probabilité [ prɔbabilite ] n. f.
• 1361; lat. probabilitas
1 ♦ Caractère de ce qui est probable. Probabilité d'une hypothèse. ⇒ vraisemblance. Grande, forte probabilité d'un événement. ⇒ chance. — Selon toute probabilité : vraisemblablement.
2 ♦ Grandeur par laquelle on mesure le caractère aléatoire (possible et non certain) d'un événement, d'un phénomène par l'évaluation du nombre de chances d'en obtenir la réalisation. « La probabilité d'un événement est le rapport du nombre de cas favorables à cet événement au nombre total des possibilités » (Poincaré). Probabilité forte; faible; nulle (impossibilité). Événements qui ont la même probabilité (⇒ équiprobable) . — Calcul, théorie des probabilités, ou ellipt les probabilités (appliqué à la physique, l'économie, etc.). Importance de la loi des grands nombres dans le calcul des probabilités. « seules les probabilités des divers phénomènes possibles sont accessibles à nos calculs » (Broglie). ⇒ fréquence. Mathématicien spécialiste du calcul des probabilités. ⇒ probabiliste. Probabilités au jeu (⇒ martingale) .
3 ♦ (1738) Surtout au plur. Apparence, indice qui laisse à penser qu'une chose est probable. Opinion fondée sur de simples probabilités. ⇒ conjecture, présomption. Examiner, évaluer les probabilités. « il massa les preuves, les semi-preuves, les probabilités avec un talent que stimulait la récompense certaine de son zèle » (Balzac).
⊗ CONTR. Certitude, impossibilité, improbabilité.
● Probabilité en mathématiques, dans une première approche, rapport du nombre des cas favorables au nombre des cas possibles pour un événement quelconque, tous les cas possibles étant supposés également possibles ; dans la théorie axiomatique, réel P(A), P étant la mesure positive définie sur l'espace probabilisable (Ω, A) et A l'événement considéré.
probabilité
n. f.
d1./d Caractère de ce qui est probable, vraisemblable.
d2./d MATH Nombre positif et inférieur à 1 qui caractérise l'apparition escomptée d'un événement. La probabilité d'un événement impossible est égale à 0.
|| Calcul des probabilités: science dont le but est de déterminer la vraisemblance d'un événement. (V. encycl. mathématique.)
⇒PROBABILITÉ, subst. fém.
A. —Vraisemblance, apparence de vérité; chance qu'une chose a d'être vraie. La probabilité d'une hypothèse. La fuite de l'accusé donne un nouveau degré de probabilité à l'accusation; il est de la plus grande probabilité que cette allégation est fausse (Ac.). [Ce filou] s'approcha nonchalamment de la table de jeu, enleva la somme avec une assurance qui aurait fait envie à son ancien maître (...) et, pour donner plus de probabilité à son impudence, il laissa sur la même chance une pièce d'or de 40 francs (RABAN, MARCO SAINT-HILAIRE, Mém. forçat, t.2, 1828-29, p.64). Si le cocuage Sainte-Beuve est incertain, le cocuage Vacquerie est de toute probabilité (GONCOURT, Journal, 1896, p.1000).
— PHILOS., THÉOL. Doctrine de la probabilité, doctrine de probabilités. ,,Celle qui enseigne qu'en matière de morale on peut, en sûreté de conscience, suivre une opinion, pourvu qu'elle soit probable`` (Ac.). Synon. probabilisme:
• 1. ... en dehors de ce cogito cartésien, toutes les théories sont seulement probables, et une doctrine de probabilités, qui n'est pas suspendue à une vérité s'effondre dans le néant; pour définir le probable il faut posséder le vrai.
SARTRE, Existent., 1946, p.64.
— Loc. adv. En toute probabilité (littér.), selon toute probabilité. Vraisemblablement. Le cours de ses réflexions l'amena (...) à être (...) toujours bienfaisant mais bienfaisant aussi pour soi, bref l'homme d'ordre sachant ce qui devrait arriver en toute probabilité (VERLAINE, OEuvres posth., t.1, Hist. comme ça, 1896, p.351). Harlequin ne paraîtra pas, selon toute probabilité, demain (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1912, p.429).
