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patriotisme

patriotisme [ patrijɔtism ] n. m.
• 1750; de patriote
Amour de la patrie; désir, volonté de se dévouer, de se sacrifier pour la défendre, en particulier contre les attaques armées.

patriotisme nom masculin Attachement sentimental à sa patrie se manifestant par la volonté de la défendre, de la promouvoir. ● patriotisme (citations) nom masculin Henri de Bornier 1825-1901 Tout homme a deux pays, le sien et puis la France ! La Fille de Roland Dentu Marie-Joseph de Chénier Constantinople 1764-Paris 1811 La République nous appelle ; Sachons vaincre ou sachons périr : Un Français doit vivre pour elle ; Pour elle un Français doit mourir. Le Chant du départ (musique de Méhul) Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Mourir pour le pays est un si digne sort Qu'on briguerait en foule une si belle mort. Horace, II, 3, Horace Commentaire Ces deux vers reprennent et aménagent deux vers du Cid. Gustave Flaubert Rouen 1821-Croisset, près de Rouen, 1880 Académie française, 1880 Tous les drapeaux ont été tellement souillés de sang et de m… qu'il est temps de n'en plus avoir du tout. Correspondance, à George Sand, 1869 Robert Garnier La Ferté-Bernard 1545 ?-Le Mans 1590 Qui meurt pour le pays vit éternellement. Porcie Paul Léautaud Paris 1872-Robinson 1956 L'amour fait des fous, le mariage des cocus, le patriotisme des imbéciles malfaisants. Passe-temps Mercure de France Paul Morand Paris 1888-Paris 1976 Académie française, 1968 Les prostituées sont souvent, après les religieuses, nos meilleures patriotes. Bouddha vivant Grasset Samuel Johnson Lichfield 1709-Londres 1784 Le patriotisme est l'ultime refuge d'un gredin. Patriotism is the last refuge of a scoundrel. Cité par James Boswell dans The Life of S. Johnsonpatriotisme (expressions) nom masculin Patriotisme de parti, attitude qui consiste à faire passer avant toute autre considération les intérêts de son parti. ● patriotisme (synonymes) nom masculin Attachement sentimental à sa patrie se manifestant par la volonté...
Synonymes :
- chauvinisme
- civisme
- nationalisme

patriotisme
n. m. Amour de la patrie, dévouement à la patrie.

⇒PATRIOTISME, subst. masc.
Attachement profond et dévouement à la patrie, souvent avec volonté de la défendre militairement en cas d'attaque extérieure. La Russie m'a fait faire des propositions [pour ma découverte], mais le patriotisme dont je suis animé ne me permettait pas de priver la France, la belle France, du fruit de mes travaux et de mon génie (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.89). Sous le couvert des prétextes politiques, c'est cet instinct du risque, qui pousse les peuples les uns contre les autres. Le patriotisme sincère est-il autre chose que la joie de partir avec des étendards et des femmes en pleurs (...)? (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p.164):
1. Le patriotisme grec se manifeste de deux façons entièrement opposées, au dehors et au dedans du pays. Les Grecs du dehors adorent la patrie commune; ils se dépouillent pour elle, ils ne songent qu'aux moyens de la rendre plus riche et plus grande. Les Grecs du dedans ne s'occupent qu'à fermer le pays aux Grecs du dehors. Les uns ont le patriotisme prodigue, les autres le patriotisme conservateur.
ABOUT, Grèce, 1854, p.66.
[Pendant la Révolution où l'attachement à la patrie était lié à l'adoption des idées nouvelles] L'aristocratie fuyoit; aujourd'hui elle insulte. Le patriotisme donnoit la loi; aujourd'hui c'est l'intrigue (ROBESP., Discours, Guerre, t.8, p.148). Le monde ne sera-t-il pas plus réformé par le patriotisme que par le christianisme? (DESMOULINS ds Vx Cordelier, 1793-94, p.300):
2. L'empereur avait été très chaud, disait-il, et de fort bonne foi au commencement de la Révolution; il s'était refroidi par degrés à mesure qu'il avait acquis des idées plus justes et plus solides; son patriotisme s'était affaissé, disait-il, sous les absurdités politiques et les monstrueux excès civils de nos législatures...
LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.447.
[L'accent est mis sur le rejet de ce qui est étranger] Synon. chauvinisme (péj.), nationalisme. L'intelligent patriotisme empêchait un théâtre français de représenter un opéra de Wagner (HUYSMANS, À rebours, 1884, p.273). [Carrière, un peintre,] dit que maintenant en France, une entame du patriotisme est faite surtout par le grand nombre de mariages contractés par des Français avec des étrangères, ce qui n'existait pas dans l'ancienne France (GONCOURT, Journal, 1892, p.276). J'avais oublié que la germanophobie était à la mode en France et qu'avant mon départ un libraire m'avait dit «qu'il n'y avait plus que le patriotisme qui se vendait» (LARBAUD, Jaune, 1927, p.285).
[L'accent est mis sur l'oppos. avec le pacifisme] C'est ce que les gouvernements appellent compter sur notre patriotisme et notre sentiment du devoir. Il fallait que nous fussions prêts pour le jour où la plaie s'ouvrirait du côté de Verdun (GUÉHENNO, Journal homme 40 ans, 1934, p.94):
3. Voyez ce qu'a fait le XIXe siècle: en exaltant partout le patriotisme, le sentiment de la patrie, il a fortifié le principe des États nationaux, et il a semé la haine entre les peuples, et il a travaillé pour de nouvelles guerres!
MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.18.
P. anal. Attachement à sa région, sa ville, son village. Patriotisme de clocher. Ce patriotisme municipal qui a fait tant de merveilles dans le Moyen Âge (TOCQUEVILLE, Anc. Rég. et Révol., 1856, p.114). Cet épuisement qui me saisit lorsque, entre deux trains, un Américain ivre de patriotisme local, veut me montrer toute sa ville en une heure (MORAND, New-York, 1930, p.261).
REM. Patrouillotisme, subst. masc. [Avec un jeu de mots] Patriotisme exacerbé. Suleau, dans les Actes des Apôtres et le Petit Gautier, vilipendait les patriotes et ridiculisait le «patrouillotisme» (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p.160).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1749 (Bibliothèque raisonnée d'apr. D. Fletcher, The Emergence of patriotisme ds Semasia t.4, 1977, p.5); 1750 (D'ARGENSON, Journal et mém., éd. E. J. B. Rathery, t.6, p.206). Dér. de patriote; suff. -isme, d'apr. l'angl. patriotism, att. dep. 1726, v. D. Fletcher, loc. cit. et NED. Fréq. abs. littér.:778. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1146, b) 746; XXes.: a) 1887, b) 795. Bbg. BARB. Loan-words 1921, p.261. —DUB. Pol. 1962, p.369. —FIELD (T. J.). The Concept of la patrie in French writing, 1898-1914. Wales, 1972, 311 p.—GODECHOT (J.). Nation, patrie, nationalisme et patriotisme en France au 18es. In: 13e Congrès internat. des sc. hist. Moscou. 1970. Paris, 1973. — GOHIN 1903, p.268. — MOTS. 1982, n° 4, pp.192-193. — QUEM. DDL t.11. — RABOTIN (M.). Le Vocab. pol. et socio-ethnique... Paris-Bruxelles, 1975, p.74, 84, 92, 93. — SLATER (C.). Defeatists and their enemies... Oxford, 1981, pp.7-12, 126-128, 130-134. — VARDAR Soc. pol. 1973 [1970] p.283.

