nationalisme [ nasjɔnalism ] n. m.
• 1798; de national
1 ♦ Doctrine, mouvement politique qui revendique pour une nationalité le droit de former une nation. ⇒ autonomisme, indépendantisme, séparatisme. Les nationalismes européens du XIX e siècle.
2 ♦ Exaltation du sentiment national; attachement passionné à la nation à laquelle on appartient, accompagné parfois de xénophobie et d'une volonté d'isolement. ⇒ chauvinisme, patriotisme. « Le départ de nos dernières troupes [...] provoqua une explosion de nationalisme » (Gaxotte).
3 ♦ Doctrine fondée sur ce sentiment, subordonnant toute la politique intérieure au développement de la puissance nationale et revendiquant le droit d'affirmer à l'extérieur cette puissance sans limitation de souveraineté. Le nationalisme intégral de Ch. Maurras. « Scènes et Doctrines du nationalisme », de Barrès.
⊗ CONTR. Internationalisme.
● nationalisme nom masculin Mouvement politique d'individus qui prennent conscience de former une communauté nationale en raison des liens (langue, culture) qui les unissent et qui peuvent vouloir se doter d'un État souverain. Théorie politique qui affirme la prédominance de l'intérêt national par rapport aux intérêts des classes et des groupes qui constituent la nation ou par rapport aux autres nations de la communauté internationale.
nationalisme
n. m.
d1./d Attachement exclusif à la nation dont on fait partie et à tout ce qui lui est propre.
d2./d Doctrine politique revendiquant la primauté de la puissance nationale sur toute autre considération de rapports internationaux.
d3./d Mouvement fondé sur la prise de conscience, par une communauté, de ses raisons de fait et de droit de former une nation. Le nationalisme arabe.
⇒NATIONALISME, subst. masc.
A. —HIST. [Après la Révolution française] Courant de pensée fondé sur la sauvegarde des intérêts nationaux et l'exaltation de certaines valeurs nationales. Dans son premier sens le nationalisme est (...) très largement marqué dans un sens révolutionnaire et se confond avec la conscience nationale révolutionnaire (encore convient-il de noter que la référence nationale sert de justificatif dans la phase d'expansion territoriale et de conquête, pendant la Révolution elle-même) (R. MARTELLI, La Nation, Paris, Éd. soc., 1979, p.105).
— P. ext., mod. Doctrine, mouvement politique fondé sur la prise de conscience par une communauté de former une nation en raison des liens ethniques, sociaux, culturels qui unissent les membres de cette communauté et qui revendiquent le droit de former une nation autonome. Nationalisme arabe, populaire; nationalisme des peuples colonisés. Président au Néo-Destour, il [Bourguiba] réside assez peu en Tunisie, s'employant de préférence à rechercher pour le nationalisme tunisien des appuis à l'extérieur (Le Monde, 19 janv. 1952, p.2, col. 3).
B. —1. [À partir du XIXe s.] Courant de pensée qui exalte les caractères propres, les valeurs traditionnelles d'une nation considérée comme supérieure aux autres et qui s'accompagne de xénophobie et/ou de racisme et d'une volonté d'isolement économique et culturel. Abus, outrance du nationalisme; nationalisme économique; nationalisme en art, en littérature; nationalisme intégral. Tout retour d'un nationalisme étroit a toujours pour conséquence un développement de l'esprit protectionniste, c'est-à-dire une tendance des peuples à s'isoler, économiquement et moralement, les uns des autres (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p.266). Jean-Jacques est (...) l'annonciateur du pire nationalisme. Le mot «nation» est à toutes les pages. Jean-Jacques l'emploie avec une ferveur et une autorité prophétique et qui fait peur (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p.293):
• 1. La presse est à la solde des nationalismes! Pour masquer leurs convoitises, tous les gouvernements ont besoin d'une presse mensongère qui persuade à leurs peuples qu'en se massacrant les uns les autres, chacun d'eux se sacrifie héroïquement à une cause sainte, à la défense sacrée du sol...
MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.495.
2. Doctrine qui fonde son principe d'action sur ce courant de pensée, et qui subordonne tous les problèmes de politique intérieure et extérieure au développement, à la domination hégémonique de la nation. Nationalisme intégral. Bien souvent elle demande son salut aux conceptions les plus rétrogrades, à la politique la plus détestable et au plus stérile et avilissant nationalisme (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p.86). Acceptation d'un déterminisme, ce nationalisme exalte (...) la volonté de combattre tous ceux qui s'opposent au salut de l'État... Il ne se présente pas comme une opinion, mais comme l'évidence d'une condition que seuls nient les imbéciles et les criminels; d'où son fanatisme, caractéristique des doctrines qui énoncent une fatalité de l'histoire (Pol. 1969, p.197):
• 2. Le nationalisme organisé en partis politiques tend (...) à exprimer des politiques de droite, à justifier la remise en cause des acquis républicains (...) et, plus largement, à justifier idéologiquement la politique d'expansion de l'impérialisme français (le nationalisme s'articule alors aux idéologies élaborées dans le cadre de la politique d'État).