B. —Gén. au plur.
1. Ce qui permet de conjecturer raisonnablement ce qui se produira, si un événement se produira ou non; chance qu'un événement a de se produire. Examiner, évaluer, peser des probabilités. Je pourrais (...) m'étendre longuement sur cette portion du génie américain qui le fait [Poë] (...) se jouer avec une volupté enfantine et presque perverse dans le monde des probabilités et des conjectures (BAUDEL., Hist. extr., 1856, p.XXVIII). L'irradiation augmente la probabilité des mutations (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p.220):
• 2. ... entre les trains réglementaires, on lançait souvent des trains de marchandises imprévus, surtout aux époques des grands arrivages. Et quel risque inutile alors! Comment savoir à l'avance si ce serait bien l'express qui viendrait se briser là? Longtemps, elle roula les probabilités dans sa tête.
ZOLA, Bête hum., 1890, p.219.
2. MATH., STAT. Rapport du nombre des cas favorables au nombre des cas possibles. Probabilité d'un événement, d'un phénomène aléatoire; probabilité forte, faible, nulle; théorie, loi des probabilités. En statistique la probabilité est de plus en plus voisine de la certitude, à mesure que la base de l'observation est plus étendue (E. BOUTROUX, Contingence, 1874, p.39). La probabilité 1 signifie la certitude, la probabilité 0 l'impossibilité (A. MONJALLON, Introd. à la méthode stat., Paris, Vuibert, 1966, p.103).
♦Calcul des probabilités. Ensemble des règles à l'aide desquelles on calcule les chances. V. hasard I B ex. de Renouvier.
a) En partic.
) Probabilité mathématique. ,,La probabilité mathématique se détermine a priori. On sait a priori, p.ex., que dans une loterie qui a vendu 1000 billets, la probabilité pour un détenteur de 2 billets de gagner le lot est de 0,002`` (FOULQ. Sc. soc. 1978).
) Probabilité statistique. ,,Compte tenu d'une table statistique de n événements où l'événement A s'est produit K fois, la probabilité statistique de A est le rapport K/n ou le rapport obtenu à partir de celui-là après diverses corrections`` (AUR.-WEIL 1981). Probabilité statistique: déterminée a posteriori, c.-à-d. en se référant à l'expérience, d'événements de portée sociale (nuptialité, naissance, mortalité, accidents, suicides, etc.) permettant par extrapolation ou projection sur l'avenir la prévision et la planification (MORF. Philos. 1980).
b) LING. [Dans la théorie de la communication] ,,La probabilité définit la quantité d'information que porte une unité linguistique dans un contexte donné`` (Ling. 1972). La quantité d'information d'une unité est définie en fonction de sa probabilité dans un énoncé: elle est inversement proportionnelle à la probabilité d'apparition de cette unité (Ling. 1972).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1370-72 «caractère de ce qui est probable» (ORESME, Ethiques, éd. A. D. Menut, p.116); 2. 1656 théol. (PASCAL, Provinciales, 6e lettre, 10 avr. ds OEuvres, éd. L. Lafuma, 1963, p.393); 3. 1705 math. (Éloge de M. Bernoulli ds Hist. de l'Ac. royale des sc., Paris, 1730, p.149); 4. 1738 [éd.] «apparence, indice qui laisse à penser qu'une chose est probable» (VOLTAIRE, Élemens de la philos. de Newton, Amsterdam, E. Ledet, p.X). Empr. au lat. probabilitas «vraisemblance», du lat. probabilis, v. probable. Fréq. abs. littér.:593. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 842, b) 2024; XXes.: a) 212, b) 591. Bbg. QUEM. DDL t.20.
probabilité [pʀɔbabilite] n. f.
ÉTYM. 1361; lat. probabilitas.
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1 Caractère de ce qui est probable. || Le faux (cit. 46) a toujours des apparences très grandes de probabilité. || La probabilité d'une hypothèse (cit. 2). ⇒ Vraisemblance. || Grande, forte probabilité d'un événement. ⇒ Chance (→ aussi Matérialisme, cit. 5). — Selon toute probabilité : vraisemblablement. — Log. || La probabilité, catégorie logique distincte à la fois de la certitude et de la simple possibilité. || L'expression de la probabilité dans la langue.
1 En somme, tout pouvoir est exactement dans la situation d'un établissement de crédit dont l'existence repose sur la seule probabilité (d'ailleurs très grande), que tous les clients à la fois ne viendront pas le même jour réclamer leurs dépôts.
