involution [ ɛ̃vɔlysjɔ̃ ] n. f.
• 1314 « difficultés »; lat. involutio « enroulement »
1 ♦ Bot. État d'un organe involuté.
2 ♦ (1866) Math. Application f d'un ensemble E dans lui-même, telle que f = f-1. Les symétries sont des involutions.
3 ♦ (déb. XIXe; d'apr. évolution) Didact. Développement inverse de l'évolution; passage de l'hétérogène à l'homogène. — Méd. Modification régressive d'un organe, de l'organisme, d'une tumeur. Involution utérine, retour de l'utérus à ses dimensions normales, après l'accouchement. Involution sexuelle. — Involution sénile : ensemble des modifications de l'organisme dues à la vieillesse.
● involution nom féminin (latin involutio, -onis, enroulement) Diminution spontanée ou provoquée d'un tissu, d'un organe ou d'une tumeur. Mode particulier de vieillissement d'un organe, qui lui restitue plus ou moins l'aspect qu'il avait avant son plein développement. (Par exemple Involution du corps jaune en fin de cycle ovarien chez la femme non fécondée ; involution globale de l'ovaire à la ménopause ; involution du thymus chez l'enfant.) Passage de l'hétérogène à l'homogène, du divers au même, du multiple à l'un. Application définie de E dans E dont la composition avec elle-même donne l'application identique. Homographie d'une droite projective, involutive et différente de l'identité. Régression avec retour à un état antérieur.
involution
n. f.
d1./d BOT état d'un organe involuté.
d2./d MATH Application involutive.
|| GEOM Transformation homographique involutive.
d3./d PHILO Processus, inverse de la différenciation, qui conduit de la pluralité à l'unité, de l'hétérogénéité à l'homogénéité, de la diversité à l'uniformité.
d4./d MED Modification régressive d'un organe sain ou malade, d'une tumeur, de l'organisme. Involution utérine: retour de l'utérus à sa dimension normale après l'accouchement.
⇒INVOLUTION, subst. fém.
I. — Reploiement vers l'intérieur.
A. — Domaine sc.
1. BOT. [À propos d'un organe, de feuilles, de pétales] État de ce qui est roulé du dehors au dedans. L'involution des pétales d'une fleur (Ac. 1935).
2. BIOL. État d'un organe invaginé, replié vers l'intérieur. P. anal. Involution de l'embryon d'un insecte (SÉGUY 1967).
3. GÉOM. [Avec l'idée de relations, de correspondances internes] ,,Homographie telle que si b est le transformé de a, réciproquement a est le transformé de b`` (Lexis 1975). Deux faisceaux homographiques concentriques sont dits en involution, si la relation entre deux rayons homologues ne change pas quand on permute ces rayons (HADAMARD, Géom. ds espace, 1921, p. 369).
— ,,Ensemble des couples associés dans la transformation précédente`` (Lexis 1975).
B. — Au fig. ou p. métaph.
— Vx. [En partic. dans le domaine jur.] Ensemble de difficultés, de complexités qui viennent, par leur enchevêtrement, embrouiller le déroulement de quelque chose. Involution de procès, de procédures (Ac. 1835, 1878). Une grande involution de circonstances (LITTRÉ).
— Au sens étymol. :
• 1. Ce qu'on appelle l'égoïsme du vieillard n'est souvent qu'un repli sur le présent et sur une mémoire qui, désormais impuissante à créer un avenir, tourne en contemplation de soi. Cette involution modifie tout l'univers du vieillard.
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 162.
II. — [P. oppos. à évolution] Développement inverse de ce qui, dans le cas considéré, constitue une évolution.
A. — BIOLOGIE
1. Transformation dans le sens d'une régression (par dégénérescence). Cette évolution comprend deux parties : la genèse et l'involution du tissu osseux (POLICARD, Histol. physiol., 1922, p. 244). Involution gélatineuse de la moëlle (Méd. Biol. t. 2 1971). Le système nerveux a un statut particulier dû à l'absence de division des neurones, de sorte que son involution va dépendre à la fois de l'appauvrissement du capital cellulaire au cours de l'existence, mais aussi des altérations irréversibles pouvant atteindre la population neuronale subsistante (POROT 1975).
♦ Involution sénile. Régression (d'un organe, de l'organisme entier, de leurs fonctions) due au vieillissement. (Ds GARNIER-DEL. 1958 et 1972, Méd. Biol. t. 2 1971, Méd. Flamm. 1975).
2. Retour progressif à une forme antérieure de développement par diminution de volume sous l'effet d'un processus physiologique normal.
♦ Involution de l'utérus, involution utérine. Retour progressif de l'utérus à son volume initial après l'accouchement sous l'effet d'un ensemble de phénomènes physiologiques se succédant dans la période des suites de couches (d'apr. Méd. Biol. t. 2 1971). Synon. régression utérine.
♦ Involution mammaire. Retour progressif des glandes mammaires à leur volume initial après la lactation. (Ds VILLEMIN 1975).
♦ Involution d'une tumeur, involution tumorale. Régression d'une tumeur sous l'effet d'un traitement chimiothérapique ou radiothérapique (d'apr. Méd. Flamm. 1975).
B. — [P. oppos. à l'évolution considérée comme allant dans le sens d'une différenciation croissante]
1. PSYCHOL., PSYCHIATRIE. Processus psycho-physiologique de régression allant dans le sens d'une indifférenciation des fonctions mentales et se traduisant par une récession des performances et une dégradation de la personnalité. Formes d'involution; involution psychologique, psychique, sénile. L'involution correspond à une loi très générale qui régit la trajectoire temporelle de tout être vivant (POROT 1975).