R. MARTELLI, La Nation, Paris, Éd. soc., 1979 p.106.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1798 «exaltation du sentiment national» (avec connotation péj.: chauvinisme, xénophobie) (Abbé BARRUEL, Mém. pour servir à l'hist. du jacobinisme, t.III, p.184 ds BRUNOT t.9, p.639, note 6); 1849 (PROUDHON, Confess., p.346: Défaisons-nous de ce nationalisme renouvelé des Romains, des Grecs, des Arabes...); 2.1834 «exaltation du sentiment national» (avec connotation valorisante) (LAMART., Corresp., p.81: [le vieux royalisme] sent enfin que, hors du bon sens et du nationalisme, il n'y a pas d'action pour lui); 1897 (BARRÈS, Cahiers, t.1, p.174); 3. av. 1865 «aspiration à l'indépendance politique et économique d'une nation opprimée» (PROUDHON ds Lar. 19e). Dér. de national; suff. -isme. Fréq. abs. littér.:197. Bbg. ARIAS (Fr.). Le Ch. notionnel de fascisme ... Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 14. 1974. Naples. Atti, 1981, t.5, pp.81-87. —CAROFIGLION (V.), BOSCHETTI (A.). Pour une analyse du lang. pol. nationalisme, fascisme... Milano, 1973, passim. —MAULNIER (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp.155-157. —SICCARDO (Fr.). Cf. nation bbg. —SLATER (C.). Defeatists and their enemies: political invective in France 1914-1918. Oxford, 1981, pp.128-134.
nationalisme [nasjɔnalism] n. m.
ÉTYM. 1798; de national.
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1 Exaltation du sentiment national; attachement passionné à ce qui constitue le caractère singulier, les traditions de la nation à laquelle on appartient, accompagné parfois de xénophobie et d'une certaine volonté d'isolement. ⇒ Chauvinisme (cit. 2), patriotisme (→ Guérisseur, cit. 1). || Nationalisme exaspéré (→ Crise, cit. 14). || Explosion de nationalisme (→ Évacuation, cit. 3). || Nationalisme économique (→ Industrialisation, cit. 2). || Le nationalisme en art, en littérature…
2 Doctrine qui, fondant son principe d'action sur ce sentiment, subordonne, en politique intérieure, tous les problèmes (culturels, économiques, sociaux…) au développement de la puissance nationale et rejette, en politique étrangère, toute association limitant la liberté d'action ou s'opposant à l'hégémonie de la nation. || Le nationalisme intégral de Ch. Maurras. || « Scènes et doctrines du nationalisme », ouvrage de M. Barrès.
1 Nationalisme s'applique en effet, plutôt qu'à la Terre des Pères, aux Pères eux-mêmes, à leur sang et à leurs œuvres, à leur héritage moral et spirituel, plus encore que matériel.
Le nationalisme est la sauvegarde due à tous ces trésors qui peuvent être menacés sans qu'une armée étrangère ait passé la frontière, sans que le territoire soit physiquement envahi. Il défend la nation contre l'Étranger de l'intérieur. La même protection peut être due encore dans le cas d'une domination étrangère continuée dont la force consacrée par un droit écrit, n'est pourtant pas devenue un droit réel (…)
Ch. Maurras, Mes idées politiques, p. 264.
2 Le nationalisme (…) élevé dans la vieille et indulgente maison lorraine de M. Maurice Barrès, nourri d'encre précieuse, quel chemin il a fait depuis, jusqu'au Japon, jusqu'en Chine ! C'est que les puissants maîtres de l'or et de l'opinion universelle l'ont vite arraché aux mains des philosophes et des poètes. Ma Lorraine ! ma Provence ! ma Terre ! mes Morts ! Ils disaient : mes phosphates, mes pétroles, mon fer.
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 70.
3 Doctrine, mouvement politique qui revendique pour une nationalité (1.) le droit de former une nation plus ou moins autonome. || Les nationalismes européens du XIXe siècle. || Le nationalisme polonais.
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CONTR. Antinationalisme, internationalisme.
DÉR. Nationaliste.
COMP. Ultra-nationalisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.