les → 1. et 2. le lez , les ou lès [ lɛ; le ] prép.
• 1050, lat. latus « côté »
♦ Vx À côté de, près de (encore dans des noms de lieux). Plessis-lez-Tours (Plessis près de Tours).
⊗ HOM. Lai, laid, laie, lais, lait, laye, lei (2. leu); lé, les (le).
● le, la, les article défini (latin ille, illa, illi, ce, cette, ces) Déterminant défini d'un groupe nominal, dont il indique le genre et le nombre : L'homme est mortel. La voiture démarre. À la, à l', indique une manière de faire : S'habiller à l'européenne. (L'article le [les], en combinaison avec les prépositions à et de, donne les formes contractées au, aux et du, des ; il s'élide en l'devant une voyelle ou un h muet, sauf devant onzième, uhlan, yacht, oui, et quelques mots.) ● le, la, les pronom personnel Pronom atone avant le verbe (ou l'auxiliaire), complément d'objet direct ou attribut : Tu n'es pas compétent, mais tu le deviendras. (Il s'élide en l'devant une voyelle ou un h muet.) ● le, la, les (difficultés) article défini (latin ille, illa, illi, ce, cette, ces) → leOrthographe 1. Élision. Le et la s'élident en l' devant un mot commençant par une voyelle ou un h muet : on dit l'habit, l'hélice, l'hiver, l'horloge, l'huile, mais le hareng, la hernie, le hibou, la honte, la huppe. - En revanche, le et la ne s'élident pas devant oui, huit et ses dérivés, onze et ses dérivés, uhlan, ululer et ses dérivés, un (chiffre ou numéro), et la plupart des mots commençant par y, à l'exception de yeuse et ypérite. - Les ne s'élide jamais : on dit les haches, les harengs, les hélices, les hivers, les horloges. En général, l'élision ne se fait pas devant les noms de lettres : le « i »du verbe « aimer » ; redoublez le « n » ; le « h »muet. Remarque On entend, on lit parfois : l'« i »du verbe « aimer », redoublez l'« n » ; l'« h »muet. Cette élision est rare, mais elle n'est pas fautive. L'élision ne se fait pas devant un mot cité : le « homme » du début de la phrase est tellement mal écrit que j'avais d'abord lu « Rome » ; le « expert » qui figure sur sa carte de visite est un peu usurpé. 2. Contraction de l'article. À le se contracte en au, à les en aux : boire au goulot (= à le goulot), s'attendre aux difficultés (= à les difficultés) ; de le se contracte en du, de les en des : le cri du héron (= de le héron), il revient des îles Marquises (= de les îles). L'article que l'on trouve dans certains noms de villes se contracte également : aller au Havre, revenir des Andelys. En revanche, à la, de la et l'article élidé ne se contractent jamais : à la claire fontaine ; le cri de la chouette ; à l'homme illustre que nous admirons tous. Remarque Autrefois, en les se contractait en ès → ès. Contraction de l'article faisant partie d'un titre d'œuvre. - Lorsqu'un titre d'œuvre commence par l'article le ou les suivi d'un nom (nom seul ou accompagné d'un ou plusieurs autres mots qui en déterminent le sens), l'article se contracte : le premier acte du « Médecin malgré lui » la trilogie des « Chemins de la liberté » ; le livret des « Noces de Figaro ». - Si le titre contient et ou ou, la contraction se fait également : l'une des adaptations au cinéma du « Rouge et le Noir » ; la fin du « Vieil Homme et la mer ». - La contraction se fait aussi lorsque le titre contient un verbe : la bande-son des « Oiseaux se cachent pour mourir » ; la mise en scène du « Roi s'amuse ». Il est toujours possible d'éviter la contraction en ajoutant un nom (pièce, roman, opéra, film, etc.) avant le titre complet : le livret de l'opéra bouffe « les Noces de Figaro » ; la bande-son du film « les Oiseaux se cachent pour mourir ». Emploi 1. Répétition ou omission de l'article devant des noms coordonnés ou juxtaposés. L'article est normalement répété devant chaque nom : l'industrie minière, l'agriculture et la pêche constituent le secteur primaire ; le maire, le député, le préfet assistaient à l'inauguration. L'article n'est jamais répété dans les cas suivants. - Lorsque le second nom explique le premier : la marjolaine ou origan ; l'ictère ou jaunisse. - Lorsque les noms désignent le même être ou le même objet : Claudie, la tante et marraine de Charlotte ; Egmont de Beaufort, le maître et seigneur des lieux ; Martine Balto, la productrice et réalisatrice du film. Mais il faut que les noms soient du même genre (on ne peut pas dire Martine Balto, la productrice et metteur en scène du film). - Lorsque les noms coordonnés ou juxtaposés désignent des êtres ou des objets conçus comme appartenant à un ensemble unique : les soldats, marins et aviateurs (ensemble « armée »); les parents et amis (ensemble « familiers »); les père et mère (ensemble « parents »); les nom, prénom et lieu de naissance (ensemble « état civil »). L'article est toujours au pluriel (on ne peut pas dire le nom, prénom et lieu de naissance). - Lorsque les noms forment une locution figée : les Arts et Métiers, les Ponts et Chaussées, les Eaux et Forêts, les tenants et aboutissants, les allées et venues, les us et coutumes, etc. - Lorsque deux adjectifs coordonnés se rapportent à un nom qui désigne une chose ou un être unique : le brave et honnête garçon. En revanche, l'article est répété si les adjectifs sont juxtaposés : le brave, l'honnête garçon. L'article peut être omis dans les cas suivants. - Dans les énumérations : « Femmes, moine, vieillards, tout était descendu »(La Fontaine). - Dans des expressions figées : travailler jour et nuit, remuer ciel et terre, etc. (mais on peut dire aussi : travailler le jour et la nuit, remuer le ciel et la terre). - Dans les dates : les 10 et 11 janvier ; les XIXe et XXe siècles (mais on peut dire aussi : le 10 et le 11 janvier, le XIXe et le XXe siècle). - Lorsque deux adjectifs coordonnés (ou plus) suivent le nom, si ce nom désigne des choses ou des êtres appartenant à la même catégorie : les pouvoirs spirituel et temporel du pape ; les civilisations égyptienne, sumérienne et assyrienne ; les langues grecque et latine (mais on peut dire aussi : le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel du pape ; la civilisation égyptienne, la civilisation sumérienne et la civilisation assyrienne ; la langue grecque et la langue latine). Recommandation Éviter : la langue grecque et la latine. - En revanche, si les adjectifs coordonnés se rapportent à un nom unique et permettent de distinguer des catégories dans ce que désigne ce nom, l'article est répété : la grande, la moyenne et la petite industrie ; le bon et le mauvais goÛt. 2. L'article à la place de l'adjectif possessif. L'article remplace l'adjectif possessif devant les noms qui désignent les parties du corps ou les facultés de l'esprit, en particulier lorsqu'un pronom réfléchi figure dans la phrase : j'ai mal à la tête, à l'estomac (et non : j'ai mal à ma tête, à mon estomac) ; ellese lave les mains (et non : elle lave ses mains) ; il perd le jugement, la mémoire ; elle leva les yeux au ciel. L'article, et non le possessif, est également employé devant un complément qui décrit une attitude : elles marchent les yeux baissés ; on le voit toujours la cigarette aux lèvres. Lorsque le nom est accompagné d'un adjectif, ou suivi d'un complément qui en précise le sens, on emploie obligatoirement le possessif : il a mal à sa pauvre tête ; il traîne sa jambe malade ; elle leva au ciel ses yeux d'azur (et non : elle leva au ciel les yeux d'azur ; en revanche on peut dire : elle leva au ciel des yeux d'azur). On emploie également le possessif pour marquer le caractère habituel ou périodique d'un mal qui touche une partie du corps plutôt que d'autres semblables : j'ai mal à ma dent (= à la dent qui me fait habituellement souffrir) ; il souffre encore de sa jambe (= de sa jambe malade) ; mais : j'ai mal à la tête (et non à ma tête, puisqu'on n'a qu'une seule tête). Dans l'expression soignée, on doit employer le possessif devant le nom d'un vêtement porté par le sujet ou lui appartenant : elle a sali son tablier ; ils ont retiré leur veste. En revanche, on emploie l'article devant le nom d'une partie de vêtement (notamment dans les locutions figées saisir quelqu'un au collet et tirer quelqu'un par la manche) : l'autre l'avait empoigné par les revers. Remarque Dans le registre familier, on emploie souvent l'article défini, en particulier dans la locution tomber la veste (= ôter sa veste) : pour pêcher dans le torrent, je mets les bottes et le chapeau (au lieu de mes bottes et mon chapeau, ou de des bottes et un chapeau). 