murer [ myre ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Entourer de murs. « Enclos désert, muré d'un mur croulant » (Hugo).
2 ♦ Fermer, clore par un mur, une maçonnerie. Murer une porte, une issue, une galerie de mine. ⇒ aveugler, 1. boucher, condamner. « Les fenêtres avaient été murées avec des briques » (Stendhal). — P. p. adj. Fenêtre murée. ⇒ aveugle.
3 ♦ Enfermer dans un endroit dont on bouche les issues par une maçonnerie. ⇒ emmurer. — Par ext. Mineurs murés au fond, enfermés par un éboulement.
♢ Fig. Enfermer, isoler. « Une prévention instinctive qui le murait dans une sorte de silence » (Martin du Gard).
4 ♦ SE MURER : s'enfermer (en un lieu), s'isoler. ⇒ se cacher, se cloîtrer. « Il se mura chez lui. Ses volets restaient clos, tout le jour » (R. Rolland).
♢ Fig. Se murer dans son silence. ⇒ se renfermer. « ne répondant pas aux questions, se murant si l'on insistait » (Y. Queffélec).
⊗ HOM. Mure :murent (mouvoir); murai :muerai (muer).
● murer verbe transitif (de mur) Entourer un lieu, une ville de murs, de murailles. Boucher une ouverture par une maçonnerie : Murer une fenêtre de briques. Enfermer quelqu'un, quelque chose dans un lieu dont on bouche les ouvertures ou dont les issues sont bloquées : L'explosion a muré les mineurs dans une galerie. Enfermer quelqu'un dans un certain état en l'isolant des autres : La mort de sa femme l'avait muré dans une profonde solitude. ● murer (homonymes) verbe transitif (de mur) mûraie nom féminin muret nom masculin ● murer (synonymes) verbe transitif (de mur) Entourer un lieu, une ville de murs , de murailles.
Synonymes :
Boucher une ouverture par une maçonnerie
Synonymes :
- aveugler
Enfermer quelqu'un, quelque chose dans un lieu dont on bouche les...
Synonymes :
- emmurer
murer
v. tr.
d1./d Entourer de murs, de murailles. Murer une ville.
d2./d Fermer par une maçonnerie. Murer une porte.
d3./d Enfermer en maçonnant les issues. Murer un prisonnier.
d4./d Fig. Soustraire à toute influence extérieure. Murer sa vie privée.
|| v. Pron. S'enfermer pour s'isoler. Se murer chez soi.
— Fig. Se murer dans son obstination.
⇒MURER, verbe trans.
A.— Entourer de murs, de murailles. Murer une ville. Murer un terrain (NOËL 1968). Petites cités murées sur un promontoire entre deux vallées (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 295).
— Emploi abs. Quand ils [les fils de Caïn] eurent fini de clore et de murer, On mit l'aïeul au centre [de la ville] en une tour de pierre (HUGO, Légende, t. 1, 1859, p. 50).
— Emploi pronom. Les villes, s'isolant en effet, se murant jalousement, rayonnent peu sur un plat pays totalement étranger à elles (FEBVRE, Combats pour hist., Entre Benda et Seignobos, 1933, p. 94).
B.— Fermer, enfermer au moyen d'un mur.
1. [Le compl. désigne une ouverture] Boucher avec de la maçonnerie, des pierres. Murer une cheminée, une fenêtre. On allait murer les portes, car Sparte ne se rendrait pas, même emportée d'assaut (VILLIERS DE L'I-A., Contes cruels, 1883, p. 168). V. grossièreté ex. de Stendhal :
• 1. Alors, je pensai qu'il valait bien mieux murer la porte de monsieur Poulard [atteint d'agoraphobie], pour lui ôter la tentation de s'en servir (...). Le poilu gâchait le ciment, me portait les briques, et je les posais une à une, bien proprement...
MILLE, Barnavaux, 1908, p. 58.
— [P. méton.] Murer une maison. Les peines les plus redoutables (...) interdisaient le sanctuaire et muraient les caveaux de la Vallée des Rois (BARRÈS, Cahiers, t. 6, 1908, p. 233).
2. [Le compl. désigne une pers.] Enfermer dans un endroit dont on bouche les issues. Synon. claquemurer, emmurer. V. femme II ex. de Colette :
• 2. ANTIGONE : Comment vont-ils me faire mourir? LE GARDE : Je ne sais pas. Je crois que j'ai entendu dire que pour ne pas souiller la ville de votre sang, ils allaient vous murer dans un trou.
ANOUILH, Antig., 1946, p. 204.
