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mettre

mettre [ mɛtr ] v. tr. <conjug. : 56>
Xe; lat. mittere « envoyer » et « mettre » en lat. pop
I AFaire changer de lieu.
1Faire passer (une chose) dans un lieu, dans un endroit, à une place (où elle n'était pas). 1. placer; fam. coller, 1. ficher, 2. flanquer, fourrer, 1. foutre. Mettez ça ici, là, autre part. Il faut enlever, ôter cet objet de là et le mettre ailleurs ( déplacer) ; il faut le mettre là où il était ( remettre) . Je ne trouve plus mon stylo, je ne sais plus où je l'ai mis. Je n'y ai jamais mis les pieds. — METTRE SUR. poser. Mettre une casserole sur le feu. Mettre sa main sur l'épaule de qqn. Mettre un tapis sur le parquet. étendre. Mettre une carte sur une autre. couvrir. Je n'arrive pas à mettre la main sur mes lunettes, à les retrouver. Fig. Mettre sur le chantier, sur le métier. Mettre cartes sur table. Mettre les points sur les i. — METTRE SOUS ( 1. cacher, glisser) . Mettre une lettre sous enveloppe. Loc. Mettre la clé sous la porte. Mettre qqch. sous clé. enfermer. Mettre un ouvrage sous presse. — METTRE DANS. enfoncer, insérer, introduire. Mettre de l'eau dans une carafe. « Elle mit des billets de banque dans une enveloppe » (Green). Mettre la clé dans la serrure. engager. Fig. Mettre qqch. dans la tête, l'esprit, l'idée (de qqn). enfoncer. Fam. Mettre les pieds dans le plat. Mettre les petits plats dans les grands. Mettre le doigt dans l'engrenage. (En envoyant, en lançant) Mettre une balle dans la cible, dans le but. Absolt Mettre en plein dans le mille. — METTRE EN. Mettre du vin en bouteilles (embouteiller). Mettre en terre : planter ou enterrer. Mettre des données en mémoire. — METTRE À un endroit. 1. placer. Mettre chaque chose à sa place. caser, loger, 1. ranger, région. serrer. Mettre sa voiture au garage. Mettre au panier, à la poubelle : jeter. Mettre une lettre à la poste, à la boîte aux lettres : poster. Mettre qqch. au frais, au chaud. Mettre un tableau au mur. Mettre à terre. Mettre la main à la pâte. Mettre l'eau à la bouche.
Mettre devant, derrière qqch. Loc. Mettre la charrue devant les bœufs. Mettre devant, sous les yeux : présenter. — Mettre près, auprès de. approcher. « Coupeau mit sa chaise tout contre le lit » (Zola). Mettre avec. attacher, joindre. Mettre entre. intercaler, interposer. Mettre un mot entre guillemets, entre parenthèses. Mettre par terre. 1. déposer, poser.
(Suivi d'un adv.) Mettre dessus, dessous. Mettre ensemble. assembler. Mettre qqn dehors. Spécialt Mettre bas : accoucher, en parlant des animaux. La vache a mis bas.
2Placer (un membre, une partie du corps) dans une position. Mettre ses bras en l'air, ses coudes sur la table, ses mains derrière le dos, le pied à l'étrier, les poings sur les hanches.
3Placer (un être vivant) à tel endroit. Mettre un enfant dans son lit, le coucher. Mettre des gardes aux portes. 1. poster. « Après avoir mis des hommes un peu partout » (Zola) . Mettre son cheval à l'écurie. Mets-toi là et attends ton tour. Loc. Mettre qqn au pied du mur, devant le fait accompli, dans sa poche. Mettre les rieurs de son côté. Mettre qqn dans de beaux draps, dans le pétrin. Fam. Mettre dedans : tromper. — Mettre ses amis dans les meilleures chambres. caser, installer, loger. Mettre à la place d'honneur (à table),faire asseoir. — Mettre qqn dans le train. conduire. Mettre sur la route, dans le bon chemin. diriger. Fig. Mettre sur la voie, sur la piste.
4Faire passer dans un lieu en faisant changer de situation. Mettre qqn sur la paille, le ruiner. Mettre en prison, en taule. Il a mis son fils en pension. Mettre qqn, qqch. à l'abri. Mettre à couvert, en lieu sûr. garder, tenir. Mettre en place. installer, 1. ranger. Mettre de l'argent en réserve, de côté. Mettre du café à chauffer, du linge à sécher. « un gros paquet de linge, qu'elle avait dû mettre sécher » (Alain-Fournier). 1. faire. Loc. Mettre au monde, au jour : donner naissance à.
Spécialt Placer (qqn) dans un emploi; l'affecter à un travail. 2. affecter, préposer. Mettre qqn à un poste clé. Mettre qqn dans une affaire. Mettre qqn dans le coup.
5(Abstrait) Placer en esprit à un certain rang, dans un classement, une série. classer. Mettre l'homme, une personne à tel ou tel rang. Mettre à côté de, sur le même plan. Je mets les bons livres parmi les choses nécessaires.
B
1Placer (un vêtement, un ornement, etc.) sur qqn en le disposant comme il doit l'être. habiller, vêtir. Mettre ses vêtements à un enfant. Mettez-lui son chapeau. Mettre des menottes à un prisonnier.
Passer, revêtir (ses propres vêtements, un produit). Mettre ses vêtements, ses habits. s'habiller, se vêtir. Mettre un costume. Mettre des chaussures, une cravate, une ceinture. Mettre un collier, des lunettes, du parfum, du rouge à lèvres. « Je n'ai que ma robe à mettre, je suis prête » (Colette). enfiler.
Par ext. Porter. Il ne met jamais d'écharpe.
2Ajouter en adaptant, en assujettissant. — METTRE À : ajouter une chose à une autre (pour la compléter, la réparer). Mettre un manche à une pioche, un soc à une charrue. Mettre un bouton à une veste, une pièce à un pantalon. Mettre des rideaux à une fenêtre. Mettre un couvercle à une marmite, un bouchon à une bouteille. — METTRE DANS : mêler. Mettre de l'eau dans son vin; du beurre dans les épinards.
3Disposer. Mettre le couvert, la table. dresser.
Installer. Il a fait mettre l'électricité (chez lui, dans sa chambre).
4 Fig. Ajouter à, mêler à. Cette couleur met une note de gaieté. « Son accent parisien mettait une note amusante dans ces réunions cosmopolites » (Martin du Gard).
5 ♦ METTRE... À : ajouter, apporter (une qualité morale, un sentiment) à une action. ⇒ user (de). Mettre de la mauvaise volonté à un travail. « Il y mit tout son talent, toute son âme, toute sa piété » (Gautier). Loc. Y mettre du sien : faire preuve de bonne volonté, faire des concessions. Ils y mettent du leur.
6 ♦ METTRE... DANS, EN, À : placer dans, faire consister en. Mettre de grands espoirs en qqn. fonder. Mettre sa confiance dans qqn. Mettre ses forces, son énergie dans qqch. Mettre un point d'honneur à.
7 ♦ METTRE (un certain temps, de l'argent) À : dépenser, employer, utiliser (ce temps). Mettre plusieurs jours, un temps fou, à faire qqch. Il y a mis le temps : il a été bien long. — (De l'argent) Combien voulez-vous y mettre ? Y mettre le prix.
8Engager (de l'argent). Mettre son argent dans une affaire, en viager. investir, 1. placer. Mettre de l'argent sur un cheval. miser.
9Porter, provoquer, faire naître. fam. 2. flanquer, 1. foutre. Il a mis le désordre, le trouble partout. 1. causer, créer, semer. Mettre de l'ordre. Mettre fin. Mettre le feu à qqch. : faire brûler. Mettre le feu aux poudres.
Par ext. Faire marcher, amorcer, déclencher. Mettre le contact. Mettre les gaz. Mettre la gomme, le paquet.
10Écrire, coucher par écrit. inscrire, marquer, noter. Mettre son nom sur un album. Mettre une somme sur un compte, au compte de qqn. créditer, 1. porter. Mettez que je suis d'accord. Mettez cent francs, notez, inscrivez.
11Fam. METTONS QUE : admettons, disons... Mettons que je n'ai rien dit. supposer. « Mettons que le prix soit honnête. Mettons » (Aymé).
12Faire figurer, inclure (dans une œuvre, un texte). Mettre des citations dans un livre. Fam. En mettre des tartines.
Mettre un personnage en scène, sur la scène. Mettre Shakespeare, Verdi en scène. Mettre une œuvre à l'écran. adapter, 1. porter.
13Fam. Donner. Il lui a mis un P.V. Mettez-moi un kilo de cerises. Mettre des coups, des gnons à qqn. coller. Absolt Qu'est-ce qu'il lui met ! Fig. En mettre un coup. Sport Ils leur ont mis 5 buts à 0.
14(1914) Fam. Mettre les bouts, les bâtons, les voiles. filer, 1. partir. Ellipt On les met ?
15Vulg. Le mettre (à qqn) : sodomiser. ⇒ 1. foutre, miser. Va te faire mettre ! Fig. Tromper qqn. 1. avoir.
II
1Placer dans une position nouvelle (sans qu'il y ait déplacement ni modification d'état, pour le complément). Mettre qqn debout (lever), sur son séant (asseoir). Mettre un enfant sur ses pieds. Fig. Mettre (qqch.), un projet sur pied. Mettre bas, à bas : abattre. Mettre à l'envers, sens dessus dessous.
Mettre un malade sous antibiotiques, sous perfusion.
2Placer, disposer (qqch.) dans une position particulière. Voulez-vous mettre le loquet (le baisser), le verrou (le pousser) ? « Elle courut mettre elle-même les verrous » (Zola). Mettre le frein à main, le serrer.
3Mar. Mettre un navire à la voile, à l'ancre. Absolt Mettre à la voile pour appareiller. Mettre le cap sur l'ouest, tourner vers l'ouest.
IIIFaire passer dans un état nouveau; modifier en faisant passer dans une situation nouvelle.
1(Sens concret) METTRE EN : disposer, transformer en. Mettre du blé en gerbe. Mettre les bras en croix. Mettre en flammes, en feu. Mettre en fraction, en centimètres. convertir. Mettre en perspective. Mettre un poème en musique. Mettre un texte en français, en anglais. traduire. Mettre en bon français. corriger. Mettre en forme. « Admirable matière à mettre en vers latins ! » (Musset).
♢ METTRE À. Mettre un étang, un bassin à sec. Mettre un brouillon au propre. Gramm. Mettre un verbe au futur; un adjectif au pluriel.
Fam. Il l'a mise enceinte. engrosser.
2(Emplois abstraits) METTRE (qqch. ou qqn) DANS, EN, À : changer, modifier en faisant passer dans, à un état nouveau. Ces efforts m'ont mis en nage. Mettre qqn dans tous ses états. Absolt Mettre en état : préparer. Mettre une pendule à l'heure. Mettre en commun. Mettre en contact, en présence, en relation, en rapport. Mettre au point un appareil de photo. Mettre à jour. Faire avancer, marcher, agir ou préparer pour l'action. Mettre une armée en bataille, une pièce d'artillerie en batterie. Mettre en mouvement, en train, en marche, en branle. Mettre en circulation, en service, en vente. Mettre en action, en pratique, en usage. Mettre tout en œuvre pour.
3Mettre en marche; faire fonctionner. Il met la radio à partir de six heures du matin. Mets la télé moins fort. Mettez le chauffage, il commence à faire froid.
4(Abstrait) Soumettre à un examen qui entraîne un jugement, une conclusion. Mettre en lumière, en évidence, en avant, en valeur, en doute. Mettre en cause, en jeu. Mettre à l'épreuve.
5Placer (qqn) dans telle ou telle situation. Mettre en danger. Mettre hors de combat. Mettre un détenu en liberté. Mettre qqn à l'aise. Mettre dans une situation gênante. Mettre au supplice. Mettre à mort. Mettre à nu. Mettre en colère. Mettre en confiance. Mettre au désespoir. (Suivi d'un adv. ou adj.) rendre. Mettre qqn mal à l'aise. Mettre un boxeur K. O.
IV ♦ SE METTRE. A V. pron.
1(Réfl.) Venir occuper un lieu, une place. se placer. Se mettre à la fenêtre. Se mettre dans un fauteuil confortable, s'y asseoir. ⇒ s'installer. Se mettre au lit : se coucher. Mettez-vous là-dessus. Se mettre à l'eau. Ils se mirent autour. entourer, environner. Se mettre entre deux personnes. Se mettre à table. Se mettre à son bureau. Se mettre au piano (pour en jouer). Fig. Mettez-vous à ma place. Loc. Ne plus savoir où se mettre : être embarrassé, gêné. Ôte-toi de là que je m'y mette.
2(Avec un nom de lieu indéterminé ou un nom abstrait) Se mettre à l'abri. Se mettre au service de qqn. Se mettre dans une situation délicate, dans une sale affaire. Loc. Se mettre de la partie. participer. Fig. Se mettre avec qqn, prendre son parti. — Fam. Se mettre avec qqn, vivre maritalement avec. ⇒ concubinage.
3Prendre une position. Se mettre à genoux. Se mettre debout, sur le dos, par terre. Mettez-vous à plat ventre.
4Devenir (en tel ou tel état physique). Se mettre à l'aise. Tu t'es mis dans un bel état. Le temps s'est mis au beau. Loc. Se mettre en quatre. (En parlant de la mise, du vêtement) Se mettre en smoking, en blanc, en bras de chemise. Fam. Se mettre à poil. Se mettre sur son trente et un.
5Devenir. Se mettre en colère. Se mettre en frais, en peine. Se mettre d'accord avec qqn. Mettez-vous d'accord. Se mettre dans son tort. Se mettre en retard. (Suivi d'un adv.) Se mettre bien, mal avec qqn. Fam. vieilli Se mettre bien : être dans une situation enviable, ne rien se refuser (souvent iron.). « Je vendais des fleurs ici. — Tu te mettais bien » (Sartre).
6 ♦ SE METTRE EN (suivi d'un subst. exprimant le mouvement). Se mettre en chemin, en route : partir. Se mettre en marche, en mouvement.
7 ♦ SE METTRE À : commencer à faire. Se mettre au travail, à l'étude. Se mettre à l'ouvrage. Se mettre au latin, aux mathématiques, commencer à les étudier. « Je ne me suis mis à l'anglais que très tard » (A. Gide). S'appliquer, prendre goût à. Jusqu'alors il ne mordait pas à l'informatique, maintenant il s'y met. Commencer. Se mettre à faire qqch. Se mettre à rire, à pleurer. se prendre. Ellipt Il va falloir s'y mettre (au travail, à travailler). Tout le monde s'y est mis. Impers. Il se met à faire beau, à pleuvoir. Accepter un état, un genre de vie nouveau. Se mettre au régime, à la diète, à l'eau.
8(pass. ) Se placer, s'introduire. Gravier qui se met dans un conduit. Les vers s'y sont mis. Ce n'est pas là que ça se met.
9(Récipr.) Fam. Qu'est-ce qu'ils se mettent (comme coups) !
B ♦ SE METTRE, suivi d'un compl. d'objet :mettre à soi. Se mettre un sac sur le dos. Se mettre de l'encre sur les doigts. Fam. Se mettre le doigt dans l'œil. S'en mettre jusqu'aux yeux, plein la lampe. Fig. Se mettre (une idée) dans la tête, en tête. Mettez-vous bien ça dans la tête. s'enfoncer. Se mettre (qqn) à dos, le fâcher, l'indisposer contre soi.
Spécialt Se mettre un chapeau sur la tête. Elle n'a rien à se mettre. Se mettre de la poudre, du rouge. Se mettre la ceinture.
⊗ CONTR. Enlever, ôter, soustraire. ⊗ HOM. Maître, mètre; mîmes :mime (mimer); mîtes :mite (miter); mirent :mire (mirer).

mettre verbe transitif (latin mittere, envoyer) Faire passer quelque chose d'un endroit en un autre : Mettre la voiture au garage, une nappe sur la table, de l'argent à la banque. Enduire quelque chose d'une substance : Tu as mis de la confiture sur ta robe. Accrocher, fixer, ajouter quelque chose à quelque chose : Mettre un tableau au mur. Enfiler un vêtement, porter un objet, se passer un produit sur le corps : Quelle robe mets-tu demain ? Mettre ses lunettes. Indiquer telle place à quelqu'un ; placer : Je vous mets à ma droite. Transporter quelqu'un quelque part, l'y déposer, l'y conduire : L'autobus vous met juste en bas de chez nous. Inscrire quelqu'un quelque part (institution, organisme, etc.), l'y faire aller : Mettre ses enfants en pension. Attribuer un poste à quelqu'un : On l'a mis à la direction générale de l'établissement. Inclure, intégrer quelqu'un dans une action commune : Mettre quelqu'un dans le coup, dans le secret. Attribuer telle place à quelqu'un, quelque chose, les situer à tel niveau : Je le mets parmi les favoris. Placer dans une action un sentiment, une aptitude, les y investir : Mettre tout son cœur, toutes ses forces dans son travail. Engager de l'argent sur, dans quelque chose : Mettre toutes ses économies dans une affaire. Employer, utiliser, nécessiter un certain temps : Mettre une heure pour traverser Paris. Écrire quelque chose, le dire : Qu'est-ce qu'il a mis dans sa lettre ? Faire fonctionner un appareil : Mets la télé, c'est l'heure des informations. Donner, attribuer quelque chose à quelqu'un : Le professeur m'a mis un 18 pour mon devoir. Faire passer quelqu'un, quelque chose dans un certain état (peut correspondre à un autre verbe) : Tu vas le mettre en colère. Mettre un mot au pluriel. Mettre un détenu en liberté (= le libérer). Soumettre quelque chose à une action : Mettre le café à chauffer. Forme de nombreuses locutions avec leur équivalent nominal mise et, éventuellement, le nom metteur : Mettre à jour, en scène, en musique, etc.mettre (difficultés) verbe transitif (latin mittere, envoyer) Conjugaison Accord Mis à part, placé en tête de phrase, est invariable : mis à part cette petite difficulté, tout s'est bien passé (mais on écrit : cette petite difficulté mise à part...). Registre Mettons que, mettez que (+ indicatif ou subjonctif), pour admettons que, admettez que, est familier : mettons que vous ayez raison ; mettez que je n'ai rien dit. Construction Mettre à jour / mettre au jour. → jourmettre (expressions) verbe transitif (latin mittere, envoyer) Mettons, mettez que, supposons, admettons, ou je vous accorde que : Mettons que je n'ai rien dit. Populaire. Mettre les voiles, les bouts, etc., les mettre, s'en aller, prendre la fuite. Familier. Qu'est-ce qu'il lui (m', etc.) a mis !, qu'est-ce qu'il l'(m', etc.) a frappé, grondé, critiqué, etc. Y mettre du sien, faire quelque chose avec bonne volonté, faire un effort pour aplanir une difficulté. ● mettre (homonymes) verbe transitif (latin mittere, envoyer) maître nom masculin mètre nom masculinmettre (synonymes) verbe transitif (latin mittere, envoyer) Faire passer quelque chose d'un endroit en un autre
Synonymes :
- coller (familier)
- ficher (familier)
- flanquer (familier)
- fourrer (familier)
- foutre (populaire)
Contraires :
- ôter
Enduire quelque chose d'une substance
Synonymes :
- étaler
- étendre
Accrocher, fixer, ajouter quelque chose à quelque chose
Synonymes :
Enfiler un vêtement, porter un objet, se passer un produit...
Synonymes :
- revêtir
Transporter quelqu'un quelque part, l'y déposer, l'y conduire
Synonymes :
- déposer
Placer dans une action un sentiment, une aptitude, les y...
Synonymes :
Engager de l'argent sur, dans quelque chose
Synonymes :
- claquer (populaire)
- croquer (familier)
- fricasser (familier)
- fricoter (populaire)
- manger (familier)
Écrire quelque chose, le dire
Synonymes :
- écrire

mettre
v. tr.
rI./r Faire passer dans un lieu.
d1./d Placer ou amener (qqch, qqn) dans un endroit déterminé. Mettre un enfant au lit. Mettre les mains dans les poches. Mettre du vin en bouteilles.
|| Mettre en terre: enterrer, planter. Mettre en terre un rosier.
|| Mettre le couvert: disposer sur la table les objets dont on a besoin pour le repas.
|| Mettre qqch dans la tête de qqn, le lui faire comprendre, l'en convaincre.
d2./d Placer (qqn) dans un endroit en faisant changer son état, sa situation. Mettre qqn en prison.
|| Mettre un enfant au monde.
|| Mettre bas: pour les animaux, donner naissance à des petits. La chienne a mis bas.
|| Affecter (qqn) à un travail, placer (qqn) dans une situation professionnelle déterminée. Mettre qqn à un poste. Mettre qqn au chômage.
d3./d Placer à un certain rang (dans une suite, une série, une hiérarchie).
d4./d Employer (de l'argent, du temps). Mettre ses fonds dans une entreprise. Mettre trois heures pour faire un travail.
d5./d Placer sur le corps. Mettre ses habits.
|| Porter habituellement. Il ne met pas de veste.
d6./d Ajouter (ce qui manque, ce qui est nécessaire). Mettre un manche à un balai.
rII./r Faire occuper telle position à; placer dans telle situation, tel état.
d1./d Mettre qqch en gage, le donner à titre de garantie en échange du prêt d'une somme d'argent.
|| Mettre à prix la tête de qqn.
d2./d Placer dans une certaine position. Mettre le verrou.
d3./d Noter par écrit. Mettre son nom au bas d'une page.
d4./d Mettre... à: faire consister... à. Mettre son plaisir à faire du bien.
rIII/r Opérer un changement, amener à une autre situation.
d1./d Mettre en: amener (qqch) à être dans telle situation, tel état. Mettre une lampe en veilleuse.
Mettre en valeur.
d2./d Faire passer d'une forme d'expression à une autre. Mettre en vers, en prose.
d3./d Faire marcher, fonctionner. Mettre la radio.
d4./d Faire passer (qqn) d'un état à un autre. Mettre qqn en danger, en colère, en garde. Mettre qqn hors de lui.
rIV./r v. Pron.
d1./d Se placer dans un endroit précis, dans un état déterminé. Se mettre au lit. Se mettre en colère.
d2./d Se mettre à faire qqch, commencer à le faire.
d3./d Fig. Se mettre à la place de qqn, faire l'effort de le comprendre.
d4./d Se mettre à table.
d5./d Mettre sur soi, porter. Je n'ai rien à me mettre.

⇒METTRE, verbe
1re Section. Emploi trans. [Le suj. désigne l'agent ou la cause] Agir de façon à établir ou modifier (la localisation, la disposition, l'état, la fonction, la situation de quelque chose ou de quelqu'un).
I. — Faire passer en un lieu, un endroit, en une place. Synon. placer, ficher3 (fam.), foutre1 (vulg.).
A. — 1. Mettre qqc./qqn + compl. prép.
a) [Avec la prép. à]
) [Le compl. dir. désigne un animé ou un inanimé] Il vous fait mettre au jour pour mieux voir l'enfant, qui ouvre et referme ses globes d'yeux de petit chat (GONCOURT, Journal, 1860, p.831).
Au fig. Mari terrible, maître détestable, jaloux, capricieux, inquiet sans relâche (...), quelle grandeur lui restait-il, à lui qui voulait tout mettre à ses pieds? (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p.333).
SYNT. Mettre qqc. ou qqn à l'eau, à la mer, à l'ombre, à terre; mettre qqc. ou qqn à la droite de, à la gauche de, à l'avant de, à l'arrière de; mettre qqc. ou qqn à tel endroit, à telle place.
Loc. Mettre chaque chose, chacun à sa place; mettre une chose, une personne à la place d'une autre; mettre qqc. ou qqn aux mains de qqn (v. main).
) [Le compl. dir. désigne un inanimé] Et les deux messieurs, ayant mis serviette au col, comme les vachers, commencèrent de dîner (MONTHERL., Célibataires, 1934, p.741). V. gracieux I A 2 ex. de Erckmann-Chatrian.
SYNT. Mettre qqc. au panier, au pilon, à la poubelle; mettre qqc. au four, au réfrigérateur; mettre de l'argent à la banque, un bagage à la consigne, un poulet à la broche, la poule au pot, un sac au dos, un tableau au mur; mettre la corde au cou d'un condamné.
Loc. Mettre qqc. au clou; mettre l'eau à la bouche; mettre l'épée, les armes à la main; mettre le marché à la main.
