pleurnicher [ plɶrniʃe ] v. intr. <conjug. : 1> ♦ Pleurer, se plaindre sur un ton geignard. ⇒ 1. geindre, larmoyer; région. chouiner. Se mettre à pleurnicher. — N. m. PLEURNICHEMENT , 1789 .
● pleurnicher verbe intransitif (altération du normand pleurmicher) Familier Pleurer sans raison bien définie, faire semblant de pleurer. Réclamer, se plaindre auprès de quelqu'un sur un ton larmoyant.
pleurnicher
v. intr. Fam. Pleurer ou feindre de pleurer sans raison; prendre un ton larmoyant.
⇒PLEURNICHER, verbe intrans.
Fam., parfois péj.
A. —Pleurer sans raison ou sans motif sérieux, faire semblant de pleurer, geindre et grimacer à la manière des enfants. Synon. chigner (fam.), larmoyer. Lasse de voir que la mission, dont elle avait chargé sa mère, traînait si longtemps, Norine pleurnicha plus haut (ZOLA, Fécondité, 1899, p.161). Les quelques enfants restant, épars sur un banc, sont disposés à sommeiller ou à pleurnicher (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p.101). Antigone, se redresse et crie: Ah, non! Laisse-moi! Ne me caresse pas! Ne nous mettons pas à pleurnicher ensemble, maintenant (ANOUILH, Antig., 1946, p.148). V. pleurnicherie ex. de Duhamel.
B. —Quémander, se plaindre ou se défendre en larmoyant, s'attendrir. Quand une femme vous laisse voir qu'elle a assez de vous, c'est bien le moins que l'on pleurniche un peu et que l'on rage! Sans cela quelle joie resterait donc aux filles? (HUYSMANS, Soeurs Vatard, 1879, p.125). Lebrun, évidemment, c'est comme tous ces gens de la Meuse, un père la revanche (...) mais c'est un sensible. Il pleurnicha lors de l'accord de 1911 avec Guillaume, il pleurnicha, mais il s'exécuta (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.222):
• ♦ Ainsi, comprends bien que tous ces gens qui pleurnichent, qui font sonner l'art si haut, qui se disent victimes de la société, qui gagnent largement leur vie à des travaux tels que la gravure et la lithographie, sont des orgueilleux...
CHAMPFL., Avent. Mlle Mariette, 1853, p.231.
— En incise. Dire sur un ton larmoyant, en pleurant, en gémissant. Je lui avais bien dit de ne pas danser, pleurnichait la bonne (ARLAND, Ordre, 1929, p.482). Maurice s'essuie les mains, c'est fini, la voiture peut rouler... «Je connais le chemin, je connais le chemin, —pleurniche-t-il, —qu'est-ce que je vais foutre dans ce pays? (...)» (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.375).
— Empl. trans., rare. Réclamer quelque chose en geignant. Chaque matin, l'armée et le commerce venaient pleurnicher leurs contingents jusqu'au bureau même de l'hôpital (CÉLINE, Voyage, 1932, p.185).
♦Se plaindre à propos de quelque chose. Crois-tu pas que je vais pleurnicher mon exil? (HUGO, Quatre vents esprit, 1881, p.176).
REM. Pleurnichant, -ante, part. prés. adj. a) Qui pleurniche. [La tante] tient encore davantage à paraître distinguée. Et de cette voix pleurnichante qui marque la bonne éducation: C'est un fils, gémit-elle. Il a trop de respect pour moi. Je n'oserai jamais lui dire cela (THARAUD, Fez, 1930, p.134). b) Au fig. Larmoyant. Le sentimentalisme pleurnichant du peuple se fit jour; Vatard devint un monstre; au besoin on eût aidé Auguste à le tromper (HUYSMANS, Soeurs Vatard, 1879, p.242). 2. Pleurnichailler, verbe intrans., hapax, pop., péj. Pleurnicher, criailler. N'était point coumme eç' te femme ed' Maillé-la-Croix, qui accouchit d'un garçon et fut si dépitée d'à cause qu'ell' pensait mett' bas un' fille, qu'elle' s'a mis à pleurnichailler, criant: —«N'en veux point, ma mère (...)» (MARTIN DU G., Gonfle, 1928, III, 1, p.1223).
Prononc. et Orth.:[], (il) pleurniche [-]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1739 (CAYLUS, Les Ecosseuses ds OEuvres badines, t.10, p.551). Prob. altération, par dissimilation des deux consonnes labiales, du norm. pleurmicher «pleurer pour peu de chose» (L. DU BOIS, J. TRAVERS, Gloss. du pat. norm., Caen, A. Haudel, 1586), comp., en vue d'un renforcement expr., de pleurer et du norm. micher «pleurer, pleurnicher» (att. ds DU BOIS, op. cit., MOISY, DUMÉRIL); cf. antérieurement dans un passage burl. géneral pleure-miche (ca 1660, Suite du Virgile travesti de Scarron, éd. V. Fournel, livre X, p.364; v. aussi SAIN. Sources t.2, p.326 qui imprime à tort pleure-niche). L'orig. du norm. micher n'est pas élucidée, v. FEW t.22, fasc. 140, p.59. Fréq. abs. littér.:100.
DÉR. 1. Pleurnichage, subst. masc. Synon. de pleurnicherie. Pardonnez-moi de vous avoir ennuyé de mon pleurnichage, et si vous pouvez vous contenter de ma figure triste, je suis bien, bien heureuse! (BLOY, Femme pauvre, 1897, p.52). La petite du maçon, au moment du départ, pleurait en tenant son derrière à deux mains. —Qu'est-ce que tu as, ma mignonne? Un garçon blasé sur le pleurnichage féminin a haussé les épaules et m'a renseignée: —C'est Machin qui lui a flanqué un coup de pied dans l' livarot (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p.61). — []. — 1re attest. 1804 (Arch. litt. de l'Europe, IV, p.171 ds QUEM. DDL t.21); de pleurnicher, suff. -age. 2. Pleurnichement, subst. masc. Synon. de pleurnicherie. Ne nous abandonnons pas à des pleurnichements féminins, dit le bretteur. Montrons un mâle et stoïque courage et continuons à marcher dans la vie, le chapeau enfoncé jusqu'au sourcil et le poing sur le rognon (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.323). — []. — 1re attest. 1789 (Les Poissardes à la Reine, p.4 ds QUEM. DDL t.21); de pleurnicher, suff. -ment1.
BBG. —POHL (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Fr. mod. 1963, t.31, p.301.
pleurnicher [plœʀniʃe] v. intr.
ÉTYM. 1739; de pleurer; l'élément -nicher correspond à des formes régionales signifiant « morve » (Guiraud).
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♦ Pleurer sans raison, d'une manière affectée. || Ce gosse est toujours en train de pleurnicher. ⇒ Chigner (fam.), geindre (→ Avoir toujours la larme à l'œil), pleuroter. — Parler sur un ton larmoyant.
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DÉR. Pleurnichage, pleurnichant, pleurnichard, pleurnichement ou pleurnicherie, pleurnicheur.
Encyclopédie Universelle. 2012.