— Emploi part. passé, p. anal. [En parlant d'ossements] Scellé dans la maçonnerie. Ossements [humains] murés dans les remparts de la Syrie (M. BLOCH, Apol. pour hist., 1944, p. 21).
C.— P. anal. [Le suj. désigne ce qui fait obstacle] Boucher, obstruer. La porte était murée par une combinaison de neiges tassées qui formaient un mur de glace (CHAMPFL., Souffr. profess. Delteil, 1855, p. 132). Un fouillis de verdure noire tout à coup murait l'avenue, en faisait une impasse de broussailles et de lianes, où le chemin tournait (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 180).
D.— Au fig. Dérober à tous les regards, soustraire à la vue, isoler de l'influence extérieure. Cette détermination contre laquelle conseils, injonctions, supplications se brisaient, barrait son front, bandait ses yeux et la murait dans son silence (GIDE, Porte étr., 1909, p. 542).
— [P. allus. hist. à une parole de Royer-Collard (1819)] La vie privée doit être murée. ,,Ce qui se passe dans la vie privée ne doit pas être livré à la publicité`` (Ac. 1878, 1935). Personne plus que moi ne tient que la vie privée des citoyens doit être murée; ce n'est qu'à cette condition que nous pouvons être dignes de la liberté de la presse (STENDHAL, Racine et Shakespeare, t. 1, 1825, p. 155). La France mure la vie privée (HUGO, Rhin, 1842, p. 468).
— Emploi pronom. S'isoler dans sa maison en refusant la communication avec autrui. Synon. se cloîtrer. Se murer chez soi. Ils se murèrent du monde, ils condamnèrent leur porte, ils n'acceptèrent plus aucune invitation (ROLLAND, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1143).
♦ Se murer dans (tel état d'esprit, tel sentiment). Elle se murait dans l'orgueil (HUGO, Homme qui rit, t. 1, 1869, p. 192). J'ai vécu, je vis encore, m'attendant chaque jour à votre lassitude et à votre oubli, et le silence où vous vous murez, depuis deux mois, me confirme dans cette crainte (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1000). V. concupiscence ex. 2.
Emploi abs. Un subtil orgueil, une intuition des sentiments d'autrui l'avaient fait se buter, se murer (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 259).
Emploi part. passé. Je cessai de regarder Arlette, toujours murée dans son silence (ESTAUNIÉ, Solitudes, 1917, p. 161). Aujourd'hui elle est bien recluse, murée en elle-même, indifférente à tout, étrangère partout (CHARDONNE, Chant Bienh., 1927, p. 60).
Prononc. et Orth. :[], (il) mure []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1174-87 « fermer, condamner par un ouvrage de maçonnerie » (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 4866); ca 1210 (ROBERT DE CLARY, Conquête de Constantinople, éd. Ph. Lauer, 75, p. 75, 13); 2e moitié XVIIe s., fig. (BOSSUET, 4e sermon, 1er dim. de carême, 2 ds LITTRÉ : l'inclination nous enchaîne et nous jette dans une prison; l'habitude nous y enferme, et mure la porte sur nous pour ne nous laisser aucune sortie); 2. ca 1180 « entourer de remparts » murer une ville (ALEXANDRE DE PARIS, Alexandre, éd. E. C. Armstrong, I, 2657); fig. ca 1263 « s'enfermer comme dans des murs, se protéger » (RUTEBEUF, Bataille des Vices contre les Vertus, 124 ds Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 1, p. 309 : Li sages hom se doit murer Et garnir por crieme d'assaut); 1829 (BOISTE : murer, dérober à tous les regards). Dér. de mur; dés. -er; cf. le b. lat. murare « entourer de murs ». Fréq. abs. littér. :105.
DÉR. Murage, subst. masc., Action de murer; résultat de cette action. Murage d'une porte, d'une fenêtre (ROB., Lar. Lang. fr., Lexis 1975). — []. — 1res attest. a) Ca 1225 « ensemble de murs, muraille, enceinte » (Huon de Bordeaux, éd. P. Ruelle, 13), seulement au XIIIe et XIVe s., b) ) 1829 « état de ce qui est enclos de murs, de ce qui est muré » (BOISTE, 1836 (Ac. Suppl.)), ) 1868 « action de murer » (Lar. 19e); a dér. de mur, b dér. de murer, suff. -age; cf. le lat. médiév. muragium « corvée pour la réparation des murs d'une ville ou d'un château » (XIIe s. ds Nov. gloss.), d'où l'a. fr. murage (1299 ds GDF.).
murer [myʀe] v. tr.
