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lie

lie [ li ] n. f.
• 1120; lias VIIIe; gaul. °liga
1Dépôt qui se forme au fond des récipients contenant des boissons fermentées. fèces, résidu. Lie de cidre, de bière. Spécialt Lie de vin, ou absolt la lie. « Il ne sentait pas le vin, il sentait la lie, la boue des cuves » (Giono).
Loc. prov. Boire le calice, la coupe jusqu'à la lie : subir jusqu'au bout une épreuve pénible, amère.
Adj. inv. LIE DE VIN ou lie-de-vin [ lidvɛ̃ ] :rouge violacé. « une oreille large, avec des poils et des taches lie-de-vin » (Duhamel).
2Fig. Ce qu'il y a de plus vil. La lie du peuple, de la société. rebut; racaille. « chaque nation a sa lie, cette frange de ratés et d'aigris » (Sartre).
⊗ CONTR. Élite, gratin (fam.). ⊗ HOM. Li, lit.

lie nom féminin (bas latin lias, du gaulois liga, dépôt) Dépôt qui se forme dans les liquides fermentés comme la bière, le vin. (La lie de vin contient des sels de potassium et de calcium.) Littéraire. Rebut, ce qu'il y a de plus vil, de plus mauvais : La lie du peuple.lie (expressions) nom féminin (bas latin lias, du gaulois liga, dépôt) Boire le calice, la coupe jusqu'à la lie, souffrir les pires humiliations. ● lie (homonymes) nom féminin (bas latin lias, du gaulois liga, dépôt) li nom masculin lie forme conjuguée du verbe lier lient forme conjuguée du verbe lier lies forme conjuguée du verbe lier lis forme conjuguée du verbe lire lit forme conjuguée du verbe lire lit nom masculinlie (synonymes) nom féminin (bas latin lias, du gaulois liga, dépôt) Dépôt qui se forme dans les liquides fermentés comme la...
Synonymes :
- dépôt
- résidu
- sédiment
Littéraire. Rebut, ce qu'il y a de plus vil, de plus...
Synonymes :
- bas-fond
- déchet
- racaille
- rebut
- tourbe (littéraire)
Contraires :
- élite

lie
n. f. et adj. inv.
d1./d Dépôt qu'un liquide fermenté laisse précipiter au fond du récipient qui le contient. Lie de vin.
|| adj. inv. Lie-de-vin: rouge violacé.
d2./d Fig., litt. Ce qu'il y a de plus vil, de plus bas. La lie du peuple.

