outrager [ utraʒe ] v. tr. <conjug. : 3>
• 1478; de outrage
1 ♦ Offenser gravement par un outrage (actes ou paroles). ⇒ bafouer, injurier, insulter, offenser. « Une femme outragée dans son honneur, c'est-à-dire dans ce qu'elle a de plus précieux » (Stendhal). « Une princesse parjure [...] a outragé les dieux de ses pères ! » (Gautier).
2 ♦ Vieilli Contrevenir gravement à (qqch.). Outrager les bonnes mœurs, la morale.
● outrager verbe transitif Faire outrage à quelqu'un ; insulter, injurier : Outrager un fonctionnaire. Littéraire. Porter atteinte à quelque chose, y contrevenir gravement ; bafouer : Outrager le bon sens. ● outrager (difficultés) verbe transitif Conjugaison Le g devient -ge- devant a et o : j'outrage, nous outrageons ; il outragea. ● outrager (expressions) verbe transitif Littéraire. Outrager une femme, la violer. ● outrager (synonymes) verbe transitif Faire outrage à quelqu'un ; insulter, injurier
Synonymes :
- bafouer
- faire affront
- injurier
- insulter
- offenser
Littéraire. Porter atteinte à quelque chose, y contrevenir gravement ; bafouer
Synonymes :
- bafouer
Contraires :
outrager
v. tr.
d1./d Offenser gravement (qqn) par un outrage.
d2./d Porter atteinte à (qqch). Outrager la morale, le bon sens.
⇒OUTRAGER, verbe trans.
A. —1. [Le suj. désigne une pers., un acte, des propos; le compl. désigne une pers.] Offenser, injurier gravement. Synon. faire outrage à, insulter. Vous avez injurié, outragé un agent dans l'exercice de ses fonctions. Vous l'avez traité de v... (A. FRANCE, Crainquebille, 1905, 2e tabl.):
• 1. Placé comme tu l'es, riche, de bonne famille, aller songer à une créature sans nom et sans fortune... On peut avoir avec de telles personnes une liaison, mais on ne les épouse pas. Ce propos de mon parrain, qui me semblait outrager la jeune fille dont la timide pudeur m'avait surtout ému, me mit hors de moi.
TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.299.
♦Empl. passif. Dans la révolution française, le peuple a constamment été enchaîné, outragé, ruiné, mutilé par toutes les factions (J. DE MAISTRE, Consid. sur Fr., 1796, p.117). Le colonel a été gravement outragé par un de ses inférieurs qui l'accuse de s'être vendu pour soustraire à la justice du pays un traître (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p.28).
♦Empl. abs. La vie outrage et sépare (ARNOUX, Calendr. Fl., 1946, p.178):
• 2. ... pour adorer ce qu'on vient de maudire et caresser ce qu'on a brisé, il faut une rare puissance. J'ai vu cent fois ma mère outrager jusqu'au sang, et puis tout à coup reconnaître qu'elle allait trop loin, fondre en larmes et relever jusqu'à l'adoration ce qu'elle avait injustement foulé aux pieds.
SAND, Hist.vie, t.2, 1855, p.247.
♦Empl. pronom. réciproque. Cavaignac, Boisdeffre et Brisson nous paraissent victimes de sentiments misérables, mais pourquoi les haïr? Pourquoi s'exécrer, s'outrager, se couper mutuellement la tête, comme le veut cet horrible moine qui prétend dire la parole de bonté? (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p.24).
— Outrager qqn dans + subst. (désignant un sentiment). Outrager qqn dans sa dignité, dans son honneur. Tout ce qui peut outrager un homme dans son orgueil, dans sa tendresse et dans ses sentiments les plus chers, je le dis au roi des montagnes (ABOUT, Roi mont., 1857, p.234).
— Outrager qqc. de qqn. Outrager la mémoire de qqn. N'outrageons point la réputation de finesse cauteleuse de cet homme célèbre (STENDHAL, L. Leuwen, t.3, 1835, p.266).
2. En partic., rare. [Le compl. désigne une pers. du sexe fém.] Avoir des relations sexuelles avec une femme généralement contre son gré. Synon. violer. La Jimbre, en chantant, offrait son corps aux trois amants qui l'outrageaient d'une manière superficielle, à cause de leur grand âge (AYMÉ, Rue sans nom, 1930, p.231).