ÉLECTR. Mettre un fil à la masse, à la terre.
) [Le compl. dir. désigne un animé] On me mettait à mon poste. Je posais mon fusil désarmé à côté de moi, et je rêvais (DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p.242). Annouchka, après m'avoir déshabillée et mise au lit, s'en allait dans la cuisine, et je restais seule, enserrée par les pièces obscures de la maison (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.275).
SYNT. Mettre un élève au coin, au piquet; mettre un enfant au collège, à l'école; mettre une fille au couvent; mettre qqn à l'asile, à Charenton; mettre qqn au bagne, à la Bastille, au cachot, à l'ombre, au violon (pop.); mettre qqn au lit, à l'hôpital, au tombeau; mettre qqn à terre.
Loc. Mettre un animal, une personne au bout de son fusil. Prendre un animal, une personne pour cible. (Dict. XIXe et XXe s.). Mettre qqn à la lanterne. Au fig. Mettre la puce à l'oreille; mettre qqn le dos au mur; mettre qqn au pied du mur; mettre qqn aux champs (v. champ).
Vieilli ou région. Mettre qqn à lieu de faire qqc. Placer quelqu'un en situation de faire quelque chose. Votre père doit sentir l'importance d'une position qui peut vous mettre à lieu de réparer le mal que la Révolution a fait à votre fortune (CHATEAUBR., Corresp., t.1, 1803, p.99).
Rem. V. aussi infra I A 1 c.
) [Le compl. dir. désigne une partie du corps, en partic. dans des loc.] Mettre genou à terre; mettre la main au cul, au panier (vulg.). Les enfants devaient (...) se garder de chercher au-delà, et surtout de mettre l'œil aux fenêtres et au trou des serrures (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p.70).
Loc. Mettre pied à terre. Au fig. En mettre la main au feu; mettre la main à la plume; mettre la main au collet; mettre le pied à l'étrier.
) [Sans compl. d'obj. dir.] Loc., MAR. Mettre à la cape (v. cape2); mettre à terre.
b) [Avec la prép. dans]
) [Le compl. dir. désigne un inanimé] Il supposait que sa nièce, sans autre domicile actuel que le château de la vieille cousine, mettrait tout cela dans quelque local en attendant qu'elle se fût mariée (MONTHERL., Célibataires, 1934, p.782).
Au part. passé. Pourquoi le pantalon mis dans les bottes a-t-il un rapport fatal avec le débordement de l'esprit? Quelle peut être l'influence du cuir sur le cerveau? Problème (FLAUB., Corresp., 1872, p.426).
SYNT. Mettre un billet dans son portefeuille; mettre la clé dans la serrure, de l'eau dans une carafe, un gâteau dans le four, son linge dans une armoire, un livre dans sa serviette, ses lunettes dans leur étui, son mouchoir dans la poche, des papiers dans un coffre, dans un tiroir, du vin dans un fût; mettre du coton dans ses oreilles.
Loc. fig. Mettre des bâtons dans les roues (v. bâton); mettre les petits plats dans les grands (v. plat2); mettre tous ses oeufs dans le même panier (v. oeuf); mettre l'épée dans les reins; mettre du plomb dans la tête de qqn; mettre qqc. dans la tête de qqn.
) [Le compl. dir. désigne un animé] Mettre un oiseau dans une cage; mettre un malade dans son lit; mettre qqn dans une belle chambre. Ainsi je porte et pousse le temps, espérant vous voir, désirant vous embrasser et vous mettant dans tous mes songes, quand ils valent la peine d'y mettre mes amis (CHATEAUBR., Corresp., t.1, 1804, p.200). On le remporte dans une couverture à la maison. Là, il est mis dans une pension à Lagny (GONCOURT, Journal, 1864, p.61).
Loc. Mettre qqn dans ses meubles (v. meuble). Au fig. Mettre qqn dans de beaux draps (v. drap); mettre qqn dans la gueule du loup; mettre qqn dans sa poche; mettre qqn dans son lit; mettre tout le monde dans le même sac.
) [Le compl. dir. désigne une partie du corps] Mettre ses mains dans les poches. Je mis ma tête dans mes deux mains, et je pleurai de ce que j'avais été jusque-là si mauvais (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p.179). Ce qu'il faut, c'est marcher posément, comme un homme posé, en regardant où on marche, pour ne pas mettre le pied dans une bouse de vache (AYMÉ, Jument, 1933, p.97). P. exagér. Fichtre! déclara Zacharie, quand il eut mis le nez dans son bol, en voilà un qui ne nous cassera pas la tête! (ZOLA, Germinal, 1885, p.1150).
Loc. fig. Mettre le doigt, la main dans l'engrenage; mettre son nez dans les affaires des autres; mettre les pieds dans le plat (v. plat2).; mettre à qqn le nez dans son caca, dans son/ses ordure(s).
c) [Avec la prép. en]
) [Le compl. dir. désigne un inanimé] Mettre du blé en sac, du vin en bouteille; mettre des données en mémoire; mettre qqc. en main(s). L'avoine et le blé furent coupés et mis en grange sous un ciel clair, sans éclat (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p.109). P. métaph. Telle était sa destinée, son entraînement, sa cadence, de mettre l'univers en bouteille, de l'enfermer par un bouchon et puis tout raconter aux foules... (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.405).
Loc. Organ. du travail. Mettre en mains. Distribuer le travail par lots, par tranches, au premier poste de travail d'une série (d'apr. RAMA 1973). Au fig. Mettre le marché en main(s); mettre une idée en tête à qqn.
) [Le compl. dir. désigne un animé] Mettre un condamné en prison; mettre les enfants en bout de table. Les Bretons mirent en mer plus de douze cents hommes, sous les ordres du sire de Penhouet (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.2, 1821-24, p.323). Dans le cas où la famille n'habitait pas avec le défunt, elle se présentait à l'heure indiquée, qui était celle du départ pour le cimetière, le corps ayant été lavé et mis en bière (CAMUS, Peste, 1947, p.1358). Tartaglia, son seul émule, mis en terre voici tantôt vingt années (ARNOUX, Seigneur, 1955, p.66).
Loc. Mettre qqn en lieu de faire qqc. (région.). Synon. de mettre qqn à lieu de faire qqc. (supra I A 1 a ). Il s'arrêtait après avoir parlé de ses fils qu'il mettrait tous en lieu de vivre sur le vieux bien, sur sa concession des Frênes, sur son beau plan de terre du pied des monts (F.-A. SAVARD, Menaud Maître-Draveur, 1964, p.96 ds Richesses Québec 1982, p.1564). Au fig., fam. Mettre qqn en boîte.
) [Le compl. dir. désigne une partie du corps] Mettre genou en terre.
d) [Avec la prép. sous]
) [Le compl. dir. désigne un inanimé] Mettre une lettre sous enveloppe; mettre qqc. sous pli cacheté. Loc. proverbiale. Mettre un grain de sel sous la queue d'un oiseau. Que peuvent contre un tel homme policiers ou gendarmes? Autant lutter de malice avec un lièvre hors du gîte, autant mettre un grain de sel sous la queue d'un martin-pêcheur!(BERNANOS, M. Ouine, 1943, p.1429).
Loc. Mettre la clé sous la porte; mettre qqc. sous clé; mettre un ouvrage sous presse; mettre qqc. sous le nez, sous les yeux de qqn (v. œil).
) [Le compl. dir. désigne un animé] Viens d'abord te mettre sous les armes. Comme on dit: tu feras l'épreuve de tes charmes(AUGIER, Philiberte, 1853, p.179).
) [Le compl. dir. désigne une partie du corps] Mettre sa tête sous le couperet. Au fig.:
1. ... tout triomphe, quelque petit, quelque momentané qu'il soit, intéresse toujours une femme, et (...) ne pouvant y prétendre par elle-même, elle aime à s'associer à ceux des hommes et à mettre sa tête sous la même couronne, qu'elle soit en or ou en gazon...
KARR, Sous tilleuls, 1832, p.273.
Loc. fam. Mettre les pieds sous la table (v. pied).
e) [Avec la prép. sur]
) [Le compl. dir. désigne un inanimé] Mettre une casserole sur le feu, la clé sur la porte, une nappe sur la table, une pendule sur la cheminée; mettre des objets les uns sur les autres; mettre qqc. sur un socle. [Les marchands] prennent le beurre avec les mains et le mettent sur une feuille (DELACROIX, Journal, 1832, p.128). Mettre un disque sur le tourne-disque, sur le plateau, p. ell. mettre un disque. [P. méton.] Je m'empare de ce disque, je mets sur un autre plateau le rythme fort paisible d'une brave péniche (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, 28). Mettre du + nom propre. Après, pour varier, je lui mets du Georges Milton:Dis, c'est toi qui t'appelles Émilienne, puis Pour promener Toto, j'ai une auto de Georgius (SAN ANTONIO, Pleins feux sur le tutu, Paris, Fleuve Noir, 1984, p.90).
Loc. Mettre les scellés (sur des biens) (v. scellé). Au fig. Mettre les clefs sur la fosse de qqn (v. clé); mettre cartes sur table (v. carte); mettre du coeur sur le carreau; mettre le grappin sur qqn; mettre qqc. sur le métier, sur le tapis; mettre une affaire sur les bras de qqn; mettre le couteau, le poignard sur la gorge; mettre une faute sur le dos de qqn.
P. anal. Mettre un nom sur un visage. Identifier, après l'avoir vue, une personne dont on connaît le nom. Tout Paris varié (...) se trouvait là avec un nom à mettre sur chacune de ces figures (A. DAUDET, Nabab, 1877, p.18). La même difficulté que j'éprouvais à mettre le nom qu'il fallait sur les visages semblait partagée par toutes les personnes qui apercevaient le mien (BLANCHE, Modèles, 1928, p.130).
) [Le compl. dir. désigne un animé] Mettre un enfant sur sa chaise, un patient sur la table d'opération; mettre un perroquet sur son perchoir. Au fig. Le bon Dieu vous récompensera de votre peine, dit-il. C'est lui qui vous a mis sur mon chemin, en un moment où le courage m'abandonnait (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p.169). V. cul ex. 11.
Loc. fig. Mettre qqn sur la paille; mettre qqn sur le pavé; mettre qqn sur un piédestal.
) [Le compl. dir. désigne une partie du corps] Mettre les coudes sur la table. Les soldats mirent la main sur l'épaule de don Pierre pour le faire marcher (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p.222). En mettant le pied sur le quai (...) j'entendis sonner midi (MAUPASS., Sur l'eau, 1888, p.323). Au fig. Il faut tout vous dire! Il faut vous mettre le nez sur les choses pour que vous les compreniez (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p.162).
Loc. Mettre un doigt sur ses lèvres (v. lèvre); mettre la main sur qqc., sur qqn. Au fig. Mettre le doigt sur qqc.
f) [Avec d'autres prép. ou loc. prép.]
) [Le compl. dir. désigne un animé ou un inanimé] Tiens, bois... dit le père en mettant devant son fils une bouteille de vin (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p.630).
Au fig. Mise devant l'évidence, par les paroles de Marguerite, par sa pitié plus encore que par l'avertissement de la nature, il n'y avait plus de place en elle pour des regrets ou de la honte (ROY, Bonheur occas., 1945, p.329):
2. Le Sacre et ce Dix-huit Brumaire radieux,
Beau jour (...)
Où le dieu Mars mis par la Chambre hors la Loi
Mit la Loi hors la Chambre
VERLAINE, Œuvres compl., t.1, Jadis, Paris, Messein, 1884, p.340.
SYNT. Mettre qqc. ou qqn par terre; mettre une personne, une chose avec, contre, derrière, devant qqc. ou qqn; mettre une chose, une personne entre, parmi d'autres choses, d'autres personnes; mettre une chose, une personne à côté de, au-dessous de, au-dessus de, auprès de, en face de, face à, hors (de), loin de, (tout) près de, vis-à-vis de qqc. ou qqn; mettre une chose, une personne au milieu d'autres choses, d'autres personnes; mettre des personnes, des choses autour de qqc. ou qqn.
Loc. fig. Mettre qqc. ou qqn entre les mains de qqn (v. main); mettre la charrue devant/avant les boeufs (v. boeuf); mettre qqn devant le fait accompli.
) [Le compl. dir. désigne une partie du corps.] Mettre les mains devant les yeux; mettre ses mains derrière le dos. Le mieux est d'aller dormir. (...) je ne peux plus mettre un pied devant l'autre... la nuit porte conseil (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p.228).
Loc. Mettre le(s) pied(s) chez qqn; ne plus mettre les pieds chez qqn. V. pied.
2. Mettre qqc./qqn + adv., loc. adv., pron. adv., pron.
a) [Le compl. dir. désigne un animé ou un inanimé] — Brusquement. — Je mets ce citron là! Il le dépose sur la table (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, I, 8, p.14). Non, pas de bouteille: où veux-tu que je les mette? Je ne peux pas porter ça à la main (GIONO, Colline, 1929, p.152).
SYNT. Mettre qqc. ou qqn ailleurs, dedans, dehors, dessous, dessus, ici, là; mettre qqc. alentour, en bas, en haut, là-bas, là-dessous, là-dessus, là-haut; mettre des choses bout à bout; mettre qqc. quelque part; ne pas savoir où mettre qqc./qqn.
Loc. Un temps à ne pas mettre un chien dehors. Au fig., pop. Mettre qqn dedans; en mettre plein la vue.
b) [Le compl. dir. désigne une partie du corps, en partic. dans des loc.] Mettre le doigt, le nez dessus; mettre le nez, le pied dehors. Ce dessin de Forain, un larbin assis sur l'oreiller du lit de sa maîtresse: — Je mets mon derrière où elle met sa figure (BARRÈS, Cahiers, t.14, 1922, p.62). Elles nous en veulent: elles ne mettent plus les pieds ici. Je suis privée de mes petits-enfants (MAURIAC, Noeud vip., 1932, p.40). Ces messieurs qui viennent à bord des navires sans rien connaître à la mer, donnent des ordres au nom de la compagnie et mettent leur nez partout (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p.22). Le rapport doit encore se trouver dans le bureau de mon secrétaire, mais je serais incapable de mettre la main dessus (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p.32).
Loc. fig. Ne plus savoir où mettre la tête.
B.En partic.
1. Disposer, poser (à l'endroit approprié).
a) Disposer (les éléments d'un service de table) en vue, au cours d'un repas.
) Mettre qqc. + compl. prép. ou adv. de lieu. Mettre une cafetière, une carafe, une nappe, une soupière, des tasses, des verres sur la table. Le couvert était mis dehors, sous le porche de la cuisine (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p.843).
) [Sans compl. second.] Synon. de dresser.
Mettre le couvert. Le couvert était mis, trois bols sur la nappe blanche (ZOLA, Germinal, 1885, p.1195). Paul met le couvert; Gabriel boit, à cheval sur une chaise, le corps tassé, l'air abruti (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p.151).
[P. méton. du compl. dir.] Mettre la table. La table était mise chez les Thiriet dans la grande cuisine du rez-de-chaussée: une grande table comme pour une noce (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p.290). Laisse Juliette tranquille! Va mettre la table: comme un grand garçon que tu es, vite... va... (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.71).
Au part. passé. Elle la lisait [la lettre d'Henriette Briss] devant la table mise, les deux couverts en face l'un de l'autre (A. DAUDET, Évangéliste, 1883, p.144).
b) ) Disposer (un vêtement, un accessoire vestimentaire, un ornement, etc.) sur (le corps de) quelqu'un. Mettre une brassière, un maillot, un pyjama à un enfant; mettre une alliance, une bague au doigt de qqn; mettre une couronne, un diadème au/sur le front de qqn; mettre un collier à qqn; mettre une armure, une cuirasse à qqn. Félicie Nanteuil (...) donnait le pied à (...) l'habilleuse, qui lui mettait de petits souliers noirs à talons rouges (A. FRANCE, Hist. comique, 1903, p.1). V. bonnet ex. 9, gant ex. 2.
P. anal. Mettre des menottes à qqn; mettre des chaînes à un prisonnier, des entraves à un animal. Ils deviendront fous très-rapidement, et on leur mettra la camisole de force pour aller à l'Institut les jours de séance (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p.181). V. chenapan ex. de Martin du Gard.
[Sans compl. indir.] Disposer (ses propres vêtements, un accessoire vestimentaire, un ornement, etc.) sur son corps. Liliane avait mis son chapeau, pris son châle et son ombrelle (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p.122). Mon Dieu, puisque tu vas voir des amis, j'aurais pu mettre un autre mantelet. J'ai l'air un peu malheureux avec cela (PROUST, Guermantes 1, 1920, p.309). Les chevaux sont prêts. Debout! Allez mettre un autre costume (CLAUDEL, Soulier, 1944, 1re part., 2e journée, 3, p.1009).
SYNT. Mettre un/son blouson, une/sa chemise, un/son gilet, des/ses habits, un/son paletot, une/sa veste, des/ses vêtements; mettre une/sa casquette; mettre des/ses gants; mettre des/ses bas, des/ses bottes, des/ses chaussettes, des/ses chaussures, des/ses souliers; mettre des/ses bretelles, une/sa ceinture, une/sa cravate; mettre des/ses boucles d'oreilles, des/ses boutons de manchettes, un/son bracelet, un/son collier.
P. anal. Mettre son dentier; mettre un casque, des gants de boxe, un masque, une perruque. Il prit le papier officiel, mit ses lunettes, toussa (...) et lut (BALZAC, Gobseck, 1830, p.403).
En partic. Porter habituellement. Son idéal serait un homme qui se ferait tous les jours la barbe, ne mettrait que des chapeaux à la campagne et jamais une casquette, un parfait patron d'un journal de modes (GONCOURT, Journal, 1860, p.762).
[Le compl. dir. désigne une pers.] Mettre qqn en + subst. Mettre qqn en civil, en tenue, en uniforme. Loc. fig. Mettre qqn en brassière.
) Appliquer (un produit de beauté, d'hygiène, de soin) sur le corps, une partie du corps de qqn, sur soi. Mettre du fard à un acteur, un comédien; mettre du fond de teint, de la poudre; mettre du déodorant, du parfum; mettre une crème; mettre de la pommade; mettre un cataplasme, un emplâtre, un pansement, un suppositoire. Infra ex. 22:
3. Pousse à Dieu ton cantique, ô chantre rajeuni;
Entonne, orgue enroué, des te deum splendides;
Vieillard prématuré, mets du fard sur tes rides;
Couvre-toi de tapis mordorés, mur jauni;...
VERLAINE, Poèmes saturn., 1866, p.81.
2. Placer en lançant. Synon. envoyer.
a) [Le compl. dir. désigne un projectile] Mettre le ballon dans le but, dans la cage, au fond des filets; mettre une balle dans la cible; mettre une balle dans la tête de qqn. M. réussit à mettre le ballon dans les filets (L'Auto-vélo, 31 déc. 1900 ds PETIOT 1982, s.v. filet).
Loc. Fam. Mettre un but (à l'adversaire). Synon. de marquer. Mettre 12 buts à 4 [à l'équipe adverse] (ESN. 1960). Pop. Mettre + indication de score, d'avance au score (dans la vue) à l'adversaire. Dominer (l'adversaire) de (tel score, telle avance). Mettre trente essais dans la vue à l'équipe adverse (ESN. 1960, s.v. vue).
[Sans compl. dir.] Celui qui met le plus souvent dans sa casquette est proclamé roi de la chasse, et rentre le soir en triomphateur à Tarascon, la casquette criblée au bout du fusil (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p.7). Mettre en corner. V. charge I B 2 b ex. de Montherlant. Loc. fam. Mettre dans le mille. V. mille1.
b) [Le compl. dir. désigne un coup] Pop. Mettre des coups, une gifle, des gnons à qqn. [Si mon père, à ma libération] me voyait radiner avec c'te boudin? (...) J'aurais que l'temps d'baisser mon froc pour qu'y m'mette sa godasse! (FOMBEURE, Soldat, 1935, p.162).
En mettre (à qqn). Et coups de poing de trotter sur les gueules, et je t'en mets, rends-m'en z'y, que c'était comme une bénédiction (STÉPHANE, Ceux du trimard, 1928, p.65).
Au fig. Synon. (fam.) de passer. Elle tapa quelques lignes de l'article. «Peut-on concevoir brutes plus sinistres que les officiers supérieurs qui condamnèrent Dreyfus?» Qu'est-ce qu'il leur met, pensa-t-elle égayée (SARTRE, Sursis, 1945, p.51).
Loc. Mettre la/sa main sur (le coin de) la gueule de qqn (pop.); mettre son pied au cul/dans le cul de qqn (pop.). Au fig. Mettre qqn aux cent coups (v. coup); en mettre un coup.
3. [Le compl. dir. désigne une distance, une durée]
a) Mettre une distance, une durée entre soi et qqc./qqn. S'éloigner de. En quatre heures, ils mirent une quinzaine de lieues entr'eux et Valence, et se trouvèrent dans la campagne à l'abri de toute poursuite (BALZAC, Annette, t.4, 1824, p.113).
b) Fam. (notamment dans le vocab. des sports). Mettre + indication de distance, de temps (dans la vue) à qqn. Prendre sur quelqu'un une avance de. Il me met 3 secondes par tour (TRINTIGNANT, Pilotes de courses, 1957 ds PETIOT 1982).
4. a) Conduire quelque part, dans un lieu précis. Mettre un cheval à l'écurie; mettre les vaches au pré, dans un parc; mettre qqn dans tel lieu, dans le train; mettre sa voiture au garage; mettre un véhicule à la fourrière. C'était une jeune femme qui lui ressemblait (...). Un homme, jeune aussi, vint la rejoindre. Ce devait être un voyage de noces, la mère les accompagnait, venait les mettre au wagon (A. DAUDET, Fromont jeune, 1874, p.228). — Où sommes-nous? dit-elle. — Nous devons être loin de tout (...). Où voulez-vous que je vous mette? Elle demanda qu'il la mît à une station (A. FRANCE, Anneau améth., 1899, p.365). Mathieu (...) attendait qu'elle donnât une adresse, pour la transmettre au cocher (...). Puis, comme elle lui demandait s'il voulait qu'elle le mît quelque part, il dit qu'il se rendait chez les Séguin (ZOLA, Fécondité, 1899, p.535).
b) Diriger, orienter. Au fig. Mettre qqn sur un sujet. Faire parler quelqu'un d'un sujet. [P. méton.] Je mis la conversation sur les voleurs de grand chemin (MÉRIMÉE, Carmen, 1845, p.9).
Loc. Mettre qqn dans le bon, le droit chemin; mettre qqn sur la (bonne) piste; mettre qqn sur la voie.
c) Porter quelque chose quelque part, à un endroit précis. Mettre une lettre, un paquet à la poste; mettre un mot à qqn. V. lettre ex. 8.
5. Consacrer, affecter à une certaine fin.
a) [Le compl. dir. désigne ou spécifie une durée] Mettre qqc. à/pour + inf. Mettre des jours, des semaines, des mois à faire qqc.; mettre un bon quart d'heure, un temps appréciable pour faire qqc.; mettre longtemps à faire qqc.; mettre des siècles à se faire, à se défaire. Le divin Léonard mit quatre ans à faire ce portrait [la Joconde], qu'il ne pouvait se décider à quitter, et qu'il ne considéra jamais comme fini (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p.27). Quarante-deux mille francs en billets de banque. Ils mirent deux bonnes heures pour additionner tout cela (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p.650):
4. C'est une manoeuvre, ça! Ils n'ont pas mis deux minutes à mouiller le canot. Et c'est vrai que le plus beau et le plus difficile c'est de larguer toutes les amarres d'une même longueur et en même temps, le plus vite possible, en douceur cependant, de façon à bien prendre l'eau.
MILLE, Barnavaux, 1908, p.89.
♦[En tournure impers.] L'eau pousse... les étangs supérieurs donnent si fort que ça mettra du temps à passer (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p.8).
Loc., fam. Y mettre le temps, tout le temps, p. ell. mettre le temps.
b) [Le compl. dir. désigne ou spécifie une somme d'argent] Mettre qqc. à + subst. Mettre une somme à un achat; mettre une somme à la loterie, au jeu. Combien de pères chez nous pourraient mettre cinq mille francs par an à l'éducation de leur fils? (TAINE, Notes Anglet., 1872, p.151). Elle avait mis une grosse somme sur un cheval qui courait ce jour-là aux courses de Chantilly (A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p.332). Chichinette: Je voudrais faire dire une messe. Le Bedeau: Rien de plus simple (...) Combien voulez-vous mettre? Chichinette: Je ne sais pas au juste... j'irais bien jusqu'à vingt-cinq francs (COURTELINE, Œuvres compl., t.8, Une Messe, Paris, Libr. de France, 1931, p.254).
