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illusionner

illusionner [ i(l)lyzjɔne ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1801 ; de illusion
Rare Séduire ou tromper par l'effet d'une illusion. éblouir. « Des bourgeois qu'on veut illusionner » (Gautier).
Cour. S'ILLUSIONNER v. pron. (1822) Se faire des illusions. s'abuser, se leurrer, se tromper (cf. Croire au père Noël; fam. se monter la tête, le bourrichon). « Ou je m'illusionne beaucoup, ou c'est un filon de premier ordre » (Romains). S'illusionner sur qqn. S'illusionner sur ses chances de succès.
⊗ CONTR. Désabuser.

illusionner verbe transitif Littéraire. Créer chez quelqu'un des illusions, le tromper : Ce succès ne doit pas vous illusionner sur votre avenir.

illusionner
v.
d1./d v. tr. Séduire par des apparences trompeuses.
d2./d v. Pron. Se faire des illusions.

⇒ILLUSIONNER, verbe trans.
Susciter des illusions, faire illusion; abuser, tromper en se présentant ou en présentant quelque chose d'une manière non conforme à la réalité et souvent flatteuse. Illusionner qqn; illusionner qqn sur qqc. Des bateleurs peuvent illusionner une foule (FLAUB., Bouvard, t. 2, 1880, p. 81). Ils n'illusionnent qu'eux-mêmes sur leur compte, et l'inévitable destinée les fera victimes de leur bassesse (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 430) :
1. Mais je ne crois pas cependant que le mirage de mes souvenirs personnels m'illusionne outre mesure sur le prestige de cet aspect. Il est incontesté et il est légendaire.
LOTI, Exilée, 1893, p. 120.
Emploi abs. Cela donne à nos conversations une chaleur factice et inoffensive, qui réconforte et n'illusionne point (COLETTE, Pays. et portr., 1954, p. 411).
Plus cour., emploi pronom. réfl. Se faire des illusions, se faire illusion; s'abuser en se représentant quelque chose ou quelqu'un d'une manière fausse et généralement flatteuse ou trop favorable. S'illusionner sur qqc., sur qqn. Je ne me sens pas capable de recommencer cette longue voie douloureuse d'un amour éteint qui cherche à s'illusionner (DU CAMP, Mém. suic., 1853, p. 95). Ah! ne crois pas (...) que je m'illusionne, ni sur l'un, ni sur l'autre! Je suis une misérable entre les mains d'un misérable (ESTAUNIÉ, Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 94) :
2. Il a trouvé ce moyen de se leurrer sur la réalité qui est écrasante en s'illusionnant sur la valeur des projets qu'il a toujours en tête. Gravier l'entretient dans ses rêveries tout en se gardant bien d'y croire.
DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 198.
REM. 1. Illusionnant, -ante, adj. Qui suscite des illusions ou qui crée l'illusion. Il suffit d'un caprice de leur volonté illusionnante [des fous] pour qu'ils soient princes, empereurs ou dieux (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Mme Hermet, 1887, p. 1124). J'étais frappé du rendu illusionnant d'une pluie battante, existant dans l'eau-forte de Buhot ayant pour titre : LES FIACRES (GONCOURT, Journal, 1892, p. 320). 2. Illusionné, part. passé en emploi subst. masc. Celui qui est victime d'une illusion. N'étaient-ils pas eux aussi, tous ces malheureux illusionnés, des prétendants à quelque royaume imaginaire (A. DAUDET, Jack, t. 1, 1876, p. 172).
Prononc. et Orth. : [il(l)]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1801 (S. MERCIER, Néol.). Dér. de illusion; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 84. Bbg. DARM. 1877, p. 118. - QUEM. DDL t. 13.

illusionner [i(l)lyzjɔne] v. tr.
ÉTYM. 1801; de illusion.
Séduire ou tromper (qqn) par l'effet d'une illusion. || Décor, trucage qui illusionne le spectateur. || Chercher à illusionner qqn. Éblouir; (fam.) épater. → En mettre, en foutre plein la vue. || Ne vous laissez pas illusionner par ses déclarations. || Illusionner qqn sur, quant à quelque chose.
1 Puisque nous sommes seuls, nous n'avons pas besoin d'avoir de l'esprit; cela est bon devant des bourgeois qu'on veut illusionner.
Th. Gautier, les Jeunes-France, in G. Matoré.
2 La première condition d'un roman est d'intéresser. Or, pour cela, il faut illusionner le lecteur à tel point qu'il puisse croire que ce qu'on lui raconte est réellement arrivé.
Balzac, le Feuilleton, XLVIII, Œuvres diverses, t. I, p. 441.
3 L'intérêt qu'il portait à cette enfant ne l'avait-il pas illusionné sur son talent de chanteuse ?
Alphonse Daudet, Numa Roumestan, p. 165.
3.1 (…) les cinq hectares du haut ne forment qu'un « tout » avec les cent hectares du bas et ils sont destinés précisément à illusionner sur ces cent hectares, ils servent à faire croire qu'il en est du reste de la concession comme de ces cinq hectares-là. Et en saison sèche en effet, lorsque la mer se retire tout à fait, qui pourrait croire le contraire ?
M. Duras, Un barrage contre le Pacifique, p. 288.
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s'illusionner v. pron.
ÉTYM. (1834).
Plus cour. Se faire une illusion, des illusions. Abuser (s'), bercer (se), endormir (s'), flatter (se), leurrer (se), tromper (se). → Se monter le bourrichon. || S'illusionner sur ses chances de succès. || S'illusionner sur quelqu'un.
4 L'opération de cet hiver, l'ablation du rein droit, n'a servi qu'à une chose : à ce qu'on ne puisse plus s'illusionner sur la nature de la tumeur.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 168.
5 Ou je m'illusionne beaucoup, ou c'est un filon de premier ordre.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, VI, p. 70.
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illusionné, ée p. p. adj.
ÉTYM. (Mil. XIXe, Baudelaire).
Victime d'une illusion, d'illusions.
6 On ne lit jamais un livre. On se lit à travers les livres, soit pour se découvrir, soit pour se contrôler. Et les plus objectifs sont les plus illusionnés.
R. Rolland, le Voyage intérieur, p. 43.
CONTR. Désabuser.
DÉR. Illusionnant, illusionnisme, illusionniste.

Encyclopédie Universelle. 2012.