3. Le, la, les devant un patronyme. Les devant le nom d'une famille : c'est bien lundi soir que nous dînons chez les Leroy ? (= chez la famille Leroy) ; les Georget divorcent (M. et Mme Georget). Registre courant. Dans le parler rural ou populaire de certaines régions, on emploie habituellement l'article défini devant un nom ou un prénom de personne : « Il y a de bonnes filles dans notre village. Il y a la Louise, la Sylvaine, la Claudie, la Marguerite »(G. Sand). Recommandation Cet emploi est à éviter dans l'expression soignée, sauf recherche d'un effet parodique ou de couleur locale : « La Villeneuve était une espèce de sous-intendante à la maison »(Chateaubriand). L'emploi de l'article défini est traditionnel devant le nom de famille ou le surnom de certains artistes italiens : le Tasse (Torquato Tasso), l'Arioste (Ludovico Ariosto), le Primatice (Francesco Primaticcio) ; le Parmesan (Francesco Mazzola, né à Parme), le Tintoret (Iacopo Robusti, dont le père était tintore, teinturier). Cet usage s'est étendu à certains prénoms : le Titien (Tiziano Vecellio), le Giorgione (le beau Giorgio), le Guide (Guido Reni), le Dominiquin (Domenico Zampieri) et même le Dante (Dante Alighieri). Remarque L'emploi de l'article devant un prénom est parfois considéré comme abusif. En dehors des dénominations qui précèdent, passées dans l'usage, il est préférable de l'éviter. L'emploi de l'article défini est traditionnel également devant les noms de certaines grandes chanteuses lyriques et de certaines grandes danseuses étrangères : « Tu regardais aussi la Malibran mourir »(A. de Musset). La Camargo. La Pavlova. La Callas. Remarque Cet emploi était courant au XVIIe et au XVIIIe s. devant les noms d'actrices, notamment de tragédiennes : la Champmeslé ; « la supériorité des talents de la Dangeville et de la Clairon [...] »(Diderot). 4. Le, la devant un nom de bateau. Voir grammaire : noms de bateaux. Accord Le, la, les devant un superlatif. L'article s'accorde avec le nom ou le pronom qualifié par le superlatif lorsqu'il y a comparaison avec plusieurs êtres ou choses ; l'article demeure invariable quand on compare les différents degrés d'une qualité : « Nous sommes dans une époque prodigieuse où les ventes les plus accréditées (= accréditées plus que toutes les autres) et qui semblaient le plus incontestables (= incontestables au plus haut point) se sont vues attaquées, contredites, surprises et dissociées par les faits »(P.Valéry). L'article garde la forme neutre le quand le superlatif modifie un verbe ou un adverbe : parmi toutes les voix du chœur, c'est la sienne que j'ai le mieux entendue. ● le, la, les (homonymes) article défini (latin ille, illa, illi, ce, cette, ces) leu nom masculin leu nom masculin invariable lez préposition la la nom masculin invariable la pronom personnel là adverbe là ! interjection lacs nom masculin las adjectif les lai adjectif lai nom masculin laid adjectif laid nom masculin laie nom féminin lais nom masculin pluriel lait nom masculin laye nom féminin lé nom masculin legs nom masculin lei nom masculin pluriel lès préposition lez préposition ● le, la, les (difficultés) pronom personnel → leOrthographe 1. Élision. Le et la s'élident en l' devant un mot commençant par une voyelle ou un h muet : je l'aurais parié ; votre clé, vous l'aviez posée là ; ce scrupule l'honore. 2. Trait d'union. Quand le pronom le, la ou les suit immédiatement le verbe dont il est complément (c'est le cas à l'impératif à la forme affirmative), il est lié à celui-ci par un trait d'union : appelle-le, donne-la. Quand le verbe à l'impératif est suivi de deux pronoms, l'un représentant un complément direct, l'autre un complément indirect, le verbe et les deux pronoms sont liés par des traits d'union : donne-la-moi, rappelle-le-lui. Emploi 1. Le, la, les, pronom personnel. Accompagne toujours un verbe, à la différence de le, la, les, article, qui accompagne toujours un nom : cette bague, je vous la donne (la, pronom) ; la bague que je vous donne (la, article). 2. Dans beaucoup de locutions verbales figées, le pronom neutre le représente de manière vague l'ensemble de la situation (« les choses, les faits, ce qui se passe, ce qui est dit ») : je vous le donne en mille, l'emporter sur qqn, il l'a pris de haut, tenez-vous le pour dit, il ne le cède à personne sur ce point, il me le paiera, etc. - Dans d'autres locutions, en revanche, le pronom représente implicitement un nom, et prend la forme le, la ou les en fonction du genre et du nombre de ce nom : vous me la baillez belle (la balle), il se la coule douce (la vie), tu les mets ? (les voiles, les bouts, dans le registre familier). Construction 1. Pronom et locution verbale Dans l'usage courant, on ne reprend pas par un pronom un nom sans article faisant partie d'une locution verbale (demander grâce, avoir peur, prendre conseil, chanter pouilles, etc.) : on ne dit pas s'il demande grâce, il l'obtiendra, tout à l'heure j'avais faim, maintenant je ne l'ai plus, j'ai pris conseil auprès de personnes compétentes et elles me l'ont donné, son chef lui a chanté pouilles et il a bien fallu qu'il les entende. La langue littéraire est moins réticente : « On doit pardonner aux chrétiens qui font pénitence. Je la fais »(Voltaire, cité par Le Bidois). « Si ce sommeil dura longtemps, je ne sais, car je n'en avais plus conscience et je ne la repris que sous l'effet d'un trouble intérieur »(H. Bosco, cité par Hanse). Recommandation Éviter à l'oral comme à l'écrit ce tour discuté. Dire par exemple : tout à l'heure j'avais faim, maintenant cela m'a passé ; s'il demande sa grâce, il l'obtiendra ; j'ai pris conseil auprès de personnes compétentes qui m'ont aidé ; son chef lui a chanté pouilles et il a bien fallu qu'il l'écoute. 2. Le, la, les ou lui, leur sujet d'un infinitif. Avec les verbes apercevoir, écouter, entendre, laisser, ouïr, regarder, sentir, voir suivis d'un infinitif complément, on peut employer indifféremment le, la, les ou lui, leur : je les ai souvent entendus citer ce proverbe ou je leur ai souvent entendu citer ce proverbe ; nous l'avons laissée faire tout ce qu'elle a voulu ou nous lui avons laissé faire tout ce qu'elle a voulu ; on les a parfois vus prendre des décisions courageuses ou on leur a parfois vu prendre des décisions courageuses. 