♦[Sans compl. d'obj. dir.] Loc. Mettre au chapeau (vieilli). Payer son écot. Vidocq était l'ordonnateur du festin, pour lequel on s'était cotisé. Seul il n'avait pas mis au chapeau, mais il acquittait sa part d'abord en supériorité (...) en indications gastronomiques (...) en anecdotes ([L'HÉRITIER], Suppl. Mém. Vidocq, t.1, 1830, p.XLV). Mettre à la masse.
Loc. Y mettre le prix; p. ell. mettre le prix. Au fig., pop. Mettre le paquet. Y mettre du + pron. poss. Payer; payer de sa personne; apporter sa contribution à quelque chose. Lui, sans débourser de fait, y met beaucoup du sien (COURIER, Pamphlets pol., Disc. souscr. acquis. de Chambord, 1821, p.73). Tel quel, dans son débraillé, ce journal avait une originalité une saveur particulière (...) que je ne pouvais que (...) banaliser en «y mettant du mien» (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.11). Au fig. Faire des concessions. Il me semble inutile de discuter tant que vous n'avez pas parlé à Perron, dit Samazelle; je suis convaincu qu'il y mettra du sien (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.210).
En partic. Placer (de l'argent) dans telle ou telle opération. Mettre une somme, son argent en actions, en rentes, dans l'immobilier, dans l'industrie; mettre (de l'argent) à la grosse aventure. Si je te disais de mettre cent mille francs dans mon affaire, tu refuserais? (ZOLA, Germinal, 1885, p.1202).
Vieilli. Mettre (de l'argent) dehors. Investir de l'argent dans (une affaire). En Italie, un manufacturier élève un bâtiment, achète des ustensiles, met dehors un capital considérable (STENDHAL, Rome, Naples et Flor., t.2, 1817, p.220).
c) Au fig. [Le compl. dir. désigne les dispositions mentales, psychiques ou morales de qqn]
) Apporter (telle disposition, telle qualité) à la réalisation de quelque chose.
[Avec la prép. à + subst. ou inf.] Mettre de l'adresse, du coeur, tout son coeur, de l'énergie, de l'entêtement, son honneur, son point d'honneur, du plaisir, de l'orgueil, du soin, de la bonne volonté, de la mauvaise volonté, du zèle à (faire) qqc. Il a des rhumatismes. Mais il met sa coquetterie à ce qu'on ne s'en aperçoive point (LEMAITRE, Contemp., 1885, p.210). Davis avait mis tout son soin à meubler sa cabine (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p.29):
5. Quel dommage que dès le commencement, on n'ait pu s'entendre! Car si les royalistes avaient pensé comme les patriotes, si la cour y avait mis plus de franchise, et les adversaires moins de violence, bien des malheurs ne seraient pas arrivés!
FLAUB., Bouvard, t.1, 1880, p.121.
[Avec la prép. dans + subst.] Mettre toute son âme, des/ses forces, son honneur, sa passion, son orgueil dans qqc. Il savait trop que ce mot n'aurait jamais de sens pour (...) ce coeur qui mettrait toute son énergie combative dans une passion qui broierait tous les obstacles afin de satisfaire cette passion (VOGÜÉ, Morts, 1899, p.386).
) Placer (telle disposition de l'âme) dans/en quelque chose ou quelqu'un. Mettre ses espérances, de grands espoirs, sa foi en qqc. ou qqn; mettre sa gloire, son orgueil, sa vanité dans/en qqc. ou qqn. On a soin D'évoquer chaque jour la voix, les yeux, le geste De l'être en qui l'on met son bonheur (VERLAINE, Œuvres compl., t.1, Bonne chans., 1870, p.120). — J'ai mis ma confiance en Notre-Seigneur. — Et en vos calculs..., et dans les oracles des relations extérieures! (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.121). Des organisations ouvrières, dans lesquelles il mettait d'autant plus d'espoir qu'il n'en mettait aucun dans ceux qui depuis plusieurs siècles gouvernaient son pays (MALRAUX, Espoir, 1937, p.465).
6. a) Mettre qqc. à/dans/sur qqc. Ajouter une chose à une autre pour la compléter, la parfaire, la faire passer dans un état utile, l'adapter à une fonction:
6. Dieu! Dieu! Dieu! Le rocher où la lame déferle
Compte sur lui; c'est lui qui règne; il fait la perle
Et l'étoile pour les sondeurs;
L'azur le voile; il met, pour que le tigre y dorme,
De la mousse dans l'antre; il parle, voix énorme,
À l'ombre dans les profondeurs.
HUGO, Légende, t.5, 1877, p.893.
SYNT. Mettre un couvercle à une marmite, un manche à un balai, une rallonge à une table; mettre un bouton, une pièce à un vêtement; mettre un galon à une robe; mettre des rideaux aux fenêtres; mettre une sourdine à une trompette, à un violon; mettre un fer, un harnais à un cheval; mettre son sceau à qqc.; mettre du beurre, du sel dans le potage; mettre du bois, une bûche dans la cheminée, dans le feu; mettre de l'essence dans le réservoir d'une automobile; mettre du beurre sur un toast; mettre une nappe sur la table; mettre un timbre sur une enveloppe.
Loc. Mettre baïonnette au canon; mettre un bémol (à qqc.); mettre un bouchon (sur la bouche de qqn) (fam.); mettre un cachet sur la bouche de qqn; mettre un cadenas à la bouche de qqn; mettre son grain de sel (dans la conversation) (fam.); mettre du foin dans ses bottes (v. botte2). Au fig. mettre de l'huile sur le feu; mettre du beurre dans les épinards (v. épinard) (fam.); mettre de l'eau dans son vin (fam.); mettre tout son poids dans la balance.
Pop. En mettre (+ adv. d'intensité). En faire trop. Synon. en rajouter, en remettre. En mettre tant et plus. Il est certain que, pour ce qui concerne au moins la première partie de chacun de ces poèmes [Les Contemplations] —car, étant romantique, il [Hugo] en met beaucoup trop — la douleur paternelle lui a arraché des cris comme elle en arrache rarement à l'âme humaine (L. DAUDET, Ét. et mil. littér., 1927, p.181). Travailler beaucoup. Ils aiment et admirent ce patron pas comme les autres et qui «en met» autant que tous ses collaborateurs réunis (L. DAUDET, Maurras, 1928, p.107).
Fam. Mettre au bout. ,,Compléter une somme d'argent`` (CARABELLI, [Lang. pop.], s.d.).
Rare. [Le compl. dir. désigne un animé] Mettre des chevaux à une voiture. [P. ell. du compl. indir.] Lamiel! qu'on mette les chevaux et qu'on aille chercher au village la petite Lamiel (STENDHAL, Lamiel, 1842, p.63).
P. anal. et au fig. Mettre de la grâce dans ses gestes; mettre de l'esprit dans une conversation, de la gaieté dans une réunion. La pluie qui redoublait mettait sous la nef un frisson d'orgue (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p.1474). Bien qu'un rien plus haut qu'un mètre, Le mignon drôle sait mettre Dans ses yeux l'éclair d'acier (VERLAINE, Œuvres compl., t.2, Parall., 1889, p.189). Une voix intérieure me dit que j'ai eu grand tort de ne pas demeurer à mettre du baume dans l'âme de Juliette (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p.74). V. bouche ex. 63.
Loc. Mettre l'accent sur qqc.; y mettre des façons (v.façon). [Sans compl. indir.] Mettre les/des formes (v. forme). Mettre la dernière main à qqc., mettre le dernier trait à qqc. Faire les ultimes ajouts, apporter les ultimes retouches à une oeuvre pour l'achever. L'attitude officielle du parti révolutionnaire (...) met le dernier trait au tableau (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p.74).
b) En partic. Synon. de installer.
) Mettre l'eau, le gaz, l'électricité, le téléphone, le tout-à-l'égout (dans une maison, un appartement). (Dict. XXe s.).
) Vx. Mettre garnison quelque part. S'y installer, y installer une armée. L'Autriche (...) avait voulu, dès 1814, mettre garnison dans nos places frontières de la Catalogne (CHATEAUBR., Mém., t.3, 1848, p.203).
Loc. Mettre le siège devant une ville.
7. a) Noter, inscrire.
) [Le compl. dir. désigne un symb., un signe graph., un élément ling.] Mettre une croix dans la marge; mettre un accent à une voyelle; mettre un mot, un paragraphe en italique; mettre un mot, une phrase entre guillemets, entre parenthèses. Le gros négociant veut tuer le petit. Il prétend seul mettre «Champagne» sur son étiquette (HAMP, Champagne, 1909, p.125).
Loc. Mettre le point final à (un ouvrage). Au fig. Mettre plusieurs choses en accolade; mettre les points sur les i; mettre (qqc.) entre parenthèses (v. parenthèse).
[Sans compl. prép.] Mettre un point, un tréma, une virgule. Mais enfin tu découpes à travers la prose, et tu mets les rimes (VALLÈS, Réfract., 1865, p.137). Tu appelles ça la suite?... Tu es bien bon de mettre une cédille! (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, I, 2, p.7).
Au part. passé. Mis pour. Noté, écrit à la place de. Est-ce que Je viens dans son temple adorer l'éternel mis pour Je viens adorer l'éternel dans son temple ne forme pas une phrase «indéchirable», au triple point de vue grammatical, rythmique et sémantique? (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p.231).
♦[P. méton. du compl. dir.] Elle pratiquait cette opinion ancienne qu'une femme en sait assez long, quand elle met l'orthographe (ZOLA, Rêve, 1888, p.21).
) [Le compl. dir. désigne la nature ou le contenu de ce qui est noté] Mettre un nom sur son agenda, sur une liste; mettre qqn sur une liste; mettre sa signature sur un chèque; mettre une somme sur un compte, au compte de qqn; mettre une cause au rôle (dr.); mettez cela sur vos tablettes (v. tablette). Je composai deux volumes. J'y mis un titre qui en déterminait le caractère un peu trop printanier (FROMENTIN, Dominique, 1863, p.246). Le commandant Doyré fut même obligé, pour arrêter la révolte, de mettre à l'ordre du jour que Mayence était la première barrière de la République contre l'Europe (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t.2, 1870, p.108).
Loc. Mettre une fille en carte; mettre un tissu en carte (tiss.); mettre qqc., qqn en fiches (v. fiche); mettre un livre, un auteur à l'index; mettre qqn dans ses litanies (v. litanie). Au fig. Mettre qqc. au compte de qqn; mettre qqc. en ligne de compte.
[Sans compl. prép.] Ce factum achevé, Champavert l'enveloppa, mit l'adresse:à Jean-Louis, laboureur, à la chapelle en Vaudragon, et le cacheta (BOREL, Champavert, 1833, p.230).
) Mettre qqc. par écrit, en écrit (rare). Votre Grâce n'est plus douteuse, il ne s'agit que de mettre par écrit ce que vous venez de me dire, d'implorer la bonté du roi (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p.1590). Les Anglais se plaignirent beaucoup de ce que les paroles mises en écrit par les conseillers français étaient trop subtiles (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.2, 1821-24, p.104):
7. Il demandera probablement trois ou quatre jours pour te mettre cela au net. Viens me voir sitôt qu'il t'aura donné une réponse. Et fais-toi mettre la réponse par écrit, sans quoi, ce que tu me diras et rien...
MONTHERL., Célibataires, 1934, p.779.
b) ) Introduire quelque chose dans un texte, une oeuvre. Malgré un certain degré de vérité que M. de Chateaubriand a mis dans cette partie de son livre, il faut dire qu'il n'y [a] encore peint que des sentiments tout factices (DELÉCLUZE, Journal, 1827, p.476).
Mettre qqc. à la scène. Introduire, faire figurer dans une oeuvre théâtrale. Molière qui ne craignait pas de mettre à la scène les travers de son temps, raille aussi la trompette marine dans son Bourgeois gentilhomme (GRILLET, Ancêtres violon, t.1, 1901, p.174).
Mettre un personnage en scène (dans une oeuvre, une pièce). Faire figurer un personnage (dans une oeuvre, une pièce). Le poète met en scène le campagnard montant la pente abrupte (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p.571). Au part. passé. Daudet m'en dit de belles sur N..., le précepteur de Zézé, dont il a été voir l'oncle, mis en scène dans son roman (GONCOURT, Journal, 1888, p.828).
Rem. V. aussi infra III B 1 a mettre (une oeuvre) en scène.
P. anal., dans le domaine des Beaux-Arts. Représenter un, des personnage(s) en le(s) disposant d'une certaine manière dans une oeuvre plastique, dans un tableau (d'apr. ADELINE, Lex. termes art, 1884).
) Placer ou reproduire (un texte) dans un recueil, dans une publication. Mettre un poème dans une anthologie; mettre une citation en épigraphe. Tous les journaux, même le Times, ont mis mon allocution (HUGO, Corresp., 1865, p.484). Lui qui a mis en exergue des citations savantes et introduit dans son exposé des passages entiers d'auteurs et de voyageurs absolument étrangers à l'original (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.15).
♦[Avec un sens factitif] Non, je ne m'explique pas ce qui m'a fait faire cela, mettre cette annonce, moi, élevée comme je l'ai été, et cela m'étonne aujourd'hui pareillement comme cela vous étonne, vous, d'avoir regardé ces offres de mariage dans le journal (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p.1342).
Loc. fig. Mettre qqc. en exergue.
8. a) Établir, provoquer.
) Mettre qqc. + compl. prép. de lieu ou adv. Mettre le désordre, la perturbation quelque part. Mettre l'ordre avant tout dans mes papiers, dans les affaires et dans le diocèse (DUPANLOUP, Journal, 1861, p.226). Non, cela seul pour moi importait: mettre de l'ordre dans ma confusion intérieure, voir clair (MAURIAC, Journal 2, 1937, p.166). Tant que la conscience née de la séparation n'eut pas mis la confusion dans nos rapports avec l'univers, le monde des formes comme celui des idées constituaient une seule et même parole (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p.114).
Mettre le feu (quelque part/à qqc.). [P. méton. du compl. dir.] Ce fut l'étincelle fatale qui met l'incendie aux poudres (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p.253).
[Le compl. prép. désigne un attribut de la pers., en partic. dans des loc.] Mettre le feu aux joues; mettre les larmes aux yeux. Cette ruse de femme, recevoir avec froideur une nouvelle qui lui met la joie au coeur! (BOREL, Champavert, 1833, p.46). Des pas de femme qui crièrent tout à coup sur le sable du jardin lui mirent la mort dans l'âme (PONSON DU TERR., Rocambole, t.3, 1859, p.286). C'est les mauvaises paroles du curé qui nous ont mis le feu au ventre (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p.1483). Mettre le feu au cul; mettre le feu sous le ventre de qqn.
) [Sans compl. prép. de lieu]
Loc. Mettre une/des borne(s) à qqc.; mettre un frein à qqc.; mettre le holà à qqc.; mettre un terme à qqc.; mettre l'embargo sur qqc.
Mettre une/des condition(s) à qqc.; mettre pour condition que + inf. Exiger que certaines conditions soient remplies en vue de quelque chose (v. poser). Écoute bien, berger: deux ans, dix ans, vingt ans chez moi, si tu veux (...) je n'y mets qu'une condition, c'est que tu obéisses (R. BAZIN, Blé, 1907, p.46). Les deux enfants mirent pour condition que leur missive serait cachetée et portée par deux messagers qui les remettraient au pape en mains propres (BARRÈS, Cahiers, t.7, 1908, p.86):
8. Elle continua de la sorte simplement, librement, sans aucune ambiguïté de langage, parlant du passé, réglant en quelque sorte les intérêts de notre amitié future, non pour y mettre des conditions, mais pour me convaincre que les liens en seraient plus étroits...
FROMENTIN, Dominique, 1863, p.115.
Mettre le comble à qqc. Faire parvenir au plus haut degré. Mettre le comble à la confusion; mettre le comble aux maux de qqn. Madame la baronne mettrait le comble à ses bontés (...) en daignant venir se reposer un instant chez moi (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p.49). Ce qui mit le comble au scandale, ce fut que (...) Mme Georgette Lebrun figurait au programme (MAURIAC, Noeud vip., 1932, p.116).
[Dans des loc. avec un compl. dir. sans art.] Mettre fin à qqc.; mettre obstacle à qqc.; mettre (bon) ordre à qqc.
b) En partic. Établir. Mettre le contact. V. contact A 2 b a ex. de Guéhenno. Mettre les gaz, (toute) la gomme (pop.). Mettre pleins gaz. Donner la plus grande vitesse possible à un véhicule à moteur. Vous croyez qu'ils avaient mis pleins gaz, quand ils nous cavalaient après? (MALRAUX, Espoir, 1937, p.523).
9. Emplois pop. [Sans compl. prép. de lieu]
b) Mettre les adjas (v. adja), les bouts (v. bout), les voiles (v. voile2); les mettre. S'en aller. — Bonsoir, mon vieux, qu'i' m'dit. On les met. — Quoi, vous partez par un temps pareil, les copains? (BARBUSSE, Feu, 1916, p.117). Il faut que je les mette; j'ai rendez-vous à cinq heures avec mon dentiste (SARTRE, Mur, 1939, p.167).
c) Vulgaire
) Le mettre à qqn. Pénétrer sexuellement (dans une relation hétéro- ou homosexuelle). Synon. foutre (vulg.), miser (vulg.). La Marquise (au comble de l'indignation). — On ne le lui met plus... on le lui a donc déjà mis? L'homme que j'ai honoré de mes faveurs aurait donc des goûts contre nature?... On ne le lui met plus!... Ah! oser parler cet argot devant moi! (A. ROLLAND, J. DUBOIS, Signe d'argent in Théâtre érotique de la rue de la Santé, 1864, p.199 ds CELLARD-REY 1980).
Le mettre. À peine le leur a-t-on ôté, que, de demi-dieux qu'on était en le mettant, on devient de la canaille, des chiens (Dr CAZZONE [A. de Nerciat], Le Diable au corps, 1969 [1789], p.75, ds CELLARD-REY 1980, p.463).
Au fig. Tromper quelqu'un. À moi, mon vieux, on me l'met pas: j'ai trop d'fil dans la trousse (BRUANT 1901, p.362). V. méphistophélique ex. de Goncourt.
) Se (le) faire/laisser mettre. Être pénétré(e) sexuellement:
9. Les derniers temps, j'avais de la peine à me monter l'imagination... Pas étonnant! Elle se faisait mettre par un blanc-bec, un jean-foutre... ça vous fait rigoler parce que je suis cocu? D'abord, je ne le suis plus, cocu... La pouilleuse, je l'ai foutue à la porte...
ARAGON, Beaux quart., 1936, p.116.
Loc. [Pour marquer du dédain, du mépris] Envoyer quelqu'un se faire mettre, aller se faire mettre. Plusieurs associations s'occupant de la défense des Droits de l'homme se sont émues. Il est probable qu'elles vous rendront visite. — Qu'elles aillent se faire mettre! (DEMOUZON, Section rouge de l'espoir, Paris, J'ai lu, 1983 [1979], p.180).
Au fig. Être trompé. On n'donn' pus dans la Politique, Nous, on veut pus se l'laisser mettre (RICTUS, Soliloques, 1897, p.64).
) Mettre une femme. Pénétrer sexuellement. C'est l'homme qui fait l'amour avec intérêt et capital en calculant ce que cela pourra lui rapporter. La femme s'abandonne à la volupté (...) Le monsieur, lui, ne cesse de calculer pendant qu'il nous «met», qu'il nous «le fait» (Le Canard enchaîné, 23 nov. 1983, p.6).
II. — Modifier la position, la disposition de quelque chose ou quelqu'un.
A. — [Le procès est un changement de localisation]
1. [Le compl. indir. désigne ou spécifie une localisation indéterminée ou abstr.]
a) Mettre qqc./qqn + compl. prép.
) [Avec la prép. à]
[Le compl. dir. désigne un animé ou un inanimé] Mettre qqc./qqn à l'abri, à couvert, à découvert. Point de chaudière, on l'avoit mise à l'écart (CRÈVECOEUR, Voyage, t.2, 1801, p.18). Une cassette qui, pendant la traversée, avait été soigneusement mise à part avec les effets d'un de nos riches passagers (LATOUCHE, L'HÉRITIER, Lettres amans, 1821, p.44). V. aussi abri ex. 26.
Au fig. Cette candeur me mit à l'abri du vice solitaire, ce fléau contre lequel nous n'avions jamais été mis en garde (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.244):
10. Exemple privilégié, à contempler longtemps, du mécanisme de l'erreur. Mettre à part. En appréciant l'Inde ou la Grèce, on met le mal en relation avec le bien. En appréciant le christianisme, on met le mal à part. On met à part sans le savoir, là précisément est le danger. Ou, ce qui est pire encore, on met à part par un acte de volonté, mais par un acte de volonté furtif à l'égard de soi-même. Et ensuite on ne sait plus qu'on a mis à part. On ne veut pas le savoir et, à force de ne pas vouloir le savoir, on arrive à ne pas pouvoir le savoir. Cette faculté de mettre à part permet tous les crimes.
S. WEIL, Pesanteur, 1943, p.138.
[Le compl. dir. désigne un inanimé] Mettre qqc. au chaud, au feu, au frais, au rancart. Au part. passé. Des tapis de wagons, mis au rebut par les compagnies de chemins de fer (Lar. mén. 1926, p.767).
Loc. Mettre qqc. au jour; mettre flamberge au vent. Au fig. Mettre qqc. à la portée de qqn; mettre qqc. à toutes les sauces (v. sauce).
[Le compl. dir. désigne un animé, surtout dans des loc.] Mettre qqn au carcan; mettre qqn aux arrêts. On gênait la libre communication avec les habitants, on nous mettait au secret, et l'on répondait que c'était pour que l'Empereur ne fût point importuné (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.270). Ordre de le mettre aux fers tout de suite, pour commencer, et de l'y envoyer conduire par la garde, à cause de ce bruit et de ce scandale (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p.156). Nos chevaux avaient tellement donné qu'ils n'en voulaient plus (...). Alors on les a mis au vert (...) et nous avec (GENEVOIX, Seuil guitounes, 1918, p.28). Mettre qqn à la rue; mettre qqn à bas (v. bas1); mettre un enfant, une oeuvre au monde. Mettre qqn à la porte. [Suivi d'un datif éthique] Lefabre!... Mettez-moi ce butor à la porte, ce paltoquet! (BOREL, Champavert, 1833, p.157).
) [Avec la prép. en]
[Le compl. dir. désigne un animé ou un inanimé] Loc. Mettre qqn/qqc. en place; mettre qqc./qqn en l'air (v. air1). Au fig. Mettre une personne, une idée en avant.
Loc., arg. Mettre qqc. en l'air. ,,Cambrioler`` (CARABELLI, [Lang. pègre], s.d.). Mettre qqn en l'air (v. air1).
[Le compl. dir. désigne un inanimé] Mettre la balle en jeu; mettre un sac en bandoulière; mettre un drapeau en berne; mettre un satellite en orbite; mettre qqc. en dépôt, en gage; mettre qqc. en lieu sûr, en sûreté. Argent, oeufs, confitures, tout fut mis en réserve dans le coffre-fort (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.126):
11. ... le nombre des semeurs semblait y avoir grandi. (...) ils se multipliaient, pullulaient comme de noires fourmis laborieuses, mises en l'air par quelque gros travail, s'acharnant sur une besogne démesurée, géante à côté de leur petitesse...
ZOLA, Terre, 1887, p.20.
[Le compl. dir. désigne un animé] Mettre qqn en apprentissage, en esclavage; mettre qqn en pénitence; mettre qqn en pension; mettre qqn en embuscade; mettre une personne en présence d'une autre. Un jour, Emma fut prise tout à coup du besoin de voir sa petite fille, qui avait été mise en nourrice chez la femme du menuisier (FLAUB., Mme Bovary, t.1, 1857, p.104). V. aussi condition ex. 6.
Mettre en quarantaine. P. métaph. :
12. Fuyez les bois et les fontaines
Taisez-vous oiseaux querelleurs
Vos chants sont mis en quarantaine
C'est le règne de l'oiseleur
Je reste roi de mes douleurs
ARAGON, Crève-coeur, 1941, p.57.
