prévaloir [ prevalwar ] v. intr. <conjug. : 29; sauf subj. prés. que je prévale, que tu prévales, qu'ils prévalent>
• 1420; lat. prævalere
1 ♦ Vx (Personnes) Avoir le dessus, prendre l'avantage, se montrer supérieur (cf. L'emporter sur). « Octave ne prévalut contre lui qu'en se déclarant l'homme de la patrie » (Michelet).
2 ♦ Mod. et littér. (Choses) L'emporter. « L'Église doit tout surmonter et [...] rien ne prévaudra contre elle » (Bloy). « La meilleure éducation du monde ne prévalait pas contre les mauvais instincts » (A. Gide). — Absolt « Il n'eût pas admis qu'une autre volonté que la sienne prévalût dans la conclusion du traité » (Madelin). Les vieux préjugés prévalaient encore. ⇒ prédominer. C'est finalement la dernière solution qui prévalut. Faire prévaloir ses droits.
3 ♦ SE PRÉVALOIR DE... v. pron. (1564) Tirer avantage ou parti (de qqch.), faire valoir (qqch.). « Les observations fines sont la science des femmes; l'habileté de s'en prévaloir est leur talent » (Rousseau).
♢ Tirer vanité, faire grand cas (de qqch.). ⇒ s'enorgueillir, se flatter. C'est un homme modeste, qui ne se prévaut jamais de ses titres. ⇒ se targuer.
● prévaloir verbe transitif indirect (latin praevalere) Avoir l'avantage sur, contre quelque chose, s'imposer : Son point de vue prévaudra sur tous les autres. ● prévaloir (expressions) verbe transitif indirect (latin praevalere) Faire prévaloir quelque chose, le faire reconnaître comme légitime, fondé, incontestable : Faire prévaloir ses droits. ● prévaloir (synonymes) verbe transitif indirect (latin praevalere) Avoir l'avantage sur, contre quelque chose, s'imposer
Synonymes :
- dominer
- prédominer
- primer
prévaloir
v.
d1./d v. intr. Litt. (Choses) être supérieur, meilleur; l'emporter. Sa solution a prévalu sur les autres.
d2./d v. Pron. (Personnes) Se prévaloir de. Faire valoir (qqch).
— Tirer vanité de. Se prévaloir de ses relations.
⇒PRÉVALOIR, verbe
A.— [Le suj. désigne une pers.] Avoir l'avantage, prendre le dessus. Synon. l'emporter, triompher. Ce fut cette fidélité au pays menacé (...) qui triompha plus tard de tout l'ascendant des généraux les plus populaires (...), quand il fut donné à un homme de prévaloir par l'armée sur le peuple et sur la France (SAINTE-BEUVE, Prem. lundis, t. 1, 1825, p. 56). L'un d'eux pensa, un moment, prévaloir sur le lourd Germain (...). Mais finalement (...) les peuples furent tiraillés entre deux maîtres contraires (A. FRANCE, Révolte anges, 1914, p. 229).
— [Sans compl. prép.] Je vous ai annoncé qu'il prévaudrait [le tentateur] prompt dans son mauvais message; que l'homme serait séduit, perdu par la flatterie, et croyant le mensonge contre son créateur (CHATEAUBR., Paradis perdu, 1836, p. 287).
B.— [Le suj. désigne une chose] Avoir plus d'importance, jouer un rôle prééminent. Synon. dominer, l'emporter, triompher. En Occident, les cloches ont prévalu sur les timbres à marteaux; elles ne s'introduisirent en Grèce que fort tard (LENOIR, Archit. monast., 1852, p. 157). Que nulle douleur en ce jour ne prévale contre notre joie (CLAUDEL, Corona Benignitatis, 1915, p. 386). V. emporium.