patriotisme [patʀijɔtism] n. m.
ÉTYM. 1750; de patriote.
Amour de la patrie; désir, volonté de se dévouer et au besoin de se sacrifier pour la défendre, en particulier contre les attaques armées. REM. Le patriotisme diffère du civisme en ce qu'il concerne moins le respect du bien public et plus la défense de la patrie contre un agresseur extérieur; du nationalisme en ce qu'il ne suppose pas un culte exclusif de la nation. — Cette manie qu'ont les nationalistes de s'attribuer le monopole du patriotisme (→ Belliqueux, cit. 4). || Patriotisme et internationalisme (→ Internationaliste, cit. 1). || Le chauvinisme (cit. 2), caricature du patriotisme. || Exalter dans le patriotisme la fraternité entre concitoyens (cit. 2). || L'éveil (cit. 7) du patriotisme. || La loi de l'intérêt (cit. 11) général engendre le patriotisme.Allus. hist. || Le patriotisme ne suffit pas à diriger les vaisseaux (→ Improviser, cit. 11).Hist. || Le patriotisme sous la Révolution. Patriote (cit. 2, Brunot).
1 Le patriotisme véritable ne peut se trouver que dans les pays où les citoyens libres, et gouvernés par des lois équitables, se trouvent heureux, sont bien unis, cherchent à mériter l'estime et l'affection de leurs concitoyens.
D'Holbach, Éthocratie, p. 288, in Brunot, Hist. de la langue franç., t. VI, p. 134.
1.1 La Presse de Londres n'a pas sur le monde la même action que celle de Paris : elle est en quelque sorte spéciale à l'Angleterre, qui porte son égoïsme en toute chose. Cet égoïsme doit s'appeler patriotisme, car le patriotisme n'est pas autre chose que l'égoïsme du pays.
Balzac, Monographie de la presse parisienne, in Œ. diverses, t. III, p. 603.
2 Il y a deux patriotismes : il y en a un qui se compose de toutes les haines, de tous les préjugés, de toutes les grossières antipathies que les peuples abrutis par des gouvernements intéressés à les désunir nourrissent les uns contre les autres (…) Ce patriotisme coûte peu : il suffit d'ignorer, d'injurier et de haïr.
Il en est un autre qui se compose au contraire de toutes les vérités, de toutes les facultés, de tous les droits que les peuples ont en commun, et qui, chérissant avant tout sa propre patrie, laisse déborder ses sympathies au delà des races, des langues, des frontières (…) C'est le patriotisme des religions, c'est celui des philosophes, c'est celui des plus grands hommes d'État; ce fut celui des hommes de 89 (…) celui qui, par la contagion des idées, a conquis plus d'influence à notre pays que les armées mêmes de notre époque impériale (…)
Lamartine, Disc. 10 mars 1842, au banquet pour l'abolition de l'esclavage.
3 (…) le patriotisme des anciens, sentiment énergique qui était pour eux la vertu suprême et auquel toutes les autres vertus venaient aboutir.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, III, XIII.
Par extension :
4 Le patriotisme de clocher est terrible contre un homme qu'on impose à des électeurs (…)
Balzac, le Député d'Arcis, Pl., t. VII, p. 668.
5 C'est au douzième siècle que dans la poésie apparaît pour la première fois le sens français, le patriotisme des mots, qui parle de notre pays avec toutes les câlineries de l'amour.
Aragon, les Yeux d'Elsa, p. 91.
DÉR. V. Patrouillotisme.
COMP. et CONTR. Antipatriotisme.

Encyclopédie Universelle. 2012.