Valéry, Variété, Œ., t. I, Pl., p. 1034.
2 Théol. Caractère d'une doctrine morale fondée sur les opinions probables. ⇒ Probabilisme. || Pascal fut un adversaire de la probabilité.
2 Ôtez la probabilité, on ne peut plus plaire au monde; mettez la probabilité, on ne peut plus lui déplaire.
Pascal, Pensées, XIV, 918.
3 (Déb. XVIIIe, Fontenelle; concept précisé au XIXe). Math. Grandeur numérique par laquelle on exprime le caractère aléatoire (possible et non certain) d'un événement, d'un phénomène et qui est égale au rapport du nombre des cas favorables à celui des cas possibles. || Une probabilité d'un contre dix mille (→ Lot, cit. 5). || La probabilité de ce phénomène est de 85%, de 0,85. — Calcul (→ Mécanique, cit. 6), théorie des probabilités, ou, ellipt, les probabilités. || Le calcul des probabilités, branche des mathématiques. || Mathématicien spécialiste des probabilités. ⇒ Probabiliste (2.). || Importance de la loi des grands nombres dans le calcul des probabilités. || Application du calcul des probabilités : élucidation de la notion de hasard, prévision, statistique, recherche opérationnelle, problèmes posés par les jeux de hasard (problème des partis, etc.).
3 (…) la première moitié du XXe siècle a assisté à l'application sans cesse plus large des probabilités à l'étude des phénomènes économiques, à la biologie biométrique, au problème de la lutte pour la vie, si bien illustré par les exemples classiques de Volterra, à la médecine, à l'astronomie, voire à certaines questions délicates d'arithmétique.
René Taton, in Encycl. Pl., Hist. de la science, p. 706.
3.1 (…) dans une foule de circonstances, le physicien se trouve dans la même position que le joueur qui suppute ses chances. Toutes les fois qu'il raisonne par induction, il fait plus ou moins consciemment usage du calcul des probabilités (…) Le nom seul de calcul des probabilités est un paradoxe : la probabilité, opposée à la certitude, c'est ce qu'on ne sait pas, et comment peut-on calculer ce que l'on ne connaît pas ?
Henri Poincaré, la Science et l'Hypothèse, p. 214.
3.2 Vous vous étonnerez peut-être que Marie ait pendant tant d'années mené une vie où chaque jour il pouvait se dire : peut-être est-ce aujourd'hui qu'arrivera la catastrophe finale. Mais la volonté de vivre et de suivre ses passions n'a d'autre arithmétique que le calcul des probabilités et le postulat que, entre deux probabilités, la plus agréable est la plus probable.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 591.
♦ Importance de la notion de probabilité dans la physique moderne. || Probabilité et déterminisme. || Onde de probabilité. || Probabilité de première collision (d'un neutron, dans une région spécifiée).
4 Du même coup, disparaît le déterminisme des phénomènes admis par l'ancienne Physique et qui était lié à la possibilité de se faire une image précise de la réalité physique dans le cadre de l'espace et du temps. On ne peut plus en général prévoir avec certitude les phénomènes qui vont avoir lieu : seules les probabilités des divers phénomènes possibles sont accessibles à nos calculs. Il est vrai qu'entre chaque mesure les probabilités ont une évolution rigoureuse réglée par l'équation d'ondes, mais chaque mesure ou observation nouvelle, par les informations qu'elle nous apporte, rompt le cours de ce déterminisme des probabilités.
L. de Broglie, Nouvelles perspectives en microphysique, p. 133.
4 (Surtout au plur.). Apparence, raison, indice qui laisse à penser qu'une chose est probable, qui permet de conjecturer ce qui s'est produit ou ce qui se produira (→ Limier, cit. 6). || Opinion, présomption fondée sur de simples probabilités. ⇒ Conjecture. || Avoir pour soi une foule de probabilités (→ Athée, cit. 6).
5 (…) il massa les preuves, les semi-preuves, les probabilités, avec un talent que stimulait la récompense certaine de son zèle, et il s'assit tranquillement en attendant le feu des défenseurs.
Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 607.
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CONTR. Certitude. — Impossibilité, improbabilité.
Encyclopédie Universelle. 2012.