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moudre

moudre [ mudr ] v. tr. <conjug. : 47; rare, sauf moudre, moudrai(s), et moulu, ue>
moldre XIIe; lat. molere « tourner la meule »
1Broyer (des grains) avec une meule. écraser, pulvériser; mouture. Moudre du poivre, du café. moulu. Moulin qui moud gros, fin.
2Rare Briser (de coups). battre. « Ses trois ennemis qui le moulaient de coups » (A. Dumas).
3Vieilli Moudre un air, le jouer sur un instrument à manivelle (orgue de Barbarie, vielle). — Par ext. Cette rue « Où des orgues moudront des gigues dans les soirs » (Verlaine).
⊗ HOM. Moulais :moulais (mouler).

moudre verbe transitif (latin molere, de mola, meule) Réduire une substance en poudre par le moyen d'un moulin ou d'une meule : Moudre du blé, du café.moudre (difficultés) verbe transitif (latin molere, de mola, meule) Conjugaison Attention au présent (je mouds mais nous moulons), au passé simple (je moulus), au futur (je moudrai) et au subjonctif (que je moule). ● moudre (expressions) verbe transitif (latin molere, de mola, meule) Vieux. Moudre quelqu'un de coups, le battre violemment. Moudre un air, le jouer sur un orgue de Barbarie, un piano mécanique, etc. ● moudre (homonymes) verbe transitif (latin molere, de mola, meule)moudre (synonymes) verbe transitif (latin molere, de mola, meule) Réduire une substance en poudre par le moyen d'un moulin...
Synonymes :
- broyer
- concasser
- écraser
- pulvériser
- triturer

moudre
v. tr. Broyer, réduire en poudre (des grains) avec une meule ou un moulin. Moudre du café.

⇒MOUDRE, verbe trans.
A. Qqc./qqn. moud qqc.
1. Qqc. moud qqc. [le suj. désigne une meule, un moulin] Broyer (des grains); réduire en poudre ou en fines parcelles. Cette pierre active qui moud le grain accouplée à la meule jumelle (CLAUDEL, Annonce, 1912, prol., p.20). Les collines portaient des lignes de petits moulins qui moulaient le blé grain par grain (GIRAUDOUX, Suzanne, 1921, p.52):
1. ... les moulins à marée, qui servaient à moudre le grain pour le village voisin, sont ainsi les ancêtres de futures usines marémotrices...
ROMANOVSKY, Mer, source én., 1950, p.83.
2. Qqn moud qqc. Broyer (des grains) à l'aide d'un moulin. En voyant Madame Fusellier moudre le café dans son moulin (A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p.319).
3. Emploi abs. Leur écartement [des meules] est réglé pour moudre au degré de finesse voulu (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p.8).
B.P. anal.
1. [P. allus. au traitement que subit le grain]
a) Qqc. moud qqc. [Le compl. désigne une partie du corps] Fatiguer, donner des courbatures, des douleurs à. Des fauteuils et des canapés, ridiculement raides, sans ressorts, vermoulus et boiteux... ce qu'ils doivent vous moudre les épaules, et vous écorcher les fesses! (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.25).
b) Qqn moud qqn. Loc. verb. Moudre (qqn) de coups/comme grain. Accabler, rouer de coups. Blanchet jura (...) que si elle ne mettait pas ce champi à la porte sans délibérer, il se promettait de l'assommer et de le moudre comme grain (SAND, F. le Champi, 1848, p.77).
2. [P. allus. au mouvement du moulin]
a) Qqn moud qqc. Moudre un air. Jouer un air sur un instrument à manivelle. Il imprimait un mouvement de rotation mécanique à une de ses mains et tournant dans le vide, il paraissait moudre un air (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p.231).
b) Qqc. moud qqc. [Le suj. désigne un instrument de musique] Débiter mécaniquement. Un orgue de barbarie se mit à moudre «En revenant de la revue...» (BARRÈS, Appel soldat, 1900, p.90).
C.Péj., vieilli. [Le suj. désigne une pers. et p. méton. un aspect de sa personnalité]
1. Prononcer d'une manière presque mécanique:
2. Il pourrait compenser par une dizaine, réfléchie, prononcée avec soin, toutes les boules du rosaire qu'il avait marmonnées, sans les comprendre. Et il essaya de remettre la manivelle en marche, mais dès qu'il eut extrait le pater, il divagua; il s'entêta quand même à vouloir moudre les ave, mais alors son esprit se dispersa...
HUYSMANS, En route, t.2, 1895, p.116.
2. Ressasser. Ce sont ces neuf années à moudre toujours les mêmes pensées qui lui ont causé cette frayeur nerveuse (DRUON, Louve Fr., 1959, p.268).
Loc. Moudre à vide, dans le vide.
3. Arg. En moudre
Arg. des sportifs. ,,Pédaler fermement`` (ESN. 1966).
P. anal. Moudre. Papa (...) moud ses huit cents mètres, muet, le torse raide (...) tandis que je pique des sprints (H. BAZIN, Huile sur feu, 1954, p.232).
Se livrer à la prostitution. Brigitte, qu'était plutôt grasse avant d'être sur le ruban, avait pris la ligne depuis qu'elle battait la Madeleine. À croire que d'en moudre lui réussissait mieux que la vie de bureau (LE BRETON Argot 1975).
,,Dormir`` (ESN. 1966). Synon. pop. en écraser.
Prononc. et Orth.:[], (il) moud [mu]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. ind. prés.: je mouds, tu mouds, il moud, nous moulons, vous moulez, ils moulent; imp.: je moulais, etc.; passé simple: je moulus, etc.; fut.: je moudrai; impér.: mouds, moulons, moulez; subj. prés.: que je moule; subj. imp.: que je moulusse; part. prés.: moulant; part. passé: moulu, -ue; cond.: je moudrais, etc. Selon Ac. 1935: ,,Il n'est plus guère usité qu'aux trois première personnes de l'indicatif présent, à l'infinitif, à la première personne de l'impératif, au futur et au participe passé``. Étymol. et Hist. 1. Ca 1135 part. passé fers moluz «bien aiguisé» (Couronnement Louis, éd. Lepage, réd. A B, 1229); 2. a) ca 1165 or molu «réduit en poudre et servant à la dorure sur bois ou métaux» (BENOÎT DE SAINTE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 8682); b) 1174 «broyer du grain» (GARNIER DE PONT-SAINTE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 224); 1260 moudre le blé (E. BOILEAU, Métiers, éd. R. de Lespinasse et F. Bonnardot, II, 10, var.); 3. 2e moitié XIIIe s. part. passé «endolori par les coups reçus» (La Saineresse ds Recueil gén. des fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t.1, p.291). Du lat. molere «moudre, tourner la meule». Fréq. abs. littér.:92. Bbg. LANLY (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp.207-208.

