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violer

violer [ vjɔle ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1080 sens 2; lat. violare
1Agir contre, porter atteinte à (ce qu'on doit respecter), faire violence à... Violer les lois, la Constitution. enfreindre, transgresser. « Peut violer enfin les droits les plus sacrés » (Racine). profaner. Violer des règles, des principes. braver. Violer ses promesses, un serment, ne pas les respecter. Violer un secret, le révéler ( trahir) . Violer un traité, ne pas en respecter les clauses.
2Ouvrir, pénétrer dans (un lieu sacré ou protégé par la loi). Violer une sépulture, un lieu de culte. profaner; violation. Par ext. Violer le domicile, la porte de qqn, pénétrer de force chez lui. « En vertu de quel droit violez-vous ainsi mon domicile ? » (Balzac). Violer les consciences, pénétrer dans leur secret ou leur imposer certaines idées, contre leur volonté ( viol) .
3(v. 1170) Violer qqn, se dit d'un homme qui se livre à un viol. Les soldats violaient les filles. abuser (de). Violer un garçon. Enfants enlevés, violés et assassinés.
⊗ CONTR. Consacrer, observer, respecter; inviolé.

violer verbe transitif (latin violare) Commettre un viol sur la personne de quelqu'un. Transgresser volontairement une loi, une règle, etc. Ouvrir quelque chose ou pénétrer dans un lieu, de force : Violer un coffre-fort. Familier. Obliger quelqu'un à faire quelque chose en le poussant dans ses derniers retranchements. ● violer (expressions) verbe transitif (latin violare) Violer les consciences, leur imposer une idéologie, des idées contre leur volonté. Violer le secret d'une correspondance, en prendre connaissance indûment. ● violer (homonymes) verbe transitif (latin violare) violet nom masculinvioler (synonymes) verbe transitif (latin violare) Commettre un viol sur la personne de quelqu'un.
Synonymes :
- violenter
Transgresser volontairement une loi, une règle, etc.
Synonymes :
- contrevenir
- enfreindre
- manquer à
- trahir
- transgresser

violer
v. tr.
d1./d Enfreindre, agir contre. Violer la loi.
Violer un engagement, ne pas le respecter.
Violer un secret, le trahir.
d2./d Pénétrer (dans un lieu sacré ou interdit); profaner. Violer un sanctuaire, une sépulture.
Violer les consciences, forcer leur secret, les amener de force à certaines idées.
d3./d Faire subir un viol (sens 1) à. Violer une femme, un enfant.