3. Omission de le, pronom neutre complément. Le, pronom neutre, est souvent omis dans les cas suivants. Dans les propositions comparatives introduites par que : il est plus malin que je ne pensais (ou que je ne le pensais). Dans les propositions comparatives où un verbe tel que croire, dire, faire, penser, pouvoir, savoir, vouloir reprend un autre verbe : il a réparé le moteur mieux que n'aurait fait un mécanicien (ou mieux que ne l'aurait fait un mécanicien) ; j'en ai fait plus que vous ne vouliez (ou que vous ne le vouliez). Dans les propositions incises au présent de l'indicatif, à la 1re personne du singulier, telles que je t'assure, je crois, j'espère, j'imagine, je pense, je suppose : vous êtes arrivé hier, je crois ; ils aimeraient avoir une augmentation, je suppose ; elle n'a rien à voir dans cette affaire, je t'assure. Avec les verbes pouvoir, vouloir, dire : viens dès que tu peux ; nous nous rencontrerons où vous voudrez, quand vous voudrez ; il était comme K.-O., si j'ose dire ; je vous rembourserai tous vos frais, cela va sans dire. À la forme négative, dans les emplois semi-figés : je ne crois pas, je ne dis pas, je ne pense pas, je ne veux pas, je ne vois pas. 4. Le, la, les complément de verbes coordonnés. Lorsque le, la, les est complément d'un verbe coordonné à d'autres, il est répété devant chacun des verbes complétés : je les cherche mais je ne les trouve pas ; vous l'apprendrez ou vous l'oublierez, mais vous devez lire ce chapitre au moins une fois. Aux temps composés, quand ni l'auxiliaire ni le sujet ne sont répétés, le pronom complément n'est pas répété : je l'ai cherché et trouvé pour je l'ai cherché et je l'ai trouvé ou je l'ai cherché et l'ai trouvé (registre soutenu). Accord 1. Accord du pronom attribut. Pour représenter un nom sans article ou précédé d'un article indéfini, un adjectif qualificatif, un verbe ou un participe, on emploie le pronom neutre le : « Êtes-vous française ? - Je le suis » ; « Vous devriez être contents. - Nous le sommes » ; « Mais vous êtes mariés ? - Nous ne le sommes plus depuis hier. » Remarque Cette règle formulée par Vaugelas et confirmée par Voltaire n'était pas encore fixée par l'usage à l'époque classique : « Je veux que sur toutes choses vous soyez contente et quand vous la serez, je la serai »(Mme de Sévigné). À l'écrit et dans le registre très soutenu, quand le, la, les représente un nom précédé de l'article défini, d'un démonstratif ou d'un possessif, il s'accorde avec ce nom : « Je ne la suis plus, cette Rosine que vous avez tant poursuivie »(Beaumarchais). Je me regarde comme la mère de cet enfant ; je la suis de cœur (Académie). Remarque Quoique grammaticalement correctes, ces phrases paraîtraient aujourd'hui peu naturelles, non seulement dans la langue parlée, mais aussi dans la langue écrite courante. Spontanément, on dirait plutôt : je ne suis plus la même ou je ne suis plus cette Rosine que vous avez tant poursuivie ; je me regarde comme la mère de cet enfant, et, de cœur, c'est bien ce que je suis. Dans une réponse, on dirait oui, c'est moi (ou non, ce n'est pas moi, ce n'est plus moi) : « Vous êtes pourtant la Rosine que j'ai tant poursuivie. - Non, ce n'est plus moi » ; « Êtes-vous la mère de cet enfant ? - Oui, c'est moi. » 2. Accord du participe passé avec le pronom neutre le. Le participe passé reste au masculin singulier lorsque son complément d'objet direct est le pronom neutre le : la difficulté était moins ardue que nous ne l'avions imaginé (l' ne reprend pas ici difficulté, mais l'ensemble de l'idée exprimée, « la difficulté était moins ardue ». En revanche, dans la phrase la difficulté, nous l'avions grossie en imagination, le pronom l' reprend difficulté et le participe passé s'accorde au féminin). ● le, la, les (homonymes) pronom personnel leu nom masculin leu nom masculin invariable lez préposition la la nom masculin invariable la article défini là adverbe la ! interjection lacs nom masculin las adjectif
le, la, les
articles définis, le, m., la, f., les, m. et f. pl. Le et la s'élident en l' devant une voyelle (sauf devant ouate, oui, ouistiti) ou un h muet: l'été, l'hôtel.
d1./d (Valeur démonstrative.) Le livre qui est sur la table.
d2./d (Valeur possessive.) Avoir mal à la tête.
d3./d (Valeur de notoriété.) La Terre.
d4./d (Valeur distributive.) Un franc le bouquet. Une fois l'an.
d5./d Avec les noms de personnes, emploi laudatif (la Callas), péjor. (la Voisin), collectif (les Goncourt).
d6./d à la (suivi d'un adj. fém. et formant une loc. adv.). Partir à la dérobée. Des jardins à l'anglaise.
|| GRAM Avec un superlatif, l'article s'accorde avec le nom ou l'adjectif qu'il accompagne (la journée la plus chaude du mois), ou prend la forme inv. le (c'est lundi que la journée a été le plus chaude), obligatoirement si le verbe ou l'adverbe sont modifiés par le superlatif (la journée que j'ai le plus attendue).
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le, la, les
pronoms personnels de la 3e personne, le, m., la, f., les, m. et f. pl. Le et la, placés devant un verbe ou un adverbe commençant par une voyelle ou un h muet, s'élident en l' . Il l'aime, il l'en félicite. Nous l'humilions.
d1./d Pron. complément direct ou attribut d'un verbe, remplaçant un nom déjà exprimé. Voici un bon livre, lisez-le. Je le vois. Je l'ai vue. Le, la, les s'accordent avec le nom qu'ils représentent, ou peuvent garder la forme du Pron. neutre le. êtes-vous la directrice? Je la suis. êtes-vous directrice de l'école? Je le suis.
d2./d Pron. neutre (ne représentant pas un nom précis). Se le tenir pour dit. Le prendre de haut. Nous l'avons échappé belle.
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les
article déf. et Pron. pers. V. le (1 et 2).
I.
⇒LES1 et 2, voir LE1 et 2.
II.
⇒LES3, LÉS, voir LEZ.
ÉTYM. V. 1050; du lat. latus « côté ».
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♦ Vx. À côté de, près de.
REM. De nos jours, lez ne s'est maintenu que dans les noms géographiques et le plus souvent sous la graphie les, peut-être par confusion avec l'article défini; ex. : Plessis-les (ou lez)-Tours, Flacé-les-Mâcon.
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HOM. 2. Lai, laid, lait, les (art. pl.).
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ÉTYM. 980; des cas-objet du lat. ille, qui ont donné aussi les pronoms personnels le, la, les.
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REM. 1. Le, la se réduisent à l' devant une voyelle ou un h muet : l'ami, l'école, l'habit. Combinés avec à et de, le et les ont formé par « écrasement » au et aux, du et des; avec en, les a donné ès.
2. Dans l'ancienne langue, le, la, les étaient d'un emploi beaucoup plus restreint qu'aujourd'hui; on les trouvait rarement devant les noms abstraits, ou sans extension, ou devant les noms propres. Cette absence d'article s'est maintenue en français moderne : — dans les proverbes, les devises, les comparaisons usuelles : noblesse oblige, dur comme fer; — devant le second nom de groupes consacrés par un usage ancien : les us et coutumes, les Ponts et Chaussées; — après une préposition, lorsque le groupe préposition-nom a la valeur d'un adjectif ou d'un adverbe : peindre d'après nature; — dans des locutions verbales stéréotypées, où un verbe très usuel (avoir, faire, prendre…) forme avec le nom une unité de sens (avoir froid, faire fête, prendre parti). Dans ce cas, comme dans le précédent, le nom sans article ne peut recevoir la détermination d'un adjectif ou d'une proposition relative, sauf cas consacrés par l'usage (avoir grand-faim); — devant les noms propres de personnes ou de villes (sauf intention particulière entraînant l'article. → ci-dessous, I., 3.). — Dans tous les autres cas, l'absence d'article répond au désir de donner plus de rapidité à une énumération (Femmes, moine, vieillard [La Fontaine]), plus de généralité à un attribut (c'est sottise que de le croire).
