1. paillasse [ pajas ] n. f.
• v. 1250; de paille
1 ♦ Enveloppe garnie de paille, de feuilles sèches, qui sert de matelas. Coucher sur une paillasse. « Dans ce pays, c'est avec de la paille de maïs que l'on remplit les paillasses des lits » (Stendhal).
♢ Loc. fam. Crever la paillasse à qqn, le tuer en l'éventrant.
2 ♦ ( paillasse de corps de garde 1680) Pop. et vieilli Prostituée de bas étage. ⇒ pouffiasse. « Pas en peine pour trouver des lits chez les autres, ces paillasses-là » (Aragon).
3 ♦ Techn. Massif de maçonnerie à hauteur d'appui. Spécialt, cour. Partie d'un évier à côté de la cuve. Paillasse d'un laboratoire, où l'on fait les manipulations. Paillasse d'une cuisine, où l'on pose la vaisselle.
paillasse 2. paillasse [ pajas ] n. m.
• 1683; it. Pagliaccio, personnage du théâtre it. dont l'habit était fait de toile à paillasse
♦ Anciennt Bateleur d'un théâtre forain. — Clown.
● paillasse nom féminin (de paille) Grand sac bourré de paille, de feuilles de maïs, etc., garnissant le fond d'un lit. Plan de travail qui fait partie intégrante d'un évier, qu'il prolonge sur un ou deux côtés, ou plan horizontal dallé servant de table dans un laboratoire. Populaire. Prostituée de bas étage. Dalle rampante d'un escalier en béton. Synonyme de flanchet. ● paillasse (synonymes) nom féminin (de paille)
Synonymes :
- flanchet
paillasse
n. f.
d1./d Grand sac cousu rembourré avec de la paille, etc., qui sert de matelas.
d2./d TECH Dallage à hauteur d'appui sur lequel on effectue les manipulations, dans un laboratoire de chimie, de pharmacie, etc.
|| Surface horizontale d'un évier, à côté de la cuve.
I.
⇒PAILLASSE1, subst. fém.
A. —1. Grand sac de toile bourré de paille, de feuilles sèches etc., servant de matelas et même parfois de lit rudimentaire. Enveloppe d'une paillasse; toile à paillasse; coucher sur une paillasse; remplir, vider une paillasse. L'enfant cessa de lui apporter sa soupe et de faire son lit, dont la paillasse n'était pas retournée une fois par mois (ZOLA, Terre, 1887, p.433). Une sorte de grabat avec une paillasse (BOSCO, Mas Théot., 1945, p.174):
• 1. ... il y avait un lit; si l'on peut appeler lit une paillasse trouée jusqu'à montrer la paille et une couverture trouée jusqu'à laisser voir la paillasse. Point de draps. Cela était posé à terre sur le carreau.
HUGO, Misér., t.1, 1862, p.497.
♦[Suivi d'un compl. désignant la matière du bourrage] Paillasse de balle d'avoine, de maïs, de varech. On se groupait en tas sur une paillasse de zoostère (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.336).
— Loc. verb., arg. milit., vx. Être de paillasse. Être de garde. (Dict. XIXes.; Lar. Lang. fr.).
2. P.anal., pop. Ventre. Vous savez (...) celui que vous lui avez tambouriné [ausculté] la paillasse ce matin (...) Il dit qu'il étouffe (GONCOURT, Soeur Philom., 1861, p.201). Le fermier empoigna sa fourche. —«Filez, nom de Dieu! ou je vous crève la paillasse!» (FLAUB., Bouvard, t.2, 1880, p.88).
♦Crever la paillasse à qqn. Tuer quelqu'un. J'y ai crevé la paillasse, À Montparnasse (A. BRUANT, Dans la rue, 1909, p.6 ds CELLARD-REY 1980).
♦Se crever la paillasse. Se donner beaucoup de mal. Et alors (...) tu tiens tant que ça à rester dans la crasse et à te crever la paillasse pour des gens qui s'emplissent les poches? (B. CLAVEL, La Maison des autres, 1962, p.142, ds CELLARD-REY 1980).
3. Pop. Paillasse (à soldats, de corps de garde). Prostituée de bas étage. Synon. pouffiasse. Va donc! C'est las de rouler la province, ça n'avait pas douze ans que ça servait de paillasse à soldats (ZOLA, Assommoir, 1877, p.395). Il t'a plaquée, ton Boche, ou bien il est mort? Réponds, réponds, voir, paillasse! (VAND DER MEERSCH, op. it., p.267). Elle ne la connaissait même pas, cette fille... Cette paillasse... Ah quelqu'un de pas intéressant (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.185).
