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liard

1. liard [ ljar ] n. m.
• 1383; o. i.; p.-ê. n. pr., ou dér. de lie
Ancienne monnaie française de cuivre, qui valait trois deniers ou le quart d'un sou. Pas un liard : pas un sou. liard 2. liard [ ljar ] n. m.
• 1556; probablt de lier, les jeunes tiges de cet arbre pouvant remplacer l'osier
Région. Variété de peuplier dit peuplier noir.

liard nom masculin (ancien français liart, grisâtre, de lie) Ancienne monnaie française de cuivre, qui valait 3 deniers, le quart d'un sou. (Frappée des XIVe-XVe s. à 1792.) Littéraire. Très petite somme, très petite quantité : Il n'a pas un liard de bon sens.liard (citations) nom masculin (ancien français liart, grisâtre, de lie) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Deux liards couvriraient fort bien toutes mes terres Mais tout le grand ciel bleu n'emplirait pas mon cœur. La Légende des siècles, Aymerillot liard (expressions) nom masculin (ancien français liart, grisâtre, de lie) Pierre à liards, calcaire grossier à nummulites (lutétien) des environs de Paris. ● liard (synonymes) nom masculin (ancien français liart, grisâtre, de lie) Littéraire. Très petite somme, très petite quantité
Synonymes :
- atome
- brin
- centime
- goutte
- gramme
- maravédis (vieux)
- once
- sou
liard nom masculin (de lier) Dans certaines régions, en particulier dans l'ouest de la France, peuplier dont les jeunes tiges flexibles sont utilisées en vannerie.

I.
⇒LIARD1, subst. masc.
A. — NUMISM. Petite monnaie de bronze valant le quart d'un sou, qui a eu cours en France du XIVe au XVIIIe siècle. Le prêtre pauvre au point de ne distinguer plus Le cuivre d'un liard de l'or d'un carolus (HUGO, Légende, t. 6, 1883, p. 115). Ses yeux avaient la couleur de liards devenus verts à toutes les intempéries (JAMMES, Robinsons, 1925, p. 61).
B. — P. ext. Synon. vieilli de sou.
1. Unité de valeur vénale minimale. Payer de sa propre bourse jusqu'au dernier liard (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 118). Tu n'as pas pour deux liards de crédit; tout le monde parlait de ton désastre (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 330) :
Monsieur le comte, lui dit Rastignac, monsieur votre beau-père expire en ce moment dans un bouge infâme, sans un liard pour avoir du bois; il est exactement à la mort et demande à voir sa fille...
BALZAC, Goriot, 1835, p. 297.
N'avoir pas un (rouge) liard, n'avoir pas le liard, être sans un liard. Être sans argent, très pauvre. J'étais sans un rouge liard et ne devais avoir de l'argent que le soir (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 141).
Couper un liard en deux (en quatre). Chipoter pour une faible somme d'argent, liarder. On n'amassait que des rides, bien heureux encore, lorsque, après avoir coupé les liards en quatre, s'être couché sans lumière et contenté de pain et d'eau, on gardait de quoi ne pas mourir de faim, dans ses vieux jours (ZOLA, Terre, 1887, p. 83).
Se faire fesser pour un liard. Être excessivement avare. (Ds Ac. 1798-1878).
2. [Avec disparition presque totale de l'idée d'argent]
a) Un, deux liards de. Une très petite quantité de. On n'a pas un liard d'espoir et il faut parler et agir (AMIEL, Journal, 1866, p. 280). S'il avait eu pour deux liards de sens! (GIONO, Baumugnes, 1929, p. 198). Si cette vieille guenon a pour un liard de comprenette, elle va raconter des horreurs (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 144).
b) Plais. [Avec une valeur qualificative] Cette mince carcasse, ce liard de chat (...) il tient une place grande comme un pays (GENEVOIX, Rroû, 1931, p. 255).
Prononc. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1383, 20 févr. (Arch. de l'Isère, Chambre des Comptes du Dauphiné B 4400 [Inventaire par A. Prudhomme, t. 4, p. 235a]); 1384, 20 sept. (Ordonnances des rois de France de la 3e race, t. 7, p. 89 : Lettres qui fixent le prix des Monnoyes qui doivent avoir cours dans le Dauphiné : ... que aucun ... ne prengne ne mette aucunes Monnoyes d'Or ou d'Argent ... pour quelque prix que ce soit excepté les Francs d'Or fin ... les liards pour six Deniers Viennois); 1467, 18 sept. (op. cit., t. 17, p. 14 : Lettres pour ordonner la fabrication de liards en Daulphiné : informés ... que ... en Daulphiné ait si grant faulte de menue monnoye, mesmement de lyards dont de toute ancienneté nos subgects dudict pays ont accoustumé de user, ...; seront forgéz deniers blancs appelez lyards de France de trois deniers de loy argent le Roy ...); 1526 la valleur d'un liard pour exprimer une minime valeur (JEAN MAROT ds Œuvres de Clément Marot, éd. La Haye, 1731, t. 5, p. 144); 1578 un liart de salade (Traduct. de Térence, fol. 22 v°, éd. 1578 ds GDF. Compl.). Étymol. controversée. L'information fournie par GUY ALLARD, Bibl. du Dauphiné, p. 137 (rapportée par MÉN. 1694) selon laquelle liard serait issu du nom de Guigues Liard, de Crémieu-en-Viennois, qui aurait frappé cette monnaie en 1430, conviendrait bien à son origine géogr., mais la date est de toute évidence erronée; les recherches menées dans les inventaires impr. de la Chambre des Comptes de Dauphiné (série B, t. 3 et 4) n'ont pas permis de vérifier cette information. L'hyp. couramment avancée (FEW t. 5, p. 316b) est celle d'une substantivation de l'adj. a. fr. liart « de couleur grisâtre » [en parlant de la robe d'un cheval ou, à partir du XIIIe s., et plus rarement, de la chevelure d'une personne] (ca 1150 le lïart rous, Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 4763); l'emploi de cet adj. pourrait convenir pour désigner cette monnaie d'argent (le liard de cuivre n'étant pas antérieur au XVIIe s.), v. A. BLANCHET, et A. DIEUDONNÉ, Manuel de numism. fr., t. 4, pp. 46 et 177 [v. note 1]; l'adj. liart est lui-même d'orig. controversée, certains le tirant du m. irl. liath « gris » (EWFS2), d'autres le faisant dériver de lie (de vin), le marc de raisin blanc étant de couleur jaune grisâtre (FEW, loc. cit.).
II.
LIARD2, subst. masc.
Région. (dans l'Ouest de la France, au Canada et en Louisiane). Peuplier noir (ou peuplier franc) dont les jeunes tiges flexibles servent à fabriquer des liens en vannerie. Un vent léger comme un souffle passa. Aussitôt les liards tirés du sommeil agitèrent leur feuillage (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 233).
Peuplier-liard. Les bois sont remplis de fraises, de framboises, de groseilles; on y trouve (...) le peuplier-baumier, le peuplier-liard (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 188).
Prononc. : []. Étymol. et Hist. 1558 léard (P. BELON, Remonstrances sur le default du labour... des plantes, p. 35 ds ROLL. Flore t. 11, p. 7); 1755 (DUHAMEL DU MONCEAU, Traité des arbres, t. 2, p. 181, s.v. populus : ... On trouve un autre peuplier en Canada, dans tous les environs de Quebec, qui a feuille d'Érable : on le nomme Liard dans le pays). Terme du nord-ouest et de l'ouest du domaine fr. : Loire-inférieure, Maine-et-Loire, Sarthe, Vendée, Deux-Sèvres (ALF, carte 1008 « peuplier »). D'après FEW t. 5, p. 323b et 331a, note 30, dér. du verbe lier, parce que les branches fines et flexibles de ce peuplier peuvent s'utiliser comme liens; suff. -ard. Fréq. abs. littér. : 269. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 448, b) 809; XXe s. : a) 332, b) 127. Bbg. AUGER (P.). Orig. et formation des noms d'arbres vernaculaires au Québec. In : Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 13. 1971. Québec, 1976, p. 1168.

