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puer

puer [ pɥe ] v. <conjug. : 1>
• fin XIIIe, rare jusqu'au XVIIe; puir v. 1175; du lat. pop. °putire, du lat. class. putere
1 V. intr. Sentir très mauvais, exhaler une odeur infecte. empester. Ça pue ici ! « Il n'y a pas à discuter pourquoi le fumier pue [...] Je me bouche le nez et je m'en vais » (R. Rolland). Fam. Puer des pieds.
2 V. tr. Répandre une très mauvaise odeur de. Ivrogne qui pue l'alcool.
Fig. Un milieu qui pue l'argent. « Ce lieu sue la bêtise, pue la canaillerie » (Maupassant).
⊗ CONTR. Embaumer. ⊗ HOM. Pue :pus (1. pouvoir).

puer verbe intransitif (ancien français puir ; du latin putere) Exhaler une odeur fétide, infecte : Viande pourrie qui pue. Il pue de la bouche. Exhaler la mauvaise odeur de quelque chose : Puer le vin. Porter l'empreinte désagréable de quelque chose : Cet article pue l'hypocrisie. Apparaître sous l'aspect de tel personnage : Puer l'arriviste.puer (homonymes) verbe intransitif (ancien français puir ; du latin putere)puer (synonymes) verbe intransitif (ancien français puir ; du latin putere) Exhaler une odeur fétide, infecte
Synonymes :
- empester
- empuantir
Contraires :
- embaumer

puer
v.
d1./d v. tr. Exhaler une odeur désagréable de. Puer le vin.
d2./d v. intr. Sentir mauvais.

⇒PUER, verbe intrans.
A. — Exhaler une odeur nauséabonde, très désagréable. Synon. empester, empuantir; sentir mauvais; pop. ou arg. cocotter2, schlinguer.
1. Puer ferme; personne qui pue. Le Réalisme (...) n'a pas en effet l'unique mission de décrire ce qui est bas, ce qui est répugnant, ce qui pue (E. DE GONCOURT, Zemganno, 1879, p. 10). La Ville Lumière pue. Dès la rue de Varenne, je suis enveloppé d'une écœurante odeur de pétrole qui empoisonne mes promenades (GREEN, Journal, 1956, p. 252):
1. Tiens! disait-on sur les gradins, où montait une odeur forte, pénétrante et salace comme celle qui sort des étables à cabrils [var. de cabris], ça pue, ici! Le fait est que ça, vraiment, empestait à tel point qu'on se bouchait le nez...
CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 293.
Puer + compl. prép. de (désignant une partie du corps). Puer de la bouche. Messieurs, si nous prêtions des ridicules aux hommes vertueux de la droite? Si nous disions que Monsieur de Bonald pue des pieds? (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p. 395).
2. [Constr. directement avec un compl. (précédé de l'art. déf.) spécifiant le type d'odeur] Puer le vin. J'avais compris: elle puait le whisky: elle était ivre (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 252). Les fauteuils étaient convenables, mais la pièce puait le tabac, le pétrole, le charbon (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 87):
2. [Une pièce] sent le renfermé, le moisi, le rance; elle donne froid, elle est humide au nez, elle pénètre les vêtements; elle a le goût d'une salle où l'on a dîné; elle pue le service, l'office, l'hospice.
BALZAC, Goriot, 1835, p. 10.
B. — Au fig., péj.
1. Être (ressenti et/ou présenté par le locuteur comme) odieux, comme propre à exciter un profond dégoût. Nos fautes puent et d'une façon différente, selon leur genre (HUYSMANS, Cathédr., 1898, p. 429). Je ne souhaite pas à Dieu d'avoir son âme. Elle doit puer (L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p. 150).
Puer à qqn, puer au nez (à qqn) (vieilli). Dégoûter, répugner. La maison Hachette me pue au nez avec ses couronnes de prix (FLAUB., Corresp., 1862, p. 291). Les cajoleries semblaient lui puer maintenant, pour être surannées et fanées (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 189).
2. [Constr. directement avec un compl. (précédé de l'art. déf.)] Avoir un comportement, des caractères qui révèlent une situation, une réalité, un type humain (tenu pour méprisable, très désagréable, condamnable par le locuteur) ou qui y font penser. Ça pue la combine, la ma gouille. Ces espèces de recommandations au public puent le Dumas! merci (FLAUB., Corresp., 1877, p. 68). Je ne me fierais pas à cette fille. C'est de la pourriture. Elle pue la drogue (CENDRARS, Homme foudr., 1945, p. 152):
3. Elle dit: « Vous qui faites de l'art. » En effet, ils en font, ils en font trop. Ils puent l'art, ces messieurs. Non! Assez! Plus d'art, que je me débarbouille en embrassant Marinon et Fantec!
RENARD, Journal, 1889, p. 47.
REM. Pue-, élém. de compos. entrant dans la constr. de subst. masc. fam. dépréc. désignant des pers. a) Pue-du-bec. subst. Personne qui a (est réputée avoir) une haleine qui sent mauvais. [Lange] avait cet âge où l'on appelle « pue-du-bec », le camarade qui a l'haleine forte (MAURIAC, Trois récits, 1929, p. 113). b) Pue-la-sueur. subst. Travailleur manuel pauvre. (Ds REY-CHANTR. Expr. 1979).
Prononc. et Orth.:[], [pye], (il) pue [py]. Att. ds Ac. dep. 1694; Ac. 1798 ,,on écrivoit je pus, tu pus, il put. L'usage a réformé cet abus``. Étymol. et Hist. 1. 1176-81 puir intrans. « sentir très mauvais » (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier lion, éd. M. Roques, 116); 2. a) XIIIe s. [ms. fin XIIIe s.] trans. « répandre une très mauvaise odeur de » (Lancelot, éd. A. Micha, t. 3, p. 90: puier); b) 1580 fig. (MONTAIGNE, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 498: puans au dedans toute sorte de vices). Du lat. pop. , lat. class. « être pourri; sentir très mauvais ». Puir s'est empl. jusqu'au XVIIe s., et l'on trouve encore les formes je pus, tu pus, il put ds Ac. 1762 et Trév. 1771, s.v. puer. Puer est att. sporadiquement et peut-être régionalement à l'inf. en a. fr. (cf. puier ds Lancelot, loc. cit.), au fut. en 1530 (PALSGR., p. 736a: je pueray, parmi les formes de puir), à l'impér. en 1656 (RAYOT ds FOUCHÉ Morphol., p. 160: pue), à l'ind. en 1664 (LONCHAMPS, ibid.: pue), à l'inf. en 1673 (MÉNAGE ds FOUCHÉ Morphol., p. 220, puis dans les dict. dep. RICH. 1680). Le changement de conjug. a pu se faire sous l'infl. des formes du plur. de l'ind. prés. et de verbes en -uer comme diminuer, remuer, saluer, tuer (FOUCHÉ Morphol., p. 160, 220). Fréq. abs. littér.:151.