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I Le, la, les devant un nom.
1 (Devant un nom générique, espèce, concept, etc.). || Le chien est un mammifère carnivore. || C'est la femme (cit. 25) qui fait le monde. || L'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux (Lamartine). — Par métaphore. Devant un nom propre.
1 Sur le Racine mort le Campistron pullule !
Hugo, les Contemplations, I, VII.
REM. Dans l'ex. suivant, l'élision normale de le, la est supprimée, ce qui crée un effet stylistique.
1.1 (…) elle (la petite Bretonne) rapporta sa liste de mots français et se mit à réciter tout bas : « le avril, la biquette, la dure, la erreur, le messager, le monsieur, le toc-toc, le trisaïeul, le tuf, la vermine, le vilain, le vis-à-vis, la volée, le zèle, le zouave… »
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 126.
♦ Par iron. ou emphatiquement. || Ce n'est pas un poète, c'est le poète. || C'est la belle vie.
2 Enfin il résolut de rapporter ses sentiments, ses idées, ses affections à une femme, une femme ! La phamme ! (sic).
Balzac, la Maison Nucingen, Pl., t. V, p. 611.
♦ (Au pluriel, pour désigner tous ou presque tous les individus d'une espèce, d'un ensemble). || Les hommes sont méchants.
3 L'homme est plus intéressant que les hommes; c'est lui, et non pas eux que Dieu a fait à son image.
Gide, Littérature et Morale, in Journal 1889-1939, Pl., p. 93.
3.1 Il ne se disait pas qu'il y avait dans le canal des cygnes mais « les » cygnes, et dans le terrain un camélia mais « le » camélia, qui étaient des choses probablement aussi uniques en leur genre et en tous cas aimées et connues en tant qu'elles étaient bien celles-ci (…)
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 334.
♦ (Au pluriel, devant un nom propre de famille, pour désigner tous les individus d'une même famille, d'une même dynastie). || Les Durand sont venus nous voir. || Les Bourbons. || Les Médicis. — « Les Rougon-Macquart », « Les Oberlé », « Les Roquevillard », titres de romans. — (En parlant des individus célèbres d'une famille). || Les Goncourt : les frères Goncourt. || Les Horaces. — Par ext. (pour désigner les individus qui peuvent être assimilés par leurs mérites, leurs œuvres, etc., à celui qui porte tel nom). || Les Homères et les Virgiles.
♦ Les, suivi du prénom et du nom du mari : le couple formé par cet homme et sa femme (en général, sans inclure les enfants). || « Séjour (…) près de Marc Allégret, des René Lefèvre, des Marcel Achard » (→ Charmant, cit. 3, Gide). — Fam. (dans une famille). || Les Jean, les Pierre : Jean et sa femme, Pierre et sa femme.
2 « Article de notoriété ». (Devant un nom désignant un objet unique très connu, ce qui est conforme à l'usage, à la norme ou, du moins, ce qui est connu du lecteur, de l'interlocuteur). || Le Soleil, la Lune (ou : le soleil, la lune). || Mettre le couvert. || Fumer la pipe. || Garder la chambre. || Jouer la comédie.
♦ (Avec des noms de maladie). || Avoir la rougeole, la fièvre. — (Notoriété occasionnelle, résultant du contexte, des circonstances, etc.). || Le six février 1934. || Le dix de ce mois. || L'heure est grave (l'heure présente). || Fermez la porte. || Les enfants sont sortis. || J'irai dans les trois jours (ceux qui suivent le moment dont on parle). — REM. Un nom qui vient d'être présenté avec l'article indéfini peut, s'il est repris immédiatement après, être précédé de le, la ou les.
4 Certain fou poursuivait à coups de pierre un sage.
Le sage se retourne (…)
La Fontaine, Fables, XII, 22.
5 Comme il débutait dans le pays, il avait soigné les choses (…)
Flaubert, Mme Bovary, I, IV.
♦ (Devant les noms de parties du corps, le, la, les suffisant souvent pour désigner le possesseur, en particulier quand le contexte contient un pronom personnel ou réfléchi). || Baisser les yeux. || Demeurer les bras (cit. 19) croisés. || Un frisson (cit. 4) lui secoua les épaules. || Je lui ai fermé la bouche (cit. 15 et 21). || Il s'est cassé la jambe.
6 Le cœur me battait fort en poussant la barrière du jardin.
Gide, la Porte étroite, III. — Comparer : « Mon cœur battait si fort que je crois qu'elle le sentit » (ibid., II).
REM. 1. À cet emploi « notoire » de l'article peut se rattacher ce qu'on a appelé l'emploi « typique ». || Jouer à l'innocent. || Faire l'imbécile. || « Qui veut faire l'ange fait la bête » (Pascal). || « En faisant ici les Bohèmes » (Hugo). ⇒ Faire, III., 5. (cit. 157 à 163).
2. Se rattache également à cette nuance l'emploi de le, la, les, avec affection ou prétention, devant des noms désignant des objets familiers, ou dont on est propriétaire.
8 Pour les petites Herpain, la maison de la rue Carnot n'était ni belle, ni laide. C'était la maison.
A. Maurois, le Cercle de famille, I, VII.
3 Employé particulièrement devant les noms déterminés par un complément, ou une proposition. || Le Livre de mon ami, ouvrage d'A. France. || La peur de vivre. || La lutte pour la vie. || Les grenouilles qui demandent un roi (La Fontaine). || C'est l'homme dont je vous ai parlé. || L'espoir de réussir. || J'ai la certitude qu'il s'est trompé.
♦ (Devant des noms propres qui habituellement ne prennent pas l'article). || Le Bossuet des Oraisons funèbres. || Le Néron de Racine. || Le Néron que l'on découvre au quatrième acte de Britannicus. — Le Paris de ma jeunesse. || Ce n'est plus le Berlin que j'ai connu. — (Ces mêmes noms étant accompagnés d'un adjectif à valeur déterminative). || Le grand Corneille. || Le vieux Paris. || La Tunis arabe (J. Romains).
9 Ce n'était pas le Paris clair et bien dessiné qu'on découvre du haut des collines illustres, c'était une immensité confuse (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, I, III.
10 (…) il fut question d'un immeuble, de sérieuse importance, situé sur le territoire de la commune de Saint-Cyr (non pas le Saint-Cyr l'École, mais le Saint-Cyr sous Dourdan).
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, VI, p. 51.
4 Employé avec une valeur démonstrative ou exclamative. || Oh ! le beau chien. || Debout (cit. 13), les morts !
11 Passez votre chemin, la fille, et m'en croyez.
La Fontaine, Fables, III, 1.
12 Dormez, les champs ! dormez, les fleurs ! dormez, les tombes !
Hugo, les Contemplations, VI, À celle qui est restée en France, VIII.
13 « Adieu, les camarades », nous dit-il tout à coup (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. I, p. 165.
5 Employé avec une valeur distributive : — (Devant un nom au singulier désignant une unité, ou un objet pris comme unité). ⇒ Chaque, par. || Cent francs la pièce. — (Devant un nom de division du temps pour marquer la fréquence). || Elle sort deux fois (cit. 7 et 9) le mois.
