piéter [ pjete ] v. intr. <conjug. : 6>
1 ♦ Chasse Avancer en courant au lieu de voler (gibier à plumes). « des compagnies de [perdrix] rouges qui piétaient par une raie, dans un chaume » (Genevoix ).
2 ♦ V. pron. (fin XVIIIe) Littér. Se planter, se raidir sur ses pieds. Le cheval « s'était piété dur de ses sabots de derrière » (Giono).
♢ Fig. Se raidir en résistant. Il « se piétait contre la douleur dans une solitude sévère » (Duhamel).
⊗ HOM. Piété.
● piéter verbe intransitif (bas latin peditare, aller à pied) Courir sur le sol au lieu de prendre son envol (en parlant de la perdrix, du faisan, de la caille, de la bécasse, etc.). ● piéter (homonymes) verbe intransitif (bas latin peditare, aller à pied) piété nom féminin ● piéter verbe transitif Mesurer la surface d'une peau. (La mesure est exprimée en pieds carrés.) Procéder au piétage d'un textile. ● piéter (homonymes) verbe transitif piété nom féminin
Pieter ou Pierre
dit Bruegel le Vieux (v. 1525 - 1569), peintre flamand. Ses paysages et scènes de genre sont une méditation sur la destinée humaine: la Chute d'Icare, les Chasseurs dans la neige, Noces villageoises.
⇒PIÉTER, verbe
A. —Empl. intrans.
1. JEUX (de boules, de quilles). Tenir son pied à l'endroit fixé, sans le dépasser. (Dict. XIXe et XXes.).
2. Aller à pied, être sur ses pieds.
a) [Le suj. désigne une pers.] Se tenir debout. Voir ces deux femmes demi-nues (...) trôler dans les allées du parc ou piéter dans l'antichambre (...) ça doit un peu étonner les visiteurs pudibonds (GONCOURT, Journal, 1890, p.275). Les mains pendantes et le dos rond, lasses de piéter depuis six heures du matin, elles se laissaient engourdir par la chaleur (HAMP, Champagne, 1909, p.137).
b) CHASSE. [Le suj. désigne un gibier à plumes] S'échapper, avancer en marchant ou en courant, au lieu de s'envoler. «Les perdrix», disait Sarcelotte. Et c'étaient des compagnies de rouges qui piétaient par une raie, dans un chaume, la tête droite et presque immobile, les pattes véloces qu'une mécanique semblait mouvoir (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p.242). La dame au long bec (...) se met à piéter à grande allure malgré ses petites pattes (VIDRON, Chasse, 1945, p.59).
B. —Empl. pronom. réfl.
1. Se hausser, se planter solidement sur ses pieds. Le prince de Courtenay, en Louis XIV, se piétait comme si la postérité l'eût vu, entouré de mignons, de raffinés, de frondeurs, de mousquetaires (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p.114). Elle, une grosse, une espèce de gendarme, avec un oeil blanc qui regardait en l'air, elle se piète et croise les bras (POURRAT, Gaspard, 1925, p.226).
— P. anal. [En parlant d'une chose] Les piliers et les colonnes semblaient se piéter puissamment pour soutenir le poids des immenses pierres appuyées sur les cubes de leurs chapiteaux (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p.228).
2. Au fig. Se raidir, résister avec force. Nous allons visiter Le Caire soigneusement et nous piéter à travailler tous les soirs, chose que nous n'avons pas encore faite (FLAUB., Corresp., 1850, p.123). Il s'enfermait (...) dans sa chambre, pour ne pas affliger ses enfants, et se piétait contre la douleur dans une solitude sévère (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.123).
C. —Empl. trans.
1. Vieilli. Piéter qqn (contre qqn, qqc.). Disposer quelqu'un à résister (à quelqu'un, à quelque chose). (Dict. XIXe et XXes.).
2. Domaine techn.
a) MAR. ,,Marquer ou diviser l'étrave et l'étambot, en pieds et demi-pieds, avec de petites lames de plomb aplaties`` (WILL. 1831).
b) INDUSTR. TEXT. Teindre les étoffes en bleu avant de les teindre en noir (d'apr. CHESN. t.2 1858).
REM. Piéteur, -euse, adj. et subst. masc. [Corresp. à supra A 2 b] (Oiseau) qui s'échappe à pied au lieu de s'envoler. Les gallinacés sont de grands piéteurs (DUCHARTRE 1973).
Prononc. et Orth.:[pjete], (il) piète []. Homon. piété. Ac. 1694, 1718: pieter; dep. 1740: piéter. Conjug. v. abréger. Étymol. et Hist. 1. Verbe intrans. a) XIVes. (ms.) «marcher» (Roman de Renard, éd. E. Martin, br. XI, 1683, var. ms. L); b) 1690 jeux (FUR.); 2. 1775 chasse (BUFFON, Oiseaux, t.14, p.228 ds LITTRÉ); 3. verbe pronom. a) 1740 «prendre bien ses mesures» (Ac.); b) 1782 «se hausser sur les pieds» (GRIMM, Correspondance, t.III, p.361 ds LITTRÉ); c) 1783 «se raidir, résister fortement» (Mme D'ÉPINAY, Mémoires, t.1, p.371, ibid.). Du lat. tardif peditare «aller à pied», dér. de pedes, -itis «qui va à pied, piéton». Fréq. abs. littér.:22.
piéter [pjete] v. [CONJUG. céder.]
ÉTYM. XIIe-XIIIe, Roman de Renart, « marcher »; du bas lat. peditare « aller à pied ».
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1 V. intr. (1690, Furetière, seul sens indiqué). Tenir le pied à l'endroit marqué, qu'on ne doit pas dépasser, au jeu de boules, de quilles…
♦ (XVIIIe, Buffon). Chasse. Marcher ou courir, au lieu de voler (en parlant du gibier à plumes). → Perdrix, cit. 2.
0.1 Les perdrix, dispersées dans le jour, ont l'habitude de se réunir à cette corne du bois où elles passent la nuit. Les unes arrivent en piétant le long des haies. Un vol silencieux et droit rapproche les autres.
J. Renard, Bucoliques, Pl., t. II, p. 207.
2 V. tr. Vx. Exciter à, faire résister de pied ferme. || « On avait piété cet homme contre ses meilleurs amis » (Littré).
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se piéter v. pron.
ÉTYM. (1780).
a Littér. Se planter, se raidir sur ses pieds.
1 (…) les piliers et les colonnes semblaient se piéter puissamment pour soutenir le poids des immenses pierres appuyées sur les cubes de leurs chapiteaux (…)
Th. Gautier, le Roman de la momie, IV.
2 Le cheval préparait ses efforts en frémissant (…) Il s'était piété dur de ses sabots de derrière et, tendu vers le bosquet d'érables, il fatiguait la main de Matelot en secouant la tête.
J. Giono, le Chant du monde, I, VI.
b (XIXe). Fig. Prendre une attitude (psychologique, morale) de ferme résistance. ⇒ Durcir (se), raidir (se).
3 Il s'enfermait alors dans sa chambre, pour ne pas affliger ses enfants, et se piétait contre la douleur dans une solitude sévère.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, IX, X.
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DÉR. Piéteur, piétiner.
HOM. Piété.
Encyclopédie Universelle. 2012.