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canaille

canaille [ kanaj ] n. f. et adj.
• v. 1470; it. canaglia, de cane « chien »
1(Collect.) Vieilli Ramassis de gens méprisables ou considérés comme tels. pègre, populace, racaille. « Il aimait à fréquenter la canaille » (France). s'encanailler.
2(XVIIe) Personne digne de mépris, malhonnête, nuisible. Une canaille. Cette vieille canaille d'Untel. cochon, coquin, crapule, fripon, fripouille, ordure, salaud, saligaud; région. 2. charrette. « Les véritables hommes d'État préfèrent toujours aux honnêtes gens les canailles » (Barrès).
3Par exagér. (en parlant d'enfants insupportables) Ah ! petite canaille ! coquin.
4Adj.(1867) Vulgaire, avec une pointe de perversité. arsouille, gouape. Ce chapeau lui donne l'air canaille. Des manières canailles.
⊗ CONTR. Aristocratie, monde. Honnête, loyal, probe. Convenable, distingué.

canaille nom féminin (italien canaglia, troupe de chiens, du latin canis, chien) Vieux. Ramassis de gens méprisables ou considérés comme tels. Personne malhonnête, sans moralité : Cette canaille a encore extorqué de l'argent à des naïfs.canaille (citations) nom féminin (italien canaglia, troupe de chiens, du latin canis, chien) Henry Becque Paris 1837-Paris 1899 L'élite, c'est la canaille. Notes d'album G. Crès Octave Mirbeau Trévières, Calvados, 1848-Paris 1917 Si infâmes que soient les canailles, ils ne le sont jamais autant que les honnêtes gens. Le Journal d'une femme de chambre Fasquellecanaille (synonymes) nom féminin (italien canaglia, troupe de chiens, du latin canis, chien) Ramassis de gens méprisables ou considérés comme tels.
Synonymes :
- pègre
- populace
- racaille
Personne malhonnête, sans moralité
Synonymes :
- bandit
- crapule
- fripouille
- gredin
- misérable
- scélérat
- vaurien
canaille adjectif Populacier, vulgaire, polisson : Un air canaille.canaille (synonymes) adjectif Populacier, vulgaire, polisson
Synonymes :
- aguichant
- commun
- coquin
- faubourien
- peuple
- populaire
Contraires :
- aristocratique
- distingué
- noble
- précieux
- raffiné

canaille
n. f. et adj.
d1./d n. f. Ramassis de gens méprisables. être insulté par la canaille. Syn. racaille.
d2./d n. f. Individu malhonnête, méprisable. Cette canaille lui a extorqué un million. Syn. fripouille, escroc, scélérat.
d3./d adj. Débraillé et polisson. Une allure canaille.