— [Sans compl. prép.] Faire prévaloir son opinion, un point de vue. Il ne faut pas douter davantage que tout noble essort intellectuel ne tende directement à faire prévaloir les sentiments de sympathie générale (COMTE, Philos. posit., t. 4, 1839-42, p. 445).
C.— Exister, se produire. [Les] journalistes (...) l'emploient de plus en plus [le verbe prévaloir] (...) : « Les conditions qui prévalent en Algérie », « La situation qui prévaudra alors... » C'est là un de ces mots pompeux qui imposent (et en imposent) aux lecteurs naïfs! (LE BIDOIS Délire 1970, p. 270).
II.— Empl. pronom. Se prévaloir (de qqc.).
A.— Tirer avantage ou parti de quelque chose. Dans les grandes occasions elle aurait essayé de se prévaloir de son titre de mère (STENDHAL, Nouv. inéd., 1842, p. 35).
B.— Tirer vanité, alléguer afin de se mettre en valeur. Synon. s'enorgueillir, se flatter, se glorifier, se piquer, se targuer, se vanter. Se prévaloir de sa naissance :
• Elle avait de tous ces grands hommes des autographes, et semblait, se prévalant des relations particulières que sa famille avait eues avec eux, penser que son jugement à leur égard était plus juste que celui de jeunes gens qui, comme moi, n'avaient pas pu les fréquenter.
PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 711.
Prononc. et Orth. :[], (il) prévaut []. Conjug. v. valoir, sauf subj. prés. : que je prévale, que nous prévalions, qu'ils prévalent. Ac. 1694, 1718 : prevaloir; dep. 1740 : pré-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1420 intrans. « avoir l'avantage, l'emporter, dominer » (ROBINET, La Complaincte des bons Fr. ds Œuvres de Robert Blondel, éd. A. Héron, t. 1, p. 58); 1531 prévaloir à (JEAN DE VIGNAY, Miroir historial, XXVII, 6 ds DELB. Notes mss); 1669 prévaloir contre (BOSSUET, Oraisons funèbres, éd. J. Truchet, p. 129); 1680 prévaloir sur (LA ROCHEFOUCAULD, Réflexions diverses, X ds Maximes, éd. J. Truchet, p. 202); 2. 1570 se prévaloir de « tirer parti de » (M. DE CASTELNAU, Mém., 148 ds LITTRÉ); 1647 « id. » « tirer avantage de » (CORNEILLE, Héraclius, II, 2); 1690 « tirer vanité et avantage de » (FUR.). Empr. au lat. praevalere « valoir plus, l'emporter sur ». LE BIDOIS Délire 1970, p. 270 signale l'emploi de prévaloir au XXe s., au sens de « exister, se produire », et qu'il attribue à l'infl. de l'angl. de même orig. to prevail empl. dans le sens affaibli de « se produire couramment, se répandre, être commun » (v. NED) mais ce n'est peut-être qu'un phénomène parallèle à l'angl. (cf. LAS CASES, Mémor. Ste Hélène, t. 1, p. 691 : Cependant une grande agitation prévalait dans toute la terre ferme, le mécontentement se propageait avec rapidité). Fréq. abs. littér. :779. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 344, b) 1 323; XXe s. : a) 847, b) 944. Bbg. GOHIN 1903, p. 303.
prévaloir [pʀevalwaʀ] v. intr.
CONJUG. valoir, sauf au subj. prés. : que je prévale, que nous prévalions, qu'ils prévalent.
ÉTYM. 1420; lat. prævalere, de valere « avoir de la valeur ».
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1 Antoine essaya d'imiter César. Il entreprit de transporter à Alexandrie le siège de l'Empire, il adopta le costume et les mœurs des vaincus. Octave ne prévalut contre lui qu'en se déclarant l'homme de la patrie, le vengeur de la nationalité violée.
Michelet, Hist. de France, I, III.
