inexorable [ inɛgzɔrabl ] adj.
• av. 1520; lat. inexorabilis, de exorare « vaincre par ses prières »
♦ Littér.
1 ♦ Qui résiste aux prières, qu'on ne peut fléchir; sans pitié. ⇒ impitoyable, implacable, inflexible. « Cœur inexorable et dur comme un rocher » (Leconte de Lisle). Juge inexorable. ⇒ dur, sévère. Il fut inexorable à toutes les prières. ⇒ insensible, sourd. — Vx Inexorable à qqn.
2 ♦ Dont on ne peut tempérer la rigueur. ⇒ cruel, draconien, drastique. Arrêt, loi inexorable.
3 ♦ À quoi l'on ne peut se soustraire. ⇒ implacable. Fatalité, destin inexorable. L'inexorable fuite des heures. « Voici la rigueur de l'hiver [...] Voici le froid inexorable » (Claudel). C'est inexorable. ⇒ fatal, inévitable.
⊗ CONTR. Clément, indulgent.
● inexorable adjectif (latin inexorabilis, de exorare, obtenir par prière) Qui est insensible aux prières ; impitoyable : Un juge inexorable. Une volonté inexorable. À quoi l'on ne peut se soustraire : Un sort inexorable. ● inexorable (synonymes) adjectif (latin inexorabilis, de exorare, obtenir par prière) Qui est insensible aux prières ; impitoyable
Synonymes :
Contraires :
- clément
À quoi l'on ne peut se soustraire
Synonymes :
- fatal
- inéluctable
inexorable
adj.
d1./d Qu'on ne peut fléchir par des prières. Se montrer inexorable.
d2./d Extrêmement rigoureux. Une loi inexorable.
d3./d Implacable. Destin inexorable.
⇒INEXORABLE, adj.
A. — [En parlant d'une pers. ou, p. méton., de son attitude, de ses dispositions] Qu'on ne peut fléchir par des prières. Synon. impitoyable, implacable, inflexible, insensible, intraitable, sévère; anton. bienveillant, clément, humain, indulgent. Juge inexorable; caractère, cœur, refus, volonté inexorable. Si vous m'exaucez, je serai heureuse; si vous êtes inexorable, j'expierai mes torts (BALZAC, Langeais, 1834, p. 336). Le riche est une brute inexorable qu'on est forcé d'arrêter avec une faux ou un paquet de mitraille dans le ventre (BLOY, Journal, 1900, p. 382) :
• 1. Je boudais encore, à neuf ans, et j'y prenais un plaisir extrême : par bouderie, je maintenais, martyr inexorable, un malentendu dont le Saint-Esprit lui-même semblait s'être lassé.
SARTRE, Mots, 1964, p. 158.
— Inexorable à + subst. (vieilli). J'ai trop besoin de la pitié suprême, Pour être inexorable à ce cœur alarmé (DUMAS père, Alchimiste, 1839, IV, 4, p. 272).
B. — P. ext.
1. Dont on ne peut tempérer la rigueur. Synon. cruel, draconien. Arrêt, châtiment, haine, sévérité inexorable. L'inexorable loi qui gouverne les choses humaines fonde la justice avec l'injustice, le progrès de la raison avec la barbarie (RENAN, Drames philos., Abbesse Jouarre, 1886, I, 3, p. 623) :
• 2. ... elle avait obéi à une profonde loi, à une loi inexorable; elle n'avait pas détruit cette famille, c'était elle qui serait donc détruite; ils avaient raison de la considérer comme un monstre, mais elle aussi les jugeait monstrueux.
MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p. 253.
2. Auquel on ne peut se soustraire. Synon. fatal, inéluctable. Destin, fatalité, logique inexorable. En glissant sur une pente irrésistiblement rapide, elle était arrivée à ce dénouement-là, qui était inexorable, et qu'il fallait subir à présent (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p. 283). Un déterminisme inexorable contraint ces appétits furieux à se développer dans l'inassouvissement (GREEN, Journal, 1947, p. 86) :
• 3. ... il y a un déterminisme latent : (...) nécessité qui seule a une souveraine importance pour l'homme, puisqu'elle lui découvre ce qu'il ne peut éviter d'être tôt ou tard, et puisque, par une logique inexorable, elle tire de ses actions voulues tout ce qu'elles contiennent déjà.
BLONDEL, Action, 1893, p. 137.
— En partic. [En parlant d'un phénomène naturel] Les campagnes caillouteuses, brûlées d'un soleil inexorable (GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 119).
Prononc. et Orth. : [], [-ne-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Av. 1520 « auquel on ne peut se soustraire » commandement inexorable (Cl. DE SEYSSEL, Appien ds DELB. Rec. ds DG); 2. 1544 inexorable a « impitoyable pour » (M. SCÈVE, Délie, éd. E. Parturier, CCXLII, p. 168); 1555 « qui résiste aux prières » (RONSARD, Hymne de la mort, éd. P. Laumonier, t. 8, p. 175, 276 : ... et pour être a leur triste prière Toujours sourde, arrogante, inexorable et fière). Empr. au lat. inexorabilis « qu'on ne peut fléchir; auquel on ne peut se soustraire, implacable ». Fréq. abs. littér. : 458. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 667, b) 777; XXe s. : a) 579, b) 612.
