1. parage [ paraʒ ] n. m. ♦ Vx Loc. De haut parage : de haute naissance. ⇒ extraction. ⊗ HOM. Parages. parage 2. parage [ paraʒ ] n. m.
• 1732; de 1. parer
♦ Techn.
1 ♦ Bouch. Action de parer les morceaux de viande bruts.
2 ♦ Vitic. Labour (des vignes) avant l'hiver.
● parage nom masculin (ancien français parage, de pair) Système de partage des successions féodales destiné à éviter le morcellement du fief. (L'aîné seul rendait hommage et était responsable des devoirs et redevances.) ● parage (homonymes) nom masculin (ancien français parage, de pair) parages nom masculin pluriel ● parage nom masculin (de parer) Action de parer la viande. Nettoyage chirurgical d'une plaie avant sa réparation et sa suture. Action de parer une pièce de cuir, de peausserie ou d'autre matériau. ● parage (homonymes) nom masculin (de parer) parages nom masculin pluriel
parage
n. m. En boucherie, préparation des morceaux de viande, avant la vente au détail.
I.
⇒PARAGE1, subst. masc.
A. —Au sing., vieilli. Qualité, extraction, haute naissance. Si un gentilhomme qui n'étoit pas de parage se faisoit armer chevalier, on lui tranchoit les éperons dorés sur le fumier (CHATEAUBR., Ét. ou Disc. hist., t.3, 1831, p.406). Ce contrebandier (...) a encore cinq filles très jolies (...) qui nous ont fait les honneurs de leur maison avec une grâce parfaite, mieux vraiment que n'eussent fait beaucoup de personnes de meilleur parage (MÉRIMÉE, Lettres Mme de Beaulaincourt, 1866, p.6). [La mère de Jeanne de Poitiers] lui avait laissé son char de voyage, ainsi que plusieurs dames de parage (DRUON, Poisons couronne, 1956, p.112).
— Loc. De haut parage. De grande lignée, de haut rang. Tu vois là-bas ce gros et grave personnage qui s'avance (...) C'est un homme d'État et du plus haut parage (BARBIER, Satires, 1865, p.101). M. César avait eu des façons de haut parage. Il était encore ébloui par la délicatesse de l'avoué (POURRAT, Gaspard, 1930, p.144):
• 1. Aux repas elle ne pouvait se résoudre à prendre place loin de son époux, et allait toujours s'asseoir à ses côtés, ce qui était déjà alors expressément contraire à l'usage observé par les dames de haut parage.
MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p.43.
♦P. métaph. Cette maison, avec son toit élevé, ses cheminées de haut parage et ses lucarnes, gracieux ovales qui ressemblent à des cadres vides, attendant leurs portraits (BARB. D'AUREV., Memor. 3, 1856, p.85).
♦Au fig. Ce bateleur arrogant et misérable avait accompli les choses contraires à l'ordre naturel. Si un pauvre hère pouvait tant, que ne réussirait pas un magicien de haut parage, quelqu'un entre ces sublimes chevaliers de l'art royal (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.110):
• 2. Aussi le pauvre corps souffre-t-il sans bien comprendre, car à sa manière il aime sa compagne, qui est mieux née que lui (...). Il est fier d'elle, au fond. Il se souvient qu'elle est de haut parage (...). À vrai dire, il ne sait pas bien comment lui parler, à sa belle âme.
GREEN, Journal, 1942, p.272.
B. —HIST., DR. Mode de détention particulier d'un fief entre frères afin de pallier les inconvénients du partage tout en présentant l'indivisibilité au fief, l'aîné seul prêtant hommage au suzerain et répondant des services au fief. Parage légal. Les coutumes cherchèrent (...) à masquer ces partages par le système compliqué du «parage», dont il existe d'ailleurs bien des variantes: l'aîné reste seul responsable vis-à-vis du seigneur des services dûs par le fief tout entier; il est «miroir de fief» (Fr. OLIVIER-MARTIN, Hist. du dr. fr., Paris, CNRS, 1984 [1950], p.264).
♦Tenure en parage. Fait de détenir une terre selon ce mode; p.méton., terre ainsi détenue:
• 3. Les ménages de frères restent souvent ensemble, même après la disparition des parents. Parfois, surtout semble-t-il à la campagne, plusieurs générations de parents ou d'alliés vivent sous le même toit. On appelle ces grandes familles des «communautés familiales». Elles ont existé chez les nobles et sont à la base de la tenure en parage.