⇒CANAILLE, subst. fém. et adj.
Péjoratif
I.— Emploi subst.
A.— Vieilli : [Collectif]
1. Partie la plus basse du peuple considérée comme méprisable dans ses idées, ses goûts, ses actes. Ameuter la canaille; la vile canaille; la canaille anarchique et sauvage (AMIEL, Journal intime, 1866, p. 500). Synon. populace, pègre, racaille :
1. Êtes-vous donc fait pour l'apprécier, [le peuple] et pour connoître les hommes, vous qui, depuis que votre raison s'est développée, ne les avez jugés que d'après les idées absurdes du despotisme et de l'orgueil féodal; vous qui accoutumés au jargon bizarre qu'il a inventé, avez trouvé simple de dégrader la plus grande partie du genre humain, par les mots de canaille, de populace; ...
ROBESPIERRE, Discours, Sur le marc d'argent et les journées d'ouvriers, t. 7, 1791, p. 166.
2. Oh, je finirai par crier la vérité : Je hais les pauvres! les ignobles Pauvres! Les infâmes Pauvres! Les sans-le-sou, la puante canaille! Je les hais, et de toute la haine que peut nourrir une âme basse de paria pour les castes supérieures.
LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, p. 118.
2. P. ext. Rebut d'un groupe (position, groupe social, professionnel, intellectuel, etc.). La canaille radicale anglaise (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 109) :
3. ... il [De Maistre] a la haine et la nausée du médiocre, du vulgaire. Son point de mire à lui, son étoile polaire, c'est une opinion qui ne soit surtout pas celle de la canaille des esprits; le gentilhomme-sénateur se retrouve ici dans le penseur. Tout ce qui a triomphé et qui est devenu plus ou moins commun à quelques égards, De Maistre le méprise, le conspue et le voudrait anéantir.
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 177.
B.— Usuel. [Désigne des individus] Individu malhonnête et sans scrupules. Une affreuse, une grande canaille. Tu es, à ses yeux, un espion, une canaille, un drôle (BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, p. 423). Cette vieille canaille de propriétaire (ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 111). Synon. vaurien, escroc, scélérat :
4. Je veux que tout Paris le sache, que le monde entier, Monsieur, sache que vous êtes un mufle. Un mufle doublé d'une canaille, une canaille doublée d'un fauve, un fauve doublé d'un niais...
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Notaire du Havre, 1933, p. 227.
SYNT. Fameuse, infâme, petite, sacrée, sale canaille.
[En constr. d'apostrophe] « Canaille!... Canaille! » qu'elle hurlait (CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 321).
Par antiphrase (comme terme d'affection). Cette canaille de Rembrandt est un puissant idéaliste (BAUDELAIRE, Salon, 1846, p. 104). Chères petites canailles (MONTHERLANT, Le Songe, 1922, p. 72). Synon. coquin, fripon, polisson.
II.— Emploi adj.
A.— [En parlant d'un attribut ou d'une attitude de la pers.] Qui dénote la vulgarité, la malhonnêteté ou la perversité. Un air, un geste canaille, des goûts canailles. Cela a un côté canaille, pessimiste, qui me déplaît (PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, p. 501) :
5. L'empreinte faubourienne, le pli crapuleux... Séphora les laissait voir par éclairs dans les lignes bibliques de son visage, les retrouvait dans l'ironie, dans le rire canaille de sa bouche de Salomé.
A. DAUDET, Les Rois en exil, 1879, pp. 250-251.
Emploi substantivé (en litt., en mus., dans les B.-A.). Le canaille. Le genre canaille :
6. On va toujours du guindé au canaille. Pour éviter le commun on tombe dans l'emphase et, d'autre part, la simplicité est si voisine de la platitude!
FLAUBERT, Correspondance, 1853, p. 370.
B.— [Appliqué à une pers.] Malhonnête, sans scrupules :
7. Des gens de rien vinrent alors en affluences,
Endettés sans honneur, créanciers sans pitié,
Canailles tout à fait, criminels à moitié.
...
VERLAINE, Vive le Roy, 1896, p. 846.
[Avec une nuance de sympathie] Sa compagne roucoulante, une fine-mouche, un rien canaille, une colombine de faubourg (R. MARTIN DU GARD, Souvenirs autobiographiques, 1955, p. LXXV).
Prononc. et Orth. :[] ou [-naj]. [a] post. ds PASSY 1914, Pt ROB., WARN. 1968 (cf. aussi FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 1 1787, LAND. 1834, FÉL. 1851, LITTRÉ et DG; cf. encore GRAMMONT Prononc. 1958, p. 29, et BUBEN 1935, § 32); [a] ant. ds DUB., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. Cf. -aille. Ds Ac. 1694-1932. Fait partie des ,,noms simples ou composés, que, par dérivation impropre, la langue familière ou populaire emploie adjectivement [et qui] sont invariables lorsque, la dérivation impropre étant restée incomplète, ces noms sont encore sentis comme expressions elliptiques : Des manières canaille (= des manières semblables à celles de la canaille)`` (GREV. 1964, § 377); cf. aussi les parfums un peu canaille ds ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Le 6 octobre, 1932, p. 296. Étymol. et Hist. 1. Ca 1470 « bas peuple » (GILLES DES ORMES, réponse à G. Chastellain, Le Lyon rampant ds Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 7, p. 210); 2. 1639 « personne malhonnête » (CORNEILLE, Médée, V, 3 ds DG). Empr. à l'ital. canaglia (dér., avec suff. péj. -aglia, de cane « chien »), littéralement « troupe de chiens », attesté dep. le XIIIe-XIVe s. (Bonichi ds BATT.); a remplacé l'a. fr. chienaille/chenaille (av. 1195, AMBROISE, Estoire de la guerre sainte, 1132 ds T.-L. — 1544 ds GDF.). Fréq. abs. littér. : 1 140. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 847, b) 2 556; XXe s. : a) 3 018, b) 940.
DÉR. 1. Canaillement, adv. D'une manière canaille. Ce mélange de choses si prudemment tempérées et si canaillement violentes (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1876, p. 1148). Elle plissa canaillement les yeux (ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 154). Seule transcr. ds Lar. Lang. fr. : []. 1re attest. 1870, E. et J. DE GONCOURT, Journal; de canaille, suff. -ment2. Fréq. abs. littér. : 12. 2. Canailler, verbe, fam. Se comporter en canaille (cf. supra I B). Où allez-vous canailler ainsi? (GIONO, Angelo, 1958, p. 65). 1re attest. 1958, supra; dénom. de canaille, dés. -er. 3. Canaillocratie, subst. fém., rare. Suprématie de la canaille (cf. supra I A). J'espère qu'un jour (...) nous pourrons parler de canaillocratie, les fenêtres ouvertes! (J. DE MAISTRE, Correspondance, t. 1, 1793, p. 54; cf. aussi BALZAC, Œuvres diverses, t. 3, 1850, p. 383). Seule transcr. ds LITTRÉ : ka-na-llo-kra-cie, ll mouillées. 1re attest. 1793, 8 sept. id.; de canaille, suff. -cratie.
BBG. — DARM. 1877, p. 84. — DARM. Vie 1932, p. 60. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 49. — DUCH. 1967, § 22.5, 38.2, 59.2. — HOPE 1971, p. 32. — KOHLM. 1901, p. 35. — SAR. 1920, p. 52. — WIND 1928, p. 9, 11, 47, 163, 190, 207.