B. — 1. Contrevenir gravement, porter atteinte à ce qui est traditionnellement respecté. Outrager le bon sens, la justice, les moeurs, la morale, la raison, la religion, la vérité. Les femmes (...) ayant quitté par degrés les corps ferrés et baleinés, elles outragent la nature jusqu'à pouvoir respirer et manger quoique habillées (SENANCOUR, Obermann, t.2, 1840, p.25). Je fais remarquer aux honorables membres qui m'interrompent en ce moment qu'ils outragent deux libertés à la fois, la liberté de la presse, que je défends, et la liberté de la tribune, que j'invoque (HUGO, Actes et par. 1, 1875, p.243). Les gens de Venise supplièrent Moore de faire de la morale à Byron, qui outrageait le code local en vivant avec sa maîtresse (MAUROIS, Byron, t.2, 1930, p.171).
— Empl. passif. Quoiqu'il y ait dans cette histoire [de Port-Royal] moins de fautes de français que dans Volupté, où elles fourmillent, la langue y est tout aussi constamment outragée (BALZAC, OEuvres div., t.3, 1840, p.309).
2. Littér., rare. Porter atteinte, endommager. Quoique le comte d'Hérouville eût à peine cinquante ans, au premier abord on pouvait lui en donner soixante, tant les fatigues de la guerre, sans altérer sa constitution robuste, avaient outragé sa physionomie; mais il se souciait fort peu de passer pour un mignon (BALZAC, Enf. maudit, 1831-36, p.339).
— En partic. Faire subir les atteintes de l'âge:
• 3. Le temps n'outrage que l'homme: quand les rochers s'écroulent, quand les montagnes s'abîment dans les vallées, la terre change seulement de face; un aspect nouveau excite dans notre esprit de nouvelles pensées, et la force vivifiante subit une métamorphose, mais non un dépérissement...
STAËL, Allemagne, t.5, 1810, p.184.
Prononc. et Orth.:[], (il) outrage []. Att.ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Verbe trans. et part. passé 1. XIVe s. «blesser (quelqu'un)» (Arch. Nord B 1719, fol. 40 ds IGLF : Ce veant, le dit suppliant ... pour soy revengher seulement qu'il ne feust oultraigié a mort par icelui Troisolz, lui lancea ung espieu qu'il portoit en sorte qu'il le actaindit au ventre); 2. ca 1485 «offencer gravement» (Myst. du V. Testament, éd. J. de Rothschild, 47662); 3. 1604 littér. «porter atteinte à» (MONTCHRESTIEN, Hector, III ds Tragédies, éd. L. Petit de Julleville, p.31); 4. 1922 air outragé (COLETTE, Mais. Cl., p.260); B. Part. prés. 1579 [éd.] «humiliant» (R. GARNIER, La Troade, acte I, f° 6 v°). Dér. de outrage; dés. -er. Fréq. abs. littér.:340. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 817, b) 476; XXe s.: a) 621, b) 123.
outrager [utʀaʒe] v. tr. [CONJUG. bouger.]
ÉTYM. V. 1460; de outrage.
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♦ Littér. ou style soutenu.
1 Offenser gravement (qqn) par un outrage en actes ou en paroles. ⇒ Outrage (faire outrage à); bafouer, cracher (sur), déchirer, injurier, insulter, offenser. || Outrager qqn. || Outrager ses parents. || Outrager la Divinité (cit. 4), les dieux (→ Enfreindre, cit. 3). || Outrager les talents (→ Égard, cit. 14), les hommes célèbres (→ Insulte, cit. 4). || Outrager qqn dans son honneur (cit. 20). — (Sujet n. de chose). || L'aveu de vos sentiments m'outrage. ⇒ Offenser (cit. 6).
1 (…) si j'ai de l'un de vous
Mal parlé, qu'il se lève, ô peuple, et devant tous
Qu'il m'insulte et m'outrage avant que je m'échappe (…)
Hugo, la Légende des siècles, IX, « An Neuf de l'Hégire. »
2 Spécialt. (Vx). || Outrager une femme, lui faire violence. ⇒ Violer.
2 Il éprouvait la souffrance atroce d'un homme qui, garrotté, verrait outrager devant lui la femme qu'il aime (…)
Alphonse Daudet, Sapho, IV.
3 Fig. Contrevenir gravement à (qqch.). || Outrager l'honneur de qqn (→ Insulter, cit. 5). || Outrager les bonnes mœurs, la morale, l'hospitalité (→ Généreusement, cit. 1). — Vieilli. || Outrager la raison, la vérité, le bon sens, la grammaire.
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DÉR. Outragé, outrageant.
Encyclopédie Universelle. 2012.