DIMANCHE
DIMANCHE
Premier jour de la semaine, regardé par tous les chrétiens comme le «Jour du Seigneur»; de là vient son nom: Dominica [dies ], car les Évangiles le présentent avec insistance comme celui de la Résurrection du Christ. Le IIe concile du Vatican l’appelle «jour de fête primordial». Il convient donc que ce soit un jour de repos, manifestant qu’à travers le travail construisant la cité terrestre s’édifie une autre cité qui n’est pas d’abord l’œuvre des hommes. En cela, le dimanche chrétien est l’héritier du sabbat juif, signifié par l’image biblique du repos de Dieu après les sept jours de la Création. Si on l’appelle volontiers le «huitième jour», c’est pour manifester qu’il introduit dans l’histoire la vie du Royaume des cieux; et, comme il demeure en même temps le premier, se trouve marqué son caractère périodique, comme si l’éternité emportait dans son rythme toute l’existence des hommes.
D’après le concile de Nicée de 325, le jeûne en est exclu, ainsi que la prière à genoux ou toute autre pratique de pénitence. Mais l’élément essentiel de la célébration dominicale est, dès les origines de l’Église, l’assemblée des fidèles: «Le premier jour de la semaine, nous étions réunis pour la fraction du pain», disent déjà, dans les années 60, les Actes des Apôtres; et les chrétiens de l’âge apostolique ne connaissaient pas d’autre fête que le dimanche. Contrairement aux adeptes du judaïsme, ils ne se distinguent pas par des pratiques alimentaires ou vestimentaires qui les obligeraient à vivre à part et ils affirment leur identité, à leurs yeux comme à ceux des païens, par cette réunion hebdomadaire où, de dispersés qu’ils étaient dans la semaine, ils se retrouvent entre eux pour se nourrir de la Parole de Dieu et de l’eucharistie.
Tout au long de leur histoire, ils restent fidèles à se rassembler, même dans les sociétés où le dimanche n’est pas férié (ce fut général jusqu’au IVe siècle et c’est le cas aujourd’hui dans certains pays). «Nous ne pouvons pas vivre sans dimanche», répondaient, en 304, au proconsul de Carthage des chrétiens arrêtés pour rassemblement illicite. Les conciles ont souvent rappelé l’obligation de participer à l’assemblée et, même lorsqu’il n’est pas possible de célébrer la messe, parce qu’il n’y a pas de prêtre, les fidèles sont invités à se réunir, ce même jour, pour réaliser le signe visible de l’Église. Par là se comprend la condition posée par le dernier concile à toute réforme du calendrier: «Que soit sauvegardée la semaine de sept jours avec le dimanche.»
Dans la liturgie romaine, on appelle «dimanches ordinaires» ceux qui se situent en dehors de l’avent, du temps de Noël, du carême et du temps pascal. Ils sont numérotés de 1 à 34, à partir du deuxième dimanche après le 6 janvier jusqu’à celui qui précède le mercredi des Cendres, puis du dimanche qui suit la Pentecôte jusqu’à l’avent. On les appelle aussi parfois «dimanches verts», à cause de la couleur des vêtements liturgiques que, ces dimanches-là, portent les officiants.
dimanche [ dimɑ̃ʃ ] n. m.
• diemenche 1119; lat. ecclés. dies dominicus « jour du Seigneur »
♦ Septième jour de la semaine, qui succède au samedi; jour consacré à Dieu, au repos, dans les civilisations chrétiennes (⇒ dominical). — Dimanche dernier, dimanche prochain. Venez déjeuner dimanche. Le repos du samedi et du dimanche. ⇒ week-end (cf. Fin de semaine). « Le dimanche n'est pas un jour normal, physiologique, c'est un hiatus, une solution de continuité dans la trame des jours vivants » (Duhamel). Les dimanches de l'Avent. Le dimanche de Pâques. La messe du dimanche. La promenade du dimanche. Bon dimanche ! Passer le dimanche en famille. Les habits, le costume du dimanche (⇒ s'endimancher) . PROV. Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.
♢ Fam. DU DIMANCHE, se dit de personnes qui agissent en amateurs, sans expérience. Un conducteur du dimanche. « Certes, un peintre du dimanche copierait mal la Joconde » (Malraux).
