mânes [ man ] n. m. pl. ♦ Âmes des morts, dans la religion romaine. ⇒ esprit, lare, 1. ombre. « Aux mânes paternels je dois ce sacrifice » (P. Corneille). Loc. littér. Invoquer, interroger les mânes des ancêtres.
● mânes nom masculin pluriel (latin manes) Chez les Romains, âmes des morts, considérées comme des divinités. Littéraire. Aïeux considérés comme vivant dans l'au-delà. ● mânes (difficultés) nom masculin pluriel (latin manes) Orthographe Avec un accent circonflexe sur le a : les mânes. Genre et nombre Ce mot ne s'emploie qu'au masculin pluriel : les mânes paternels. ● mânes (homonymes) nom masculin pluriel (latin manes) manne nom féminin
Manès (en gr.) ou Mani (en anc. persan)
(v. 216 - v. 273) fondateur du manichéisme. Il se disait le Paraclet (l'incarnation du Saint-Esprit) annoncé par le Messie. Après de longs voyages missionnaires en Asie centrale et en Inde, il rentra en Perse v. 270. Le roi Bahrâm Ier le fit mettre à mort.
⇒MÂNES, subst. masc. plur.
ANTIQ. ROMAINE
A.— Divinités infernales, par opposition aux dieux d'en haut. Dieux mânes, mânes infernaux. Avez-vous rencontré chez les morts le volage Trémigon, comme Didon aperçut Énée dans la région des mânes? (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 463).
B.— Esprits des morts, qui étaient l'objet d'un culte privé ou public; en partic., les ancêtres d'une race. Apaiser les mânes irrités (Ac.). Leur intérêt posthume exigeait qu'ils se pourvussent de descendants : car seuls ces descendants pouvaient, au gré de leur croyance, apporter à leurs mânes les repas funèbres (GAULTIER, Bovarysme, 1902, p. 290).
♦ Le séjour des mânes. Le Tartare, séjour souterrain au fond des Enfers.
— P. ext., littér. Âmes des morts. Gamelin, la main levée, prit à témoin de son serment les mânes augustes de Marat, martyr de la Liberté (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 114). À propos d'un incident de censure, les journaux, ces jours-ci, volaient au secours de la liberté menacée. On invoquait les mânes de Voltaire et de Diderot (MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 408) :
• — S'il est mort, je mourrai, dit-elle à son père. C'est vous qui serez cause de sa mort... Vous vous en réjouirez peut-être... Mais je le jure à ses mânes, d'abord je prendrai le deuil, et serai publiquement Mme Veuve Sorel...
STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 436.
Rem. Dans la lang. poét. on rencontre qqf. le mot au fém. sing. Ériphyle, je viens au fond du noir Tartare. Ne me dédaigne pas, mâne charmante, laisse Brûler devant mes yeux ton antique tristesse (MORÉAS, Ériphyle, 1894, p. 207). Toi, pour qui les dieux du mystère Sont restés étrangers, J'ai vu ta mâne aux pieds légers, Descendre sous la terre (TOULET, Contrerimes, 1920, p. 80).
Prononc. et Orth. :[]. Ac. 1694-1762 : manes, dep. 1798 : mânes. Accent circonflexe non justifié par l'étymol. Peut s'expliquer p. anal. avec âme. Étymol. et Hist. 1488 myth. romaine manes (La Mer des Histoires, I, 53c, éd. 1491 ds Rom. Forsch. t. 32, p. 102). Empr. au lat. Manes « âmes des morts », prob. substantivation du plur. de l'adj. arch. manis « bon », cf. ERN.-MEILLET, s.v. Manes et manis. Fréq. abs. littér. :210. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 503, b) 420; XXe s. : a) 226, b) 102.
mânes [mɑn] n. m. pl.
ÉTYM. 1564; lat. manes. REM. Certains écrivains dont Bossuet, Furetière, Lesage, ont considéré le mot comme féminin, suivant l'usage du XVIe siècle.
❖
1 Hist. Âmes des morts, dans la religion romaine. ⇒ Esprit, lare (cit. 1), ombre. || Apaiser les mânes d'un mort par un sacrifice (→ aussi Auguste, cit. 5; évoquer, cit. 6).
1 Aux mânes paternels je dois ce sacrifice (…)
Corneille, Cinna, I, 2.
2 (Fin XVIe). Fig. et littér. Âmes des morts. ☑ Invoquer, interroger les mânes des ancêtres (cit. 8).
2 (…) je ne puis trop conjurer votre majesté de faire rendre aux mânes de Voltaire, dans l'église catholique de Berlin, les honneurs funèbres que les Welches s'obstinent à lui refuser.
d'Alembert, Lettre au roi de Prusse, 14 avril 1781.
Encyclopédie Universelle. 2012.