DÉR. 1. Inexorabilité, subst. fém., rare. Caractère de ce qui est inexorable. On n'a rien écrit pour le quatuor qui donne à ce point l'impression d'inexorabilité héroïque (MARLIAVE, Quat. Beethoven, 1925, p. 150). — [], [-ne-]. — 1re attest. 1664 (ROBINET, Panégyrique de ,,L'École des Femmes``, 4e entrée ds BRUNOT t. 4, 1re part., p. 485); de inexorable, suff. -(i)té, cf. b. lat. inexorabilitas « caractère inexorable, manque d'indulgence, dureté ». 2. Inexorablement, adv. a) D'une manière impitoyable. C'est alors seulement que je m'avisai qu'il me regardait fixement, inexorablement (ARNOUX, Zulma, 1960, p. 256). b) D'une manière inéluctable, sévèrement. Les matelots sont toujours consignés inexorablement dans les quartiers, la veille des grands départs (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p. 112). — [], [-ne-]. Att. ds Ac. dep. 1740. — 1re attest. 1661, 27 mai (RACINE, Corresp. ds Œuvre, éd. R. Picard, t. 2, p. 393 : ... la presser inexorablement de s'acquitter envers vous); de inexorable, suff. -ment2. — Fréq. abs. littér. : 51.
BBG. — DARM. 1877, p. 205 (s.v. inexorabilité). - JOURJON (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1917-18, t. 30, p. 136 (s.v. inexorabilité).
inexorable [inɛgzɔʀabl] adj.
ÉTYM. Av. 1520, sens 3; lat. inexorabilis « qu'on ne peut fléchir; implacable », de in- (→ 1. In-), et exorabilis. → Exorable.
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1 (1555, Ronsard, in T. L. F.). Qui résiste aux prières, qu'on ne peut fléchir (cit. 6). ⇒ Impitoyable, implacable, inflexible; pitié (sans). || Un juge inexorable. ⇒ Dur, sévère. || « Il fut inexorable à toutes les prières » (Académie). ⇒ Insensible, sourd.
1 (…) et pour être à leur triste prière
Toujours sourde, arrogante, inexorable et fière.
Ronsard, Second livre des Hymnes, Hymne de la mort.
2 On m'entendit demander grâce au plus vil de tous les humains, et tenter sa pitié à mesure qu'il était plus inexorable.
Montesquieu, Lettres persanes, CLVII.
3 Les prières me trouvant inexorable, il a fallu passer aux offres.
Laclos, les Liaisons dangereuses, XCVI.
4 La prétendue scène de Joséphine demandant à genoux la grâce du duc d'Enghien, s'attachant au pan de l'habit de son mari et se faisant traîner par ce mari inexorable, est une de ces inventions de mélodrame avec lesquelles nos fabliers composent aujourd'hui la véridique histoire.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 321.
5 (…) je le vois, rien ne le peut toucher,
Ce cœur inexorable et dur comme un rocher !
Leconte de Lisle, Poèmes tragiques, « Les Érinnyes », IX.
♦ Caractère, cœur inexorable. || Se heurter à un refus, à une volonté inexorable (→ Arguer, cit. 2).
6 (…) cette douceur inexorable qui fait la force des caractères faibles.
France, le Crime de S. Bonnard, Œ., t. II, IV, p. 385.
7 Ces souvenirs lui broyaient le cœur et elle mettait les poings à ses oreilles et fermait les yeux, comme pour chasser de son cerveau l'image du supplice qu'elle avait subi, mais sa mémoire était inexorable et ne l'épargnait à certains moments que pour la crucifier à d'autres (…)
J. Green, Léviathan, II, VII.
2 (1544). (Personnes). Vx. || Être inexorable à quelqu'un, ne pas lui pardonner une faute (cit. 16) ou ne pas accéder à ses désirs, et, spécialt, à ses désirs amoureux (→ par plais. Bras, cit. 46, Molière). || Femme inexorable à son amant. || Maîtresse inexorable aux vœux de son amant.
8 Est-ce m'aimer, cruel, autant que je vous aime,
Que d'être inexorable à mes tristes soupirs (…)
Racine, la Thébaïde, II, 3.
♦ N. f. || Une inexorable (→ Une cruelle).
3 (Choses). Dont on ne peut tempérer la rigueur. ⇒ Cruel, draconien. || Une sévérité inexorable (→ Humilier, cit. 39). || Arrêt, loi inexorable. — À quoi l'on ne peut se soustraire. ⇒ Implacable. || Fatalité inexorable (→ Automatisme, cit. 6). || La rigueur inexorable des lois qui gouvernent (cit. 24) le monde. || L'inexorable fuite (cit. 9) des heures. || Une réalité inexorable (→ Aggravation, cit.).
9 L'inexorable loi du temps.
Ronsard, Pièces retranchées, Œ., t. II, p. 698.
10 (…) en glissant sur une pente irrésistiblement rapide, elle était arrivée à ce dénouement-là, qui était inexorable, et qu'il fallait subir à présent (…)
Loti, Pêcheur d'Islande, V, II.
11 Une loi fatale, dit Lamennais, une loi inexorable nous presse (…) nous ne pouvons échapper à son emprise (…) cette loi, c'est l'expiation, l'axe inflexible du monde moral, sur lequel roulent toutes les destinées de l'humanité.
France, le Mannequin d'osier, XV, Œ., t. XI, p. 404.
♦ Spécialt (en parlant des aspects de la nature). || Un soleil inexorable (→ Grelotter, cit. 5, Daudet).
12 Voici la rigueur de l'hiver, adieu, ô bel été (…) Voici le froid inexorable (…)
Claudel, Cinq grandes odes, Troisième ode.
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CONTR. Clément, doux, exorable, indulgent.
DÉR. Inexorabilité, inexorablement.
Encyclopédie Universelle. 2012.