I.
⇒LIE1, subst. fém.
A. — Dépôt épais constitué par la précipitation des matières en suspension dans certains liquides et en particulier dans certains liquides fermentés. Lie de vin, de bière, de cidre, de vinaigre. Lie d'huile (Ac. 1835, 1878, BESCH. 1845, QUILLET 1965). Un autre précipité, plus volumineux, plus chargé de substances pectiques et de tannin, se forme dans le moût et s'appelle lie (WURTZ, Dict. chim., t. 3, 1878, p. 233). Les vins riches, tendres, rassemblent facilement leur lie; celle des vins durs adhère aux flancs de la bouteille, fait des masques. Des vins capricieux incrustent leur dépôt on ne sait pourquoi : une affinité mystérieuse entre le verre et le résidu de la fermentation (HAMP, Champagne, 1909, p. 157).
Absol. Lie de vin. Des outres et des amphores sans nombre étoient ouvertes près des fontaines, et aux carrefours de la ville. On se barbouilloit le visage de lie (CHATEAUBR., Martyrs, t. 3, 1810, p. 194).
Sur lie(s). [En parlant d'un vin] Qu'on laisse fermenter lentement dans des cuves en ciment, avant la mise en bouteille directement, sans passage dans un fût. Le Muscadet « mis sur lie » est un vin qui n'a pas été filtré avant sa mise en bouteilles. Il est généralement plus souple, plus fruité (plus cher aussi) que le Muscadet ordinaire (R. DUMAY, Guide du vin, Paris, Livre de poche, 1977 [1967], p. 217). L'emploi de la locution «sur lies » est réglementé. Elle est réservée aux producteurs et négociants de la région afin d'éviter transports et manipulations du vin (A. LICHINE, Vins et Vignobles de France, Paris, R. Laffont, 1979, p. 277).
Loc. adj. inv. (Couleur, rouge) lie(-)de(-)vin. Rouge violacé. Robe lie de vin; tache, envie lie de vin. C'était une masure de deux étages, peinte en rouge lie de vin (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 376). Le petit salon de damas lie-de-vin porte le nom de Daphné (GREEN, Journal, 1933, p. 180) :
1. Le village est blanc, veiné de brun, veiné de lilas. Il domine un petit ravin, formant égout, où végètent par miracle deux ou trois figuiers très-verts et autant de lentisques, et qui semble taillé dans un bloc de porphyre ou d'agate, tant il est richement marbré de couleurs, depuis la lie de vin jusqu'au rouge sang.
FROMENTIN, Été Sahara, 1857, p. 30.
Rem. On relève chez Giraudoux lie de vin dans le sens de « tache lie de vin », « tache de vin » : Elle a un mari à âme noble. Avec les taches de rousseur, les rides, la lie de vin et les poils follets (Lucrèce, 1944, I, 10, p. 81).
B. — P. anal. Dépôt, sédiment, résidu laissé par une substance liquide quelconque. Il n'en restait que trois piles [d'un pont], en partie submergées, et que l'eau marécageuse du fossé salissait incessamment de lies écumeuses (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 267). Ce ne sont partout que murailles lépreuses, que fenêtres teintées de lie de pluie ou d'arc-en-ciel de l'autre siècle (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p. 36).
P. métaph. Cette incertitude apeurée, cette insatisfaction avide, cette vieille tristesse qui gronde tout au fond toujours, comme ces graves accords qu'il y a au commencement de certaine symphonie, cette lie des siècles au fond de nous, et cette soumission inéluctable à la terre, à un corps, cette connaissance terrible de toutes ses limites (GUÉHENNO, Journal « Révol. », 1938, p. 193).
C. — Au fig.
1. Loc. Jusqu'à la lie. Jusqu'au bout, complètement. Boire le calice, la coupe jusqu'à la lie. Enfin (...) ne goûtait-il pas jusqu'à la lie ce que Marguerite d'Angoulême a si bien nommé l'ennui commun à toute créature bien née? (FRANCE, Vie littér., 1890, p. 55). Beauté du dévouement et du sacrifice, menues peines et grandes joies de l'amour conjugal (...) les romancières d'Angleterre, de France, d'Amérique (...) ont exploité ces thèmes jusqu'à la lie (BEAUVOIR, Deux. sexe, t. 2, 1949, p. 552) :
2. Vois-tu, mon ange, il y a dans un seul homme assez de substance pour nourrir toute une vie — et quelle vie peut se flatter d'en avoir consommé une autre jusqu'au bout, jusqu'au fond, jusqu'à la lie?
BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1424.
2. Éléments mauvais, pénibles ou troubles (d'un ensemble de phénomènes, d'une situation, d'une personnalité). Boire la lie. Au vieillard qui des jours vide la lie amère (HUGO, Chants crépusc., 1835, p. 73). Mon Dieu, ayez pitié de moi. Vous seul avez pitié, puisque vous seul connaissez la lie de douleur qui est au fond de toute faute (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 171) :
3. Les petites vilenies, les bassesses, les aigreurs, la lie du caractère qui s'étaient séchés et tus quand l'affection qu'ils se portaient étouffait en eux toute idée de froissement et de lutte, commençaient à se montrer comme se montre, sous la trame usée d'un vêtement, une doublure grossière.
HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 273.
3. Rebut, fraction la plus basse, la plus vile (d'une société). Lie du peuple, de la nation, de la terre; lie du journalisme. De telles secousses soulèvent toujours la lie d'une capitale. Mais cette fange, mise en contact dans toutes ses parties avec l'atmosphère boulangiste, se purifia (BARRÈS, Appel soldat, 1900, p. 201). Il y a ainsi, entre les postes de douanes des deux pays, une sorte de zone neutre, une terre d'asile où la lie de la population se réfugie, et que la police ne fréquente qu'avec circonspection (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 37) :
4. Les hommes, comme les peuples, ne cessent de décliner du jour où ils ont entendu parler de Dieu. Qu'il y ait une lie morale de l'humanité qui ne puisse se passer de religion, qu'y puis-je? Mais vous, si vous avez une religion, au moins ayez-en honte, et cachez-la.
MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p. 1209.
Prononc. et Orth. : [li]. Homon. li, lit, formes des verbes lier et lire. Att. ds Ac. dep. 1694. Lie de vin ds LITTRÉ et ROB. mais lie-de-vin ds Lar. Lang. fr. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié du XIIe s. « dépôt qui se forme au fond des récipients contenant des boissons fermentées (ici du vin) » (Psautier d'Oxford, 74, 8 ds T.-L.); 2. fig. a) 1180-90 encuser jusqu'a la lie « dénoncer misérablement jusqu'au bout » (Renart, éd. M. Roques, branche XIX, 18584); b) 1495 boire jusque a la lye (Recueil des hystoires des repeus franches, f° c 5 v°); c) av. 1616 « foule vile et méprisable » (A. D'AUBIGNÉ, Les Tragiques, Préf. ds éd. E. Réaume et De Caussade, t. 4, p. 16); 3. 1797 couleur de lie de vin (Voy. La Pérouse, t. 4, p. 62); 1804 couleur lie de vin (BERTHOLLET, Art teint., t. 2, p. 205). Prob. d'un celtique liga, qui semble remonter à une racine indo-européenne legh- « se coucher, être couché » (le étant devenu en celtique). L'indo-européen connaît aussi bien la forme avec (d'où p. ex. l'a. h. all. laga « situation, position »; cf. l'all. Lage « id. ») que celle avec (d'où l'a. irl. lige « couche »). Le lat. médiév. avait déjà un lias, aux sens de « lie, résidu, sédiment » (fin VIIIe s., Gloses de Reichenau, éd. H.W. Klein et A. Labhardt, t. 1, p. 139, 2832 : fex : lias) et de « lie de vin » (838-864, Formulae imperiales e curia Ludovici Pii ds FEW t. 5, p. 316a). 2 b est à rapprocher de l'expr. boire (le calice) jusqu'à la lie, p. réf. à la Bible (Is., LI, 17), v. aussi calice, étymol. et hist. 3 est composé de lie, de de et de vin. Fréq. abs. littér. : 305. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 602, b) 365; XXe s. : a) 275, b) 421. Bbg. BARB. Misc. 29 1944-52, p. 433. - QUEM. DDL t. 16, 20. - SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 138.
II.
⇒LIE2, ([faire] chère),
([faire] chère) lie v. chère B.