14 Pendant tout l'hiver, trois ou quatre fois la semaine à la nuit noire, il arrivait dans le jardin.
Flaubert, Mme Bovary, II, X.
♦ (Devant un nom de jour, pour indiquer la périodicité). || Le médecin reçoit le lundi ou les lundis (chaque lundi).
6 (Après certaines prépositions, et devant un nom de nombre, pour indiquer une approximation, en particulier dans les compléments de temps). || Sur les deux heures, vers les huit heures. — REM. Cet emploi est légèrement familier.
15 Qu'il fasse beau, qu'il fasse laid, c'est mon habitude d'aller sur les cinq heures du soir me promener au Palais-Royal.
Diderot, le Neveu de Rameau.
16 Quand le courrier de Banon passe à Vachères, c'est toujours dans les midi.
J. Giono, Regain, I, I.
17 — Quel est le chiffre du loyer ? — Tout compris, ça ira chercher dans les neuf mille cinq.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XXIV, XI, p. 102.
7 (Au sing.). Devant les noms propres de personne. (La indiquant qu'il s'agit de la femme ou, parfois, de la fille du chef de famille). || La Thénardier (dans les Misérables). — Fam. (régional, rural). || La Jeanne est une bonne fille.
18 Excepté pendant le temps où elle vaquait aux soins du ménage, la Sauviat était toujours assise sur une mauvaise chaise (…)
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 539.
19 Il se sent redevenir le Claudius, le vrai gars de Clochemerle (…)
G. Chevallier, Clochemerle, VIII.
REM. À l'imitation de l'italien qui met volontiers l'article devant les noms propres, le français depuis trois siècles emploie quelquefois l'article devant les noms de femmes célèbres (actrices, danseuses, courtisanes, criminelles…) : la Champmeslé, la Clairon, la Brinvilliers, la Pavlova. Cet emploi n'a jamais été très naturel en français où (à l'exception du milieu rural et notamment devant un prénom) les connotations péjoratives l'emportent, sauf à propos de certaines cantatrices italiennes ou connues en Italie (la Callas, la Tebaldi).
20 En l'appelant la Molé (…) M. de Charlus lui faisait justice. Car toutes ces femmes étaient des actrices du monde (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XII, p. 91.
8 Introducteurs attitrés du nom commun. (Pour modifier par métonymie le sens des noms propres devant lesquels ils sont placés). || La Citroën (l'automobile) de mon père. || Les Rubens (les tableaux de Rubens) de ce musée. || Le Corneille (le texte de Corneille) est joli (cit. 2) quelquefois.
REM. L'article se met au genre du nom sous-entendu. La Renault (l'automobile), mais le Renault (le tracteur, le camion). Il en est de même devant les noms de bateaux, de paquebots, d'avions, etc., à moins qu'ils n'impliquent une comparaison, une assimilation. Le Normandie, le Ville-d'Oran, mais la Malle des Indes (bateaux); le Constellation, mais la Caravelle (avions); le Mistral, mais la Flèche d'or (trains).
21 (…) raide, tendre et pâle comme on l'est, vierge, dans les Greco.
Giraudoux, Églantine, III.
♦ (Pour transformer en substantifs des mots de toute espèce). || « Les Misérables », « Les Superbes », « Les Humbles » (titres de romans). — Le liquide des eaux. || L'épais des forêts. || L'homme ne désire que le difficile (cit. 19, 20 et 21). — Les vivants. || Le blessé. || L'être. || Le manger et le boire. — Ignorer le pourquoi et le comment (cit. 17, 18 et 19). || Les mais, les si, les car (cit. 8). || Le moi est haïssable (cit. 9). || Les moins de vingt ans. || Le qu'en-dira-t-on. || Le « qui te l'a dit » d'Hermione. || Le cogito cartésien. || Le to be or not to be d'Hamlet.
22 — (…) voilà qui est poussé dans le dernier galant (…)
— C'est là savoir le fin des choses, le grand fin, le fin du fin.
Molière, les Précieuses ridicules, IX.
23 Le stupide, attendri, sur l'affreux se penchant,
Le damné bon faisant rêver l'élu méchant !
Hugo, la Légende des siècles, LIII.
24 Ah ! dans ces tristes décors
Les Déjà sont les Encors ! (…)
(…) Ah, dans ces mornes séjours
Les Jamais sont les Toujours !
Verlaine, Parallèlement, « Révérence parler », IV.
25 Et nous, les petits, les obscurs, les sans-grades.
Edmond Rostand, l'Aiglon, II, 9.
26 Je vous épargnerai (…) les « peut-être », les « si j'ose dire », les « en quelque sorte », et autres mantilles du langage, dont un Renan peut seul se parer avec grâce.
France, le Livre de mon ami, Livre de Suzanne, III, II.
27 Le trop amène le trop peu. Il n'est pas de pires malades que les trop bien portants.
R. Rolland, Jean-Christophe, Buisson ardent, p. 1409.
9 Le art. masc. formant, avec des adjectifs d'ordre moral ou abstrait, des syntagmes nominaux « neutres », où il a le sens de « la chose… », « ce qu'il y a de… ». || L'ennuyeux, c'est qu'on n'aura pas le temps de les prévenir. || C'est ça, l'important. — (Avec l'adjectif au superlatif). || Vous ne savez pas le plus beau ! || Le plus difficile reste à faire. — (Suivi d'un complément). || Il n'a pas l'air d'apprécier le cocasse de cette aventure. || Le plus étonnant de l'histoire, c'est qu'on ne s'est aperçu de rien.
———
II Le, la, les devant un qualificatif.
A (Devant un adjectif qualificatif se rapportant à un nom déjà exprimé). || Les affaires politiques et les militaires.
28 L'un a du moins les affaires de terre, et l'autre les maritimes.
La Bruyère, les Caractères, VIII, 19.
29 (Il) implorait du secours, tout au moins celui d'une main humaine, à défaut de la divine, à l'existence de laquelle il ne croyait pas.
A. de Châteaubriant, la Réponse du Seigneur, Prologue.
♦ Fam. et par plais. || Préférez-vous les en noir ou les en couleurs ?, les cartes postales en noir, en couleurs.
30 (…) les chasseurs à pied et les chasseurs à cheval, ça fait deux. — Zut ! dit Barque, j'oubliais les à cheval.
H. Barbusse, le Feu, I, VII.
B (Avec un nom accompagné de plusieurs adjectifs).
1 Répété devant des adjectifs juxtaposés et précédant le nom.
31 La saine, la forte, la libre nature humaine, voilà la seule vertu (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, L'adolescent, p. 267.
2 Répété devant des adjectifs coordonnés qualifiant des êtres ou des objets différents, mais non répété s'il s'agit d'un seul être ou d'un seul groupe d'êtres. || La grande et la petite industrie. || L'histoire grecque et la romaine. || Le spirituel et malin critique. || Les lois divines et humaines.
32 Mais si les lois, au lieu d'être confondues ainsi par la pensée, sont conçues comme étant en opposition, alors la dualité des choses entraîne naturellement celle de l'article (…) « Les lois divines et les humaines (mais on dit mieux : et les lois humaines)… »
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §87.
33 (…) pas un ministre ne m'obligera de dire l'histoire ancienne et moderne quand je veux distinguer l'une de l'autre et que ma conscience m'ordonne de dire l'histoire ancienne et la moderne.
A. Hermant, Xavier…, 4e entretien.
REM. Après ni disjonctif, la répétition de l'article est obligatoire.
34 Évidemment, je ne considère ni la République romaine, ni la batave, ni l'helvétique, mais seulement la française.
France, l'Orme du mail, XIII, Œuvres, t. XI, p. 147.
