N. HERBERAY DES ESSARS, Amadis, éd. H. Vaganay, 167 ds IGLF). Du lat. augurium « augure, interprétation des présages, présage (dans la religion romaine) » par l'intermédiaire de la forme agurium du b. lat. (TLL s.v. 1731, 11) et glissement au sens de « sort, condition, destinée » (cf. TLL s.v. 1375, 83); la collision homon. avec heure, notamment dans des expr. avec bon ou mal eur, est à l'orig. de l'ajout de l'initiale h au Moyen Âge. Fréq. abs. littér. : 105.

heur [œʀ] n. m.
ÉTYM. V. 1121, eür, aür « hasard, chance »; du lat. impérial agurium, du lat. class. augurium « présage » (→ Augure); archaïque dès le XVIIe.
1 (XIVe). Vx. Bonne fortune. Bonheur, chance; → 1. Aide, cit. 9.
1 Puisse le juste ciel, content de ma ruine,
Combler d'heur et de jours Polyeucte et Pauline !
Corneille, Polyeucte, II, 2.
2 Heur se plaçait où bonheur ne saurait entrer; il a fait heureux, qui est si français, et il a cessé de l'être (…)
La Bruyère, les Caractères, XIV, 73.
2 Loc. Littér. ou iron. Avoir l'heur de plaire à qqn (→ Freluquet, cit. 2). || Je n'ai pas l'heur de lui plaire.
3 Mais au moins dites-moi, Madame, par quel sort
Votre Clitandre a l'heur de vous plaire si fort ?
Molière, le Misanthrope, II, 1.
Avec d'autres verbes que plaire comme complément :
3.1 Enfin après vingt-cinq ans, j'ai eu l'heur de trouver un admirable auxiliaire, l'aide et l'appui de La Poétique, la ferme et consciente admiration de son directeur (…)
Léonce de Larmandie, Histoire de J.-G.-N. dit Humilis, in Germain Nouveau, Œ., Pl., p. 1052.
Heur et malheur. — ☑ Prov. Il n'y a qu'heur et malheur dans ce monde : tout est une question de chance.
4 — Tout est heur et malheur, dit Bordin en regardant ses clients. Acquittés ce soir, vous pouvez être condamnés demain.
Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 609.
5 Vous aviez de l'esprit, marquis. Flux et reflux,
Heur, malheur, vous avaient laissé l'âme assez nette (…)
Hugo, les Contemplations, V, Écrit en 1846, 1.
6 Jamais aucun livre ne lui a coûté tant de peine. Il ne peut se résoudre à le délaisser tout à fait, il est devenu pour son cerveau malade une sorte de fétiche, le signe augural dont dépend l'avenir, heur ou malheur.
Bernanos, Un mauvais rêve, in Œ. roman., Pl., p. 933.
CONTR. Malheur.
DÉR. Heureux.
COMP. Bonheur, malheur.
HOM. Heure, heurt.

Encyclopédie Universelle. 2012.