) [Avec d'autres prép.] Mettre un satellite sur orbite; mettre qqn sur la paille, sur le pavé, sur la touche; mettre qqn sur le trône; mettre qqn dans la combine, dans le coup, dans son jeu; mettre qqn dans une affaire; mettre qqn de toutes les corvées, de toutes les fêtes. Je suis mis de côté. Tout est maintenant pour Tissandier et pour Nadar (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p.484).
En partic., loc. Mettre de l'argent de côté; absol., mettre de côté; (synon. pop. mettre (de l'argent) à gauche).
Loc. fig. Mettre la chance de son côté; mettre les rieurs de son côté; mettre qqc. ou qqn entre les mains de qqn (v. main); mettre qqn sur le pavois; mettre qqn sur la sellette. Arg. des sports. Mettre le nez dans le guidon. ,,S'apprêter à démarrer (cyclisme)`` (CARABELLI, [Lang. sportif], s.d.).
b) Mettre qqc./qqn + adv. Il voulait encore parler, mais on ne le laissa pas finir (...) et les serviteurs officieux le mirent dehors (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t.2, 1870, p.313).
Loc. Mettre bas les armes, mettre bas (un animal) (v. bas1). MAR. Mettre toutes voiles dehors.
2. En partic.
a) Placer en esprit (à tel rang, à tel endroit). Il avait sur le poitrail, dans la disposition accidentelle de son beau poil gris cendré, un de ces épis que les Arabes ont mis au nombre des signes funestes (LAMART., Voy. Orient, t.2, 1835, p.28):
13. Il projette d'aller rejoindre Guitry à Sienne et à Florence. Ils ne savent pas où ça se trouve. Pas d'atlas. — Moi, dit Capus, je mets Florence au bord de la mer, pas loin de Rome. Ça donnera ce que ça donnera.
RENARD, Journal, 1900, p.617.
Loc. Mettre les choses au mieux, au pire/au pis; mettre tout au mieux, au pire; mettre plusieurs choses en balance; mettre qqc. ou qqn au-dessus de, au niveau de, au nombre de; mettre qqc. sur le même plan que; mettre qqn au pinacle, au rang de; mettre qqn plus bas que terre; mettre qqn très haut.
b) Fam. [Le compl. indir. est une indication temporelle] Placer, dans une hypothèse, à tel moment, à telle date. Une heure et demie ou deux heures de répétition avec l'orchestre, ça nous met à sept heures à l'hôtel (COLETTE, Music-hall, 1913, p.13).
c) Familier
Mettez que, mettons que + prop. Admettons que, supposons que. Ah! Mam'zelle, je n'ai point dit que vous étiez un singe: et je me suis mal exprimé pour cela, mettez que je suis un âne, un cornichon, une oie (SÉGUR, Mém. âne, 1860, p.245). Mettons que je n'ai rien dit (BECQUE, Corbeaux, 1882, I, 4, p.76). Mettons que vous soyez pour de bon le capitaine d'un véritable navire (AUDIBERTI, Quoat, 1946, 2e tabl., p.69).
[Mettons entre deux élém. de la prop.] Disons, supposons. N'importe où vous allez — mettons dans une gare — On vous dit: tel train part À sept heures vingt-cinq, Qui souvent ne démarre Qu'à huit heures un quart (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p.127). Vous vous acharnez à ce travail imbécile... mettons inutile... (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p.41). Tu as le sentiment... mettons... d'une injustice et (...) tu estimes que je n'ai pas fait tout le nécessaire pour l'empêcher... (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.218).
B. — [Le procès est un changement de position]
1. Mettre qqc./qqn + compl. prép. ou adv.
[Le compl. dir. désigne un inanimé] Mettre qqc. sur cales; mettre qqc. à l'endroit, à l'envers, de travers; mettre qqc. droit; mettre qqc. à niveau; mettre qqc. à l'horizontale, à la verticale; mettre sa montre, son réveil à l'heure; mettre un compteur à zéro. Au part. passé. Elle a été dans le foin et voyait entre les poutres de mélèze, mises à plat l'une sur l'autre, et pas bien rejointes, en face d'elle, la maison et la cuisine (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p.157).
Loc. Mettre une charrette à cul. Poser une charrette les limons en l'air. Au fig. Mettre à cul. Ruiner. Aujourd'hui (...) l'on ne sait si la société française ne sera pas mise à cul et si un gros morceau de Paris ne sera pas dynamité (GONCOURT, Journal, 1892, p.240). Mettre un lit en bateau. Mettre son arme en joue; [p. méton.] mettre qqn en joue, p. ell. mettre en joue.
MAR. Mettre un navire à l'ancre, à la cape, à sec, à la voile (v. voile2); mettre en panne (v. panne3), en travers; mettre le cap sur; mettre les voiles en ciseaux (v. ciseau).
Au fig. Mettre bas les masques (v. masque); mettre une affaire, une entreprise sur pied; mettre plusieurs choses sur le même pied; mettre une idée en avant.
[Le compl. dir. désigne un animé] Mettre qqn à genoux, assis, debout; mettre qqn en croupe; mettre qqn sur ses pieds, sur son séant; mettre un malade sur le dos, sur le ventre; mettre qqn en tête, en queue d'un cortège, d'un défilé; mettre une armée en ligne. En retranchant l'imagination des facultés de l'homme, elle [la Réformation] coupa les ailes au génie et le mit à pied (CHATEAUBR., Ét. hist., t.1, 1831, p.CXXXII). Les femmes que la maigre espérance de 250 grammes de viande pour deux jours met en queue (...) à la porte encombrée des boucheries (CÉARD, Soir. Médan, Saignée, 1880, p.152). Sa tête raclait la terre chaude, comme s'il cherchait un creux d'oreiller. Des poignes dures le mirent debout: — En route! (HAMP, Champagne, 1909, p.85). Au fig. Espoirs montés si haut qu'ils tombèrent des nues, Haines, affres, erreurs jonchaient les avenues Où saignaient, lentement, vos amours mis en croix (VERHAEREN, Mult. splendeur, 1906, p.141).
Loc. Mettre l'équipage à la bande (mar.). Loc. fig. Mettre des gens aux mains (v. main), aux prises (v. prise); mettre des gens dos à dos; mettre qqn sur le cul; mettre qqn cul par-dessus tête; mettre qqn à l'envers; mettre qqn en avant; mettre qqn en mauvaise posture; mettre qqn en selle; mettre une troupe sur pied.
[Le compl. dir. désigne une partie du corps] Mettre les bras en croix; mettre les mains en l'air. Ali (...) montra le nombre trois avec les doigts de sa main gauche, et sur cette même main mise à plat appuyant sa tête, ferma les yeux en guise de sommeil (DUMAS père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.672).
Loc. Mettre les coudes au corps (v. coude); mettre la tête, l'esprit à l'envers.
2. [Sans compl. indir.] Mettre le loquet, le verrou, etc. Placer le loquet, le verrou dans leur position utile. Les gardiens puérils chaussés de patins d'or, Vêtus du lin filé par les vierges assises, À l'aube de ce jour ouvriront-ils encor La porte merveilleuse et les serrures mises? (RÉGNIER, Prem. poèmes, Épis., 1888, p.219).
III. — [Le compl. prép. est le plus souvent introd. par en et à] Modifier quelque chose ou quelqu'un dans son état, sa fonction, sa situation, sa forme extérieure ou ses propriétés.
A. — Faire subir un changement physique, matériel à quelque chose ou quelqu'un.
1. [Le compl. dir. concr. désigne un inanimé] Mettre qqc. + compl. prép. Mettre une vigne en espalier. L'escarpement des rives, en mettant à nu des rocs déchirés, forme comme une ligne blanchâtre (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.94). Les bois [de mine] doivent être autant que possible travaillés à la hache, la scie ne doit servir que pour mettre le bois à la longueur voulue (J. CAHEN, BRUET, Carrières, 1926, p.128). Supra ex. 7:
14. Si nos frères n'avaient pas été fauchés, comment aurions-nous fait pour être jamais aussi seuls?
Rien que notre regard n'embrasse!
La plaine rase à perte de vue, tout est fini, et çà et là un troupeau de moutons dans les éteules!
Si la moisson tout entière n'avait pas été fauchée et mise en meules,
Comment Dieu tiendrait-il tant de place?
CLAUDEL, Poèmes guerre, 1916, p.543.
En partic. (dans une préparation culinaire). Mettre des légumes en conserve. Mettre une carpe à l'étuvée, au bleu, en matelote; mettre des épinards au jus; mettre un lièvre en pâté; mettre un poulet en fricassée (Ac.).
Au fig. Mettre qqc. en veilleuse. Pendant la phase de dessèchement, la vie n'était que ralentie, amoindrie, mise en veilleuse (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p.102).
SYNT. et LOC. Mettre qqc. en bringues (arg.), en lambeaux, en loques, en miettes, en (menus/mille/petits) morceaux, en pièces (détachées), en quartiers; mettre qqc. à feu et à sang; mettre qqc. en cendres, en feu, en flammes; mettre qqc. en charpie, en poudre, en poussière; mettre qqc. en couleur(s); mettre qqc. en tas; mettre qqc. d'épaisseur, de hauteur; mettre qqc. en forme; mettre une agate en bague, un bijou en pendentif; mettre un barrage, un bassin en eau; mettre un bassin, un étang à sec; mettre qqc. au sec; mettre une batterie à plat, un pneu à plat; mettre du blé en gerbes; mettre une feuille de papier, un fil, une serviette en double; mettre de la laine en écheveaux, en pelotes; mettre une lampe en veilleuse; mettre qqc. sens dessus dessous; mettre qqc. sous scellés (dr.); mettre qqc. sous séquestre (dr.).
AGRIC. Mettre un arbre à fruit; mettre un champ en blé; mettre une terre en jachère. Il a mis vingt arpents en vigne, en bois (Ac.).
Loc. [Sans compl. dir.] TYPOGR. Mettre en épreuves, en page(s). Au fig.,fam. Mettre en sourdine; mettre en veilleuse.
Mettre qqc. + attribut du compl. Loc. Mettre les bouchées doubles (v. bouchée).
2. [Le compl. dir. désigne un animé]
a) Mettre qqn + compl. prép. Les suppositions qu'elle faisait, le mirent presque en larmes (ZOLA, M. Férat, 1868, p.105). Ils avaient été durement rossés par des sentinelles (à quatre ou cinq sur le même homme) puis mis à nu, sauf un slip, et attachés toute une journée dans cet état au poteau qui se dressait dans la cour (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p.228).
SYNT. et LOC. Mettre qqn à mal, à mort; mettre qqn à plat (fam.); mettre qqn à poil (pop.); mettre qqn en forme, en pleurs; mettre qqn en nage, en sueur; mettre qqn en sang; mettre qqn hors de combat, hors d'haleine; mettre une femme à mal.
Au fig. et p. exagér. Mettre qqn en capilotade, en miettes. Il était question de quatre parodies: le grand homme voulut les inspirer, les surveiller lui-même, y faire verser quelques grains d'encens, savoir à quel gros sel on le mettrait (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.263). On s'explique que Cassandre, pour finir, ait été mise en pièces par ses concitoyens (BARRÈS, Cahiers, t.12, 1920, p.282).
b) Mettre qqn + attribut du compl. Mettre qqn knock-out; mettre une femme enceinte. Jean Motte mit Josse k.-o. au huitième round (Match, 20 nov. 1934, p.3 ds GRUBB, Fr. sports neologisms, 1937, p.46):
15. Sa vie n'était rien qu'un mélange de la plus vaniteuse grandeur, et de la plus basse crapule. Il s'enfermait dans sa galerie, à considérer les portraits des rois et des empereurs, ses ancêtres, à moins qu'il ne bouffonnât avec Giovan et ses laquais, ou ne fît mettre sa maîtresse nue.
BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p.268.
3. [Le compl. dir. désigne une partie du corps] Mettre les pieds en compote (fam.), les mains, le visage en sang. La croûte de fard tombée, sous les baisers, de sa bouche, de ses joues, mettait à vif les meurtrissures et les plis de son visage, si cruellement, comme des plaies (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.46). Loc. fig. Mettre les nerfs à vif.
B. — Faire passer dans tel ou tel état, dans telle ou telle situation.
1. [Le compl. dir. abstr. désigne un inanimé]
a) [Le compl. indir. désigne un état matériel] Depuis deux mois on n'avait pas cessé de travailler pour mettre Longwood en état de nous recevoir (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.252). On apporte un soin spécial à bien bourrer le remblai, et à le claver au faîte, pour le mettre de suite en tension avec le plafond (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p.66). Un an d'usinage pour mettre un canon au point (JOFFRE, Mém., t.2, 1931, p.9).
SYNT. et LOC. Mettre qqc. en commun, en communauté; mettre qqc. en désordre, en ordre; mettre qqc. dans tel état, dans un triste état, en état de marche; mettre qqc. au clair, en forme, à jour, à la page; mettre qqc. à néant; mettre qqc. à la mode, en vogue; mettre (l'objectif d'un appareil photographique) au point; mettre qqc. en valeur; mettre un corps en vibration; mettre un véhicule en stationnement; mettre une entreprise en faillite, en règlement judiciaire; mettre les choses au point (v. point1); mettre qqc. à fin; mettre qqc. au propre, au net.
Rem. Part. passé en emploi subst. à valeur de neutre. Mis au net, subst. masc. Synon. de mise au net. Mon cher ami, j'ai besoin du mis au net de mon rapport et de votre critique avant huit heures (STENDHAL, L. Leuwen, t.3, 1835, p.22).
En partic.
) Adapter à un (autre) mode d'expression. Mettre des paroles en musique; mettre un texte en français, en anglais, en espagnol; mettre un texte en vers. M. de Lorbac (...) me demande la permission de mettre Marie Tudor en opéra français (HUGO, Corresp., 1863, p.435). C'est les «Fables de La Fontaine» Que, dans sa triste turlutaine, Certain seigneur grammairien Mit en bon français — c'est-à-dire Son français à lui... pauvre sire! (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p.217):
16. L'univers poétique (...) s'introduit (...) par la densité des images, des figures, des consonances, dissonances, par l'enchaînement des tours et des rythmes (...), plus un poème est conforme à la poésie, moins il peut se penser en prose sans périr. Résumer, mettre en prose un poème, c'est tout simplement méconnaître l'essence d'un art.
VALÉRY, Variété III, 1936, p.63.
♦Adapter à un mode de notation, de transcription. Mettre une distance en centimètres; mettre un nombre en fraction. La politique ne saurait être mise en équation (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p.112).
Loc., domaine des média et du spect. Mettre en ondes une émission radiophonique, absol. mettre en ondes (v. onde). Mettre en scène un film, une pièce de théâtre, absol. mettre en scène. Concevoir l'agencement des différents éléments scéniques (décoration, éclairage, jeu des acteurs, etc.) en vue de la représentation d'une oeuvre dramatique, lyrique ou de l'enregistrement d'une oeuvre cinématographique ou télévisée. Largillière de l'Opéra-Comique, mettait en scène. — À vous, duchesse (A. FRANCE, Bergeret, 1901, p.225).
Rem. 1. Mettre en scène a pour synon. réaliser dans le domaine du cin. et de la télév. 2. V. aussi supra I B 7 b.
) GRAMM. Donner à un élément linguistique une forme donnée du paradigme auquel il appartient. Mettre un adjectif, un substantif au pluriel; mettre un verbe à tel temps grammatical, à la forme active, passive. Le subjonctif est remplacé par le mode substantif ou adjectif mis à l'accusatif (DESTUTT DE TR., Idéol. 2, 1803, p.257). À vrai dire, emporté par un reste d'humide fierté, j'ai oublié de mettre cette phrase à l'imparfait (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.17).
b) [Le compl. indir. désigne un état abstr.; en partic. en parlant d'opérations intellectuelles] C'étaient alors des récriminations sans fin sur les toilettes d'à présent mises en regard des toilettes d'autrefois (CHAMPFL., Bourgeois Molinch., 1855, p.27). Personne n'est heureux comme les gens qui n'attendent rien, qui n'ont plus d'avenir parce que tout est mis en question, comme les gens qui s'aiment la veille d'une bataille, de la mort: Bernard faisait cette découverte pour la première fois (NIZAN, Conspir., 1938, p.164). Goethe met à contribution tous les systèmes de philosophie touchant l'immortalité de l'âme (DURRY, Nerval, 1956, p.32).
SYNT. et LOC. Mettre qqc. en cause, hors de cause, en doute; mettre qqc. en perspective; mettre qqc. en évidence, en honneur, en relief, en lumière, en vedette; mettre plusieurs choses en comparaison, en opposition, en parallèle, en rapport; mettre qqc. à profit.
c) [Le compl. indir. désigne un procès] Avez-vous lu Voltaire?... — J'ai fait mieux, répondit le chanoine, je le mets en pratique (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p.724). On mit à l'étude l'oeuvre du jeune musicien, sans interrompre les répétitions de l'oeuvre de Christophe (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1542). Ils montèrent dans la voiture et Rieux mit le moteur en marche (CAMUS, Peste, 1947, p.1323).
SYNT. et LOC. Mettre qqc. en action, en branle (fam.), en danse, en mouvement, en panne, en route, en train; mettre qqc. en chantier, en exploitation, en fonctionnement, en jeu, en oeuvre, en service, hors service, en usage, hors d'usage; mettre un canon, une pièce d'artillerie en batterie; mettre une terre en culture; mettre un bateau en charge; mettre un tonneau en perce; mettre une esquisse, une toile au carreau; mettre (une fusée) à feu; mettre qqc. à l'épreuve; mettre qqc. à la disposition, au service de qqn; mettre une ville au pillage, à sac. Au fig. Mettre qqc. en coupe(s) réglée(s) (v. coupe2).
Au part. passé. Système de climatisation (...) mis en marche et coupé au bout de cinq minutes (BELLETTO, Le Revenant, Paris, Hachette, 1981, p.355).
[Dans des tournures en usage notamment dans le style admin.] La mère Angélique la supplia, pour toute grâce, d'obtenir du roi (...) que l'abbaye fût mise en élection; c'était une manière d'abdiquer (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t.1, 1840, p.331). Les terres ne rapportant plus, elles avaient été avec les châteaux mises à l'encan (HUYSMANS, À rebours, 1884, p.286). Le questionnaire suivant, questionnaire secret, fut alors mis aux voix. La fille a-t-elle été...? Oui. Brutalement? Oui, à l'unanimité. Aurait-elle prêté à l'opération un organe lubrique? Non, à la majorité (JOUVE, Scène capit., 1935, p.142).
SYNT. et LOC. Mettre qqc. en adjudication, en application, en circulation, en commande, en délibération, en exécution, en fabrication, en recouvrement, en réquisition, en vigueur; mettre une affaire en délibéré; mettre un dividende en paiement; mettre qqc. en location, en vente; mettre qqc. à effet, à exécution; mettre qqc. au concours, aux enchères, à prix.
[Le compl. second. est un inf.]
Mettre qqc. à + inf. Du sirop de sucre et de la cassonade furent mélangés et mis à cuire (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p.135). Tout est sur la table, dit l'Adélaïde. Tu trouveras deux oignons épluchés à côté de la miche. J'ai mis la bouteille à refroidir dans le seau (AYMÉ, Jument, 1933, p.43).
Loc. fam. Mettre sa tête à couper + inf.; en mettre sa tête à couper. [Formule utilisée pour affirmer catégoriquement la véracité de qqc.] Je mettrais ma tête à couper que les gaillards [les presque centenaires ici inhumés] ont délogé de bonne grâce ([LECLAIR], Médit. hussard, 1809, p.xxvij).
Mettre + inf. + qqc. Il (...) mit refroidir mon vin un peu chaud dans l'eau frigide de sa claire fontaine (CHATEAUBR., Mém., t.1, 1848, p.495). Mets bouillir des pommes de terre, nous les mangerons avec un peu de beurre (ZOLA, Germinal, 1885, p.1216). Il pleurait un bon coup le jour de l'enterrement, tordait son mouchoir en rentrant et le mettait sécher sur le fil (AYMÉ, Jument, 1933 p.7).
Rem. Selon HANSE 1949, la constr. mettre + inf. + qqc. est préférée ,,par la langue distinguée``. C'est aussi la plus fréq. dans les textes littér. où mettre qqc. à + inf. apparaît surtout dans les dialogues.
d) [Sans compl. indir.] Faire fonctionner. Mettre la télévision. Elle avait un vrai talent pour le silence, on pouvait se taire avec elle sans jamais sentir qu'on n'avait rien à se dire. Lorsqu'elle ne m'avait pas encore, elle mettait parfois la radio qui est toujours mieux (...) que la télé, mais à part ça elle recevait peu de monde extérieur (E. AJAR, L'Angoisse du roi Salomon, Paris, Mercure de France, 1979, p.302). Quand tu te sens seule et vieille, pense à tous ceux qui sont eux aussi seuls et vieux mais dans la misère et dans les hospices (...). Ou alors, tu mets la télé, les derniers massacres en Afrique, ici, là ou ailleurs. Tu te sentiras encore mieux (E. AJAR, L'Angoisse du roi Salomon, Paris, Mercure de France, 1979 p.330). [P. méton.] Mettre les nouvelles; mettre la première, la deuxième chaîne.
2. [Le compl. dir. désigne un animé]
a) [Le compl. indir. désigne ou spécifie une situation concr.] Un malaise d'estomac, qui me donne tiédeur et fadeur intérieures, me met à l'unisson de cette nature assoupie (AMIEL, Journal, 1866, p.249). C'est moi qui l'ai mis dans ce mauvais pas, c'est à moi de l'en tirer (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.213):
17. C'est la vierge fougueuse, enfant de la Bastille,
Qui jadis, lorsqu'elle apparut
Avec son air hardi, ses allures de fille,
Cinq ans mit tout le peuple en rut...
BARBIER, Ïambes, 1840, p.16.
SYNT. et LOC. Mettre qqn au régime, à l'eau, au pain sec; mettre qqn au repos; mettre qqn à la mode; mettre qqn en appétit, en train; mettre qqn en condition; mettre qqn en alerte, aux aguets, en difficulté, en garde, sur ses gardes, en péril; mettre qqn en vedette, en vogue; mettre qqn dans l'embarras, dans le malheur, dans la nécessité, dans une situation gênante, inextricable; mettre qqn dans le cas de faire qqc., dans l'impossibilité de faire qqc., de nuire; mettre qqn de faction; mettre qqn sur la défensive, sur le qui-vive; mettre qqn à quia.
Au part. passé. L'empereur Henri le lion, dépossédé, mis au ban de l'empire (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p.15).
♦[P. méton. du compl. dir.] Mettre son salut en péril. Je ne sortis de la maladie qui avait mis ma vie en danger, que pour tomber dans un état de langueur où le chagrin avait beaucoup de part (DURAS, Ourika, 1824, p.138). Madame Daniel ayant mis sa conscience en repos, ne se fit plus faute d'œillades pour me désoler de son mieux (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p.246).
[Dans le cadre de relations interpersonnelles] Ce qui la passionnait, ce qui la mettait d'accord avec le jeune homme, c'était l'idée de la justice (ZOLA, Germinal, 1885, p.1279). Paul Margueritte me racontait aujourd'hui qu'au Sénat, où il avait été voir un ami de son père, il avait été mis en rapport avec Anatole France (GONCOURT, Journal, 1887, p.634):
18. Mme Rezeau (...) renvoya successivement tous les domestiques. Fine, que son infirmité mettait à sa merci, dut accepter toutes ces augmentations [de travail], mais en conçut (...) une respectueuse inimitié...
H. BAZIN, Vipère, 1948, p.43.
SYNT. et LOC. Mettre qqn au diapason; mettre qqn à l'écart; mettre une personne à la disposition de qqn, au service de qqn, aux ordres de qqn; mettre plusieurs personnes d'accord, en accord, en contradiction, en harmonie, en opposition; mettre plusieurs personnes en contact, en liaison, en rapport, en relation; mettre qqn sous l'autorité, la garde, les ordres, la protection de qqn.
[Dans des tournures en usage notamment dans le style admin. et jur.] Les commissaires chargés de juger les prisonniers n'osaient plus prononcer de condamnations. Ils mirent en liberté les dames de la reine (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.3, 1821-24, p.358). Il faisait appel, au nom de la République, aux suffrages des radicaux mis en minorité au premier tour (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p.26). V. fauteur ex. de Stendhal.
