poussée [ puse ] n. f.
• 1562; poulcée 1530; de pousser
1 ♦ Action d'une force qui pousse; son résultat. ⇒ pression. La poussée de la foule. La porte a cédé sous la poussée. — Une poussée : action de pousser qqn (pour l'écarter, le faire reculer). ⇒aussi bourrade. « bien que le vent continuât de nous envoyer sa poussée furieuse » (Loti). Spécialt Résister aux poussées de l'ennemi. ⇒ attaque, offensive.
♢ Force horizontale exercée par un élément pesant (arc, voûte, etc.) sur ses supports, et qui tend à les renverser. ⇒ charge, pesée, poids. Les arcs-boutants sont destinés à contrebuter une poussée.
♢ Phys. Pression exercée par un corps pesant sur un autre et tendant à le déplacer. Poussée horizontale, verticale. — Résultante des forces de pression exercée par un fluide. La poussée d'Archimède. Centre de poussée : point d'application de cette résultante sur une paroi, un objet immergé. — Force propulsive d'un moteur à réaction, d'une fusée. La poussée du booster.
2 ♦ Fig. Manifestation subite d'une force qui était retenue. La poussée de l'instinct, de l'élan vital. ⇒ impulsion, pulsion. « La poussée révolutionnaire du dix-septième siècle » (Bainville). ⇒ flambée. — La poussée de l'opposition aux élections, sa progression.
3 ♦ Manifestation subite d'un mal. Poussée de fièvre. ⇒ accès, crise, paroxysme. Poussée évolutive. — Spécialt Brusque éruption cutanée. Une poussée d'herpès.
● poussée nom féminin (de pousser) Action d'une force qui pousse : Le barrage céda sous la poussée des eaux. Action de pousser quelqu'un, quelque chose, du corps, d'une partie du corps : D'une poussée de la main, je te fais chanceler. Pression, avancée, progression, attaque d'un groupe hostile : Résister aux poussées de l'adversaire. Brusque accès, manifestation subite d'un mal : Poussée de fièvre. Développement, progression nets et soudains d'un mouvement, d'une force, d'un phénomène : Poussée révolutionnaire. Force que développe un moteur à réaction pour propulser un avion, une fusée. Force horizontale exercée sur un mur, un support par un arc ou une voûte ; action horizontale exercée par une structure. (Cette force se combine avec celle, verticale, représentée par le poids de la construction pour produire une force résultante oblique qui doit être contrebutée.) Centre de poussée, point d'application de la résultante des forces de pression exercées par un fluide sur un corps solide ; centre de carène d'un navire. ● poussée (expressions) nom féminin (de pousser) Poussée d'Archimède, force verticale, dirigée vers le haut, à laquelle est soumis un corps plongé dans un fluide. Poussée radiculaire, force provoquant l'ascension de la sève brute dans les vaisseaux, à partir de la racine. (On attribue la poussée à l'activité de l'endoderme des racines, qui enrichit la sève brute en ions, de sorte que la pression osmotique s'élève et que l'eau du sol est attirée dans les vaisseaux.) ● poussée (homonymes) nom féminin (de pousser) poucer verbe poussé adjectif pousser verbe ● poussée (synonymes) nom féminin (de pousser) Brusque accès, manifestation subite d'un mal
Synonymes :
- accès
- crise
Développement, progression nets et soudains d'un mouvement, d'une force, d'un...
Synonymes :
- élan
poussée
n. f.
d1./d Action de pousser; son résultat.
d2./d Pression exercée par une force qui pousse.
|| ARCHI Effort horizontal exercé par une voûte sur ses supports et tendant à écarter ceux-ci.
|| PHYS Pression qu'un corps pesant exerce sur un autre corps.
— Poussée d'Archimède: résultante des forces exercées par un fluide sur un objet immergé.
d3./d Fig. Manifestation subite. Une poussée d'imagination.
|| Accès. Une poussée de fièvre.
⇒POUSSÉE, subst. fém.
