1. planer [ plane ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1165; bas lat. planare, de planus → 1. plan, 1. plain
♦ Techn. Rendre plan, aplanir, en enlevant les aspérités. ⇒ dresser. Planer une douve, une planche. Planer du métal au marteau. Machine à planer les tôles.
planer 2. planer [ plane ] v. intr. <conjug. : 1>
• v. 1200; du lat. planus → 1. plan, 1. plain
1 ♦ Se soutenir en l'air sans remuer (ou sans paraître remuer) les ailes (en parlant des oiseaux). ⇒ 1. voler. « Des buses, ou peut-être des faucons, volaient, puis planaient, suspendus par les vents et des battements d'aile impalpables » (Nizan). — Voler, le moteur coupé ou à puissance réduite, comme un planeur (en parlant d'un avion).
2 ♦ (1770) Vieilli ou littér. Considérer de haut, dominer du regard. L'œil plane sur la ville entière. Une terrasse « d'où la vue planait sur le pays » (Balzac).
3 ♦ (1769) Dominer par la pensée. Planer au-dessus des querelles, des dissensions, les dominer. ⇒ survoler. « il avait l'impression de se détacher de soi, de planer comme un juge abstrait au-dessus d'un grouillement impur » (Sartre). — Rêver, être perdu dans l'abstraction. « Quand on opère sur les choses réelles, on n'est pas tenté de planer dans le monde imaginaire » (Taine). Il a toujours l'air de planer.
4 ♦ (Choses) Flotter en l'air. Une vapeur épaisse planait.
5 ♦ (fin XVIIIe « menacer, comme l'oiseau sa proie ») Fig. Constituer une présence menaçante. Laisser planer un mystère, un doute. « la douleur et le deuil qui planaient sur cette maison » (Balzac).
6 ♦ Fam. Être dans un état de bien-être et d'indifférence au réel, après absorption de drogue (opposé à 2. flipper). — Par ext. Éprouver un vif plaisir (⇒ planant).
● planer verbe intransitif (de plain) En parlant de l'oiseau, se soutenir dans les airs, voler les ailes étendues, et quasi immobiles. En parlant d'un planeur ou d'un avion qui vole avec ses moteurs arrêtés ou très ralentis, évoluer sous la seule sollicitation de son poids et des forces aérodynamiques. Flotter dans l'air : Une fumée plane au-dessus de la ville. S'exercer sur quelque chose, quelqu'un, concerner de manière diffuse et plus ou moins menaçante quelqu'un ou quelque chose : Un mystère plane sur cette affaire. Ne pas prêter attention à la réalité, aux détails ou être en dehors des réalités : Il plane complètement. Populaire. Être dans un état second, en général agréable, sous l'effet d'une musique, d'une drogue, de l'amour, etc. : Musique qui fait planer. Synonyme de déjauger. ● planer (homonymes) verbe intransitif (de plain) ● planer (synonymes) verbe intransitif (de plain) Ne pas prêter attention à la réalité, aux détails ou...
Synonymes :
- rêver
Synonymes :
- déjauger
● planer
verbe transitif
(bas latin planare, aplanir, du latin classique planus, uni)
Rendre plan, soit avec une plane, soit, pour une tôle, avec un marteau ou une machine.
● planer (homonymes)
verbe transitif
(bas latin planare, aplanir, du latin classique planus, uni)
● planer (synonymes)
verbe transitif
(bas latin planare, aplanir, du latin classique planus, uni)
Rendre plan, soit avec une plane, soit, pour une tôle...
Synonymes :
- aplanir
- dresser
planer
v. intr.
d1./d En parlant d'un oiseau, se soutenir en l'air sur ses ailes étendues, sans paraître les remuer.
|| Voler avec le moteur arrêté ou au ralenti, en parlant d'un avion; voler, en parlant d'un avion sans moteur (ou planeur).
|| être en suspension dans l'air.
d2./d Fig. Planer au-dessus de: considérer dans l'ensemble, sans s'arrêter aux détails; dominer. Planer au-dessus des contingences.
|| (S. comp.) Fam. N'avoir pas le sens des réalités; être distrait.
d3./d (Sujet n. de chose.) Planer sur: peser comme une menace sur.
