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leurrer

leurrer [ lɶre ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1373; loirier 1220; de leurre
1Faire revenir (le faucon) en lui présentant le leurre.
2 (1609) Fig. et cour. Attirer (qqn) par des apparences séduisantes, des espérances vaines. bercer, bluffer, duper, endormir, enjôler, flatter. Pourquoi les avoir leurrés par de faux espoirs ? Se laisser leurrer. V. pron. SE LEURRER. s'illusionner. Il ne faut pas se leurrer. « Combien de temps pourra-t-il se leurrer sur la nature de son attachement ? » (Martin du Gard).
⊗ CONTR. Désabuser, détromper.

leurrer verbe transitif (de leurre) Tromper quelqu'un par de fausses espérances : Il m'a leurré avec ses promesses insensées. Dresser un oiseau de fauconnerie à revenir au leurre. ● leurrer (homonymes) verbe transitif (de leurre)leurrer (synonymes) verbe transitif (de leurre) Tromper quelqu'un par de fausses espérances
Synonymes :
- berner
- duper
- embobiner (familier)
- mystifier
- rouler (familier)
- se jouer
- tromper

leurrer
v. tr. Attirer par quelque espérance pour tromper.
|| v. Pron. (Réfl.) S'abuser. Vous vous leurrez sur ses intentions.

⇒LEURRER, verbe trans.
I. — FAUCONN. [Correspond à leurre A 1] Dresser (un oiseau) à revenir au leurre. Leurrer un faucon, un gerfaut (Lar. Lang. fr.).
II. — Au fig. [Correspond à leurre B]
A. — Tromper (quelqu'un) par un leurre. Synon. bercer, berner, mystifier.
1. Qqn1/qqc.1 leurre qqn2 de qqc.2 (avec/par qqc.3). [Le compl. prép. de désigne le leurre, l'artifice] Leurrer qqn d'absurdes espoirs par des promesses, avec de belles paroles.
[Le suj. désigne une pers.] Aucun bénéfice ne se montrait, pas plus que le cachemire dont il la leurrait depuis six mois (FLAUB., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 186). Il ne se laissera point, cette fois, leurrer de mots (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 82). Ce Jésus qui l'avait, pensait-il, leurré par tant de vaines espérances (MONOD, Sermons, 1911, p. 177). V. aussi bailler ex. 5.
[P. méton., le suj. désigne les attributs d'une pers.] L'on dirait qu'une volonté ennemie s'attache (...) à me leurrer par des choses vagues et des espérances évasives (SENANCOUR, Obermann, t. 1, 1840, p. 157).
P. anal. [Le suj. désigne une chose personnifiée] Le mal qui vous leurrait de son sinistre appât (DIERX, Lèvres cl., 1867, p. 218).
Emploi pronom réfl. Qqn se leurre de qqc. Vous vous leurrez à ce sujet complètement d'illusions (HUGO, Corresp., 1853, p. 154). Je crains qu'elle ne se leurre d'une chimère (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 179). Seul, le gouvernement de la parole et de la plume peut encore se leurrer de cette fumée vénéneuse (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. LXXX).
♦ [P. ell. des compl. prép. introd. par avec/de/par] Quelle gloire peut trouver le fort à leurrer le faible? (SAND, Lélia, 1833, p. 168). Fière de ma dignité neuve, j'acceptai qu'on eût leurré le bébé que je n'étais plus (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 24). V. aussi contraire II B 1 ex. de Bosco.
Emploi pronom. réfl. Qqn se leurre. Il n'y a pas à se leurrer, reprit le P. abbé, la congrégation de Solesmes ne consentira pas (HUYSMANS, Oblat, t. 2, 1903, p. 81).
Absol. Hitler, s'il était fort, ne laissait pas d'être habile. Il savait leurrer et caresser (DE GAULLE, Mém., 1959, p. 174).
Qqc.2 leurre qqn. Illusionner. Synon. abuser, duper. Un espoir, des promesses illusoires leurrent qqn. Victimes de l'illusion toujours renaissante qui les leurre d'être quelque chose par eux-mêmes (RENOUVIER, Essais crit. gén., 1864, p. 159). Vos rêves de jeunesse vous ont un peu leurré (ROMAINS, Knock, 1923, I, p. 4).
2. Littér. Qqn/qqc.1 leurre qqc.2 [Le compl. (accompagné d'un déterm. poss. ou d'un compl. introd. par de) désigne une particularité de l'activité physique, mentale ou morale d'un animé] Synon. se jouer (de). Orphée allait chantant, suivi d'une panthère, Dont il croyait leurrer l'inexorable faim (SULLY PRUDH., Vaines tendr., 1875, p. 204). Je vois l'œuvre se détacher ingratement de moi et leurrer mon songe d'éphèbe solitaire (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1891, p. 49). À la mine des gens, il devinait fort bien qu'ils leurraient son innocence (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 107).
B. — 1. Rare. Qqc.1/qqn1 leurre qqn2 sur qqc.2 Produire, faire illusion (à quelqu'un) sur quelque chose. La persistance de certaines choses (...) arrive à nous leurrer sur notre propre stabilité, sur notre propre durée (LOTI, Rom. enf., 1890, p. 82).
2. Emploi pronom. réfl., cour. Qqn se leurre sur qqc. Synon. s'abuser, se mettre le doigt dans l'œil (pop.). Combien de temps pourra-t-il se leurrer sur la nature de son attachement? (MARTIN DU G., Thib., Sorell., 1928, p. 1184). Il a trouvé ce moyen de se leurrer sur la réalité qui est écrasante en s'illusionnant sur la valeur des projets qu'il a toujours en tête (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 198).
Prononc. et Orth. : [], [], (il) leurre []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1121-34 luirié adj. « rusé » (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, 1777 ds T.-L.); 1266 loirier « instruire » (Vers de la mort, 16, 10, ibid.); 2. fin du XIIIe s. fauconn. (JAKEMES, Castelain de Couci, éd. M. Delbouille, 479); 3. 1415-18 « attirer (sans nuance péj.) » (A. CHARTIER, Livre des quatre dames, 1653 ds Œuvres poétiques, éd. J.C. Laidlaw, p. 247); 4. 1609 « attirer par des apparences séduisantes, des espérances vaines » (A. DU BREUIL, Muses galantes, f° 5 r° ds GDF. Compl.). Dér. de leurre; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 150.

