pesanteur [ pəzɑ̃tɶr ] n. f.
• 1538; pesantur 1170; de pesant
1 ♦ Caractère de ce qui pèse lourd, de ce qui a un grand poids. La pesanteur d'une charge.
♢ Phys. Caractère de ce qui a un poids; application de la force d'attraction de la Terre à un corps. Pesanteur de l'air. — Absolt LA PESANTEUR : force qui entraîne les corps vers le centre de la Terre. ⇒ attraction, gravitation, gravité. Un corps qui tombe dans le vide et n'est soumis qu'à l'action de la pesanteur a un mouvement uniformément accéléré (loi de la chute des corps). L'accélération de la pesanteur. ⇒ 2. g. L'effet, les lois de la pesanteur. Absence de pesanteur. ⇒ apesanteur, impesanteur.
2 ♦ Par ext. Caractère de ce qui paraît lourd, pesant (3o, 4o). Il a la pesanteur d'un bœuf. « Elle n'avait pas dans ses mouvements la pesanteur des femmes trop grasses » (Marivaux).
♢ Manque de vivacité. « cette lenteur à comprendre, cette pesanteur d'imagination » (Molière).
3 ♦ Une pesanteur : sensation pénible de poids. Des pesanteurs d'estomac. ⇒ lourdeur.
♢ Inertie, forces qui freinent un processus. Les pesanteurs du système, de la bureaucratie.
⊗ CONTR. Légèreté. Vivacité.
● pesanteur nom féminin (de pesant) Résultante des accélérations exercées sur les diverses parties d'un corps au repos à la surface de la Terre. État de ce qui est ou paraît lourd. Sensation pénible de lourdeur dans une partie du corps : Avoir une pesanteur à l'estomac. Lourdeur, lenteur embarrassée des mouvements, de l'esprit : Avoir une certaine pesanteur au réveil. Caractère de ce qui manque de légèreté, de vivacité : Pesanteur du style. Inertie inhérente à des groupes importants, à des institutions : Les pesanteurs sociologiques. ● pesanteur (citations) nom féminin (de pesant) Elsa Triolet Moscou 1896-Saint-Arnoult-en-Yvelines 1970 L'homme ne peut rien contre la loi de la pesanteur, mais il sait utiliser la chute d'eau. Le Cheval roux ou les Intentions humaines Les Éditeurs français réunis ● pesanteur (expressions) nom féminin (de pesant) Accélération de la pesanteur, d'après le principe fondamental de la dynamique, accélération que prennent tous les corps placés en un même point et soumis à leur seul poids. Champ de pesanteur, vecteur défini en chaque point et tel que le poids d'un corps en ce point est le produit de la masse m de ce corps par : . ● pesanteur (synonymes) nom féminin (de pesant) Résultante des accélérations exercées sur les diverses parties d'un corps...
Synonymes :
- gravité
Contraires :
État de ce qui est ou paraît lourd.
Synonymes :
- massiveté
Lourdeur, lenteur embarrassée des mouvements, de l'esprit
Synonymes :
- lenteur
Contraires :
- aisance
- délicatesse
- esprit
- finesse
- nervosité
- subtilité
- vivacité
Caractère de ce qui manque de légèreté, de vivacité
Contraires :
- agilité
- rapidité
pesanteur
n. f.
d1./d Nature de ce qui est pesant.
d2./d PHYS Force qui tend à entraîner les corps vers le centre de la Terre.
— Par ext. Force d'attraction d'un astre quelconque.
d3./d Défaut de vivacité, de légèreté, de grâce. Pesanteur du style.
d4./d Sensation de poids due à une indisposition, à un malaise. Pesanteur d'estomac. Syn. lourdeur.
⇒PESANTEUR, subst. fém.
A. —Caractère de ce qui est lourd.
1. Caractère de ce qui pèse lourd. Synon. poids, lourdeur. La pesanteur d'un fardeau. La station sur quatre pieds fournit à l'animal une base très-considérable (...) mais, à cause de la pesanteur du cou et de la tête, le centre de gravité est plus voisin des jambes de devant que de celles de derrière (CUVIER, Anat. comp., t.1, 1805, p.481):
• 1. Isambard saisit le vieillard, et le ramena promptement à bord. Olivier fut au secours du jeune homme, et eut beaucoup plus de peine, parce que la pesanteur de son armure l'entraînoit...
GENLIS, Chev. Cygne, t.1, 1795, p.223.
— P. métaph. Pesanteur de l'âge. Son visage avait pris une expression butée, et son regard une fixité, une pesanteur, qui rappelaient l'enfant de jadis (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p.775).
