lourdeur [ lurdɶr ] n. f.
• 1769; de lourd
♦ État de ce qui est lourd.
1 ♦ Gaucherie, maladresse. Lourdeur de la démarche.
♢ Fig. Manque de finesse, de vivacité, de délicatesse. Lourdeur d'esprit. ⇒ épaisseur, lenteur, pesanteur. — Un style d'une certaine lourdeur.
3 ♦ Fig. Caractère de ce qui est difficile à supporter. « vous comprendrez la lourdeur de mon fardeau » (Balzac). La lourdeur de l'impôt.
♢ Par ext. Douleur sourde, impression pénible de pesanteur. Une lourdeur de tête. Des lourdeurs d'estomac.
4 ♦ Caractère massif, pesant. Lourdeur des formes, de la silhouette. Lourdeur d'un édifice.
⊗ CONTR. Légèreté.
● lourdeur nom féminin (de lourd) Caractère de quelque chose, de quelqu'un qui pèse relativement lourd : La lourdeur du sac le surprit. Manque d'agilité, lenteur, maladresse à se déplacer : Danser avec lourdeur. Impression de poids, de pesanteur, douleur sourde, diffuse : Avoir des lourdeurs dans les jambes. Caractère d'un temps lourd. Caractère d'un sol lourd : La lourdeur du terrain empêchera le favori de gagner. Aspect massif, épais de quelque chose : Lourdeur de l'architecture de cette église. Manque de finesse, d'élégance, de délicatesse, de subtilité : Lourdeur d'esprit. Caractère de ce qui constitue une grande charge pour quelqu'un : La lourdeur de la tâche l'effraie. Caractère d'un organisme complexe, difficile à manier : Le parti est gêné par la lourdeur de son appareil. ● lourdeur (synonymes) nom féminin (de lourd) Caractère de quelque chose, de quelqu'un qui pèse relativement lourd
Synonymes :
- masse
- poids
Manque d'agilité, lenteur, maladresse à se déplacer
Synonymes :
Caractère d'un temps lourd.
Synonymes :
- moiteur
- touffeur (littéraire)
Aspect massif, épais de quelque chose
Synonymes :
- masse
- massiveté
Manque de finesse, d'élégance, de délicatesse, de subtilité
Synonymes :
- épaisseur
- lenteur
Caractère de ce qui constitue une grande charge pour quelqu'un
Synonymes :
- gravité
lourdeur
n. f.
d1./d Pesanteur. Lourdeur de la démarche.
d2./d Fig. Défaut de ce qui est lourd (sens 5), de ce qui manque d'élégance. Lourdeur du style.
d3./d Fig. Caractère de ce qui pèse, de ce qui fait difficulté. La lourdeur d'une responsabilité.
⇒LOURDEUR, subst. fém.
I. — [Correspond à lourd I]
A. — 1. Caractère de ce qui a un poids élevé ou supérieur à la moyenne des objets comparables. Synon. poids; anton. légèreté. Permettez que je vous offre ce diamant; regardez son eau, pesez sa lourdeur (DUMAS père, Don Juan, 1836, III, 1, p. 71). C'était touchant de voir ce grand garçon, dont les mains se déformaient chaque jour aux lourdeurs du balancier, s'énerver à tenir une plume (A. DAUDET, Jack, t. 2, 1876, p. 222):
• 1. Lourdeur de cette tête au creux de mon bras, quand je le soulevai pour qu'on lui passât sous le corps le drap qui devait l'envelopper.
LÉAUTAUD, In memor., 1905, p. 216.
— P. métaph. Il n'est pas de moralité si délestée qu'elle ne reçoive au moins quelque lourdeur de contraintes amorales (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 697).
— Au fig. Ils sentaient peser sur eux comme la lourdeur de toute la terre (FLAUB., Bouvard, t. 2, 1880, p. 106).
2. Caractère de ce qui est difficile à soulever, à porter ou à manoeuvrer en raison de son poids élevé. Synon. poids; anton. légèreté. La lourdeur d'une charge. L'on attendait impatiemment l'arrivée du corps que la lourdeur du cercueil de plomb et la difficulté des chemins et du terrain rendaient difficile à porter aux élèves (DELÉCLUZE, Journal, 1824, p. 56).
