ligue [ lig ] n. f.
• XIIIe; it. liga; lat. ligare → lier
1 ♦ Alliance de plusieurs États, dans des circonstances particulières, pour défendre des intérêts communs, poursuivre une politique concertée. ⇒ alliance, coalition, confédération, 1. union. « une ligue des neutres, ligue armée » (Bainville). La ligue d'Augsbourg.
2 ♦ Association formée à l'intérieur d'un État pour défendre des intérêts politiques, religieux. ⇒ cabale, 1. parti. Hist. La Sainte Ligue, la Ligue : confédération de catholiques constituée pendant les guerres de Religion pour combattre les protestants. Ligue communiste révolutionnaire (L. C. R.).
3 ♦ (1863) Association qui se propose des buts d'ordre moral, humanitaire, civique, etc. La Ligue des droits de l'homme. Ligue pour la défense de... Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA).
● ligue nom féminin (italien liga, du latin ligare, lier) Alliance, confédération de plusieurs États formée dans des circonstances précises : La Ligue arabe. Nom donné à certaines associations formées dans un État pour défendre des intérêts politiques, religieux, etc. : La Ligue des droits de l'homme. Littéraire. Union de groupements, de certaines forces visant à réaliser un projet : La ligue des commerçants. Appellation prise dans l'entre-deux-guerres par certaines formations activistes d'extrême droite. ● ligue (citations) nom féminin (italien liga, du latin ligare, lier) Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Le sage dit, selon les gens : Vive le roi, vive la ligue ! Fables, la Chauve-souris et les Deux Belettes ● ligue (synonymes) nom féminin (italien liga, du latin ligare, lier) Alliance, confédération de plusieurs États formée dans des circonstances précises
Synonymes :
- fédération
Nom donné à certaines associations formées dans un État pour...
Synonymes :
- confédération
- faction
- front
- phalange
- société
- union
Littéraire. Union de groupements, de certaines forces visant à réaliser un...
Synonymes :
- brigue
- cabale
- clan
ligue
n. f.
d1./d Union, coalition d'états, liés par des intérêts communs.
— Ligue arabe: V. arabe (Ligue).
d2./d Nom pris par certaines associations. Ligue antialcoolique. La Ligue des droits de l'homme.
d3./d (En mauvaise part.) Complot, cabale.
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ligue
(la Sainte) ou, absol., la Ligue confédération de catholiques français organisée par Henri de Guise en 1576 contre les protestants, et visant à détrôner Henri III. Après l'assassinat d'Henri de Guise puis d'Henri III, Henri IV finit par vaincre son chef, Mayenne, en 1590.
⇒LIGUE, subst. fém.
A. — 1. Étroite alliance de plus ou moins longue durée entre plusieurs états pour défendre des intérêts communs, poursuivre une politique concertée ou attaquer. Ligue défensive, générale, offensive; entrer dans la ligue; faire ligue; rompre la ligue; ligue contre, pour. L'allemand, importé par des colons venus au moyen âge sous les auspices de la ligue hanséatique, appartient à une classe spéciale de la population (SAUSSURE, Ling. gén., 1916, p. 266). En outre, des confédérations se forment à l'amiable entre les cités : confédération béotienne, ligue chalcidienne, ligue achéenne (L'Hist. et ses méthod., 1961, p. 342) :
• 1. Sans anticiper sur le développement juridique que l'on abordera plus loin à propos de cette forme politique, notons que la confédération est une association d'états plus proche de la ligue ou de l'alliance que de l'état fédéral proprement dit.
VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 58.
♦ Ligues grises. ,,Les trois petites républiques qui composaient le corps des Grisons`` (LITTRÉ). Il avait [Bonaparte] réuni la Valteline à la Lombardie, en dépit des prétentions des « ligues grises » (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 522).
— DR. INTERNAT. PUBL. Ligue arabe. ,,Alliance formée en 1915 et siégeant au Caire, par l'ensemble des états arabes en vue de renforcer les liens entre eux tant au point de vue économique que politique`` (BARR. 1974). Les organismes qui, comme l'Organisation africaine de coopération économique, le secrétariat permanent de la Ligue arabe ou l'Office inter-états du tourisme africain constituent le cadre de plus en plus actif du développement des pays du « tiers monde » (JOCARD, Tour. et action État, 1966, p. 220).
2. P. anal. Rassemblement à l'intérieur même d'un état destiné à défendre certains intérêts (le plus souvent humanitaires, politiques ou religieux) ou à lutter contre certains abus. Ligue nationale; ligue du Bien Public, des patriotes. Les bons intellectuels ont reçu les jeunes universitaires venus pour leur proposer une ligue nationaliste (BARRÈS, Cahiers, t. 2, 1898, p. 88).
— En partic.