I. —[Corresp. à pousser I]
A. —1. Impulsion, choc donnés pour mettre en mouvement, déplacer, pénétrer. John Mangles démarra le radeau, et d'une poussée il le lança à travers les eaux de la [rivière] (VERNE, Enf. cap. Grant, t.2, 1868, p.249). Elle levait davantage ses bras, et lui, avec une poussée plus forte, enfonçait son visage dans leur creux (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p.241).
2. Action de bousculer, fait d'être bousculé. Synon. bousculade, charge, presse. Au plus fort de la poussée, un coup de pistolet retentit (ABOUT, Roi mont., 1857, p.264). Des piaffes, des poussées, des cris de ralliement, des sifflets, éclataient de toutes parts (HUYSMANS, Soeurs Vatard, 1879, p.78).
— RUGBY. ,,Puissante impulsion collective des huit avants de chaque équipe, qui s'affrontent en mêlée fermée`` (PETIOT 1982).
— Vx. Synon. de bourrade, frottée, raclée. Joseph, plus près de la nature, a donné et reçu quelques bonnes poussées (STENDHAL, Mém. touriste, t.1, 1838, p.284). J'ai administré à la commère une poussée dont elle se souviendra. Tâter une femme ainsi: vilaine malhonnêteté! (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.435).
3. Vx. La belle poussée! [Exclam. iron. exprimant p.antiphr. le caractère mesquin et ridicule d'une action] Synon. la belle affaire! Il est obligé de rester sur une chaise toute une journée à la Municipalité, pour gagner... quoi?... six cents misérables francs, la belle poussée! (BALZAC, Rabouill., 1842, p.412). —Deux cents francs de rente viagère... —La belle poussée!... Mais c'est un gredin fini! (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p.309).
B. —1. Pression exercée par une chose qui pousse, par une force. La nuit fut mauvaise; les ais du rancho craquaient à se rompre; il s'inclinait sous les poussées du vent et menaçait de s'en aller à chaque rafale (VERNE, Enf. cap. Grant, t.1, 1868, p.209). Et, comme une poussée d'eau sale, la foule battait la cahute (HUYSMANS, Soeurs Vatard, 1879, p.78).
— BÂT., TRAV. PUBL. ,,Force horizontale exercée sur un mur, un support par un arc, une plate-bande; action horizontale exercée par une structure`` (GDEL). L'ogive dut son triomphe au peu de poussée qu'elle exerce sur ses côtés; on peut donc la placer à l'extrémité de colonnes excessivement sveltes, comme à l'église de Coutances (STENDHAL, Mém. touriste, t.2, 1838, p.342).
— ASTRONAUT. Force de propulsion d'un moteur. Un épais nuage de fumée blanche et grise s'échappe des puissants réacteurs (80 t de poussée) de la lourde fusée blanche Atlas (L'Aurore, 21 févr. 1962, p.4 ds GUILB. Astronaut. 1967, p.203).
— PHYS. Poussée (d'Archimède). ,,Force verticale dirigée de bas en haut et exercée sur tout corps plongé dans un fluide (liquide ou gaz) et égale au poids du volume du fluide déplacé`` (Sc. 1962).
— Au fig. Les sacrements [pour les modernistes] sont nés de ce que les apôtres et leurs successeurs, sous la poussée des circonstances et des événements, ont interprété une idée et une intention du Christ (Théol. cath. t.14, 1 1939, p.561).
2. Pulsion, force provoquant le déplacement du sang, la montée de la sève. La poussée de la sève:
• ♦ Au lieu d'apercevoir derrière les phrases la main qui les écrivait, le corps auquel tenait cette main, la poussée du sang dans ce corps, et aussi la poussée des images, toutes les sourdes et profondes origines animales du talent, elle aperçoit le songe du poète, l'au-delà inexprimable et mystérieux dont il a su faire comme un halo à ses vers.
BOURGET, Essais psychol., 1883, p.179.
— Au fig. J'en ai été enchanté [d'un ouvrage envoyé par les Goncourt]. C'est d'un seul jet et d'une poussée qui ne faiblit pas un instant (FLAUB., Corresp., 1861, p.438). Cela vient de ce que je ne sais pas écrire. Par moment une poussée violente me vient, me fait couvrir une feuille ou deux. Et c'est tout (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p.206).