B. —TECHNOLOGIE
1. Dalle horizontale, à hauteur d'appui, servant de support ou de plan de travail dans un laboratoire, un atelier, une cuisine. Sorbonnes [réchauds utilisés par les menuisiers et les ébénistes pour chauffer la colle] d'angle (2 faces), hauteur: 2 m 35, reposant sur paillasse et soubassement non compris, avec un châssis à coulisse (Catal. instrum. lab. [Prolabo], 1932, p.18). Pour les surfaces de travail de la cuisine [d'une école d'éducation ménagère], il faut bannir le bois blanc, d'entretien difficile (...). Les paillasses seront, de préférence aux carreaux de faïence trop fragiles, en grès cérame (MATHIOT, Éduc. mén., 1957, p.70):
• 2. La cuisine moderne au gaz comprend essentiellement une paillasse [it. ds le texte], sur laquelle sont placés les appareils, et une hotte, destinée à l'évacuation des produits de combustion.
Lar. mén., 1926, p.620.
2. En partic. Partie d'un évier, à côté de la cuve, sur laquelle on met à égoutter la vaisselle. Un évier de 15 à 20 cm de profondeur, à un ou deux bacs, en grès cérame ou en acier inoxydable, ou en matière plastique. De chaque côté de l'évier, une paillasse (MATHIOT, Éduc. mén., 1957, p.74).
Prononc. et Orth.:[pajas]. MARTINET-WALTER 1973 [pa-], [-] (14/3). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1250 pailace «sac rempli de paille, servant de lit ou garnissant le fond d'un lit» (La Règle du Temple, éd. H. de Curzon, p.175, 293); 2. 1680 fig. paillasse de corps de garde (RICH.). B. XVIIIes. «massif de briques d'une cheminée sur lequel on pose les mets pour les maintenir au chaud» (d'apr. HAVARD t.4, p.10 b); 1812 «id. pour établir les fourneaux des distilleries» (MOZIN-BIBER t.2). Dér. de paille; suff. -asse. B peut-être parce que de tels appuis étaient primitivement faits de paille ou de murs de torchis, cf. a. fr. pailluel, s.v. paillot.
STAT. —Paillasse1 et 2. Fréq. abs. littér.:362. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 249, b) 714; XXes.: a) 607, b) 578.
II.
⇒PAILLASSE2, subst. masc.
A. —ARTS SCÉN.
1. Autrefois, bateleur de foire vêtu d'un costume à carreaux bleus et blancs, qui était chargé d'attirer le public en contrefaisant les tours de force ou d'adresse de ses camarades. Synon. pitre. L'affreuse couleur de tes sottes plumes qui te donnent l'air enfariné comme un paillasse de la foire (MUSSET, Hist. merle bl., 1842, p.48). Un paillasse en habit bleu à revers rouge qui jouait du tambour (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p.362).
— P.méton. Personne costumée en paillasse. Les masques abondaient sur le boulevard. Il avait beau pleuvoir par intervalles, Paillasse, Pantalon et Gille s'obstinaient (HUGO, Misér., t.2, 1862, p.630).
2. Clown de parade ou de piste. À l'entrée de la ménagerie, un paillasse leur apprit que Burmah venait de sortir (QUENEAU, Pierrot, 1942, p.143).
B. —P.anal., fam., vieilli. Homme sans consistance, ni volonté. Synon. fantoche, pantin. C'est un paillasse (Ac. 1878, 1935). Je lis d'Ourliac, Les Garnaches. C'est un livre qui fait détester et mépriser l'homme, dont la personnalité de paillasse misérable et méchant perce à tout moment (GONCOURT, Journal, 1860, p.750).
— En partic. Girouette politique. Barbès est gracié. Ça m'est égal! L. (Philippe) lui a fait grâce —Idem! —Voilà deux paillasses, un qui joue l'héroïsme, un autre la clémence! (FLAUB., Corresp., 1839, p.52).
REM. Paillassine, subst. fém. Femme costumée en paillasse. Un bouquet de violettes fraîches, parti d'une calèche chargée de paillassines (DUMAS père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.521).