————————
planer
v. tr. TECH Rendre plan. Planer une tôle.
|| Rendre plat, uni.
I.
⇒PLANER1, verbe trans.
TECHNOL. Rendre plan, aplanir en enlevant les aspérités, en réduisant les irrégularités. Dom d'Auberoche (...) a personnellement surveillé les plis de l'écharpe, la planant ou la cassant aussi bien qu'un statuaire du treizième siècle (HUYSMANS, Oblat, t.1, 1903, p.121). On exécute dans l'argile une section verticale à l'aide d'une bêche et on la plane soigneusement avec une truelle tranchante (ROTHÉ, Géophys., 1943, p.124).
— [Le compl. désigne du bois] Égaliser, dresser avec une plane (d'apr. VOGÜÉ-NEUFVILLE 1971). Planer une douve, des échalas (Ac.). Sur un bloc de noyer, de poirier ou de buis bien plané, l'artiste trace à la plume la composition que doit traduire le graveur (DACIER 1944, p.5).
— [Le compl. désigne un métal] Planer de la vaisselle d'argent, de la vaisselle d'étain, une cuvette de cuivre (Ac.)
♦Égaliser, dresser avec un marteau à planer (d'apr. VOGÜÉ-NEUFVILLE 1971).
♦Mettre en forme une fine plaque de métaux tendres ou précieux pour en faire un objet d'orfèvrerie. Planer une plaque de métal (Ac. 1835-1935). Les plaques devaient être plannées autrefois par l'artiste émailleur, lui-même (A. MEYER, Art émail Limoges, 1895, p.2).
♦Outil à planer. ,,Outil prismatique utilisé pour le dressage d'une surface plane`` (BOISSIER 1975).
Prononc. et Orth.:[plane], (il) plane [plan]. Homon. et homogr. plane (de plan1); plane1,2; plané. Att. ds Ac. dep. 1694. 2 -n- ds A. MEYER, supra. Étymol. et Hist. Ca 1165 au part. passé «aplanir en ôtant les aspérités, les irrégularités» (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 12014 ds T.-L.: fuz dreciez gros et planez). Du lat. tard. planare «id.».
DÉR. 1. Planage, subst. masc. Technol. Opération consistant à aplanir, à planer en frappant au marteau. Planage d'une tôle. Planage (Grav.). —Opération consistant à dresser les plaques de métal destinées à la gravure (MAIRE, Manuel biblioth., 1896, p.301). C'est d'un bon plannage que dépend presque toute la réussite du travail en cours d'exécution, parce qu'une plaque solidement constituée permet à l'artiste de lui faire subir autant de feux que peut en nécessiter un travail soigné (A. MEYER, Art émail Limoges, 1895, p.3). La vaisselle plate exige l'emploi successif de deux procédés vieux comme le monde, la forge et le planage (GRANDJEAN, Orfèvr. XIXes., 1962, p.39). P. anal. Planage. —Opération qui consiste à aplanir le tissu en le tendant très légèrement au moment de le placer, pour essai, sur l'appareil de perforation ou sur l'appareil d'éclatement (THIÉBAUT, Fabric. tissus, 1961, p.84). — []. 2 -n- ds A. MEYER, loc. cit. — 1re attest. 1847 (BESCH. Suppl.); de planer, suff. -age. 2. Planeur, subst. masc. Ouvrier qui plane les métaux, les tôles. Planeur en coutellerie, en orfèvrerie. Atelier de planeur (Ac. 1835-1935). Planeur sur cuivre, sur tôle (Mét. 1955). Les planeurs et les menuisiers soudèrent et clouèrent Bonaparte en une quadruple bière d'acajou, de plomb, d'acajou encore et de fer-blanc (CHATEAUBR., Mém., t.2, 1848, p.668). Pour préparer une pièce en métal à émailler, l'artiste était obligé d'avoir recours soit à un orfèvre, soit à un planneur repousseur au tour, ou à un chaudronnier habile (A. MEYER, Art émail Limoges, 1895, p.2). — []. 2 -n- ds ID., ibid. Att. ds Ac. dep. 1835. — 1re attest. 1680 (RICH.); de planer1, suff. -eur2. 3. Planeuse, subst. fém. ,,Machine à déverser mécaniquement les tôles`` (GDEL). — [planø:z]. — 1re attest. 1903 «machine à planer» (Nouv. Lar. ill.); de planer1, suff. -eux (-eur2).