● dimanche nom masculin (latin ecclésiastique dies dominicus, jour du Seigneur) Chez les chrétiens, jour consacré au culte hebdomadaire. Septième et dernier jour de la semaine. ● dimanche (citations) nom masculin (latin ecclésiastique dies dominicus, jour du Seigneur) Joseph Addison Milston, Wiltshire, 1672-Kensington 1719 Le dimanche efface la rouille de toute la semaine. Sunday clears away the rust of the whole week. In The Spectator n° 112, 9 juillet 1711 ● dimanche (expressions) nom masculin (latin ecclésiastique dies dominicus, jour du Seigneur) Du dimanche, inexpérimenté, amateur, pas sérieux : Conducteur du dimanche. Habits du dimanche, vêtements soignés réservés pour les dimanches et les circonstances solennelles.
dimanche
n. m. Septième jour de la semaine, qui suit le samedi, traditionnellement consacré à Dieu et au repos, dans le monde chrétien. Aller à l'église le dimanche. Nous rentrerons dimanche. Un dimanche de Pentecôte.
|| Plaisant Habits du dimanche, les plus beaux.
|| Fam., péjor. Du dimanche: amateur ou inexpérimenté. Un peintre du dimanche. Un chauffeur du dimanche.
⇒DIMANCHE, subst. masc.
A.— Jour de la semaine sanctifié par le Christianisme et plus généralement consacré au loisir. Dimanche des brandons, dimanche gras; dimanches et jours de fête; école du dimanche. Synon. relig. jour du Seigneur. À la campagne, le dimanche est peint dans l'air et sur la terre. Ainsi que ses habitants, le village ou le bourg semble avoir pris ses vêtements de fête, ses souliers neufs, sa veste de velours, le haut col de chemise (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 96). Chanter le Credo à la messe du dimanche (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 398) :
• 1. Selon la jurisprudence des collèges, le dimanche et le jeudi étaient nos jours de congé; mais les offices, auxquels nous assistions très-exactement, employaient si bien le dimanche, que nous considérions le jeudi comme notre seul jour de fête.
BALZAC, Louis Lambert, 1832, p. 75.
• 2. Le dimanche n'est pas un jour normal, physiologique, c'est un hiatus, une solution de continuité dans la trame des jours vivants.
DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, p. 112.
— P. ext.
♦ Fête religieuse importante et chômée (qui ne tombe pas nécessairement un dimanche). Dimanche de Toussaint. « Les grands dimanches », comme Noël et Pâques (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 32).
Rem. On rencontre ds la docum. le tour fam. jour de dimanche (cf. automne ex. 3).
♦ Jour de repos, de fête. Ce jour là vois-tu, c'est mon jour de congé, c'est mon dimanche, et je tâche qu'il y en ait plusieurs dans la semaine (BAYARD, Mari camp., 1844, II, 6, p. 170) :
• 3. Je venais d'arriver à Paris; j'étais employé dans un ministère, et les dimanches m'apparaissaient comme des fêtes extraordinaires, pleines d'un bonheur exubérant, bien qu'il ne se passât jamais rien d'étonnant. C'est tous les jours dimanche, aujourd'hui. Mais je regrette le temps où je n'en avais qu'un par semaine.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Souvenir, 1884, p. 532.
• 4. — C'est dimanche, dit Marie à ce moment-là. — Ah! Vous avez fait le compte des jours vous aussi? — Non, dit-elle [à Saint-Jean], pourquoi? Est-ce que c'est vraiment dimanche? ... Je disais ça parce que tout va bien.
GIONO, Batailles dans la montagne, 1937, p. 270.
— P. méton., vieilli. Réception donnée le dimanche. Je me vois forcé de supprimer pendant quelque temps mes dimanches (FLAUB., Corresp., 1869, p. 176).
— P. métaph. La société d'un ami m'est tout un dimanche (SAND, Maîtres sonneurs, 1853, p. 79).
— Locutions (vieillies)
♦ adv., fam. Dimanche (après la grand-messe). Jamais (cf. FRANCE 1907). Sens devant dimanche. Sens dessus-dessous, à l'envers. Sens devant dimanche, à l'envers l'un de l'autre comme des danseurs qui tournent autour l'un de l'autre sans jamais parvenir tout à fait à se voir la figure! (CLAUDEL, Échange, 1954, I, p. 735).
♦ verbales. Faire ses (beaux) dimanches de qqc. En user dans une circonstance de fête, dans une solennité. Son habit de noces (...) dont il avait fait si longtemps ses dimanches (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 97). Ce que Mme Bosse jette à mes cabots : des ratas, que d'autres seraient contents de faire leur dimanche avec (MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p. 1036).