C À la…, suivi d'un adjectif féminin, et servant à former une locution adverbiale qui exprime la manière. || Se lancer à la légère. || Jardins à la française. || Filer à l'anglaise. || Agir à l'étourdie. || Pâtes à l'italienne. || Ragoût à l'ancienne. — REM. Dans ces expressions, l'article remplace un nom féminin sous-entendu, d'où la construction analogue avec un nom, souvenir de l'ancien cas-complément. || Élevé à la diable (à la manière du diable). || Cheveux à la Jeanne d'Arc. On trouve une survivance analogue du cas-complément après l'article dans la Saint-Jean (la fête de saint Jean).
35 (…) il tâchait de former son fils, voulant qu'on l'élevât durement, à la spartiate (…)
Flaubert, Mme Bovary, I, I.
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III Le, la, les et le superlatif (⇒ Plus, moins; mieux, pire, pis). || « L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature (…) » (Pascal). || La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a. || « Et les plus malheureux osent pleurer le moins » (Racine, Iphigénie, I, 5). || Le mieux est l'ennemi du bien.
REM. 1. Répétition de l'article. Quand le superlatif suit le nom, l'article se répète, par pléonasme, devant le superlatif. La fille la plus belle. || « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux » (Musset). — Jusqu'au XVIIIe s., les écrivains n'énonçaient l'article qu'une fois, au risque de donner au superlatif l'apparence d'un comparatif : || « Chargeant de mon débris les reliques plus chères » (les plus chères), Racine, Bajazet, III, 2. — On trouvait aussi le superlatif après un nom introduit par l'article indéfini :
36 (…) c'est une chose la plus aisée du monde (…)
Molière, l'Avare, III, 1.
37 — De qui parlez-vous et quel mal ai-je causé ?
— Un mal le plus cruel de tous, car c'est un mal sans espérance (…)
A. de Musset, les Caprices de Marianne, I, 5.
2. Accord de l'article et du superlatif. —a) L'article s'accorde avec le nom ou pronom auquel se rapporte le superlatif quand on compare plusieurs êtres ou objets. Cet élève est le plus travailleur. C'est la femme la plus élégante que je connaisse. Voici les deux livres les plus rares de ma bibliothèque. —b) L'article reste invariable (le) quand on veut marquer qu'un être ou un objet atteint, au moment indiqué par le contexte, le plus haut degré d'une certaine qualité. C'est ce jour-là qu'elle a été le plus souffrante. Cette règle logique (puisque le plus signifie ici « au plus haut point ») n'est pas toujours observée par les écrivains (Ex. : Bossuet, cit. 38, infra).
38 (Jésus-Christ) est venu surprendre la reine dans le temps que nous la croyions la plus saine, dans le temps qu'elle se trouvait la plus heureuse.
Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche.
39 (…) aux instants où elle était le plus heureuse, son visage devenait plus grave.
Marcel Arland, Monique, III.
40 C'est souvent lorsqu'elle est le plus désagréable à entendre qu'une vérité est le plus utile à dire (…)
Gide, Journal, 5 juil. 1944.
c) L'article reste de même à la forme neutre (le) quand le superlatif modifie un verbe ou un adverbe.|| « C'est la femme que j'ai le plus aimée » (Académie). Les livres qu'il a le plus sévèrement critiqués.
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IV Le, la, les, combinés avec des indéfinis, des possessifs, etc. || L'un… l'autre, l'un ou (et) l'autre. ⇒ Autre, un. — Le (la) même, les mêmes. ⇒ Même. — L'on. ⇒ On. — Tout le, toute la, tous les. ⇒ Tout. — Le mien, le tien, etc. ⇒ Mien, tien, sien, etc. — La plupart. ⇒ Plupart.
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HOM. 2. Le. — V. 3. La. — Lé.
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ÉTYM. Xe; lo en 842, Serments de Strasbourg; lat. ille; même étym. que 1. Le. REM. 1. Le est le pronom personnel objet ou attribut de la 3e personne (le, masc. sing. et neutre; la, fém. sing.; les, plur. masc. et fém.).
2. Le et la s'élident en l' devant un verbe commençant par une voyelle ou un h muet, et devant en et y : je l'entends; ils l'hébergent; elle l'y a mis; je l'en remercie. Placés après un impératif positif, le et la ne s'élident que dans les groupes l'en et l'y : faites-la entrer; faites-le apporter; faites-l'en retirer.
3. Le, la, les accompagnent toujours un verbe ou les présentatifs voici, voilà.
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I Le, la, les, objet direct.
1 Représentant normalement un nom ou un pronom qui vient d'être exprimé. || Je le connais. || Nous la voyons souvent. || Regardez-les. || Et celui-là, le connaissez-vous ? || Il prétend qu'on l'a volé.
1 Cet animal est triste et la crainte le ronge.
La Fontaine, Fables, II, 14.
2 Ces matinées ténébreuses de l'hiver, qu'il les haïssait !
F. Mauriac, Génitrix, XVI.
♦ Représentant, par anticipation, un nom ou un pronom qui va être exprimé.
3 Il fallait l'éblouir ou l'attendrir, cette femme !
France, les Désirs de Jean Servien, XIV.
4 (…) la comprend-il assez, sa sonate, le petit misérable ?
Proust, À la recherche du temps perdu, t. I, p. 286.
♦ (Le, la, les, compléments de voici, voilà). || Le voici, la voilà, les voilà.
5 Mon sillon ? Le voilà. Ma gerbe ? La voici.
Hugo, les Contemplations, IV, XIII.
REM. Le, la, les ne peuvent, en principe, représenter un nom indéterminé ou formant une locution verbale; on trouve pourtant parfois cette construction.
6 Nulle paix pour l'impie. Il la cherche, elle fuit (…)
Racine, Esther, II, 8.
7 (…) faites miséricorde, parce que vous l'avez reçue; faites miséricorde, afin que vous la receviez (…)
Bossuet, Sermon pour le lundi 1re semaine de Carême, Sur l'aumône, I.
8 (…) les pédants (…) ont (…) tort quand ils condamnent : « J'ai demandé grâce et je l'ai obtenue ». Cette tournure n'est point grammaticale, mais elle est française, ce qui vaut mieux.
A. Hermant, Xavier, 6e entretien.
9 Je n'étais pas loin de me faire horreur comme se le ferait peut-être à lui-même quelque parti nationaliste (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XV, p. 52.
2 Le, de valeur neutre, représentant un terme, un verbe, un concept ou un membre de phrase qui vient d'être énoncé (→ infra, cit. 11, Racine et 13, Duhamel) ou qui va l'être. || Cela vous le savez comme moi. || Tout ce qui est arrivé, nous l'avions prévu. || Partez, il le faut. || Je vais vous le dire, ce qu'il a fait !
10 — Rodrigue, qui l'eût cru ? — Chimène, qui l'eût dit ?
— Que notre heur fût si proche et sitôt se perdît ?
Corneille, le Cid, III, 4.
11 Qu'il meure, puisqu'enfin il a dû le prévoir,
Et puisqu'il m'a forcée enfin à le vouloir.
Racine, Andromaque, V, 1.
12 Si je vous le disais pourtant, que je vous aime (…)
A. de Musset, Poésies nouvelles, « À Ninon ».
13 Notre grammaire est compliquée. Je le sais bien.
G. Duhamel, Chronique des saisons amères, p. 24.
REM. Dans ce dernier exemple, le n'est pas indispensable et ne sert qu'à mettre en relief la proposition qui suit. Au contraire, l'emploi de le est obligatoire quand il représente une proposition détachée (→ supra, cit. 10, Corneille) ou une complétive qui précède (Que cela vous ennuie, je le sais bien).