puer [pɥe] v.
ÉTYM. Fin XIIIe; rare jusqu'au XVIIe; puir, v. 1175; du lat. pop. putire, du lat. class. putere.
1 V. intr. Sentir très mauvais, exhaler une odeur forte et très désagréable, fétide, nauséabonde. Empester, empuantir; fam. ou argot Cocoter, cogner, fouetter, schlinguer, taper. || Viande avariée qui pue. || Ça pue là-dedans ! (→ 2. Ménager, cit. 5). || Ce qui est répugnant, ce qui pue (→ Mission, cit. 10). || Elle puait comme une fleur moisie (→ Parfum, cit. 10). || Puer comme un bouc. — ☑ Fam. Puer des pieds; puer de la gueule (vulg.).
1 Il n'y a pas à discuter pourquoi le fumier pue. Il pue, et voilà tout ! Je me bouche le nez, et je m'en vais.
R. Rolland, Jean-Christophe, L'adolescent, III, p. 349.
1.1 (…) jusqu'à ce qu'ouvrant la fenêtre on se rappelât que ce n'était pas l'hôtel (la fastueuse débauche de corniches, de volutes et de vagues pétrifiées détournée de sa destination première) qui puait ainsi, mais la ville tout entière, comme si elle était en train de se putréfier (…)
Claude Simon, le Palace, p. 11.
Par métaphore, fig. || L'âme du riche pue davantage encore que sa charogne (cit. 3). || Un manque de distinction qui pue au nez (→ Camembert, cit.).
Fam. et plais. Sentir. || Ça pue bon.
2 V. tr. (1668, Molière). Répandre une très mauvaise odeur de… Empoisonner. || Puer le vin, le tabac, l'ail, le cigare (→ Buée, cit. 3; haleine, cit. 2). || Puer la sueur (→ Pue-la-sueur, cit. 1). || Ça pue le tabac, ici !Puer l'ivresse (→ Goton, cit. 1).
2 La route fume, la route pue le crottin, la laine mouillée, le cuir, l'homme en sueur.
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 162.
Par métaphore. || Réponse qui pue le fiel à plein nez (→ Clôturer, cit. 1). || Ouvrages qui puent l'huile (cit. 28) et la lampe.
Par ext. Répandre une violente odeur de…
3 La tante, dont la toilette devait étourdir le greffe, le directeur, les surveillants et les gendarmes, puait le musc.
Balzac, Splendeurs et Misères des courtisanes, Pl., t. V, p. 1078.
3 V. tr. (1580). Laisser apparaître de façon évidente (un caractère désagréable). Sentir. || Ce lieu pue la canaillerie (cit. 2). || « Il pue étrangement (cit. 2) son ancienneté » (en parlant d'un mot). || Une musique qui pue la romance.
3.1 (…) je revois le concierge rougeaud, obèse, puant la vie comme on pue le vin (…)
Ed. et J. de Goncourt, Journal, t. II, p. 39.
4 Oui, bien avant la guerre, la France puait la défaite à plein nez.
Gide, Journal, 7 mars 1943.
CONTR. Embaumer.
DÉR. et COMP. Puant, puine. Pue-la-sueur.

Encyclopédie Universelle. 2012.