II.
⇒PLANER2, verbe intrans.
A. —1. [Le suj. désigne un animal]
a) ÉQUIT. (course d'obstacles). Passer horizontalement sur l'obstacle (d'apr. TONDRA Cheval 1979).
b) [En parlant d'un oiseau] Se soutenir en l'air sans remuer ou sans paraître remuer les ailes, sans mouvement apparent. Un milan très-haut plane en larges cercles dans l'azur (CLAUDEL, Connaiss. Est, 1907, p.103). La sérénité de Quesnel l'effrayait, comme un lac au-dessus duquel planent des oiseaux noirs, si clair, si limpide (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.459).
2. [Le suj. désigne un aéronef, un aérostat, p.méton., son pilote] Voler comme un planeur, évoluer sous la sollicitation de son poids et des forces aérodynamiques. Ce volcan émet parfois de la fumée ou des vapeurs qui restent quelque temps suspendues au-dessus de lui et nous le masquent, comme il arriverait pour un aéronaute planant à quelques kilomètres au-dessus du Vésuve aux époques de ses éruptions (FLAMMARION, Astron. pop., 1880, p.188). Le Wassmer Wa21 «Javelot II» (...) lâché, par exemple, à mille mètres en air calme (...) pourra couvrir, en planant simplement, vingt-huit fois cette hauteur, soit vingt-huit kilomètres (Jeux et sports, 1967, p.1618).
— P. anal, MAR. ,,Technique de navigation donnant à un voilier la possibilité de déjauger, d'effleurer simplement la surface et ainsi d'obtenir une vitesse presque double de sa vitesse normale`` (BARBER. 1969).
3. P. anal., littér.
a) Dominer (le paysage) par sa position. Le village étroitement serré, bâti en calcaire blanc, sur le vignoble; la petite ville impériale et murée à l'entrée des vallées; puis çà et là, planant sur les hauteurs, les châteaux ruinés, les mystérieuses fortifications de temps plus anciens (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p.228).
b) [Le suj. désigne l'homme] Dominer du regard. De cette hauteur on plane au loin sur la campagne (Ac.).
— [P. méton.] Du bord de cette terrasse, le regard plane en liberté sur la ville, sur le lac, sur les gorges du Rhône, sur les plateaux étagés (LAMART., Raphaël, 1849, p.218).
B. —P. anal. ou au fig.
1. Littér. [Le suj. désigne des odeurs, des senteurs, des sons] Être suspendu, flotter dans l'air. Jeanne d'Arc prononce des plaintes harmonieuses pendant que le son des flûtes et des hautbois plane doucement dans les airs (STAËL, Allemagne, t.2, 1810, p.362). Une senteur de vase humide planait autour de nous, mais qu'importe! En voyage on ne s'arrête pas à de si minces considérations (DU CAMP, Mém. suic., 1853, p.9).
2. [Le suj. désigne l'homme]
a) Planer sur (qqc.). Dominer par la pensée. Synon. survoler (qqc.). Mon imagination octogénaire plane encore avec plaisir sur ces grands espaces que je traversai dans ma jeunesse (CRÈVECOEUR, Voyage, t.2, 1801, p.151).
b) P. ext. Être dans le monde de l'imagination, de l'abstraction, perdre le contact avec la réalité. Les chaises ont trois pieds, les cheminées fument, le dîner est en retard et la Grisi grogne toujours (...). Quant à Gautier, il plane dans ses phrases (GONCOURT, Journal, 1864, p.38). Le philosophe plane et rêve sur ces flots de douleurs, de tourments, d'angoisses, de sanglots (HUGO, Légende, t.6, 1883, p.4). Au début de l'occupation, il [Montherlant] se livre à une orgie de mépris à l'égard de ses compatriotes vaincus: lui n'est ni Français, ni vaincu, il plane (BEAUVOIR, Deux. sexe, t.1, 1949, p.323).