14 Que charité soit synonyme d'amour, tu l'avais oublié (…)
F. Mauriac, le Nœud de vipères, VII.
3 Le, la, les, formant avec certains verbes des gallicismes où il est parfois difficile de discerner quel mot représente le pronom.
a Le. || Je ne l'entends pas de cette oreille. || Le disputer (cit. 7 et 8) à qqn. || Je vous le donne en cent, en mille. || Le céder (cit. 7) à, l'emporter (cit. 35 à 41) sur qqn… || Le faire au sentiment (→ Faire, cit. 79 à 81). || Le prendre sur un ton… || Se le tenir pour dit. || Il ne se l'est pas fait dire (cit. 74) deux fois.
15 — Commencez donc. — Messieurs… — Oh ! prenez-le plus bas (…)
Racine, les Plaideurs, III, 3.
16 Et pour le trancher net, je ne m'accommode point de votre félicité.
Diderot, le Neveu de Rameau.
b La. || La bailler (cit. 3) belle (cit. 77 et 78), bonne. || L'échapper belle. || Il la trouve mauvaise. || Vous me la paierez, celle-là ! || Se la couler (cit. 33) douce. || Il ne faut pas nous la faire. || Ferme-la (la bouche). Fam. || La sauter : avoir faim.
17 (…) puisque Swann veut nous la faire à l'homme du monde (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. II, p. 69.
18 Vous n'êtes pas un bleu, vous; ce n'est pas de ce matin que vous comptez à l'escadron, et vous la connaissez il y a belle lurette. Mais l'important n'est pas de la connaître : c'est de la pratiquer.
Courteline, Lidoire, I.
c Les. Fam. ou pop. || Les mettre (les jambes, les bouts, les voiles, les bâtons…) : déguerpir. || Se les caler (les joues). || Les allonger, les lâcher (l'argent). || Les avoir à zéro (les fesses) : avoir peur.
19 (…) tu n'as pas l'air de te les caler avec des briques.
Clément Vautel, Mon curé chez les pauvres, p. 127.
d Par euphémisme (désignant les parties sexuelles). Fam. ou pop. || Il y a de quoi se la mordre ! || Tu nous les casses ! || On se les gèle, ici ! || Tu peux toujours te l'accrocher ! || Se les gratter : ne rien faire.
19.1 Elle se campe devant moi, le ventre en avant, fléchit sur ses cuisses; ses mains écartent. « Regarde-le, mon Stève. Regarde-le, celui de ta salope. » Et je le vois pour la première fois, car avant ça ne comptait pas.
André Hardellet, Lourdes, lentes…, p. 47.
4 (Place de le, la, les).
a Avant le verbe, ou avant voici, voilà. || Je le connais. || Il la voit, nous les avons vus. || Les voici. || La voilà.
b Le, la, les, se plaçant après l'impératif à forme positive dont ils sont compléments. || Regardez-le (-la, -les). || Laissez-la avancer. || Menez-l'y. || Avertissez-l'en.
REM. Dans la poésie classique, la voyelle finale de le, la, pouvait s'élider : || « Mettons-le en notre gibecière » (La Fontaine, Fables, V, 3) compte pour huit pieds. — Quand deux impératifs étaient coordonnés, le personnel objet pouvait être placé avant le second impératif :|| « Sèche tes pleurs, Sabine, ou les cache à ma vue » (Corneille, Horace, IV, 7); || « Enseignez toutes les nations, et les baptisez… » (Bossuet).
c Le, la, les, compléments d'un infinitif dépendant d'un premier verbe (aller, croire, penser, savoir…) et se plaçant normalement entre ce verbe et l'infinitif, lorsque tous deux ont le même sujet. || J'irai le (la, les) voir.
REM. L'ancienne langue plaçait souvent le pronom avant le premier verbe : Je la dois attaquer, mais tu la dois défendre (Corneille, le Cid, III, 4). Certains écrivains contemporains emploient encore cet archaïsme « distingué » (Ch. Bruneau).
20 (…) j'avais besoin de prétextes pour l'aller rejoindre.
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 965.
21 Son père, le voulant réjouir, lui fit cadeau d'une grande épée sarrasine.
Flaubert, Trois contes, « La légende de saint Julien l'Hospitalier », I.
22 (…) et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Verlaine, Poèmes saturniens, « Melancholia », VI.
23 (…) à l'idée qu'on le pourrait entendre du dehors.
Gide, la Symphonie pastorale, 29 mai, p. 156.
24 (…) quel autre l'eût pu faire ?
J. Romains, les Copains, I.
♦ Le (la, les) placé après ne pas, quand l'infinitif est accompagné d'une négation. || Je préfère ne pas le recevoir. — REM. Dans l'ancienne langue, le pronom se plaçait souvent entre ne et pas.
25 (…) il reçut cent coups de bâton pour ne le pas violer.
Montesquieu, Lettres persanes, LIX.
♦ Le (la, les) placé avant le verbe, quand celui-ci et l'infinitif qui le suit n'ont pas le même sujet. || Je l'ai envoyé chercher, mais il n'était pas chez lui. || Où est votre voiture ? Je la fais laver. — REM. Il en est ainsi notamment lorsque le (la, les) est à la fois complément du verbe régissant et sujet de l'infinitif. || Il faut le faire manger, cet enfant. || Il la fait démarrer (sa voiture).
d (Avec des pronoms compléments de fonctions différentes).
♦ Complément d'objet direct, placé immédiatement avant le verbe, quand les pronoms ne sont pas de la même personne. || « On me l'a dit, il faut que je me venge » (La Fontaine). || « … lorsque j'ai fait un vers, et que je l'aime, Je me le paye, en me le chantant à moi-même ! » (Rostand, Cyrano de Bergerac, II, 7). || Ne me le donnez pas.
♦ Placé en tête quand les pronoms sont tous les deux de la 3e personne : || Je le lui ai dit. || Il les y a envoyés. || Je les en ai débarrassés.
♦ Placé en tête des deux pronoms quand le verbe est un impératif à forme positive. || Dites-le-lui; donnez-la-moi; enveloppez-les-nous. || Avertissez-l'en (P. Benoit, les Compagnons d'Ulysse, V, p. 141).
REM. 1. L'ordre inverse est usuel dans la langue familière : || « Faites-le composer avec soin (l'article) […] et puis adressez-moi-le par la poste » (Sainte-Beuve, Lettre à Buloz, 23 nov. 1837). — L'expression Se le tenir pour dit peut se construire avec les deux ordres : tenez-vous-le pour dit (Académie, Lemaitre, Mauriac…) ou (moins couramment), tenez-le-vous pour dit (Colette).
2. Avec laisser, faire et les verbes de perception (voir, entendre, etc.), la place des pronoms personnels soulève un problème délicat. « Si le verbe principal et l'infinitif ont chacun un pronom personnel complément, on place chaque pronom devant son verbe (…) Je les vois me suivre… Ce livre, on nous laisse le lire. Toutefois, quand le pronom personnel complément de l'infinitif est le, la, les, on peut le juxtaposer, devant le verbe principal, au pronom complément de ce verbe principal… » (Grevisse, §483, 4e, N. B.). Il se place alors soit après me, te, nous, vous, soit avant lui, leur. Il refusa de me la laisser prendre. || « On le lui fit bien voir » (La Fontaine, Fables, VII, 1). || « Mais un peu de courage vous le fera trouver » (La Fontaine, Fables, V, 9). Un autre ordre consiste à disjoindre les deux pronoms et à placer devant le premier verbe le pronom sujet de l'infinitif : Nous les avons vus l'emmener de force.
26 Cette dernière combinaison, je ne l'avais pas dite à ma mère; le reste suffisait déjà pour la faire me juger fou.
Gide, Si le grain ne meurt, II, II, p. 355.
27 (…) il espérait (…) que nul ne le verrait plus, et qu'il ne verrait plus les autres le voir.