SYNT. et LOC. Mettre qqn à pied, à la retraite; mettre qqn en congé, en détachement, en disponibilité; mettre qqn en accusation, en état d'arrestation, en garde à vue, en résidence surveillée; mettre qqn en tutelle; mettre qqn en demeure (de faire qqc.); mettre la tête de qqn à prix.
Au part. passé. La potence (...) est élevée par corvée; et les ouvriers mis en réquisition ne peuvent, sans se rendre coupables de rébellion, se refuser à ce service (MÉRIMÉE, Mosaïque, 1833, p.280). Celui-ci (...) prenait la physionomie ennuyée des natures faibles, mises en demeure de se prononcer (A. DAUDET, Nabab, 1877, p.141).
b) [Avec un compl. dir. second. spécifiant le statut, la profession de qqn] Maintenant, laisse-moi te raconter ma vie... Quand je suis parti, on m'avait mis aide-cuisinier (PAGNOL, Fanny, 1932, I, 1er tabl., 14, p.53). Ses parents le mirent pensionnaire dans un collège d'Espagne (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p.246).
c) [Le compl. indir. désigne un état mental, moral ou psychol.] Il suffit d'un taon pour mettre aux abois le plus fier cheval et même le lion de la fable (AMIEL, Journal, 1866, p.275). Ses allées et venues pour gagner ces pays jaunâtres de minerai mirent du moins le jeune professeur en goût de visiter tous les pays qui entourent Metz (BARRÈS, C. Baudoche, 1909, p.143). V. alerte ex. 1:
19. ... quand on me baise la bouche (...), ça m'est égal, même si je n'en ai pas envie, c'est fait pour ça. Mais comme ça, dans le cou, ça me met en rogne... je n'ai jamais supporté ni permis ça à personne...
ARAGON, Beaux quart., 1936, p.383.
SYNT. et LOC. Mettre qqn au courant, au fait, à la raison; mettre qqn au parfum (pop.); mettre qqn en échec, en défaut, dans l'erreur; mettre qqn à l'aise, mal à l'aise, à son aise; mettre qqn à bout, au désespoir; mettre qqn dans tous ses états; mettre qqn de bonne, de mauvaise humeur; mettre qqn en confiance, en défiance (contre qqn); mettre qqn en boule (fam.), en colère, en courroux, en émoi, en fureur, en furie, en gaîté, en humeur, en joie, en peine, en rage; mettre qqn en éveil, en verve; mettre qqn hors de ses gonds, hors de soi; mettre qqn à même de + inf.; mettre qqn en mesure de + inf.
Au part. passé. Louisa qui venait de rentrer, mise au courant de l'affaire, déclara qu'elle aimerait mieux mendier que d'obliger son mari à cet affront (ROLLAND, J.-Chr., Matin, 1904, p.135). Un caillou a roulé et les guetteurs allemands, du haut du fort, mis en éveil, lancent des fusées et font feu (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p.248). Il l'avait prise: elle était vierge. Par la suite, mise en goût, elle se donna en long et en large (...) pourvu que l'homme fût un Européen (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p.1436).
♦[P. méton. du compl. dir., en parlant d'un attribut de la pers., d'un ouvrage] Mettre la patience de qqn à bout. Ces ouvrages moyens qui sont si utiles pour nous autres historiens, en ce qu'ils nous mettent au fait, rapidement et sûrement, des conceptions scientifiques communes d'une époque (L. FEBVRE, Combats pour hist., De Linné à Lamarck et à Cuvier, 1927, p.321). Son discernement aurait été souvent mis en défaut (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p.271). Sa curiosité serait mise en éveil par le moindre bruit insolite (BOSCO, Mas Théot., 1945, p.264).
d) [Le compl. indir. désigne un procès] Les indiscrétions et les vanteries des subalternes firent avorter le complot [contre Démétrius]. Quelques soldats, quelques popes obscurs furent d'abord arrêtés, qui mis sous le bâton dénoncèrent leur chef (MÉRIMÉE, Faux Démétrius, 1853, p.195). Bernadette a mis en marche d'innombrables pèlerins et attiré des milliards sur une montagne des Pyrénées (A. FRANCE, Orme, 1897, p.106). Il mit son cheval au pas pour monter une côte (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.16):
20. ... les hommes souffraient de l'absence de communication résultant de l'existence séparée d'un roi. Ils devaient mettre à mort non l'esclave, mais le roi, pour assurer le retour à la communion de tout le peuple.
G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p.204.
SYNT. et LOC. Mettre un cheval au galop, au trot; mettre qqn à l'amende, à contribution, à l'épreuve, à de rudes épreuves, à rançon; mettre qqn au défi (de faire qqc.); mettre qqn à la gêne, à la question, au supplice, à la torture; mettre qqn au pas (v. pas1); mettre qqn en branle (fam.); mettre qqn en déroute, en fuite; mettre qqn en jugement, en observation, en traitement; mettre qqn en possession de qqc.; mettre qqn en cause, en question; mettre plusieurs personnes en communication, en concurrence; mettre qqn sous surveillance.
Au part. passé. À quinze ans, mis en possession d'un «deux roues» et d'un petit cheval, il faillit cent fois se rompre le cou (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p.37).
♦[P. méton. du compl. dir.] Nous avons mis votre amitié à de rudes épreuves, Félix! (BALZAC, Lys, 1836, p.215).
[Le compl. second. est un inf.] Rare. Mettre qqn + inf. Plusieurs poupées pendaient aux branches; elle les fit apporter sur son lit, puis, en se tournant vers Frida, et ce fut son suprême sourire: — Mettons coucher celle-là, dis, veux-tu? Puis, nous jouerions qu'elle meurt (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p.84).
[Sans compl. second.] ÉQUIT. Mettre un cheval. ,,Éduquer, instruire un cheval, l'habituer aux mouvements qui peuvent être exigés de lui`` (CASS.-MOIR. 1979). Le cheval a été mis par l'oncle avec sa perfection si justement célèbre. Ses allures ont une sûreté glissante dans leur force et leur allongement (LA VARENDE, Centaure de Dieu, 1938, p.119).
2e Section. Constr. pronom.
I. A.Emploi pronom. réfl.
1. Venir occuper (un lieu, un endroit, une place). Synon. se placer, prendre place. Je montai dans ma chambre pour me coucher: j'étais triste, triste, triste! Et je me mis à ma fenêtre (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Fam., 1886, p.564). Il le lui donna [son manteau], avec l'air d'un homme qui enlève sa veste avant de se mettre sous le couperet du bourreau (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p.428). V. coiffer ex. 10:
21. ... il était inquiet de son fils jusqu'à l'angoisse et il passait la nuit à le veiller. Tantôt, l'épouvante de la contagion le saisissait; il se mettait lui-même au lit, se plaignant de douleurs imaginaires et comptant les heures jusqu'à la visite du médecin.
BOURGET, Disciple, 1889, p.182.
SYNT. Se mettre à l'eau; se mettre à son poste, au chaud, au frais, au soleil; se mettre aux genoux, aux pieds de qqn; se mettre auprès de qqn; se mettre dans un fauteuil, dans son lit; se mettre derrière, devant qqn; se mettre en bout de table; se mettre en place; se mettre sur un banc, une chaise; se mettre à côté de qqn, à côté l'un de l'autre, à la droite, à la gauche de qqn, à l'avant, à l'arrière de qqc.; se mettre en face de qqn, face à qqn, loin de qqn, près de qqn, vis-à-vis de qqn; se mettre dessous, dessus, ici, là; se mettre à tel endroit, à telle place.
Au fig. Ce n'est pas en nous mettant sous les pieds des révolutionnaires que nous nous sauverons: nous savons trop, par expérience, ce qu'il en coûte pour se soumettre à l'anarchie et pour capituler au pied des échafauds (CHATEAUBR., Congrès Vérone, t.1, 1838, pp.461-462).
Expr. fam. Ôte-toi de là que je m'y mette. V. ôter.
Loc. Se mettre dans les eaux d'un bâtiment (v. eau); se mettre dans les jambes de qqn (v. jambe); ne pas savoir où se mettre; se mettre entre deux airs (v. air1). Se mettre sous les armes (v. arme).
Loc. fig. Se mettre dans de beaux draps (fam., v. drap); se mettre dans la gueule du loup; se mettre dans la peau (fam.), à la place de qqn; se mettre dedans; se mettre entre les mains de qqn (v. main); se mettre sur le chemin de qqn, en travers du chemin de qqn.
Se mettre avec qqn. Se joindre à quelqu'un. Une centaine d'autres, qui nous voyaient partir d'un pas ferme, se mirent avec nous sans savoir où nous allions (ERCKM.-CHATR., Conscrit 1813, 1864, p.212). En partic., pop. Vivre (maritalement) avec quelqu'un. Se mettre en ménage avec qqn. Ma mère disait que, lorsqu'on fait un cierge à Saint-Roch, on ne manque jamais dans la huitaine de trouver un homme pour se mettre avec lui (MÉRIMÉE, A. Guillot, 1847, p.101). Son ami Cyprien Tibaille (...) finit de son côté par «se mettre» avec une roulure bonne fille, qui a la vocation de garde-malade (LEMAITRE, Contemp., 1885, p.320).
Au fig. Se mettre avec, du côté de qqn. Prendre le parti de quelqu'un. Beaucoup de gentilshommes picards de l'armée du duc de Luxembourg, (...) privés de l'argent des rançons, se mirent avec les Anglais (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.283). Bourgeois est revenu de Suisse, où il se reposait des fatigues de Brisson, pour se mettre du côté de la victoire (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p.153). Se mettre contre qqn. Prendre le parti adverse. J'ai eu le malheur de faire tomber un enfant... Et elles se sont toutes mises contre moi, et elles ont crié des choses, oh! des choses! (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p.250).
Fam. Se mettre après qqn. Harceler, presser quelqu'un. Ils se mettaient tous après moi: «Mais taisez-vous donc! (...)» (COLETTE, Music-hall, 1913, p.187).
Rem. V. aussi III D infra.
2. En partic.
a) Se mettre à + subst. S'installer devant. Se mettre à son bureau, au piano. Tu vas charger Andrès de diriger ton orchestre, dit-il à Iôsef (...). Andrès s'étant mis au pupitre, ils sortirent tous quatre, bras dessus bras dessous (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p.198).
Loc. Se mettre à table.
b) Se mettre en + nom de vêtement, de tenue. Passer, revêtir une tenue; s'habiller, se déguiser en. Se mettre en bourgeois, en civil, en uniforme; se mettre en habit; se mettre en bras de chemise. Je vais me mettre en amazone. Sortez (AUDIBERTI, Mal court, 1947, II, p.175).
Se mettre + adv. ou loc. adv. Se mettre bien. Cependant quinze cents livres ne sauraient durer éternellement, lorsqu'une femme, qui se met à la mode, est obligée de prendre là-dessus son entretien, et celui de deux enfants (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p.112). Jamais on ne s'était mis si richement pour plaire au roi; aussi dit-on que les voleurs firent de bonnes prises (BALZAC, Œuvres div., t.1, 1830, p.268).
Loc. Se mettre sur son trente-et-un.
c) Littér. Se mettre sur. Engager la conversation sur (un sujet). Nous nous mîmes sur les mérites de Thucydide, que le vin nous faisait trouver clair comme de l'eau (CHATEAUBR., Mém., t.2, 1848, p.581).
B.Emploi pronom. réfl. indir.
1. Se mettre qqc. + compl. prép. Se mettre de l'encre sur les doigts. Il se mit les mains dans les goussets (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p.667). Prends-en donc un peu (...), seulement pour te mettre quelque chose dans l'estomac (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, En fam., 1881, p.348). V. cheveu ex. 6.
Au fig. Pour jouer devant le public un concerto rapide et difficile, un virtuose [violoniste] l'étudie longtemps; il se le met dans les doigts (BOUASSE, Cordes et membranes, 1926, p.278).
Loc. N'avoir rien à se mettre (sur le dos); n'avoir rien à se mettre sous la dent. Au fig. Se mettre la corde au cou; se mettre le doigt dans l'œil (fam.); se mettre une idée en tête, dans la tête, dans la caboche (fam.), dans la cervelle, dans l'esprit; se mettre martel en tête; se mettre qqc. au cul, se le mettre (au cul) (vulg.); se mettre dans l'idée, dans la tête, en tête de + inf.; se mettre qqc. dans la lampe (pop.); se mettre qqc. sur le dos.
Pop. S'en mettre jusqu'aux yeux; s'en mettre plein la lampe; s'en mettre + adv. Manger beaucoup. Des feignants qui profitent d'être à la table des autres pour s'en mettre plein et tant, qu'ils sont lourds sur l'ouvrage (AYMÉ, Jument, 1933, p.173). S'en mettre plein les poches (v. poche).
2. [Sans compl. prép.] Se mettre du fard, du maquillage; se mettre un suppositoire. Tu n'étais pourtant pas comme les autres, toi, à t'attifer toujours devant la glace, à te mettre du rouge aux lèvres, à chercher à ce qu'on te remarque (ANOUILH, Antig., 1946, p.140):
22. ... autant l'on s'occupe peu de parer de cultiver l'âme, autant on soigne, on lave, on parfume le visage et les mains, on se met des fausses dents et de faux cheveux, on se peint des veines et des sourcils, on met du blanc et du rouge.
KARR, Sous tilleuls, 1832, p.259.
Loc. Se mettre la ceinture (fam.). Se mettre la tringle (pop.). Se les mettre (pop., vieilli). S'en aller. (Ds DAUZAT, Arg. guerre, 1918, p.270). Synon. les mettre (v. supra I B 9 b).
C.Emploi pronom. réciproque, pop., absol. Échanger des coups. Qu'est-ce qu'ils se mettent! (ROB.).
D.Emploi pronom. passif. Mon amour pour Musette est bien trépassé, puisque les vers s'y mettent, ajouta-t-il ironiquement, en montrant le manuscrit de sa chanson (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p.304). La femme de chambre aide les fils de madame à la soigner, et, malgré les précautions, un peu de désordre s'est mis dans l'appartement (ZOLA, Cap. Burle, 1883, p.80).
II. A. Emploi pronom. réfl. Modifier la place, la position que l'on occupe.
1. [Le compl. indir. désigne ou spécifie une localisation abstr. ou indéterminée] J'entendis dans l'escalier des frôlements de robes et des bruits de voix. Je me mis à l'écart et je vis passer, sans être vu, les deux femmes et les deux jeunes gens (DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p.70). Les anarchistes se mirent à l'abri de la première rue perpendiculaire (MALRAUX, Espoir, 1937, p.446).
SYNT. Se mettre à couvert, à découvert, à part; se mettre de côté; se mettre en place; se mettre en embuscade; se mettre hors jeu; se mettre hors la loi.
Loc. Se mettre au vert. Au fig. Se mettre à la portée de.
En partic.
a) Se joindre (à); participer (à). Ascagne voulut se mettre des promenades de ces dames (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p.24).
Loc. Se mettre de la partie.
b) Au fig. Se placer en esprit. Se mettre au-dessus de qqn; se mettre au nombre de, au rang de; se mettre très haut. Mettons-nous à dix ans d'ici. Dans dix ans, ta fille aura dix-huit ans, elle sera ta compagne, ton espion (BALZAC, E. Grandet, 1834, p.151).
2. [Le compl. indir. désigne ou spécifie une position] Tout le monde se mit en ligne le long du mur [de la terrasse] et on s'extasia sur l'étendue de l'horizon (MAUPASS., Bel-Ami, 1885, p.366). Un loustic apporta son accordéon et entama la Marseillaise. Les Russes se mirent au garde à vous comme un seul homme (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p.181):
23. On avait en grande hâte équipé et amené les chevaux. Akbar, Mohsèn et Djemylèh se mirent en selle, une douzaine de soldats firent comme eux, et la cavalcade, prenant une rue détournée, gagna au pas une des portes de la citadelle qui donnait sur la campagne, bien résolue à passer sur le ventre des gardes, si ceux-ci cherchaient à l'arrêter...
GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p.281.
SYNT. Se mettre à (deux) genoux, à plat ventre, à quatre pattes; se mettre assis, debout; se mettre sur le dos, sur ses pieds, sur son séant, sur le ventre; se mettre à terre, par terre; se mettre à cheval; se mettre en tête, en queue d'un cortège, d'un défilé; se mettre deux par deux, quatre par quatre; se mettre en rangs, en rang d'oignons; se mettre à la queue leu leu (v. queue1); se mettre en garde.
Loc. Se mettre à plat ventre devant qqn; se mettre en avant; se mettre sur les rangs (v. rang); se mettre à la tête d'(un groupe, un mouvement); se mettre sur le pied de + inf.; se mettre sur le pied de guerre; se mettre au niveau.
B.Emploi pronom. réfl. indir., loc. Se mettre qqn à dos; se mettre la tête à l'envers.
C.Emploi pronom. passif. Une femme qui ne pouvait plus éprouver de plaisirs avec d'autres n'aurait plus dû exciter ma jalousie, si seulement ma tendresse avait pu se mettre à jour (PROUST, Fugit., 1922, p.490).
III. A.Emploi pronom. réfl. Modifier son état, sa fonction, sa situation.
1. Provoquer un changement physique, matériel.
a) Se mettre + compl. prép. Se mettre en forme, en nage, en pleurs, en sang, en sueur, en train. Loc. fig. Se mettre en quatre.
b) Se mettre + adj. Elle défit les deux boucles de sa tunique et se mit nue, l'étoffe ayant glissé à terre (LOUYS, Aphrodite, 1896, p.113).
2. Provoquer un changement d'état, de situation.
a) [Le compl. désigne une situation concr.] Pour n'incommoder personne, ma mère se mit en chambre garnie (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p.106). Moitié misère, moitié régime nécessaire à ma santé, je m'étais mis au lait, en attendant de recevoir quelques fonds de France (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p.1711). Geoffroy, qui craignait de s'être mis en retard, grimpa rapidement le perron de la mairie de Souilly (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p.253).
SYNT. et LOC. Se mettre à jour, à la page, au goût du jour; se mettre au régime; se mettre en appétit; se mettre en valeur, en vedette; se mettre dans l'embarras, dans une situation inextricable, dans son tort; se mettre dans le cas de, dans l'impossibilité de, en mesure de; se mettre en frais (de). Se mettre bien (fam., parfois iron.). Avoir une situation enviable, ne rien se refuser. Il me donna deux lettres, l'une pour un comte, l'autre pour un duc. Je me mets bien, comme tu vois (A. DAUDET, Pt Chose, 1868, p.167). Se mettre dans le bain; se mettre dans le coup. Il y avait beaucoup de vérité dans le reproche que m'avait un jour fait Nadine: «Tu ne te mets jamais dans le coup» (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.186).
[Dans le cadre de relations interpersonnelles] Je me devais à mes commettants; je me mis à leurs ordres (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.334). Je trouvai une certaine douceur (...) à l'entendre, comme une épouse aurait fait, me donner la permission de faire comme je voudrais, et m'approuver, si M. de Charlus, qu'elle aimait bien, avait besoin de moi, de me mettre à sa disposition (PROUST, Sodome, 1922, p.1064). On s'était à peu près mis d'accord, entre gens de tendances contraires, pour adopter, sur le plan pratique, une formule moyenne (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p.28).
SYNT. et LOC. Se mettre au diapason, à l'unisson; se mettre au service de qqn; se mettre d'accord, en accord, en contradiction, en harmonie, en opposition (avec qqn); se mettre en communication, en liaison, en rapport, en relation (avec qqn).
Se mettre ensemble, se mettre à plusieurs (pour + inf.). Se grouper (pour faire quelque chose). De son côté, monsieur de Ligny (...) répondait très clairement aux avances de Nanteuil. Voilà comment ils se mirent ensemble (A. FRANCE, Hist. comique, 1903, p.202). V. cadavre ex. 3.
Se mettre bien/mal avec qqn. Gagner la confiance de quelqu'un, se brouiller avec quelqu'un. Les deux gendarmes étaient très aimables, et je me suis mis fort bien avec eux sur la route en leur racontant les combats qui avaient eu lieu dans ce pays du temps de la Ligue (NERVAL, Bohême gal., 1853, p.180). Tu as tort, me disait-il, tu as tort de te mettre mal avec les gosses du quartier. Quand tu viendras un matin faire la tournée avec nous, ils te reconnaîtront et on ne sait pas ce dont ils seront capables! (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.152).
Rem. Se mettre + attribut, pop. Le jour du certif (...) comme (...) je ne connaissais que dalle en calcul (...) je m'étais mis pote avec [E.] (...) qui réalisa mes problèmes (TRIGNOL, Pantruche, 1946, p.18).
[Dans des tournures en usage notamment dans le style admin.] Se mettre en congé, en disponibilité, en retraite; se mettre en instance; se mettre en règle. Les affaires étrangères ne ressortent plus au prince de Hardenberg, M. de Bernstorff s'est mis hors de tutelle (CHATEAUBR., Corresp., t.2, 1821, p.234). Marie Duplessis, pour laquelle sept membres du jockey se mirent en association (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p.180).
b) [Avec un compl. ou un attribut spécifiant le statut, la profession de qqn]
Se mettre + compl. prép. Se mettre en brasserie; se mettre en condition. Issu d'une bonne famille, il s'était mis dans le commerce, où ses goûts ne l'attiraient guère, et y avait mangé son bien (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p.39). Il se met dans le taxi à son compte et s'installe, naturellement, au coeur du XVe où provignent les garages, les fosses de nettoyage, les entreprises de dépannage (ARNOUX, Paris, 1939, p.246).
Pop. Se mettre + attribut. Ma foi, ce n'est pas la peine de se mettre voleurs (VIDOCQ, Mém., t.4, 1828-29, p.246). Je dis toujours que j'en ai assez, que c'est ma dernière tournée. Je répète à qui veut l'entendre que j'aime mieux me mettre ouvreuse ou placière en parfumerie (COLETTE, Music-hall, 1913, p.106). Les pêcheurs de Douarnenez ou de Camaret «trouvaient drôle» qu'un simple pêcheur de Sein se fût mis prêtre (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p.192).
c) [Le compl. dir. désigne un état mental, moral ou psychol.] Elle aimera mieux le laisser [son mari] dans l'erreur (...) que de l'exposer à se mettre dans une colère qui offenserait le ciel (SENANCOUR, Obermann, t.2, 1840, p.31). Le diable, peut-être pour éviter qu'elle se mît en garde (...) avait pris soin de justifier cette affection par une espérance chrétienne (MÉRIMÉE, A. Guillot, 1847, p.132). Nous devons toujours consentir à une colère pour qu'elle puisse se manifester, et (...) suivant l'expression si juste, on se met en colère (SARTRE, Réfl. quest. juive, 1946, p.21):
24. Beethoven, dans la puissante période de sa maturité créatrice, n'a pas forgé sa forme propre du lied, — sans doute parce qu'il n'est pas arrivé à se mettre au clair sur ce qu'il voulait de lui.
ROLLAND, Beethoven, t.1, 1937, p.164.
SYNT. et LOC. Se mettre au courant, au fait, au parfum (pop.); se mettre en goût; se mettre en devoir de; se mettre à l'aise, à son aise; se mettre dans tous ses états, sens dessus dessous; se mettre en boule (fam.), en colère, en défiance, en émoi, en fureur, en furie, en joie, en peine, en rage, en rogne (fam.); se mettre hors de soi; se mettre sur son quant à soi.
Région. (Sud de la France). Se mettre + adj. J'ai voulu expliquer la chose au gouverneur; mais il s'est mis furieux (A. DAUDET, Nabab, 1877, p.49).
d) [Le compl. désigne un procès] Je montai dans la patache, le conducteur fit claquer son fouet, et les chevaux se mirent en marche dans ce brillant tapage (THARAUD, Fête arabe, 1912, p.66). Les trois prêtres se mirent en prière et firent une longue méditation devant ce paysage nocturne (BARRÈS, Colline insp., 1913, p.290).
SYNT. et LOC. Se mettre au galop, au pas, au trot; se mettre à l'écoute, à la cadence; se mettre à la poursuite de, à la recherche de; se mettre en branle (fam.), en campagne, en cavale (pop.), en chemin, en route; se mettre en chasse; se mettre en quête de; se mettre en grève, en insurrection; se mettre à l'école de qqn.
B.Emploi pronom. passif. Cette chaudière présente une grande surface de chauffe et se met très rapidement en pression (SER, Phys. industr., 1890, 110). Comment le mot je peut-il se mettre au pluriel? (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p.400).