c) Être dans un état de bien-être et d'indifférence, notamment sous l'effet de la drogue; p.ext., éprouver un vif plaisir. Elle avait échappé à l'enfer de l'héroïne pour tomber dans celui d'un tranquillisant. Anna B... (...) a «replongé» parce qu'un médecin complaisant (...) lui a permis de s'approvisionner. Comme elle, une quarantaine de drogués venaient chez lui se faire prescrire, au prix fort, ce calmant qui fait «planer» (Le Point, 17 oct. 1977, p.135, col. 1). Voyager. C'était sans doute aussi le rêve de Jean-Baptiste, 19 ans, étudiant. D'abord en «planant», en fumant de l'herbe. Et puis, victime de l'engrenage fatal de la drogue. Voyage au delà de toutes les nuits. Morphine, héroïne, acide (Elle, 23 juill. 1979, p.2, col. 1).
3. Dominer, de façon souvent pesante (quelqu'un, quelque chose). Une monotonie assoupissante plane sur la plupart de ses écrits, qui n'ont que deux sujets, la bible et ses ennemis (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t.1, 1821, p.273). [Stéphane] donna un coup de marteau (...). Rien ne répondit, mais un silence planait (ESTAUNIÉ, Simple, 1891, p.94). L'idée qui plane sur tous les progrès de la géographie est celle de l'unité terrestre (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p.5).
— En partic. Peser d'une manière menaçante, constituer une présence menaçante. Émotion, incertitude, inquiétude, malaise, menace, mort, mystère, suspicion qui plane. C'est une cérémonie religieuse qu'une tragédie grecque. (...) toujours le destin planant sur la vie de l'homme (STAËL, Allemagne, t.2, 1810 p.238). On mangeait lentement, sans dire mot, une gêne insaisissable planant dans l'air (MOSELLY, Terre lorr., 1907, p.127). Aux généreux bouillonnements a succédé une vague somnolence; il plane une impalpable tristesse, un relent aigre d'enthousiasme refroidi (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p.333).
♦Laisser planer (un doute, un mystère, un soupçon). Laisser subsister dans les esprits. L'enfant ne répond pas, obstinément, laissant planer sur son père le soupçon que c'est lui qui l'a jeté par la fenêtre (GONCOURT, Journal, 1889, p.1059). Il manoeuvre avec son dossier secret pour laisser planer un doute —même après la revision faite —sur l'innocence de Dreyfus (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p.334).
REM. Planant, -ante, part. prés. en empl. adj. Qui plane. a) [En parlant d'un oiseau; corresp. à supra A 1 b] Les ailes planantes. Les ailes largement ouvertes, comme en vol plané. C'est le chant d'amour de la bécasse. Et l'oiseau ou les oiseaux passent!!! On peut les voir isolés —la dame au long bec passe les ailes planantes, le bec pointant vers le sol dans un vol presque rectiligne — (VIDRON, Chasse, 1945, p.64). b) [En parlant du mode de déplacement d'un animal; corresp. à supra A 1 a] Le vieux cerf (...) passa la ligne dans une allongée planante, un vol de flèche qui parut un moment se soutenir et s'appuyer sur l'air (GENEVOIX, Dern. harde, 1938, p.21). Vol planant. Synon. vol plané. Le vide immense, où des buses, dans leur vol planant, décrivaient lentement de grands cercles (MOSELLY, Terre lorr., 1907 p.256). c) [En parlant d'un objet; corresp. à supra 3 a] [Sam] (...) abaissait ses regards vers la ville, fumeuse aussi, encrassée de bruine et de suie (...). Ce coeur sombre d'où montait une palpitation puissante, cette grisaille bariolée de soleil et d'ombres planantes (GENEVOIX, Match à Vancouver, 1942, p.194). d) [En parlant d'idées; corresp. à supra C 2 b] Le poète, cela paraît par les effets, ne se nourrit point d'idées planantes. Il pense les yeux ouverts (ALAIN, Propos, 1927, p.711). e) Mus. Qui fait plaisir et fait perdre le contact avec la réalité. Tangerine Dream joue à fond la carte du rock cosmique. Une musique planante (L'Express, 26 janv. 1976, p.19, col. 1). Le système pseudo-oriental (et d'ailleurs mal assimilé) du rabâchage plus ou moins varié et des sonorités planantes (Le Nouvel Observateur, 19 avr. 1976, p.74, col. 3).