3. Force interne qui détermine un comportement. Synon. pulsion. Elle semblait vouloir s'afficher, chercher méchamment à ce que tout, chez elle, allât de mal en pis, lorsqu'elle obéissait avec une grande naïveté aux seules poussées de son tempérament (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p.44).
— En partic. Élan. Et pourtant, passer par des découragements, avoir les entrailles inquiètes, c'est la misère de nos natures si fermes dans leurs audaces, dans leur vouloir, dans leur poussée vers le vrai, mais trahies par cette loque en mauvais état qu'est notre corps (GONCOURT, Journal, 1865, p.122). Comme derrière une porte fermée, ainsi derrière la dure paroi du front et la dure paroi du coeur, c'était parfois vers le dehors, une poussée de tout son être: plus elle était violente, plus âprement il y résistait (RAMUZ, A. Pache, 1911, p.124).
C. —1. Manifestation soudaine et intense d'un mal. Synon. accès, crise. Une poussée de fièvre. Dans d'autres cas, il s'agit de poussées délirantes douces encore appelées oniriques (QUILLET Méd. 1965, p.361).
— En partic. Brusque éruption cutanée. [Elle se tenait] tout le temps le dos dans le mur, par suite d'une poussée de boutons (GONCOURT, Journal, 1894, p.573).
2. Au fig. Développement soudain et intense d'un phénomène. Synon. flambée. Une poussée révolutionnaire; une poussée de xénophobie; poussée du chômage, des prix. [Le déficit] entraîne une poussée inflationniste qui est en soi fâcheuse par les conséquences néfastes qu'elle exerce sur l'économie (Univers écon. et soc., 1960, p.50-9).
— [En parlant d'un sentiment] Ce qu'il [Zola] appelle ses haines, ce sont de belles poussées de colère, des indignations de jeunesse ruées à coups de tête, contre la routine et la convention (A.DAUDET ds J.O. 1879 ds ZOLA, Mes haines, Paris, 1928, p.286).
D. —Pression exercée par une armée. Au centre et à droite la poussée ennemie paraissait définitivement enrayée (JOFFRE, Mém., t.1, 1931, p.377).
II. —[Corresp. à pousser VII] Rare, littér. Croissance (d'une plante). Synon. usuel croissance, pousse. Mais que vous êtes grande après moins de six mois! La tige qu'on mesure au temps de la poussée, Vienne la Saint-Michel, n'est pas plus élancée (BRIZEUX, Marie, 1840, p.36). Et ce fut la poussée d'une flore immonde, l'épanouissement de la pâquerette des ténèbres, l'éclosion du lotus (HUYSMANS, En route, t.2, 1895, p.197).
— Au fig. Il faut assister avec sympathie à cette invasion de barbares [écrivains comme Huysmans] précieux: car peut-être que c'est la dernière poussée originale d'une littérature finissante et qu'après eux il n'y aura rien —plus rien (LEMAITRE, Contemp., 1885, p.335).
Prononc. et Orth.:[puse]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) 1530 par poulcees «par une succession d'actions brèves et brusques» (PALSGR., p.833); b) 1611 «effort pour faire avancer, déplacer» (COTGR.); c) 1646 fig. (CORNEILLE, Lettre à Voyer d'Argenson, 18 mai ds DG); 2. 1636 «pression horizontale qui s'exerce sur les éléments qui supportent une voûte» (MONET); 1676 faire le trait des poussées (FÉLIBIEN, p.709).; 3. a) 1773 phys. «force verticale de bas en haut à laquelle sont soumis les corps plongés dans un liquide» (BOURDÉ DE VILLEHUET, Manuel des marins, t.2, p.169); b) 1904 centre de poussée (MARCHIS, Nav. aér., p.55); c) 1962 «force de propulsion des moteurs à réaction» (Sc.); 4. 1807 «croissance d'une plante» (MICHEL (J.-F.) Expr. vic., p.155); 5. 1852 «brusque éruption cutanée» (Journ. de méd. et de chir. pratiques, XXIII, p.38 ds QUEM. DDL t.8); 6. 1868 fig. poussée de verve (SAINTE-BEUVE, Pensées et maximes, p.83). Part. passé fém. subst. de pousser. Fréq. abs. littér.:1833. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1001, b) 1952; XXes.: a) 4120, b) 3416.
poussée [puse] n. f.
