ostrogoth, gothe [ ɔstrɔgo; ostrogo, gɔt ] n. et adj.
• XIXe; ostrogot 1668 fig.; bas lat. ostrogothus, n. d'une tribu des Goths, du germ. ost « est » et goth
1 ♦ Hist. Habitant de la partie orientale des territoires occupés par les Goths. Les Ostrogoths et les Wisigoths.
2 ♦ Fig., vieilli Être malappris, ignorant et bourru. ⇒ sauvage. Quel ostrogoth !
♢ Personnage extravagant. « Comment s'appelle-t-il, cet ostrogoth-là ? » (Proust).
● ostrogoth nom masculin Homme qui ignore les bienséances, la politesse. ● ostrogoth (expressions) nom masculin Familier. Un drôle d'ostrogoth, un individu bizarre. ● ostrogoth (synonymes) nom masculin Homme qui ignore les bienséances, la politesse.
Synonymes :
- butor
- énergumène
- malotru
- mufle (familier)
- pignouf (populaire)
● ostrogoth, ostrogothe ou ostrogothique
adjectif
(bas latin Ostrogothus)
Relatif aux Ostrogoths.
● ostrogoth, ostrogothe ou ostrogothique (difficultés)
adjectif
(bas latin Ostrogothus)
Prononciation et orthographe
[&ph99;&ph103;&ph104;ʀ&ph99;&ph91;&ph99;], comme pour rimer avec logo, on ne prononce pas le -th final.Remarque Ce mot d'origine germanique s'écrit également ostrogot, mais cette graphie est rare.
A. —HIST., le plus souvent au masc. plur. Membre d'une peuplade de la Germanie ancienne, établie sur la partie orientale du territoire occupé par les Goths. C'est en Ukraine que les Gots subirent deux transformations d'une importance capitale. D'une part, ils s'y divisèrent en deux rameaux, appelés à partir du IVe siècle Ostrogots et Visigots (ce qui signifie peut-être les «Gots de l'Est» et les «Gots de l'Ouest») (Encyclop. univ. t.9 1971, p.49):
• 1. ... c'est cette Méditerranée qui, au temps des invasions, a attiré les Barbares. Vers elle, ils se sont rués (...): Vandales en Afrique mineure, Wisigoths en Aquitaine et en Espagne, Ostrogoths en Italie, Burgondes dans les terres rhodaniennes.
L. FEBVRE, H. Pirenne, [1920] ds Combats, 1953, p.359.
— Empl. adj. Relatif à cette peuplade. Quant aux deux civilisations ostrogothes et visigothes, elles sont si bien la prolongation immédiate de la civilisation romaine qu'elles ajoutèrent un chapitre important, quoique peu original, à l'histoire des littératures classiques (RENAN, Avenir sc., 1890, p.391).
B. —P. anal., fam.
1. Personne étrangère aux usages, à la bienséance, à certains aspects de la culture. Synon. ignorant, rustre. —Puis le tableau de Biard (...) —belle composition! coloris, expression, groupes, variété d'attitudes, cela paraît très beau à un Ostrogoth comme moi qui n'ai pas la moindre appréciation des Beaux-Arts (BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1838, p.213).
2. P. ext. Personnage extravagant, bizarre. Un drôle d'ostrogoth. Comme il s'approchait du lit, la vieille lui jeta quelques injures. —Galopin, ostrogoth! C'est maintenant que tu viens me voir? (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p.271):
• 2. REYNOLD (à son père): Je ne me distrairai pas. BARGÉ: Et moi, je veux que tu t'amuses. Qui est-ce qui m'a bâti un ostrogoth pareil! REYNOLD: Parbleu! c'est toi...
AUGIER, Mme Caverlet, 1876, p.493.
REM. Ostrogothique, adj., rare. Barbare; sauvage. Il n'y avait dans ce salon [celui de Mme de Carvajal] que quatre ou cinq figures ostrogothiques (...) et deux ou trois fils de famille (SAND, Indiana, 1832, p.57). On ne se fait aucune idée, quand on ne l'a pas lue [la Margrave de Bareith], de la grossièreté gothique et ostrogothique qu'elle nous démasque dans son entourage (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t.12, 1856, p.397).
Prononc. et Orth.:[], fém. [-]. Ac. dep. 1694: ostrogot; v. aussi LITTRÉ, DG; mais ROB. et Lar. Lang. fr.: -goth ou got. Prop. CATACH-GOLF. Orth. Lexicogr. 1971, p.208: -got. Étymol. et Hist. 1. 1534 subst. «habitant de la partie orientale des territoires occupés par les Goths» (RABELAIS, Gargantua, LII, éd. R. Calder et M. A. Screech, p.289); 2. 1669 ostrogote fém. «personne mal élevée, ignorante et bourrue» (Th. CORNEILLE, Le Baron d'Albikrac, I, 3 ds LITTRÉ); 1690 ostrogot masc. (FUR.). Empr. au b. lat. Austrogoti (ca 300, TREBELLIUS POLLIO, Claudius, 6, 2 ds Scriptores Historiae Augustae, éd. E. Hohl, t.2, p.138, 5), Ostrogothi (ca 400, CLAUDIEN ds M. SCHÖNFELD, Wörterbuch der altgermanischen Personen- und Völkernamen, p.38), Ostrogothae (VIe s., JORDANES ds M. SCHÖNFELD, loc. cit.), comp. de Gothi, Gothae «Goths» et d'un élém. représentant prob. le sanscrit usra- «brillant», rapproché par étymol. pop. du germ. ost- «est», qui correspondait au lieu d'habitation des Ostrogoths (M. SCHÖNFELD, loc. cit., s.v. Austrogoti; FEIST, p.381). Fréq. abs. littér.:11.
ostrogoth, -gothe ou ostrogot, -gote [ɔstʀɔgo, gɔt] n. et adj.
ÉTYM. XIXe, Ostrogoth; ostrogot, 1668 au fig.; bas lat. ostrogothus, nom d'une tribu des Goths, du germanique ost « est », et goth.
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1 (1690). Hist. Habitant de la partie est des territoires occupés par les Goths.
2 Fig. a Vx. Homme malappris, ignorant et bourru. ⇒ Sauvage. || Quel ostrogoth ! || C'est une véritable ostrogothe.
0.1 Ça va mal ! si je le laisse faire (…) cet ostrogoth est capable d'épouser ma fille ! (…) il marche, il s'avance sur Isménie (…) comme autrefois les barbares sur l'Empire romain !
E. Labiche, Mon Isménie, 12, in Th. compl., t. III.
1 Tant mieux, qu'elle (Mlle d'Hamilton) ait refusé les ostrogoths dont tu viens de parler. Si elle en avait voulu, je n'en voudrais pas, quoique je l'aime à la folie.
Antoine Hamilton, Mémoires du comte de Gramont, VII.
1.1 Comment s'appelle-t-il, cet ostrogoth-là ? me demanda Albertine. Je ne sais pas pourquoi il me salue puisqu'il ne me connaît pas. Aussi je ne lui ai pas rendu son salut.
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Folio, p. 544.
3 Vx. Grossier. ⇒ Barbare. || Un poème, un style ostrogoth. — REM. On a dit aussi ostrogothique. || « Figures ostrogothiques » (G. Sand).
2 Je me mis d'abord à la méthode latine de Port-Royal, mais sans fruit. Ces vers ostrogoths me faisaient mal au cœur, ils ne pouvaient entrer dans mon oreille.
Rousseau, les Confessions, VI.
Encyclopédie Universelle. 2012.