leurrer [lœʀe] v. tr.
ÉTYM. 1373; loirier, « instruire », v. 1220; luirié « rusé », v. 1119; de leurre.
1 (Fin XIIIe). Fauconn. Faire revenir (le faucon) en lui présentant le leurre. || Leurrer un faucon.
2 (1609; « attirer », 1415, sans aucune péjoration). Cour. Attirer (qqn) par des apparences séduisantes, des espérances vaines, tromper en donnant des illusions. Abuser, amuser, attraper, bercer, bluffer, décevoir (vx), duper, embabouiner (vx), endormir (vx), enjôler, flatter, mystifier, tromper (→ aussi Donner le change; mettre, foutre dedans). || Leurrer qqn par des espérances évasives (cit. 2). || Quelqu'un vous leurre, se joue, se moque de vous (→ Chatouilleux, cit. 4). || Se laisser leurrer. || Leurrer qqn sur qqch., à propos de qqch.(Sujet n. de chose). || L'espérance (cit. 4) leurre le présomptueux.(Compl. n. de chose; sujet n. de personne ou de chose). || Leurrer la faim, le besoin, l'espoir, les espoirs… de qqn.
1 (…) quelques-unes de ces ordonnances indifférentes qui leurrent l'espoir du malade et maintiennent le crédit du médecin.
Rousseau, les Confessions, VI.
Au p. p. || Leurré par de belles promesses, il ne s'inquiétait pas.
2 (…) les femmes n'obtiennent de vous qu'une considération dérisoire. Leurrées de respects apparents, dans une servitude réelle (…)
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, Préface.
3 (…) ils se donnèrent l'un à l'autre, sans souci de rien ni de la mort, enivrés, leurrés délicieusement par l'éternelle magie de l'amour…
Loti, Pêcheur d'Islande, IV, VII.
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se leurrer v. pron.
ÉTYM. (1808; « se flatter de », 1637).
Se faire des illusions. Illusionner (s').fam. Se mettre le doigt dans l'œil. || Se leurrer de… || Se leurrer de vaines espérances. || Se leurrer sur qqch.Elle s'est bien leurrée en croyant réussir.Il ne faut pas se leurrer. || Ne nous leurrons pas, l'affaire sera difficile.
4 À bout de résignation, il ne pouvait se leurrer davantage, le conseil repoussait chaque année la réparation du presbytère (…)
Zola, la Terre, III, VI.
5 Mais combien de temps pourra-t-il se leurrer sur la nature de son attachement ?
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 25.
CONTR. Désabuser, détromper.

Encyclopédie Universelle. 2012.