ÉTYM. 1562; poulcée, 1530; de pousser.
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1 Action d'une force qui pousse (II., 1.); résultat de cette action. ⇒ Impression (vx), pression. || La poussée de la foule (→ Meurt-de-faim, cit. 3). || Une poussée : action de pousser qqn (pour l'écarter, le faire reculer). || Donner une poussée à qqn. ⇒ Bourrade; et aussi coup. || Poussée de l'épaule. ⇒ Épaulée. || Sous la poussée d'une chiquenaude (cit. 3). || Résister aux poussées de l'ennemi. ⇒ 1. Élan (→ Émissaire, cit. 3; escadron, cit. 3). — Par métaphore. || La poussée de l'espèce, de l'élan vital (→ Individualisme, cit. 7; obstacle, cit. 5), de l'instinct (→ Idée, cit. 36). || La poussée des puissances germinales (cit. 2). ⇒ Impulsion. — Sous la poussée du vent (→ Gâter, cit. 43). || Déformation de couches géologiques par suite de poussées d'inégale intensité (→ Laminage, cit.). || Poussée des gaz dans un moteur à réaction (⇒ Propulsion).
1 Une espèce de calme venait de se faire dans les eaux, bien que le vent continuât de nous envoyer sa poussée furieuse.
Loti, Mon frère Yves, LXII.
2 Tout en marchant, il avait saisi très discrètement le bras de la jeune fille. Il le tenait par derrière, sans du tout le serrer, lui communiquant une poussée légère, ainsi qu'il eût fait avec un camarade.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. VIII, VI, p. 63.
3 La poussée des arrivants les avait déjà rejetés à mi-pente entre les tribunes.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, XXIX.
♦ Archit. Effort de pesanteur exercé par un élément pesant (arc, voûte…) sur ses supports et qui tend à les renverser. ⇒ Charge, pesée, poids. || Les arcs-boutants sont destinés à contrebuter une poussée, la poussée des murs.
4 Si l'arc d'ogive est fait de deux poussées, peut-être deux souffrances qui se contre-butent s'élanceront-elles plus haut encore que la flèche de couronnement.
A. Arnoux, Suite variée, II, Le pauvre.
♦ Sports. (Rugby). Impulsion collective des huit avants de chaque équipe dans la mêlée. — (Athlétisme). Détente qui projette le corps en avant.
♦ Phys. Pression exercée par un corps pesant sur un autre et tendant à le déplacer. || Poussée horizontale, verticale. — Résultante des forces de pression exercée par un fluide sur la paroi qui le renferme ou sur un objet immergé. || Centre de poussée, point d'application de cette résultante.
♦ Force propulsive d'un moteur à réaction, d'une fusée. || Fusée de n kg de poussée. || Dispositif d'arrêt de poussée.
2 (1829, poussée de travail). Développement rapide, irrésistible (de qqch.). || Une poussée de fanatisme, de révolution (→ Anarchie, cit. 7), de mondanité (cit. 1).
5 On a pris l'habitude de regarder la Fronde comme un épisode romanesque et même galant à cause des belles dames qui s'en mêlèrent. Ce fut, en réalité, la poussée révolutionnaire du dix-septième siècle.
J. Bainville, Hist. de France, XII, p. 209.
♦ Écon. || Poussée des prix : brusque montée des prix. ⇒ Augmentation, hausse. — La poussée de l'inflation, du chômage.
3 (1852). Méd. Brusque éruption cutanée. ⇒ Pousse, B., 3. (vx). || Poussée de furonculose. — Manifestation subite d'un mal. || Poussée de fièvre. ⇒ Accès, crise, paroxysme (→ Insidieux, cit. 2).
6 (…) j'en venais à croire que la plante donnait d'un coup toute sa poussée dans la nuit, car j'avais beau rester les yeux fixés sur la feuille (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, V, Pl., p. 445.
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HOM. Pousser.
Encyclopédie Universelle. 2012.