pilori [ pilɔri ] n. m.
• pellori 1165; lat. médiév. pilorium, probablt de pila « pilier »
♦ Anciennt Poteau ou pilier à plateforme portant une roue sur laquelle on attachait le condamné à l'exposition publique. ⇒ 1. carcan. Mettre au pilori. « Ficelé à cordes et à courroies sur la roue du pilori » (Hugo).
♢ La peine infamante ainsi infligée. Être condamné au pilori. « La roue, le gibet ou le pilori » (Hugo).
♢ Loc. fig. vieilli Mettre, clouer qqn au pilori, le signaler à l'indignation, au mépris publics (cf. Vouer qqn aux gémonies).
● pilori nom masculin (latin médiéval pilorium, du latin classique pila, pilier) Poteau ou pilier où l'on exposait publiquement les criminels en signe d'infamie. ● pilori (difficultés) nom masculin (latin médiéval pilorium, du latin classique pila, pilier) Orthographe Finale en -i, à la différence de pilotis. ● pilori (expressions) nom masculin (latin médiéval pilorium, du latin classique pila, pilier) Littéraire. Mettre quelqu'un au pilori, le signaler à l'indignation publique, le vouer au mépris public.
pilori
n. m. Poteau auquel était attachée une personne condamnée à être exposée publiquement.
|| Fig. Clouer qqn au pilori, le désigner à l'indignation publique.
⇒PILORI, subst. masc.
Poteau ou appareil tournant sur un pilier situé sur une place publique, auquel on attachait un condamné, avec un carcan au cou, pour l'exposer aux regards de la foule et marquer ainsi son infamie. Roue du pilori; descendre du pilori; monter au pilori; attaché au pilori. Une tige en charpente, que mettait en mouvement un cabestan caché dans l'intérieur du petit édifice, imprimait une rotation à la roue, toujours maintenue dans le plan horizontal, et présentait de cette façon la face du condamné successivement à tous les points de la place. C'est ce qu'on appelait tourner un criminel. Comme on voit, le pilori de la Grève était loin d'offrir toutes les récréations du pilori des Halles (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.264). Joinville rapporte qu'étant à Césarée, en Palestine, en 1251 ou 1252, il [saint Louis] fit mettre au pilori (...) un orfèvre auquel on ne laissa que ses braies et sa chemise (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p.227). Les juges accueillirent avec empressement leurs indications et distribuèrent abondamment les condamnations à l'amende, au pilori et à la prison (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p.336).
— Au fig. Mettre, clouer au pilori. Signaler à l'indignation publique, au mépris. Vous avez vu votre parlement imbécile, né de l'immoral trafic de places et d'honneurs, décider qu'il n'y avait rien à faire, dans la grande déroute des idées, que de poursuivre la pensée, et de mettre au pilori le livre qui dénonçait le crime des incapables contre la patrie (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p.438). À la limite, on tombe sur les écrits d'ordre purement polémique tendant à définir et clouer au pilori les «maîtres» du pays (MEYNAUD, Groupes pression fr., 1958, p.345).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1168 pellori dans un texte lat. (A. GIRY, Hist. de la ville de Saint-Omer jusqu'au XIVes. ds Bibl. des Hautes Études, t.31, p.389); 1176-81 (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Charrette, éd. M. Roques, 322); 1832 fig. (SAND, Valentine, p.211: ... pour nous attacher au pilori de la vie). Orig. incertaine, prob. dér. du lat. pila «pilier» (v. pile1), cf. lat. médiév. pillorium (1190 ds LATHAM) où le suff. -orium pourrait exprimer l'idée de lieu où l'on séjourne pendant un certain temps. Voir FEW t.8, pp.478-479 qui réfute les hyp. proposées antérieurement, étant donné qu'elles font difficulté au plan sém. ou par rapport à la chronol. des attest. Fréq. abs. littér.:107.
DÉR. Pilorier, verbe trans. a) Faire subir le supplice du pilori, mettre au pilori. Il restera deux heures au pilori. Nous avons le temps. Avez-vous jamais vu pilorier, ma chère Mahiette? —Oui, dit la provinciale, à Reims. —Ah bah! qu'est-ce que ça, votre pilori de Reims? Une méchante cage où l'on ne tourne que des paysans (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.243). b) Au fig., vieilli. Diffamer. [V. Hugo] a employé ce gourmet de la gloire impériale [la tribune du Sénat] à pilorier César (HUGO, Actes et par., 3, 1876, p.38). — [], (il) pilorie [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. — 1res attest. 1349 (P. VARIN, Arch. adm. de la ville de Reims, t.2, 2epart., p.1244), 1655 au fig. «dénigrer» (P. BOREL, Tresor de recherches et antiquitez gauloises et françoises); de pilori, dés. -er.
BBG. —ALESSIO (G.). Saggio di etimologie francesi. R. Ling. rom. 1950, t.17, pp.193-196. —BAIST (G.). Etymologisches. Z. rom. Philol. 1881, t.5, pp.233-234. —BRÜCH (J.). Nfrz. pilori... Z. rom. Philol. 1935, t.55, pp.330-340. —GIESE (W.). Frz. pilori... Z. rom. Philol. 1937, t.57, pp.581-585. —WEDGWOOD (H.). French etymologies. Pilori. Romania. 1878, t.8, pp.437-438.
pilori [pilɔʀi] n. m.
ÉTYM. 1165, pellori; du lat. médiéval pilorium, probablt dér. de pila « pilier ».
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1 Hist. Poteau, ou pilier à plate-forme portant une roue, où l'on attachait avec un carcan celui qui était condamné à l'exposition publique. || Mettre au pilori. || Il fut exposé deux heures au pilori. || Pilori et gibet de la place de Grève (cit. 8). Par ext. La peine ainsi infligée. || Le pilori, peine infamante supprimée en 1789.
1 Tantôt elle craignait de n'être pas aimée, tantôt l'affreuse idée du crime la torturait comme si le lendemain elle eût dû être exposée au pilori sur la place publique de Verrières, avec un écriteau expliquant son adultère à la populace.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XI.
2 (…) Les piloris infâmes
Ont besoin d'être ornés parfois d'un empereur.
Hugo, les Châtiments, III, XVI.
2 ☑ (1845). Loc. fig. Mettre, clouer (cit. 6) qqn au pilori, le signaler à l'indignation, au mépris publics.
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DÉR. Pilorier.
Encyclopédie Universelle. 2012.