1. lie [li] n. f.
ÉTYM. 1120; lias, VIIIe; gaul. liga, ou (Guiraud) du verbe lier au sens de « donner de la consistance ».
1 Dépôt qui se forme au fond des récipients contenant des boissons fermentées. Fèces (1.), résidu. || Lie de cidre, de bière (Académie).Spécialt. || Lie de vin, ou, absolt, lie (→ Bonde, cit. 2). || Le vin de ce tonneau approche de la lie ( Baissière). || La lie de vin est d'un rouge violacé. || Cendre de lie de vin. Gravelée.
1 On aurait bien dû s'apercevoir que quand on renverse une bouteille, la lie monte et gâte le vin ! (…)
Balzac, les Paysans, Pl., t. VIII, p. 244.
2 Le village sentait le tonneau mouillé et le bois écrasé. Il ne sentait pas le vin, il sentait la lie, la boue des cuves.
J. Giono, Jean le Bleu, VIII.
Vitic. || Vin sur lie, sur lies : vin mis en bouteille « sur ses lies », sans transvasage préalable (ce qui le rend légèrement piquant et mousseux). Surlie.
Adj. invar. (Couleur lie de vin [Académie] ou lie-de-vin [1840, in D. D. L.]). || Lie de vin [lidvɛ̃]  : de la couleur de la lie de vin, rouge violacé (→ Barbouillage, cit. 3; 2. kaki, cit. 2).
3 C'était l'oreille d'un homme un peu sanguin; une oreille large, avec des poils et des taches lie-de-vin.
G. Duhamel, Salavin, I, I.
tableau Désignations de couleurs.
Par métaphore. (Allus. évang.). Boire (cit. 36 à 39) le calice, la coupe jusqu'à la lie.
4 (…) ils devront boire l'amer calice et le vider jusqu'à la lie.
Gide, Journal, 8 févr. 1943.
4.1 Bien des gens — d'ailleurs ne s'y trompaient pas, et, à cause de certain reflet sur lui — respectaient Fontranges comme le vrai héros de sentiments qu'eux-mêmes avaient éprouvés jusqu'à la suprême lie ou la suprême douceur, et que lui n'avait point connus.
Giraudoux, Églantine, p. 198.
2 Fig. et littér. Ce qu'il y a de plus trouble, de plus vil, de plus ignoble (→ Fond, cit. 6).
5 Le hasard d'une rencontre, le choc de deux regards, était-ce assez pour remuer toute la lie d'autrefois… ?
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 241.
Spécialt. Vieilli ou littér. || La lie du peuple, la lie du genre humain. Balayure, écume, populace, racaille, rebut. || La fleur (cit. 33) et la lie de la race.
6 M. de Bouillon, qui courut en cette journée plus de périls que personne, ayant été couché en joue par un misérable de la lie du peuple (…)
Retz, Mémoires, II, p. 247.
7 (…) de l'île Saint-Louis accourait en effet une foule d'hommes, de femmes et d'enfants de la lie du peuple, poussant, au ciel et vers le Louvre, d'étranges vociférations.
A. de Vigny, Cinq-Mars, XIV.
8 (…) chaque nation a sa lie, cette frange de ratés et d'aigris qui profitent un moment des désastres et des révolutions (…)
Sartre, Situations III, p. 36.
CONTR. (Du sens 2) Élite, gratin (fam.).
COMP. Surlie ou surlies.
HOM. Li, 2. lie, 2. lis, lit; formes des v. lier, 1. lire.
————————
2. lie [li] adj. f.
ÉTYM. Fin XIIe; fém. de l'adj. liet, du lat. læta, au masc. lætus « joyeux ».
Vx. Gaie, joyeuse.Spécialt.Faire chère lie : faire bonne chère avec gaieté, faire bombance (→ Conclusion, cit. 9).
HOM. Voir 1. Lie.

Encyclopédie Universelle. 2012.