♦ Ligue des Droits de l'Homme. ,,Association à but humanitaire créée en vue de défendre les libertés essentielles de l'individu`` (BARR. 1974). V. aussi ligueur ex. :
• 2. Sans doute, l'affaire bénéficia-t-elle de l'appui du Progrès Civique — revue de gauche, fort répandue dans les sections de la Ligue des Droits de l'Homme et de la Ligue de l'Enseignement, et dans les loges maçonniques — dont les milliers de lecteurs, fonctionnaires pour la plupart, devinrent autant d'agents de propagande et d'abonnés-actionnaires.
COSTON, A.B.C. journ., 1952, p. 40.
♦ Ligue française de l'enseignement. Association fondée en 1866 par Jean Macé pour favoriser la diffusion de l'instruction dans les classes populaires et qui devint en 1925 la Confédération générale des œuvres laïques (d'apr. Lar. encyclop.).
— HISTOIRE
♦ La Sainte Ligue ou Ligue. ,,Mouvement révolutionnaire catholique qui naquit pendant les guerres de religion, empêcha l'avènement d'un prince hérétique sur le trône de France et prit fin par l'abjuration d'Henri IV en 1593`` (LEP. 1948). Et ceux qui ne sont plus comptent aussi dans la Sainte Ligue (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 461). Je ne parle pas des temps de crise, comme la Ligue ou la Fronde, où les passions politiques, dès qu'elles tiennent l'individu, le tiennent tout entier (BENDA, Trahis. clercs, 1927, p. 18).
Rem. Nationale à l'origine, la Sainte Ligue prit un caractère international.
♦ Ligue d'Augsbourg. ,,Ligue qui a donné son nom à la coalition des puissances européennes contre la France, de 1686 à 1697`` (Lar. encyclop.).
— POL. ,,On attribua le nom de Ligue à certaines formations de combat d'extrême-droite qui virent le jour à partir de 1933 en France`` (DEBB.-DAUDET Pol. 1978).
— Proverbe. [P. allus. aux guerres de la Ligue (1588-1594) auxquelles fait notamment écho La Fontaine, Fables, II, 5, v. 34] Vive le roi! vive la Ligue! ,,S'est dit de ceux qui se rangeaient alternativement et selon leur intérêt du côté du souverain ou du côté des ligueurs`` (Ac. 1878). Mais, avertis tard des changements, de peur de ne pas crier à propos : Vive le Roi! vive la Ligue! nous ne crions rien du tout (COURIER, Pamphlets pol., Pétition aux deux Chambres, 1816, p. 9).
B. — 1. P. ext.
a) [Désignation d'associations ou de fédérations se proposant les buts les plus divers] Ligue d'acheteurs, de consommateurs; ligue commerciale, régionale, urbaine et rurale; ligue contre le cancer. Nous faisons partie de la ligue antialcoolique! (ACHARD, Voulez-vous jouer, 1924, I, 3, p. 48) :
• 3. ... j'aimais beaucoup Zola et j'admirais Drumont; son courage, ses propos embrasés. Sans connaître rien des Juifs, j'adhérai à la ligue antisémite et je portai fièrement mon bulletin à Jacques de Biez, mystagogue des plus curieux, qui m'inscrivit sous le numéro 3.
L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p. 16.
b) Péj. Faire ligue avec qqn, former une ligue contre qqn. Monter une cabale avec ou contre quelqu'un visant à réaliser quelque projet. Mais maintenant tous les privilégiés font ligue entre eux (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 166). Ils forment une espèce de ligue contre vous tous les trois (BUTOR, Modif., 1957, p. 33).
2. Au fig. Coalition de certaines forces. Ligue des amours-propres, des médiocrités, des passions, du silence. Voyons ce que d'autres philosophes ont entendu par ce mot. Addison prononce avec trop d'humeur « que l'amitié des gens du monde n'est qu'une confédération de vices ou une ligue de plaisirs » (JOUY, Hermite, t. 2, 1812, p. 245). Une ligue de toutes les sottises étend sur le monde un couvercle de plomb, sous lequel on étouffe (RENAN, Souv. enf., 1883, p. 65).
Prononc. et Orth. : [lig]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Début XIVe s. « association de plusieurs états ayant des intérêts communs » (AIMÉ DU MONT-CASSIN, Ystoire de li Normant, éd. V. de Bartholomaeis, p. 145, 4). B. 2e moitié XVe s. lique « association de personnes réunies dans un but politique ou religieux » (Myst. Vieil Testament, éd. J. de Rothschild, 38465); spéc. 1. 1585 « faction, association de comploteurs » (N. DU FAIL, Contes et discours d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 1, p. 223); 2. 1585 « union des catholiques formée en France en 1576 pour combattre le protestantisme » (Journal de l'Estoile pour le règne de Henri III, éd. L.-R. Lefèvre, p. 409). Empr. à l'ital. liga « alliance » (dep. XIIIe s. d'apr. DEI), forme anc. et septentr. de lega, déverbal de ligare, anc. forme de legare (lier). Fréq. abs. littér. : 551. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 887, b) 484; XXe s. : a) 643, b) 935. Bbg. DUB. Pol. 1962, p. 335. - HOPE 1971, p. 43. - KOHLM. 1901, p. 22. - QUEM. DDL t. 20. - VARDAR Soc. pol. 1973 [1970], p. 263.
ligue [lig] n. f.
