Akademik

litière

litière [ litjɛr ] n. f.
XIIe; de lit
1Anciennt Lit ambulant généralement couvert, porté sur un double brancard. Litière orientale. palanquin. Voyager en litière.
2Paille, feuilles sèches, fourrage répandus sur le sol d'une écurie, d'une étable, etc. pour que les animaux puissent s'y coucher. La litière d'une écurie, d'un clapier. Les litières souillées forment le fumier. « l'exhalaison ammoniacale de la litière, de l'ancienne paille » (Zola).
Gravier absorbant où les chats d'appartement font leurs besoins. Mettre de la litière dans la caisse du chat.
3Loc. littér. FAIRE LITIÈRE de qqch.,n'en faire aucun cas, n'en tenir aucun compte (cf. S'asseoir dessus, fouler aux pieds). « l'intérêt général nous oblige à faire litière de certaines conventions » (Aymé).

litière nom féminin (de lit) Lit de paille ou d'autres matières végétales, souple, isolant et absorbant, qu'on étend dans les bâtiments d'élevage pour servir de couche aux animaux. Lit portatif surmonté d'un baldaquin et muni de brancards à l'avant et à l'arrière. Mélange de particules absorbantes pour chats d'appartement. Ensemble des débris végétaux qui s'accumulent et s'incorporent au sol minéral, plus ou moins rapidement, pour donner l'humus. (En sylviculture, on dit aussi couverture morte.) Accumulation, sur les claies d'élevage, des déchets de feuilles de mûrier et des excréments des vers à soie. ● litière (expressions) nom féminin (de lit) Littéraire. Faire litière de quelque chose, n'en faire aucun cas, le mépriser, le négliger.

litière
n. f.
rI./r
d1./d Paille que l'on répand dans les étables, les écuries, etc., pour que les animaux se couchent dessus.
|| Sciure ou matière absorbante destinée à recevoir les excréments des chats en appartement.
d2./d PEDOL Couche superficielle de l'humus forestier, contenant des débris végétaux de grande taille.
d3./d Fig. Faire litière de qqch, ne pas s'en soucier. Nous faisons litière de tels préjugés.
rII./r Anc. Véhicule à deux brancards, dans lequel on voyageait couché.

⇒LITIÈRE, subst. fém.
A. — 1. a) Couche de paille ou d'autres matières végétales souples et absorbantes qu'on étend pour le couchage des animaux. La chaude litière de l'étable (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 64).
b) Couche de choses, de débris qui jonchent le sol. Des sommes fabuleuses passent de main en main. Le sol est jonché de feuilles de couleur, comme un champ de courses. À cette litière d'ordres jetés viennent s'ajouter les serpentins déroulés du ticker, indiquant les cotes (MORAND, New-York, 1930, p. 59).
PÉDOL. Résidus végétaux (feuilles et brindilles) encore inaltérés ou peu altérés qui couvrent le sol (d'apr. Agric. 1977).
2. Faire litière. Coucher. Janin à l'endroit de Rachel ne compte pas (...) c'est affaire d'argent et de lit, si elle lui faisait pension ou si elle avait fait litière quelconque, l'animal ne brairait plus (SAINTE-BEUVE, Corresp., t. 5, 1843, p. 64).
3. Au fig. Faire litière de. Sacrifier une chose de valeur à quelque chose. Quand on vit que je faisais litière des talents supérieurs à une médiocrité avérée, (...) on me pria (...) d'envisager le théâtre à un autre point de vue que celui de la tragédienne préférée (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 82). Il sentait une secrète sympathie pour cet homme qui faisait ainsi litière de tout respect humain à cause d'une femme (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 486).
Vx. Répandre à profusion, dilapider, galvauder une chose de valeur. Et puis, au fait, qu'aurait-on à craindre? (...) Que je courusse encore après la gloire? Je m'en suis gorgé, j'en avais fait litière (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 820).
B. — Lit généralement couvert et clos, posé sur deux brancards et porté soit à bras d'hommes, soit par des bêtes de somme. Nous avancions vers le désert. Devant nous cheminait le prince, porté sur une litière fermée; nul de nous ne pouvait le voir (GIDE, El Hadj, 1899, p. 346).
Synon. de civière, brancard. Mais quelques hommes s'étaient éloignés; ils revinrent avec des branches coupées. Alors, en une minute, une litière fut faite (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Souv., 1882, p. 169).
Prononc. et Orth. : []. Ac. 1694 litiere, Ac. 1740 -iére, dep. 1762 -ière. Étymol. et Hist. 1. a) Fin XIe s. judéofr. « couche d'objets » (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 89); b) 1150 « couche de paille pour les bêtes » (Le Conte de Floire et Blancheflor, éd. J. L. Leclanche, 1432); ca 1200 faire litière de (en parlant de pers.) « couvrir le sol des cadavres (des ennemis) » (Aliscans, éd. E. Wienbeck, W. Hartnacke, P. Rasch, CXXI, a 3); XIIIe s. « jouir (d'une femme) » (Marguet Convertie ds JUBINAL, Nouv. recueil, t. 1, p. 318 : Maint home font de vous litière); fin XVIe s. av. 1614 « faire usage habituellement » (BRANTÔME, Rodomontades espaignolles, VII, 74 ds HUG.); 1611 « mépriser, faire peu de cas de » (COTGR.); 2. a) ca 1155 « brancard, civière (pour transporter des blessés ou des morts) » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 8884); b) 1311 « sorte de chaise à porteurs » (Arch. du Pas-de-Calais ds GAY); c) 1680 au fig. en litière « à l'abri des indiscrets » (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. 6, p. 408). Dér. de lit; suff. -ière; cf. b. lat. lect(u)arius, adj. (dér. de lectus « lit ») « qui a trait au lit » et neutre plur., subst., lect(u)aria « litière » et « literie ». Fréq. abs. littér. : 425. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 602, b) 770; XXe s. : a) 713, b) 450.