C.Se mettre à
1. Commencer à faire quelque chose; entrer dans un processus.
a) Se mettre à + subst. (désignant un procès). Se mettre à la besogne, à la tâche, au travail. J'ai voulu d'abord me mettre à l'étude et j'ai commencé à lire quelque chose sur la philosophie de Kant (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p.165). Nous serons prêtes! s'écrièrent à la fois Mimi et Phémie. Sur-le-champ elles se mirent à l'oeuvre, et pendant seize heures, elles ne quittèrent ni les ciseaux ni l'aiguille (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p.201). Les cinq hommes s'acheminèrent un matin vers cette pièce de terre et se mirent à l'ouvrage de suite et sans un mot, car la tâche de chacun avait été fixée d'avance (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p.59).
b) Se mettre à + inf. Je me suis mis à dessiner, ma chère cousine, depuis quelques jours, et cela m'a fait venir l'idée que je pourrais bien aussi mettre mes talens à profit (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p.1672). Je saisis la petite terrine où mijotait la soupe; je m'assis à ma place familière, entre l'évier et le buffet de bois blanc, et je me mis à manger (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p.116):
25. Nous allions nous la voir dans son jus, la vraie Afrique! Nous les passagers boissonnants de l'amiral Bragueton! Mais dès après les côtes du Portugal, les choses se mirent à se gâter. Irrésistiblement, certain matin au réveil, nous fûmes comme dominés par une ambiance d'étuve infiniment tiède, inquiétante.
CÉLINE, Voyage, 1932, p.140.
c) S'y mettre. Couture fait, dit-il, des études préparatoires, pour apprendre par coeur, en quelque sorte, le morceau qu'il veut peindre et s'y met ensuite avec chaleur (DELACROIX, Journal, 1847, p.189). Je suis las, profondément las de tout! Pourvu que je ne rate pas aussi Saint-Antoine! Je vais m'y mettre dans une huitaine, quand j'en aurai fini avec Kant et avec Hegel (FLAUB., Corresp., 1872, p.364).
2. Prendre goût à. Se mettre à fumer. C'est un brave marin, monsieur, que mon fils Gildas; mais il est perdu comme son père parce que, lui aussi, s'est mis à boire (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p.115).
3. En constr. impers. Il se met à faire beau. Nous marchions le plus vite possible, mais il s'est mis à pleuvoir! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.543).
Le temps se met à + subst. Le temps évolue vers. Le temps s'étant mis à la pluie, j'ai renoncé à découcher (AMIEL, Journal, 1866, p.215). Le 20 février, le temps se met au beau (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p.24).
D.Fam. et vieilli. Se mettre après qqc. Commencer à s'occuper de quelque chose. Synon. fam. s'atteler à. V. après ex. 68.
Rem. gén. 1. Dans la lang. soutenue et notamment dans la lang. écrite, on emploie souvent un verbe plus précis que mettre ou se mettre. Ainsi insérer, introduire ou loger peuvent se substituer à mettre dans + compl. de lieu, appliquer ou poser à mettre sur, revêtir ou chausser à mettre (un vêtement, des souliers), s'installer à se mettre + prép. + compl. de lieu. 2. Mettre et se mettre entrent dans de très nombreuses loc. et constr. dont la lang. fournit par ailleurs des verbes synon. P. ex.: mettre ensemble, assembler; mettre obstacle à, empêcher; mettre à l'épreuve, éprouver; mettre à sec, assécher; mettre de côté, réserver ou épargner; mettre dans l'embarras, embarrasser; mettre en opposition, opposer; mettre en terre, enterrer ou planter; mettre par écrit, inscrire ou écrire; se mettre au courant, s'informer; se mettre debout, se lever; se mettre au lit, se coucher.
Prononc. et Orth.:[]. Prononc. ds MARTINET-WALTER 1973, de mettre cette robe [], [-], [-] (10, 4, 4). Att. ds Ac. dep. 1694.
Étymol. et Hist. Trans. I. Faire passer en un lieu A. Porter, provoquer, causer, faire 1re moitié Xe s. (Jonas, éd. G. de Poerck, 197: ... liberi de cel peril qet il habebat discretum qe super els mettreiet); 1160-74 metre le feu (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 3338); id. metre fin (ID., op. cit., III, 200); ca 1170 metre desfanse «s'opposer, résister» (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 1747). B. Attribuer à une personne une affectation déterminée 1. 2e moitié Xe s. (St Léger, éd. J. Linskill, 22: Ab u magistre mist [sant Lethgier]); fin Xe s. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 360: Nos te praeiam, per ta mercet Gardes i met, non sia emblez [Jesus]); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 149: Pa[r] num d'ocire i metrai un mien filz [comme otage]; 2238: Ço est l'arcevesque, que Deus mist en sun num); 2. 2e moitié Xe s. metre en reclus «mettre en prison» (St Léger, 155); ca 1100 (Roland, 2934: L'anme de tei seit mise en pareïs!); ca 1170 metre a seür «mettre en sûreté» (MARIE DE FRANCE, Lais, éd. J. Rychner, Guigemar, 230); 3. exposer, soumettre 1130-40 metre en jugement «accuser» (WACE, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 649); 1155 metre en abandun «exposer au danger» (ID., Brut, éd. I. Arnold, 7778); 1283 metre en vente (BEAUMANOIR, Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1511); 4. ca 1150 metre a lettres «envoyer à l'école» (WACE, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 67). C. Faire occuper un nouvel endroit, un endroit déterminé (souvent avec une nuance de rapidité, de violence) 1. fin Xe s. forsmedre «chasser» (Passion, 420: ... sancta Mariae, De cui forsmisdret [Jesus]); ca 1100 (Roland, 1355: Fors de la teste li met les oilz ansdous); 2. metre en ) fin Xe s. (Passion, 246: Et en sa man un raus li [Jesu] misdrent); 1160-74 fig. metre en mein a «donner, mettre à disposition» (WACE, Rou, III, 155); ) ca 1050 metra an terre, metre en un sarqueu (St Alexis, éd. Chr. Storey, 579, 583); ) ca 1050 fig. metre el consirrer «mettre dans sa pensée, son esprit; méditer sur» (ibid., 244); 1121-34 metre en ubli (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1373); 1155 metre en memoire «perpétuer, faire garder le souvenir» (WACE, Brut, 9026); 3. ca 1050 «donner, attribuer» (St Alexis, 30: Bel num li metent [à Alexis] sur la cristïentet); ca 1100 (Roland, 3861: Mult granz offrendes metent par cez musters); 4. ca 1100 metre a (ibid., 1753: Rollant ad mis l'olifan a sa buche); 5. disposer, préparer ) ca 1100 metre le sege (ibid., 212); ca 1150 metre le manger (WACE, St Nicolas, 1324); ca 1165 metre les tables (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 2517); ) ca 1100 metre en reng (Roland, 2192); 1155 metre en conrei «ranger en ordre de bataille» (WACE, Brut, 851); ) 1176 fig. metre an la voie «mettre sur le droit chemin» (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 1032). D. Faire occuper à une partie du corps une place précise fin Xe s. (Passion, 463: Sobrae malabdes mans metran [li soi fidel]); ca 1100 metre la main a l'espee (Roland, 443); 1160-74 metre main a «saisir quelqu'un [pour l'arrêter]» (WACE, Rou, III, 9209); 1377 metre le pié a terre [d'un cavalier] (GACE DE LA BUIGNE, Deduis, éd. . Blomqvist, 1953). E. Disposer sur le corps ca 1100 (Roland, 1826: E si li metent el col un caeignun); ca 1170 (MARIE DE FRANCE, Lais, Eliduc, 409: L'anelet d'or mist en sun dei; Lanval, 572: Les pans [de son mantel] en ot entur li mis). F. Consacrer à quelque chose, investir 1. début XIIe s. «employer une certaine durée, un certain laps de temps» (BENEDEIT, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 260: E al querre treis jurs mistrent); 2. 1160-74 «exposer, risquer» (WACE, Rou, III, 7627: Por vostre cors, le mien metreie); 3. ca 1170 «consacrer (ses moyens, son énergie)» metre s'entente en (MARIE DE FRANCE, Lais, Yonec, 26); 1174-87 metre tote sa force en (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 4282); 4. ca 1210 «dépenser, engager une somme d'argent» (GUIOT DE PROVINS, Bible, éd. J. Orr, 1958, 2076). G. Pourvoir une chose d'un élément qui lui manque, qui lui convient ca 1170 (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, 1608: Ele les [les ataches] fet tot maintenant El mantel metre isnelemant). H. [D'un animal] se revêtir, se couvrir de XIVe s. metre les pennes (Moamin et Ghatrif, I, 12, 3 ds T.-L.), cf. LITTRÉ: On dit du porc qu'il a tout mis, quand toutes ses dents sont venues. II. Placer dans une position nouvelle 1. une personne fin Xe s. (Passion, 285: Cum il l'an mes [Jesum] sus en la cruz); 2. une chose 1155 metre jus les armes «quitter les armes» (WACE, Brut, 2741). III. Placer dans une situation nouvelle (notion de transformation) A. Amener à tel état, telle situation 1. ca 1050 (St Alexis, 358: Metent lur cors en granz afflictiuns; 432: A grant duel met la sue carn medisme); 1er quart XIIIe s. metre en ire (RENCLUS DE MOLLIENS, Miserere, éd. A. G. van Hamel, 76, 2); 2. 1155 metre a enor «faire parvenir au faîte des honneurs» (WACE, Brut, 1357); 3. 1174-76 metre a nëent «anéantir, détruire» (GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 6064). B. Transposer dans un autre mode d'expression début XIIe s. metre en letre «mettre par écrit, écrire dans un récit» (BENEDEIT, St Brendan, 10); 1155 mettre en escrit (WACE, Brut, 12893); ca 1165 metre en romanz (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 37); ca 1220 metre en rime (JEAN RENART, Ombre, éd. J. Bédier, 45); ca 1380 mettre en droit françois (JEAN LE FÈVRE, Lamentations de Matheolus, éd. A. G. van Hamel, 70). C. Transformer, altérer sur le plan physique 1130-40 metre a vie «faire vivre» (WACE, Ste Marguerite, 648: Biax sire Dex, lor [aux femmes en couches et aux enfants à naître] aïe E l'un et l'autre met a vie); ca 1165 metre a martire (BENOÎT DE STE-MAURE, op. cit., 8654); ca 1170 metre a mort (Rois, éd. E. R. Curtius, III, VIII, 32, p.130). D. Modifier la forme, la structure ca 1160 metre en cendre «incendier» (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 18); ca 1200 metre en fu et en carbon (Chevalier au cygne, éd. Ch. Hippeau, 88). E. Mettre + inf. 1176-81 metre cuire (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier au lion, éd. M. Roques, 2870). Pronom. I. Venir occuper un lieu, une place, une situation déterminés A. Se placer près de quelqu'un, entrer en rapport avec lui ca 1050 soi metre an la bailie [d'aucun] (St Alexis, 209); 1160-74 soi metre el conduit [d'aucun] (WACE, Rou, III, 10649); ca 1176 soi mettre an la merci [d'aucun] (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, 2143); 1269-78 soi metre o [aucun] «vivre avec quelqu'un» (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 13833). B. 1. Occuper un lieu a) début XIIe s. «se placer dans un lieu, l'occuper» (BENEDEIT, St Brendan, 261: Un port truvent, là se sunt mis); b) ca 1180 «se placer, se glisser, s'insinuer quelque part» (MARIE DE FRANCE, Fables, éd. K. Warnke, 65, 12); 2. 1155 «se placer dans une situation déterminée» soi metre en barate, en aventure (WACE, Brut, 4419, 11366); 3. 1670 se mettre à un rang (PASCAL, Pensées, éd. J. Chevalier ds Œuvres, p.1159, §275: L'homme ne sait à quel rang se mettre. Il est ... tombé de son vrai lieu sans le pouvoir retrouver). II. Prendre une certaine position ca 1100 soi metre a tere «se prosterner à terre» (Roland, 1136); id. soi metre sur piez (ibid., 1139); ca 1170 soi metre en genuilluns (MARIE DE FRANCE, Lais, Deux amants, 218); 1176-81 soi metre a genolz (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier au lion, 6623). III. Entrer dans un processus, commencer à faire quelque chose 1. soi metre en, ca 1100 soi mettre en bandun «(d'un combattant) offrir le combat, s'exposer aux coups» (Roland, 1220); début XIIe s. soi metre en mer «prendre la mer, cingler» (BENEDEIT, St Brendan, 90); 1130-40 soi metre el repaire «se mettre en route pour retourner» (WACE, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 62); 1155 soi metre en fuie (ID., Brut, 13127); 1160-74 soi metre en sa rute (ID., Rou, III, 1038); ca 1170 soi metre es galoz (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, 4346); 2. soi metre a «s'occuper, entreprendre, commencer» a) 1130-40 soi metre a oreisons (WACE, Conception N.-D., 705); ca 1160 (Eneas, 9695: Que nus altre s'i mete mais); b) ca 1170 soi metre a la trace de (MARIE DE FRANCE, Lais, Yonec, 342); ca 1200 soi metre al petit pas (Chanson Guillaume, éd. D. McMillan, 1904). IV. Prendre un aspect physique ca 1470 se mettre en «s'habiller, se déguiser en» (G. CHASTELLAIN, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t.4, p.285). Du lat. mittere «envoyer; jeter, lancer (dans un mouvement rapide [p. ex. des armes de trait, cf. I C 1])» et «laisser aller». La notion de rapidité ayant peu à peu disparu, divers emplois de l'a. fr. se laissent discerner dès l'époque impériale, mittere devenant insensiblement synon. de ponere: cf. SÉNÈQUE, Benef., 6, 27, 2 ds TLL s.v., 1168, 4: bene meritum ad pedes tuos mittis; et à basse époque: HIER. Mat., 9, 17 ds BLAISE Lat. chrét.:neque mittunt vinum novum in utribus veteribus; VIe s., ORIBASE, Syn., 1, 31 ds TLL s.v., 1168, 16: mittere in solio; 573-603 Concilium Autiss., can. 37 ds BLAISE Lat. chrét.: mittere manum ad aliquid «toucher quelque chose». Le sens «émettre, faire pousser, se revêtir de» remonte au lat. class. où mittere est synon. de induere, d'abord en parlant des plantes mittere folium, florem, radices, puis en parlant d'une personne mittere barbam (Vitae patrum, 6, 3, 2, ibid.), enfin p. ext. mittere vestimenta, ornamenta: dep. OVIDE, Ars, 1, 582 ds TLL s.v., 1168, 83: huic detur capiti missa corona tuo; cf. Itala, Marc, 11, 7: miserunt super eum pullum vestimentum et VIe s. Vitae patrum, 3, 47: misit sibi vestimenta, v. TLL s.v., 1168-69. Le sens «ajouter (un ingrédient à un autre)» se relève ds APICIUS, IV, 179 d'apr. LÖFSTEDT, Syntactica, t.2, p.379: cum [ptisana] bullierit, mittes olei satis et anethi modicum fasciculum. Le lat. médiév. connaît aussi le sens de «porter, causer, susciter» (bellum mittere VIe-VIIIe s. ds NIERM.; ignem mittere 871-874 ds Nov. gloss.), «consacrer, passer du temps à quelque chose» (856, ibid.), «mettre par écrit» (Xe s., RATHIER DE VÉRONE ds NIERM.), «dépenser, payer» (1076 ds Nov. gloss.), «admettre» (XIe-XIIe s., Chron. Casinense ds BLAISE Latin. Med. Aev.).
Fréq. abs. littér.:52643. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 67723, b) 88053; XXe s.: a) 81105, b) 70131. Bbg. BOS (A.). Mettre au plein. Romania. 1890, t.19, pp.301-302. — CLEDAT (L.). Contribution à un nouv. dict. hist. et «de l'usage». R. Philol. fr. 1915-16, t.39, pp.161-173. — MIHAILESCU-URECHIA (V.), URECHIA (A.). Phénomènes inconnus de la lang. Orbis. 1971, t.20, p.11, 14, 15. — QUEM. DDL t.1, 6, 9, 10, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21. — Sculpt. 1978, p.582.

mettre [mɛtʀ] v. tr.
CONJUG. je mets, tu mets, il met, nous mettons, vous mettez, ils mettent; je mettais, nous mettions; je mis, nous mîmes; je mettrai, nous mettrons; je mettrais, nous mettrions; mets, mettons, mettez; que je mette, que nous mettions; que je misse, que nous missions; mettant, mis.
ÉTYM. Xe; lat. mittere « envoyer », et « mettre », en lat. pop.
———
I Faire changer de lieu (ce changement pouvant entraîner ou non une modification d'état). || Action de mettre. Mise. || Personne qui met. Metteur.
1 Faire passer (une chose) dans un lieu, dans un endroit, à une place (où elle n'était pas). Bouter (régional), placer, et les pop. coller, ficher, flanquer, fourrer, foutre. || Mettez cela ici, là, ailleurs, autre part. Changer. || Où le mettre ? (→ Qu'en faire). || On ne sait plus où les mettre. || Il faut enlever, ôter cet objet de là et le mettre ailleurs; il faut le mettre là où il était ( Remettre). || Je ne trouve plus mon stylo, je l'ai pourtant bien mis quelque part ! || Mettre vivement, violemment qqch. sur le sol ( Jeter). || Mettre et laisser qqch. quelque part ( Établir, fixer)…
1 Mettre (…) exprime le fait ou l'idée en général, sans aucun accessoire; il a rapport au lieu seul (…) Placer (…) a rapport à un certain arrangement, à un certain ordre (…) Poser (…) a rapport à un état antérieur de mouvement qu'on fait cesser ou à l'état ultérieur qu'on assure, qu'on rend stable.
Lafaye, Dict. des synonymes, Mettre…
2 — On le met ? dit Paul en agitant la seconde photographie. — On met quoi ? où ? — Dans le trésor ? — Qu'est-ce qu'on met dans le trésor ? (…) Verser un nouvel objet au trésor n'était point une baliverne.
Cocteau, les Enfants terribles, p. 56-57.
Mettre… sur… Appliquer, apposer, appuyer, coller, déposer, imposer, poser. || Mettre une lampe sur une table. || Mettre un objet sur le haut d'une étagère. Percher. || Mettre un tapis sur le parquet. Étendre. || Mettre sa tête sur l'oreiller. Reposer. || Mettre des objets les uns sur les autres. Accumuler, empiler, superposer. || Mettre un objet sur un véhicule, un animal, pour le transporter. Charger. || Mettre une carte sur une autre. Couvrir. || Mettre une croix sur une tombe, une fosse, planter (→ Bois, cit. 44). — ☑ Loc. fig. Mettre (un travail) sur le chantier, sur le métier…Mettre une question sur le tapis.Mettre cartes sur table.Mettre de l'huile sur le feu.Spécialt. || Mettre une locomotive sur les rails, une voiture sur la route.Fig. || Mettre la conversation sur un sujet, engager (→ Filtrer, cit. 11; lancer, cit. 18).Mettre une empreinte sur un objet, les scellés sur une porte.Absolt. || Mettre les scellés (→ Enlèvement, cit. 2). — ☑ Mettre, lancer le grappin sur qqn. — ☑ Fig. Mettre l'embargo sur… — ☑ Mettre sur le dos de qqn… (une charge, un fardeau, au propre et au fig.). Dos (cit. 21).
3 Ma femme rapportait des fleurs sur son guidon et moi je mettais des légumes sur mon porte-bagages.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 247.
Vx. || Mettre un plat sur table, le servir.
Mettre un disque sur le plateau d'un tourne-disque ou une platine.Ellipt. || Mettez-nous un disque (→ ci-dessous, Mettre la radio, III., 2.).
(Sans compl. locatif). Spécialt. || Mettre les plats et les assiettes.(1690). || Mettre le couvert (sur la table). Disposer. Par métonymie (XIIe). || Mettre la table. Dresser. → Labourer, cit. 9. — S'oppose à défaire, desservir.
4 Madame Magloire, dit l'évêque, vous mettrez un couvert de plus.
Hugo, les Misérables, I, II, III.
Mettre sous. Cacher, glisser… || Mettre qqch. sous globe (cit. 14), sous cloche.Mettre la lampe sous le boisseau (cit. 1).Mettre la clé sous la porte, sous le paillasson (au fig. S'enfuir).Mettre une lettre sous enveloppe (pour : dans l'enveloppe). || Mettre un message sous pli cacheté, sous scellés. || Mettre qqch. sous clé (au fig. → Loterie, cit. 5).Mettre une compresse sous le nez (→ Inspiration, cit. 6). — ☑ (XVIIIe). Mettre (qqch.) sous les yeux (de qqn) : faire voir, montrer. — ☑ Mettre le couteau sous la gorge (pour : sur la gorge). Fig. Contraindre.
5 Un simple garçonnet de Lacédémone, ayant dérobé un renard (…) et l'ayant mis sous cape (…)
Montaigne, Essais, I, XIV.
Absolt. || Mettre sous presse : commencer à imprimer. || À l'heure (cit. 52) où nous mettons sous presse.
Mettre dans. Enfoncer, insérer, introduire. || Mettre qqch. dans une case ( Caser), dans un four ( Enfourner), une gaîne ( Engaîner), une niche ( Nicher)… || Mettre un livre dans son emboîtage. Glisser; emboîter. || Mettre des gâteaux dans un panier, dans une corbeille (→ Corbillon, cit. 2). — ☑ Loc. Mettre tous ses œufs dans le même panier.Mettre un papier dans sa poche (→ Froisser, cit. 17). || Mettre des habits dans un placard, une garde-robe (cit. 2), des livres (cit. 16) dans sa bibliothèque, un billet dans ses archives (cit. 1). || Mettre de la lavande (cit. 1) dans son linge. || Mettre de la poudre, une charge dans une arme à feu. || Mettre la clé dans la serrure. Engager. || Mettre du vin dans une futaille (cit. 1), un tonneau ( Entonner).Mettre de l'huile (cit. 31) dans le feu (pour : sur le feu). || Mettre une bûche dans la cheminée, le foyer, le feu.Absolt. → ci-dessous, cit. Cocteau. — ☑ Loc. fig. Mettre des bâtons dans les roues.Mettre les petits plats dans les grands.Mettre du plomb dans la tête (→ Lester, cit. 3).Mettre dans le même sac.
6 (…) j'hésitais toujours à manger ou à mettre dans mes poches les pêches et les raisins que vous alliez froidement voler pour moi (…)
Baudelaire, la Fanfarlo.
7 Elle mit les billets de banque dans une enveloppe (…)
J. Green, Léviathan, II. X.
8 Alors, vous ne savez même plus mettre une bûche ? — J'hésitais à mettre une bûche parce que je ne trouve pas ce feu très utile.
Cocteau, l'Aigle à deux têtes, I, 1.
(1868). Abstrait. Mettre qqch. dans la tête, l'esprit (cit. 100), l'idée (de qqn), l'imposer. Enfoncer.Mettre des paroles dans la bouche de qqn, les lui attribuer (→ Appartenir, cit. 19).
Spécialt. Mettre (dans un endroit) en envoyant, en lançant. || Mettre une balle dans la cible, dans le but. || On lui mettra douze balles dans la peau.Absolt. || Il a mis en plein dans le mille, dans le noir…
Mettre en.REM. L'absence habituelle de l'article après en fait que cette tournure est plus abstraite, moins précise que mettre dans… || Mettre en bouteille (→ Macération, cit. 3). || Mettre du grain en sac ( Ensacher), en silos ( Ensiler). || Mettre en terre. Planter; et aussi enterrer.Typogr. || Mettre en forme, en pages.Fig. || Mettre qqch. en tête (à qqn). — ☑ Loc. Mettre son fusil en joue.Par métonymie. || Mettre (qqch., qqn) en joue (cit. 7) : viser.