ÉTYM. Déb. XIVe; ital. liga, du lat. ligare « lier ». → Lier.
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1 Alliance durable entre plusieurs États, plusieurs souverains, pour défendre des intérêts communs, poursuivre une politique concertée. ⇒ Alliance (cit. 6), coalition, confédération, union. || Ligue armée, défensive, offensive. || Former, constituer une ligue. || Ligue hanséatique (→ 1. Hanse, cit.). || Ligue d'Augsbourg. || Ligue de neutralité armée. || La Ligue arabe (alliance formée en 1915, au Caire, entre pays arabes).
1 (…) signer un traité de ligue offensive et défensive (…)
Racine, les Campagnes de Louis XIV.
2 (…) non seulement l'Angleterre n'eut pas d'alliés, mais les peuples, menacés par son avidité et las de sa tyrannie navale, se rangèrent de notre côté, comme l'Espagne et la Hollande, tandis que les autres, sur l'initiative de la Russie, formaient une ligue des neutres, ligue armée, décidée à imposer aux Anglais la liberté de leur navigation.
J. Bainville, Hist. de France, XV, p. 306.
2 (XVe). Par anal. Association formée à l'intérieur d'un État pour défendre certains intérêts politiques, religieux. ⇒ Brigue, cabale, complot, conjuration, conspiration, faction, front, parti (→ Braver, cit. 2; intrigue, cit. 4). || Ligue du Bien public : conjuration nobiliaire contre Louis XI (→ Hasard, cit. 5). — ☑ Loc. Vx. Faire ligue avec qqn. ⇒ Liguer (se).
♦ Hist. || La Sainte-Ligue, ou, absolt (1585, l'Estoile), la Ligue : mouvement révolutionnaire catholique fondé en 1576 pendant les guerres de Religion pour combattre les protestants (→ 2. Feu, cit. 3; 1. fort, cit. 37; front, cit. 8). || Les troubles de la Ligue.
3 La Ligue est donc en premier lieu une vaste confrérie de catholiques français résolus à « rétablir la loi de Dieu » et à combattre la Réforme. C'est ensuite une nouvelle ligue du Bien public, qui, sous le couvert de la religion catholique, réédite le programme protestant des revendications nobiliaires (…)
Lavisse et Rambaud, Hist. générale du IVe s. à nos jours, t. V, p. 152.
♦ ☑ Loc. prov. Anciennt (par allus. à la Sainte-Ligue). Crier « vive le roi, vive la Ligue » : être opportuniste.
4 Le sage dit, selon les gens :
Vive le Roi ! vive la Ligue !
La Fontaine, Fables, II, 5.
♦ Par ext. Réunion secrète de personnes qui se liguent. ⇒ 2. Bande, cabale, complot.
5 (…) leurs ligues offensives et défensives (des auteurs), aussi bien que leurs guerres d'esprit, et leurs combats de prose et de vers.
Molière, Critique de l'École des femmes, VI.
6 Ils tâchaient de les engager à me quitter, leur promettant un regrat de sel, un bureau de tabac, et je ne sais quoi encore, par le crédit de madame d'Épinay. Ils voulurent même entraîner Duclos, ainsi que d'Holbach, dans leur ligue (…)
Rousseau, les Confessions, VIII.
3 (1863). Association, groupement qui se propose des buts moraux, humanitaires, politiques, économiques (dans des dénominations). ⇒ Association, groupement, fédération. || Ligue contre le cancer, les taudis. || Ligue antialcoolique. || Ligues sportives. — Ligue de l'enseignement. || Ligue des droits de l'homme. || Ligue des patriotes. || Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA).
7 Les ligues patriotes sont ainsi encombrées de fonctionnaires militaires ou civils, auxquels des journalistes roublards proposent chaque matin de sauver la France.
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 311.
8 Conséquente avec elle-même, la majorité du bureau de la IIIe Internationale refusa de favoriser la lutte armée sur le territoire africain; par contre, elle utilisa les révolutionnaires noirs dans des organisations totalement dévouées au Komintern; les meilleurs d'entre eux devenaient membres du parti communiste soviétique. Ils encadraient ensuite des organisations dont le travail révolutionnaire s'étendait jusqu'aux Caraïbes et aux États-Unis. Leurs noms : Ligue contre l'impérialisme, Ligue pour la défense de la race noire, Ligue pour la libération de l'Orient.
Jean Ziegler, Main basse sur l'Afrique, p. 44.
♦ Association, fédération (pour la défense d'intérêts, d'objectifs variés). || Ligue de consommateurs, d'acheteurs. — || « Ils forment une espèce de ligue contre vous tous les trois » (M. Butor, in T. L. F.).
4 Fig. Coalition. || Une ligue d'intérêts, de passions. || Enrôler (cit. 5) les amours-propres dans une ligue. || Une ligue de sottises (→ Couvercle, cit. 2).
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DÉR. Liguer.
Encyclopédie Universelle. 2012.