⇒VIOLER, verbe trans.
A. — Violer qqn. Avoir par la force un rapport sexuel avec quelqu'un, sans son consentement. Synon. forcer, outrager, violenter. Un citoyen vient d'être condamné par la cour de Quimper aux travaux forcés pour avoir violé ses trois filles et son fils âgé de seize ans (FLAUB., Corresp., 1875, p. 223). Les adolescents qui trouvent du plaisir à violer les cadavres de belles femmes mortes depuis peu (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 151). Le bruit se répandit que M. de Charlus avait été mis à la porte de chez les Verdurin au moment où il cherchait à violer un jeune musicien (PROUST, Prisonn., 1922, p. 319).
Empl. abs. L'armée impériale, forte de cent mille hommes, fut détruite devant Prague (...). On brûle, on pille, on viole (DU CAMP, Hollande, 1859, p. 236).
Empl. adj. et subst. (Femmes) violées. Cette toute jeune femme venait témoigner pour des milliers d'autres: toutes celles que le viol a marquées à jamais. Deux cents à trois cents victimes chaque année qui comparaissent devant les assises — un chiffre qu'il faut multiplier par cent pour avoir le nombre réel des violées (Le Nouvel Observateur, 24 oct. 1977, p. 61, col. 4).
B. — Violer qqc.
1. [Le compl. d'obj. désigne un inanimé abstr.]
a) Agir en opposition à une loi, à une règle. Synon. contrevenir à, enfreindre, manquer à, transgresser. Violer les commandements, la constitution, la grammaire. Assassins, sacrilèges, Vous violez les loix dans leurs saints privilèges! (LAYA, Ami loix, 1793, V, 3, p. 107). Rien à vous reprocher, mon petit? Si. Réfléchissez un peu. D'abord, vous avez violé la règle du jeu (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 257).
b) Agir à l'encontre de quelque chose que l'on doit respecter. Violer la neutralité, la paix; violer un engagement, les principes, un secret, un serment, un traité, des vœux. Là se trouvaient des choses qu'il y avait jetées, les confiant à la discrétion de son tiroir, mais qu'il n'aurait voulu rendre publiques à aucun prix; ce n'est pas moi, certainement, qui violerai cette réserve en révélant leur contenu (WARCOLLIER, Télépathie, 1921, p. 336).
2. [Le compl. d'obj. désigne un lieu]
a) Ne pas respecter le caractère sacré de quelque chose. Synon. profaner, souiller. Violer une sépulture. Le bonheur n'est pas fait pour nous: téméraire, tu as violé le temple du Seigneur (COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 278). Chez nous, en 1793, on viole le tombeau du roi Dagobert, après avoir brisé sa statue (MORAND, Londres, 1933, p. 217).
Littér. [Le compl. d'obj. désigne un espace vierge, un sanctuaire naturel] Existe-t-il des admirateurs de Guérin, parmi ces hommes dont les moteurs violent le silence des espaces infinis? En descendant d'un avion, qu'aurait pensé Maurice? (MAURIAC, Journal 3, 1940, p. 240).
En partic. Pénétrer militairement de manière illégale dans un pays. Si mon pays avait attaqué l'Allemagne, surpris sa frontière, violé la Belgique... (GIRAUDOUX, Suzanne, 1921, p. 161).
♦ [P. méton. du compl. d'obj.] La nouvelle que les Allemands avaient violé la frontière, avait commencé de courir (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 237).
b) Ouvrir, pénétrer avec effraction. — Ouvrez, ou j'enfonce la porte.En voilà une sévère: nous sommes en plein Congo. Qu'on vienne encore vanter les autorités! voilà de leurs coups; on viole les domiciles des citoyens à une heure après minuit. Es-tu mort, Jérôme?Non, Malvina, mais peu s'en faut, lui dis-je. (...) j'avais à peine prononcé ces mots, que les panneaux de la porte volèrent en éclats (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 143).
P. métaph. À cause de la vaste surface vitrée, l'appartement était littéralement violé par la lumière: il n'y avait pas de persiennes (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1632).
Prononc. et Orth.:[], (il) viole []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1100 « ouvrir, pénétrer dans un lieu sacré ou protégé par la loi » (Roland, éd. J. Bédier, 1524); 1623 violer les tombeaux (J. AUVRAY, Le Banquet des muses, 271); 1739 violer l'asyle d'un couvent (Marquise DU TENCIN, Le Siège de Calais, 28); 1837 violer le domicile (BALZAC, Corresp., p. 326); 2. ca 1155 « agir en opposition à quelque chose; transgresser » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 10063: la trive eüssent violee); 1558 violer la loy (DU BELLAY, Les Regrets, 134, éd. J. Jolliffe, p. 209); 1580 violer des preceptes (R. GARNIER, Antigone, 1822 ds IGLF); 1671 violer le secret de (Le Père D. BOUHOURS, Entretiens Aristide et Eugene, 94); 3. ca 1170 « abuser d'une femme » (Quatre Livres des Rois, éd. E. R. Curtius, p. 82). Empr. au lat. violare « traiter avec violence », « violer », « profaner, outrager », dér. de vis « force, violence ». Fréq. abs. littér.:1 236. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2 340, b) 1 355; XXe s.: a) 2 260, b) 1 169.
DÉR. 1. Violable, adj., rare. Qui peut être violé. a) [Corresp. à supra A] Je restais donc avec lui, Madeleine et trois bonnes, dont une Alsacienne qui ne parle pas un mot de français, et deux jeunes filles du pays, violables à merci (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1914, p. 443). b) [Corresp. à supra B] Cette sépulture des marins n'est plus violable par aucune main humaine (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 369). []. 1re attest. 1380 (ROQUES t. 2, n° 13268); de violer, suff. -able. 2. Violement, subst. masc., vx. a) Synon. de viol (v. ce mot A ). (Dict. XIXe et XXe s.). b) Synon. de violation (ibid.). []. Att. ds Ac. 1694-1878. 1res attest. a) 1316-28 « violation » (Ovide Moralisé, V, 1554, éd. C. De Boer, t. 2, p. 221), b) 1559 « viol » (MARGUERITE DE NAVARRE, Heptameron, 44 ds HUG.), 1704 Trév. note ,,En ce sens on dit plutôt viol``; de violer, suff. -ment2. 3. Violeur, -euse, subst. Personne qui commet ou a commis un viol. a) [Corresp. à supra A] Comment d'homme pieux, il devint soudain satanique, d'homme érudit et placide, violeur de petits enfants, égorgeur de garçons et de filles (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 82). b) [Corresp. à supra B] Sortez d'ici... voleurs d'âmes... Sortez d'ici, violeurs de consciences... Sortez d'ici, crocheteurs de portes des moribonds! (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Marquis de F., 1886, p. 70). [], [-ø:z]. 1res attest. a) 2e moit. XIIe s. violeres « qui fait violence; bourreau » (ADGAR, Le Gracial, éd. P. Kunstmann, p. 252, vers 151), b) ca 1350 id. « qui fait violence à une femme » (JEHAN D'ARKEL, Li Ars d'Amour, II, 95, Petit ds GDF.), c) 1361 « celui qui transgresse quelque chose » (Ordonnances des Rois de France, t. 3, p. 562: violeurs ou trespasseurs de nostre presente sauve-garde), d) fin XIVe s. violeur de moustiers (EUSTACHE DESCHAMPS, Balade de Moralité, éd. De Queux de St Hilaire, t. 1, p. 76); de violer, suff. -eur2.

