impitoyable [ ɛ̃pitwajabl ] adj. ♦ Qui est sans pitié. ⇒ cruel, dur, féroce, inflexible, inhumain. Ennemi impitoyable. Cœur impitoyable. Haine impitoyable. ⇒ implacable. Être impitoyable envers qqn. « comme la peur est cruelle, on fut impitoyable pour Jacques Roux » (Michelet). Un univers impitoyable.
♢ Par ext. Qui observe, juge sans indulgence, ne fait grâce de rien. Critique, observateur impitoyable. ⇒ sévère.
♢ (Choses) Regard impitoyable. Un humour d'une férocité impitoyable.
⊗ CONTR. 1. Bon, charitable; bienveillant, indulgent, pitoyable.
● impitoyable adjectif Qui est inaccessible à la pitié, qu'aucune considération d'humanité n'arrête dans son action : Une haine impitoyable. Qui ne montre aucune indulgence, ne passe rien dans ses appréciations : Critique impitoyable. ● impitoyable (synonymes) adjectif Qui est inaccessible à la pitié, qu'aucune considération d'humanité n'arrête...
Synonymes :
- inhumain
Qui ne montre aucune indulgence, ne passe rien dans ses...
Synonymes :
- cruel
- dur
- féroce
- sévère
- strict :
Contraires :
impitoyable
adj. Qui est sans pitié. Adversaire impitoyable.
⇒IMPITOYABLE, adj.
A. — Inaccessible à la pitié. Bourreau impitoyable. Elle fut vraiment dure et impitoyable; aucun regret, aucun attendrissement sur celui qu'elle avait aimé (ZOLA, M. Férat, 1868, p. 73). J'ai été rancunier, impitoyable, et mes duretés pour elle, elle te les a rendues (RENARD, Poil Carotte, 1900, 9, p. 167). V. badine ex. 1.
— [Avec un compl. prép. indiquant la pers. ou la chose qui n'inspire pas de pitié] Se montrer impitoyable à (littér.), envers, pour qqn. Les gens du monde sont impitoyables pour ceux qui travaillent (FLAUB., Corresp., 1877, p. 25). Humanité dure à soi-même, impitoyable aux autres et aux yeux de qui tout prêtre faisait figure de fainéant et de roublard (MAURIAC, Pharis., 1941, p. 239). V. âne ex. 5, absenter (s') ex. 11 :
• 1. ... comme il avait besoin de se venger sur quelqu'un, il en voulait à Jacqueline. (...) il continuait de la juger durement, comme il sied à une âme jeune, violente et entière, qui n'a pas encore assez appris de la vie, pour n'être pas impitoyable envers ses faiblesses.
ROLLAND, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1235.
— P. exagér. Un impitoyable bavard : ,,un bavard intarissable`` (ROB.). Parleur impitoyable, ne sauriez-vous nous dire en peu de mots ce que vous avez à nous proposer? (MÉRIMÉE, Jacquerie, 1828, p. 275).
— P. ext. Caractérisé par un manque total de pitié. Dureté, férocité, sévérité impitoyable; regard, rire impitoyable. L'impitoyable loi du vae victis (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 13) :
• 2. Après la reddition de la ville, le Faubourg des Postes subit une répression impitoyable. Les Allemands voulaient faire payer à la population du quartier le meurtre de leurs soldats.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 43.
B. — Sans indulgence, très exigeant. Critique impitoyable. M. Peerlkamp, le spirituel éditeur de Leyde et l'épurateur rigide, l'émondeur impitoyable des textes les plus classiques (SAINTE-BEUVE, Virgile, 1857, p. 191). L'enfant les boit [les contes] comme il buvait son lait. Il exige la suite et la répétition des merveilles; il est un public impitoyable et excellent (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 149).
