Akademik

hucher

hucher [ 'yʃe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1160; lat. pop. °huccare, probablt onomat.
Vx ou vén. Appeler en criant, en sifflant.

hucher
v. (Acadie)
rI./r v. tr.
d1./d Appeler (qqn) de loin, à haute voix. Huche ton père pour le souper!
d2./d Crier (qqch). Hucher un cri.
Hucher à qqn de (+ inf.).
rII./r v. intr. Crier fort, hurler. Des enfants qui huchent.

I.
HUCHER1, verbe trans.
Vieilli, région.
A. — Appeler quelqu'un d'une voix forte. Hucher à pleine voix. J'entendis la voix claire et tremblante de Denise qui me huchait de toute sa force, tout en riant, d'un bord de la clairière à l'autre (LAMART., Tailleur pierre, 1851, p. 545).
Absol. — Célestin! appela-t-elle, de cette voix perçante des paysannes, habituées à hucher de loin, dans les champs (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 254). Conan lui jeta un mauvais regard : — Ils me mettent les nerfs en pelote à hucher comme ça (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 71). Dès que l'ombre s'épaississait, ils prenaient le chemin de l'altitude. Huchant, jouant de la musique à bouche, ils débouchaient du bois, dans un joyeux tapage (M. ZERMATTEN, Les Sèves d'enfance, Bienne, Éd. du Panorama, 1968, p. 76).
CHASSE, vx. Appeler (quelqu'un) à haute voix ou en sifflant très fort. (Dict. XIXe et XXe s.).
B. — Crier quelque chose à quelqu'un d'une voix forte. Il n'y a pas à dire, c'était rudement bien monté [la battue au loup]. On hucha la nouvelle au groupe de droite et au groupe de gauche qui devaient s'enfoncer droit avec nous dans la véritable épaisseur de Chalamont (GIONO, Roi sans divertiss., 1947, p. 135).
Absolu. On vient de hucher aux lavandières pour leur donner l'alarme (LA VARENDE, Esculape, 1949, p. 20).
Prononc. et Orth. : [] init. asp., (il) huche []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) Ca 1135 huchier « crier, faire connaître quelque chose à haute voix » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 1503); ca 1150 huchier « crier » (Charroi Nîmes, éd. D. McMillan, 336); b) ca 1160 huchier « appeler quelqu'un » (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 1967). Du lat. pop. huccare « appeler », lequel est peut-être issu d'une onomat. germ. hukk-. Encore très attesté au XVIe s. au sens gén. de « crier, appeler » (v. HUG.), ce mot n'est plus en usage, à partir du XVIIe s., que dans des dial. surtout Nord et Ouest (Flandre, Picardie, Artois, Bretagne, Vendée), Est (Moselle, Vosges), Centre (Limousin) et Suisse, (cf. FUR. 1690; FEW t. 4, p. 504b) et dans le lang. de la vén. (Ac. 1694-1935). Bbg. OLEF (F.). Die Familien von frz. huer, hucher. Z. fr. Spr. Lit. 1979, t. 89, pp. 319-340.
II.
⇒HUCHER2, verbe trans.
Synon. vieilli de jucher.
A. — Emploi trans., littér., rare. Placer quelque chose/quelqu'un en un lieu (très) élevé et d'accès plus ou moins difficile. Il [Khosroës] huchait (...) sur la pyramide d'un fumier en filigranes d'argent bruni, un coq (HUYSMANS, Oblat, t. 1, 1903, p. 41).
B. — Emploi pronom. réfl. Se hucher sur un toit. Qui m'empêche de me hucher sur les tours de Notre-Dame comme Quasimodo, de m'accouder au-dessus de quelque gargouille (COPPÉE, Paris, t. 8, 1897, p. 338).
Au part. passé. Être huché sur un wagon, une colonne. Synon. perché. Je lui ai parlé (...). Par sa fenêtre, huché que j'étais sur les épaules de quatre hommes (DUMAS père, Gentilh. montagne, 1861, V, 2, p. 111). Pécuchet, huché sur un grand tabouret de paille, soignait toujours les jambages de sa longue écriture (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 15). Grand-duc (...). Reste caché pendant le jour, huché dans un creux de rocher ou sur un arbre, dans un demi-sommeil (COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p. 116).
Au fig. Quand on est huché sur l'Antiquité, les modernes (...) ne vous semblent pas fort élevés de stature (FLAUB., Corresp., 1847, p. 37).
Prononc. : [] init. asp., (il) huche []. Étymol. et Hist. 1746 « jucher » (LA MORLIÈRE, Angola, p. 12 ds Fr. mod. t. 37, p. 119). De l'a. b. frq. hûkôn « s'accroupir », que l'on peut restituer d'apr. le m. h. all. hûcken, le néerl. huiken et l'all. hocken, de même sens.
BBG. — HENSCHEL (B.). Qq. dat. nouv. du 18e s. Fr. mod. 1969, t. 37, p. 119.

1. hucher ['yʃe] v.
ÉTYM. V. 1130, huchier; du lat. pop. huccare; p.-ê. onomatopée d'orig. germanique (hukk-).
1 Vx ou vén. a V. intr. Appeler en criant, en sifflant. Héler.
b V. tr. (V. 1160). Appeler (qqn) en criant.
2 V. intr. Régional (Ouest, Suisse…). Pousser de longs cris modulés, appeler à pleine voix ( Huchée).
0 (…) et, aux douces heures du soir, quand ils revenaient, c'était en huchant, la voix poussée à plein entre leurs mains d'une pente à l'autre;—la voix allant au loin par-dessus les creux et les combes, d'un versant à l'autre versant.
C.-F. Ramuz, Terre du ciel, Œ. compl., t. IX, p. 155.
DÉR. Huchée, huchement, huchet.
HOM. Huchée, 2. hucher.
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2. hucher ['yʃe] v. tr.
ÉTYM. 1746; var. de jucher; du francique hukan « s'accroupir ».
Vx ou régional. Placer (qqch., qqn) sur un lieu élevé.Passif et p. p. || Être huché sur un toit.
0 La femme de trente-six ans, grosse de six mois, ainsi que je vous l'ai dit, est huchée par eux, sur un piédestal de huit pieds de haut; ne pouvant y poser qu'une jambe, elle est obligée d'avoir l'autre en l'air.
Sade, Justine…, t. I, p. 155.
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se hucher v. pron.
|| Les minots se sont huchés sur le toit de la remise.
HOM. Huchée, 1. hucher.

Encyclopédie Universelle. 2012.