1. violer [vjɔle] v. tr.
ÉTYM. 1080, in Chanson de Roland, sens 1. et 2.; lat. violare.
1 Agir contre, porter atteinte à (ce qu'on doit respecter), faire violence à… || Violer les lois, la constitution. Contrevenir, déroger (à), désobéir, enfreindre, fausser (vx), transgresser; violateur, violation (→ Immédiat, cit. 4; légal, cit. 3). || Violer les droits les plus sacrés. Profaner (→ Franchir, cit. 14). || Violer des règles, des principes. Blesser, braver, manquer (à), passer (par-dessus…).Vieilli. || Violer sa foi. Abandonner (→ Infidélité, cit. 9). || Violer ses promesses (cit. 1; et → Inconséquent, cit. 3). Parjurer (se).Violer un secret ( Trahir), un serment. || Violer le secret professionnel. || Violer les règles du savoir-vivre, les convenances (cf. Franchir les bornes).Violer un traité, ne pas en respecter les clauses.
1 Ne fait-il des serments que pour les violer ?
Racine, Iphigénie, V, 2.
2 Une discussion très grave eut lieu pour savoir si l'on violerait le secret des lettres, si l'on ouvrirait cette correspondance suspecte, adressée à un prince qui, par sa fuite précipitée, se déclarait ennemi.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., II, IV.
3 L'histoire de George Sand est celle d'une femme qui (…) ayant violé toutes les conventions, tant dans sa vie privée que dans sa vie publique, s'imposa pourtant au respect de tous par le génie, le travail et le courage.
A. Maurois, Lélia…, I, A. Dupin.
2 (1080). Agir de force sur (qqch. ou qqn) de manière à enfreindre le respect qui lui est dû. || Violer une sépulture. Profaner. || Violer le lieu d'un culte, un sanctuaire. Souiller.Violer les domiciles (→ Suspect, cit. 5).Littér. || Violer la porte de qqn, pénétrer de force chez lui.
4 Mais les reliques n'arrêtaient pas les barbares. Ils semblaient au contraire acharnés à violer les sanctuaires les plus révérés. Ils forcèrent Saint-Martin de Tours, Saint-Germain-des-Prés à Paris, une foule d'autres monastères.
Michelet, Hist. de France, II, III.
5 (…) en vertu de quel droit violez-vous ainsi mon domicile, ma liberté personnelle et toutes les vertus domestiques ?
Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 528.
3 (V. 1170). Avoir des relations sexuelles (comportant pénétration) avec (qqn) par la force, sans son consentement. || Violer une femme, une fillette, la posséder contre sa volonté. || Elle s'est fait violer dans un parking. Forcer (I., 2.), outrager, violenter (→ Guerre, cit. 2).
5.1 Mais dès que tu n'es pas vierge, dit Rombeau, qu'importe, tu ne seras coupable de rien, nous allons te violer comme tu l'as déjà été, et dès lors pas le plus petit péché sur ta conscience; ce sera la force qui t'aura tout ravi (…)
Sade, Justine…, t. I, p. 32 (1791).
6 Routier de l'époque insigne
Violant des villanelles,
Comme aussi, blancheurs de cygne !
Violant des péronnelles.
Verlaine, Dédicaces, VI.
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violé, ée p. p. adj.
|| Femmes violées.N. f. || « Le viol commence par la drague, les violées c'est pas toutes des salopes et les violeurs c'est n'importe qui » (Charlie-Hebdo, 12 janv. 1978, p. 15).
CONTR. Consacrer, garder, obéir, observer, respecter. — (Du p. p.) Inviolé.
DÉR. Viol, violable, violement, violeur.
COMP. Inviolable.
HOM. 2. Violer.
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2. violer [vjɔle] v. tr.
ÉTYM. 1890, Verlaine; de viole.
Création d'auteur, par jeu de mots avec 1. violer (→ 1. Violer, cit. 6). Jouer à la viole. || « Routier (…) violant des villanelles » (Verlaine).
HOM. 1. Violer.

Encyclopédie Universelle. 2012.