Prononc. et Orth.:[pajas]. MARTINET-WALTER 1973 [pa-], [-] (10/5). Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist.1. 1782 «bateleur qui contrefait gauchement les tours de force qu'il voit faire» (MERCIER, Tableau de Paris, VIII, 262 ds GOHIN, p.320); 2. 1816 p.allus. au caractère vénal et versatile de certains notables et hommes politiques (BÉRANGER, Paillasse ds OEuvres, éd. Paris, Perrotin, t.2, p.37). Prob. empr. au subst. ital. pagliaccio (XVIIIes., DEI), nom d'un bateleur, personnage de théâtre, dér., à l'aide du suff. -accio (-asse), de paglia (paille) parce que ce personnage portait un vêtement de toile écrue rappelant un sac de paille. Fréq. V. paillasse1.
DÉR. Paillasserie, subst. fém. a) Plaisanterie, facétie digne d'un paillasse. Synon. bouffonnerie, pitrerie. Paillasseries de Crémieux, qui chante sa complainte sur l'affaire Angélina Lemoine, puis parie un litre qu'il a la plus belle gorge de Paris (GONCOURT, Journal, 1859, p.659). Le déploiement de paillasserie, de cynisme gouailleur (LA VARENDE, Roi d'Écosse, 1941, p.74). b) Caractère, tempérament de paillasse. Une paillasserie sinistre l'animait: c'était Bobêche et Torquemada (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p.27). — []. — 1res attest. a) 1859 «parole, acte de paillasse» (ID., loc. cit.), b) 1867 «nature, tempérament de paillasse» (ID., loc. cit.); de paillasse2, suff. -erie.
1. paillasse [pajas; pɑjas] n. f.
ÉTYM. V. 1250; de paille.
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1 Enveloppe garnie de paille (ou de feuilles sèches, etc.) et constituant une pièce de literie. ⇒ Matelas (→ Lit, cit. 5). || Enveloppe, sac d'une paillasse, toile à paillasse. || Paillasse de balle d'avoine, de varech… || Paillasse d'un berceau de nouveau-né. ⇒ Paillot. || Coucher sur une paillasse. || Paillasse servant de sommier, sur laquelle on place un matelas.
1 Dans ce pays, c'est avec de la paille de maïs que l'on remplit les paillasses des lits.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, IX.
2 (…) une paillasse gonflée de feuilles sèches de blé de Turquie, avec une couverture de laine bise qui paraissait être le lit de l'unique valet du manoir.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, I.
♦ ☑ Loc. fam. (1862). Crever la paillasse à qqn, lui ouvrir le ventre. ⇒ Tuer.
2 (1680). Fig., pop. (Paillasse de corps de garde, 1680). Prostituée de bas étage (→ Faire, cit. 111).
3 Elle s'était enfoncée dans la nuit, et personne ne se demandait où elle avait dormi. Pas en peine pour trouver des lits chez les autres, ces paillasses-là.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XXII.
3 Par ext. Techn. (Nombreux emplois régionaux depuis le XVe s. : panier, corbeille, abri, natte de paille, etc. → Paillasson. Sens actuel au XVIIIe s., ces emplacements étant à l'origine protégés par de la paille, des paillassons). Massif de maçonnerie, dallage à hauteur d'appui servant à divers usages (par ex., table dans un laboratoire). — Spécialt. Cour. Partie d'un évier à côté de la cuve, où l'on pose la vaisselle, etc.
3.1 (…) je me rapprochais de l'évier : ce bel évier blanc qu'avait sept ans plus tôt fait poser grand-mère pour remplacer l'évier de grès des anciens temps. Le couteau de cuisine (…) traînait sur la paillasse.
Hervé Bazin, Qui j'ose aimer, I, p. 15.
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DÉR. Paillasson.
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2. paillasse [pajas; pɑjas] n. m.
ÉTYM. 1782; ital. Pagliaccio, personnage du théâtre italien, dont l'habit était fait de toile à paillasse. → Paillasse.
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1 Anciennt. Bateleur d'un théâtre forain. — Par ext. ⇒ Baladin, clown, queue-rouge (vx). → Jouer, cit. 63.
4 (…) il y avait une ménagerie dans laquelle d'affreux paillasses, vêtus de loques et venus on ne sait d'où, montraient en 1823 aux paysans de Montfermeil un de ces effrayants vautours du Brésil (…)
Hugo, les Misérables, II, III, I.
5 (…) il y a encore des saltimbanques bohèmes qui font le tour de la salle en exécutant la pyramide humaine, de sorte que l'on risque à tout moment de voir tomber un paillasse dans son assiette.
Nerval, Voyage en Orient, Introd., IV.
2 (1868). Fig., vieilli. Homme sans consistance, sans caractère. — (V. 1830). Vx. Homme politique changeant (⇒ Girouette).
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DÉR. Paillasserie.
Encyclopédie Universelle. 2012.