malotru, ue [ malɔtry ] n.
• fin XVIe; malostruz « malheureux » XIIe; de malastru, lat. pop. male astrucus « né sous une mauvaise étoile »
♦ Personne sans éducation, de manières grossières. ⇒ butor, fam. gougnafier, goujat, mufle, rustre. Des façons de malotru. « En voilà encore un malotru ! [...] Il m'invite à dîner et il part en perm' ! » (Henriot).
● malotru, malotrue nom (latin populaire male astrucus, né sous un mauvais astre) Personne qui manque d'éducation, qui a des manières grossières ; goujat. ● malotru, malotrue (synonymes) nom (latin populaire male astrucus, né sous un mauvais astre) Personne qui manque d'éducation, qui a des manières grossières ; goujat.
Synonymes :
- butor
- goujat
- mufle
- pignouf (populaire)
- rustre
malotru, ue
n. Personne qui a des manières grossières.
⇒MALOTRU, -UE, subst. et adj.
I.— Subst. Personne aux mœurs et aux manières grossières. Le malotru avait assaisonné son pain sec avec onze oignons uniques (DU CAMP, Hollande, 1859, p. 102). Les fouaciers ne répondirent que par des injures, donnant aux bergers plusieurs épithètes diffamatoires, et les appelant rustres, brèche-dents et malotrus (A. FRANCE, Rabelais, 1909, p. 53) :
• Car, selon le code de Françoise tel qu'il est illustré dans les bas-reliefs de Saint-André-des-Champs, souhaiter la mort d'un ennemi, la lui donner même n'est pas défendu, mais il est horrible de ne pas faire ce qui se doit, de ne pas rendre une politesse, de ne pas faire ses adieux avant de partir, comme une vraie malotrue, à une gouvernante d'étage.
PROUST, Prisonn., 1922, p. 16.
II.— Adj. Grossier. Cet échange de sexe entre miss Urania et lui, l'avait exalté; nous sommes voués l'un à l'autre, assurait-il; à cette subite admiration de la force brutale jusqu'alors exécrée, se joignit enfin l'exorbitant attrait de la boue, de la basse prostitution heureuse de payer cher les tendresses malotrues d'un souteneur (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 139).
Prononc. et Orth. :[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1175 adj. « malheureux » chaitis, dolenz e malostruz (BENOÎT DE STE-MAURE, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 29457); 1534 subst. (RABELAIS, Gargantua, éd. R. Calder, XXXV, ligne 32, p. 214); 2. ca 1200 adj. « grossier, balourd » li cuvers malostruz (Aliscans, éd. E. Wienbeck, W. Hartnacke, P. Rasch, 5914); 3. 1210 adj. « qui est mal bâti, physiquement disgrâcié » singe... laid e malostru (GUILLAUME LE CLERC, Le Bestiaire, éd. R. Reinsch, 1931); 1580 subst. (MONTAIGNE, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, II, VIII, 399). Altération peu claire de malastru — la transformation de -a- en -o- restant inexpliquée — d'un lat. pop. male astrucus proprement « né sous une mauvaise étoile » formé sur le b. lat. astrosus de même sens, avec substitution de suff., lui-même de astrum « astre » (la forme malastru, ca 1380, JEH. DES PRES ds GDF. est une forme second. qui ne continue pas la forme ant. à malostru); cf. a. esp. astrugo, a. prov. astruc et benastruc « né sous une bonne étoile », malostruc « malheureux ». Le suff. -ucus forme quelques adj. assez isolés et est prob. tiré de caducus, bien que ce dernier soit dér. d'une racine verbale; on a ainsi caducus « qui tombe, enclin à tomber », fiducus « très ou trop sûr de soi » d'où « en danger de tomber » (que laisse entrevoir fiducia « confiance ») et ostrucus « voué à un destin cruel » (cf. J. MALKIEL ds Mél. Imbs (P.), pp. 185-189). Fréq. abs. littér. :46. Bbg. MALKIEL (Y.). Anc. fr. faü, feü, malotru. [Mél. Imbs (P.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1973, t. 11, pp. 177-189. — MAHN. Über die provenzalische Sprache... Arch. St. n. Spr. 1876, t. 55, p. 85.
malotru, ue [malɔtʀy] adj. et n.
ÉTYM. V. 1160, malostruz; p.-ê. de malastru, lat. pop. male astrucus « né sous un mauvais astre ». Cf. provençal astruc, benastruc « heureux, né sous une bonne étoile »; ou (P. Guiraud) de mal et ostruz, du lat. obstructus « obstrué ».
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1 Adj. et n. Vx. « Terme populaire qui se dit des gens mal faits, mal bâtis et incommodés, soit en leur personne, soit en leur fortune » (Furetière).
1 Celle-ci fit un choix qu'on n'aurait jamais cru,
Se trouvant à la fin tout aise et tout heureuse
De rencontrer un malotru.
La Fontaine, Fables, VII, 5.
2 N. (Fin XVIe). Mod. Personne sans éducation, de tournure et de manières grossières. ⇒ Élevé (mal), goujat, grossier, huron (vx), mufle, rustre… || Des façons de malotru (→ Gentillesse, cit. 8). || En voilà un malotru ! || Une société de malotrus et de mufles (→ Littérature, cit. 22).
2 — En voilà encore un malotru ! dit-elle en mettant les poings sur les hanches, d'un air indigné. Il m'invite à dîner, et il part en perm' ! Et il y a une heure que je l'attends !
Émile Henriot, la Rose de Bratislava, II.
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CONTR. Distingué, galant (homme), gentleman, poli.
Encyclopédie Universelle. 2012.