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incendier

incendier [ ɛ̃sɑ̃dje ] v. tr. <conjug. : 7>
• 1596; de incendie
1Mettre en feu. brûler, consumer. Incendier une maison, un village, y mettre le feu. — Forêt incendiée. Par ext. Les personnes incendiées, victimes d'un incendie.
2Irriter en provoquant une impression de brûlure. « Ça avait un goût de vin roussi et ça lui incendia la gorge » (Sartre).
3Colorer d'une lueur ardente. « Un gros soleil rouge qui incendie nos vitres » (A. Daudet). « Le visage, aux pommettes incendiées par la fièvre » (Barbey).
4Fig. Enflammer, exciter. échauffer, embraser, exalter. Les petites bonnes « dont il incendiait l'imagination avec le récit mensonger de ses exploits » (Mac Orlan).
5(1905) Fam. Incendier qqn, l'accabler de reproches. ⇒ réprimander. Se faire incendier.

incendier verbe transitif (de incendie) Mettre le feu à quelque chose, le détruire volontairement par le feu : Un fou qui a incendié sa maison. Littéraire. Éclairer d'une lumière vive, rougeoyante : Les rayons du soleil couchant incendiaient les feuillages. Familier. Faire de violents reproches à quelqu'un : À son retour, il va se faire incendier.incendier (expressions) verbe transitif (de incendie) Littéraire. Incendier les esprits, les enflammer, les exciter, les mettre en effervescence. Incendier la gorge, le gosier, y produire une sensation de brûlure. ● incendier (homonymes) verbe transitif (de incendie)

incendier
v. tr.
d1./d Provoquer l'incendie de. Incendier une voiture.
d2./d Fam. Incendier qqn, lui faire de violents reproches.

⇒INCENDIER, verbe trans.
A. — Mettre le feu à (quelque chose), provoquer l'incendie de (quelque chose). Incendier une maison, un village; forêts, landes, ville incendiée(s).
1. [Le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers.] Les Français, maîtres un moment de la chapelle, puis délogés, l'ont incendiée. Les flammes ont rempli cette masure; elle a été fournaise (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 370). L'ennemi se venge en fusillant dans la population civile ceux qu'il suspecte d'être complices, en déportant des notables, en incendiant des bourgs entiers (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 251).
Emploi pronom. réfl. indir. Au risque de s'incendier les cheveux et de se brûler les mains, elle saisit à poignée les feuilles non consumées encore (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 322).
P. métaph. Si je savais que quelque jour elle dût reparaître en ce lieu, j'incendierais ces murs en déclarations passionnées (GIDE, Isabelle, 1911, p. 638).
P. méton., au part. passé. (Personne, famille) incendiée. Dont la propriété a subi un incendie. Le bruit n'a-t-il pas couru dernièrement que le feu avait dévoré une ville (...). Que cet argent soit distribué aux quatre cents familles incendiées! (DUMAS père, Intrigue et amour, 1847, III, 2, p. 221).
Emploi subst. du part. passé. Des cris horribles étoient lancés dans les airs par les prisonniers qui sentoient la fumée remplir la prison, et par les incendiés (BALZAC, Annette, t. 4, 1824, p. 98). Après l'écrasement des protestants, les petits-fils des incendiés reprirent le chemin de leur colline. Pareils à des fourmis, ils relevèrent chacun son débris (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 273).
2. [Le suj. désigne une matière, un objet] Des torches qui incendiaient les murs, des haches d'armes qui coupaient les corps (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 176). La bûche (...) s'élançait dans le salon, renversant la pelle, le garde-feu, roulant comme un ouragan de flamme, incendiant le tapis et se gîtant sous un fauteuil (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Bûche, 1882, p. 783).
B. — P. anal.
1. [Avec la lumière, la chaleur qui émanent des flammes] Chauffer, éclairer vivement (quelque chose). Lorsque le soleil, sous les coups de vent, reparaissait au bord d'un nuage, une traînée d'or courait, allumait les harnais et les panneaux vernis, incendiait les toilettes (ZOLA, Nana, 1880, p. 1379). Elle était amusante à voir avec son tablier tourné sur les hanches, son bonnet dont les brides dénouées encadraient son visage incendié par le coup de feu des fourneaux (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 62) :
1. ... maintenant le soleil rond et rouge était déjà descendu au milieu de la glace oblique, jadis détestée, et, comme quelque feu grégeois, incendiait la mer dans les vitres de toutes mes bibliothèques.
PROUST, Sodome, 1922, p. 1035.
Emploi pronom. réfl. Les cafés s'incendiaient, ruisselaient de lumières, de cristaux, de glaces, de cuivres et de nickels (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 441).
2. [Avec les brûlures occasionnées par le feu; en parlant d'une boisson forte, d'un aliment très épicé] Provoquer une sensation de brûlure, de vive irritation. Pécuchet avait peur des épices comme pouvant lui incendier le corps. Ce fut l'objet d'une discussion médicale (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 4). Gilles se livre à d'effroyables ripailles et sa chair, incendiée par les essences désordonnées des rasades et des mets, entre en éruption, bout en tumulte (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 7).
Emploi pronom. réfl. indir. — Il faut boire [la vodka] d'un coup, dit Boris à Ivick. — Ne faites pas ça, dit Mathieu, vous allez vous incendier la gorge (SARTRE, Âge de raison, 1945, p. 172).
C. — Au fig.
1. Exciter vivement (l'esprit, les sens), emplir d'une profonde exaltation. Synon. électriser, enflammer. Voyez chez la jeune fille de Syracuse, l'amour incendier instantanément tous les sens (BONSTETTEN, Homme Midi, 1824, p. 105). La belle épouse de Jacques de Lagny (...) dont les yeux incendiaient le cœur des hommes (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 63) :
2. ... j'avais pensé que c'est pour accroître le jour,
Pour embraser le cœur, pour incendier l'âme,
Pour tirer de l'esprit humain toute sa flamme,
Que nos pères, Français plus grands que les Romains,
Avaient pris et tordu le passé dans leurs mains.
HUGO, Légende, t. 5, 1877, p. 1031.
2. Pousser (une personne, un groupe de personnes) à la discorde, aux troubles; propager des idées subversives. M. Pitt a été le maître de toute la politique européenne; il a tenu dans ses mains le sort moral des peuples; il en a mal usé; il a incendié l'univers (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 281). Polynice est revenu d'exil pour nous incendier, nous bafouer, nous réduire en esclavage. Je défends qu'on l'honore (COCTEAU, Antigone, 1932, I, p. 16).
3. Fam. Couvrir (quelqu'un) de reproches. Synon. engueuler (vulg.), enguirlander (fam.). J'ai fini, comme ça par lui dire... il m'avait tellement agacé, que je me contenais plus... qu'il devrait aller dans l'égout! (...). Du coup alors, il m'incendie! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 453). Mon copain se faisait incendier sous prétexte qu'il disait pas son nom, en rentrant la nuit (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 479).
REM. Incendiable, adj. Qui s'enflamme facilement sous l'effet de la passion. Moi, je fus jeune aussi. J'eus ma beauté du diable (...). Un œil incendiaire, un cœur incendiable (ROSTAND, Chantecler, 1910, I, 4, p. 42).
Prononc. et Orth. : [], (il) incendie []. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) 1596 « mettre en feu » (JEAN DE BASMAISON, Paraphrase sur les Coutumes d'Auvergne, 291 ds DELB. Notes mss); b) 1824 incendié subst. « personne dont la propriété a été détruite par un incendie » (BALZAC, Annette, t. 4, p. 98); 2. a) 1823 fig. « propager des idées subversives » (LAS CASES, loc. cit.); b) 1824 fig. « exciter vivement les sens » (BONSTETTEN, loc. cit.); 3. 1833 « colorer d'une lueur ardente » (GAUTIER, Albertus, p. 163). Dér. de incendie; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 240. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 268, b) 356; XXe s. : a) 479, b) 312. Bbg. CHAUTARD (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 652.