Mettre à (un endroit). Placer. || Mettre chaque chose à sa place. Caser, loger, ranger, serrer. || Mettre une chose à la place d'une autre. Intervertir. || Mettre une chose à côté d'une autre (→ 1. Arche, cit. 3). || Mettre au niveau, à la hauteur de…Mettre sa voiture au garage. || Mettre au panier, à la poubelle. Jeter (→ Livre, cit. 22). || « Il est tout juste bon à mettre au cabinet » (cit. 13). || Mettre une lettre (cit. 26) à la poste, à la boîte aux lettres. Poster. || Mettre sa valise à la consigne. || Mettre un plat au feu. || Mettre au frais, au chaud (dans un endroit frais, chaud…).Mettre qqch. à la main (de qqn ou à sa main). — ☑ Loc. Mettre l'épée à la main pour se battre. — ☑ Fig. Mettre le marché à la main (ou en main) à qqn (→ Fortune, cit. 5). || Mettre sac au dos.Mettre à terre. || Mettre aux pieds de qqn (propre et fig.). Déposer (→ Humble, cit. 31). — ☑ Loc. Mettre flamberge (cit. 1 et 2) au vent.Mettre les tripes à l'air à qqn, l'éventrer. — ☑ Mettre l'eau à la bouche. Venir (faire venir). — ☑ Fig. Mettre au bout de son fusil : prendre pour cible.Mar. || Mettre un canot, un navire à la mer. Lancer.
9 J'ai quatre pauvres petits enfants sur les bras. — Mets-les à terre.
Molière, le Médecin malgré lui, I, 1.
Mettre devant, derrière (qqch.).Loc. Mettre la charrue devant, (ou avant) les bœufs. || Mettre devant les yeux. Présenter. || Mettre devant soi, pour se protéger.Spécialt. Poser. || Mettre un verre, une assiette devant qqn.
10 Il est des axiomes généraux qu'on met devant soi comme des gabions; placé derrière ces abris, on tiraille de là sur les intelligences qui marchent.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 88.
11 Dans la salle à manger (…) le couvert est mis (…) Mais Pauline n'a pu supporter la présence du domestique pendant les repas. Il met les plats devant elle (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 313.
Mettre contre (cit. 2), près, auprèsde. Approcher.Mettre avec. Attacher, joindre.Mettre loin de. Éloigner.Mettre autour. || Mettre entre. Intercaler, interposer. || Mettre un mot entre guillemets (cit. 2), entre parenthèses… || Livre à ne pas mettre entre toutes les mains.Spécialt. || Mettre une porte (→ Loquet, cit. 1), une frontière entre soi et quelque chose.Fig. || Mettre un abîme (→ Combler, cit. 9.1), un mur (→ Conflit, cit. 6) entre deux choses, deux personnes. Séparer.Vx. || Mettre la paix entre deux personnes (→ Main, cit. 54).Mettre plein… || Mettre de l'eau plein un récipient.Fig., fam. || En mettre plein la vue à qqn.Mettre par. || Mettre par terre. Déposer, poser.Régional. || Mettre qqn par côté, le mettre de côté (pour garder, réserver).
12 Coupeau mit sa chaise tout contre le lit, et acheva sa pipe, en tenant dans la sienne la main de Gervaise.
Zola, l'Assommoir, t. I, I, p. 131.
(Suivi d'un adv.). || Mettre dessus, dessous.Mettre dehors.Mar. || Mettre toutes voiles dehors.Absolt.Mettre les voiles (fig. et fam. : s'en aller). → aussi ci-dessous, 13.Mettre ensemble. Assembler (cit. 3 et 4).Mettre plus haut ( Lever; hausser), plus bas ( Baisser).Spécialt. || Mettre bas : poser à terre. — ☑ Fig. Mettre bas les armes (cit. 12). Capituler.Mettre habit bas, chapeau bas, pavillon bas ( Bas, cit. 68, 70 à 73).
2 Placer (un membre, une partie du corps) dans une position (avec div. prép. → ci-dessus). || Mettre ses bras en l'air, ses coudes sur la table, ses doigts dans le nez, un genou à terre, ses mains derrière le dos, son menton dans sa main, son nez à la fenêtre, son œil au trou de la serrure, le pied à l'étrier, les poings sur les hanches, les pouces aux entournures… N. B. Mettre, avec une partie du corps pour complément, donne lieu à de nombreuses locutions. → par ex. Doigt (cit. 12 et supra), main (cit. 36, 37, 51 et 93…), nez, pied, pouce
3 Placer (un être vivant) à tel endroit. || Mettre un enfant sur sa chaise ( Asseoir), dans son lit, au lit ( Coucher); debout ( Lever). — ☑ Fig. Mettre qqn dans de beaux draps.Mettre des gardes aux portes. Poster. || Mettre des soldats sur une même ligne.Mettre son cheval à l'écurie (→ Licou, cit. 1), au sec, au vert… || Mettre un enfant au piquet, au coin. || Mets-toi là et attends ton tour. || Mettre un oiseau en cage.
13 Il se saisit du port, il se saisit des portes,
Met des gardes partout (…)
Corneille, Pompée, III, 2.
14 (…) la sonnerie, continuellement, dérangeait la femme de chambre (…) Après avoir mis des hommes un peu partout, en utilisant les moindres coins, elle venait d'être obligée d'en caser jusqu'à trois et quatre ensemble, ce qui était contraire à tous ses principes.
Zola, Nana, II.
Mettre une personne à la place d'une autre. Changer (cit. 27). || Mettre qqn en présence de… Confronter.
Loc. fig. Mettre qqn au pied du mur.Mettre en l'air (argot) : tuer.Mettre en boîte (→ Merdeux, cit. 2).Mettre qqn dans sa poche.Mettre qqn dans le bain. || Il les a mis dans le même bain.Mettre qqn dans de beaux draps. — ☑ Mettre qqn devant le fait (cit. 25) accompli, devant les conséquences de ses actes…Mettre les rieurs de son côté, contre soi.
15 (…) votre procédé met tout le monde contre vous.
Molière, George Dandin, I, 6.
Spécialt. Caser, installer, loger. || Mettre ses amis dans les meilleures chambres. || Où allons-nous mettre tous ces gens-là ? || On l'a mis, on l'a relégué sous les combles. 1. Colloquer.Faire monter. || Mettre en croupe (cit. 1), sur son cheval…Faire asseoir. || Mettre qqn au bout de la table, à la place d'honneur.
Par ext. Conduire, accompagner. || Mettre qqn dans un endroit, jusqu'à la gare, dans le train. Conduire. || Mettre qqn sur la route, dans le bon chemin. Diriger. || Mettre qqn hors de la voie. Fourvoyer. — ☑ Fig. Mettre qqn sur la voie, sur la piste (→ Intriguer, cit. 4).Mettre qqn sur le bord (cit. 23) du tombeau. || Mettre ses associés près de la ruine. — ☑ Loc. Mettre qqn dehors, à la porte.Mettre qqn dedans.
(Le sujet désigne le chemin, la voie). || Un escalier les mit dans un lieu désert (→ Galerie, cit. 4). Conduire, mener.
Spécialt, absolt.Mettre bas (son petit) : accoucher (le sujet désigne une femelle d'animal). Bas (supra cit. 76); mise (mise bas).
4 Par ext. Placer (un être vivant, une chose) dans un lieu, une position, une situation, d'où résulte ou qu'accompagne une modification d'état, de condition (le compl. ind. gardant cependant une valeur locative plus nette que dans l'emploi III. ci-dessous).
(Avec un compl. ind. concret). || Mettre qqn sur la paille, sur le grabat (cit. 4). || Mettre qqn sur le trône, couronner. || Mettre un condamné en croix, sur la croix. || Mettre qqn dans un couvent (→ Impertinent, cit. 10), au couvent…, en pension (→ Interne, cit. 3), en prison (→ Académicien, cit. 2), au violon, au bloc.Mettre un poulet à la broche (→ Agnelet, cit. 1).
16 (…) je veux mettre dans ma famille les gens dont j'ai besoin.
Molière, le Malade imaginaire, III, 3.
17 Ordre de le mettre aux fers tout de suite (…)
Loti, Mon frère Yves, XXXI.
(Avec un compl. ind. désignant un lieu indéterminé ou une abstraction). || Mettre qqn, qqch. à l'abri (cit. 5 et 12). || Mettre à couvert (cit. 10 et 12). || Mettre en lieu sûr. Déposer, garder, tenir. || Mettre en place. Installer, ranger. || Mettre qqn sous la garde (cit. 2), l'autorité, la puissance ( Soumettre), la protection de… || Mettre en quarantaine, en pénitence, aux arrêts.Par anal. || Mettre à l'amende. || Mettre en apprentissage (cit. 3). || Mettre un enfant en nourrice.Spécialt. || Mettre qqch. en réserve, de côté (cit. 46 et 47).Mettre à gauche.Mettre qqn à la retraite. — ☑ Mettre un cheval au rancart. — ☑ Loc. Mettre qqch. à la portée de qqn (→ Loyal, cit. 2; machinisme, cit. 1).
(Suivi d'un verbe à l'infinitif marquant l'opération à laquelle on soumet une chose). || Mettre du café à chauffer, de la viande à cuire, du linge à sécher.(Avec ellipse de la préposition). || Mettre du linge sécher. Faire.
18 Mets bouillir des pommes de terre, nous les mangerons avec un peu de beurre (…)
Zola, Germinal, II, III.
19 — On ne met pas du linge de couleur à sécher au soleil.
J. Renard, Journal, 17 août 1903.
20 (…) un gros paquet de linge, qu'elle avait dû mettre sécher (…)
Alain-Fournier, le Grand Meaulnes, III, IV.
21 Je mets sécher mon linge. Je mets à sécher mon linge. Il nous semble qu'il y a peut-être une différence sémantique entre ces deux tours, le tour direct donnant le fait qu'exprime l'infinitif comme devant se passer en effet, tandis que le tour avec à le donne plutôt comme représentant l'intention du metteur.
J. Damourette et É. Pichon, Essai de grammaire de la langue franç., t. III, §1134.
Loc. Mettre (un enfant) au monde, au jour : donner naissance à (→ Adam, cit. 2; enceinte, cit. 1; enfanter, cit. 1), et aussi, aider à l'accouchement (en parlant de la sage-femme, du médecin).Fig. || Mettre au monde un livre (→ Assouplir, cit. 7). || Mettre une chose à jour, au jour, en découvrant, en divulguant… Jour (supra cit. 15).
22 (…) je viens de mettre au monde un fils (…)
Beaumarchais, la Mère coupable, II, 1.
Spécialt. Placer (qqn) dans un emploi; affecter à un travail. Affecter, constituer, placer, préposer. || On l'a mis à la direction, à la gérance, au service exportation. || Mettre une nurse à la garde des enfants, un ouvrier à un travail… Employer; attacher.Mettre plusieurs ouvriers après (cit. 57) un ouvrage.Mettre qqn à faire qqch., à travailler…
23 (…) il aime à causer, et quand on me met à causer, je ne fais pas trop mal aussi (…)
Mme de Sévigné, 640, 21 août 1677.
24 (…) j'ai vu votre sœur à la campagne; on est fort content d'elle où je l'ai mise (…)
Marivaux, Vie de Marianne, III.
Mettre qqn sur un sujet.
25 Je l'ai mis sur ce mariage (…)
Molière, les Fourberies de Scapin, II, 5.
Mettre qqn dans une affaire, le faire participer à cette affaire. || Mettre dans le coup, dans la combine, dans son jeu (cit. 41). → Ci-dessous, III., 2. || Mettre en cause, en jeu.Mettre qqn de… (vieilli), faire participer à, convier à, admettre à, faire entrer dans.
26 L'estime du roi s'accrut de jour en jour pour Zadig. Il le mettait de tous ses plaisirs (…)
Voltaire, Zadig, IV.
5 (Abstrait). Placer en esprit à un certain rang, dans un classement, une série. Classer, introduire. || Mettre en première ligne, sur la même ligne. Ligne. || Mettre une personne à tel ou tel rang. Rang. || Mettre qqn plus bas que terre; mettre qqn au-dessus de tout. || Mettre à côté de…, sur le même plan, au même niveau… || Mettre une chose à son vrai prix, à sa vraie valeur, la juger, la considérer comme elle le mérite. || Je mets les bons livres (cit. 29) parmi les choses nécessaires.Mettre au nombre de… Compter.Mettre un événement avant, après…, auparavant (cit. 5), le situer en esprit avant, après…
6 Placer (un vêtement, un ornement, etc.) sur qqn, en l'assujettissant, en le disposant comme il doit l'être. Habiller, vêtir. || Mettre ses vêtements à un enfant. || Mettre un châle (cit. 2) sur les épaules de qqn. Poser. || Mettre un chapeau, un bonnet d'âne, une calotte (cit. 2), une couronne sur la tête, le front de qqn ( Camper.).Mettre des (ses) souliers, des chaussures à qqn. Chausser (→ Flagorner, cit. 3).Fig. || « Je mis un bonnet (cit. 5) rouge au vieux dictionnaire » (Hugo).Mettre du fard, de la poudre (→ Friser, cit. 3) à qqn, le farder, le poudrer.
27 Mettez cet habit à Monsieur, de la manière que vous faites aux personnes de qualité.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 5.
Spécialt. || Mettre des menottes à un prisonnier, des chaînes, des entraves à un animal échappé.
28 (…) on lui mettrait des menottes, on le mènerait à la mairie et de là (…) à la prison du chef-lieu.
J. Green, Léviathan, II, XIV.
(Le compl. désigne les vêtements du sujet). Passer, revêtir. || Mettre ses vêtements, ses habits. Habiller (s'), vêtir (se). || Une veste qu'on peut ( Mettable), qu'on ne peut plus ( Immettable) mettre. || Mettre un costume (→ Long, cit. 11), des bas (→ Élargir, cit. 7), des gants (cit. 3). || Mettre sa ceinture ( Ceindre).Mettre son chapeau. Couvrir (se).Absolt, vx (langue class.). || Mettre dessus, mettre : mettre son chapeau, se couvrir.
29 Allons, mettez (…) Mon Dieu ! mettez; point de cérémonie entre nous (…) Mettez, vous dis-je (…) Je ne me couvrirai point, si vous ne vous couvrez.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 4.
30 Elle était seule, à présent, et cherchait à tâtons les vêtements qu'elle mettait un à un.
J. Green, Léviathan, II, XV.
31 Allons, viens, habille-toi. Je n'ai que ma robe à mettre, je suis prête en dessous (…)
Colette, Chéri, p. 57.
Par ext. Porter. || Il ne met jamais de chapeau. || Il mettait toujours des maillots (cit. 6) de marin.
Mettre ses chaussures. Chausser (se).Mettre ses lunettes (→ Garde, cit. 87). Chausser.Mettre de la poudre, du blanc (cit. 37).
Figuré :
32 (…) je joue; et comme je suis fort heureux, je mets sur moi tout l'argent que je gagne.
Molière, l'Avare, I, 4.
Par métonymie. || Mettre (qqn) en… : habiller. || Mettre qqn en uniforme (→ Lycée, cit. 1), en civil. || Mettre un enfant en bleu. || Mettre qqn en chemise, en pyjama.
7 Ajouter en adaptant, en assujettissant. a (Concret). || Mettre (qqch.) à (qqch.) : ajouter une chose à une autre (pour la compléter, la réparer…). || Mettre un fer à une pioche, un soc à une charrue, des roues à une bicyclette. || Mettre un couvercle à une marmite ( Couvrir), un bouchon à une bouteille. (Fig. et, par plais., mettre un bouchon : faire taire). || Mettre des draps propres à un lit. Changer.Ellipt. || Mettre des draps propres, des rideaux…Mettre un cadre (cit. 1) à un dessin, à un tableau. || Mettre la signature à un chèque, un cachet, un tampon à un acte.Fig. || Mettre à un style le cachet (cit. 5) d'une époque.Mettre une croix à : signaler, marquer d'une croix, barrer, et, fig., renoncer. || Tu peux y mettre une croix (ou faire une croix dessus). || Mettre une étiquette, un prix à une marchandise.Mettre des rubans à un vêtement (→ Faire, cit. 167), un bouton à une veste, une pièce à un pantalon, à un pneu usé, déchiré, percé…(À un animal). || Mettre une selle, un harnachement à un cheval.
33 Allons, on mettra une sourdine à son esprit et un crêpe à son chapeau.
Balzac, Vautrin, III, 10.
(Le compl. direct désigne un animé). Rare. || Mettre un cheval à une voiture, l'y atteler.
Mettre dans… Mélanger, mêler. || Mettre de l'eau dans son vin, du sel dans sa soupe. Verser. — ☑ Loc. fig. Mettre du beurre dans les épinards.Mettre divers ingrédients dans la soupe.
Installer. || Faire mettre l'eau, le gaz, l'électricité, le téléphone (dans une maison, un appartement).
b (Abstrait). Ajouter à, mêler à, placer dans, sur. || Mettre un accent spécial à un mot (→ Aujourd'hui, cit. 32). || « Mettre à des discours sensés les grimaces de la coquetterie » (→ Assortissant, cit. 1).Mettre l'accent sur… (→ Arête, cit. 7).Mettre de la grâce (cit. 93) dans ses gestes. || Mettre de l'esprit (cit. 159) dans tout ce que l'on dit. || Elle a mis une note de gaieté dans la conversation. || Mettre dans son regard une nuance de complicité (→ Côté, cit. 29).(Sujet n. de chose). || Mettre un éclair dans le regard (→ Fond, cit. 23). || La colère lui a mis ces mots à la bouche (cit. 20).
34 Je compris tout ce qu'il mit de désespoir dans ce mot malheureusement. Ah ! ma chère, il sera, certes, impossible à aucun homme de mettre autant de passion et de choses dans un seul mot.
Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées, Pl., t. I, p. 177.
35 Son accent parisien mettait une note amusante dans ces réunions cosmopolites.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 54.
Spécialt. (Le sujet désigne le Créateur). || Le ciel a mis telle qualité dans cette plante (→ Âpreté, cit. 5). || Dieu, la nature a mis en nous tel sentiment, tel caractère (→ Faiblesse, cit. 37; instinct, cit. 2).Par métaphore. || « Le ciel a mis l'oubli pour tous au fond (cit. 3) d'un verre » (Musset).
8 (Sujet n. de personne). || Mettre (une qualité, un sentiment) à (et inf., ou compl.) : ajouter, apporter (une qualité morale, un sentiment à une action. Apporter, user (de).) || Mettre du soin à se cacher (cit. 44), du zèle… à faire qqch. (→ Abattre, cit. 6; déférent, cit.; fosse, cit. 2). || Il y met du cynisme (→ Intérêt, cit. 19). || Quelque rage qu'il y mît (→ Carton, cit. 2). || Sans y mettre d'animosité (cit. 8). || Mettre de l'entêtement, de la mauvaise volonté à un travail, à faire un travail. || Y mettre des façons (cit. 51 et 52).
36 (…) il y mit tout son talent, toute son âme, toute sa piété (…)
Th. Gautier, Portraits contemporains, Simart.
Loc. Y mettre du sien. || Il y a mis du sien : il a donné, payé de sa personne, il a travaillé sans compter, ne s'est pas ménagé, et, spécialt, il a fait des concessions, s'est montré conciliant, complaisant (cit. 3).
Appliquer, employer à… || Mettre sa gloire (→ Attacher, cit. 8; impopulaire, cit. 1), sa joie (→ Fourchette, cit. 1), son plaisir (→ Fort, cit. 74), son souci à… (→ Laine, cit. 4).
37 (…) le siècle où nous sommes
À bien dissimuler met la vertu des hommes (…)
Corneille, la Veuve, III, 3.
Mettre son orgueil à imiter son maître.(Avec changement de sujet). || Cet élève met son amour-propre à ce que son maître soit satisfait de lui.
(Avec en). Placer dans, faire consister en… || Mettre de grands espoirs en qqn. Fonder. || Mettre son orgueil (→ Abaissement, cit. 8), son espérance, ses espoirs dans… Investir. || Il a mis toute son énergie dans ce projet.Mettre la liberté (cit. 32) dans l'indifférence.
9 Mettre… à, dans… a Dépenser, employer, utiliser (du temps) à… || Mettre plusieurs jours (→ Imprenable, cit. 2), du temps, un temps très long (→ Calmer, cit. 19) à faire qqch. (→ Honorifique, cit.). || Le temps que l'histoire a mis à se faire (→ Abréger, cit. 3).Mettre longtemps à cuire (→ Heure, cit. 6). || Il y a mis le temps : il a été bien long.
38 (…) il voyageait lentement de l'une (station) à l'autre, mettant une heure pour faire deux cents mètres, tirant sur ses sabots comme sur des voitures lourdes, déhanché, déjeté, dans le roulis cassé de ses reins.
Zola, la Terre, V, II.
39 J'ai mis, à comprendre que mon âpreté était un mensonge, autant de temps qu'à devenir vieille.
Colette, l'Étoile Vesper, p. 92.
b Dépenser (de l'argent) pour. || Mettre mille francs à un achat, à un bibelot. || Combien voulez-vous y mettre ? || Y mettre le prix (→ Acheter, cit. 6).
40 Douze sous et demi, ce n'est guère; vous mettrez bien les treize sous ? — Tope.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 566.
41 (…) ces infortunés étudiants qui, comme le père Goriot et mademoiselle Michonneau, ne pouvaient mettre que quarante-cinq francs par mois à leur nourriture et à leur logement (…)
Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 853.
Loc. fam. Il faut y mettre le paquet (de billets de banque).
c (Avec dans). Placer de l'argent. || Mettre son argent dans une affaire, en rentes, en viager. Investir.(Avec à…). || Mettre une somme à la partie, à la boule ( Miser), à la loterie. Jouer. — ☑ Mettre de l'argent à la grosse aventure (cit. 28).
42 Si vous êtes heureux au jeu, vous en devriez profiter, et mettre à honnête intérêt l'argent que vous gagnez (…)
Molière, l'Avare, I, 4.
43 Ne mettant rien à la partie, j'ai tout gagné (…) si je fais perdre l'autre.
Beaumarchais, la Mère coupable, IV, 2.
10 Porter, provoquer, faire naître. fam. Flanquer, foutre. || Il met le désordre, le trouble partout. Causer, créer, semer. || Mettre la perturbation dans le pays (→ Anormal, cit. 2).Mettre de l'ordre quelque part, dans une affaire (→ Arrangement, cit. 9).(Construit avec à…). Apporter. || Mettre des conditions à qqch.Mettre une borne (cit. 10) aux dérèglements, un terme à… Couper (court), terminer. || « Celui qui met un frein à la fureur des flots » (→ Arrêter, cit. 23).Mettre le holà (cit. 6 et 7).(Sans art.). || Mettre obstacle. || Mettre fin (cit. 19 et 20). || Mettre bon ordre à une situation.Vx. || Mettre remède à… Porter.
Spécialt. || Mettre le feu à (qqch.) : faire brûler. Feu (cit. 37, 38).
Par ext. (sans compl. locatif). Faire marcher, amorcer, déclencher. || Mettre le contact. || Mettre les gaz. → ci-dessous, III., 2., absolt, faire fonctionner.
11 Écrire, inscrire… Coucher (par écrit), écrire, inscrire. || Mettre son nom sur un album (cit. 1), un bon mot sur son agenda (→ Impromptu, cit. 5). || Mettre qqch. en toutes lettres, en lettres d'or… (→ Magasin, cit. 1). || Mettez l'adjectif avant, après le nom. Placer.
44 Je voudrais donc lui mettre dans un billet : Belle Marquise (…) mais je voudrais que cela fût mis d'une manière galante, que cela fût tourné gentiment (…) Je ne veux que ces seules paroles-là (…) mais tournées à la mode, bien arrangées comme il faut. Je vous prie de me dire (…) les diverses manières dont on peut les mettre.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 4.
Noter, inscrire (sur une liste, dans une énumération). Consigner. || Mettre un nom, mettre qqn sur la liste, dans son testament (→ Joliment, cit. 3).Mettre un livre à l'index (au fig., mettre ayant la valeur abstraite : III., 2.). || Mettre qqn à l'index (cit. 10, 12).Mettre une somme sur un compte, au compte de qqn.Fig. Compte; attribuer, imputer (cit. 1).Mettre qqch. au crédit de qqn.Mettre qqch. en ligne de compte.
Mettez que je suis d'accord.
45 Mettez qu'il interrompt — Hé ! je n'y pensais pas.
Racine, les Plaideurs, II, 6.
Fig., fam. Admettre, dire. || Mettons que je n'ai rien dit. Supposer.
46 Ça vaut quatre-vingts francs (…) — Bon ! mettons quatre-vingts, je veux bien faire un sacrifice pour mes enfants.
Zola, la Terre, I, II.