— [Avec un compl. prép. indiquant la pers. ou la chose qui n'inspire pas d'indulgence] Se montrer impitoyable à (littér.), pour qqn. Voltaire, homme de goût, était impitoyable pour le siècle de Voltaire (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 13, 1851-62, p. 36). [Degas] un de ces connaisseurs délicieux, obstinément, voluptueusement étroits, impitoyables aux nouveautés qui ne sont que neuves (VALÉRY, Degas, 1936, p. 40) :
• 3. Don Severo est (...) d'une rigueur terrible, impitoyable aux matadors qui ne travaillent pas presque immobiles et dans les cornes du fauve selon l'exemple du grand Belmonte.
MAURIAC, Journal 3, 1940, p. 220.
— P. ext. Caractérisé par un manque total d'indulgence, par une grande exigence. Analyse, logique impitoyable. L'œil froidement impitoyable du caricaturiste (GONCOURT, Journal, 1894, p. 520). Leur impitoyable censure [des Eudistes] (...) a veillé, pendant plus de deux siècles, sur toutes les avenues de notre histoire religieuse (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 584) :
• 4. M. Guillemin a de terribles yeux. Il a fait des documents, des textes de Jean-Jacques particulièrement, la plus pénétrante et la plus impitoyable lecture.
GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1950, p. 180.
C. — Littér. Difficile à supporter en raison de sa violence, de sa rigueur inflexible. Destin, réalité impitoyable; couleur, lumière, soleil impitoyable; hiver, pluie, vent impitoyable. Des colorations dures, impitoyables, cruelles à l'œil (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 138). Les lois impitoyables de la coutume et du destin (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 23). V. boudiner ex., décliver ex. s.v. déclive :
• 5. Des Esseintes frissonnait délicieusement à se sentir confondu dans ce terrible monde de négociants, (...) dans cet impitoyable engrenage broyant des millions de déshérités...
HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 171.
REM. Impitoyabilité, subst. fém. Manque total de pitié, d'indulgence. Paris, à six heures, me semble une Babylone américaine, où dans la hâte féroce des piétons à leurs plaisirs, dans l'impitoyabilité des cochers assurés contre l'écrasement des vieillards, il n'y a plus de cette aimable et douce et polie humanité de l'ancien Paris (GONCOURT, Journal, 1886, p. 603). L'impitoyabilité de mon jugement lorsque j'eus entre les mains les épreuves de Philine (DU BOS, Journal, 1928, p. 52).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1553 « qui est sans pitié » (DU BELLAY, Poésies diverses ds Œuvres, éd. H. Chamard, t. 5, p. 320, 42). Dér. de pitoyable; préf. im- (in-1) cf. 1530 impitiable (J. BOUCHET, Noble Dame, f° 83 r° ds GDF. Compl.). A remplacé l'anc. adj. impiteux (1482 [date d'éd.] P. FERGET, Mirouer de la vie hum., f° 154 r° ds GDF. — 1892, GUÉRIN); v. piteux. Fréq. abs. littér. : 858. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 066, b) 1 206; XXe s. : a) 1 116, b) 1 420.
DÉR. Impitoyablement, adv. D'une manière impitoyable. a) [Correspond à impitoyable A] Faire comme les pères spartiates, jeter impitoyablement au néant ceux qui ont les pieds boiteux ou la poitrine étroite (FLAUB., Corresp., 1854, p. 42). Dans leur fière république [des oiseaux], (...) quiconque a été en cage et n'est pas mort de douleur, est impitoyablement condamné et exécuté (MICHELET, Oiseau, 1856, p. 272). b) [Correspond à impitoyable B] Il [Dante] avait cherché (...) les principes générateurs d'une philosophie de la société : il en devait poursuivre impitoyablement les déductions jusqu'aux plus démocratiques et plus impraticables maximes (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 267). Il faudrait impitoyablement trancher dans le train de maison, mener une vie strictement modeste, économe, frugale (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 129). c) [Correspond à impitoyable C] Le fleuve sombre roule sous le vent qui l'agite, et reflète le ciel impitoyablement bleu (DU CAMP, Nil, 1854, p. 303). La lumière, qui fouille impitoyablement et creuse le visage des vieillards, aime et caresse la jeune chair (GREEN, Journal, 1944, p. 148). — []. Att. ds Ac. dep. 1694. — 1re attest. 1558 « de façon impitoyable » (S. FONTAINE, Histoire catholique, 65 b ds Fr. mod. t. 6, p. 63); de impitoyable, suff. -ment2; a remplacé l'anc. adv. impiteusement (ca 1510-1519 FOSSIER, Chron. Marg., VI, 20 ds GDF. — 1892, GUÉRIN). — Fréq. abs. littér. : 216. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 358, b) 357; XXe s. : a) 275, b) 255.
impitoyable [ɛ̃pitwajabl] adj.
