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personnifier

personnifier [ pɛrsɔnifje ] v. tr. <conjug. : 7>
• 1674 ; de 1. personne
1Évoquer, représenter (une chose abstraite ou inanimée) sous les traits d'une personne. Dans son besoin « de personnifier ses craintes, l'imagination populaire a pu créer le monstre initial et tout-puissant auquel elle a dressé des temples » (Henriot). Les dessins animés personnifient des objets ( anthropomorphisme) . Harpagon personnifie l'avarice. symboliser.
2(1851) Réaliser dans sa personne (un caractère), d'une manière exemplaire. Il personnifie le Français moyen. Par ext. Personnifier un pays, une époque, une chose. incarner. « dernier survivant de la grande Renaissance, il [Michel-Ange] la personnifiait, il était à lui seul un siècle de gloire » (R. Rolland).

personnifier verbe transitif Attribuer à quelque chose l'apparence, les sentiments, le langage d'une personne réelle : Personnifier la justice par une femme tenant une balance. Être l'expression humaine, le symbole d'une abstraction, d'une idée, etc., la réaliser dans sa personne : Il pensait personnifier la France. Rassembler dans sa personne tous les traits caractéristiques d'une vertu ou d'un vice : Il personnifie l'avarice.personnifier (synonymes) verbe transitif Attribuer à quelque chose l'apparence, les sentiments, le langage d'une personne...
Synonymes :
- symboliser
Rassembler dans sa personne tous les traits caractéristiques d'une vertu...
Synonymes :
- incarner

personnifier
v. tr.
d1./d Attribuer à (une chose abstraite ou inanimée) la figure, le langage, etc., d'une personne. Personnifier la mort.
d2./d Constituer en soi le modèle, l'exemple de. Saint Louis personnifie la justice.

⇒PERSONNIFIER, verbe trans.
A. —Évoquer quelque chose (d'inanimé concret ou plus souvent abstrait) comme si c'était une personne. Toutes les fois que l'Antiquité, par poésie ou par impuissance d'abstraire, personnifiait une idée, lui donnait un nom d'homme, Hercule, Thésée ou Romulus, le grossier matérialisme des critiques alexandrins, la prenait au mot, s'en tenait à la lettre (MICHELET, Hist. romaine, t.2, 1831, p.68):
♦ Celle [l'abstraction] que Voltaire personnifie dans ces deux vers de son Orphelin de la Chine, relatifs à l'invasion de Pékin par les Tartares:
Les vainqueurs ont parlé. L'esclavage en silence
Obéit à leur voix dans cette ville immense.
«Mettez à la place Les esclaves en silence, dit Laharpe, et tout l'effet est détruit... le poète en personnifiant l'esclavage agrandit le tableau...»
P. FONTANIER, Les Figures du discours, 1968, p.112.
[En parlant d'une figure humaine ou divine] Représenter quelque chose d'inanimé, surtout une abstraction. Synon. incarner. Les Hellènes voyaient dans la nature des forces qui se livrent incessamment des combats variés, et ces forces étaient des Dieux. Les Dieux personnifiaient les diverses sensations d'un Grec devant les phénomènes de l'univers (BARRÈS, Voy. Sparte, 1906, p.71). La Réforme élit la morale et exile la beauté. (...). Saint-Just tonne contre les spectacles et, dans le beau programme qu'il fait pour la «fête de la raison», veut que la raison soit personnifiée par une personne «vertueuse plutôt que belle» (CAMUS, Homme rév., 1951, p.313).
Au part. passé. On montrait aussi le lieu où Hercule s'était brûlé, et nous avons fait voir qu'Hercule n'était que le soleil personnifié dans les allégories sacrées (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p.141).
B. —Qqn personnifie qqc.
1. Être le symbole vivant de quelque chose d'abstrait. Vous êtes mon ami, bien que ce ne soit pas vous, oh non! qui personnifiez l'amitié (GIRAUDOUX, Simon, 1926, p.118).
Empl. pronom. réfl. Qqc. (d'abstr.) se personnifie dans. Il y a des moments où la conscience publique aime à se personnifier dans un homme; elle s'en fait un oracle (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t.4, 1859, p.255).
Au part. passé. La fierté révolutionnaire personnifiée dans Bonaparte (SAND, Hist. vie, t.1, 1855, p.450).
2. En partic. Incarner de manière exemplaire un défaut, une qualité. Madame Cézanne, cette déesse butée, qui personnifie à la fois toute la naïveté et toute la mesquinerie provinciale (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p.133).
Au part. passé. C'est la bêtise personnifiée. L'orgueil humain personnifié dans un peuple, c'est l'Angleterre (MICHELET, Introd. Hist. univ., 1831, p.456). M. Merle, toujours gai et satisfait, pourvu que rien ne fasse un pli dans son bien-être, est, aujourd'hui comme toujours, le calme personnifié, aimable, facile à vivre, charmant dans son égoïsme (SAND, Hist. vie, t.1, 1855, p.221).
♦[En parlant d'un personnage ou entité de théâtre, de roman, de cinéma] Ça n'est pas hautain du tout cet art qui consiste à mettre des propositions relatives à la fin des vers (...) et autres pauvretés, pour la rime et l'impeccabilité du sonnet, ça et beaucoup de majuscules, aux noms des Dieux, ou des vertus personnifiées (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1906, p.252).
Prononc. et Orth.:[], (il) personnifie []. Ac. 1694: personifier; dep. 1718: personnifier. Étymol. et Hist.1. 1710 personnifier «donner, par la parole ou par l'image, à une chose inanimée les traits et les caractéristiques de l'homme» (BOILEAU, Réflexions critiques sur quelques passages de Longin ds OEuvres, éd. 1859, p.410); 2. ca 1780 personnifié «se dit d'une qualité par rapport à une personne qui la possède au plus haut degré» (Mme DU DEFFAND, Lettre à H. Walpole, t.1, p.132 ds LITTRÉ); 1851 personnifier «montrer dans sa personne une qualité, un caractère, un défaut, d'une manière exemplaire» (DELACROIX, Journal, p.440). Dér. de personne; suff. -fier (-ifier). Fréq. abs. littér.:161. Bbg. QUEM. DDL t.21.