incendier [ɛ̃sɑ̃dje] v. tr.
ÉTYM. 1596; de incendie.
1 (Sujet n. de personne ou de chose). Mettre en feu. Brûler, consumer. || Incendier une maison, une bibliothèque (→ Impie, cit. 6), des meules de paille. || Incendier une forêt, un village. Détruire. || « Des torches qui incendiaient les murs » (Flaubert, in T. L. F.). || De nombreuses zones ont été incendiées et la région est sinistrée.
1 Le gros Santerre, un brasseur que le faubourg s'était donné pour commandant, proposait d'incendier la place en y lançant de l'huile d'œillet et d'aspic, qu'on avait saisie la veille et qu'on enflammerait avec du phosphore.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, VII.
2 (Sujet n. de chose). Irriter en provoquant une impression de brûlure. || Liqueur qui incendie la gorge (→ Flamber, cit. 4).
2 (…) dans nos assiettes le plus vif brasier de poivre — la « sauce forte » — qui ait jamais incendié des palais occidentaux… Je haletais.
Colette, l'Étoile Vesper, p. 79.
3 (Sujet n. de chose). a (1833). Colorer d'une lueur ardente (→ Baigner, cit. 7). || La lueur rouge qui incendiait le ciel (→ Feu, cit. 35).
3 Derrière lui, dans l'horizon, se couche un gros soleil rouge qui incendie nos vitres.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, IV.
Au p. p. || Buisson incendié par le soleil couchant (→ Abattre, cit. 19).Visage incendié par l'alcool (→ Enluminé).
4 (…) le visage de la comtesse, aux pommettes incendiées par la fièvre.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le bonheur dans le crime ».
b Chauffer fortement; procurer une sensation de brûlure à. || La chaleur lui incendiait les joues.
4.1 Pécuchet avait peur des épices comme pouvant lui incendier le corps.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, in Œ., Pl., p. 672.
4 (Fin XVIIIe). Fig. (Sujet n. de personne). Enflammer, exciter. Échauffer, exalter. || Incendier l'esprit, le cœur, les sens.
5 Mais il préférait les petites bonnes d'hôtel dont il incendiait l'imagination avec les récits mensongers de ses exploits (…)
P. Mac Orlan, la Bandera, V, p. 57.
5 (Déb. XIXe). Mettre le trouble (→ Agitation, effervescence) dans (une société); pousser (un groupe de personnes) à des actes d'hostilité.
6 (1905). Fam. (Sujet n. de personne). || Incendier qqn, l'accabler de reproches.Se faire incendier.
——————
incendié, ée p. p. adj.
1 (1783). || Ville incendiée.Par ext. || Des fermiers incendiés, dont les fermes ont été détruites par l'incendie.Avoir la gorge incendiée, en feu.
N. (1824, Balzac). || Un incendié : une personne dont la maison a été détruite par l'incendie. Sinistré.
2 (Après 1850). Rendu ardent, très rouge (→ ci-dessus, cit. 4, et supra).

Encyclopédie Universelle. 2012.