Prononc. et Orth.:[plane], (il) plane [plan]. Homon. et homogr. plane1, plane (de plan1), plane2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. 1. Fin XIIIes. «baisser le haut du corps sur l'encolure du cheval» (ADAM DE LA HALLE, C'est du roi de Sézile ds OEuvres, éd. E. de Coussemaker, p.289) —1554 (AMYOT ds GDF.); 2. 1377 «se soutenir en l'air, ailes étendues, sans mouvement apparent (d'un oiseau)» (GACE DE LA BUIGNE, Deduis, 2308 ds T.-L.); p.ext. «flotter en l'air» a) 1783 (L.-S. MERCIER, Tabl. Paris, t.6, p.138: De gros nuages noirs [...] planoient sur la cité); b) 1848 d'un aérostat (CHATEAUBR., Mém., t.2, p.434). B. Au fig. 1. 1769 «dominer de très haut par la pensée, l'art, etc.» (A.-M. LEMIERRE, La Peinture, p.253); 2. 1770 «voir de haut, dominer du regard» (J.-J. ROUSSEAU, Les Confessions, L. XII ds OEuvres, éd. B. Gagnebin, R. Osmont, M. Raymond, t.1, p.642); 3. 1778 «être dans le monde de l'imagination, de la pensée, loin du réel» (ID., Les Rêveries du promeneur solitaire, 7e promen., p.106). C. id. [fin XVIIIes. «être suspendu d'une manière menaçante» (B. DE ST-PIERRE ds BESCH.)]; 1813 (JOUY, Hermite, t.3, p.334: [d'un tableau représentant Mars]: En effet, qui pourrait reconnaître le fils de Jupiter [...] à ces formes équivoques qui font planer sur le dieu des combats le plus ridicule des soupçons!). Dér. de plain; dés. -er. Fréq. abs. littér.:1094. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1738, b) 2047; XXes.: a) 1773, b) 1007. Bbg. BECKER 1970, p.208, 336.
1. planer [plane] v. tr.
ÉTYM. V. 1160; bas lat. planare, de planus. → 1. Plan, plain.
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♦ Techn. Rendre plan, aplanir, unir, en enlevant les aspérités, en réduisant les irrégularités. ⇒ Dresser, polir. || Planer une douve, une planche avec la plane (2. Plane). || Planer l'ivoire avec une alumelle. || Planer une plaque de cuivre, de zinc pour la gravure. || Planer un moule. || Planer un récipient de métal au marteau (chaudronnerie). || Machine à planer les tôles.
❖
DÉR. Planage, plané, 1. planeur.
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2. planer [plane] v. intr.
ÉTYM. V. 1200; dér. sav. du lat. planus.
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1 Se soutenir en l'air sans remuer (ou sans paraître remuer) les ailes, en parlant des oiseaux. ⇒ Voler (→ Émouchet, cit. 1, exhaler, cit. 12; lustrer, cit. 4).
1 Un milan, qui dans l'air planait, faisant la ronde,
Voit d'en haut le pauvret se débattant sur l'onde.
La Fontaine, Fables, IV, 11.
2 Le prêtre la regardait de l'œil d'un milan qui a longtemps plané en rond du plus haut du ciel autour d'une pauvre alouette tapie dans les blés (…)
Hugo, Notre-Dame de Paris, II, VIII, IV.
3 Des buses, ou peut-être des faucons, volaient, puis planaient, suspendus par les vents et des battements d'aile impalpables (…) et se laissaient tomber plus lourdement que des pierres sur des passereaux, des lièvres, des mulots.
P. Nizan, le Cheval de Troie, I, I.
♦ (En parlant d'un avion). Voler, le moteur coupé ou à puissance réduite, comme un planeur. — Glisser dans l'air, voler, en parlant d'un planeur.
♦ (En parlant d'un bateau à voile). Partir en survitesse sur la vague, sous l'effet d'un fort vent.