— Au fig., souvent au plur. Ensemble des forces qui retardent une évolution. Pesanteurs administratives, économiques, psychologiques, sociologiques. Libérés par lui de la pesanteur sociale, tous dans son entourage se sentaient devenir écrivains, musiciens ou poètes (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p.16).
2. Vieilli. ,,Impression que fait un corps grave par sa chute ou par son choc`` (LITTRÉ).
— P. méton. Éloigne-toi donc, de peur qu'en bâtissant ce canot je ne te fasse sentir, sans le vouloir, la pesanteur de mon bras (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p.148). Gringoire (...) reprit ses sens; il fut d'abord quelques minutes flottant dans une espèce de rêverie à demi somnolente qui n'était pas sans douceur, où les aériennes figures de la bohémienne et de la chèvre se mariaient à la pesanteur du poing de Quasimodo (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.90).
B. —1. Caractère de ce qui a un poids, de ce qui est pesant; application de la force d'attraction terrestre à un corps. Pesanteur des corps terrestres. L'air a encore des rapports avec l'eau par l'attraction de la terre, c'est-à-dire par sa pesanteur, car la terre l'attire comme tous les corps (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.138).
2. Absol., PHYS. Résultante de la force de gravité et de la force centrifuge exercées sur les diverses parties d'un corps par l'attraction de la masse terrestre. Accélération d'un corps sous l'effet de la pesanteur; pesanteur artificielle; variations de la pesanteur. Conséquence directe de la loi de la pesanteur: il est plus facile de faire tomber une pierre que de la lancer en l'air (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p.441). Le voyageur du cosmos (...) est essentiellement soumis à deux conditions «inhumaines»: les terribles accélérations du départ et de l'arrivée, et l'absence de pesanteur (France Nouvelle, n° 878, 13-21 août 1962, p.15, col. 1 ds GUILB. Astronaut. 1967):
• 2. Newton (...) s'est immortalisé en rapportant à la pesanteur des phénomènes qu'on ne s'étoit jamais avisé de lui attribuer: mais le laquais du grand homme en savoit, sur la cause de la pesanteur, autant que son maître.
J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t.1, 1821, p.370.
— En partic.
♦Champ de pesanteur. V. champ1 II C 1.
♦Intensité de la pesanteur. Quotient exprimé en newton par kg, du poids d'un corps par sa masse. (Dict.XXes.).
♦Pesanteur (spécifique) (vx). Synon. de densité (absolue). V. densité II 1.
♦Pesanteur universelle (vx). Synon. de attraction universelle. V. attraction I A 1 a.
— P. anal. Résultante des forces exercées sur un corps par un astre en son voisinage (d'apr. Astron. 1973).
— Expr. fig. Échapper à la pesanteur. Se sentir libre, dégagé de toute contrainte. Le sentiment du devoir apporte une sorte de bénédiction sur chaque acte accompli; on se sent un être moral; on échappe à la pesanteur (GIDE, Journal, 1946, p.304).
C. —Caractère de ce qui donne une impression de lourdeur.
1. Dans le domaine physique ou matériel
a) Allure lourde. Anton. agilité, légèreté, souplesse, vivacité. Évoluer avec pesanteur; pesanteur de la marche; pesanteur d'un cheval. Nos hôtes nous ont appris qu'ils nous entendaient depuis deux jours; qu'ils savaient que nous étions des chairs blanches (...). Le blanc révèle aussi sa race à la pesanteur de son pas (CHATEAUBR., Mém., t.1, 1848, p.325):
• 3. Hippolyte était d'une maladresse et d'une pesanteur épouvantables, et M. Gogault déclarait que jamais pareil cheval de charrue ne lui avait passé par les mains. Ses changements de pieds ébranlaient toute la maison, ses battements entamaient la muraille.
SAND, Hist. vie, t.2, 1855, p.384.
b) Impression désagréable de lourdeur (ressentie dans une partie du corps). Pesanteur de tête; pesanteur des jambes, dans les jambes. Ils s'affaissèrent sur eux-mêmes, en se sentant un froid de glace dans les reins, et aux paupières une pesanteur accablante (FLAUB., Salammbô, t.2, 1863, p.122). Elle sentait nettement la fatigue de ses genoux et de ses reins, la pesanteur de sa nuque (BERNANOS, Joie, 1929, p.682):
• 4. Elle quitta brusquement Hellouin. Elle n'était pas à son aise. Elle avait les joues brûlantes et, en même temps, elle sentait, dans la poitrine, une pénible, une très pénible sensation de pesanteur et de froid.
DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.276.
♦En partic. Pesanteur (d'estomac):
• 5. —Pas de somnolence? Pas de pesanteurs? —Non. —Qu'avez-vous mangé aujourd'hui? —Je n'ai rien mangé ; j'ai bu seulement un verre de la limonade de monsieur, voilà tout.
DUMAS père, Monte-Cristo, t.2, 1846, p.304.
— Caractère de ce qui est indigeste. Un de ces gâteaux à la confiture qui sont l'orgueil des pâtissiers espagnols, les premiers du genre pour la pesanteur et l'insipidité de leurs produits (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p.278).
c) Caractère de ce qui donne une sensation d'oppression, d'étouffement. Le temps était supportable: il a demandé la calèche, et nous avons fait le tour du bois. La chaleur, la pesanteur de l'atmosphère, bien que le soleil fût couvert, l'a forcé de rentrer (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.152). Est-ce qu'il s'est seulement aperçu de l'insupportable chaleur qu'il continuait à faire et de la pesanteur de l'air, ce matin-là? (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p.239).
— Au fig. Pesanteur d'une dictature. La pesanteur du sentiment que produit l'attente ne s'accroît-elle point par une addition constante en souffrances passées, à la douleur du moment? (BALZAC, Lambert, 1832, p.98).
d) Caractère de ce qui est d'aspect massif, lourd. Pesanteur d'un boeuf, d'un édifice. Une croix massive et surbaissée, dont les dimensions et la pesanteur semblaient dépasser les forces de l'homme (LAMART., Tailleur pierre, 1851, p.416). Justin (...) avait, dans les derniers temps, beaucoup grossi. Les traits de son visage avaient pris de la pesanteur et de l'autorité (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p.24).
2. Dans le domaine intellectuel
a) Manque de vivacité, de légèreté, de pénétration et p.méton., comportement d'une personne dépourvue de ces qualités. Synon. lenteur, lourdeur. Pesanteur d'esprit, d'imagination. Les Allemands, éminemment capables des études abstraites, traitent les affaires (...) avec tant de méthode et de pesanteur, qu'ils n'en tirent presque jamais aucune idée générale (STAËL, Allemagne, t.1, 1810, p.198). La crasse grossièreté de nos organes, aggravée par la pesanteur et l'hébétude d'un incurable esprit de géométrie, prépare mal l'entendement obtus à saisir les impondérables (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p.39):
• 6. ... les Baillehache de père en fils s'étaient succédé à Cloyes, d'antique sang beauceron, prenant de leur clientèle paysanne la pesanteur réfléchie, la circonspection sournoise qui noient de longs silences et de paroles inutiles le moindre débat.
ZOLA, Terre, 1887, p.26.
b) Manque d'aisance, de légèreté dans l'expression. Synon. lourdeur; anton. rapidité, vivacité. Pesanteur du style; discuter avec pesanteur. Le gros livre d'où tout cela venait, avec sa pesanteur et ses allures médiocrement littéraires, ne lui eût inspiré que de l'horreur (RENAN, Avenir sc., 1890, p.IV). Il ouvrit le livre: —C'est la fin. La puissance de Macbeth file entre ses doigts (...). Et il lut lentement, avec une pesanteur pathétique (VERCORS, Sil. mer, 1942, p.56):
• 7. Quand il raconte, avec sa pesanteur et son air d'importance, quelque anecdote que je sais aussi bien que lui, je lui pardonne parce qu'il me rappelle l'instant où vous me l'avez contée avec votre naturel et votre grâce accoutumée.
J.-J. AMPÈRE, Corresp., 1826, p.412.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. ca 1175 pesantor «caractère de ce qui a du poids, qui pèse» (Chron. des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 26081); spéc. 1538 pesanteur de teste (EST., s.v. gravitas); 2. 1680 phys. (RICH.:Pesanteur. C'est une qualité ou vertu par laquelle une chose pesante est portée en bas). Dér. de pesant, part. prés. de peser; suff. -eur1. Cf. l'a. fr. pesance «peine, chagrin» ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 832) —fin XIVes., EUSTACHE DESCHAMPS, OEuvres, I, 181, 9 ds T.-L. et pesantesce «pesanteur» 1316-28 (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, XV, 4643). Fréq. abs. littér.:612. Fréq. rel. littér.: XIXes.: a) 956, b) 785; XXes.: a) 459, b) 1089. Bbg. GOHIN 1903, p.359.
pesanteur [pəzɑ̃tœʀ] n. f.