F. Mauriac, le Désert de l'amour, III.
3. Pour le choix des pronoms — objet direct (le) ou objet indirect (lui) — dans la proposition infinitive construite avec faire. → Faire (IV., rem. 2 et cit. 181, 182, 184, 186, 187, 191, 192, 193 et 195); et aussi Lui; leur.
5 (Omission de le, la, les).
♦ Le (la, les) souvent omis, pour des raisons phonétiques, devant lui ou leur, dans la langue classique et encore aujourd'hui dans la langue familière.
28 Le Pape envoya le Formulaire, tel qu'on lui demandait (…)
Racine, Port-Royal.
29 (…) comme les hommes ne se dégoûtent point du vice, il ne faut pas aussi (non plus) se lasser de leur reprocher (…)
La Bruyère, les Caractères, Préface.
30 J'ai besoin de la clef d'Hector. Mireille le sait. Cours lui demander.
Béatrix Beck, Léon Morin, prêtre, II, p. 25.
♦ Le, neutre, souvent supprimé, notamment dans des comparatives, des incises, auprès de verbes comme « voir, pouvoir, savoir, croire, falloir, faire… ». || Vous voyez, il est encore en retard. || Venez quand vous pourrez. || Tant que vous voudrez. || Comme (cit. 23) on (le) dit… || « Parlez sans vous troubler, si vous pouvez » (Beaumarchais, le Barbier de Séville, III, 2). — Cela va sans dire (cit. 31); ce n'est pas pour dire. || Si j'ose dire. — REM. Avec faire remplaçant dans une comparative un autre verbe, l'emploi de le est facultatif. → Faire (VI.; et cit. 210 à 214).
6 (Répétition de le, la, les).
♦ Le (la, les) normalement répété devant chaque verbe coordonné ou juxtaposé. || Je l'aime et l'admire. — REM. Quand le verbe est à un temps composé, on répète le pronom si l'auxiliaire est lui-même répété. Je l'ai vu et l'ai observé (mais : je l'ai vu et observé).
31 (…) et sa fureur extrême
Le fatigue, l'abat; le voilà sur les dents.
La Fontaine, Fables, II, 9.
32 Je la retire, la considère et la jette dans un coin.
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, I, Hist. Carré…
REM. En français classique, surtout en poésie, le pronom était parfois omis devant le second verbe :
33 Cet hymen m'est fatal, je le crains et souhaite (…)
Corneille, le Cid, I, 2.
———
II Attribut.
1 Le, la, les représentant un mot qui vient d'être exprimé ou, plus rarement, qui va être exprimé. || « Charmante, elle l'est dès maintenant » (Maurois, Ariel, p. 77). || « Vous l'êtes, mal élevées, toutes les deux » (H. Bernstein, la Rafale, II, 4).
2 (Accord du pronom attribut).
a Le, (la, les), s'accordant en genre et en nombre avec le substantif qu'il représente. || « La reine ? vraiment oui; je la suis en effet » (La Fontaine, X, 2.)
34 Rosine !… Je ne la suis plus, cette Rosine que vous avez tant poursuivie ! je suis la pauvre comtesse Almaviva…
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, II, 19.
35 Je suis l'amie de M. Georges Saintenois, et je la resterai.
Paul Bourget, la Geôle, VIII.
REM. 1. Le pronom peut cependant rester invariable (le) si le nom est pris en valeur d'adjectif :|| « Une femme qui n'est pas ma femme, qui ne le sera jamais » (Daudet, l'Immortel, XIII, p. 298); || « La France est l'ennemie, le restera » (Romains, les Hommes de bonne volonté, t. X, VIII, p. 105).
2. En réponse à une question, il est préférable d'employer le tour démonstratif « C'est » : « Êtes-vous la personne que… ? Oui, c'est moi », plutôt que Je la suis. Pour représenter les noms de choses, Littré recommandait encore l'emploi de le, la, les. « Est-ce là votre voiture ? Oui, ce l'est ». Ce tour est vieux.
b Le, (la, les), généralement invariable (le) quand il représente un adjectif ou un participe passé.
36 (…) j'étais fatiguée tout à l'heure, maintenant je ne le suis plus.
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, III, IV.
37 Dans le même temps que les mœurs devenaient plus libres, l'intelligence le devenait moins (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, Nouvelle journée, p. 1570.
38 (La barbe est) presque indissolublement liée aux fonctions sérieuses, ou qui veulent le paraître (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. X, I, p. 9.
REM. 1. Cette règle est relativement moderne. On trouve l'accord chez Corneille (Pompée, V, 2), Mme de Sévigné, Beaumarchais (le Mariage de Figaro, III, 16), et encore, par archaïsme ou affectation de féminisme, chez des écrivains modernes :|| « J'ai été très calme. Je la suis plus encore, ce matin » (Bourget, l'Étape, p. 19). || « Je n'ai jamais été vraiment amoureuse; à présent je la suis » (Colette, Mitsou, VI, p. 66).
2. « Il faut éviter de faire représenter par le un adjectif au superlatif : “Elle aimait le beau linge, et le plus fin ne le lui paraissait jamais assez…” » (H. de Régnier, in G. et R. Le Bidois, Syntaxe du français moderne, t. I, p. 133).
3. On ne fait généralement pas représenter par le un adjectif qui n'est pas au même genre (ou nombre) que l'adjectif explicité dans le contexte :|| « … c'est moi la plus contente. — Mais nous le sommes, madame… » (Boylesve, l'Enfant à la balustrade, IV, XII, p. 353).
4. Le peut représenter un participe passé qui n'a pas été énoncé dans le contexte. Littré recommandait de dire : « Je le traiterai comme il mérite d'être traité », et non pas « comme il mérite de l'être ». Ce dernier tour est pourtant courant :|| « On ne se laisse plus séduire, parce qu'on ne craint plus de l'être » (Sand, Journal intime, p. 121); || « … en ne la traitant pas comme elle mérite de l'être » (F. Mauriac, la Pharisienne, XI, p. 130); || « On ne peut bien déclamer que ce qui mérite de l'être » (Voltaire); || « Ne vous laissez pas troubler… J'avoue que je l'ai été moi-même au début » (Maurois, Cercle de famille, II, XVI, p. 215).
3 Le attribut, suivi d'un complément déterminatif (comme le serait le mot qu'il remplace).
39 (…) un être leur paraît esclave dès qu'il l'est de ses passions (…)
Gide, Journal, 1923, Feuillets, I.
4 Le, attribut, tantôt exprimé, tantôt omis dans les comparatives : || « Jamais père ne fut plus heureux que vous l'êtes » (Racine, Iphigénie, I, 4); || « Je pars, plus amoureux que je ne fus jamais » (Racine, Bérénice, I, 4). || « Étranger comme je le suis à… » (France, le Crime de Sylvestre Bonnard, p. 122); || « … pressé d'argent comme il est toujours » (Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XI, p. 115). REM. 1. Il est préférable d'exprimer le pronom le quand on veut insister sur la manière plutôt que sur la qualité (→ ci-dessous, cit. 42, France).
2. Le est obligatoire quand l'attribut qu'il représente est précisé par un complément déterminatif ou quand le second terme de la comparaison contient un autre verbe que le premier.
40 Vous ne le croiriez pas peut-être, ajoute-t-il, entêté comme vous l'êtes des préjugés de l'Orient (…)
Montesquieu, Lettres persanes, XLVIII.
41 Je me vis aussi méprisable que je l'étais devenue (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, III, XVIII.
42 (…) vous deviez pourtant bien penser que telle que je suis, mariée comme je l'étais (…)
France, le Lys rouge, XXXIV.
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HOM. 1. Le. — V. 3. La. — Lé.
Encyclopédie Universelle. 2012.