2 Mod. Littér. (Choses). L'emporter. || La forme (cit. 72) prévaut sur le fond. || Faire prévaloir les bons penchants sur les mauvais (→ Liberté, cit. 37). — L'Église (cit. 9) doit tout surmonter et… rien ne prévaudra contre elle (→ aussi Enfer, cit. 5, Bible). || La meilleure éducation du monde ne prévalait pas contre les mauvais instincts (cit. 6, Gide).
2 Il est triste que la bonté n'accompagne pas toujours la force et que l'amour de la justice ne prévale pas nécessairement (…) sur tout autre amour.
Vauvenargues, De l'esprit humain, XLIV, « De la grandeur d'âme ».
3 (…) le droit du frère puîné prévaut chez les barbares sur celui du neveu.
Michelet, Hist. de France, II, III.
4 Ce sentiment intime, immédiat, que j'avais du néant de ma pensée, prévalait contre toutes les paroles flatteuses qu'on pouvait me prodiguer (…)
Proust, Du côté de chez Swann, Pl., t. I, p. 174.
♦ Absolt. || Faire prévaloir son opinion (→ Plaisance, cit. 2), son point (1. Point, cit. 21) de vue. || Cet indice fait prévaloir la thèse de l'innocence (→ Faire pencher la balance pour…, en faveur de…). — Tour grammatical, construction qui a prévalu (→ Hors, cit. 7). || Les vieux préjugés prévalaient encore. ⇒ Dominer, prédominer (→ Genèse, cit. 1).
5 Quand les circonstances ont prononcé, quand un régime a remplacé l'autre, quand la défalcation du vrai et du faux s'est faite par le succès, ici la catastrophe, là le triomphe, aucun doute n'est plus possible, l'honnête homme se rallie à ce qui a prévalu (…)
Hugo, l'Homme qui rit, II, I, II.
6 (…) il n'eût pas admis qu'une autre volonté que la sienne prévalût dans la conclusion du traité (…)
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Ascension de Bonaparte, XI.
6.1 Prévaloir, conformément à l'étymologie, c'est l'emporter en valeur, avoir l'avantage, etc. Mais journalistes et traducteurs l'emploient de plus en plus au sens très vague d'exister, se produire (comme l'anglais to prevail) : « les conditions qui prévalent en Algérie », « La situation qui prévaudra alors (…) » C'est là un de ces mots pompeux qui imposent (et en imposent) aux lecteurs naïfs !
Robert Le Bidois, les Mots trompeurs, 1970, p. 270.
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se prévaloir v. pron.
ÉTYM. (1564; le plus souvent à l'inf.).
♦ Tirer avantage ou parti (de qqch.), faire valoir (qqch.). || Il pouvait se prévaloir de sa situation exceptionnelle (→ Novice, cit. 2), de ses droits. ⇒ Alléguer.
7 Car il n'est pas dit, que, en temps et lieu, il ne soit permis de nous prévaloir de la sottise de nos ennemis, comme nous faisons de leur lâcheté.
Montaigne, Essais, I, VI.
8 La présence d'esprit, la pénétration, les observations fines sont la science des femmes; l'habileté de s'en prévaloir est leur talent (…)
Rousseau, Émile, V.
♦ (1647, Corneille; généralement avec une nuance défavorable). Tirer vanité, faire grand cas de (qqch.). ⇒ Bruit (faire grand bruit de), enorgueillir (s'), flatter (se), glorifier (se), targuer (se), triompher. || Le droit à l'inconstance (cit. 7, Laclos) dont les hommes se prévalent, quand ils devraient en être humiliés. || Se prévaloir de sa vertu. ⇒ Draper (se draper dans…). || Un homme simple, ne se prévalant jamais de ses titres, de sa fortune. ⇒ Oublier.
9 (…) le pardon des injures n'était pas, à cette époque, au nombre des mérites dont eût pu songer à se prévaloir Mlle de la Ferté.
Pierre Benoit, Mlle de la Ferté, p. 30.
Encyclopédie Universelle. 2012.