Par ext. (Dans une œuvre, un texte). || Mettre des adoucissements (cit. 5) à un texte.Mettre dans son livre des extraits d'auteurs. Compiler. || Les choses que Balzac a mises dans ses livres (→ Magistral, cit. 5). || L'auteur a mis beaucoup de lui-même dans ce personnage.Absolt. || En mettre. || Il a voulu trop en mettre, trop en dire (→ Hors, cit. 31).
Faire figurer (dans une pièce de théâtre, un scénario…). || Mettre un type, un personnage… en scène, sur la scène (→ Courtisane, cit. 3; impeccable, cit. 2), dans une pièce.
Représenter (dans un tableau, une œuvre plastique). → Calvaire, cit. 3; mafflu, cit. 2.
12 Fam. Donner (un coup). || Mettre des coups, des gnons… à qqn, sur le nez de qqn. Coller; battre.Absolt. || Il lui a mis en plein sur, (dans) la gueule. || Qu'est-ce qu'il lui met !
Fig. En mettre un coup. Coup.
47 Des bicyclistes en mettaient un coup à tous les niveaux de la perspective.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, XVII.
Sports. || Ils leur ont mis 5 buts à 0.
13 (1914). Fam. Mettre les bouts, les bâtons, les cannes (les jambes) : s'en aller, partir; s'enfuir (→ argot Mettre les adjas et, ci-dessus, 1., mettre les voiles, et ci-dessus 10., mettre les gaz).Ellipt. || On les met ?
47.1 Des chargeurs boches sur la planchette ! Nous sommes dans le boyau boche !
— Mettons-les.
Il y a un élan des trois hommes pour sortir.
Attention, bon Dieu ! Bougez pas ! (…)
H. Barbusse, le Feu, t. II, p. 10.
48 — Il est onze heures vingt, il est temps que nous les mettions aussi. Demain on se lève.
P. Nizan, le Cheval de Troie, I, I.
49 — C'est maintenant ou jamais qu'il faut que tu les mettes (…)
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 45.
14 (1726, in Glossaire de l'homosexualité). Le mettre (à qqn) : sodomiser. || Se le faire mettre (dans le baba, le cul…), se faire mettre : se faire sodomiser, et, fig., se faire tromper. Avoir.
49.1 S'ils me posaient une question, c'était pour savoir si je m'étais fait mettre ou si j'avais mis, ou eu envie de me faire mettre durant mes quatre années de prison.
Jeanne Cordelier, la Passagère, p. 217.
———
II Placer dans une position nouvelle (sans qu'il y ait déplacement d'un lieu à un autre, ni modification d'état, pour le complément).
1 Mettre qqn debout. Lever. || Mettre un malade sur son séant. Asseoir (→ Inhumain, cit. 2). || Mettre un enfant sur ses pieds. — ☑ Fig. Mettre (qqch., un projet) sur pied : constituer, établir, échafauder… — ☑ Loc. fig. Mettre qqn sur les dents.
Mettre bas, à bas (qqn) : abattre, et, spécialt, tuer (→ Daim, cit. 1). — ☑ Mettre qqn à pied (fig.) : renvoyer.
Mar. || Mettre les voiles en ciseaux. || Mettre un navire à la voile, à la cape, à l'ancre, à sec; le mettre sur le nez, sur culAbsolt. || Mettre en travers. || Mettre à la voile pour appareiller; le navire met à la voile. Voile.
Tourner (vers). || Mettre le cap sur…
Mettre qqch. à l'envers (cit. 11, fig.), sens dessus dessous. Renverser…Par métaphore. || Cela lui a mis la tête à l'envers (→ Déguiser, cit. 2).
2 (Sans compl. second). Placer, disposer dans une position particulière. || Voulez-vous mettre le loquet (le baisser), le verrou (le pousser)… ? || Mettez le contact, le starter, le frein à main.
50 (…) elle (…) courut mettre elle-même les verrous; maintenant, ils pouvaient s'entasser à côté, ils ne perceraient pas le mur, peut-être.
Zola, Nana, II.
———
III Faire passer (qqch., qqn) dans un état, dans une situation nouvelle (l'idée de modification, de transformation des aspects ou de la nature l'emportant sur celle de changement de lieu ou de position → ci-dessus I. 4.).REM. Dans ce sens mettre s'emploie surtout avec les prépositions en (ou dans) et à.
1 (Sens concret). || Mettre en… : transformer en… ou donner la forme de… Changer (en). || Mettre une pierre, une agate en cachet (cit. 1), en bague. || Mettre une matière textile en écheveau (→ Lin, cit. 2). || Mettre du blé en gerbe (→ Grenier, cit. 4). || Mettre du linge en bouchon, en tas; en charpie. || Mettre une feuille de papier en double. || Mettre qqch. en boule. Conglober. || Mettre les bras en croix.Mettre une lampe en veilleuse.Mettre (une construction, une ville…) en flammes (cit. 11), en feu, en cendres (supra cit. 7)…Mettre en morceaux, en pièces, en pièces détachées (fam.), en quartiers (→ Attaquer, cit. 13 et 16).
Cuis. || Mettre (un aliment) en potage (→ Cuisiner, cit. 1), en sauce : faire un potage, une sauce avec… Accommoder.Fig. || Mettre (qqch.) en capilotade, en marmelade (→ Lâcher, cit. 5), en compote.
Mettre (qqn) en sueur, en nage.Par exagér. || Mettre qqn en sang.
Mettre un objet en gage (cit. 3 et 4), en dépôt : constituer un gage, un dépôt, avec cet objet.
Mettre un champ en blé, en avoine ( Ensemencer). || Il a mis son terrain en vigne, en bois (Académie).
Mettre en fraction, en centimètres. Convertir. || Mettre en équation.Mettre en perspective.
Mettre des paroles en musique (→ Lyrique, cit. 9). || Mettre un texte en français, en anglais ( Traduire). || Mettre en bon français. Corriger. || Mettre en forme.Littér. || Mettre en poésie la vertu (→ Littérature, cit. 16).
51 (…) je travaille à mettre en madrigaux toute l'histoire romaine.
Molière, les Précieuses ridicules, IX.
52 Tout ce que Montaigne, Charron, La Rochefoucauld et Nicole ont mis en maximes, Richardson l'a mis en action.
Diderot, Éloge de Richardson.
53 — Admirable matière à mettre en vers latins !
A. de Musset, Premières poésies, « Mardoche », VII.
Mettre à… || Mettre un étang, un bassin… à sec. Tarir (→ Écouler, cit. 1). — ☑ Fig. Mettre qqn à sec. || Mettre un pneu à plat.Fam. || Mettre à plat : aplatir.Mettre un brouillon au net, au propre.Mettre un verbe à la forme passive, au futur; un substantif au pluriel…
2 (Emplois abstraits ou métaphoriques). || Mettre (qqch. ou qqn) dans, en, à… : changer, modifier en faisant passer dans, à un état nouveau.Mettre (qqch., qqn) dans un état (→ Irritabilité, cit. 1), en un état, en l'état (→ Attendre, cit. 78). || Mettre qqn dans tous ses états.Absolt. || Mettre en état. Préparer. || Mettre dans l'ordre, dans un certain ordre, en ordre, en désordre. || Mettre une pendule à l'heure, en avance, en retard…Mettre qqn en attente (sur une liste d'attente, sur une ligne de téléphone…)Mettre (plusieurs personnes, plusieurs choses) en accord, en harmonie (cit. 39). || Mettre d'accord (cit. 12). || Mettre en commun (cit. 5 et 6). || Mettre en contact, en présence, en relation, en rapport. || Mettre en contradiction, en opposition.Mettre au même ton, au diapason.Mettre au point un appareil de photo.Mettre sa comptabilité à jour.
Faire avancer, marcher, agir…, ou préparer pour l'action. || Mettre qqch. en état de marche. || Mettre une armée (cit. 16.1) en bataille, en ordre de marche…, une pièce d'artillerie en batterie.Mettre en branle (cit. 5), en mouvement, en train, en marche. || Mettre en circulation, dans la circulation, en service, en vente. || Mettre en course, dans la course.Mettre en action (cit. 7), en application, en exécution (cit. 6), en pratique, en usage, en vigueur.Mettre en œuvre. || Mettre tout en œuvre pour. Metteur (en œuvre).Mettre en mesure de…Mettre en demeure de…
Absolt, fam. Mettre en marche; faire fonctionner. || Il met la radio à partir de six heures du matin. || Mettez le chauffage, il commence à faire froid.
Mettre qqn au pas, à l'alignement (cit. 3), à la raison… — ☑ Mettre qqn à l'index (cit. 10, 12).Mettre un cheval au trot, au galop.Mettre en première, en troisième vitesse, en marche arrière (un véhicule).
3 Soumettre à un examen qui entraîne un jugement, une conclusion… || Mettre (qqch.) en lumière (supra cit. 30), en évidence (cit. 13, 14 et 15), en valeur, en relief, en vedette… || Mettre en avant.Mettre en considération, en délibération, en doute… || Mettre en observation. || Mettre en cause (cit. 52 et 53), en question, en jeu (cit. 46 et 80). || Mettre hors de cause.Mettre au fait (cit. 40 et 42), au courant…Mettre en comparaison, en parallèle, en regard, en balance.En mettant les choses au pis.
54 Elle avait eu l'intention de mettre son fils au courant des compromettantes poursuites dirigées contre son mari (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 113.
Mettre à l'épreuve (cit. 7 et 9), au défi. || Mettre une argumentation à néant. || Mettre à contribution (cit. 3). || Mettre à profit, à effet, à exécution.
Soumettre. || Mettre une motion aux voix.
4 Placer dans telle ou telle situation. || Mettre (qqn, des personnes) en danger, en péril. || Mettre en déroute, en fuite. || Mettre hors de combat.Mettre un prisonnier en liberté. || Mettre dans la nécessité de… || Mettre dans l'embarras, dans une situation gênante. || Mettre dans l'erreur, en défaut, dans son tort.Mettre qqn à l'aise (cit. 9 et 10), à son aise. || Mettre au supplice, à la gêne (cit. 2 et 4), à la torture. || Mettre à mal, à quia, à bout (cit. 34). || Mettre à mort. || Mettre à sac. || Mettre à nu.Mettre qqn au ban de la nation.Mettre en crédit, en faveur, en réputation, en vogue.
Mettre dans tel état moral (→ Ardent, cit. 30), dans telle disposition. || Mettre en humeur (cit. 34) de… || Mettre en fureur, en furie, en colère, en courroux, en boule (fig.)… || Mettre en confiance, en défiance, en garde (cit. 26, 28 à 30). || Mettre en grand trouble, en grand effroi. || Mettre en peine, au désespoir… || Mettre sa conscience en repos.Mettre hors de soi, hors de ses gonds. Transporter. || Mettre en appétit.
(Suivi d'un adv. ou d'un adj.). Rendre. || Mettre qqn mal à l'aise. || Mettre qqn bien, mal, avec une autre personne. || Mettre un boxeur knock-out (cit. 3).Pop. || Il l'a mise enceinte. — ☑ Loc. Mettre les bouchées doubles.
tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
——————
se mettre v. pron.
1 (Sens réfl.). Venir occuper un lieu, une place. Placer (se). || Se mettre à un endroit, se mettre à la fenêtre (→ Accouder, cit. 2). || Mettez-vous ici, là, de ce côté, du côté de…; dessus, dessous (→ Cacher, cit. 28). || Se mettre subrepticement dans un endroit. Glisser (se).Se mettre dans un fauteuil confortable, s'y asseoir. Carrer (se), installer (s'). || Se mettre au lit (cit. 10). Coucher (se). → Machine, cit. 30. — ☑ Fig. Se mettre dans de beaux draps. — ☑ Se mettre à l'eau (au propre et au fig.). — ☑ Se mettre au vert. — ☑ Fig. Se mettre dans la peau de qqn, à sa place. || Ils se mirent autour ( Entourer, environner).Se mettre entre deux personnes (au fig. les séparer). → Chamaillerie, cit. 1 ☑ Se mettre sur les rangs (→ Bon, cit. 25). || Se mettre (se jeter) aux pieds de qqn (→ Main, cit. 104). — ☑ Se mettre sur le chemin de qqn (fig.).Mettez-vous à ma place (fig.).
55 (…) je veux un homme (…) à qui je puisse dire : « Mettez-vous là, mon gendre, et dînez avec moi. (…) »
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 12.
56 Enfin le chien se mit dans le creux d'un vieux chêne,
Et l'écureuil plus haut grimpa pour se nicher.
Florian, Fables, IV, 2.
57 Elle vint se mettre à côté d'elle, tout près, à toucher son coude.
J. Giono, Jean le Bleu, VIII.
Par ext. || Se mettre à… : s'asseoir devant.Se mettre à table (au fig. Table).Se mettre au piano (pour en jouer).
Loc. Ne plus savoir où se mettre, où se fourrer : être embarrassé, gêné ( Embarras, gêne, honte). → 1. Cape, cit. 4. — ☑ Loc. Ôte-toi de là que je m'y mette, maxime du sans-gêne.
58 Elle me fait trembler dès qu'elle prend son ton;
Je ne sais où me mettre, et c'est un vrai dragon (…)
Molière, les Femmes savantes, II, 9.
59 (…) le libéralisme ne nous livrera plus de bataille rangée (…) il mine en dessous et se prépare à un complet Ôte-toi de là que je m'y mette !
Balzac, les Employés, Pl., t. VI, p. 1044.
2 (Avec un nom de lieu indéterminé ou un nom abstrait). || Se mettre à l'abri (cit. 6), à couvert.Se mettre en condition (cit. 18.1, 18.2) : se placer comme employé(e) de maison. || Se mettre au service de qqn.Se mettre sous la dépendance, sous la coupe de… || Se mettre dans une situation délicate, dans une sale affaire, dans un mauvais cas. (Cf. vulg. Se mettre dans la merde). || Se mettre hors du jeu, hors la loi. Hors. — ☑ Se mettre de la partie. Part (prendre), participer.Absolt. || Tout le monde s'y met.
60 Parbleu ! je me veux mettre aussi de la partie.
Racine, les Plaideurs, II, 9.
61 L'homme ne sait à quel rang se mettre.
Pascal, Pensées, VII, 427.
62 Ce fut une rumeur de blâme incroyable; tout le monde s'y mettait.
Alain, Propos, 2 sept. 1913, L'anneau dans le nez.
Fig. || Se mettre avec qqn, du côté de qqn, prendre son parti. || Se mettre du côté des innocents, des victimes (→ Limiter, cit. 4).
63 Corbleu ! mon gendre, ne m'échauffez pas la bile : je me mettrais avec lui contre vous.
Molière, George Dandin, I, 6.
(Au sens concret). || Se mettre avec qqn (fam.), vivre avec lui. Concubinage.
3 Prendre une position (construit surtout avec à et en). || Se mettre au garde-à-vous (cit. 2); à genoux (cit. 23), à deux genoux (cit. 17). || Se mettre debout. || Se mettre en posture (→ Cadet, cit. 1). || Escrimeur qui se met en garde. — ☑ Fig. Se mettre sur le pied de…
4 Devenir (en tel ou tel état physique). || Se mettre en sueur (→ Essouffler, cit. 1), hors d'haleine (cit. 12). || Se mettre en forme, en train. || Se mettre à l'aise, à son aise.(Sujet n. de chose). || Le temps s'est mis au beau.
64 Cela le contraignit à lancer son corps de côté pour ne pas perdre l'équilibre et à se mettre en diagonale, les deux pieds arc-boutés contre la porte (…)
J. Green, Léviathan, I, XI.
65 Le temps s'était mis brusquement au froid, un temps couleur de suie, sans un souffle de vent (…)
Zola, la Terre, I, 1.
Par ext. || Se mettre à la mode… (→ Cajoler, cit. 7), au goût (cit. 50) du jour.
(En parlant de la mise, du vêtement). || Se mettre en habit, en chemise, en bras de chemise… || Se mettre nu, tout nu. Dévêtir (se). — ☑ Fam. Se mettre à poil.Absolt. Habiller (s'). → Fagoter, cit. 3. — ☑ Loc. Se mettre sur son trente-et-un ( Habillement, mise, toilette).
66 Voilà ce que c'est de se mettre en personne de qualité. Allez-vous-en demeurer toujours habillé en bourgeois, on ne vous dira point : « Mon gentilhomme ».
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 5.
67 Il se mettait maintenant si souvent en smoking, le soir (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 10.
Loc. fig. Se mettre en quatre.
5 Devenir quant à l'état psychique, la situation… || Se mettre en colère (cit. 2), en courroux. — ☑ Se mettre en devoir (cit. 28) de…Se mettre en frais, en peine. || Se mettre en garde contre…Se mettre en liaison (cit. 13), en communication.Se mettre d'accord avec qqn. || Se mettre dans son tort.
67.1 Je me souviens que, ce soir-là, je dansai beaucoup (…) Je ne pouvais tenir en place. Je me mis en frais pour des gens que je ne connaissais ni d'Ève ni d'Adam, je bus plusieurs coupes de champagne (…)
Geneviève Dormann, la Fanfaronne, p. 15.
(Suivi d'un adv.). || Se mettre bien, mal avec qqn. Relation (→ Attirer, cit. 45; homme, cit. 78). || Se mettre bien dans l'esprit (cit. 62) de quelqu'un.
Absolt. || Il se met bien (fam.) : il est dans une situation enviable, il ne regarde pas à la dépense, il ne se refuse rien (souvent ironique).
68 Un peu confuse, rougissante, elle finit par lâcher le total de la somme qu'elle avait dépensée, plus de trois cents francs. — Fichtre ! dit Roubaud saisi, tu te mets bien, toi, pour la femme d'un sous-chef (…)
Zola, la Bête humaine, I.
69 Je vendais des fleurs ici, dans une petite voiture verte. — Tu te mettais bien, dit Maurice.
Sartre, le Sursis, p. 13.
6 Se mettre en… (suivi d'un subst. exprimant le mouvement). || Se mettre en chemin, en route. Partir. || Se mettre en marche, en mouvement. Animer (s'), partir. || Se mettre en campagne (cit. 8), en chasse (cit. 4), en quête…
7 Se mettre à… : commencer à faire.Se mettre au travail (→ Librairie, cit. 2), à l'étude (→ Ardeur, cit. 46), au jeu (→ Gant, cit. 5). || Se mettre à la culture, à la terre (→ Abattre, cit. 5). || Se mettre à l'œuvre, à l'ouvrage. || Se mettre au latin, aux mathématiques. Apprendre. || Se mettre au courant, au fait.S'appliquer, prendre goût à… || Jusqu'alors il ne mordait pas au latin, aux maths, maintenant il s'y met. || Il commence à s'y mettre. Comprendre.
70 Je ne me suis mis à l'anglais que très tard (…)
Gide, Ainsi soit-il, p. 75.
Accepter un état, un genre de vie nouveau. || Se mettre au régime, à la diète, à l'eau…
71 (…) je me mis à l'eau, et si peu discrètement, qu'elle faillit me guérir, non de mes maux, mais de la vie.
Rousseau, les Confessions, VI.
(Suivi d'un inf.). Commencer. || Se mettre à faire qqch. (→ Abusif, cit. 2; feu, cit. 53). || Se mettre à sourire (→ Aimer, cit. 50), à rire, à geindre (cit. 7), à crier (→ Frémir, cit. 13), à hurler (cit. 18), à pleurer (→ Inviter, cit. 5). Prendre (se prendre à). || Se mettre à manger (→ Assiette, cit. 17). || Elle s'était mise à courir.Ellipt. || S'y mettre (→ Fin, cit. 2). || Il va falloir s'y mettre (au travail, à travailler). || Quand il s'y met… (→ Féroce, cit. 7).
72 Je ne vous écris pas souvent; mais vous m'avouerez que quand je m'y mets, ce n'est pas pour peu.
Mme de Sévigné, 1001, 25 oct. 1686.
73 (…) le diable sait ce que peut chuchoter la chronique de New York, quand elle s'y met (…)
Colette, Belles saisons, p. 119.
Impers. || Il se met à faire beau, à pleuvoir.
Par ext. || Se mettre à deux, à dix… pour faire qqch., pour porter un fardeau.
8 (Sens passif). Se placer, s'introduire… || Grain (cit. 15), gravier qui se met dans un conduit.Par ext. || Les vers s'y sont mis.Fig., impers. || « Il se met d'étranges folies dans la tête des hommes » (Molière, Dom Juan, III, 1).
74 (…) deux mois après la gangrène s'y mit (…)
Mme de Sévigné, 844, 21 août 1680.
75 (…) c'est de la prose où les vers se sont mis.
Rivarol, Rivaroliana, II.
Objets qui doivent se mettre dans un certain ordre. Arranger (s'), ranger (se).Par ext. || Ce n'est pas là que ça se met, que cela doit se mettre (→ Écureuil, cit. 1).
9 (Récipr.). || Se mettre d'accord.
Fam., absolt. || Qu'est-ce qu'ils se mettent ! (comme coups).Se mettre sur la gueule : se battre.
10 Se mettre… (suivi d'un compl. d'objet dir.) : mettre à soi. || Se mettre un sac sur le dos. — ☑ Fig. Se mettre le doigt dans l'œil (pour : mettre son doigt…). — ☑ (En parlant de la nourriture). S'en mettre jusqu'aux yeux, plein la lampe…
Fig. Se mettre (une idée…) dans la tête, en tête. || Mettez-vous bien ça dans la tête. Enfoncer (s'). || Se mettre une fantaisie dans la cervelle (cit. 3), une crainte dans l'esprit (cit. 59).
Se mettre (qqn) à dos, le fâcher, l'indisposer contre soi.
Se mettre de l'encre sur les doigts, aux doigts. || Il est tombé dans la boue, il s'en est mis partout…
76 Gilieth lui caressa le menton et, machinalement, les cheveux sur les tempes. Il se mit du henné au doigt (…)
P. Mac Orlan, la Bandera, XII.
Spécialt. || Se mettre une couronne. Couronner (se). — ☑ Pop. Se mettre la ceinture.Se mettre de la poudre, du rouge (→ Farder, cit. 7).Sa femme se plaint de n'avoir rien à se mettre (pour s'habiller décemment, à son goût).
Vulg. (euphém. pour : au derrière, dans le cul). Tu peux te le mettre quelque part (formule de mépris → Tu peux te torcher avec) : ça ne m'intéresse pas, je méprise cela. Foutre (je m'en fous).
76.1 Et Hitler, la France, si vous voulez mon avis, il se la met quelque part.
J. Dutourd, Au bon beurre, p. 83.
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mis, mise [mi, miz] p. p. adj.
1 Placé dans un lieu. || Objet mis dans un endroit, quelque part. || Mot mis en bonne place (→ Juste, cit. 21).Par ext. || Mis en croix (cit. 4).Absolt. || Le couvert est mis, la table est mise.
Placé dans une position. || Mis debout. || Mis bout (cit. 15) à bout.
2 Par ext.Mis à jour.Mis dans telle situation, tel état…
3 Changé, transformé. || Viande mise en morceaux (→ Friand, cit. 8).Mis en pièces.Canons (cit. 8) mis en batterie.
Mis en mouvement, en train.Moyens mis en œuvre.Mis en joie (cit. 16), en colère… || Femmes mises à mal (cit. 37 et 40).
4 (Personnes). Habillé. Habillé, vêtu (→ Commis, cit. 2; fantaisie, cit. 10). || Mis sans soin (→ 2. Air, cit. 11). || Bien mis (→ Broderie, cit. 1; gaillard, cit. 19). || Comme vous voilà mis ! Fait (→ Faire, supra cit. 262).
77 Cette demoiselle, grande Franc-Comtoise, fort bien faite, et mise comme il le faut pour faire valoir un café (…)
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XXIV.
78 (…) elle peut, quoique simple ouvrière, être mise avec une certaine élégance et ne guère différer des filles de bourgeois (…)
Th. Gautier, la Toison d'or, in Fortunio…
79 (…) elle fut interrompue par l'entrée brusque de Nénesse, mis comme un garçon de la ville, en veston et en pantalon de fantaisie (…)
Zola, la Terre, IV, I.
80 (…) il était mis avec un soin prétentieux : costume de flanelle, gants clairs, escarpins blancs, nœud de cravate bleu pâle (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, Le matin, p. 149.
CONTR. Enlever, ôter, soustraire.
DÉR. Mettable, mettage.
COMP. Démettre, remettre. — V. aussi Admettre, commettre, omettre, promettre, soumettre.
HOM. Mètre, maître. — (Formes autres que l'inf.) Mais, mets. — Mi.

Encyclopédie Universelle. 2012.