B.— [Dans des syntagmes prép. plus ou moins figés de/du dimanche, en dimanche]
1. [P. allus. au climat de fête qu'apporte ce jour]
— Air de dimanche. Air de fête, de gaieté. Les boutiques se remplissent et les rues s'animent. Le village prend un air de dimanche (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 105). Moûlu rentre, rose et frais, avec un air de dimanche (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 257).
— Costume, habits, toilette du(des) dimanche(s). Vêtements de cérémonie, de fête. Anton. fam. de tous les jours. Mme Guillaume revêtit ses habits du dimanche (ARLAND, Ordre, 1929, p. 488). Toutes les classes de la société défilent [devant le photographe] en costume du dimanche (PRINET, Phot., 1945, p. 84).
♦ P. méton. S'habiller de/en dimanche. Prendre ses plus beaux habits. Synon. s'endimancher. Catherine, habillée en dimanche (ERCKM.-CHATR., Conscrit 1813, 1864, p. 19). Des enfants habillés de dimanche (GIONO, Regain, 1930, p. 184).
2. [P. allus. au climat de détente qu'apporte ce jour; le déterminé désigne une pers.]
a) Qui profite du dimanche pour se livrer à ses loisirs favoris. Promeneur du dimanche. Tous les buveurs du dimanche, (...) étaient attablés devant les portes (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 54).
b) Péj. Qui ne se livre à certaines activités que le dimanche et par suite, s'y révèle malhabile ou inexpérimenté. Chauffeur, conducteur du dimanche. Ces peintres du dimanche qui sont des milliers pour un seul douanier Rousseau (VIALAR, Débucher, 1953, p. 90).
Rem. 1. Les dict. gén. du XIXe et du XXe s. définissent le dimanche comme « le premier jour de la semaine », sauf Ac. 1932 : ,,le septième jour de la semaine`` et QUILLET 1965 : ,,le premier ou, selon d'autres, le dernier jour de la semaine``. Si certains usages (p. ex. liturg., législ. du travail) continuent d'en faire le premier jour de la semaine, il apparaît plus souvent, notamment sur les calendriers, comme le dernier (cf. ARAGON, Crève-cœur, 1941, p. 18); par ailleurs, en raison de son aspect spécifique, il est fréquemment opposé aux autres jours de la semaine, par rapport auxquels il est senti en solution de continuité (cf. supra ex. 2). 2. On rencontre ds la docum. a) Dimanchard, subst. et adj. masc., rare. Je me sens extraordinairement dimanchard! (GONCOURT, Journal, 1896, p. 1004). Le dimanchard y fourmille [au café] (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 21). b) Dimanchement, adv. rare. Comme il convient le dimanche. (cf. RHEIMS 1969). Dimanche des Rameaux... À l'ombre des feuilles les eaux lentes se recueillent dimanchement (JAMMES, De l'angélus, 1898, p. 54).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1131 dïen enche (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 1430); début XIVe s. dymanche (J. DE JOINVILLE, Hist. St Louis, éd. N. de Wailly, 1874, § 45); 1690 les habits du dimanche (FUR.). Du lat. chrét. dies dominicus « jour du Seigneur » devenu didominicu, puis par dissimilation consonantique diominicu; dès ca 1119 l'a fr. dïemeine d'apr. l'adj. a. fr. demaine (< lat. dominicus) « seigneurial; principal; propre » : PH. DE THAON, Comput, 2198 ds T.-L., s.v. demaine : Iloc iert icel di Qu'apelum diemeine, Le jurn Jesu demaine. Fréq. abs. littér. : 8 655. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 8 785, b) 19 814; XXe s. : a) 16 320, b) 8 878. Bbg. BAEHR (R.). Zu den romanischen Wochentagsnamen. In :[Mél. Rohlfs (G.)]. Halle, 1958, pp. 26-56. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 396. — GRIMAUD (F.). Petit gloss. du jeu de boules. Vie Lang. 1969, p. 113. — LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 56.
dimanche [dimɑ̃ʃ] n. m.
ÉTYM. 1119, diemenche; du lat. ecclés. dies dominicus « jour du Seigneur », devenu en bas lat. didominicus, d'où diominicus.