personnifier [pɛʀsɔnifje] v. tr.
ÉTYM. 1674; de personne, et -fier, lat. facere.
1 Évoquer, représenter (une chose abstraite ou inanimée) sous les traits d'une personne (→ Majuscule, cit. 2). || Personnifier la destinée (cit. 2), la mer (cit. 4)…Pron. || Une image fantastique où se personnifiait le pouvoir de l'or (→ Grandir, cit. 8).(Au p. p.). || Les vices et les vertus personnifiés.
1 La lutte de la France et de l'Empire, de la ruse héroïque et de la force brutale, s'est personnifiée de bonne heure dans celle de l'Allemand Zwentebold et du Français Rainier (Renier, Renard ?), d'où viennent les comtes de Hainaut.
Michelet, Hist. de France, III.
2 Dans son besoin d'adorer et de conjurer l'invisible, et de personnifier ses craintes, l'imagination populaire a pu créer le monstre initial et tout-puissant auquel elle a dressé des temples.
Émile Henriot, Mythologie légère, Avant-propos.
(En parlant du personnage qui représente une abstraction). || Harpagon personnifie l'avarice.
3 (…) l'Olympe des dieux charmants, charnels, passionnés comme nous, faits comme nous, qui personnifiaient poétiquement toutes les tendresses de notre cœur, tous les songes de notre âme, et tous les instincts de nos sens.
Maupassant, la Vie errante, « La Sicile ».
2 (1851). Réaliser, montrer dans sa personne une qualité, un caractère, un défaut, d'une manière exemplaire. || Il personnifie l'honnêteté.(Au p. p.). || C'est la mauvaise volonté personnifiée.
4 André Chénier va nous personnifier en lui une autre manière d'être et de se comporter en temps de Révolution, une manière de sentir plus active, plus passionnée, plus dévouée et plus prodigue d'elle-même, une manière moins philosophique sans doute, mais plus héroïque.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 19 mai 1851.
Par ext. || Personnifier un pays, une époque, une chose… Incarner.
5 À la fin de sa carrière, dernier survivant de la grande Renaissance, il la personnifiait, il était à lui seul tout un siècle de gloire.
R. Rolland, Vie de Michel-Ange, p. 152.
DÉR. Personnification.

Encyclopédie Universelle. 2012.