Fr. OLIVIER-MARTIN, Hist. du dr. fr., Paris, CNRS, 1984 [1950] p.271.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist.1. a) Ca 1050 «origine» (Alexis, éd. Chr. Storey, 248: A grant poverte deduit son grant parage); b) ca 1140 de halt parage «de haute naissance» (GEFFROI GAIMAR, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 3625); 2. a) ca 1140 «égalité de conditions entre aîné et puîné malgré l'inégalité du partage» (ID., ibid., 6014); b) 1520 «tenure de fief entre frères dans laquelle il n'y a pas de partage au regard du seigneur» (Nouv. Coutumier gén., éd. Ch. A. Bourdot de Richebourg, t.4, p.873a). Dér. de pair1; suff. -age.
II.
⇒PARAGE2, subst. masc.
A. —MARINE
1. Vieilli. Espace de mer où navigue un bateau:
• 1. Les retours périodiques des différentes moussons dans un même temps au Nord et au Sud de la Ligne, (...) contrarient infiniment la navigation, dans les mers voisines des archipels et du continent d'Asie, par l'obligation où l'on est de ne se présenter dans chaque parage, qu'à l'époque où les vents y sont favorables.
Voy. La Pérouse, t.1, 1797, p.59.
2. Au plur. Contrées de mer. J'exprimai le désir d'aller faire un tour à Londres pour (...) me procurer les renseignements les plus positifs et les plus authentiques touchant les découvertes récemment opérées dans les parages antarctiques (DUMONT D'URVILLE, Voy. Pôle Sud, t.1, 1841, p.LXXI). De là des chutes extraordinaires de pluie et de neige dans les parages atlantiques (LAPPARENT, Abr. géol., 1886, p.391).
3. Espace déterminé de la mer par rapport à un point; voisinage d'un lieu. Dans le(s) parage(s) de. C'est un accident de la sorte, et à peu près dans les mêmes parages, qui, en 1782, submergea la Ville de Paris, et quatre autres vaisseaux (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.524). Navires destinés à servir dans des parages où il n'existe pas de bassins (CRONEAU, Constr. nav. guerre, t.1, 1892, p.47). À partir du mois de mai elle [la sardine] remonte vers les côtes vendéennes et, poursuivant sa migration vers le nord, elle atteint en juin les parages de Belle-Île et les eaux de Quiberon (BOYER, Pêches mar., 1967, p.69).
♦Parages des pilotes. ,,Endroits où l'on rencontre le pilote et où on le prend pour avoir recours à ses services`` (GRUSS 1978).
— P. métaph. La Rochefoucauld, qui habite volontiers dans l'amour-propre, qui fait comme état de croiser sur ces parages, déclare qu'il y reste encore bien des terres inconnues (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t.3, 1848, p.358). Il voyait déjà Marie dans le parage de la reine (DRUON, Poisons couronne, 1956, p.24).
— Au fig. Si j'ignore la marche et les relais de ma conversion, je puis au moins deviner quels sont les motifs qui, après une vie d'indifférence, m'ont ramené dans les parages de l'Église (HUYSMANS, En route, t.1, 1895, p.34). Il l'a dit lui-même, il revient de loin, des parages de l'Action Française! (L'OEuvre, 25 mars 1941).
B. —P. anal., au plur.
1. Contrées, régions terrestres. La presse parisienne, autrefois si pressée de signaler (...) la moindre extension de l'influence anglaise dans les parages les plus éloignés, se troublait ou se taisait (A. DE BROGLIE, Diplom. et dr. nouv., 1868, p.4). Au Chili, aux Malouines, et sur tous ces parages américains traversés par les trentième et quarantième parallèles (VERNE, Île myst., 1874, p.189). La montagne (...) est devenue plus verte (135 000 hectares de forêts nouvelles dans ces parages alpestres) (Forêt fr., 1955, p.8).
2. Voisinage, environs d'un lieu. Dans les parages de. Quinette trouva préférable de ne pas faire, rue Saint-Antoine, un chemin si long et si ostensible. Il surgirait de terre à la station Saint-Paul, dans les parages mêmes du rendez-vous (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p.215).
