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maugréer

maugréer [ mogree ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1279; de l'a. fr. maugré « peine, déplaisir », de 1. mal et gré
Littér. Manifester son mécontentement, sa mauvaise humeur, en protestant à mi-voix, entre ses dents. grogner; pester, ronchonner. Vieux grincheux qui ne cesse de maugréer contre tout le monde. fam. râler, rouspéter. « Je rognonne, je maugrée, je grogne même contre moi-même » (Flaubert ).

maugréer verbe transitif indirect (ancien français maugré, peine, de mal et gré) Manifester contre quelqu'un, contre quelque chose sa mauvaise humeur. ● maugréer (synonymes) verbe transitif indirect (ancien français maugré, peine, de mal et gré) Manifester contre quelqu'un, contre quelque chose sa mauvaise humeur.
Synonymes :
- bougonner (familier)
- grogner
- grommeler
- marmonner
- maronner (familier)
- pester (familier)
- râler (familier)
- ronchonner (familier)
- rouspéter (familier)
Contraires :
- jubiler
- se réjouir
maugréer verbe transitif Grommeler, murmurer des injures.

maugréer
v. intr. Témoigner son mécontentement en pestant entre ses dents.

⇒MAUGRÉER, verbe
A.Emploi intrans. Montrer sa mauvaise humeur, son mécontentement, son impatience, sa réticence en prononçant des paroles à mi-voix. Le lieutenant Jacquey, vaincu par cette fermeté, sortit en maugréant (SUE, Atar-Gull, 1831, p.21). Il ne tenait pas en place, il marquait visiblement son mécontentement, piétinant et maugréant, s'il le [son fauteuil] trouvait occupé à son arrivée (LÉAUTAUD, Passe-temps, 1929, p.110).
Maugréer après, contre + subst. Sa femme remit sur son dos ses hardes à peine sèches, chaussa ses brodequins racornis et, maugréant après le ciel, embrassa les jeunes filles (HUYSMANS, Soeurs Vatard, 1879, p.46). Marie-Anne acquiesça de la tête, mais dès que l'oblat se fut éloigné, elle regagna sa cuisine en maugréant contre ce jeune prêtre trop hardi (BARRÈS, Colline insp., 1913, p.321). Maugréer de + inf. Ce matin-là, tandis qu'il écrivait à son amie, on frappa à la porte. Il alla ouvrir, en maugréant d'être dérangé (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.547).
B.Emploi trans.
1. Vx, littér. Maudire quelqu'un, blasphémer. Voilà quinze ans (...) que je l'entends tous les soirs maugréer les femmes bohèmes avec des exécrations sans fin (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.547). À plusieurs reprises (...) le dauphin avait défendu de maugréer, de renier, de blasphémer le nom de Dieu, de la Vierge Marie (A. FRANCE, J. d'Arc, t.1, 1908, p.294).
2. Dire quelque chose à mi-voix, comme pour soi, avec mauvaise humeur. La peste! ne put s'empêcher de maugréer l'abbé Volland, voilà qui gâte tout! (THEURIET, Mar. Gérard, 1875, p.203).
3. Emploi pronom. réciproque. [Correspond à supra A] Deux créatures qui ne se conviennent pas, pourraient aller chacune de son côté; eh! bien, faute de quelques pistoles, il faut qu'elles restent là en face l'une de l'autre à se bouder, à se maugréer, à s'aigrir l'humeur (CHATEAUBR., Mém., t.4, 1848, p.31).
REM. Maugréant, -ante, part. prés. adj. Nous ne sommes pas les rois, mais les esclaves maugréants d'un triste pays pluvieux (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p.159). Une apparition atteinte de calvitie, maugréante et hargneuse, une clef à la main surgit de la foule (ARNOUX, Paris, 1939, p.293).
Prononc. et Orth.:[], (il) maugrée []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1279 trans. «maudire, blasphémer contre quelqu'un» il ... maugree Dieu et ses sains (LAURENT, Somme, Richel. 22932, f° 10a ds GDF., s.v. malgreer); b) 1875 «dire à mi-voix et avec mauvaise humeur» (THEURIET, Mar. Gérard, p.189: Quatre jour! maugréa le chevalier dès que le docteur fut parti); 2. 1306 intrans. «exprimer sa mauvaise humeur, son mécontentement» qui maugraie et jure (GUILLAUME GUIART, Royaux Lignages, éd. de Wailly et Delisle, 19697). Dér. de l'a. fr. maugré «chagrin, peine, mécontentement» 1174-80 (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 1020), comp. de mau- (v. mal1) et de gré; dés. -er. Fréq. abs. littér.:114.
DÉR. Maugréeur, -euse, adj. et subst., peu usité. a) Adj. et subst. (Personne) qui maugrée. Un maugréeur éternel. Ducs et hauts seigneurs y sont orgueilleux, vains, maugréeurs, jureurs et félons (A. FRANCE, J.d'Arc, t.1, 1908, p.275). b) Adj. Mêlé de mauvaise humeur. Elle courut pour répondre à l'appel du téléphone, avec une joie maugréeuse, comme chaque fois que sa remuante oisiveté et sa solitude encombrée l'obligeaient à l'agitation (COLETTE, J. de Carneilhan, 1941, p.31). [], fém. [-ø:z]. 1res attest. 1er quart XVe s. «blasphémateur» (Miracles de Ste Geneviève, éd. Cl. Sennewaldt, 1006: Felons, maugrëeurs, mesdisans) — XVIe s. ds HUG., à nouv. au XIXe s. 1845 (BESCH. qui note ,,vieux et inusité``); de maugréer, suff. -eur2.
BBG. —KELLER (H.-E.). Notes d'étymol. gallo-rom. et rom. In:[Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, p.241, 244.

maugréer [mogʀee] v. intr.
ÉTYM. 1279; de l'anc. franç. maugré « peine, déplaisir », comp. de 1. mal, et gré.
Manifester son mécontentement, sa mauvaise humeur, en protestant à mi-voix, entre ses dents. Grogner, pester, plaindre (se), ronchonner (→ Bénitier, cit. 2). || Ce vieux grincheux passe son temps à maugréer contre tout le monde. Râler, rouspéter (fam.). || Il maugréait, s'emportait…
1 L'étude du Droit m'aigrit le caractère au plus haut point : je bougonne toujours, je rognonne, je maugrée, je grogne même contre moi-même et tout seul.
Flaubert, Correspondance, 63, 26 juil. 1842.
2 Un voyageur, qui croyait le compartiment vide, ouvrit brusquement la portière et la referma en maugréant.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 303.
3 Et il continuait à se plaindre, à maugréer, ce qui amusait tout le monde et surtout Poitiers. Il était facile de voir qu'on se moquait toujours de lui de cette manière et qu'il maugréait toujours et prenait d'ailleurs le service très au sérieux. On lui annonçait toutes les corvées du lendemain, et quelquefois on en inventait pour obtenir un grognement plus violent.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 562.

Encyclopédie Universelle. 2012.