1. liard [ljaʀ] n. m.
ÉTYM. 1383; orig. incert., p.-ê. n. propre, plutôt de liart « grisâtre », lui-même d'orig. incert., soit du moy. irlandais liath « gris », soit de 1. lie, mais chaque hypothèse est fragile; selon Guiraud le liard est un alliage et liart « gris » vient plus probablement de lier au sens de « allier », le cheval liart est « de poil mêlé », la pièce est de métaux mêlés.
1 Ancienne monnaie française de cuivre, qui valait trois deniers ou le quart d'un sou (→ Écumeur, cit. 4).
2 (1526, la valeur d'un liard, Marot). Fig., vieilli. || Avoir quelques liards, un peu d'argent.(En emploi négatif). Très petite somme d'argent. Sou.N'avoir pas un liard, pas un rouge liard : être complètement démuni d'argent. Goutte (vx, n'avoir goutte d'argent). || Il n'a pas un liard d'économie (→ Fouiller, cit. 27).
1 Je te donnerai quinze cents francs (…) en livres, que Cruchot me prêtera; car je n'ai pas un rouge liard ici (…)
Balzac, Eugénie Grandet, Pl., t. III, p. 590.
2 Je ne veux point vous refuser mon désistement du bail, mais il me faut soixante mille francs, et je ne rabattrai pas un liard.
Balzac, César Birotteau, Pl., t. V, p. 575.
DÉR. Liarder.
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2. liard [ljaʀ] n. m.
ÉTYM. 1755; léard, 1558; du lat. ligare « lier », les jeunes tiges flexibles de cet arbre pouvant remplacer l'osier dans la confection des liens.
Variété de peuplier dite aussi peuplier noir. Appos. || Peuplier liard.
0 Peupliers et liards confèrent à ce lieu un aspect de parc insolite. Le silence y est total et, bien que la Nahanni soit toute proche, on n'entend plus le sourd grondement de ses eaux (…)
R. Frison-Roche, Nahanni, p. 200.
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3. liard [ljaʀ] n. m.
ÉTYM. 1867, poire de liard; étym. obscure, probablt de l'anc. adj. liart « gris ». → 1. Liard.
Variété de poire grise.

Encyclopédie Universelle. 2012.