♦ Involution présénile. ,,Période de ralentissement de la vitalité et des phénomènes biologiques`` (POROT 1975).
♦ Psychose d'involution. ,,Trouble mental survenant dans la période allant de la ménopause (involution sexuelle) à la vieillesse (involution sénile). La forme la plus fréquente est la mélancolie d'involution`` (PIÉRON 1973).
2. PHILOS. [P. oppos. à l'évolutionnisme de Spencer pour qui l'évolution procède de l'homogène à l'hétérogène par différenciations et par intégrations successives] Passage de l'hétérogène à l'homogène, du divers au même, du multiple à l'un; généralisation, universalisation (d'apr. FOULQ.-ST-JEAN 1962 et LAL. 1968) :
• 2. C'est un grand préjugé de croire que dans toute transformation spontanée le simple est au début et le complexe à la fin. Les processus de ségrégation, d'épuration ou d'involution n'ont pas moins d'importance dans le devenir que ceux de différenciation et d'intégration.
LALANDE, Raison et normes, 1948, p. 16.
C. — MATH. ,,Opération qui est sa propre inverse, c'est-à-dire qui s'annule quand on l'effectue 2 (ou 2n) fois`` (PIÉRON 1973). Théorème de l'involution [de l'algèbre de Boole] (BUREAU 1972).
REM. P. anal. avec les couples évolution/involution et face au verbe évoluer apparaissent : a) involuer, verbe intrans., dans une lang. spécialisée, correspondant à involution II A 2. Dès le stade embryonnaire ne voit-on pas certaines ébauches involuer (dans l'ordre de la différenciation sexuelle par exemple)? (POROT 1975, s.v. involution); b) involué, -ée, part. passé adj., correspondant à involution I B. On ne sait quoi d'involué, de retenu et de presque trop discret (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 659).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. 1762 puis de 1835 à 1935. Étymol. et Hist. 1. 1314 anat. l'involucion des boiaus « enroulement sur soi-même (des boyaux) » (H. DE MONDEVILLE, Chirurgie, 375 ds T.-L.) — 1559 (JEAN FALCO, Notabilia supra Guidonem scripta, Lyon, p. 217 ds SIGURS, p. 518); 2. 1371 « complication, embarras » en partic. involutions de procès « assemblage de difficultés, d'embarras (dans un procès) » (Lit. remiss. ex Reg. 102, ch. 330 ds DU CANGE, s.v. involumen); 3. a) 1639 math. poincts ... en involution (BEAUGRAND ds BRUNOT t. 6, p. 530, note 1); b) 1861 géom. (SYLVESTER ds Comptes Rendus de l'Ac. des Sc., t. 52, p. 741); 4. 1814 bot. (NYSTEN); 5. 1919 « évolution sur soi-même, enroulement sur soi-même » (L. DAUDET, Monde images, p. 192 : l'origine de la vie apparaît comme explosive, comme le développement instantané d'une longue involution); 6. 1948 [éd.] philos. (LALANDE, loc. cit.). Empr. au lat. d'époque impériale involutio « enroulement », en b. lat. « action d'enrouler », formé sur le supin involutum de involvere « faire rouler, enrouler, envelopper », v. aussi involucre.
involution [ɛ̃vɔlysjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1314, involucion, concret; lat. involutio « enveloppement », de involutum, supin de involvere. → Involuté.
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I État, mouvement de ce qui va, se replie vers l'intérieur.
1 (1371). Vx. Enchevêtrement de difficultés. || Une « involution d'affaires épineuses » (Bossuet, Sermon sur l'impénitence finale, II).
2 (1814). Bot. État d'un organe involuté. ⇒ Intorsion. || L'involution des pétales.
3 (1866; points en involution, 1639). Math. Fonction homographique identique à sa fonction réciproque. — Relation entre deux variables x et y de la forme Axy×B(x+y)+C = 0. — Transformation ponctuelle définie par cette fonction ou cette relation.
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II (De in-, et évolution). Didact. Développement inverse de l'évolution; passage de l'hétérogène à l'homogène.
1 (1931). Physiol., méd. « Modification régressive d'un organe sain ou malade, d'une tumeur, d'un ensemble d'organes, ou de l'organisme tout entier » (Garnier). || Involution utérine : retour progressif de l'utérus à ses dimensions normales après l'accouchement. — Involution sénile, présénile d'un organisme. — Involution d'une tumeur, tumorale. ⇒ Régression.
2 Psychiatrie. Processus de régression psychophysiologique. || Involution présénile : période de ralentissement de la vitalité et des phénomènes biologiques.
0 Les syndromes psychiatriques d'involution correspondent à des psychopathies organiques. Ils sont dus à l'usure, à l'involution des cellules cérébrales.
Guy Palmade, la Psychothérapie, p. 19.
♦ Psychose d'involution, survenant dans la période d'involution présénile, et allant de la ménopause (involution sexuelle) à la vieillesse (involution sénile). || Délire, démence, névrose d'involution. || Mélancolie d'involution (syndrome typique de la présénilité). || Paranoïa d'involution (de l'all.; 1913, Kleist).
3 Philos. (Sans idée de régression). Passage de l'hétérogène à l'homogène ⇒ Généralisation, universalisation. || Processus d'involution et de simplification.
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DÉR. et COMP. Subinvolution. V. Involuer.
Encyclopédie Universelle. 2012.