pogrom ou pogrome [ pɔgrɔm; pogrom ] n. m.
• 1903; mot russe, de po- « entièrement » et gromit' « détruire »
♦ Agression oppressive et meurtrière d'un groupe de personnes contre les Juifs d'un ghetto, tolérée ou soutenue par le pouvoir. « Ils attaquent les communistes et les Juifs. [...] Il n'y a jamais eu de mouvements des Blancs sans accompagnement de pogroms » (Romains) .
● pogrom ou pogrome nom masculin (russe pogrom, dévastation) Attaque accompagnée de pillage et de meurtres perpétrée contre une communauté juive dans l'Empire russe. Émeute sanglante dirigée contre une minorité ethnique ou religieuse.
pogrom ou pogrome
n. m. émeute antisémite souvent accompagnée de pillages et de massacres.
|| Par ext. émeute raciste.
A. —HIST. DE LA RUSSIE. Sous le régime tsariste, mouvement populaire antisémite, encouragé par les autorités et accompagné de pillages et de massacres. Les sanglants pogromes de Russie, échelonnés de 1880 à 1905 (WEILL, Judaïsme, 1931, p.55). Chaïm Weizmann (1874-1952), savant d'origine juive (...) avait été obligé, pour cette raison, de fuir sa Russie natale, avec son Numerus Clausus et ses pogroms (P. ROUSSEAU, Hist. techn. et invent., 1967, p.327):
• ♦ Ces Juifs, un peu déclamatoires, ne sont pas les premiers à venir en Palestine, pour y reprendre avec le sol une intimité suspendue depuis bientôt deux mille ans. Il y a une quarantaine d'années, quelques familles de Juifs russes, terrifiées par les pogroms qui suivirent l'assassinat du tzar Alexandre II, avaient demandé un refuge à cette terre d'une éternelle espérance.
THARAUD, An prochain, 1924, p.141.
B. —Soulèvement violent allant souvent jusqu'au massacre, organisé contre une communauté juive. —Que vas-tu faire maintenant? Vas-tu revenir à Paris? —Oui, dit-il, avec les miens, avec ceux de ma bande, jusqu'au pogrome final, jusqu'au massacre ou à l'expulsion (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p.274). Les filles superbes et dégénérées de la foule juive qui font le guet rue Pavée rêvent peut-être à cet horrible souvenir en louchant de leurs longs yeux verts sur les assiettes de volaille de quelque bistrot israélite, où de vieux ivrognes ne souhaitent plus qu'une chose: mourir dans une patrie libérale et facile qui n'autorise pas les pogroms (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p.106).
— P. ext. Soulèvement meurtrier suscité par toute forme de racisme et d'intolérance. Les Chrétiens vivent sous la menace d'une sorte de pogrom musulman (THARAUD, Alerte en Syrie! 1937, p.11).
Prononc. et Orth.:[]. MARTINET-WALTER 1973: [] (5/17), [] (4/17), [] (4/17), [] (4/17). [-o:m] p.anal. avec des mots en -ome du type angiome, syndrome. ROB., Lar. Lang. fr.: pogrom, -ome. Plur. des pogroms, -omes. Prop. CATACH.-GOLF. Orth. Lexicogr. 1971, p.210: -om, plur. des pogroms. Étymol. et Hist. 1903 hist. pogrome (H. DAGAN, L'oppression des juifs dans l'Europe orientale ds QUEM. DDL t.26); p.ext. 1926 «soulèvement meurtrier, avec pillage, suscité par le racisme» (GIRAUDOUX, Bella, p.45). Empr. au russe pogrom «id.», dér. de gromit' «détruire» et du préf. po- indiquant une notion d'achèvement. L'angl. pogrom au sens de «émeute contre des juifs» est att. dep. 1882 ds NED, et de «émeute contre une communauté ou un groupe» 1906 ds NED Suppl.2
DÉR. Pogromiste, subst. masc. Organisateur, instigateur de pogroms. Un malaise vague, immotivé, c'est tout ce qu'il éprouvait de neuf; et même sa haine pour les pogromistes, les Russes réactionnaires et barbares, il s'en trouvait frustré, à présent qu'il était hors de péril (R. IKOR, La Greffe du printemps, 1955, p.81). — []. — 1re attest. 1917 (Trad., in A. SPIRE, Les Juifs et la guerre, p.214 ds QUEM. DDL t.26); de pogrom, suff. -iste; l'angl. pogromist de même sens est att. dep. 1907 ds NED Suppl.
BBG. —JÄNICKE (O.). Zu den slavischen Elementen im Frz. Mél. Wartburg (W. von) 1968, t.2, p.444. —QUEM. DDL t.26 (et s.v. pogromiste).
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♦ Agression collective, meurtrière contre une communauté juive.
1 (…) des perquisitions… des rafles… des meurtres… les rues pleines de soldats, pleines de bandes de pillards. Des cosaques fouaillant les foules avec leur nagaïka (…) On annonçait parfois le « pogrome ».
O. Mirbeau, la 628-E8, Anvers, Pogromes, p. 165 (1907).
2 — (…) Ils (les « débris des armées blanches ») attaquent les communistes, et les Juifs. — Les Juifs… — Oui, par tradition d'abord. Il n'y a jamais eu de mouvement des Blancs sans accompagnement de pogroms. Puis par représailles. Ils en veulent aux Juifs (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XX, XVI, p. 177.
♦ Par ext. || « Pogrom anti-arménien » (le Nouvel Obs., 25 janv. 1990, p. 41).
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DÉR. Pogromiste.
Encyclopédie Universelle. 2012.