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♦ Jour « sanctifié par le christianisme » (T. L. F.), généralement considéré comme le premier de la semaine — encore que l'Académie définisse le samedi aussi bien que le dimanche « septième jour de la semaine » — mais faisant partie, dans la conscience collective moderne, de la « fin de semaine », son début étant identifié au début du travail (le lundi). || Dimanche prochain, dimanche dernier. || Venez nous voir dimanche. — Dans les civilisations chrétiennes, le dimanche est traditionnellement un jour de repos, consacré au service de Dieu. ⇒ Dominical (repos). || L'assistance à la messe du dimanche. || Communier tous les dimanches. || Aller aux vêpres, au salut, le dimanche. || Observer, fêter, sanctifier le dimanche, le repos du dimanche. || Le repos du samedi et du dimanche. ⇒ Week-end; → Fin de semaine. — Le premier dimanche du mois. || Les dimanches de l'Avent. || Dimanches de Carême. ⇒ Oculi, passion, quadragésime, quinquagésime, rameaux, septuagésime, sexagésime; (vx) brandon. || Le dimanche de Pâques, de Quasimodo, de la Pentecôte, de la Trinité. || Le dimanche gras, qui précède le mercredi des Cendres.
♦ Le dimanche, considéré comme opposé à la semaine, aux jours ouvrables. || Le repos du dimanche.
1 Elle allait à la messe le dimanche, d'ordinaire à la messe basse.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, II, p. 13.
2 Le dimanche n'est pas un jour normal, physiologique, c'est un hiatus, une solution de continuité dans la trame des jours vivants.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, II, X, p. 317.
3 Oui, l'heure est venue de réfléchir. Vous avez cru qu'il vous suffirait de visiter Dieu le dimanche pour être libres de vos journées. Vous avez pensé que quelques génuflexions le paieraient bien assez de votre insouciance criminelle. Mais Dieu n'est pas tiède.
Camus, la Peste, p. 112.
♦ Les distractions du samedi et du dimanche. || Bon dimanche ! || Les beaux dimanches d'été. || La promenade du dimanche. || Passer le dimanche en famille. || Les habits, le costume du dimanche (→ Abîmer, cit. 8; aise, cit. 8). || S'habiller en dimanche. ⇒ Endimancher.
4 L'homme, un vieil ouvrier aux mains durcies par le travail, qui a mis pour voyager ses habits du dimanche, enlève sa veste, sa cravate, s'éponge le front, et allume un cigare.
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 94.
5 Ce dimanche, comme chaque dimanche, sur la promenade traditionnelle, les soldats étaient aussi nombreux que les civils (…)
P. Mac Orlan, la Bandera, VI, p. 73.
5.1 (…) et un complet bleu à raies, costume qui a dû être dans le temps celui des dimanches parce que les pauvres ne peuvent jamais s'acheter lorsqu'ils ont un peu d'argent que des vêtements de fête qu'ils sont condamnés ensuite à porter sans fin comme de dérisoires témoins d'impossibles ambitions.
Claude Simon, le Palace, 10/18, p. 35.
♦ Régional (Belgique) :
5.2 — Au lit ! Pas de sortie ! Pas de dimanche ! En Belgique, le « dimanche » est la petite somme d'argent qui est donnée aux enfants pour passer agréablement ce jour.
Henri Calet, la Belle Lurette, p. 114.
♦ Par ext. Jour de repos, de vacances. — REM. Cet emploi n'est pas lexicalisé; la comparaison implicite ou explicite avec le dimanche effectif y est toujours présente. || Aujourd'hui, c'est dimanche pour moi; c'est mon dimanche, je me repose. — ☑ Loc. fam. (1753, in D. D. L.). C'est tous les jours dimanche, c'est la fête. — Fig. || Les dimanches de la vie. ☑ Un air de dimanche, de fête, de gaieté.
♦ ☑ Prov. Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.
6 Ma foi, sur l'avenir bien fou qui se fiera :
Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.
Racine, les Plaideurs, I, 1.
♦ ☑ Jamais le dimanche (allus. au film de J. Dassin où une prostituée grecque ne reçoit jamais de clients le dimanche).
♦ ☑ Fam. Du dimanche, se dit de personnes qui agissent en amateurs, sans habileté. || Un chauffeur du dimanche. || Assassin du dimanche. || Un peintre du dimanche. ⇒ Amateur (→ Barbouiller, cit. 6).
7 Certes, un peintre du dimanche copierait mal la Joconde (…)
Malraux, les Voix du silence, II, II, p. 287.
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COMP. Endimancher.
Encyclopédie Universelle. 2012.