canaille [kanaj] n. f. et adj.
ÉTYM. V. 1470; ital. canaglia « troupe de chiens », de cane « chien »; a remplacé l'anc. franç. chie(n)naille, encore utilisé au XVIe.
———
I N. f.
1 Vieilli. || (La canaille). Ramassis de gens méprisables ou considérés comme tels. Pègre, populace, racaille. || La canaille qui s'était attroupée (→ Attrouper, cit. 3). || La canaille des laquais. || Fréquenter la canaille. Encanailler (s'encanailler, vieilli.).
REM. Le mot ne peut plus s'employer de nos jours, sauf par effet stylistique ou pour faire allusion à l'attitude aristocratique, en histoire, en opposant aux classes considérées comme supérieures les couches les plus modestes de la société. — On note en outre une opposition populace / canaille, dans les emplois antérieurs au XXe s. (→ cit. 1 et 5).
1 La populace est le bas peuple, ce qu'il y a dans la société de moins distingué, de moins considéré ou de plus obscur (…) La canaille est une vile populace, une populace sans probité et sans honneur : aussi oppose-t-on d'ordinaire la canaille aux honnêtes gens.
Lafaye, Dict. des synonymes, Suppl., Populace…
2 Connaît-on à l'habit aujourd'hui la canaille ?
Corneille, la Suite du Menteur, I, 1.
3 Un coupable puni est un exemple pour la canaille; un innocent condamné est l'affaire de tous les honnêtes gens.
La Bruyère, les Caractères, XIV, 52.
4 Il y a une autre canaille à laquelle on sacrifie tout, et cette canaille — c'est le peuple.
Voltaire, Au marquis de Condorcet, 27 janv. 1776.
5 Dans les émeutes, dans les querelles des rues, la populace s'assemble, l'homme prudent s'éloigne; c'est la canaille, ce sont les femmes des halles qui séparent les combattants, et qui empêchent les honnêtes gens de s'entr'égorger.
Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, I, p. 60.
6 C'est encore ici une des raisons pourquoi je veux élever Émile à la campagne, loin de la canaille des valets, les derniers des hommes après leurs maîtres (…)
Rousseau, Émile, II.
6.1 La classe des infortunés, que la richesse insolente désigne sous le nom de canaille, est la partie la plus saine de la société.
Marat, l'Ami du peuple, 7 oct. 1790, in Walter, la Révolution française vue par ses journaux.
7 Il aimait à fréquenter la canaille.
France, Les dieux ont soif, p. 109.
8 (…) cet aristocrate, si méprisant de la « canaille » et même du « peuple ».
Louis Madelin, Talleyrand, II, IX, p. 106.
2 (1639). || Une canaille : une personne digne de mépris. || Cette vieille canaille de Un Tel. Coquin, crapule, fripon, fripouille, salaud, saligaud, scélérat. || Une bande de canailles. || Un ramas de canailles (→ Pièce, cit. 3).En interj. || Canaille ! Bandit !
9 Hé quoi ! dit-il, cette canaille
Se moque impunément de moi ?
La Fontaine, Fables, XI, 3.
10 Tous les champis le sont (voleurs) de naissance et c'est une folie que de compter sur ces canailles-là.
G. Sand, François le Champi, II, p. 39.
11 (…) les véritables hommes d'État préfèrent toujours aux honnêtes gens les canailles.
M. Barrès, Leurs figures, p. 82.
12 Quoi qu'en disent les littérateurs, acharnés par conformisme romantique et par paresse d'esprit contre les médiocres, on doit reconnaître qu'un honnête homme aux mérites certains mais sans éclat, est moins estimé des gens du beau monde qu'une canaille qui se recommande par une personnalité singulière.
M. Aymé, le Confort intellectuel, V, p. 62.
REM. Sans être archaïque ni littéraire, ce sens est d'un style soutenu, écrit, peu familier.
3 Par plais. (en parlant d'enfants étourdis, insupportables). || Ah ! petite canaille ! Coquin, fripon, polisson.
13 Que les parents sont malheureux, qu'il faille
Toujours veiller à semblable canaille !
La Fontaine, Fables, I, 19.
———
II Adj. (1867). Vulgaire, avec une pointe de perversité. Arsouille, voyou. || Des manières canaille (Littré); des manières canailles (Hatzfeld, Dict. général). || Un air, des yeux, des propos canaille (ou canailles). || Des goûts canaille (ou canailles). || Il a un genre un peu canaille.
14 Derouet toussa pour se faire le creux et commença, d'une voix dont il exagérait systématiquement les intonations naturellement canailles (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 6e tableau, III, p. 254.
N. m. (rare). || Le canaille : le genre canaille.
CONTR. Aristocratie, grand (les grands), qualité (gens de), société (la, la bonne, la haute). — Droit, honnête, loyal, probe. — Aristocratique, délicat, distingué, raffiné. — Innocent, pur.
DÉR. Canaillement, canaillerie.
COMP. Encanailler (s'). — Canaillocratie.

Encyclopédie Universelle. 2012.