ÉTYM. V. 1175, murer quelqu'un; de mur.
❖
1 (Fin XIIe). Entourer de murs. ⇒ Emmurer. || Murer une propriété, une ville.
♦ Par ext. || Remparts qui murent une ville. — Allus. hist. || Le mur murant Paris rend Paris murmurant, vers d'un auteur inconnu exprimant le mécontentement des Parisiens lorsque Calonne, ministre de Louis XVI, fit construire en 1785 un mur d'enceinte pour faciliter la répression des fraudes.
2 (V. 1216). Fermer, clore par un mur, une maçonnerie. || Murer une porte, une fenêtre, une lucarne (cit. 3), une issue, une galerie de mine… ⇒ Aveugler, boucher, condamner; murage. Par ext. || Murer une chambre, en murer les issues.
1 (…) à l'exception d'une seule, les fenêtres, en ogive, avaient été murées avec des briques.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XVIII.
2 (…) je découvris bientôt une bonne quantité de moellons et de mortier. Avec ces matériaux, et à l'aide de ma truelle, je commençai activement à murer l'entrée de la niche.
Baudelaire, Trad. E. Poe, Histoires extraordinaires, « Barrique d'Amontillado ».
3 Enfermer dans un endroit dont on bouche les issues par une maçonnerie. ⇒ Emmurer. || Murer quelqu'un pour le faire périr. || Murer un cadavre qu'on veut dissimuler. — Par ext. (Sujet n. de chose). || Un éboulement a muré les mineurs au fond.
3 Je ne doutais pas qu'il ne me fût facile de déplacer les briques à cet endroit, d'y introduire le corps, et de murer le tout de la même manière, de sorte qu'aucun œil ne pût rien découvrir de suspect.
Baudelaire, Trad. E. Poe, Histoires extraordinaires, « Le chat noir ».
4 (…) il éprouvait ce soir contre son frère une prévention instinctive, qui ne s'exprimait pas, mais qui le murait dans une sorte de silence, bien que la conversation entre eux fût amicale autant qu'à l'ordinaire.
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 200.
——————
se murer v. pron.
5 Il se mura chez lui. Ses volets restaient clos, tout le jour, pour ne pas voir les fenêtres de la maison d'en face.
R. Rolland, Jean-Christophe, L'adolescent, II, p. 310.
6 (…) puis il se mure dans la solitude et le silence pour écouter parler l'esprit.
Édouard Herriot, la Vie de Beethoven, p. 259.
——————
muré, ée p. p. adj.
1 Entouré de murs. || Les villes murées du moyen âge (→ Franchise, cit. 2).
7 On porta le vieillard au prochain cimetière,
Enclos désert, muré d'un mur croulant.
Hugo, la Légende des siècles, LVII, « Petit Paul ».
8 Dans cette ville murée, où je pénètre aujourd'hui beaucoup plus avant que la première fois (…)
Loti, l'Inde (sans les Anglais), III, VII.
2 Fermé, scellé par une maçonnerie. || Fenêtre, cheminée murée. — Fig. Fermé.
9 Leurs oreilles sont murées à ces merveilleux échos, à ces prolongements sublimes !
Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels, « L'inconnue ».
3 a Enfermé, par une maçonnerie ou autrement. ⇒ Emmuré. || Être muré vivant dans sa tombe (→ 1. Enfermer, cit. 3). || Mineurs murés au fond (→ Malheureux, cit. 14).
b (Abstrait). Qui est, qui s'est enfermé, isolé. || Muré dans son orgueil. || Cloîtré et comme muré dans ses livres (→ Avide, cit. 14). || L'homme le plus muré subit des influences (cit. 5).
10 Muré en lui-même, séparé du reste des hommes, il n'avait de consolation qu'en la nature.
R. Rolland, Vie de Beethoven, p. 52.
11 Il persiste souvent chez lui (l'aliéné) malgré les apparences, une personnalité profonde, étouffée, muette, mais qui sent et souffre, ainsi qu'une conscience morale plus ou moins murée, mais qui brille parfois soudain au milieu des ruines de l'intelligence.
H. Baruk, Psychoses et Névroses, p. 109.
4 Métaphore. Allus. hist. || « La vie privée doit être murée », mot de Royer-Collard défendant un article de loi qui interdisait la preuve des faits diffamatoires (1819). → « Le mur de la vie privée ».
❖
CONTR. Démurer.
DÉR. Murage.
Encyclopédie Universelle. 2012.