— En partic. Caractère de ce qui présente une grande inertie, de ce qui est difficile à mouvoir. À cause de la lourdeur des terres mouillées on avait dû tripler les attelages (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 278):
• 2. À tour de rôle, les membres du conseil présentèrent leurs objections: manque d'homogénéité et de cohésion en face des unités allemandes (...), lourdeur des corps d'armée avec leurs seize régiments d'infanterie...
JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 10.
B. —Extension (de quelque chose) qui dépasse de beaucoup la normale. Quant aux écrivains contemporains, il [Brunetière] se trompe avec une effroyable lourdeur (L. DAUDET, Entre-deux guerres, 1915, p. 208).
II. —[Correspond à lourd II]
A. — [Lourdeur réfère à qqc. qui est lié à un déplacement ou considéré de ce point de vue] Manque d'aisance dans le mouvement. Synon. gaucherie; anton. aisance. La lourdeur de sa démarche (Ac. 1935).
B. — [Lourdeur réfère à qqc. qui n'est pas lié à un déplacement ni considéré de ce point de vue] Absence de grâce, de finesse dans la forme, la disposition, les proportions de quelque chose, caractère massif ou surchargé de quelque chose. Anton. grâce, légèreté. Lourdeur d'un toit, d'un plafond, d'une parure, d'un visage. Il y a de la lourdeur dans la draperie de cette figure (Ac. 1835-1935). Nulle trace [dans la Fuite de Loth de Rubens ] de cette lourdeur flamande qui parfois dépare ses plus beaux types (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 132). Ces piliers s'appuient sur d'énormes colonnes rondes. Les chapelles sont fort sculptées, cela ajoute encore à la lourdeur (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 200). Il montrait cette lourdeur des garçons. Le cou dans les épaules, les lèvres fortes et boudeuses, avec des sourcils sournois, légèrement froncés (ZOLA, Page amour, 1878, p. 819). Il eût été difficile de composer un intérieur plus calme et plus harmonieux, sans lourdeur dans la richesse (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 48):
• 3. Ici [au Caire] tout est réduit au carré, les mosquées elles-mêmes n'ont pas de ces lourdeurs sphériques si caractéristiques de Constantinople, vue d'Eyoub.
MORAND, Route Indes, 1936, p. 132.
C. — 1. Manque de finesse, de subtilité, de rapidité intellectuelle ou de sensibilité. Synon. balourdise, pesanteur; anton. subtilité, vivacité. Lourdeur de pensée. Christophe la pria de modérer un peu sa puissance dramatique. Elle s'y appliqua, d'abord, d'assez bonne grâce; mais sa lourdeur naturelle et le besoin de donner de la voix l'emportaient (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 403). Il était sujet, lui aussi, à cette lourdeur d'esprit qui s'appesantissait sur son père, quand il se posait un problème difficile (PROUST, Swann, 1913, p. 242):
• 4. C'étaient les anciennes théories qu'il tenait des camarades révolutionnaires de sa jeunesse, tout ce qu'il avait promis de réaliser quand il serait libre, mais mal digéré, appliqué hors de propos, avec la lourdeur du bon élève sans flamme créatrice...
ZOLA, Œuvre, 1886, p. 342.
2. En partic. Maladresse, caractère redondant ou imprécis dans l'expression de quelque chose. Synon. gaucherie; anton. brio, distinction, élégance. Je ne sais ce qui étonne le plus chez M. Brunetière, de sa lourdeur travaillée ou de sa verve puissante (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 224). Achevé Une page d'amour; non indigne de la série, et remarquable malgré des lourdeurs, lenteurs et épaisseurs de style presque constantes (GIDE, Journal, 1934, p. 1207):
• 5. Cet art, qui nous reste assez inaccessible, avec ses intentions trop littéraires et les lourdeurs d'exécution qui le déparent...
BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 287.
III. — [Correspond à lourd III]
A. — Sensation de poids affectant un endroit ou une partie du corps. Synon. pesanteur; anton. légèreté. Une lourdeur d'estomac, de tête, de ventre (Ac. 1935). Elle sentait une lourdeur dans la tête, un poids insupportable, des malaises continuels (ROLLAND, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 906). À force d'avoir désiré Philippe, il avait attrapé une lourdeur dans l'aine. Il eut soudain hâte de se retrouver seul (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 142):
• 6. Pendant cinq minutes, ce fut une course furieuse, insensée (...). Mais soudain une lourdeur étrange s'empara d'elle: ses jambes fléchirent, il lui sembla qu'un nuage rouge passa devant ses yeux.
PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 727.
B. —[Lourdeur réfère à qqc. qui est à l'origine d'une sensation pénible]
1. [Lourdeur s'emploie à propos de la température ou de phénomènes atmosphériques] Chaleur généralement forte qui suffoque et rend tout mouvement pénible. Il y a dans la lourdeur qui précède un orage comme un évanouissement de l'homme et de la nature (GONCOURT, Journal, 1877, p. 1192). Ne pensez pas que cette lourdeur de l'air, hier au soir, cette beauté des filles, n'aient pas eu de raison (GIRAUDOUX, Folle, 1944, I, p. 38).
2. Au fig. Caractère de ce qui est difficile à supporter ou à exécuter en raison de sa quantité, de sa qualité ou de sa force. Synon. poids. Lourdeur des charges. Elle n'avait plus rien de jeunet dans la tournure et sentait bien toute l'accablante lourdeur de ses soixante-seize ans (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p. 113). La vie est une lutte perpétuelle... Et il se plaignait de la lourdeur de sa charge, que personne ne soupçonnait (BILLY, Introïbo, 1939, p. 65).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. 1787 «gaucherie, pesanteur» (FÉR. Crit. qui cite De Lille); 2. 1787 «caractère de ce qui est difficile à supporter» (FÉR. Crit. qui cite M. Royou); 3. 1787 «manque de finesse» (FÉR. Crit. qui cite L'Abe de Fontenai). Dér. de lourd; suff. -eur1. Fréq. abs. littér.:283. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 129, b) 444; XXe s.: a) 537, b) 531.
lourdeur [luʀdœʀ] n. f.
ÉTYM. 1769; de lourd.
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♦ Caractère, état de ce qui est lourd.
1 Gaucherie, maladresse. || La lourdeur des gestes (→ Indécision, cit. 2), de la démarche. || Avoir une certaine lourdeur de gestes, dans les gestes.
1 Il y a des gestes dont la franche lourdeur a toute l'indiscrétion d'un acte de naissance.
Balzac, la Cousine Bette, Pl., t. VI, p. 136.
2 Le matin, elle était venue ramasser; mais il l'avait renvoyée, furieux de sa lourdeur maladroite.
Zola, la Terre, III, IV.
♦ Fig. Manque de finesse, de vivacité, de délicatesse. || Lourdeur d'esprit. ⇒ Béotisme (littér.), épaisseur (fig.), lenteur (cit. 5), paresse (d'esprit), pesanteur. || Morceau joué avec beaucoup de lourdeur.
3 Nous avons contre nous la lourdeur de l'ignorance et le vice de la perversité de tous les peuples mêmes.
Ch. Péguy, la République…, p. 31.
♦ Lourdeur du style, des tournures. || La lourdeur d'un développement, d'un monologue (→ Empêtrer, cit. 6). || Cet article, ce livre est d'une lourdeur pénible.
2 Rare. Caractère de ce qui est lourd, pesant. ⇒ Masse, pesanteur, poids. || La lourdeur d'une valise.
3 Fig. et cour. Caractère de ce qui est difficile à supporter. || La lourdeur des charges qui pèsent sur l'entreprise. || La lourdeur de l'impôt (cit. 6). — L'accablante lourdeur de l'âge. ⇒ Abattement; appesantissement (→ Jeunet, cit. 2).
4 (…) si vous venez à penser au peu de mémoire de monsieur de Mortsauf, aux peines que vous m'avez vue prendre pour l'obliger à s'occuper de ses affaires, vous comprendrez la lourdeur de mon fardeau (…)
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 834.
♦ Lourdeur des cours de la Bourse (→ Lourd, cit. 14).
♦ Par ext. (Une, des lourdeurs). Douleur sourde, impression pénible de pesanteur. || Une lourdeur de tête (→ Faiblesse, cit. 4).
5 Sur le retour, elle a des éblouissements, des lourdeurs. Elle va trouver son pharmacien qui lui donne une purge et lui dit que ça passera.
J. Renard, Journal, 19 avr. 1899.
4 Caractère massif, pesant. || Lourdeur des formes, de la silhouette. || Lourdeur d'un édifice, d'une architecture.
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Encyclopédie Universelle. 2012.