populace [ pɔpylas ] n. f.
• 1572; n. m. 1555; it. populaccio, péj. de popolo
♦ Péj. Bas peuple. ⇒ 1. masse, plèbe, fam. populo. « Par derrière se pressait une populace en haillons » (Flaubert).
⊗ CONTR. Élite, gratin.
● populace nom féminin (italien popolaccio) Ensemble des couches populaires considérées avec mépris. ● populace (citations) nom féminin (italien popolaccio) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 La populace ne peut faire que des émeutes. Pour faire une révolution, il faut le peuple. Tas de pierres Éditions Milieu du monde François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 Il semble […] que la populace ne mérite pas une religion raisonnable. Essai sur les mœurs, De la religion de la Chine
populace
n. f. Péjor. Classes populaires pauvres; le peuple lui-même.
⇒POPULACE, subst. fém.
Péj. [Désigne un ensemble de pers. investi traditionnellement de toutes les tares de la société et capable de tous les excès] Partie la plus défavorisée (économiquement, culturellement et socialement) de la population. Synon. canaille, masse, plèbe, peuple, populaire (subst.), populo (pop. et fam.), racaille, vulgaire (subst.). Apaiser, armer, flatter, haranguer, soulever la populace; femme, homme de la populace; populace abêtie, abjecte, corrompue, déchaînée, fanatique, ignoble, immonde, puante. Les vains et dispendieux amusemens des riches ne peuvent pas toujours se justifier aux yeux de la raison; mais combien ne sont pas plus désastreuses les folles dissipations du pauvre! La joie des indigens est toujours assaisonnée de larmes, et les orgies de la populace sont des jours de deuil pour le philosophe (SAY, Écon. pol., 1832, p.378). Au sein des classes dominantes, dominait la répugnance ou même le mépris à l'égard des déshérités et il n'était personne qui ne redoutât leurs méfaits individuels et la révolte collective de la «populace», de la «canaille» (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p.63):
• ♦ Même dans la lie de la populace, dans ces êtres aux grosses têtes, aux yeux vitreux, aux faces souvent bestiales, trapus et bas sur pattes (...) on voyait, jusque dans cette fange fétide, d'étranges phosphorescences qui s'allumaient, comme des feux follets dansant sur les marais: des regards merveilleux, des intelligences lumineuses...
ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p.421.
— P. anal. [Pour désigner une catégorie partic. d'êtres, de choses] Un grand hôtel de pierre, se carrant à son aise (...) parmi cette populace de maisons serrées et étriquées (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.144). [Lamennais] trouvera facilement à diriger une populace d'écrivassiers sans conviction qui se serviront de lui comme d'un drapeau et qui le renieront ou le trahiront à la première occasion (SAND, Corresp., t.1, 1836, p.370). On nourrit hautement, résigné, des millions de pucerons féroces, toute une populace de vermine qui vous couvre de pustules aqueuses (ARNOUX, Calendr. Fl., 1946, p.278).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1552 masc. (E. JODELLE, L'Eugene, Prol. ds OEuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t.1, p.14); 1561 fém. (J. GRÉVIN, La Trésorière, éd. E. Lapeyre, p.4). Empr. à l'ital. popolaccio «plèbe» (dep. le XVIes., MATTIO FRANZESI ds TOMM.-BELL.), dér. à l'aide du suff. péj. -accio, de popolo (peuple). La finale du mot fr. a entraîné le genre fém. mais le genre masc. s'est cependant maintenu jusqu'au XVIIes. de même que la forme masc. populas, att. dep. 1562 (M. SCÈVE ds HUG.; v. FEW t.9, p.180a). Fréq. abs. littér.:372. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 961, b) 611; XXes.: a) 318, b) 242.
DÉR. Populacerie, subst. fém., vieilli. Moeurs, manières de la populace. [Degas] un des premiers, il s'est attaqué aux élégances et aux populaceries féminines (HUYSMANS, Art mod., 1883, p.12). L'empereur de Russie trouvait qu'il y avait un peu trop de fraternisation démocratique entre la France et ses marins (...) Mohrenheim (...) avait obtenu la continuation des fêtes un peu modifiées, un peu châtrées de populacerie (GONCOURT, Journal, 1893, p.472). — []. — 1re attest. 1791 (Réflexions sur le club des Jacobins, in Journal des clubs, 14 mai, n° 26, in AULARD, La Société des Jacobins, t.2, p.417 ds QUEM. DDL t.11); de populace, suff. -erie.
BBG. —DAUZAT Ling. fr. 1946, p.39. — DUB. Pol. 1962, pp.379-380. — HOPE 1971, p.217. — VARDAR Soc. pol. 1973 [1970], p.290. — WIND 1928, p.9, 11, 148, 191, 201.
populace [pɔpylas] n. f.
ÉTYM. 1572; masc., 1555; ital. populaccio, péj. de popolo.
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♦ Péj. Bas peuple, basses classes de la population; le peuple (dans un langage dépréciatif et insultant). ⇒ Masse, 1. peuple, plèbe, populaire (n. m.), populo, vulgaire (n. m.). → Artiste, cit. 13; barbare, cit. 24; déguenillé, cit. 3; démagogue, cit. 1; esprit, cit. 36; laideur, cit. 4. || La populace se soulève. || Chercher à calmer (cit. 3) la populace. || La voix de la populace. || Haranguer (cit. 1) la populace. ⇒ Foule, multitude. || Vile populace. ⇒ Canaille (cit. 1 et 5), écume, lie, pègre, racaille, tourbe. || La populace romaine. ⇒ Prolétariat.
1 La raison n'agit point sur une populace.
Racine, la Thébaïde, II, 3.
2 Quand la populace se mêle de raisonner, tout est perdu.
Voltaire, Correspondance, 2824, 1er avr. 1766.
3 Malheur à ceux qui remuent le fond d'une nation ! Il n'est point de siècle de lumière pour la populace; elle n'est ni française, ni anglaise, ni espagnole. La populace est toujours et en tout pays la même : toujours cannibale, toujours anthropophage; et quand elle se venge de ses magistrats, elle punit des crimes qui ne sont pas toujours avérés par des crimes certains.
Rivarol, Politique, I, I.
4 Par derrière se pressait une populace en haillons. Ils vivaient, ceux-là, sans aucun emploi, loin des appartements, dormaient la nuit dans les jardins, dévoraient les restes des cuisines, — moisissure humaine qui végétait à l'ombre du palais.
Flaubert, Salammbô, VII.
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CONTR. Élite, gratin (fam.).
DÉR. Populacier.
Encyclopédie Universelle. 2012.