CONNÉTABLE
CONNÉTABLE
Étymologiquement, comte de l’écurie (comes stabuli ), officier domestique de la cour royale des Carolingiens. Placé, à l’origine, sous l’autorité du sénéchal, le connétable a charge de la cavalerie, dont l’importance ne cesse de croître à partir du milieu du VIIIe siècle. Dans l’armée féodale (ost ), le service militaire étant la conséquence d’une obligation personnelle, née du lien personnel qu’est la vassalité, le connétable ne peut être le chef mais joue naturellement le rôle de conseiller militaire du roi; le commandement d’un corps d’armée lui est souvent confié. Jamais, cependant, l’office de connétable ne comporte de droit au commandement supérieur, celui-ci étant très souvent dévolu à des princes de la famille royale. Il arrive, en revanche, à certains connétables d’exercer des fonctions d’administration locale, analogues à celles de gouverneur, notamment dans des provinces ayant une importance militaire particulière.
Quelques connétables, comme Gaucher de Châtillon sous Philippe le Bel, Bertrand du Guesclin sous Charles V, Olivier de Clisson sous Charles VI, illustrent l’office, qui devint le plus prestigieux, avec celui de chancelier, lorsque fut supprimée la fonction de sénéchal (1191).
Certains en viennent à jouer un rôle politique et à entrer dans des factions, souvent pour en prendre la tête. C’est le cas, au XVe siècle, de Bernard VII d’Armagnac et d’Arthur de Richemont, ce dernier ayant à un moment tenu la place d’un véritable Premier ministre; c’est aussi celui des connétables Raoul V de Brienne (mort en 1350) et Louis de Saint-Pol (mort en 1475) qui sont condamnés pour trahison et décapités. L’influence excessive prise par Anne de Montmorency au XVIe siècle, puis par Charles de Luynes sous Louis XIII, conduisit Richelieu à ne pas donner de successeur à François de Lesdiguières (mort en 1626). La plus haute fonction militaire demeure alors celle des maréchaux, également issue d’un office subalterne du palais carolingien, mais le fait que le nombre de ceux-ci restait variable empêchait le maréchalat de revêtir trop d’importance dans la vie politique du royaume.
connétable [ kɔnetabl ] n. m.
• cunestable XIIe; bas lat. comes stabuli « comte de l'étable »
♦ Hist. Grand officier de la Couronne, chef suprême de l'armée.
● connétable nom masculin (bas latin comes stabuli, comte de l'étable) Au Moyen Âge et sous l'Ancien Régime, grand officier de la Couronne et commandant suprême des armées royales.
connétable
n. m. HIST
d1./d Premier officier de la maison du roi de France.
d2./d Titre de commandant général des armées françaises de 1219 à 1627.
d3./d Grand dignitaire du Premier Empire, en France.
d4./d Titre qui se donnait, en France, aux gouverneurs de places fortes.
⇒CONNÉTABLE, subst. masc.
HISTOIRE
A.— [Le connétable exerce un office]
1. Grand officier de la Couronne :
• 1. ... d'Andilly nous expose comment les présentations d'officiers de la Couronne, connétables, amiraux, ducs et pairs (les présentations qu'on faisait d'eux au Parlement), sont le plus difficile endroit de l'éloquence, ...
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 68.
2. Commandant en chef des armées royales. Le roi le fit connétable, lui donna l'épée de connétable (Ac. 1835, 1878). Le connétable était bien chef de l'armée, selon sa charge (BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 4, 1824, p. 71).
♦ Expr. — Félix Faure, (...), s'était mis avec nous par vanité. (...) Nous ne pouvions pourtant pas lui offrir l'épée de connétable (A. FRANCE, Monsieur Bergeret à Paris, 1901, p. 157).
♦ [P. réf. à l'insigne du connétable : deux épées nues brandies] Barbey d'Aurevilly, le connétable des lettres (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 315).
— Au fém. Madame la connétable. L'épouse du connétable.
B.— [Le connétable porte un titre honorifique]
1. [À la fin de l'Ancien régime] Fonction remplie au sacre du roi par un maréchal de France.
2. [Sous l'Empire] Titre donné lors de son avènement par Napoléon Ier à son frère Louis (Grand connétable) et au maréchal Berthier (Vice-connétable).
— P. métaph. :
• 2. ... il [Gerfaut, de Charles de Bernard] est aujourd'hui, comme dit spirituellement l'auteur, un de ces jeunes maréchaux de la littérature française dont Chateaubriand semble le connétable.
SAINTE-BEUVE, Premiers lundis, t. 2, 1869, p. 355.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. 1. 1155 conestable « commandant militaire » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 3120); répertorié par la lexicogr.; 2. 1165-70 conestable « officier de la maison du roi, puis de la couronne » (CHR. DE TROYES, Erec, éd. W. Foerster, 1735); 1281 connestable de France « chef des armées du roi » (Charte ds DU CANGE t. 2, p. 433c), charge supprimée en 1627 puis recréée par Napoléon Ier en 1804 (cf. ISAMBERT, Rec. des anc. lois fr., t. 16, Paris, 1829, p. 198) pour désigner une fonction honorifique. Du b. lat. comes stabuli littéralement « comte de l'étable », « grand écuyer » (IVe s. Code Théodosien ds DU CANGE t. 2, p. 431a; VIe s. Code de Justinien ds TLL s.v., 1778, 59) puis « chef militaire » (807 ds NIERM., s.v. conestabulus : B. comitem stabuli sui, quod corrupte constabulum appellamus, cum classe misit in Corsicam), avec changement de -m- en -n- par dissimilation avec le -b- (REW, n° 2078; FEW t. 2, p. 941b). Fréq. abs. littér. :360. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 534, b) 103; XXe s. : a) 70, b) 123. Bbg. BARB. Loan-words 1921, p. 140. — DARM. Vie 1932, p. 93. — GOUG. Mots t. 1. 1962, p. 170.
connétable [kɔnetabl] n.
ÉTYM. 1165, conestable; « commandant militaire », 1155; du bas lat. comes stabuli, proprt « comte (comes) de l'étable (stabulum) ».
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1 N. m. Hist. Sous l'Ancien Régime, Grand officier de la couronne, d'abord surintendant des écuries, puis chef suprême de l'armée. || Louis XIII supprima la dignité de connétable en 1626, après la mort du connétable de Lesdiguières. || L'épée de connétable.
1 Le connétable capétien dérive certainement du comes stabuli carolingien; cependant son nom n'apparaît qu'en 1043. Il a déjà sa place marquée dans l'armée royale; mais il est sous les ordres du grand sénéchal, jusqu'à la disparition de celui-ci (…) Dès le XIIIe siècle, le connétable revendique le droit de commander l'avant-garde de l'armée royale. Au XIVe siècle, il deviendra le chef de toute l'armée.
Chénon, Hist. générale du droit franç., t. I, p. 577.
2 (…) une lettre que madame Bonacieux a reçue de la connétable, et qu'elle a eu l'imprudence de me communiquer, me porte à croire que ces quatre hommes au contraire sont en campagne pour la venir enlever.
A. Dumas, les Trois Mousquetaires, t. II, p. 693.
2 N. m. Cinquième grand dignitaire sous Napoléon Ier. — Doyen des maréchaux de France.
3 N. m. Titre héréditaire donné dans certains pays à des personnes de qualité. || Le connétable de Castille.
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DÉR. Connétablie.
Encyclopédie Universelle. 2012.