— Fam. (Dans) les/ces parages. (Dans) les environs, à proximité, aux alentours. Ce devait être quelque ânier fellah égorgé par les bandits arabes qui abondent dans ces parages (LORRAIN, Phocas, 1901, p.217). «Mais d'abord, filons. Les parages ne sont pas sûrs pour moi...» Ils se dirigèrent vers les espaces déserts de l'avenue Trudaine (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p.252):
• 2. Nous redonnerons, je crois, un sens et une vie nouvelle au théâtre le jour où nos scènes ne seront plus sur le boulevard de La Madeleine ou dans le triangle républicain-bourgeois Madeleine-Opéra-Saint-Lazare, ou dans les parages.
VILAR, Tradition théâtr., 1963, p.94.
3. Être aux, dans les parages de. Approcher de, être aux environs de. Elle avait de la taille, de beaux yeux, le pied petit, l'air passablement effronté: tout cela plaît fort quand on est dans les parages de vingt à vingt-cinq ans (MÉRIMÉE, La Partie de trictrac ds R. de Paris, t.15, 1830, p.160). Il y avait aussi des écrivains qui paraissaient jeunes de n'être qu'aux parages de la cinquantaine (DRUON, Gdes fam., t.2, 1948, p.55).
Prononc. et Orth. V. parage1. Étymol. et Hist. 1. 1544 [date du ms.] parraige sing. «étendue de mer qui borde les côtes» (J. CARTIER, Premier Voyage, f° 68 r° ds Ch.-A. JULIEN, R. HERVAL et Th. BEAUCHESNE, Les Français en Amérique pendant la 1re moitié du XVIes., Paris, P.U.F., 1946, p.112); 1643 [éd.] plur. «id.» (FOURNIER Hydrographie, p.379); 2. 1824 plur. «environs, voisinage» (BALZAC, Annette, t.4, p.230); 3. 1830 dans les parages de «aux alentours de» (MÉRIMÉE, loc. cit.). Empr. soit à l'a. prov. parage (1360 ds DAO, p.129, n° 275a) soit à l'a. gasc. paratge «espace déterminé de la mer, étendue de mer» (1486 ds DAG, p.208, n° 275a; aussi paragium «région» en 1439 dans un texte lat. concernant la région de Bordeaux, ibid.).
III.
⇒PARAGE3, subst. masc.
A. —BOUCH. Action de parer des morceaux de viande en vue de les débiter au détail. (Ds Lar. encyclop., Lar. Lang. fr.).
B. —MARÉCHALERIE. Action d',,enlever avec le boutoir (sorte de gouge) ou le rogne-pied, la corne superflue du bord extrême du sabot`` (TONDRA Cheval 1979). Ce «parage» redonne au sabot sa longueur normale pour un bon fonctionnement du pied (TONDRA Cheval 1979).
C. —VITIC. Labour des vignes à l'automne. (Dict. XIXe et XXes.).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1. 1494 paraige text. «foulage» (Doc. ds A. THIERRY, Rec. des monuments inédits de l'Histoire du Tiers-État, t.2, p.460); 2. 1732 vitic. (Nouvelle maison rustique, 2, 525 d'apr. FEW t.7, p.625a); 3. 1963 bouch. (Lar. encyclop.). Dér. de parer1; suff. -age.
STAT. —Parage1, 2 et 3. Fréq. abs. littér.:294. Fréq. rel. littér. :XIXes.: a) 458, b) 460; XXes.: a) 332, b) 412.
1. parage [paʀaʒ] n. m.
ÉTYM. 1050; de pair.
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1 Vx. Naissance, origine. — ☑ Loc. De haut parage : de haute naissance. ⇒ Extraction, naissance, race (→ Dame, cit. 9, Rabelais; éléphant, cit. 2, La Fontaine).
2 Féod. Tenure de fief indivis entre frères dont l'aîné seul faisait hommage au suzerain. || Tenure en parage.
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2. parage [paʀaʒ] n. m.
ÉTYM. 1732; de 1. parer.
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♦ Techn. Action de parer.
1 Bouch. Action de parer (les morceaux de viande); son résultat.
2 Vitic. Labour (des vignes) avant l'hiver.
Encyclopédie Universelle. 2012.