moudre [mudʀ] v. tr.
CONJUG. je mouds, tu mouds, il moud, nous moulons, vous moulez, ils moulent; je moulais, nous moulions; je moulus, nous moulûmes; je moudrai, nous moudrons; je moudrais, nous moudrions; que je moule, que nous moulions; mouds, moulons, moulez; moulant; moulu. REM. Ce verbe irrégulier tend à devenir défectif par la difficulté des formes et leur homonymie avec celles du verbe mouler. On emploie surtout moudre, moudrai(s) et moulu, ue.
ÉTYM. 1174; au p. p. moluz « aiguisé », v. 1135; du lat. molere « tourner la meule », de mola (→ 1. Meule).
1 Broyer (des grains) avec une meule, un moulin. Broyer, écraser, poudre (mettre en), pulvériser. || Moudre du grain, du blé. Mouture. || Moudre du poivre. || Elle moulait du café (cit. 2).
1 (…) dame Marguerite (…) avait du grain à faire moudre et n'avait pas le temps d'aller au moulin (…)
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 678.
Au participe passé :
2 La table sentait le pain tiède, le lait de chèvre et le café moulu fraîchement.
H. Bosco, le Jardin d'Hyacinthe, p. 103.
(Le sujet désigne un appareil; sans compl.). || Moulin qui moud gros, fin.
2 (XIIIe). Par anal. (avec le traitement que subit le grain). Rare. Briser, accabler de coups. Battre (→ fam. Réduire en confiture). || Il se promettait de l'assommer (cit. 14) et de le moudre comme grain. || Moudre de coups (→ ci-dessous, moulu).
3 Pas avant de t'avoir tué, lâche ! criait d'Artagnan tout en faisant face du mieux qu'il pouvait et sans reculer d'un pas à ses trois ennemis, qui le moulaient de coups.
Dumas, les Trois Mousquetaires, I.
Loc. fam. Il est à moudre, à battre (il est insupportable).
3.1 Lucien leva les épaules en signe d'ignorance et même d'étonnement, comme si la question était saugrenue.
— Je le moudrais, murmura le père en le dévorant du regard.
M. Aymé, le Passe-muraille, p. 15.
3 (1867). Par anal. avec le mouvement du moulin. || Moudre un air, le jouer sur un instrument (orgue de barbarie, vielle…) en faisant tourner la manivelle (→ Ménétrier, cit. 2).Par ext. || Orgue qui moud des rengaines, qui les débite mécaniquement.Fig., péj. || Moudre de la prose. — ☑ Moudre du vent : faire un travail inutile.
4 Dans cette rue, au cœur de la ville magique
Où des orgues moudront des gigues dans les soirs (…)
Verlaine, Jadis et Naguère, « Kaléidoscope ».
——————
moulu, ue p. p. (→ ci-dessus, cit. 2) et adj.
1 Blé moulu. || Café en grains, café moulu.Techn. || Or moulu : or en poudre utilisé pour la dorure.
2 (2e moitié XIIIe). Fig. || Être moulu : être brisé (par les coups reçus, et, par ext., par la fatigue). Brisé, courbatu, échiné (cit. 1), éreinté (cit. 6), esquinté, fatigué (cit. 20), fourbu, las, rompu, vanné. || Être moulu de fatigue. || Je suis tout moulu.
5 (…) je suis tout moulu, et les épaules me font un mal épouvantable.
Molière, les Fourberies de Scapin, III, 2.
6 Mais, tout moulu qu'on est du voyage, le moyen de rester une heure à Strasbourg sans avoir vu le Rhin ?
Nerval, Lorely, « Du Rhin au Mein », I.
7 Nous y arrivâmes vers deux heures du matin, altérés, affamés, moulus de fatigue.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 198.
DÉR. 1. Moulage.
COMP. Remoudre. — Vermoulu.
HOM. (De certaines formes) V. Mouler, moulure.

Encyclopédie Universelle. 2012.