litière [litjɛʀ] n. f.
ÉTYM. Fin XIe, « couche d'objets »; au sens II, 1150; de lit.
———
I (V. 1155). Anciennt. Lit ambulant, généralement couvert, porté sur un double brancard par des hommes ou des bêtes de somme. || Litière des dames romaines. Basterne. || Litière orientale. Palanquin. || Voyager en litière (→ Infirmité, cit. 8, et aussi felouque, cit. 1). || La litière de portage a été utilisée en France jusqu'au XVIIe siècle.
1 Mais je puis souffrir la lictière (litière) moins qu'un coche (…) comme je ne puis souffrir sous moi un siège tremblant.
Montaigne, Essais, III, VI.
2 Le plus sûr en hiver, c'est une litière; il y a des pas où il faut descendre de carrosse, ou s'exposer à périr.
Mme de Sévigné, 331, 6 oct. 1673.
3 Il rencontra, dans une rue fort étroite, une litière fermée par des rideaux en velours incarnadin, portée par deux mules blanches (…)
Th. Gautier, la Mille et deuxième Nuit, in Fortunio…
4 Parmi les piétons filaient les litières portées par des Éthiopiens au pas rapide et rythmique (…)
Th. Gautier, le Roman de la momie, II, p. 63.
5 À l'exception du harem, qui voyageait en litière fermée, toutes les femmes venaient à pied sur les deux flancs de la caravane (…)
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, p. 238.
(Fin XIXe). Brancard, utilisé pour le transport des blessés. Civière. || Transporter un blessé sur une litière.
———
II (V. 1150).
1 Paille, feuilles sèches, fourrage… répandus sur le sol d'une écurie, d'une étable, etc., pour que les animaux puissent s'y coucher. || La litière des chevaux, des vaches. || Changer les litières. || Litière fraîche. || Les litières souillées forment le fumier.
6 Quant à vos chevaux, je vais leur faire mettre une litière dans un coin de la cour.
Balzac, l'Auberge rouge, Pl., t. IX, p. 962.
7 Quand on entrait dans la bergerie, une odeur forte suffoquait, l'exhalaison ammoniacale de la litière, de l'ancienne paille sur laquelle on remettait de la paille fraîche pendant trois mois.
Zola, la Terre, II, I.
2 (1680). Techn. Mélange des excréments de vers à soie et des feuilles de mûriers dans un élevage séricicole. || Changer la litière des vers à soie ( Délitage).
3 Loc. fig. (Fin XVIe; aussi « répandre à profusion », 1643; « couvrir le sol des cadavres d'ennemis », v. 1200). Littér. Faire litière (d'une chose), n'en faire aucun cas, n'en tenir aucun compte. Mépriser, négliger, oublier (→ Fouler aux pieds; s'asseoir dessus). Spécialt. Sacrifier (qqch. d'estimable) à qqch.
8 (…) mais il resta encore une profonde différence entre ces ultramontains de la dernière heure et les hardis contemporains de la scolastique (…) Saint-Sulpice n'a jamais trouvé sûr de faire litière à ce point des règles établies.
Renan, Souvenirs d'enfance…, IV, I, Œuvres, t. II, p. 828.
9 (Il) ferait franchement litière de tout ce qu'il a appris et ne s'en remettrait qu'à l'intuition (…)
Julien Benda, Lettres à Mélisande, p. 64.
10 Il est des circonstances où l'intérêt général nous oblige à faire litière de certaines conventions.
M. Aymé, la Tête des autres, IV, 7.
4 Rare. Couche de choses (débris, etc.) qui jonchent le sol.Spécialt, didact. || Litière du sol : accumulation sur le sol de feuilles, de déchets décomposés. Humus.

Encyclopédie Universelle. 2012.