ÉTYM. V. 1550; impitoiable, v. 1500; de im- (→ 1. In-), et pitoyable; a remplacé impiteux (1482).
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1 Qui est sans pitié. ⇒ Cruel, dur, féroce, implacable, inexorable, inflexible, inhumain (→ Sans merci, sans entrailles [vx]). || Ennemi, bourreau, homme impitoyable. || « Aussi barbare époux qu'impitoyable père » (→ Arracher, cit. 25). || L'impitoyable Pluton (→ Aborder, cit. 5). || La vieillesse est impitoyable (→ Flatter, cit. 48). || Être impitoyable à qqn (vx), pour qqn, à l'égard de qqn : se montrer sans pitié pour qqn. — (Choses). || Cœur impitoyable (→ Cœur de fer, de granit, de pierre). ⇒ Endurci. || Haine impitoyable. ⇒ Implacable. || Visage impitoyable de la justice (→ Facile, cit. 28). || Loi impitoyable (→ Loi d'airain). || Impitoyable tyrannie. || Destin, sort impitoyable.
1 Ce cœur impitoyable à ma perte s'obstine (…)
Corneille, Horace, II, 5.
2 Le ciel s'est donc lassé de m'être impitoyable !
Corneille, Sertorius, V, 3.
3 Impitoyable Dieu, toi seul as tout conduit.
Racine, Athalie, V, 6.
4 Ce maître syrien est-il impitoyable ? Est-ce une tigresse dont il a sucé les mamelles dans son enfance ?
Fénelon, Télémaque, IV.
5 Et comme la peur est cruelle, on fut impitoyable pour Jacques Roux.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., XV, IV.
6 (…) je savais bien maintenant que le monde est l'organisation continuelle d'une impitoyable justice.
Edmond Jaloux, Fumées dans la campagne, XIX.
♦ Par anal. || La nature est impitoyable. ⇒ Insensible (→ Abomination, cit. 4). || Ciel de feu, ciel impitoyable. ⇒ Accablant (→ Fourbi, cit. 1).
2 (1606). Qui observe, juge sans indulgence, ne fait grâce de rien. || Un critique, un censeur impitoyable. ⇒ Sévère. || Chamfort, observateur impitoyable des travers de ses contemporains (→ Fonds, cit. 16). || Il est impitoyable pour ce genre de faiblesse, sur cette question. ⇒ Intraitable.
♦ Par hyperbole. || Un impitoyable bavard : un bavard intarissable.
7 (…) le public est impitoyable sur la réputation.
Mme de Sévigné, Lettres, 642, 25 août 1677.
8 (…) il était devenu un de ces impitoyables observateurs qui ne peuvent pas ne point être des misanthropes.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Bonheur dans le crime », p. 127.
3 (Choses). a Abstrait. || Un œil, un regard impitoyable (→ Critique, cit. 16). || Une ironie corrosive (cit. 5) et impitoyable. || Une argumentation (cit. 1) impitoyable. || L'impitoyable besoin d'analyser (cit. 2), de critiquer. || L'impitoyable dictature de l'opinion (→ Élasticité, cit. 7).
9 (…) voilà une église impitoyable qui ne connaît que des fidèles soumis ou des hérétiques (…)
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », III.
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CONTR. Attendri, bon, charitable, clément, doux. — Bienveillant, compréhensif, indulgent.
DÉR. Impitoyabilité, impitoyablement.
Encyclopédie Universelle. 2012.