3.1 (…) nous amenons la grand-voile malgré le bas ris car, pendant un grain crépitant de grêlons « gros comme ça », Joshua s'est presque amusé à planer malgré ses 13 ou 14 tonnes sans que la mer y soit pour quelque chose, et je crains une avarie de gréement.
Bernard Moitessier, Cap Horn à la voile, p. 239.
♦ Par métaphore. (Courses de haies). Passer à l'horizontale sur l'obstacle. || Il faut bondir et non planer sur l'obstacle.
♦ Par métaphore, fig. || « L'esprit qui plane » (→ Boîter, cit. 4, Hugo). || Planer au-dessus des choses, les dominer en esprit (→ Envergure, cit. 4).
4 (…) mon âme erre et plane dans l'univers, sur les ailes de l'imagination, dans des extases qui passent toute autre jouissance.
Rousseau, Rêveries…, VIIe promenade.
2 (1798). Vieilli ou littér. Considérer de haut, dominer du regard. || Planer des yeux… (→ Humer, cit. 4). || L'œil plane sur la ville entière (→ Forêt, cit. 5).
5 (…) une longue et haute terrasse plantée de tilleuls, d'où la vue planait sur le pays.
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 607.
3 (1782). Dominer par la pensée (→ ci-dessus, 1., par métaphore). || Planer dans les sphères célestes (cit. 3) de la philosophie. || Celui « qui plane sur la vie » (→ Langage, cit. 32). — Planer au-dessus des querelles, des dissensions : les dominer. ⇒ Survoler. — Absolt. || « C'est un esprit dédaigneux, qui ne s'occupe pas des détails : il plane » (Académie).
6 Son intelligence (de Robespierre)… planant sur sa situation et démêlant sans nul doute ce qu'il y avait de vrai et de faux dans les fureurs qui le poursuivaient.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., XXI, X.
7 Quand il se méprisait, il avait l'impression de se détacher de soi, de planer comme un juge abstrait au-dessus d'un grouillement impur (…)
Sartre, l'Âge de raison, VII.
♦ Penser dans le domaine de l'imaginaire, des spéculations abstraites. ⇒ Rêver.
8 Quand on opère sur les choses réelles, on n'est pas tenté de planer dans le monde imaginaire; par cela seul qu'on est à l'ouvrage sur la terre solide, on répugne aux promenades aériennes dans l'espace vide.
Taine, les Origines de la France contemporaine, II, t. II, p. 120.
9 L'exaltation est leur domaine; ils (les garçons de vingt ans) ne se fatiguent pas de planer; vivre, pour eux, c'est transposer la vie.
F. Mauriac, le Jeune Homme, p. 55.
4 Fam. Perdre tout contact avec la réalité, avec autrui, sous l'effet de préoccupations intellectuelles ou d'une distraction (cf. Être dans les nuages, dans les vapes; être à côté de ses pompes). || Il plane complètement, on ne peut jamais compter sur lui.
♦ Fam. Être dans un état de bien-être et d'indifférence au réel, après absorption de drogue (opposé à flipper). ⇒ Planant. — Par ext. Éprouver un vif plaisir.
9.1 Un jeune type dans le public a crié : « Il ne faut pas planifier, il faut planer. » (…) Tu sais dans quel sens il employait « planer » ? — Oui, le mot appartient au langage des drogués, pour désigner l'état de béatitude où les plonge la drogue.
Jean-Louis Curtis, l'Horizon dérobé, p. 331.
5 (Choses). Flotter en l'air. || Une vapeur épaisse (cit. 14) planait.
6 (Fin XVIIIe « menacer, comme l'oiseau sa proie »). Fig. Constituer une présence menaçante. || Laisser planer un mystère (→ Éluder, cit. 5). || Faire planer une accusation sur… ⇒ Suspendre (→ Immiscer, cit. 1). || Le danger qui plane.
10 (…) tous demeuraient silencieux et recueillis, comme si la douleur et le deuil qui planaient sur cette maison les eussent déjà saisis.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 384.
♦ Entamer de façon floue. || Le vague qui plane sur l'objet de ses études (→ Latitude, cit. 1).
❖
DÉR. 2. Planeur.
COMP. Aéroplane.
Encyclopédie Universelle. 2012.