mutiner (se) [ mytine ] v. pron. <conjug. : 1> ♦ Se dresser contre une autorité établie, se porter à la révolte avec violence. ⇒ se rebeller, se révolter. Prisonniers qui se mutinent contre leurs gardiens (⇒ mutin, mutiné) .
mutiner (se)
v. Pron. Refuser d'obéir au pouvoir hiérarchique; se révolter. Les soldats se sont mutinés et se sont emparés de la ville.
⇒MUTINER, verbe trans.
A. — Emploi trans., vieilli. Mutiner qqn. Inciter quelqu'un à la désobéissance, à l'indiscipline, à la révolte contre une autorité, une contrainte. Faut-il que ce héros, en mutinant l'armée, Aille risquer sa vie avec sa renommée? (MORÉAS, Iphigénie, 1900, V, 2, p.151).
B. — Emploi pronom. réfl. Qqn se mutine
1. Vx. S'emporter, s'exaspérer, s'irriter contre quelqu'un/quelque chose. Un homme est blessé personnellement: il s'irrite soit contre la règle, soit contre celui qui applique la règle; alors il injurie, se mutine, se sépare (LAMENNAIS ds L'Avenir, 19 avr. 1831, p.287). Voyons, marquis (...). Vous aurez beau vous mutiner, vous ne changerez rien aux faits accomplis (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p.146).
2. [Dans un cont. milit. et mar., de guerre civile, d'univers carcéral] Se dresser avec violence contre une autorité établie. Synon. rebeller (se), révolter (se), soulever (se). Les Bretons commencèrent à se mutiner et voulaient piller la ville (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.1, 1821-24, p.269). Les matelots espagnols qui accompagnaient Christophe Colomb se mutinèrent plusieurs fois, jusqu'à le menacer de mort s'il ne donnait pas l'ordre du retour (BLOY, Journal, 1892, p.236):
• ♦ Les ports de guerre et les garnisons se mutinèrent successivement (...). En août 1790, il [Lafayette] voulut en finir; la garnison de Nancy s'étant révoltée, il soutint son cousin, le marquis de Bouillé, qui la soumit de haute lutte, fit exécuter quelques insurgés et envoyer aux galères 41 Suisses de Châteauvieux.
LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p.162.
— [Parfois avec ell. du pron. réfl.] Cet ordre rigoureux fit mutiner le peuple (Ac.; dict. XIXe s.).
REM. Mutiné, -ée, adj. a) [En parlant d'une pers.] Qui se dresse avec violence contre une autorité établie. Synon. insoumis, révolté. Des partis mutinés je fis taire la voix, Moins par les châtiments que par de justes lois (LEGOUVÉ, Mort Henri IV, 1806, 5, 3, p.423). Un haut-parleur criait:Les troupes mutinées marchent sur le centre de Barcelone (MALRAUX, Espoir, 1937, p.444). [P. méton.] La rébellion de son coeur mutiné ne se manifestait par aucun acte, aucune parole, aucune infraction à la discipline (E. DE GONCOURT, Élisa, 1877, p.185). b) Au fig., poét. [En parlant des éléments naturels] Agité, furieux, déchaîné, impétueux. Vieux sapin dont les vents mutinés Battent la tête chauve et les flancs décharnés (BAOUR-LORMIAN, Ossian, 1827, p.80). Il n'est pas un flot, si mutiné qu'il soit (...), dont la puissante gerbe ne s'efface sous la masse des eaux (BALZAC, Splend. et mis., 1847, p.505).
Prononc. et Orth.:[mytine], (il) mutine [mytin]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1396 «se révolter contre une autorité» soi meutiner (Récit d'un Bourgeois de Valenciennes, éd. Kervyn de Lettenhove, p.90); d'où 1577 «s'irriter, s'exaspérer» (R. BELLEAU, Œuvres, II, 392, Reconnue, II, 4 ds IGLF); 2. 1485 «rendre mutin» (Mist. Viel Testament, XXX, 25921, III, 375, ibid.: Faisons le peuple mutiner Encontre eulx). Dér. de mutin; dés. -er. Fréq. abs. littér.:17.
mutiner [mytine] v. tr.
ÉTYM. XIVe, meutiner, pron.; de mutin, I.
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♦ V. tr. (XVIe). Vx. Inciter à la désobéissance, à la révolte. — Poét. Déchaîner, irriter.
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se mutiner v. pron.
1 Mod. Se dresser contre une autorité, se porter à la révolte avec violence. ⇒ Rebeller (se), révolter (se). || Prisonniers qui se mutinent contre leurs gardiens. — (Avec ellipse de se). || Cet ordre rigoureux fit mutiner le peuple (Académie). ⇒ Ameuter (s').
2 (1580). Vx. S'exaspérer, s'irriter (→ Autant, cit. 57). — Vieilli. Résister avec opiniâtreté à une contrainte. ⇒ Regimber.
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mutiné, ée p. p. adj.
1 Vx. Exaspéré, irrité. — En révolte.
1 D'enchaîner un captif de ses fers étonné,
Contre un joug qui lui plaît vainement mutiné (…)
Racine, Phèdre, II, 1.
♦ Poét. || Les flots mutinés, déchaînés.
2 Ouvre aux vents mutinés les prisons d'Éolie (…)
Boileau, l'Art poétique, III.
2 Mod. Rebellé, révolté. || Les marins mutinés du Potemkine.
3 Le cuirassé Kniaz Potemkine hisse le drapeau noir. Il bombarde immédiatement de ses grosses pièces les forteresses qui n'ont pas adhéré au complot. Il lâche également quelques volées d'obus sur l'Esplanade, où les troupes sont rassemblées. Les forteresses mutinées bombardent les unités de la flotte qui ne hissent pas le drapeau noir au premier coup de semonce.
B. Cendrars, Moravagine, Œ. compl., t. IV, p. 154.
♦ Subst. || Les mutinés. ⇒ Mutin.
Encyclopédie Universelle. 2012.