ÉTYM. 1538; pesantur, 1170; de pesant.
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1 La pesanteur de (qqch.). Caractère de ce qui pèse lourd, de ce qui a un grand poids. || La pesanteur d'une charge, d'un fardeau. ⇒ Pesant; lourdeur.
♦ Phys. Caractère de ce qui a un poids; application de la force d'attraction de la Terre à un corps. || Substance sans pesanteur (→ Ondulation, cit. 1). || Pesanteur de l'air (→ Baromètre, cit. 1; condensation, cit. 1; inventer, cit. 4). || Objets de pesanteurs différentes (→ Jongler, cit. 1). — Par métaphore :
1 Les événements ont une pesanteur, et la loi du carré des vitesses leur est applicable. Ils tombent dans le public et s'y enfoncent avec une rapidité inouïe.
Hugo, l'Homme qui rit, II, VIII, V.
2 Absolt. || La pesanteur : force qui entraîne les corps vers le centre de la Terre (ou, par anal., d'un astre) et qui résulte des lois de la gravitation. ⇒ Attraction (cit. 5), gravitation (cit. 1), gravité (→ Corps, cit. 3; 1. masse, cit. 34). || Pesanteur à la surface de la Terre, de la Lune. || L'intensité de la pesanteur correspond au poids de l'unité de masse (g). || Un corps qui tombe dans le vide et n'est soumis qu'à l'action de la pesanteur a un mouvement uniformément accéléré (loi de la chute des corps). || Variations de l'intensité de la pesanteur à la surface de la Terre, selon l'altitude et la latitude. || Champ de pesanteur de la Terre. || Absence de pesanteur. ⇒ Apesanteur. || La gravimétrie, étude des variations de la pesanteur, est une des principales méthodes de la géophysique (cit.). || Direction de la pesanteur. ⇒ Verticale (→ Horizontal, cit. 3).
2 La mécanique nous enseigne que la pesanteur (…) est une force (ou plus exactement une accélération, quotient de la force de la pesanteur par la masse sur laquelle elle s'exerce) qui dérive d'un potentiel. Elle résulte en effet de la composition de l'attraction newtonienne due à la masse de la Terre, et de la force centrifuge produite par sa rotation (…)
J. Goguel et J. Segons, Formes et dimensions de la Terre, in Encycl. Pl., la Terre, p. 75.
♦ Cour. || Acrobate sur qui les lois de la pesanteur semblent n'avoir aucune prise (→ Bondir, cit. 7). || Défier les lois de la pesanteur. — Par métaphore. || Échapper à la pesanteur, se sentir libre, léger (→ Devoir, cit. 4).
3 Fig. Poids. || La pesanteur de l'âge. — Sensation de lourdeur, de poids, d'engourdissement, qui gêne. ⇒ Gravatif, lourd, II. → Endormir, cit. 6. || Pesanteur de tête (⇒ Malaise, cit. 4), d'estomac… — Une, des pesanteurs. ⇒ Lourdeur.
4 (Par ext. du sens 1). Caractère de ce qui paraît lourd, massif. || Pesanteur d'un édifice. — Avoir la lourdeur, la pesanteur d'un bœuf (cit. 9).
5 Littér. || Pesanteur d'un coup, force, violence. — Par ext. || Pesanteur du bras, de la main (pour frapper). → Insolence, cit. 6.
6 Lenteur et lourdeur pesantes. || Pesanteur de la marche, des mouvements, dans les mouvements (→ Embonpoint, cit. 4).
7 Fig. || Pesanteur d'esprit. ⇒ Lenteur, lourdeur. || Discuter avec pesanteur (→ Honorifique, cit.). || Pesanteur d'exécution (→ Brio, cit. 4), du style (→ Indigeste, cit. 3).
3 (…) cette lenteur à comprendre, cette pesanteur d'imagination (…)
Molière, le Malade imaginaire, II, 5.
4 (…) prenant de leur clientèle paysanne la pesanteur réfléchie, la circonspection sournoise qui noient de longs silences et de paroles inutiles le moindre débat.
Zola, la Terre, I, II.
8 (Une, des pesanteurs). Ensemble de forces (psychologiques, sociologiques…) qui retardent une évolution. || Les grandes mutations politiques sont freinées par des pesanteurs sociologiques. || Les pesanteurs idéologiques.
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CONTR. Légèreté. — Esprit. — Rapidité, vivacité…
COMP. Apesanteur, impesanteur, non-pesanteur.
Encyclopédie Universelle. 2012.